Taurillon n°24 - Avril 2015

Transcription

Taurillon n°24 - Avril 2015
N°26
AVRIL 2015
LE TAURILLON DANS L’ARÈNE
SOMMAIRE :
• Qu’est ce que le ciel
unique européen? p.2
• La forteresse européenne p.3
Bordeaux fête la mobilité européenne !
Pour les Romains, le printemps donna au mois succédant à mars le nom d’aprilis, du mot latin aperire, soit
« ouvrir », pour symboliser l’éclosion progressive des bourgeons et le sursaut végétal post-hivernal. Cela
tombe bien, car avril est également synonyme d’ouverture pour les Jeunes Européens, qui sont heureux de
consacrer ce numéro à un thème bien spécifique et si important en Europe : celui de la mobilité.
• La drogue dans l’Europe des années 1930 p.4
• Erasmus, quel avenir?
p.5
• En España como en
casa p.6
• Il termine del roaming,
un ritardo inaccettabile
p.7
• To Brexit or not to
Brexit? p.8-9
• Salvar as República de
Coimbra p.10-11
Mais pourquoi la mobilité? En
fait, avril 2015 est un mois un peu spécial
pour les JE Bordeaux. Nous sommes en
effet ravis d’avoir été choisi pour assurer
la bonne mise en place du Séminaire international de la JEF Europe dans notre beau
fief aquitain. Une centaine de participants
et plus de 7 nationalités seront ainsi présents du jeudi 23 au dimanche 26 avril,
pour partager, débattre, apprendre à se
connaitre et visiter. On les imagine déjà
conquérants, dans nos petites ruelles pavés, désireux de gouter aux différents nectars qui ont et font toujours la gloire de
notre cité, près à en découdre avec tout ce
qui pourraient faire obstacle à leur voyage.
Alors, évidemment, au Taurillon dans
l’Arène, on s’est dit que c’était l’occasion de
consacrer un numéro entier au thème de la mobilité. La libre circulation des biens et des personnes est quand même un peu au coeur de
l’idée d’Europe, et c’est ce qui nous permet
d’organiser ce séminaire sans trop de difficultés.
Forcément, on va vous parler du programme
Erasmus, un exemple concret de mobilité que
vous avez peut-être déjà expérimenté. Mais nous
allons également aborder d’autres aspects, à
l’image des réseaux criminels et du trafic organisé. Nous parlerons également avec colère et
tristesse de ceux qui voudraient entrer dans ce
grand ensemble européen, mais qui, miséreux et
manipulés, risquent ou rencontrent la mort en
Méditerranée.
1
Et puis, comme vous le savez
peut-être, le Taurillon dans l’Arène aime
bien distiller des articles en langue étrangère, ici et là, à destination des ressortissants européens qui pourraient d’aventure
se retrouver avec le journal en mains. Cette
fois-ci, comme on était à peu près certain
que le lectorat serait un peu plus diversifié,
on en a mis plus, vous verrez.
Toute l’équipe vous souhaite une bonne
lecture. Un régal pour les polyglottes.
AVRIL 2015
LE TAURILLON DANS L’ARÈNE
QU’EST CE QUE LE CIEL UNIQUE EUROPÉEN?
Alors que cet ambitieux projet voit sa réalisation retardée par la querelle anglo-espagnole autour de Gibraltar, il
convient de faire un point sur une initiative forte de l’Union Européenne pour améliorer la gestion du trafic aérien sur le continent.
L’initiative
Les objectifs
L’idée du Ciel Unique Européen (CUE) date de 1999. C’est en
effet à ce moment que la Commission Européenne a souhaité
ouvrir une réflexion sur la gestion des voies aériennes de navigation, qui quadrillent le Vieux Continent. S’appuyant sur
l’article 100 du Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne, et après cinq années de recherches et de travaux sur le
sujet, Bruxelles a adopté en 2004 un premier ensemble de
mesures, un « paquet » dans le langage de l’Union, visant à
mettre place, à terme, le CUE. Il avait pour doux nom « CUE
1 », et quatre règlements (actes juridiques européens de portée
générale et d’application obligatoire) fixaient la direction du
projet. Cependant sa complexité a fait réaliser à la Commission, quelques années plus tard, que le CUE 1, bien qu’ambitieux, n’apportait pas les résultats escomptés.Elle décide donc
de passer la vitesse supérieure en 2008, en adoptant un second
paquet, dit « CUE 2 », que le Conseil Européen a lui aussi
adopté en 2009. Deux mesures tirent leur chapeau du paquet :
Alors certes, la création du Ciel Unique Européen est un beau
projet en soi, porteur d’innovation technologique et de mutualisation (le mot à la mode de nos jours, en France comme dans l’UE)
de services, mais où se situe l’intérêt réel de cette initiative
bruxelloise ?
Le CUE 2 prévoit la création de blocs fonctionnels d’espace
aérien (FAB en anglais), c’est-à-dire la mutualisation d’espaces aériens transnationaux (d’au moins deux pays), afin que
les différents espaces soient réduits (il y en avait alors 27
différents et gérés de manière autonomes). Celui de la France
est le « FABEC », pour Fonctionnal Airspace Block Europe
Central, constitué avec l’Hexagone de l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suisse. Ce bloc regroupe à lui seul 55% de tout le trafic aérien européen. Le
paquet inclue aussi le projet « SESAR » (Single European Sky
ATM Research), volet technologique du Ciel Unique Européen, qui a pris la forme d’une entreprise commune créée par
le Conseil de l’Union Européenne et qui rassemble la plupart
des acteurs du secteur aérien. L’objectif affiché est de rendre
interopérable les différents systèmes de navigation aériennes
utilisés en Europe. Après 7 ans de développement
(2008-2015), la première phase du projet s’achève en ce moment même (premier semestre 2015) et doit entrer dans sa
phase clef : celle du déploiement.
La justification d’un projet européen est toujours la même, et le
CUE n’y échappe pas. Elle se décline en deux volets : d’une part
la mutualisation des espaces aériens a une vocation écologique,
car en améliorant cet inextricable enchevêtrement que sont les
couloirs aériens européens, la Commission espère réduire les
distances (de près de 20 kilomètres pour chaque trajet) et donc,
l’incidence de l’aviation sur l’environnement (l’objectif affiché
étant une baisse de 10% de cette incidence par rapport à la situation en 2004) ; et la vocation économique, car Bruxelles considère que ce projet, en plus de faire baisser les coûts de gestion du
trafic aérien, fera baisser les prix des billets d’avion (puisqu’il
faut moins de kérosène pour le même trajet) et améliorera les
capacités opérationnelles des compagnies aériennes (comprendre
que les retards seront moins fréquents et que les avions seront
plus nombreux).
Les obstacles, encore nombreux
On imagine sans peine la difficulté réelle que représente ce projet. Par sa nature, la navigation aérienne est compliquée, strictement réglementée. Ainsi la Commission elle-même, consciente
du temps que prendra la mise en place d’une telle initiative, table
sur un Ciel Unique Européen opérationnel en 2030. Et cette estimation est optimiste, au regard des problèmes que suscite le
CUE. Il y a d’abord ce contentieux territorial de Gibraltar, qui
empoisonne depuis trois siècles les relations anglo-espagnoles :
l’Espagne refuse pour l’instant que l’aéroport de la principauté
anglaise, constituant à son sens une zone « illégalement occupée
par le Royaume-Uni », fasse parti de la loi européenne de l’aviation.Les contestations internes existent également, notamment
en France. Qu’il s’agisse des syndicats ou de l’administration
elle-même, les acteurs français de l’aviation civile (notamment
les 12 000 fonctionnaires de la Direction Générale de l’Aviation
Civile, DGAC) sont vents debout contre l’initiative du CUE. Ils
dénoncent notamment la séparation structurelle opérateur/régulateur que souhaite imposer la Commission Européenne. En France
la DGAC constitue ce double acteur que son personnel juge irremplaçable et performante. Et à titre de comparaison, « même »
aux Etats-Unis, le ciel est aussi l’objet d’une administration
unique, la Federal Aviation Administration (FAA).
Le Ciel Unique est donc encore à l’état embryonnaire, mais des
progrès sont à signaler depuis 2008. Reste maintenant à l’Europe
de définir un cadre pour finaliser, à terme, l’unification de la
navigation aérienne en Europe. Des sujets bordelais s’il en est,
puisque la capitale girondine accueillera en avril la Conférence
Européenne de la Navigation, et en octobre le Congrès Mondial
des Transports Intelligents. Des évènements à la portée plus technologique que politique, mais qui rassembleront sans doute une
partie des acteurs concernés par ce sujet.
Raphaël Gaillard
2
AVRIL 2015
LE TAURILLON DANS L’ARÈNE
LA FORTERESSE EUROPÉENNE
Or Frontex est censée être là pour assister et notamment
pour enregistrer les gens qui arrivent, dont la plupart n'a pas
de papiers. Ces personnes doivent pouvoir comprendre ce
qu'on leur dit et donc bénéficier des services d'un interprète.
Il arrive souvent que Frontex enregistre les personnes sans
l'interprète adéquat, ce qui engendre des erreurs de nom. »
Un autre problème reste que de nombreuses missions sont à
la charge et discrétion des Etats. On se souvient que c’est
proprement parce que l’Union était incapable de soutenir
conséquemment l’Italie dans le financement de l’opération
de secours des naufrages de clandestins Mare nostrum que
ce programme a été contraint de prendre fin en 2014. Un
autre échec criant est l’accueil des migrants dans les camps
gérés par les Etats. Sur l’île italienne de Lampedusa par
exemple, les 5000 habitants ne sont pas en mesure d’accueillir décemment et dans le respect du droit international
5000 réfugiés.
Camp de rétention en Grèce
Les naufrages de migrants, catastrophes répétées, remettent
en cause la capacité de la politique migratoire européenne à
secourir les migrants clandestins aux portes de l’Europe et à
faire valoir leurs droits. Alors qu’elle fut pendant longtemps
une terre d’émigration, l’Europe doit aujourd’hui relever le
défi d’un afflux massif de populations en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient, sur lesquelles elle exerce un fort
pouvoir d’attraction.
De plus, l’Europe enterre toujours un peu plus le droit d’asile. Chaque Etat membre a fait reculer ses standards dans la
période récente. La forte nervosité et la politisation autour
du thème de l’immigration ont contribué à rejeter en bloc
tout « étranger clandestin » sans distinction. Si bien
qu’aujourd’hui on en vient à traquer les « faux réfugiés » ou
« réfugiés économiques ». La France a par exemple choisi
dans les années 1990 une définition restrictive et en deçà de
la définition du réfugié donnée par la Convention de Genève de 1951. En charge de l’octroi des droits d’asile depuis
1997, l’UE a poursuivi cette ligne.
La politique migratoire européenne cherche en vain depuis
trente ans à endiguer le phénomène de l’immigration clandestine par des dispositifs sécuritaires. La justification donnée est le renforcement des réseaux légaux de l’immigration. Dans une interview de 2013, Stefano Manservisi s’explique ainsi au nom de la Commission : « C'est d'abord une
question de perception : montrer qu'on lutte contre l'immigration irrégulière renforce l'idée que l'immigration est
contrôlée, la loi respectée, ce qui rend donc plus acceptable
le développement de l'immigration légale. (…) Ensuite, cela
a aussi un effet de dissuasion sur ceux qui ont l'intention de
venir dans nos pays de manière irrégulière…» Or, en plus
d’être inefficace, puisque l’entreprise de l’immigration est
désespérée, et ne recule devant aucune démonstration de
force, cette politique mène au non respect des droits fondamentaux des migrants clandestins, notamment de ceux
reconnus par le droit international comme « réfugiés ».
Le respect des droits des clandestins dans leur ensemble
s’est abaissé du fait de l’externalisation des missions de
contrôle des flux migratoires et d’accueil des populations
migrantes clandestines. En effet, la stratégie définie à Tampere en 1999 a été la collaboration avec les Etats tiers
« producteurs d’émigration », en leur demandant un durcissement du contrôle de leurs frontières. Le Maroc qui est un
des partenaires les plus zélés, a d’ailleurs abattu des migrants illégaux en 2005 et 2008 alors qu’ils tentaient de
franchir les « grillages ». Ce sont aussi dans ces pays, en
marges de l’Europe, que l’on « délocalise » des camps de
rétention afin qu’y soient triés les réfugiés des autres clandestins. L’Europe s’en remet ainsi à la philosophie du « not
in my backyard ».
C’est l’agence Frontex qui est depuis 2004 chargée d’assumer la mission tentaculaire de la coordination de la protection des frontières extérieures de l’Union européenne.
Celles-ci sont jalousement gardées puisque leur franchissement donne accès à un espace de libre circulation où les
contrôles douaniers sont subsidiaires. Ce « chien de garde
de l’Europe » est théoriquement tenu de respecter la Charte
des droits fondamentaux de l’Union européenne de 2000,
mais il manque de moyens pour l’honorer dans les faits.
Nikiforos Diamandouros, médiateur européen, qui lance
une enquête sur le respect des droits des clandestins par
Frontex en 2013, donne un exemple parmi d’autres :
« chaque pays est censé avoir un établissement pour accueillir ces personnes et repérer parmi elles les demandeurs
d'asile et les personnes vulnérables.
Or ce système sécuritaire et externalisé qui fait peu de cas
des droits des migrants risque de se pérenniser. En effet, le
« Xénophobie business » est très porteur et fait l’objet d’un
lobbying actif. La sécurisation des frontières, impliquant de
plus en plus de technologie (drones, radars, etc.), c’est un
marché porteur pour les entreprises européennes. Mais c’est
surtout du fait du manque d’intégration de la politique
étrangère et de sécurité de l’UE, et du manque de moyens
que l’on peut sérieusement craindre la répétition de tels
drames humains.
Morgane QUEMENER
3
AVRIL 2015
LE TAURILLON DANS L’ARÈNE
LA DROGUE ET SES RÉSEAUX DANS L’EUROPE DE L’OUEST DES ANNÉES 1930
A partir de cette prise de conscience politique, la Société
des Nations prend progressivement en charge une lutte contre les
trafics d’importation, de production et de distribution de ces substances. Avec les années 1930, l’Europe devient alors la plaquetournante d’un trafic devenu international, reliant des zones d’exportation des matières premières (le pavot pour l’opium, l’héroïne et
la morphine ; la coca pour la cocaïne ; le cannabis sativa pour un
haschich encore très peu consommé en Europe) telles que l’Asie du
Sud-Est, le Moyen-Orient, le Maghreb ou l’Amérique du Sud, aux
espaces de consommation des produits stupéfiants, c’est-à-dire
l’Amérique du Nord et l’Europe. Dans cette organisation réticulaire
d’envergure internationale, l’Europe, joue un rôle central : la matière première y est transformée, soit par l’industrie pharmaceutique
en place par exemple en Allemagne, soit par des laboratoires clandestins, préfigurant la French Connection d’après 1945, près de
Marseille, ou dans la région parisienne. La Petite Gironde du 23
juin 1930 fait ainsi état de plus d’une tonne de stupéfiants divers en
provenance d’Istanbul saisis à Marseille. La « première mondialisation » fait alors des ports les points centraux de l’organisation de ce
commerce illicite.
Aux lendemains de la Première Guerre mondiale, le
rapport de l’individu aux « paradis artificiels » est assez largement éloigné des évocations expérimentales et récréatives, mises
en page par le talent de Charles Baudelaire. Ces divers produits,
parfois qualifiés de « poisons modernes », sont encore méconnus
par les sociétés européennes qui les consomment. Cette méconnaissance est alors à la base d’un nombre important de fantasmes
et de représentations. Les drogues, au gré des considérations individuelles, se muent alors successivement en médicaments salvateurs à l’image du laudanum, remède à tout faire conçu à base
d’opium, en anesthésiants, avec des ampoules de cocaïne, de
morphine, puis d’héroïne tout particulièrement utilisées dans
certains cabinets médicaux, ou bien évidemment en agents d’une
contamination physique et morale appelant à la
« dégénérescence » des nations européennes. De manière chronologique, l’opium et la morphine répondent surtout à des consommations précédant la Grande Guerre, alors que la cocaïne et l’héroïne se diffusent en Europe dans l’entre-deux-guerres : les années 1920 pour la « coco » et les années 1930 pour la substance
initialement pharmaceutique commercialisée par Bayer dès 1899.
Au début des années 1930, la Société des Nations se
charge ainsi de contrer la contrebande d’opium organisée par une
bande de trafiquants grecs et chinois. Une circulaire émanant de
Rotterdam indique que ces contrebandiers utilisent des malles à
parois et à fonds doubles pour transporter d’énormes quantités de
stupéfiants. Rotterdam, Douai, et Dunkerque accueillent des navires
venus du Moyen-Orient afin d’alimenter l’ensemble du continent de
ces « paradis perdus ». La majorité de ces criminels finissent par
être arrêtés entre 1930 et 1932, mais l’un des plus importants, Anastasius Peroulis, demeure traqué dans toute l’Europe. En France la
fin des années trente consacre l’actualité du grand trafic, au travers
des arrestations en juin 1938 du diplomate Fernandez Bacula et de
Louis-Théodore Lyon, barons de la drogue parisienne. Qualifié de
« roi des stupéfiants » par la presse, Louis-Théodore Lyon est acquitté d’un premier procès après l’explosion d’un de ses laboratoires du faubourg Saint-Honoré en 1935 ; il apparait ensuite
comme l’un des maîtres du commerce européen, et entretient des
relations étroites avec les Etats-Unis. Il constitue par ailleurs une
figure parisienne notable, en dirigeant un restaurant de luxe rue
Boissy d’Anglas à Paris et en menant une vie fastueuse dans son
château de Claye-Souilly. L’organisation pyramidale d’un tel réseau
doit toutefois être nuancée, et il est important de ne considérer Lyon
que comme la pièce médiatique d’une nébuleuse très largement
méconnue. Avec ces arrestations, il apparait rapidement que le port
du Havre formait un relai majeur du transit vers les Etats-Unis, et
que l’héroïne arrivait également de laboratoires situés en Yougoslavie, à proximité de Belgrade.
L’entre-deux-guerres participe ainsi à une démocratisation de l’usage des stupéfiants, les produits n’étant plus simplement réservés à une élite littéraire ou artistique. Toutefois, certains notables des sociétés locales sont toujours mis en cause dans
des affaires de drogue, c’est ainsi qu’à Bordeaux, des individus
tels que Joseph Philippart, fils du maire de la ville, Gustave Gounouilhou, directeur de la Petite Gironde, ou encore Jean Cordier,
maire de Pessac, dessinent la première garde d’une clientèle aisée.
Les problèmes sanitaires des états hygiénistes de l’entre-deuxguerres s’élèvent rapidement au rang de priorité nationale, ce qui
pousse la grande majorité des nations européennes à se doter
d’une législation répressive en matière de stupéfiants, à partir de
la Convention internationale de l’opium de La Haye de 1912. A
l’échelle internationale, ce sont les Etats-Unis qui, en fer de lance
du prohibitionnisme, votent en premier le Harrison Act dès 1914,
l’Europe ne tarde pas à suivre cette inspiration, en faisant basculer
l’usage de la drogue dans l’illégalité : 1916 pour la France et la
Grande-Bretagne, puis 1929 pour une Allemagne longtemps soucieuse de défendre son industrie pharmaceutique.
C’est donc au cours des années trente que le monde de la
drogue se criminalise en Europe. L’accès au stupéfiant est d’abord
le résultat d’approvisionnements locaux et ponctuels, déconnectés
les uns des autres, avant de progressivement devenir le produit privilégié d’un commerce lucratif ramifié sur l’ensemble du continent.
Théo MILLOT
4
AVRIL 2015
LE TAURILLON DANS L’ARÈNE
ERASMUS, QUEL AVENIR?
Il y a trois ans Erasmus fêtait ses 25 ans à
Bordeaux en compagnie d'Alain Juppé et des diplomates de l'Union européenne. Le programme de mobilité universitaire lancé en 1987 par onze États de
l'Union était un tel succès qu'Antoine Golbert, directeur de l'agence Europe-Education-Formation
France, n'hésitait pas à déclarer : « Erasmus est un
des ciments de la construction européenne, c'est
l'Europe qui marche ». On s'extasiait alors du nouveau rôle qu'allait jouer la « génération Erasmus »,
élite en devenir, dans les affaires européennes. Le
succès du programme Erasmus est en effet peu discutable. En un quart de siècle il aura permis à plus
de trois millions de jeunes étudiants Européens et
250.000 enseignants d'effectuer un séjour universitaire dans un des 33 pays participants (UE, Islande,
Liechtenstein, Norvège, Suisse et Turquie).
Seulement, à l'heure où l'Europe affronte la crise et
la montée de l'euroscepticisme, Erasmus n'échappe
pas aux critiques qui pleuvent sur les institutions
européennes. Comme toute réalisation le programme
reste en effet perfectible et ses détracteurs ont soulevé une de ses limites, son élitisme.
Les dépenses supplémentaires sont en effet
nombreuses, à commencer par le coût du voyage ou
encore le logement. Or, d'après les étudiants, la bourse
Erasmus ne couvre pas plus que 60% de leurs dépenses totales, le reste étant financé par leurs économies personnelles mais surtout l'aide des parents.
D'autres freins à la mobilités existent, d'ordre socioculturel cette fois-ci. On y trouve la reproduction sociale et scolaire, la hiérarchie entre filières (les filières
techniques et professionnelles sont clairement sousreprésentées), ou encore le niveau de langue.
En effet, malgré le budget colossal – 3,1
milliards d'euros pour la période 2007-2013 – alloué
au programme et consacré principalement aux
bourses, le profil des élèves effectuant leur mobilité
reste sensiblement le même. Le profil-type de l'étudiant Erasmus est celui d'une jeune étudiante en troisième année de Licence de droit ou sciences sociales
ou humaines, dont l'un des parents au moins a étudié
dans le supérieur et dont la famille est plutôt aisée.
La population Erasmus est en effet très féminisée
(62% des étudiants Erasmus sont des femmes) et les
filières « Sciences sociales, droit, économie » y
sont surreprésentées (35% contre seulement 6% pour
les filières scientifiques). De plus, et c'est peut-être
là le plus problématique, les étudiants Erasmus sont
issus de milieux favorisés. Ainsi 2/3 d'entre eux ontils au moins l'un de leurs parents qui occupe une
fonction de direction et 58% au moins un parent
ayant étudié dans l'enseignement supérieur, autant
d'éléments consacrant l'aspect élitiste du programme
de la Commission.
C'est la raison pour laquelle en janvier 2014
un nouveau programme, « Erasmus + », a vu le jour
et vise, outre la rationalisation, à démocratiser la mobilité étudiante en Europe en diversifiant le profil des
bénéficiaires de bourses et en développant les stages
Erasmus. Ce programme devrait permettre à l'horizon
2020 à 650.000 apprentis et étudiants de l'enseignement technique et professionnel d'accéder à la mobilité Erasmus par l'octroi de bourses.
Le succès de ce programme pourrait être une
bonne nouvelle pour l’Europe. En effet, ouvrir le programme Erasmus à des filières moins élitistes permettrait de développer le sentiment européen d'une population jusqu'ici distante vis-à-vis de l'Europe. Une enquête de l'institut CSA avait à cet égard montré que si
77% des cadres ou professions libérales pouvaient se
sentir citoyen européen en 2014 ce n'était le cas que de
35% des employés et 29% des ouvriers. Si les avis
divergent quant au lien entre mobilité Erasmus et engagement européen il apparaît indéniable qu'une mobilité en Europe permet l'échange avec d'autres
cultures. Échange aboutissant parfois à l'installation
durable dans un autre État membre, si bien qu'en 25
ans d'existence on compte déjà plus d'un million de «
bébés Erasmus ». C'est alors qu'on peut se rappeler
cette formule apocryphe de Jean Monnet, « … si
c'était à refaire, je commencerais par la culture ».
Un rapport de la Commission des affaires
européennes de l'Assemblée nationale avance plusieurs explications. Le financement de la mobilité
couplé à l'insuffisance des bourses en est un premier
élément. 57% des étudiants n'ayant pas participé au
programme affirment qu'il est trop onéreux d'envisager des études à l'étranger.
Johan ZELTNER
5
e
AVRIL 2015
LE TAURILLON DANS L’ARÈNE
EN ESPAÑA COMO EN CASA
Las últimas cifras sobre el programa Erasmus publicadas en 2014 confirman el éxito del programa de movilidad europeo creado por la Unión Europea en 1987 bajo
la Comisión Delors. Uno de los primeros pasos para
impulsar la circulación de los europeos por placer y no
por necesidad, como era habitual hasta entonces en
nuestro continente cumple las expectativas y subsiste,
contra viento y marea, las crisis europeas. Por aquel
entonces, una recién llegada España apoyó e impulso el
proyecto Erasmus como la que más; y, paradójicamente,
“esa novata” de entonces en Europa, sigue siendo hoy el
principal destino de los estudiantes Erasmus.
La “Ñ” gana terreno: en un mundo dominado por el inglés, y más en Europa dónde se convierte en lengua vehicular por excelencia, el español empieza a ganar terreno
más allá del Atlántico, y los estudiantes Erasmus lo saben.
De hecho, aprender otro idioma es el principal beneficio
que los jóvenes europeos buscan en las estancias en otro
país, según un Eurobarómetro de 2011. Teniendo en cuenta
que el español es la segunda lengua materna del mundo
por número de hablantes, tras el chino mandarín; y que,
según el Instituto Cervantes En 2050 Estados Unidos será
el primer país hispanohablante del mundo, aprender la
lengua de Cervantes es ante todo una inversión de futuro.
Casi 30 años después del comienzo de la aventura, España sigue siendo el destino preferido de los Erasmus;
un país con tasas enormes de paro y victima de los
peores críticas del FMI y compañía, no deja de seducir a
esos estudiantes europeos que eligen el país ibérico para
la gran mayoría como “primera experiencia de movilidad”. Pero a parte del sol y la fiesta… ¿hay algo más
detrás del cliché “olé” de charanga y pandereta?
En España como en casa (l’Auberge Espagnole):
porque una de las razones más valoradas para pasar una
estancia en España es la acogida. Romain Duris lo descubría ya en 2002; es importante sentirse integrado, y aún
más si se trata de tu primera experiencia Erasmus. Más
allá del sol, de la comida o de lo barata que sea la vida, el
país se deja querer. La gente es abierta por naturaleza y no
tiene miedo de hablar con quién sea y en cualquier lugar,
lo que facilita el aprendizaje del español y también de su
sociedad. Porque no es sólo viajar sino también descubrir
lo que te hace aprender. Los españoles te van a preguntar,
te van a invitar a una fiesta o te van a presentar a su familia; fuera de que sea bueno o malo, no hay mejor libro que
el de la vida misma y eso, vale su peso en oro. Estudiantes
americanos se sorprendían de la ausencia de tabús, la
gente defiende su idea, debate y te hace partícipe de su
opinión, ¿falta de vergüenza? Puede que si, pero si vas a
pasar 9 meses, es lo mejor que te puede ocurrir.
Las cifras no mienten: casi 30 años después del lanzamiento del programa europeo, España mantiene su liderazgo tanto en número de estudiantes visitantes, más de
37000 al año, se trasladan a nuestro país y de entre las
Universidades españolas, se lleva la palma Granada,
cuyo campus recibe más de 2000 universitarios de toda
Europa. Los tópicos de juerga y buen clima sobrevuelan
cualquier explicación, pero si se rasca un poquito se
encuentran más razones.
España, crisol de culturas: durante años en España ha
vivido el resplandor de la cultura europea, Universidades y escuelas han favorecido el desarrollo académico
de Europa con aportaciones tan importantes como la
Escuela de Traductores de Toledo, en el siglo XIII gracias a la que se tradujeron y llegaron a Occidente la
mayor parte de textos greco-latinos alejandrinos; un
comercio cultural que permitió el renacimiento filosófico, teológico y científico primero de España y luego de
todo el occidente cristiano. Además, la mezcla propia
del territorio nacida de un pasado musulmán-mozárabe
y una larga tradición sefardí hacen del país un atractivo
único en Occidente y en el mundo. Un espacio intermedio entre Africa y Europa al que se añade la influencia
latinoamericana y los fuertes vínculos del reino con las
antiguas colonias del Nuevo mundo.
El sur, a tiro de piedra: al igual que la mayoría de los
países de la Union Europea, España disfruta de las ventajas del “low cost-aeroportuario” así que no es difícil ni
caro llegar a la Península. Además de algún que otro exceso con la construcción de aeropuertos, la red de trenes de
alta velocidad y autobuses goza de muy buenas referencias
y la última colaboración franco española hacen que el
TGV París-Barcelona sea todo un placer. Las distancias
entre Francia y España se acortan y aproximan dos países
demasiado tiempo distanciados por la cultura y también
por los prejuicios mal fundados a uno y otro lado de los
Pirineos.
Hoy en día, muchos franceses siguen preguntándose cuánto hay de cierto en ese “Auberge Espagnol” de Klapisch.
Una manera de conocer el país vecino y, porqué no, añadir
una cultura que se deja querer. Ya que, como se suele decir, una vez Erasmus, para siempre Erasmus.
Olalla Maria Pastor del Valle
6
AVRIL 2015
LE TAURILLON DANS L’ARÈNE
IL TERMINE DEL « ROAMING », UN RITARDO INACCETTABILE
Con il blocco posto da alcuni stati membri e la rinuncia da
parte della Commissione, quest’ultima si scredita ancora
una volta. Per la precedente Commissione Europea questo
ritardo è un errore catastrofico. Tra gli ex commissari,
Viviane Reding ritiene che l’attuale Commissione debba
fermare immediatamente ogni discussione e agire.
Un ritardo legato alle lobbies
Anche se le negoziazioni intavolate per sopprimere i costi
del Roaming avevano avuto successo, la pressione fatta
dalle lobbies è stata decisiva per frenare proposta. La colpa del ritardo è del Consiglio europeo, dal momento che i
Parlamenti europei erano in favore dell’eliminazione del
Roaming.
La Commissione europea ha deciso di procrastinare il
termine del Roaming al 2018, deludendo le aspettative
dei consumatori rispetto alla cancellazione di tali costi
legati alla mobilità transnazionale.
Ma in questo caso non dobbiamo dimenticare il ruolo delle
lobbies. In Francia il roaming rappresenta un’importante
risorsa di guadagno per gli operatori telefonici. Secondo
una ricerca pubblicata in gennaio da Oddo Securities, il
roaming rappresenta tra 5 e 12% del fatturato totale. Se si
pensa che il roaming è legato al turismo, si capisce perché
alcuni operatori telefonici sono scettici all’idea di perdere
il roaming.
Benché le spese legate alla mobilità a partire dal 2010
siano state ridotte, questa notizia è un duro colpo per i
consumatori. In Francia 350 000 persone attraversano
quotidianamente le frontiere per lavorare e con ciò si
trovano nella necessità di utilizzare il proprio cellulare
nello spazio europeo.
Cos’ è il “Roaming”?
Lo stop al roaming rinviato al 2018?
Tra il 2010 e il 2015 il costo di una telefonata dall’estero è passato da 39 a 19 centesimi, mentre il costo degli
SMS è passato da 11 a 6 centesimi, comportando una
diminuzione del prezzo del 70% rispetto al 2007. Ciò è
certamente una vittoria per la Commissione europea .
Durante il Consiglio europeo del gennaio 2015, la presidenza lituana ha suggerito di concedere una proroga agli
operatori, grazie alla quale gli operatori dovrebbero avere
il tempo di diminuire il prezzo in maniera progressiva,
fino a raggiungere la sua completa eliminazione nel 2018.
Tuttavia, nonostante ci sia stato una vera evoluzione del
prezzo della telefonata e degli SMS, gli obiettivi fissati
dal Parlamento Europeo per una cancellazione del Roaming nel 2013, non sono raggiunti.
L’eurodeputata PPE Anne Sander, che aveva ricevuto il
dirigente dell’azienda Orange nel Parlamento Europeo, ha
spiegato che il Parlamento ha votato l’eliminazione dei
costi di roaming già per il dicembre 2015. Nonostante
questo, molti membri del Consiglio sono rimasti contrari
all’eliminazione. Gli operatori hanno capito che il roaming
è una fonte di guadagno che non può più durare e pertanto
hanno incluso l’eliminazione del roaming nei loro piani di
sviluppo. La presidenza lettone ha proposto una riduzione
progressiva nel corso di 3 anni.
Il fallimento di una conciliazione durante la presidenza italiana
Purtroppo il Concilio europeo del novembre 2014 non è
riuscito a raggiungere un consenso. Al termine della
presidenza italiana vi era una scissione sul Roaming: se
alcuni, come il Regno Unito, sono favorevoli alla soppressione del Roaming, vi sono altri stati, come la Francia, che sono invece ostili alla proposta. Questi ultimi
adducono come pretesto il fatto che gli operatori si debbano preparare alla transizione. Per questo motivo alcuni
stati hanno deciso di scartare la proposta della precedente Commissione Europea.
Secondo l’eurodeputato belga Marc Tarabella (S&D)
questa decisione è incomprensibile . I governi prestano
maggiore attenzione agli operatori telefonici che ai cittadini e la conseguenza è che non si può arrivare alla realizzazione del mercato unico europeo. Gli operati sono pronti
alla transizione e i cittadini chiedono l’eliminazione del
roaming. Perché aspettare? Con questa attesa la Commissione europea sta demolendo l’accordo trovato dal Parlamento europeo nell’interesse dei cittadini europei. Questa
decisione accentua il divario tra le istituzioni europee e i
cittadini.
Sergio CAMACHETTY
7
AVRIL 2015
LE TAURILLON DANS L’ARÈNE
TO BREXIT OR NOT TO BREXIT? THE CONDITION OF EUROSCEPTICISM IN THE UK
This is an election that has had the UK’s relationship close to its heart more than any time since
1974, when the Wilson government ensured a referendum on Britain’s fledgling membership. Now,
UKIP, Britain’s fervently anti-EU party, expected to
tally its highest share of the popular vote, beating
that of the Liberal Democrats, and return the greatest
number of MPs to Westminster ever. Furthermore,
the Conservative Party (the original champions of
Britain’s membership) has pledged a referendum after an extended set of negotiations revolving around
the repatriation of powers by 2017 in the event of it
winning a majority.
The answer is multi-faceted and complex. Unique
elements of UK geography and culture cannot be
discounted when discussing the outlook of many
Britons on those across the English Channel or
North Sea. Our island surroundings, our close ties
to the United States, our historic Protestantism in
the face of Catholic ‘threats’ and the national narrative of our role in the Second World War as the
plucky yet unconquered underdog (national narratives rarely account for the truth) have combined
to construct a mindset in which the British have
regarded all those on the continent as homogenous
or “the other”. It is a rare thing to come across a
Briton who readily considers themselves as “European” despite our obvious cultural, historic, political and economic ties. During the early 2000s, this
was a sentiment which was slowly being subverted
as Britain grew prosperous and more secure and as
the national opinion of the United States and our
“special relationship” began to sour as a result of
the war in Iraq. The miscalculation of the Labour
government regarding the influx of migrants from
Eastern Europe following EU expansion in 2003
generated tension, but this xenophobia was uncommon if vociferous and subjected more to ridicule and satire that to proper concern.
How has this come to be? Fifteen years ago that the
then Prime Minister, Tony Blair, was considering
entering Britain into the Eurozone with the support
of much of the country. He was essentially stopped
by his Chancellor of the Exchequer, Gordon Brown,
but the prospect of replacing the pound sterling and
abandoning the Bank of England in favour of the
ECB was real. However, now, even as support for the
EU appears to be creeping back up, Britain is still
very much swept up in a whirlwind of Euroscepticism. Last year, the electorate returned 24 UKIP
MEPs representing all regions of the UK save for
Northern Ireland (which has different party system in
light of recent conflict) and no party would has dared
to suggest monetary union in its general election manifesto. Even the Green Party, the most progressive
of the lot with a political ideology that relies on international cooperation, has showed signs of support
for a referendum on Britain’s membership.
However, following the 2008 banking crisis and
subsequent recession, the growing acceptance of
the modern-day EU was swiftly withdraw by many
in the UK. The threat of unemployment as public
and private contracts dried up incited a new wariness and suspicion of migrant workers who were
prepared to work for lower wages and in worse
conditions. The comparatively better condition of
the UK when judged, somewhat unfairly, against
the fiscal struggles of Greece, Italy, Spain, Portugal and Ireland, became touted an example of the
wisdom is remaining outside of the Eurozone and
the folly of further integration with the EU. Furthermore, the scandal of UK parliamentary expenses uncovered by The Daily Telegraph in 2009
that saw numerous MPs forced to resign and even
convicted of fraud and still resonates with voters to
this day turned the spotlight subsequently on the
generous expenses of MEPs. A narrative of ‘public-sector fat cats’ with hefty pay-cheques with
UK public institutions was extended to those “unelected bureaucrats in Brussels”. By 2010, polls
were placing the number of Britons wishing to withdraw from the EU in the majority.
8
AVRIL 2015
LE TAURILLON DANS L’ARÈNE
The course of the last Parliament, under Cameron’s premiership, yielded only small signs of improvement in the attitude of voters. Public sector cuts
have begun to bite painfully in many areas of the UK,
and so those affected have often been too preoccupied
by their own struggle to survive in a dignified condition to worry about what is happening in beyond their
doorstep or borough. Furthermore, many British
people have regarded the image of Cameron marching
down the corridors of Brussels, demanding this power
and that back, as indicative of the kind of arrogance
the Conservative Party is renowned for exuding. However, this has not altered Euroscepticism gaining a
political foothold. In two parliamentary constituencies- Clacton and Rochester and Strood- right-wing
Conservatives have defected to UKIP and won the byelections triggered as a result, retaking their seats in
Westminster in purple and yellow instead of blue.
Despite this triumph for ‘official Euroscepticism’, this
is no barometer for the overall sentiments of the British people. As well as being anti-EU, UKIP has taken
the place of the Liberal Democrats (now in government) as the party of less well-off protest voters dissatisfied with the political class. Many of these voters
may blame the EU for certain ills, especially in regards to immigration along England’s East Coast, but
their real ire is reserved for the likes of Cameron,
Clegg and Miliband, not Juncker and Tusk.
However, it was with the prospect of these defections in mind that the Conservative Party pledged a
referendum on EU membership by 2017. The inclusion
of the caveat in the event of a Conservative majority is
important: it will probably be the first policy to be
dropped in negotiations for a coalition government.
Given the rise of smaller parties such as UKIP and the
Green Party, as well as the predicted triumph of the
Scottish National Party in Scotland, a coalition government appears to be most likely, and one that does
not include the Conservative Party at that. Other parties, such as Labour or the Liberal Democrats, have
also promised a referendum, but these depends on certain conditions: Labour will enact one in the event of a
transfer of new powers and the Liberal Democrats will
if Brussels is set to gain “material sovereignty”. These
are lukewarm pledges, designed more to placate the
third of the UK who still wish to leave the EU than to
actually see a Brexit, but their vague language means
that a referendum could be called if the either of these
parties in government ever deems it politically expedient. The Green Party is calling for an immediate inout referendum with the view to campaign on a pro-EU
platform, but it will almost certainly be the junior partner in any coalition, and therefore this position will be
abandoned during negotiations. UKIP’s desire for a
referendum is unlikely to come to fruition as with its
projected four seats in the next Parliament and lack of
political bedfellows will most likely see their MPs taking their seats on the opposition benches.
So what is there to conclude? Supporters
of Britain’s continued membership of the EU need
not really fear: the sheer number of variables that
have to coincide to see a Brexit render me doubtful
that it will ever happen. However, with all of the
parties deploying policies to oppose further integration of the UK, no one should expect the next 5
years to be exactly peaceful between our island
nation and continental partners. Expect a lot of kicking and screaming from British negotiators and a
continuation of the Eurosceptic rhetoric from our
politicians and journalists.
Isaac BENSON
9
AVRIL 2015
LE TAURILLON DANS L’ARÈNE
SALVAR AS REPÚBLICAS DE COIMBRA : UM PATRIMÓNIO EUROPEU CULTURAL AMEAÇADO
As Republicas de Coimbra - parte integrante e verdadeira herança académica reconhecidas pela
UNESCO e apoiadas pela Universidade de Coimbra- estão em perigo.
O espírito único das « Repúblicas »
As Repúblicas de Coimbra são residências coletivas
estudantis que não devem ser confundidas com residências universitárias. Cada uma das casas é constituída por uma identidade e uma história particular, caracterizada por um nome, um símbolo, um hino, tradições, decorações, regulamentos internos e festividades
próprias. Todas as decisões no seio destas casas são
tomadas em comum, e as tarefas (como a tesouraria,
os responsáveis da comida…) são atribuídas de forma
rotativa. Existe um espírito muito fraternal, e os membros são ligados tão de forma afetiva como económica. Uma grande importância e um respeito bem particular também são dados às gerações anteriores, que,
regularmente e ao longo do tempo, visitam as novas
gerações. Cada ano, são organizados “centenários” e a
cada dez anos, “milenários” que comemoram o dia da
fundação da República porque a tradição explica que
um dia numa República corresponde a cem dias de
vida, tanto é intensa. Os residentes das Repúblicas têm
completamente à sua responsabilidade as melhorias e
as reconstruções feitas dentro das casas, com a ideia
de conservar e de melhorar os lugares para as gerações
futuras. Assim, estas Repúblicas são lugares de sociabilidade, mas também de aprendizagem do “viver em
comum”, da responsabilidade com o grupo e dos seus
valores. E isso está em perigo de extinção.
Um património histórico excecional
A criação das Repúblicas remonta ao século XIV,
quando o rei D. Dinis ordenou a construção de lugares
residenciais para os estudantes e professores da Universidade de Coimbra. D. Dinis também impôs aos
proprietários das casas inutilizadas da Almedina (bairro histórico de Coimbra) de reabilitá-las com a ideia
de criar novos alojamentos para os estudantes. No século XVI, D. João III fortaleceu ainda mais o princípio
das Repúblicas: ele encorajou a construção de alojamentos através da isenção de certos impostos e de certas taxas, e fez construir ele próprio doze casas destinadas aos estudantes. Assim, é desde o século XIV,
mas sobretudo a partir do reinado de D. João III, que a
ideia de “República” emerge. No entanto, elas adotaram esta designação apenas no século XIX, provavelmente por causa da sensibilidade desta comunidade
para a causa republicana. Assim, estas casas herdaram
destas épocas uma forma de gestão e de vida em comunidade muito características.
10
Este modelo surpreendente para a época e que já
podemos qualificar de democrático, também permitiu de fazer das Repúblicas lugares de anteguarda, nomeadamente durante a ditadura salazarista.
Ainda podemos ver em certas casas, salas nas
quais os estudantes organizavam reuniões secretas
e criavam verdadeiros centros de oposição. É em
1948, que a oposição ao regime salazarista se organiza e se estrutura com criação do Conselho das
Repúblicas. Ainda hoje em dia, é um órgão que
liga e coordena todas as Repúblicas entre elas. Este
Conselho reúne-se cada vez que uma casa faz uma
proposta, com o objetivo é de responder o mais
próximo possível ao “ideal republicano” cada vez
que se apresenta uma nova dificuldade. O Conselho das Republicas não toma nenhuma decisão sem
o acordo unânimo do conjunto das Repúblicas.
Elas também foram lugares de movimentação social e de resistência durante as lutas de 1962 e
1969, que se manifestaram em oposição ao regime
ditatorial. Por isso, as Repúblicas de Coimbra
acompanharam todos os combates cívicos, ideológicos e sociopolíticos do país. Ainda hoje, são lugares de alegria e de liberdade, mas também de
partilha de cultura, de conhecimento e de ideias. É
também necessário sublinhar a mistura social e
cultural desta comunidade. Com efeito, agrupa os
estudantes portugueses vindos do país inteiro, mais
também numerosos estudantes estrangeiros, muitas
vezes estudantes europeus aproveitando do programa de mobilidade Erasmus.
Centros de expansão cultural
Além do seu papel histórico, as Repúblicas também são centros de expansão e de impulso cultural,
com a organização regular de debates, exposições,
ciclos de cinema, eventos culturais. O espírito das
Repúblicas, muito ligado à arte e à cultura pode
observar-se através dos afrescos que cobrem as
paredes das casas, mas também através dos símbolos que representam a identidade única de cada
uma delas. O universo destas pinturas também é
muito impregnado pelos eventos e pelas experiências de cada casa, da Universidade de Coimbra,
mas também do país e das grandes mutações mundiais.
AVRIL 2015
LE TAURILLON DANS L’ARÈNE
Os interiores das Republicas são, por isso, verdadeiros museus vivos, testemunhando ao mesmo tempo
da história de cada casa e dos seus habitantes, mas
também de uma História maior. Por todas essas
razões, o conceito de Repúblicas foi inscrito ao património mundial da UNESCO, enquanto prática
memorial associada às tradições académicas coimbrenses. Assim, as Repúblicas são consideras como
património imaterial, em oposição aos lugares físicos
que não são protegidos pela UNESCO.
A urgência de agir
Hoje em dia, existem 25 Repúblicas em Coimbra. As
casas que pertencem a proprietarios privados –a
maioria- são diretamente ameaçadas pelo forte aumento das rendas (aumentos atingindo até 6300% em
certos casos), causa direta do encerramento de uma
delas, e a longo prazo, das casas restantes. Estes aumentos de renda são a consequência direta da lei de
novembro de 2012, “lei dos arrendamentos” que põe
fim ao estatuto especial das Repúblicas. Com efeito,
estas dispunham de um estatuto jurídico que impedia
os proprietários de atualizar as rendas, o que permitia
aos repúblicos (os residentes destas casas) de usufruir de uma renda mensal relativamente baixa. É
importante lembrar que a manutenção das casas, as
renovações e as obras são inteiramente da responsabilidade dos residentes, o que representa somas muito importantes para uma população estudantil. Os
residentes participam de forma financeira e física,
trabalhando em comum para uma reabilitação completa dos lugares. Por isso, eles trazem às casas uma
mais-valia considerável. Além disso, a tradição de
abertura, de acolhimento e de hospitalidade dentro
das Repúblicas implica de maneira quotidiana despesas pesadas, tanto em produtos alimentares como em
despesas tal como o gás, a água ou a eletricidade. As
Repúblicas são apoiadas pela Universidade de
Coimbra graças a uma ajuda absolutamente essencial
dos serviços sociais da cidade. São lugares que oferecem hospitalidade a todos os que se apresentam,
sempre encontrando uma forma para oferecer um
prato para receber corretamente os que não eram
previstos. Assim, para além do caráter muito forte
destas tradições, as Repúblicas têm um verdadeiro
papel de ação social, tanto pelos estudantes que moram lá como pelos estudantes que frequentam estas
casas. É isso hoje em dia está em vias de desparecer.
11
Podemos hoje em dia, observar que este
forte aumento das rendas põe diretamente em perigo as Repúblicas, como já pudemos ver com a
extinção da « República 5 de Outubro » no mês de
Outubro de 2013 por causa de um aumento demasiado elevado da sua renda. Podemos também dar
outros exemplos, de entre os numerosos, de duas
outras Repúblicas, hoje em dia particularmente
ameaçadas, a República da Praça e a Pra-kys-tão.
A República da Praça por exemplo, enfrenta o seu
quinto processo de expulsão, por causa de um aumento de renda que se torna insustentável. A
República Pra-kys-tão, do seu lado, está a tentar
comprar o prédio, com o objetivo de evitar a sua
compra por uma entidade privada, o que poderia
pôr fim à Republica, usando-a para fins hoteleiros,
reutilizando as sua pinturas e o seu espírito de
República para fins comerciais. Estes dois exemplos não são excecionais, e poderíamos encontrar
ainda mais numerosos exemplos de situações deste
tipo em Coimbra.
Parece absolutamente necessário preservar
esses lugares de vida, de cultura, de história e de
partilha. Uma petição individual foi enviada à
Comissão das Petições da União Europeia, pois a
UE é o garante da proteção dessa nossa cultura e
consequentemente das Repúblicas. Com efeito, no
Preâmbulo da Carta Fundamental dos Direitos
Fundamentais da União Europeia, os redatores da
Carta relembram a importância do “património
espiritual e moral” da União Europeia. “A diversidade das culturas e das tradições dos povos da Europa” devem, segundo a Carta, ser respeitados. As
Repúblicas fazem parte desse património cultural,
ao ponto de serem reconhecidas pela UNESCO.
Esse papel das Repúblicas enquanto ajuda social e
solidária tem que ser ajudado. Estas casas são um
fator de mistura social, cultural e europeia, através
da sua grande abertura aos estudantes estrangeiros.
É por isso que, enquanto cidadãs europeias, parece-nos absolutamente essencial proteger este
património, tanto a interesse local, como regional,
nacional e europeu, através da implementação de
medidas ou de fundos que permitiriam preservar as
Repúblicas.
Leslie DE GOUVILLE
Inès DOS SANTOS
Manon TALINI
AVRIL 2015
LE TAURILLON DANS L’ARÈNE
Source : Patrick Chappatte, pour VoxEurop
Pour nous écrire :
[email protected]
Rédacteur en chef : Théo GIRARD
Comité de Rédaction : Gaétan TRILLAT
Maxime MORAUD
Morgane QUEMENER
Marc de CARRIERE
Directeur de publication : Alexandre FONGARO
Dépot légal : à parution
ISSN : 2112-3497
Imprimeur :
SARL MOGGAR Cours de la
Somme 33800 Bordeaux
12