La communication et les conflits dans les organisations : retour sur
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La communication et les conflits dans les organisations : retour sur
La communication et les conflits dans les organisations : retour sur les principes fondamentaux Andrew A. Moemeka La coorientation peut aider les organisations à réduire l’incompréhension et les conflits, ce qui leur permet d’améliorer leur rendement. Le conflit est une constante dans la vie d’une organisation. Les situations de conflit ne sont pas toujours ou ne sont généralement pas des confrontations spectaculaires qui reçoivent beaucoup d’attention et de publicité comme les grèves, les débrayages, les congédiements. Les conflits ne sont pas non plus associés à des tribunes publiques distinctes où se fait la négociation et où des tierces parties désignées participent officiellement au règlement des différends. Les conflits se situent plutôt dans les interactions entre les membres au fil de leurs activités quotidiennes1. S i la communication est fondamentale pour une organisation, le conflit l’est également. Les deux sont en symbiose; le conflit ne peut se produire sans communication et il aide à élargir le contexte de la communication. Selon J.K. Galbraith, « la société moderne est socialement le théâtre de tous les conflits auxquels on peut s’attendre quand des centaines et des milliers de personnes très responsabilisées, exceptionnellement motivées et plus que normalement intéressées travaillent ensemble tout près les unes des autres »2. Optimum, La revue de gestion du secteur public • vol. 28, no 2 (1-11) Facteurs qui influent sur la communication Les spécialistes modernes de l’interaction symbolique considèrent qu’au moins trois facteurs ont une incidence sur le sens que nous attribuons aux objets sociaux : la négociation permanente, les caractéristiques de base des objets sociaux et les stimulus externes. Mais d’autres facteurs interviennent; notre vision du monde, nos expériences passées, nos aspirations et nos attentes ont également une incidence sur la façon dont nous communiquons et sur la façon dont nous réagissons à la communication qui nous parvient. Ces facteurs sont particuliers à chacun et ils ont presque toujours une base culturelle. Ils peuvent être une cause importante de divergences dans l’interprétation du contenu de la Andrew Moemeka (PhD) est professeur au Département des communications de l’Université Central Connecticut State, à New Britain, CT. Il est aussi président de ce département. 1 LA COMMUNICATION ET LES CONFLITS DANS LES ORGANISATIONS : RETOUR SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX communication et la réaction qui s’ensuit, des divergences qui peuvent engendrer des conflits intraorganisationnels ou interpersonnels. Sang Lee et collaborateurs donnent un exemple de la façon dont l’orientation culturelle peut avoir une incidence sur la communication dans une organisation : La culture des entreprises américaines trouve son expression symbolique dans les logos, les slogans et les rituels. Mais ces manifestations concrètes ont peu de signification pour des employés coréens, dont la tradition culturelle est introspective et n’est pas nécessairement explicite3. Incidence de la communication Le modèle de l’incidence de la communication (figure 1) montre comment le contenu de la communication et la façon dont elle est comprise créent des relations soit positives, soit négatives entre les personnes et attire l’attention sur l’importance de « savoir à qui l’on s’adresse »4. La connaissance des prédispositions aide à préparer des messages qui s’adaptent bien aux réalités socioculturelles des récepteurs. Un communicateur qui connaît et comprend ces prédispositions est plus susceptible de bien passer son message que celui qui communique avec des auditoires ou des personnes dont il ne connaît pas bien les prédispositions; ce dernier adopte une démarche de communication au hasard, qu’on qualifie de déchargement d’information5. Cela ne manque pas de créer de l’incompréhension et d’envenimer les relations – bref, de créer des situations de conflit. Les membres des organisations devant interagir, et les organisations ayant besoin que cette interaction soit productive, les théoriciens ont proposé plusieurs modèles différents pour réduire ou même éliminer les conflits. Mais nombre de ces modèles et formulations prescriptives semblent inefficaces ou impropres. Dans leur ouvrage sur les conflits cachés dans les organisations (Hidden Conflict in Organizations), Kolb et Bartunek font remarquer que la plupart des concepts mis en avant dans les études formelles sur les conflits ne les ont pas aidés à interpréter ce qu’ils ont observé dans leur recherche sur le terrain : « Il nous est apparu évident que le conflit est ancré dans le quotidien et les activités ordinaires des lieux de travail et qu’il est rarement officiellement reconnu ou géré de la façon proposée dans la plupart des modèles de conflits »6. 2 Ces modèles ignorent ou relèguent à l’arrière-plan un principe fondamental des relations humaines productives, la compréhension, à laquelle on parvient invariablement par une connaissance adéquate des prédispositions des partenaires dans la communication. La compréhension constitue la pierre angulaire des tactiques informelles de résolution des conflits entre les membres d’une organisation. Le rôle fondamental de la communication est de créer une compréhension mutuelle. Ses perspectives et son contexte s’expliquent par la théorie de la coorientation, laquelle peut aider les organisations à réduire l’incidence des conflits évitables et inutiles et ménager du temps et de l’énergie pour l’amélioration du rendement7. La théorie de la coorientation La théorie de la coorientation relative aux conflits et à la communication dans les organisations a été presque oubliée, même si la plupart de ses concepts servent dans tout acte de communication. Le principe de base, la compréhension mutuelle, demeure un élément clé de la communication efficace. La coorientation et sa pertinence pour les organisations qui tentent d’éviter ou de réduire les conflits inutiles afin d’améliorer le rendement tant personnel qu’organisationnel constituent la base de cet article. La plus grande qualité en affaires est de s’entendre avec les autres et d’influencer leurs actions8. Communiquer efficacement signifie réaliser le but pour lequel le contenu d’une communication a été conçu et transmis. Peu de besoins dans les organisations sont plus importants que celui de communiquer efficacement, parce que l’exécution correcte des activités, l’établissement de bonnes relations parmi les membres de l’organisation, l’atteinte des objectifs et l’amélioration générale du rendement reposent tous sur la communication. Mais une communication efficace est impossible sans une compréhension mutuelle du contenu de la communication et de son contexte : ce qui est dit, qui le dit, pourquoi, ce qui est attendu, par qui, où, quand, comment et avec qui, etc. Le contenu de la communication peut être rejeté ou accepté, et ce qui est demandé peut être exécuté ou non, mais la réaction doit être basée sur la compréhension du contenu et des exigences de la communication. Optimum, La revue de gestion du secteur public • vol. 28, no 2 LA COMMUNICATION ET LES CONFLITS DANS LES ORGANISATIONS : RETOUR SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX FIGURE 1 Modèle de l’incidence de la communication • Orientation culturelle • Expériences passées • Aspirations • Orientation culturelle • Expériences passées • Aspirations Communicateur A (émetteur) Communicateur B (récepteur) • Intention • Objectif • Attentes • Intention • Objectif • Attentes Contenu du message Compréhension du message • Effet • Réaction • Comportement Relation qui en résulte Source : Moemeka 1998. Les deux communicateurs sont influencés par leurs antécédents culturels ainsi que par leurs intentions, objectifs et attentes propres. Le communicateur B fait face seul à l’effet du message et il réagit en fonction de sa perception, de sa signification et de son intention. Se trouvent intégrés au message de l’émetteur : • ce qu’il veut que la réaction du récepteur soit; • ce à quoi il pense que la réaction va mener; • ce que le résultat attendu du message devrait être. La compréhension du message par le récepteur détermine l’effet du message, sa réaction, son comportement à l’égard de l’émetteur et, finalement, sa relation avec ce dernier. La relation qui résulte du message est déterminée principalement par la relation entre le contenu du message de l’émetteur et la compréhension du message par le récepteur, et elle est renforcée par la réaction du récepteur à l’égard du message et son comportement à l’égard de l’émetteur. Dans le contexte de la coorientation, la base de la communication est la compréhension plutôt que la persuasion. Selon cette théorie, pour accepter ou rejeter un Optimum, La revue de gestion du secteur public • vol. 28, no 2 message, il faut d’abord en comprendre le contenu et le contexte. Ce n’est que lorsque nous comprenons que nous pouvons réagir intelligemment. 3 LA COMMUNICATION ET LES CONFLITS DANS LES ORGANISATIONS : RETOUR SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX Dans un résumé des hypothèses qui sont à la base de cette approche de l’analyse des relations dans la communication, McLeod et Chaffee ont noté ce qui suit : L’hypothèse principale sous-tendant cette approche est que le comportement d’une personne ne repose pas simplement sur sa propre construction cognitive de son monde; il se fonde également sur sa perception des orientations des autres autour d’elle et de l’orientation qu’elle leur donne dans des situations d’interaction; la cognition et les perceptions des autres influencent également son comportement9. Selon Cutlip et ses collaborateurs, pour mesurer la coorientation du climat d’une organisation en matière de communication, il faut se poser quatre questions : • Comment la direction définit-elle et évalue-t-elle le problème? • Comment la direction pense-t-elle que les employés ou travailleurs évaluent le problème? • Comment les employés ou les travailleurs définissentils et évaluent-ils le problème? • Comment les employés ou les travailleurs pensent-ils que la direction définit et évalue le problème10? Une cinquième question peut s’ajouter : • À quel point la définition de la direction et celle des employés sont-elles semblables ou dissemblables? Cette question permet de déterminer dans quelle mesure il y a accord entre les deux. (Voir la figure 3, modèle structurel pour répondre à ces questions et analyser les réponses.) Peu de spécialistes en communication dans les organisations utilisent consciemment la coorientation ou même en discutent comme une théorie. Elle répond toutefois aux trois critères (économie, exactitude et omniprésence) qui font qu’une théorie est supérieure à une autre. ❏ ❏ 4 La coorientation a une structure sobre et un petit nombre d’énoncés connexes précis et choisis qui résument son objet. Elle fait appel à quatre concepts principaux seulement : la congruence, la noncongruence, l’exactitude et l’inexactitude. Elle explique les phénomènes de la communication réussie plus exactement que toute autre théorie; par exemple, si vous ne comprenez pas, vous ne pouvez pas répondre de façon logique ou exacte. ❏ Sa capacité d’explication est universelle et elle peut expliciter une grande variété de situations de communication : l’interaction en milieu de travail, les communications entre amis et membres d’une famille et même les relations internationales. L’importance de la compréhension Toute situation de communication comprend au moins deux parties. Le contenu de tout échange d’idées (communication) entre ces parties est soumis à l’examen individuel afin de déterminer la signification précise de la communication pour chacune d’elles. La signification que les parties attachent au message est conditionnée principalement par leurs expériences, la situation actuelle, leurs attentes et leurs aspirations. Ces facteurs sont propres à chaque individu : ce qu’une personne peut vouloir dire peut ne pas être ce que le message ou l’énoncé signifie pour la personne qui le reçoit. Notre perception de ce qui nous a été dit détermine la signification que nous donnons à la situation et au contenu de la communication. L’importance de la compréhension vient du fait que c’est un préalable à toute communication. Sans la compréhension, il ne peut y avoir de désir de changer d’avis, d’attitude ou de comportement. Comme on l’a déjà dit plus haut, la compréhension est presque toujours subjective : il est presque certain que l’évaluation que nous faisons d’un élément d’information sera influencée par notre bagage culturel, nos expériences passées, nos relations, nos aspirations et l’hypothèse que nous faisons au sujet des intentions de l’autre personne. Ainsi, notre comportement est généralement basé non seulement sur ce que nous pensons et ce que nous sentons, mais aussi sur l’estimation que nous faisons de ce que les personnes avec qui nous sommes en interaction pensent et sentent. C’est pourquoi le modèle de la coorientation illustre notre perception de l’orientation des personnes autour de nous comme une variable importante de toute situation de communication. Prenons l’exemple suivant : Len Williams, gestionnaire de la section des commandes de pièces d’exportation pour la division nord-européenne de la société Tyler, est inquiet et troublé. Quelque chose s’est mis à aller mal, mais quoi? Len a toujours été très fier de l’atmosphère amicale, relaxe de sa section. Le badinage bon enfant a toujours été la Optimum, La revue de gestion du secteur public • vol. 28, no 2 LA COMMUNICATION ET LES CONFLITS DANS LES ORGANISATIONS : RETOUR SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX caractéristique de son service et, jusqu’à récemment, les hommes s’arrêtaient souvent à son bureau pour bavarder. Tout à coup, les choses ont changé. Len n’a pas eu de « visiteur » depuis plus d’une semaine et chacun semble « trop occupé » pour taquiner les autres. Les hommes devenant de plus en plus taciturnes, Len commence lui aussi à se sentir mal à l’aise et peu désireux d’aller vers eux pour engager la conversation. En fait, le changement s’est produit peu après l’arrivée du jeune Paul Brock dans la section. Mais comment peut-il y avoir un rapport? Paul semble vouloir apprendre et donne tous les signes qu’il désire devenir un bon travailleur d’équipe, mais il est évident que le groupe ne l’a pas accepté. . . La section des pièces d’exportation de la division nordeuropéenne de Tyler comprend Len et sept autres interprètes. Leurs huit bureaux sont placés en ligne droite. Le bureau de Len est à la tête de la ligne, et celui de Paul en second. Ce bureau avait été laissé libre par le départ de Lou Dewitt, qui vient d’être promu chef d’une autre section. À l’arrivée de Paul, Len lui a attribué ce bureau parce que, étant nouveau dans l’entreprise aussi bien que dans la section, il aura probablement besoin de beaucoup d’encadrement. D’ailleurs, Len a fait la confidence suivante à un ami : « Je veux éviter le stupide branle-bas auquel les employés se sont adonnés il y a deux ans quand Jack Rosen a été promu à une autre section. » Or, par l’effet d’une coïncidence, Rosen avait également occupé le deuxième bureau11. l’interaction : la coorientation accorde donc de l’importance non pas aux individus, mais à la relation entre leurs orientations, leurs attitudes, leurs valeurs et leur cognition à l’égard de la situation de communication ou de l’objet de la communication. La qualité de la communication dépend de la capacité de chacun des participants de saisir ce que l’autre ou les autres savent déjà. Une attitude égocentrique – l’incapacité à voir rapidement le point de vue des autres – est le plus grand obstacle à la communication12. Dans le modèle de la coorientation, trois facteurs soustendent l’interaction à la base de la compréhension : ❏ L’orientation individuelle : la cognition ou la compréhension et les valeurs se rapportant à la situation ou à l’événement de communication (ce que la personne pense ou éprouve relativement au contenu et aux exigences de la communication). ❏ Il est évident que les membres de l’équipe de Len Williams ont réagi ainsi non seulement parce qu’on les a privés de la possibilité de monter en grade de façon tangible, comme semblait le vouloir la culture de la section, mais ils ont également perçu sa décision comme une tentative délibérée de désigner le nouveau et le plus jeune de la section comme un candidat à la promotion. Le champ commun : la zone d’accord entre les communicateurs. C’est là que se chevauchent la cognition et la compréhension et les valeurs des personnes en interaction (l’aspect de la situation, du problème, de l’événement sur lequel ils s’entendent). ❏ La façon dont nous réagissons à un message dépend de notre cognition ou de notre compréhension et de nos valeurs, ainsi que de ce que nous croyons être la cognition ou la compréhension et les valeurs des personnes avec qui nous entrons en interaction. Cela nous mène au concept de la cognition parallèle, selon lequel le communicateur A prend position sur la signification et l’effet possible d’un message, et il prend également position sur la signification qu’il pense que le communicateur B accorde au message et à l’effet possible de son contenu. Perception du reste : La perception qu’a l’individu (son évaluation) de ce qui reste dans l’orientation de l’autre communicateur après qu’on a isolé le champ commun (ce que chaque communicateur pense que l’autre a à l’esprit en ce qui regarde l’aspect de la situation sur lequel ils ne sont pas d’accord). La figure 2 montre les trois domaines qui se combinent pour donner la structure à cinq éléments de la relation du communicateur avec la situation de communication. A désigne l’orientation du communicateur A, B désigne l’orientation du communicateur B, Z est l’aire de chevauchement entre leurs orientations, a-1 est le reste de La coorientation met en lumière la nature interpersonnelle de la communication. Pour qu’une communication soit efficace, il faut que les participants soient orientés simultanément vers le même contenu, le même contexte et la même signification. C’est seulement quand les gens parlent de la même chose sur le plan du contenu, du contexte et de l’intention que la compréhension, et partant la communication, peut devenir réalité. L’accent est mis sur Optimum, La revue de gestion du secteur public • vol. 28, no 2 FIGURE 2 a–1 A Z B b–1 5 LA COMMUNICATION ET LES CONFLITS DANS LES ORGANISATIONS : RETOUR SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX l’orientation de A et b-1 est le reste de l’orientation de B. Quand l’aire de chevauchement (le niveau d’accord ou le champ commun) est enlevé, le résidu de l’orientation de A est a-1; c’est ce qui, croit-on, différencie A de B. Le résidu de l’orientation de B quand le champ commun est enlevé est b-1; c’est également ce qui différencie B de A, croit-on. On ne sait généralement pas immédiatement si les contenus des résidus a-1 et b-1 sont semblables ou non. Dans la plupart des interactions (qu’elles soient cordiales ou conflictuelles), ni A ni B ne saurait avec précision ce qui constitue le résidu, pour l’autre, à moins qu’on le leur ait dit au préalable. Dans les situations de conflit, les adversaires réagissent généralement selon leurs perceptions individuelles plutôt qu’en fonction des faits. Même si nos perceptions des motifs des autres personnes ou des causes de leur comportement ne sont pas fondées, nous allons probablement réagir en fonction de ces perceptions13. C’est la principale raison pour laquelle les conflits sont difficiles à résoudre ou à gérer. La similitude ou la dissimilitude des résidus détermine l’importance du champ commun ou la mesure dans laquelle il y a accord entre les communicateurs. Plus le champ commun est restreint, plus large sera l’aire de divergence; les communicateurs imputeront des motifs à l’autre, tenteront de faire parler les faits, s’accuseront l’un l’autre. Cela peut envenimer ou atténuer le conflit, selon la façon dont chacun interprète ce que l’autre dit. Plus le champ commun est vaste, plus restreint sera le champ à propos duquel ils vont débattre. Le fait d’étendre l’aire d’accord, ou de construire un champ commun plus vaste, semble une voie prometteuse. Le problème ou l’avantage du champ commun est illustré par ce simple énoncé de Andreas Fuglesang : Parfois, nous utilisons l’expression : « M. Smith et M. Jones ne parlent pas le même langage ». Cela ne signifie pas que M. Smith parle l’allemand et M. Jones parle l’anglais, mais plutôt que M. Smith et M. Jones ont peu en commun – soit qu’ils n’ont pas les mêmes opinions, soit qu’ils communiquent mal14. Les constructs de la coorientation Les quatre principaux constructs de la coorientation sont la congruence et la non-congruence, qui ont une fonction intrapersonnelle, et l’exactitude et l’inexactitude, qui ont une fonction interpersonnelle. 6 Congruence et non-congruence Quand les propos du communicateur A sont exactement ce qu’il pense que le communicateur B comprendra, il réalise les conditions de la congruence. En d’autres mots, il y a congruence quand la signification de l’énoncé du communicateur A est identique ou analogue à ce qu’il pense que le communicateur B comprend. Quand ce qu’il voulait dire diffère de ce qu’il perçoit avoir été compris, il y a non-congruence. La même chose prévaut quand le communicateur B examine sa relation avec l’énoncé. Si ce qu’il comprend est exactement ce qu’il pense que le communicateur A voulait dire, la situation en est une de congruence. Quand le message compris diffère de ce qu’il pense que l’autre voulait dire, il y a noncongruence. Les conditions de congruence et de noncongruence se produisent chez chacun des communicateurs, mais non entre eux; par conséquent, elles sont intrapersonnelles. La congruence crée l’harmonie chez l’individu; la non-congruence donne lieu à un manque d’harmonie interne. S’agissant de communication, les perceptions sont basées sur ce que l’individu pense qu’est le fait, non sur le fait réel. Pour déterminer s’il y a bel et bien congruence par rapport à la communication, il nous faut comparer ce que A pense que B comprend avec ce que B comprend réellement, et comparer ce que B pense que A veut dire avec ce que A veut réellement dire. Si la perception qu’a A de ce que B comprend est exactement ce que B comprend, il y a alors une situation d’exactitude, et A a interprété correctement la compréhension de B. Si la perception est erronée, la situation en est une d’inexactitude. La même chose vaut pour B; si la perception qu’a B de ce que A veut dire est exactement ce que A veut dire, il y a une situation d’exactitude : B a interprété correctement les pensées et les sentiments de A. Si la perception est erronée, il en résulte une situation d’inexactitude. La congruence, qui crée de l’harmonie chez une personne, est un résultat positif, mais elle peut créer une impression d’efficacité de la communication qui n’est pas fondée. Comme elle se produit au niveau de la perception, elle ne peut être tenue pour un fait. Malheureusement, puisqu’elle crée une harmonie interne et que la perception correspond généralement à la réalité jusqu’à preuve du contraire, elle tend à rassurer le communicateur à propos Optimum, La revue de gestion du secteur public • vol. 28, no 2 LA COMMUNICATION ET LES CONFLITS DANS LES ORGANISATIONS : RETOUR SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX FIGURE 3 Le modèle de la coorientation L'énoncé A B Ce que la direction signifie par là Congruence/non-congruence Champ commun Exactitude/inexactitude Ce que la direction pense que les employés comprennent du résultat de sa communication. L’exemple ci-après illustre non seulement de la spéculation sur la teneur de l’orientation qui n’est pas commune, mais également une tentative de créer un accord commun : Dans une usine, un délégué syndical s’adresse aux ouvriers : – Qui a donné le mot d’ordre pour le débrayage? – Moi, dit Jones en s’avançant. C’est à cause de ce salaud de Campbell, le contremaître. Ça fait cinq fois en deux semaines qu’il m’envoie remplacer un gars d’une autre équipe. C’est toujours à moi qu’il s’en prend et j’en ai assez. Pourquoi c’est toujours moi qui récolte le sale boulot? Un peu plus tard, le même délégué interroge Campbell : – Qu’est-ce qui se passe avec Jones? Il dit qu’il a fait cinq remplacements en deux semaines. Pourquoi toujours lui? – C’est notre meilleur ouvrier! Avec lui, je suis tranquille, je sais que tout continue de bien tourner dans une équipe même si le chef est absent. D’ailleurs, je ne l’envoie que s’il faut une personne responsable. . . Mais je ne savais pas que Jones n’était pas d’accord; je croyais qu’il aimait bien les responsabilités15. Dans l’exemple Jones-Campbell ci-dessus, le contremaître Campbell était sûr que ses intentions étaient bien comprises par Jones (la congruence, à gauche du Optimum, La revue de gestion du secteur public • vol. 28, no 2 Ce que les employés comprennent Congruence/non-congruence Ce que les employés pensent que la direction veut dire modèle), alors que Jones s’était convaincu lui-même que son interprétation des intentions de Campbell était la bonne (la congruence, à droite du modèle). Il en est résulté une incompréhension mutuelle; la méfiance est apparue et une distance s’est créée entre les personnes, ce qui peut avoir eu une influence néfaste sur le rendement individuel et les résultats, et certainement sur les relations interpersonnelles et la coopération. Comme le note Dubinskas : Les conflits voient le jour dans le cadre du processus d’interaction et de dialogue entre des groupes (et entre des individus), dans lequel chaque groupe (ou individu) interprète le message de l’autre. Le problème est que les groupes (ou les individus) utilisent leurs propres normes ou références culturelles pour évaluer les actions des autres, et ces normes ne sont pas celles qui guident les autres16. Inversement, la non-congruence, qui crée la disharmonie dans une personne, est généralement considérée comme une force négative. Cependant, elle engendre presque toujours l’impulsion de jeter un second regard à la forme, au contenu et au contexte du message. Elle suscite le désir de vérifier la perception du communicateur pour la confirmer. Revenons à l’exemple Jones-Campbell. On peut être raisonnablement sûr que la 7 LA COMMUNICATION ET LES CONFLITS DANS LES ORGANISATIONS : RETOUR SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX phrase de Campbell, « Je ne savais pas que Jones n’était pas d’accord », indique un désir de régler ce manque de compréhension mutuelle. La non-congruence peut être un bienfait caché si l’on saisit l’occasion qu’elle présente de poser des questions et de vérifier sa perception. La non-congruence ouvre généralement la porte à l’utilisation des constructs d’exactitude et d’inexactitude de la théorie de la coorientation et offre la possibilité de fournir plus de faits et d’échanger plus d’idées. Il en résulte un besoin accru d’acquérir de l’information et d’exploiter celle-ci par la communication, la diffusion et l’entreposage efficaces de cette information, ce qui donne lieu à une meilleure gestion de l’apprentissage et du rendement de l’organisation. Cela ne veut pas dire que les membres de l’organisation doivent viser intentionnellement la non-congruence. Son incidence est déterminée par la façon dont elle est utilisée. La non-congruence engendre des conflits intrapersonnels. Lorsqu’elle est utilisée judicieusement et avec objectivité, elle peut produire les mêmes effets : ❏ Elle agit comme un détecteur de fumée ou un voyant avertisseur, indiquant que quelque chose doit être fait autrement pour assurer la congruence. ❏ Elle favorise la créativité chez les membres de l’organisation. ❏ Elle encourage l’interaction des membres de l’organisation et leur organisation à discuter des questions qui les préoccupent. ❏ Elle favorise le partage de l’information pertinente, en incitant les membres de l’organisation à faire connaître leurs divergences, ce qui accroît la quantité d’information disponible. Parfois, une situation qui semble en être une de noncongruence s’avère tout autre chose. Mais même cela ne peut être affirmé sans vérification. L’important n’est pas de savoir si les situations de non-congruence sont confirmées ou infirmées, mais bien que les sentiments de noncongruence, comme les devinettes inexactes, lorsqu’ils sont exploités judicieusement, favorisent l’interaction et rendent donc la compréhension mutuelle possible. Alors que la congruence tend à ignorer la vérification et à bâtir sur de simples perceptions, favorisant sans le savoir les sentiments de méfiance, d’offense, la faible motivation et un 8 engagement discutable, la non-congruence englobe la vérification comme une partie essentielle de la communication et tend à prévenir les conflits interpersonnels et les dérèglements intraorganisationnels. Exactitude/inexactitude Contrairement aux situations de congruence et de noncongruence qui se produisent seulement chez des communicateurs individuels, les situations d’exactitude ou d’inexactitude se manifestent entre les communicateurs. L’exactitude est un construct interpersonnel qui fournit une preuve tangible que les communicateurs qui interagissent sont arrivés à un terrain d’entente, à savoir que chacun des communicateurs sait où l’autre veut en venir, mais pas nécessairement qu’ils sont d’accord sur la question. Le construct opposé, l’inexactitude, est généralement un signe d’incompréhension. L’incidence de l’exactitude ou de l’inexactitude sur l’efficacité de la communication dans les organisations est légèrement différente de celle de la congruence ou de la non-congruence. Si ce que le communicateur A croit que le communicateur B comprend est exactement ce que le communicateur B comprend réellement, alors la communication est effective : elle est reçue et comprise comme prévu. L’efficacité de la communication est déterminée par la relation entre son contenu et la disposition du communicateur B. La communication effective est un pas sûr vers la compréhension mutuelle, mais elle ne donne pas nécessairement lieu à un accord. Si ce que le communicateur A pense que le communicateur B comprend n’est pas exactement ce que le communicateur B comprend réellement, alors la communication soit ne se fait pas, soit se fait de façon inefficiente. Cela peut donner lieu à une reconstruction du message, à un changement dans la forme et la présentation ou, plus important encore, à un examen plus détaillé de l’orientation du communicateur B, afin de déterminer la cause du malentendu. C’est à ce moment que les questions, les explications, les précisions et les vérifications sont le plus nécessaires. Bien peu de gens agissent correctement s’ils n’ont pas l’information pertinente et nécessaire. Comme le disait Lamont, le jugement d’un homme d’affaires n’est pas meilleur que l’information dont il dispose17. Optimum, La revue de gestion du secteur public • vol. 28, no 2 LA COMMUNICATION ET LES CONFLITS DANS LES ORGANISATIONS : RETOUR SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX L’exactitude suppose une compréhension mutuelle et quelque chose de plus : il faut aller au-delà de la compréhension mutuelle pour en venir à un accord. Si je suis certain que mon message a été reçu et parfaitement compris, je veux savoir si les demandes formulées dans le message seront acceptées et si on y donnera suite. C’est seulement par la suite que je pourrai dire avec certitude que la communication s’est réellement faite. L’inexactitude soustend une incompréhension mutuelle et, au même titre que la non-congruence, elle incite à des mesures pour renverser la situation. Si je suis certain qu’on m’a mal compris, je sentirai le besoin de me faire bien comprendre. Cela exigera un rajustement de ma position ou une meilleure compréhension des dispositions de l’autre personne ou les deux. Alors que de tels rajustements et réexamens sont nécessaires dans tous les cas où il y a malentendu, ils sont particulièrement importants quand les communicateurs sont de culture différente, ce qui est souvent le cas dans les organisations aujourd’hui. D’où l’avertissement par Austin : De nombreuses occasions d’affaires ont été perdues ou des coentreprises ont été paralysées par un manque de compréhension ou par l’incapacité de gérer la diversité culturelle; il peut être inutile de bien comprendre la réalité économique si on saisit mal la culture18. la société Tyler constitue un exemple typique de situation où une réaction basée sur les parties résiduelles de l’orientation individuelle qui ne sont pas connues a créé un conflit à l’échelle de la section, conflit qui a affecté sérieusement la relation entre les employés et leur gestionnaire. Cela ne peut qu’avoir un effet négatif sur la motivation et l’engagement. Le cas Jones-Campbell, dont il a été question plus haut, peut même constituer un meilleur exemple d’une spéculation basée sur le contenu de l’orientation individuelle qui n’est pas connu. Selon Heider, une importante partie de la structure cognitive d’une personne repose sur comment et à quoi elle attribue la cause des choses qui lui arrivent19. L’attribution en soi fait peu ou pas de mal; c’est lorsque l’attribution se fonde uniquement sur la perception qu’il y a un problème. Des accusations et des contre-accusations s’ensuivent jusqu’à ce que les explications clarifient la situation. La façon d’éviter les récriminations est de prendre des mesures pour comprendre la situation de l’autre et de fournir l’information pertinente et nécessaire. Comme Sherlock Holmes le rappelait au Dr Watson dans Une Étude en rouge, c’est une erreur capitale d’énoncer une théorie avant d’avoir toutes les preuves20. L’objectif immédiat que vise le communicateur quand il tire objectivement et judicieusement avantage de l’inexactitude est d’arriver à une compréhension mutuelle; l’objectif ultime est d’arriver à un accord et de parvenir au but pertinent, à savoir une communication efficace. L’importance et la nécessité d’expliquer et de clarifier les directives, les objectifs, les plans et les procédures et de vérifier le contenu d’un message, les intentions et les attentes qu’il comporte afin de susciter une compréhension mutuelle, voilà l’objet de la coorientation. La coorientation et la compréhension mutuelle Conclusion Même si la compréhension mutuelle ne signifie pas un accord, c’est un pas important vers la résolution ou la gestion de conflit. Quand chaque communicateur partie au conflit sait ce que l’autre a à l’esprit, il y a là une occasion pour une discussion intelligente ainsi que la possibilité d’un règlement sans perdant. Une prémisse fondamentale dans la théorie de l’information est que l’information réduit l’incertitude. L’incertitude génère la suspicion, laquelle n’est pas un élément d’une relation positive. Quand le contenu de tout ce qui n’est pas dans le champ commun n’est pas connu et donne par conséquent lieu à des spéculations, les risques d’aggravation du conflit sont plus grands. Le cas de Optimum, La revue de gestion du secteur public • vol. 28, no 2 Les conflits sont inévitables dans tous les domaines de la vie et ils sont parfois nécessaires dans les organisations parce qu’ils peuvent les aider à progresser. Mais il faut établir une distinction entre les conflits nécessaires et les conflits inutiles, ou entre les conflits inévitables et les conflits évitables. Les conflits inévitables ou nécessaires se produisent principalement à cause de problèmes inhérents d’incompatibilité d’objectifs et de rareté des ressources. Les conflits évitables ou inutiles viennent des différences dans les antécédents culturels, les points de vue, la compréhension, etc., ainsi que des mesures prises par les individus pour créer et maintenir leur version de la réalité. Bien que cet article exprime principalement des conflits 9 LA COMMUNICATION ET LES CONFLITS DANS LES ORGANISATIONS : RETOUR SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX évitables et inutiles, il faut noter que la coorientation peut faire autant pour éviter et résoudre ces types de conflits que pour aider à soutenir et à résoudre des conflits plus substantiels et objectifs. Les divergences de vues et les débats honnêtes ne sont pas signe de désunion, a dit Herber Hoover. Il s’agit d’un processus vital d’établissement de politiques dans un monde d’hommes libres21. Mais pour s’engager dans des débats honnêtes, il faut avoir l’information pertinente et des connaissances de base. L’information et le savoir s’acquièrent en posant des questions, en vérifiant les déclarations et en écoutant de manière objective. Commentant l’importance de l’information, John Locke a dit : « J’attribue le peu que je sais au fait que je n’ai pas été gêné de demander de l’information22 ». La plupart des conflits liés au changement dans les organisations viennent de l’ignorance dans laquelle se trouvent les individus ou de ce qu’on pourrait appeler la retenue stratégique de l’information. Alors que la première est une conséquence du manque d’information, la seconde est une cause du manque d’information. Les deux créent des problèmes d’idées fausses, de malentendus, de confusion et de méfiance. Mais, alors que le fait de retenir l’information peut parfois s’avérer positif du point de vue stratégique, l’ignorance est rarement un bienfait dans le contexte d’une organisation. Comme le faisait remarquer Handy : Ceux qui comprennent pourquoi les changements se produisent gaspillent infiniment moins d’énergie à se protéger ou à combattre l’inévitable. Ceux qui réalisent dans quelle direction s’orientent les changements sont les mieux placés pour utiliser ces opportunités au mieux de leurs intérêts23. On pense généralement que, dans une organisation, le but de la communication est de fournir un environnement 10 où l’information pertinente et adéquate est à la disposition de quiconque en a besoin pour être entièrement productif et dans lequel le flux de la communication assure un échange d’idées et d’information adéquat et satisfaisant. Mais les organisations ont besoin de beaucoup plus que la communication se fasse; elles ont besoin que cette communication soit efficace. Dans leur recherche de l’efficacité, la plupart des organisations à but lucratif ont tendance à ignorer ou à oublier une importante condition préalable à la communication : qu’elle puisse se faire. Leur raisonnement semble le suivant : bien qu’elles considèrent important qu’un message arrive à destination et soit entièrement compris – qu’il ait lieu –, elles estiment plus rapide, plus économique et plus important de se concentrer sur l’efficacité du message, à savoir que les demandes qu’il contient soient acceptées et mises en œuvre. Mais pour qu’une communication serve les fins pour lesquelles elle a été envoyée, son contenu doit être reçu et compris. De là l’importance de la coorientation, qui peut en pratique aider les organisations à réduire l’incidence des malentendus et des conflits inutiles et évitables. L’application des principes de la coorientation évite que la communication et l’information soient faites au hasard. Elle rappelle aux communicateurs l’importance de poser des questions et de vérifier les explications et les précisions. Tout cela contribue à augmenter le niveau de compréhension mutuelle (mais n’engendre pas nécessairement un accord) entre les membres d’une organisation et à réduire l’incidence des conflits interpersonnels et de groupe, ce qui laisse plus de temps et d’énergie pour améliorer le rendement de l’organisation. Optimum, La revue de gestion du secteur public • vol. 28, no 2 LA COMMUNICATION ET LES CONFLITS DANS LES ORGANISATIONS : RETOUR SUR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX Notes 1. D.M. Kolb et J.M. Bartunek, éd. Hidden Conflict in Organizations: Uncovering Behind-the-Scenes Disputes, London, Sage Publications, 1992, p. 1. 2. J.K. Galbraith. Organization Design, Reading, Mass., AddisonWesley, 1977, p. 21. ———. “Behind the Wall,” The New York Review of Books, le 10 avril 1986, p. 11-13. 3. S.M. Lee, S. Yoo et T.M. Lee. “Korean Chaebols: Corporate Values and Strategies,” Organizational Dynamics, 19(4), 1992, p. 36-50. 4. A.A. Moemeka. Development (Social Change) Communication: Building Understanding and Creating Participation, New York, McGrawHill, 1993, p. 64. 5. A.A. Moemeka. Local Radio: Community Education for Development, Zaria, ABU Press, 1981. 6. Kolb et Bartunek, p. vii. 7. J.M. McLeod et S.H. Chaffee. “Interpersonal Approaches to Communication Research,” dans Chaffee et McLeod (éditeurs), Interpersonal Perception and Communication – édition spéciale de American Behavioral Scientist, 16(4) (mars-avril 1973), p. 483-88; J.E. Grunig. Excellence in Public Relations and Communication Management, New Jersey, Lawrence Erlbaum Associates, 1992; M.P. McElreath. Managing Systematic and Ethical Public Relations, Dubuque IA, Brown & Benchmark, 1993; S.M. Cutlip, A.H. Center et G.M. Broom. Effective Public Relations, 7e édition, N.J., Prentice Hall, 1994. 8. J. Hancock, dans G.P. Huber et W.H. Glick (éditeurs), Organizational Change Redesign: Ideas and Insights for Improving Performance, New York, Oxford University Press, 1993, p. 147. Optimum, La revue de gestion du secteur public • vol. 28, no 2 9. McLeod et Chaffee, 1973. 10. S.M. Cutlip, A.H. Center et G.M. Broom. Effective Public Relations, 1985, p. 268. 11. W.V. Haney. Communication and Organizational Behavior: Text and Cases, 3e édition, Homewood, Ill, Irwin, 1972, p. 234-235. 12. A. Fuglesang. About Understanding: Ideas and Observations on Cross-Cultural Communication, New York, Decade Media Books, 1982, p. 28. 13. F. Heider. The Psychology of Interpersonal Relations, New York, John Wiley, 1958. 14. Fuglesang, p. 34. 15. R. Fisher, W. Ury et B. Patton. Comment réussir une négociation, Paris, Édition du Seuil, 1982, p. 39. 16. F.A. Dubinskas. “Culture and Conflict: The Cultural Roots of Discord”, dans Kolb et Bartunek, p. 189. 17. R.P. Lamont, dans Huber et Glick. Organizational Change and Redesign, 1993, p. 112. 18. 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