Adolf Loos - Biographie

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Adolf Loos - Biographie
Adolf Loos - Biographie
Architecte et théoricien autrichien
(Brünn, 10 décembre 1870 - Vienne, 23 août 1933)
Né en pays tchèque, Adolf Loos produit l’essentiel de son œuvre à Vienne où il fit
scandale par ses positions radicales : le rejet de toute espèce d’art ornemental en
architecture. Il s'attaque à l'architecture viennoise et aux idées de la Sécession
(pendant viennois de l’Art nouveau). En 1910, Adolf Loos élève à Vienne,
Michaelplatz, un immeuble correspondant à ses canons esthétiques : les fenêtres
sont dépourvues d’encadrement comme de balcon. L’édifice sera surnommé la «
maison sans sourcils ». Il édifie à Vienne plusieurs maisons dont le magasin Golman
et Salatsch (1912), , la maison d'habillement Knize pour hommes, et les maisons
Scheu et Moller. ainsi que le café Museum, sur la Karlplatz.
En 1926 à Paris, il construit pour le poète dada Tristan Tzara une maison (15 avenue
Junot) qui résume sa démarche architecturale : l'essence de l'architecture moderne
n'est pas dans la joliesse des éléments qui composent un bâtiment (il n'y a aucun
ornement, aucune fantaisie), mais dans la beauté des formes pures, les rapports que
les volumes entretiennent entre eux.
Sa dernière commande est la cité ouvrière de Babi, près de Nachod en
Tchécoslovaquie. Adolf Loos meurt en 1933. Ses principes ont été repris par tous les
mouvements de l’architecture du XXe siècle à commencer par le Bauhaus, que
pourtant lui-même avait critiqué.
Adolf Loos - Théorie
Citations d'Adolf Loos
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"L'architecte est un maçon qui a appris le latin"
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"L'homme le mieux habillé, le costume le plus moderne est celui qui attire le
moins l'attention"
« La maison doit plaire à tout le monde. C'est ce qui la distingue de l'œuvre d'art, qui
n'est obligée de plaire à personne. L'œuvre d'art est l'affaire privée de l'artiste. La
maison n'est pas une affaire privée. L'œuvre d'art est mise au monde sans que
personne en sente le besoin. La maison répond à un besoin. L'artiste n'est
responsable envers personne. L'architecte est responsable envers tout le monde.
L'œuvre d'art arrache les hommes à leur commodité. La maison ne sert qu'à la
commodité. L'œuvre d'art est par essence révolutionnaire, la maison est
conservatrice. L'œuvre d'art pense à l'avenir, la maison au présent. Nous aimons
tous notre commodité. Nous détestons celui qui nous arrache à notre commodité et
vient troubler notre bien-être. C'est pourquoi nous aimons la maison et détestons
l'art. Mais alors, la maison ne serait pas une œuvre d'art ? L'architecture ne serait
pas un art ? Oui, c'est ainsi. Il n'y a qu'une faible partie du travail de l'architecte qui
soit du domaine des Beaux-Arts : le tombeau et le monument commémoratif. Tout le
reste, tout ce qui est utile, tout ce qui répond à un besoin, doit être retranché de l'art
» (Adolf Loos)
« D'un combat de trente années, je suis sorti vainqueur. J'ai libéré l'humanité de
l'ornement superflu. "Ornement", ce fut autrefois le qualificatif pour dire "beau". C'est
aujourd'hui, grâce au travail de toute ma vie, un qualificatif pour dire "d'une valeur
inférieure". De toute évidence l'écho renvoyé se prend pour la voix elle-même [...]. Je
sais que l'humanité m'en sera reconnaissante un jour, quand le tramps épargné sera
bénéfique à ceux qui jusqu'à présent étaient exclus clés biens de ce monde. » (Adolf
Loos)
« Cette sélection des écrits d’Adolf Loos, le grand architecte viennois (1870-1933),
se fonde principalement sur le recueil intitulé Malgré tout (1931), que Loos avait luimême publié de son vivant. Y sont adjoints quelques articles totalement inédits en
français et qui ont paru en Autriche il y a seulement une vingtaine d’années dans
Écrits disparus et Confrontations. Autour de l’essai majeur Ornement et crime (avec
son pendant Ornement et éducation) sont ici regroupés un certain nombre d’articles
ou de conférences - dont celle sur la fameuse Maison de la Michaelerplatz - illustrant
les travaux d’un architecte particulièrement novateur, engageant, à travers la
réponse de la construction, toute une réforme de l’habitat, des mœurs, de l’art et de
la culture, et finalement de la vie.
Loos participe de ce qu’il est convenu d’appeler la modernité viennoise, à l’aube du
XXe siècle, et lui-même ne manque pas de souligner les liens qui l’unissent à Karl
Kraus, à Oscar Kokoschka, à Peter Altenberg, ou encore au musicien Schönberg.
C’est le concept de la modernité, somme toute, qui est en jeu dans ces écrits, un
concept que, avec Loos, on opposera à l’ornementalisme, mais sans le dissocier
pour autant de la tradition en ce qu’elle a de meilleur.
Au premier plan vient la question du matériau, de la structure, de l’espace, de
l’utilisation, de la fonctionnalité des objets culturels. Mais l’apologie de la
fonctionnalité, identifiée à la beauté, ne vise aucunement à la fonctionnalité de
l’existence. Au contraire, elle est faite pour libérer l’individu trop dépendant de
l’extériorité. Allégée de l’accessoire et du superflu, il pourra mieux développer sa libre
recherche d’homme sans qualité - faut-il dire sans ornement ? » (présentation de
l’éditeur)
« L'architecte Adolf Loss en 1908 à Vienne, a édicté un anathème qui s'est ensuite
inscrit comme un des fondements de l'architecture moderne, voire de la modernité
tout court.
C'est en cela que le débat sur l'ornement prend tout son sens. Adolf Loos voulait en
finir avec l'éclectisme "ancien régime" qui s'est perpétué jusqu'au début du XXe
siècle en Europe, et affirmer une architecture moderne taillée dans "la pureté" des
volumes et de la structure, débarrassée de ses portes monumentalisées, de ses
cariatides ne supportant plus rien, de ses ordres superposés de styles anciens ou
inventés comme les arts décoratifs ou l'Art Nouveau considérés comme les deniers
avatars de vocabulaires obsolètes. Fenêtres et portes devenaient des percements
agencés par rapport à la fonctionnalité des besoins d'ouverture, de lumière et d'air :
l'exemple le plus flagrant est la fenêtre devenue "baie", passant de verticale,
encadrant le corps humain debout, en horizontale pour permettre la vision
panoramique du regard et transformer le paysage en tableau extérieur, ou ...de
l'homme couché. La raison que la nécessité fonctionnelle exprimait devait inventer
son esthétique propre : la géométrie que les matériaux de construction bruts, sans
placage de pierre et d'ornements inutiles et que la structure devenue apparente,
devaient rendre lisible à chacun. Bannir l'ornement devenu l'accessoire, le cachepureté d'une architecture rationnelle, était devenu la facette formelle d'un
engagement révolutionnaire pour coller avec les thèses sociales d'un individu
collectif - libre - qui aurait droit enfin au bonheur sur terre, puisque le ciel devenu
maîtrisé par les sciences n'abritait plus aucun dieu.
Cette architecture dite moderne devenue avec le temps un modèle diffusé à travers
le monde entier, car incarnant son appartenance (de l'individu, à la ville, au pays et
au continent) aux "Temps Nouveaux", avait aussi l'avantage de permettre des
constructions très économiques à l'infini. La science des nombres liée aux religions
et aux pratiques sociales ancestrales, disparaissait pour n'être limitée que par les
possibilités techniques du moment. » (extrait d’un texte de Jean Loup Pivin)
Raumplan : Projeter dans l’espace
Un Raumplan est un plan en trois dimensions; c'est une manière de projeter
spécifique à l'architecte autrichien Adolf Loos. La traduction littérale de Raumplan
serait "projeter dans l'espace".
Projets majeurs
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Café Muséum, Vienne, 1899
Looshaus, immeuble de la Michaelerplatz, Vienne, 1909-1911
Maison Steiner, Vienne, 1910
Maison Rufer, Vienne, 1922
« The Chicago Tribune Column » (la Colonne du Chicago Tribune), projet de
concours, Chicago, 1922
Maison Tzara, Paris, 1925-1926
Villa Moller, Vienne, 1927-1928
Villa Müller, Prague, 1928-1930
Maison Moissi (projet) 1923, au Lido de Venise
Écrits d'Adolf Loos
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Adolf Loos (trad. Sabine Cornille et Philippe Ivernel), Ornement et Crime : et
autres textes [« Ornament und Verbrechen »], Paris, Payot et Rivages, coll. «
Rivages poche / Petite bibliothèque » (no 412), 2003,
Adolf Loos (trad. Cornelius Heim), Paroles dans le vide (1897-1900) :
Chroniques écrites à l'occasion de l'Exposition viennoise du Jubilé (1898),
Autres chroniques des années 1897-1900, Malgré tout (1900-1930) [« Ins
Leere gesprohen : 1897-1900 »], Paris, Champ libre, 1979.
Adolf Loos, Das Andere, Vienne, 1903.
Adolf Loos, Malgré tout [« Trotzdem »]
L’habitat social et le Lotissement du
Werkbund
Dès les années 1920, on commença à construire à Vienne de l’habitat social destiné
aux innombrables travailleurs en provenance des pays appartenant autrefois à
l’empire. Ces gigantesques édifices font aujourd’hui partie intégrante de l’image
architecturale de la ville.
Le gouvernement social-démocrate de la Première République (1918/1934) voulait
améliorer la qualité de vie de la classe ouvrière. L'objectif était donc d'édifier de
grands ensembles de logements susceptibles de procurer à leurs habitants de
bonnes conditions de vie à des prix abordables. Ces ensembles d'habitat social
faisaient figure de ville dans la ville, étant presque toujours conçus en grandes barres
refermées sur elles-mêmes : une entrée monumentale menait dans une cour
intérieure le plus souvent très arborée, d'où on accédait aux cages d'escaliers et aux
appartements. Il n'était pas rare qu'on y trouve également des espaces collectifs
comprenant piscines, supermarchés, laveries et jardins d'enfants. Le premier
immeuble d'habitat collectif de ce type à voir le jour fut le Metzleinstalerhof dans le 5e
arrondissement.
Le Karl-Marx-Hof comporte 1272 appartements sur 156.000 mètres carrés.
Beaucoup de ces architectes étaient des élèves formés par l'icône du Jugendstil,
Otto Wagner, au sein de l'Académie des Arts plastiques. C'est par exemple le cas
de Karl Ehn, qui fit les plans du célèbre Karl-Marx-Hof dans le 19e. Avec le
Sandleitenhof qui offre 1531 logements dans le 16e arrondissement, il est
emblématique des « quartiers rouges » dont l'édification caractérise la période de
l'entre-deux guerres. Le Karl-Marx-Hof, avec 1272 appartements sur un total de 156
000 mètres carrés, héberge également un Museum im Waschsalon qui donne un
aperçu très éclairant de l'urbanisme municipal de cette époque. Entre 1923 et 1934,
on ne construisit pas moins de 61 175 logements regroupés en 348 ensembles,
auxquels s'ajoutent 5227 appartements dans 42 lotissements de maisons de ville.
400 études d'architecte étaient associées à ces constructions. Après l'interruption de
la 2e Guerre mondiale, la ville de Vienne renoua en 1947 avec son passé de
bâtisseuse, ambition qu'elle n'a plus jamais abandonnée depuis lors, tout en
s'adaptant aux nouvelles conditions de la modernité.
Au début des années 1930, on vit apparaître de nouveaux ensembles sous
l'appellation de Werkbundsiedlungen (« Lotissements du Werkbund »). À la
base, il s'agissait d'un nouveau mouvement de pensée en matière d'habitat, reposant
sur la recherche de solutions optimales, à la fois sur le plan économique et sur le
plan fonctionnel, sur un espace le plus restreint possible. Le modèle de ce type
de maison devait être de faible coût, constructible en série, et muni de toits plats. La
Werkbundsiedlung du 13e arrondissement vit le jour entre 1929 et 1932 sous la
direction de Josef Frank, avec un total de 76 maisons. Les principaux architectes du
programme étaient notamment Josef Hoffmann, Clemens Holzmeister ou Adolf
Loos. Mais la forme Werkbundsiedlung ne s'est jamais réellement imposée, bien
qu'on la considère aujourd'hui comme l'un des exemples les plus significatifs des
Modernes en Autriche. Dès 1933, l'austrofascisme laissa peu d'espace à ce type
d'innovations sociales, et l'Anschluss de 1938, avec le rattachement à l'Allemagne
hitlérienne, y mit un terme définitif.
Il reste peu de traces de l'époque nazie sur le plan architectural à Vienne, hormis les
six tours de la défense anti-aérienne qui sont encore visibles en ville à titre de
mémorial. Depuis les années 1960, l'architecture moderne a trouvé à Vienne
d'innombrables espaces pour s'exprimer de manière remarquable.
La « Werkbundsiedlung »
En 1932, la « Werkbundsiedlung », une exposition internationale vouée à la
construction d'habitat moderne, vit le jour à Vienne.
Durant l'été 1932, plus de 100000 visiteurs se rendirent à Lainz pour y admirer la «
Werkbundsiedlung ». Le plan global est l'œuvre de Josef Frank. 32 architectes,
parmi lesquels Josef Hoffmann, Clemens Holzmeister et Adolf Loos créèrent les
quelques 70 bâtiments. Les maisons témoins devaient être abordables, fabricables
en série, et dotées de toits plats. De nombreux fabricants de meubles innovateurs
présentèrent leurs tous nouveaux produits dans ces maisons témoins. La «
Werkbundsiedlung » était également la réponse au programme d'habitat de la
Vienne socio-démocrate. Frank présenta les « super blocs » au centre ville en tant
qu'idéal en matière d'habitat face à la maison de cité ou familiale.
« Werkbundsiedlung Vienne 1932 - Une manifestation de l'habitat nouveau »
.

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