Article \"Pour Quel Public\"

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Article \"Pour Quel Public\"
Le 01/03/2015
Les Illuminations, la musicalité de Rimbaud
1 mars 2015alexandrins, beau texte, émotions, poésie, Rimbaud, s'attendrir, sortir en couple,
sortir entre amis, théâtre et musique, voyage
Nicolas Thuet et Vincent Favre. Photo : JM
V.
Sur la scène de l’Essaion, Nicolas Thuet, Vincent Favre et Maud Philippon,
accompagnés au piano par Bob Boisadan, livrent une lecture théâtralisée des
Illuminations de Rimbaud. Une incarnation par la voix, le geste et la musique
de l’incroyable liberté poétique de l’homme aux semelles de vent.
• L’histoire : Les trois comédiens reprennent la forme déstructurée des
Illuminations originelles. Ils passent d’image en fulgurance, sans
logique aucune, comme des enfants sautant aux branches d’un
arbre. Le texte est si beau et les impressions si fortes que les
comédiens glissent naturellement, et les spectateurs avec eux, sur
la pente du merveilleux. L’accompagnement de Bob Boisadan au
piano donne à l’ensemble le ton d’un petit opéra Rimbaldien.
Les cinq sens passeurs de mots
Ni décor ni costume. Seuls la cave voûtée du théâtre, le piano noir et le jeu des
comédiens accompagnent le public dans ce voyage en Rimbaldie. Ils ‘agit là d’un
parti pris minimaliste voulu pour que le public respire à pleins poumons le
foisonnement du texte. Et ça marche : la lecture tourne vite à l’expérience sensorielle.
Il est vrai que le texte s’y prête à merveille, tout suggère le goût, le toucher, l’odeur…
On est très loin de la noirceur romantique ou de l’intellectualisme.
S’en dégage une agréable sensation de fraîcheur. La jeunesse de deux des trois
comédiens y est pour beaucoup, le troisième offrant une certaine stabilité à
l’ensemble. Parmi eux, notons la présence de Vincent Favre qui, avec son physique
juvénile, ses yeux bleus et sa candeur tranquille, devient une sorte de Rimbaud par
procuration.
Maud Philippon. Photo : JM V.
Un peu jazz, un peu blues
Bob Boisadan. Photo : JM V.
Mention spéciale au piano de Bob Boisadan qui accompagne le spectacle avec une
fausse improvisation un peu jazz et un peu blues. La musique, très travaillée, habille
le texte comme un beau vêtement. Composer une variation musicale sur une prose
poétique aussi riche était loin d’être évident, Bob Boisadan en a fait le grand atout du
spectacle.
Nicolas Thuet a la noble intention de livrer du Rimbaud sans filtre aux spectateurs.
L’effort mérite d’être salué et dans l’ensemble, c’est une réussite. Mais le texte est
difficile, pas retouché, pas adapté à la scène. Et par moments, les comédiens
peinent à embrasser l’étourdissant flot créatif du jeune Arthur. Leur jeu a le souffle
court, les effets se répètent et versent parfois dans le remplissage.
Pour quel public :
Nicolas Thuet a monté ce spectacle par admiration pour Rimbaud, c’est presque
mécaniquement qu’il s’adresse à un public, mature et curieux, amateur de poésie ou
de l’auteur. La musique, très présente, est en harmonie avec les mots. En résumé,
on passe un bon moment et on en sort le cœur léger.
N.B

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