Alibaba, la caverne qui cache la forêt

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Alibaba, la caverne qui cache la forêt
Alibaba, la caverne qui cache la forêt
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Alibaba, la caverne qui cache la forêt
Le Monde.fr | 22.09.2014 à 16h52 • Mis à jour le 22.09.2014 à 17h03 |
Par Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de l'Atelier BNP Paribas)
Le fondateur du géant du commerce en ligne chinois Alibaba, Jack Ma. |
REUTERS/EDGAR SU
Alibaba entre en Bourse . C'est un événement ! Mais pas forcément pour les
raisons avancées. Oui, Alibaba est hyper dominant sur toutes les formes de
commerce en Chine : consommateur à consommateur, marques à
consommateur, marques à fabricant, grossiste à grossiste. Oui, il est également
le premier système local de paiement web et mobile avec Alipay
(https://www.alipay.com/) .
Oui, ses achats ou investissements le positionnent comme un
mélange de Google (pour le paiement, le navigateur et moteur de recherche sur
mobile) et d'Amazon (pour le e-Commerce B2C) et d'eBay (commerce C2C).
Mais l'arrivée d'Alibaba, c'est surtout le moment où l'on va pouvoir faire la
lumière sur tout l'écosystème web et mobile chinois qui a déjà posé ses valises
en occident.
Car non, la société enregistrée au sud de Shanghai n'est pas la première
entreprise du web à faire appel à l'épargne occidentale. Nombres de
spécialistes du web et du mobile sont déjà cotées aux Etats-Unis.
On peut citer le géant du voyage en ligne Ctrip (http://fr.ctrip.com/) , son concurrent
eLong, le spécialiste du Karaoké en ligne YY (http://www.yy.com/) , et Sina
(http://www.sina.com/) ,
l'équivalent Yahoo, tous les quatre au Nasdaq. Il y a également
Youku (http://www.youku.com/) Tudou l'équivalent YouTube, la loterie en ligne 500.com
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(http://www.500.com/) ou
(http://www.ifeng.com/) ,
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le fournisseur de contenu Phoenix New Media
qui eux, sont inscrits au Nyse.
VIRAGE RATÉ DES MESSAGERIES INSTANTANÉES MOBILES
Non, Alibaba n'est pas le seul mastodonte chinois à proposer , via AliExpress
(http://www.aliexpress.com/) ,
des produits chinois aux occidentaux. Son concurrent
JD.com possède lui aussi une version anglaise. Sur ce terrain, la compétition se
trouve surtout dans les pays à croissance rapide. En Asie du Sud Est, en
Russie et en Amérique du Sud. C'est là où Alibaba menace des acteurs locaux
ou internationaux comme eBay avec son entité AliExpress. Et si l'on continue
sur l'internationalisation, on peut relever que le moteur de recherche dominant,
Baidu (http://br.baidu.com/) , est déjà présent au Brésil …
Même les petits s'y mettent. Ainsi, l'agence de communication pékinoise
BlueFocus avait pris le contrôle l'année dernière de l'anglais WeAreSocial. Il
faut le répéter . Alibaba restera encore longtemps une entreprise dont la mantra
principale est : faciliter l'achat et le paiement dématérialisé aux consommateurs
chinois et à la diaspora de l'Empire du milieu, que ce soit sur des sites locaux,
des sites internationaux, ou même dans des boutiques physiques, via des
coupons ou des codes à barre.
Si Alibaba est déjà passé maître de l'usage du nomadisme en Chine, il a pour le
moment manqué le virage des messageries instantanées mobiles. Certes, il a
investi dans l'américain Tango, mais on ne peut pas dire que celui-ci fasse de
l'ombre à WhatsApp, Line ou au Wechat de son concurrent frontal Tencent
(http://www.tencent.com/zh-cn/index.shtml) …
Or , une des voies royales du e-commerce, en
Chine, en Asie et peut-être en Occident passera peut-être par des outils
conversationnels fermés, où les marques pourront tout aussi bien interagir que
vendre aux consommateurs.
C'est en tout cas ce que testent WeChat et Line sur leur marché respectif, la
Chine et le Japon . Certes, Alibaba pourrait tenter d'aller plus vite que Tango en
achetant une messagerie comme Snapchat, mais Tencent y est déjà
investisseur. Et quand bien même, Snapchat n'intègre pas encore, tout comme
Whatsapp, des mécaniques de e-commerce et de paiement comme celles
mises en place dans WeChat.
BÉNÉFICE D'UNE POLITIQUE « PROTECTIONNISTE »
Autre manque : même en Chine, c'est Google via Android qui mène le bal sur les
mobiles et les télévisions. Contrairement à son concurrent de Shenzhen,
Tencent, qui aurait investi dans Xiaomi, Alibaba n'est pas présent dans les
combinés. Pendant ce temps, Xiaomi (http://www.mi.com/en/) pousse ses pions en Asie
du Sud Est, en Amérique Latine et même en Europe de l'Est, où il pourrait
bientôt arriver .
Enfin, le succès de géants comme Alibaba ou Tencent tient aussi à leur relative
tranquillité, via les mesures du gouvernement chinois. D'un côté, avec une
politique « protectionniste » vis à vis des entreprises étrangères (voir le blocage
des Google, Facebook ou Twitter , la surveillance tatillonne des politiques
commerciales de Microsoft et d'Apple …) et de l'autre une relative bienveillance
quant aux débordements de ses protégés dans des nouveaux marchés :
banque, assurance, santé.
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Pas sûr qu'Alibaba puisse constituer ailleurs cet écosystème de guerre qu'il a
mis en place en Chine. Un écosystème où des vendeurs sur Taobao
(http://www.taobao.com/market/global/index_new.php) peuvent
à la fois être assurés, recevoir
des prêts pour stimuler leurs activités, un écosystème où le moyen de paiement
se transforme en placement financier, un écosystème qui couvre aussi bien
l'expérience en magasin que l'achat et le paiement en ligne via des
investissements dans des spécialistes des centres commerciaux.
Ce qui est certain, c'est que les 21,8 milliards de dollars levés par l'entreprise de
Jack Ma vont rapidement pouvoir l'aider à combler ses quelques faiblesses à
coups d'acquisitions.
Renaud Edouard-Baraud (PDG de l'antenne asiatique de
l'Atelier BNP Paribas)
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