fecondite et sante de la reproduction

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fecondite et sante de la reproduction
CHAPITRE V : FECONDITE ET SANTE DE LA REPRODUCTION
INTRODUCTION
Les relations entre la fécondité et la santé de la reproduction sont appréciées à travers
la fréquence des accouchements à risque de mortalité maternelle et infantile, la probabilité
d’agrandissement des familles et les besoins non satisfaits en planification familiale.
La notion d’accouchement à risque repose essentiellement sur la précocité des
maternités, l’insuffisance de l’intervalle d’espacement des naissances et le nombre élevé des
accouchements au cours de la période de procréation. Comme souligné dans la partie
introductive, le questionnaire administré lors du dénombrement du 3ème RGPH-2001 n’a pas
prévu de questions directes sur la sant é de la reproduction. Il est cependant possible de
classifier les femmes par groupe d’âges selon le nombre total d’enfants nés vivants pour
déterminer celles qui ont effectivement commencé très tôt leur vie féconde, celles qui ont eu
de nombreuses grossesses et enfin celles qui ont très peu espacer la naissance de leurs enfants.
La répartition des naissances vivantes selon le groupe d’âge des mères permet également de
calculer la probabilité d’agrandissement des familles pour les femmes âgées de 40-44 ans et
celles de 45-49 ans. Il est ainsi possible d’évaluer les besoins non exprimés mais ressentis de
limitation des naissances. De la même manière, la répartition des parités atteintes selon le
groupe d’âge des femmes permet d’évaluer les besoins non exprimés d’espacement des
naissances. Enfin, il est possible de déterminer le niveau de la stérilité des femmes à partir de
la proportion des mères primipares âgées de 40 ans et plus.
Il est couramment admis, toutes choses égales par ailleurs, que les accouchements
survenus au cours de l’adolescence et ceux issus des femmes âgées de plus de 35 ans présentent
des risques de décès pour la mère et l’enfant. L’idée théorique de base soutenant cette assertion
repose sur l’immaturité biologique des adolescentes et les conditions peu favorables à la
régénérescence des cellules pour les femmes âgées. Il est évident que ces principes théoriques de
base trouvent toutes leur signification lorsque les conditions alimentaire, sanitaire (soins prénatals
ou moment de l’accoucheme nt, le suivi postnatal) des femmes et l’intervalle d’espacement des
naissances ne répondent pas aux normes prescrites.
5.1 : F ECONDITE DES ADOLESCENTES
Rappelons que les informations en matière de fécondité ont été recueillies au niveau de
toutes les femmes âgées de 10 ans et plus lors du dénombrement général réalisé en mai- juin
2001. Le souci principal était de prendre en compte les accouchements issus des adolescentes.
Cependant, au moment du traitement des données recueillies, il a été décidé de fixer une
tranche d’âge probable (12-49 ans) pour le déroulement des événements liés à la procréation.
Les procédures de fixation de cette tranche d’âge ont porté sur la correction de l’âge de la
mère en fonction d’une matrice de fécondité tenant compte du nombre total de naissances
vivantes déclarées et du nombre de naissances vivantes survenues au cours des 12 derniers
mois. Le tableau 4.1 fournit ainsi la répartition des adolescentes par âge selon le nombre total
de naissances vivantes déclarées sur l’ensemble du pays.
Tableau 1 : Répartition (%) des adolescentes par âge selon le nombre total d'enfants nés vivants
Age
12
13
14
15
16
17
18
19
Ensemble du Niger
Nombre total d'enfants nés vivants
0
1
2
98,2
0,7
1,1
97,8
1,0
1,2
75,6
23,6
0,8
71,7
9,1
17,9
78,1
15,0
5,3
62,8
23,4
10,4
49,3
26,7
15,9
37,1
18,0
12,3
3
0,0
0,0
0,0
1,3
1,6
3,5
5,9
30,9
4
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
2,2
1,8
Effectifs des
adolescentes
122510
93840
121954
167524
88737
142602
135318
77620
Effectifs des
enfants
3498
3180
30612
81985
26940
77772
115220
110394
On constate que la proportion des adolescentes n’ayant pas encore accouché diminue
rapidement avec l’âge. Avant l’âge de 20 ans, presque deux adolescentes sur trois ont donné
naissance au moins une fois. Une adolescente sur quatre a déjà donné naissance avant l’âge de
15 ans.
Figure 1 : Structure de fécondité des adolescentes (ensemble Niger)
160
Taux de fécondité
140
120
100
80
60
40
20
0
12
13
14
15
16
17
18
19
Âges
A la précocité des maternités s’ajoute aussi l’intensité de la fécondité des adolescentes.
En effet, la proportion des adolescentes ayant accouché plusieurs fois croit aussi avec l’âge. A
19 ans, presque une adolescente sur trois a donné naissance à trois enfants nés vivants. Cette
proportion aurait été plus importante si on avait comptabilisé les grossesses en cours au
moment du dénombrement et les grossesses qui n’ont pas pu aboutir des naissances vivantes.
La précocité et l’intensité de la fécondité des adolescentes n’est pas uniforme selon le milieu
de résidence. Les femmes vivant en milieu urbain retardent beaucoup plus le début de leur
fécondité que celles du milieu rural.
Tableau 2 : Répartition (%) des adolescentes par âge selon le nombre total d'enfants nés vivants
Age
12
13
14
15
16
17
Niger Urbain
Nombre total d'enfants nés vivants
0
1
2
98,2
0,3
1,5
97,9
0,3
1,8
85,9
13,4
0,7
83,5
2,5
13,5
92,7
4,4
2,1
85,1
10,0
3,7
3
0,0
0,0
0,0
0,6
0,8
1,1
4
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Effectifs des
femmes
122510
93840
121954
167524
88737
142602
Effectifs des
enfants
839
908
3736
8048
2056
4464
18
19
72,9
62,1
15,7
14,1
7,9
7,1
2,6
15,8
0,8
0,8
135318
77620
9620
15799
Figure 2 : Structure de fécondité des adolescentes (Niger urbain)
25
Taux de fécondité
20
15
10
5
0
12
13
14
15
16
17
18
19
Âges
Contrairement à la moyenne nationale observée précédemment, la proportion des
adolescentes du milieu urbain ayant déclaré avoir eu des naissances vivantes n’est
significative qu’à partir de 15 ans si l’on fait abstraction des phénomènes d’attraction propres
à certains groupes d’âges. En effet, jusqu’à l’âge de 16 ans, moins d’une adolescentes sur dix
n’a déclaré avoir eu des naissances vivantes. Il en est de même de l’intensité de la fécondité
car moins d’une adolescente sur dix n’a eu plus d’une naissance vivante ; ceci présuppose que
la majorité des adolescentes du milieu urbain retardent le début et l’intensité de leur fécondité.
Cela n’est pas le cas en milieu rural où vit la majorité des adolescentes.
Tableau 3 : Répartition (%) des adolescentes par âge selon le nombre total d'enfants nés vivants
Age
12
13
14
15
16
17
Niger Rural
Nombre total d'enfants nés vivants
0
1
2
98,3
0,8
1,0
97,8
1,2
1,0
73,0
26,3
0,8
69,5
10,3
18,7
74,2
17,8
6,1
58,8
25,7
11,6
3
0,0
0,0
0,0
1,5
1,8
3,9
4
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Effectifs des
femmes
97586
70306
96810
141695
69959
121212
Effectifs des
Enfants
2659
2272
26876
73937
24884
73308
18
19
44,5
28,5
28,9
19,3
17,5
14,0
6,5
36,1
2,5
2,1
112778
57645
105600
94595
Figure 3 : Structure de fécondité des adolescentes (Niger rural)
180
160
Taux de fécondité
140
120
100
80
60
40
20
0
12
13
14
15
16
17
18
19
Âges
En milieu rural, la précocité de la fécondité est la règle. A 14 ans déjà, plus d’une
adolescente sur quatre a donné naissance à un enfant vivant. A 19 ans, moins du tiers des
adolescentes n’a pas encore accouché alors que plus d’une sur trois a donné naissance a au
moins trois enfants vivants. La fécondité est précoce et intense ; ce qui présuppose à la fois
une insuffisance de l’utilisation des moyens d’espacement des naissances et l’emprise des
facteurs favorables (tel que le mariage précoce) à une forte fécondité en milieu rural.
5.2 : F ECONDITE DES FEMMES AGEES (35 –49 ANS)
Les risques de mortalité maternelle et infantile liés à la fécondité des femmes âgées de
plus de 35 ans se justifient surtout à travers la multiplication des accouchements avant cet âge
et les difficultés de reconstitution des cellules organiques pour supporter une nouvelle
grossesse. Nous avons donc examiné la proportion de femmes âgées de plus de 35 ans qui ont
donné naissance au cours des 12 derniers mois ayant précédé le dénombrement selon le milieu
de résidence. Dans les sociétés où les risques de mortalité maternelle et infantile liés à l’âge
avancé des mères sont connus et évités, la proportion des femmes qui accouchent au delà de
35 ans est très faible et diminue en fonction de l’âge.
Les résultats définitifs du 3ème RGPH-2001 montrent que l’augmentation de la
proportion des femmes âgées de 35-49 ans qui n’ont eu aucun enfant au cours des 12 derniers
mois selon l’âge est très lente.
Figure 4 : Répartition des femmes âgées de 35-49 ans qui ont accouchées au cour des 12
derniers mois (Ensemble Niger)
Pourcentage des femmes
25
20
15
10
5
0
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
Âges
Au Niger, même si la proportion des femmes âgées ayant déclaré avoir eu des
naissances vivantes au cours des 12 derniers mois diminue, une sur cinq continue à accoucher
au delà de 35 ans. Presque une femme sur six âgées de plus de 45 ans prend le risque de
continuer encore à accoucher. Celles qui continuent à s’exposer au risque de mortalité
maternelle sont moins importantes en milieu urbain qu’en milieu rural.
Figure 5 .
Répartition des femmes âgées de 35 - 49 ans qui ont accouchées au cour des 12
derniers mois (Niger urbain)
20
Pourcentage des femmes
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
Âges
La proportion de femmes vivant en milieu urbain qui prennent le risque d’accoucher
au delà de 35 ans diminue considérablement avec l’âge. L’arrêt de la maternité est
pratiquement effectif à partir de 44 ans en milieu urbain. Au delà de cet âge moins d’une
femme sur vingt ont pris le risque d’accoucher au cours des 12 derniers mois ayant précédé le
dénombrement.
Figure 6 : Répartition des femmes âgées de 35 - 49 ans qui n'ont eu aucun enfant au cour des
12 derniers mois (Niger rural)
Pourcentage des femmes
120
100
80
60
40
20
0
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
Âges
Par contre en milieu rural, une proportion importante des femmes poursuivent leur
maternité jusqu’à l’âge de 50 ans. Pratiquement une femme rurale sur dix âgées de 45-49 ans
a eu des naissances vivantes au cours des 12 derniers mois. Elles n’arrêtent la procréation
qu’à partir de la ménopause.
CONCLUSION
La précocité et l’intensité de la fécondité des adolescentes, combinées à la poursuite de
la procréation jusqu’à des âges tardifs, indiquent le niveau des besoins non exprimés mais
ressentis de planification des naissances. Même si les résultats du RGPH-2001 ne permettent
pas de statuer sur les grossesses désirées et celles qui ne le sont pas, il est tout à fait probable
que les femmes souhaitent éviter les risques de morts maternelles et infantiles associées aux
accouchements qui interviennent pendant l’adolescence et aux âges avancés. La structure de
la fécondité montre qu’ en milieu urbain les femmes informées, sensibilisées et disposant des
moyens de contrôle de leur fécondité s’exposent moins aux risques de décès maternelle que
celles vivant en milieu rural où la précocité et l’intensité de la fécondité dépendent d’autres
facteurs tel que les besoins d’agrandissement de la famille.