Au cœur de Scapa Flow
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Au cœur de Scapa Flow
E PROFONDEUR La référence en activités subaquatiques au Québec Au cœur de la Baie de Scapa Flow VALLEYFIELD Une piscine en milieu naturel ! LE GOLFE DU MEXIQUE Qu’avons-nous appris ? 4,99$ Vol. 12, no 2 RICHE EN DÉCOUVERTES Vous êtes sous l’eau et n’avez plus l’impression d’avoir de l’équipement de plongée sur vous. Commencer alors un voyage riche en découvertes. Vous êtes davantage conscient de votre environnement. Vous devenez plus curieux. Vous explorez avec plus de confiance. Faire des découvertes, c’est ça la plongée! Et après une plongée inoubliable, ce sont vos découvertes qui devraient être au centre de vos conversations, pas votre équipement. UNE MEILLEURE EXPÉRIENCE DE PLONGÉE Découvrez les nouvelles combinaisons humides ELASTEK dotées de caractéristiques technologiques de pointe en matière de protection et d’imperméabilisation des coutures. 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D Jamboree de la FQAS à venir en 2013, les clubs de plongée, En Profondeur pour ceux qui ont la plume facile, et les initiatives de la FQAS. Plus on s’impliquera collectivement, plus notre milieu sera fort ! Bonne lecture, bonnes bulles ! Votre fédération a les même besoins. Elle est tenue par un groupe de bénévole et une petit permanence qui a toujours besoin d’aide de toute sorte : de l’huile de bras aux besoins d’être nourri dans ses réflexions afin d’aller s’asseoir devant le gouvernement. En début d’année, la FQAS a lancé un appel à ses moniteursmandataires afin de revoir certaines modalité de l’application de la réglementation. Sujet chaud, avouons-le. Sur les trois cents moniteurs que compte le Québec, trois ont répondu à l’appel. Et pourtant, c’était un forum unique afin de faire valoir son point-de-vue, se faire entendre et apporter sa contribution au débat dans un esprit constructif. Je sais, on manque de temps. On manque tous de temps. Mais si on veut changer les choses… faut s’y mettre un peu. S’y mettre à notre niveau avec ses énergies disponibles et ses intérêts. Vous avez le goût, les occasions ne sont pas rares pour s’impliquer et ainsi solidifier le milieu des activités subaquatiques : les festivals (St-Anicet et des Escoumins, le Formulaire d’inscription Tous les membres de la FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE DES ACTIVITÉS SUBAQUATIQUES, en plus de recevoir quatre fois l'an le magazine En Profondeur et une couverture en assurance responsabilité civile, bénéficient des tarifs avantageux suivants : N chez Énergie Cardio N sur la location de véhicules chez Enterprise N sur les achats de peinture chez Bétonel N rabais carte de membre AirMédic N dans les Hôtels Gouverneur N à l’Aquarium du Québec N lors des conférences de la FQAS Le membre CoopAir obtient en plus quatre coupons pour des remplissages d’air gratuits. Le membre familial obtient une carte de membre par membre d’une même famille (deux adultes et deux enfants), mais un seul abonnement au magazine. Deux raisons de s’impliquer : la première, pour le plaisir. La deuxième… parce que tout le monde y gagne ! Nom : Adresse : Ville : Province : Pays : Téléphone : Courriel : Catégorie : Type d’abonnement : Réf. no mandataire Plongeur Régulier 26 $ + taxes = 29,89 $ Apnéiste CoopAir 40 $ + taxes = 45,89 $ Hockeyeur subaquatique Familial 45 $ + taxes = 51,74 $ Monopalmiste Abonnement au magazine En Profondeur uniquement 4 numéros (incl. port et manutention) : 24,79 $ + taxes = 28,50 $ Envoyez votre formulaire et votre paiement à : FQAS 4545, av. PierreDe Coubertin C. P. 1000, succursale M Montréal QC H1V 3R2 Chèque inclus ou portez à mon compte Visa MasterCard No EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Total $ Date d’exp. / M Signature 4–5 Code postal : A Vol. 12, no 2 PHOTO : JACQUES ANDRÉ LECH VOS YEUX SOUS L’EAU Des reportages exclusifs diffusés gratuitement vous font découvrir les plus beaux sites de plongée du St-Laurent et des Grands Lacs et vous informent sur tous les aspects de la plongée sous-marine. NEPTEAU.TV 100% PLONGÉE SOUS-MARINE ! PHOTO : JO-ANNWILKINS.COM PHOTO : JACQUES ANDRÉ LECH NOUVEAU SITE PHOTO : JO-ANNWILKINS.COM Festival marin des Escoumins septembre 2012 1er et 2 Les Escoumins Gilles Létourneau Michel Gilbert et Danielle Alary Cet été, la Côte-Nord vous attend ! é d i5 n ti o e Le rendez-vous sous-marin du Québec photos : Michel Gilbert et Danielle Alary Michel Gilbert et Danielle Alary Michel Gilbert et Danielle Alary Sous la présidence d’honneur de Danielle Alary et Michel Gilbert Pour information: 418 233-2766 poste 26 418 233-4414 www.festivalmarin.com au Centre de découverte du milieu marin 41, rue des pilotes SOMMAIRE COUSTEAU ÉDITORIAL 4 Golfe du Mexique, qu’avons-nous appris ? EN SURFACE 8 L’océan couvre 70 pour cent de la surface de la planète; mais aussi, elle nous touche d'une manière que nous oublions. 14 10 DÉCLIC La patience est la mère de toutes les vertues 22 18 RÉSEAU DE SUIVI DE LA BIODIVERSITÉ AQUATIQUE Le loup de mer PATRIMOINE L’Empress of Ireland La protection d’un bien patrimonial peu commun 26 NOUVEAUTÉS Une piscine en milieu naturel 30 FAUNE ET FLORE Fiches bio du chiton rouge marbré et la petite poule de mer atlantique 36 RESSOURCES PLONGÉE 38 ÉPAVES Plongée au coeur du cimetière marin de la Baie de Scapa Flow Parmis les grands classiques des plongées sur épaves se trouve Scapa Flow. Situé en Écosse, ce site est le cimetière marin de la flotte allemande ayant été sabordée en 1919. EXPÉDITION Des épaves pour tous les goût en Floride ! 32 Au printemps 2010, notre équipe s’est dirigée vers la région des Keys de la Floride, plus précisément Key Largo, pour un séjour d’une semaine. E PROFONDEUR La référence en activités subaquatiques au Québec En Profondeur est publié en collaboration avec la Fédération québécoise des activités subaquatiques (FQAS), à raison de quatre numéros par année. Ce magazine se veut un moyen de communication accessible à l’ensemble de la communauté des plongeurs du Québec, ainsi qu’à toute personne ou organisme dont la nouvelle est en affinité avec la mission d’En Profondeur. 4545, av. Pierre-De Coubertin, C. P. 1000 Succursale M, Montréal (Québec) H1V 3R2 Tél. : 514 252-3009 • Téléc. : 514 254-1363 [email protected] www.enprofondeur.com CONSEIL D’ADMINISTRATION : Président, Paul Boissinot Vice-président, Darcy Kieran Vice-président exécutif, Jean-Sébastien Naud Poste-Publications n° de convention : 40069242 ISSN 1201-1819 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada ÉQUIPE DE PRODUCTION : Jean-Sébastien Naud : Directeur de la publication Jasmine Beaulieu : Administration Pierre Lavigne : Réviseur linguistique Graphomax : Infographie Communimédia : Impression Messagerie Dynamique : Distribution COLLABORATEURS : Danielle Alary, Jean-Michel Cousteau, Charles Dagneau, Laurent fey, Michel Gilbert, Francois Haze, Nathalie Lasselin, Euchariste Morin, Jean-Michel Lalonde, Martin Lalonde, Sébastien Pelletier Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques (FCP) pour nos activités d’édition. Photo de la couverture : Nathalie Lasselin Note : Toute reproduction totale ou partielle de ce magazine est formellement interdite sans l'autorisation écrite de la FQAS. La direction du magazine fait tous les efforts pour éviter les erreurs de tout ordre et les opinions inopportunes. Elle se dégage cependant de toutes responsabilités quant aux textes publiés. Ces derniers n'engagent que leurs auteurs. La direction est heureuse de recevoir des textes provenant du public. Par ailleurs, elle ne s'engage ni à les publier ni à les retourner à leur auteur. EN SURFACE À la découverte des épaves du St-Laurent ! Le fleuve Saint-Laurent a été le théâtre de nombreux naufrages au cours du XXe siècle. Ces pertes sont imputables, entre autres, à des incendies, à des collisions dans le brouillard, à des conditions météorologiques défavorables ou encore à des erreurs de navigation. Les naufrages du Québec au XXe siècle retrace, à l’aide de nombreuses photographies, plus d’une centaine de naufrages du siècle dernier, y compris ceux en temps de guerre. L’auteur présente les naufrages les plus significatifs quant aux pertes de vies humaines et les plus spectaculaires. Cet ouvrage de photographies commentées est un document unique au Québec. Il vous fera revivre les naufrages marquants du XXe siècle dont celui de l’Empress of Ireland, du Simcoe, du Cymbeline, du Québec, du B.F., duTritonica, de la Manseau 101, du Nadine et du Brier Mist. Le livre est disponible dans toutes les librairies du Québec au coût de 21,95 $ Plonger pour la santé, une idée originale ! Le 14 janvier dernier a eu lieu, à Saint-Hyacinthe, une journée d’initiation à la plongée sous-marine organisée par les Centres de Plongée Nordsud et la Fondation de l’Hôpital Honoré-Mercier. Pensée par M. Jean Lemonde, président du CSSS Richelieu-Yamaska, lui même un passionné de plongée, l’activité avait pour but d’amasser des fonds pour l’Hôpital. Plus de 90 participants ont donc participé à cette journée d’initiation orchestrée bénévolement par 15 moniteurs des Centres de Plongée Nordsud venus offrir leur temps et expertise à la cause tout en transmettant leur passion pour ce sport. Emballés par leur expérience plusieurs initiés se sont ainsi trouvés une nouvelle passion tout en ayant posé un geste pour la santé. La Fondation Honoré-Mercier tient à transmettre ses plus sincères félicitations aux Centres de Plongée Nordsud pour leur initiative et façon originale de faire la promotion de leur sport préféré ! En Surface est une rubrique mise à la disposition de la communauté des activités subaquatiques du Québec. Vous avez un événement à diffuser ou une nouvelle à annoncer, faites-le nous savoir : [email protected] 08 – 09 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Originaire de Price dans le Bas-Saint-Laurent, Samuel Côté est, depuis son adolescence, un passionné de l’histoire du fleuve Saint-Laurent. Chasseur d’épaves à temps plein, il poursuit l’objectif d’identifier et de documenter le plus grand nombre d’entre elles. Samuel a décidé de partager le fruit de ses recherches en créant le site Internet www.lecimetieredusaint-laurent.com en 2007. Lauréat régional des Prix du Patrimoine du Bas-SaintLaurent en 2010 pour son premier livre Le Métis maritime, ancré au passé…de 1800 à aujourd’hui, il collabore au populaire magazine de plongée sous-marine En Profondeur. Étudiant en histoire à l’Université du Québec à Rimouski, Samuel voulait élargir son territoire de recherches et dévoiler d’autres secrets du Saint-Laurent dans Les naufrages du Québec au XXe siècle. CMAS QUÉBEC Nouveau conseil d’administration CMAS QUÉBEC La dernière assemblée générale de CMAS QUÉBEC s'est déroulée à Montréal, le samedi 14 avril 2012. Lors de cette assemblée les membres ont procédé à l’élection de deux postes au conseil d’administration de CMAS QUÉBEC. Ainsi, Monsieur Claude Marcel est maintenant le nouveau président et Monsieur Laurent Fey vice-président. L’assemblée générale des membres a aussi souligné et remercié chaleureusement Madame Chantal Pelletier qui a œuvré pendant 6 ans à la présidence de CMAS QUÉBEC. Madame Danielle Rivet est directrice générale au sein de ce nouveau conseil d’administration. Ce nouveau CA reçoit tous nos encouragements. De gauche à droite : Mme Chantale Pelletier, M. Claude marcel, Mme Danielle Rivet et M. Laurent Fey. Le saviez vous ? Air Médic et la FQAS Air Médic offre aux membres de la FQAS un rabais de 20 % sur leur carte de membre. Une offre très profitable pour les plongeurs qui se promènent partout au Québec ! Air Médic offre aux membres de la FQAS un rabais sur la carte de membre annuelle : ainsi, la carte de membre coûtera 60 $ au lieu de 75 $. Contactez-nous pour avoir le code promotionnel au 514-252-3009 poste 2 ou 1-866-391-8835 Festival marin des Escoumins é d i5 n ti o er septembre 1 et 2 2012 e Les Escoumins Gilles Létourneau Michel Gilbert et Danielle Alary Cet été, la Côte-Nord vous attend ! Le Festival marin des Escoumins vous attend ! Le rendez-vous sous-marin du Québec photos : Michel Gilbert et Danielle Alary Michel Gilbert et Danielle Alary Michel Gilbert et Danielle Alary Sous la présidence d’honneur de Danielle Alary et Michel Gilbert Pour information: 418 233-2766 poste 26 418 233-4414 www.festivalmarin.com au Affiche festival marin 2012-3 FINALE - pour pub mag.indd 1 Centre de découverte du milieu marin 41, rue des pilotes 12-02-03 11:38 Les Festival Marin des Escoumins invite la communauté des plongeurs à venir participer à sa 5e édition ! Sous la présidence d’honneur de Michel Gilbert et Danielle Alary, vous y découvrirez toute la richesse de la faune et la flore sous-marine du Golfe du St-Laurent en plus d’avoir la chance de participer à une multitude d’activtés ! Concours de photos, chasse aux trésors sous-marine, Concert sous-marin sont au menu de cet incontournable qui a remporté le fameux prix des Grands prix régionaux du tourisme 2012 ! COUSTEAU e PARTIE 2 Déversement de pétrole dans le golfe du Mexique : Le mélange de pétrole et de dispersants toxiques a touché le littoral de la Louisiane en premier, et a rapidement été repéré sur les rives de l'Alabama, du Mississippi et de la Floride, touchant approximativement 1 000 kilomètres le long de la côte du golfe. 10 – 11 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Carrie Vonderhaar, Ocean Futures Society Qu'avons-nous appris ? 'océan couvre 70 pour cent de la surface de la planète; mais aussi, elle nous touche d'une manière que nous oublions. L'océan agit sur le climat et la météo, génère plus de 70 % de l'oxygène que nous respirons, absorbe le dioxyde de carbone, alimente les nuages en pluie en leur fournissant de l'humidité, fournit de la nourriture, unit les cultures, inspire nos esprits et, plus important encore, soutient toutes les formes de vie sur la planète. L Pourtant, la vitalité et la diversité de l'océan sont compromises dans une large mesure par une espèce terrestre… nous. Il est malheureux qu'il faille des catastrophes telles que le déversement de pétrole dans le golfe du Mexique pour nous rappeler à quel point nous avons un impact direct sur la vulnérabilité du système qui est à la base même de la vie. Cela fait maintenant plusieurs mois depuis l'explosion de la Deep Horizon; qu'avons-nous appris depuis? Le golfe du Mexique est le neuvième plus grand plan d'eau sur la planète, faisant vivre un large éventail d'espèces; du plancton microscopique à la plus grande des baleines sur planète. Il héberge la plus importante diversité de vie de tout l'écosystème mondial : le récif de corail. Lors de la fraie qui se produit seulement quelques nuits chaque année, les coraux libèrent leur génération future dans la colonne d'eau qui sera ensuite transportée par les courants complexes pour finalement former de nouveaux récifs dans des endroits lointains, reliant le golfe du Mexique au reste de la planète. Le golfe du Mexique héberge également un large éventail d'habitats qui supportent des réseaux complexes de vie; des marais aux mangroves, des communautés en haute mer à celles des fonds marins. Au sein de ces habitats se retrouvent les espèces emblématiques du Golfe : cinq espèces de tortues marines, des bancs de mérous Goliath, des thons rouges menacés d'extinction, des sociétés de dauphins à gros nez, ainsi que des milliards d'oiseaux résidents et migrateurs. Des millions d'oiseaux nicheurs de rivage et d'oiseaux marins appartenant à plus de 35 espèces différentes dépendent des îles-barrières du golfe du Mexique comme habitat de nidification. L'équipe de la Ocean Futures Society a été le témoin impuissant de l'inefficacité des nombreux barrages flottants sur les eaux du golfe. La plupart des oiseaux ont survolé ces barrages pour aller se nourrir à la mer et, par conséquent, ont rapporté du pétrole vers leurs nids où les attendaient leurs oisillons affamés. Carrie Vonderhaar, Ocean Futures Society Jean-Michel Cousteau Nous savons qu'avant la journée tragique du 20 avril, le golfe du Mexique subissait déjà un très grand stress. En plus de fournir des sédiments précieux qui nourrissent le delta du Mississippi, le fleuve Mississippi transporte également une rivière toxique d'engrais, de produits chimiques et de polluants dans le golfe, créant l'une des plus vastes zones mortes dans le monde, de la taille du New Jersey; et cette zone s'agrandit chaque année. Cette région en est une d'expérimentation, où les humains tentent par tous les moyens de lutter contre les catastrophes naturelles telles que les inondations et les ouragans. Depuis plus de 80 ans, nous avons modifié, manipulé et contrôlé le débit du Mississippi. Et maintenant, nous devons composer avec l'impact de ces actions sur l'écoulement naturel et COUSTEAU Carrie Vonderhaar, Ocean Futures Society la reconstitution des îles-barrières qui soutiennent un écosystème riche et relient la rivière Mississippi au golfe du Mexique. Nous détruisons littéralement l'un des plus riches greniers d'Amérique. Ces zones étaient autrefois dynamiques, circulant et s'écoulant naturellement au rythme de la nature. Elles ont abrité un éventail diversifié de faune qui a su s'adapter à cette vie aquatique en constante évolution. Quatre-vingt-dix pour cent de toutes les espèces marines dans le Golfe dépendent des estuaires à un certain moment de leur vie. Mais à présent, nous avons arrêté, bloqué ou canalisé ce flux naturel de l'eau avec des barrages afin de contrôler les inondations. Aujourd'hui, ces barrages vident le delta et les marais de leurs précieuses ressources qui les gardaient en vie. Depuis les années 1970, plus de cinquante pour cent des zones humides de la région du Golfe ont disparu. Malgré le stress causé par les humains, le golfe du Mexique est une zone de pêche encore extrêmement riche, produisant 50 % des crevettes américaines, 35 % des crabes à pinces bleues de la région, et 40 pour cent de ses huîtres. Toutefois, les pratiques de pêche ont exercé une pression de plus en plus forte sur ces ressources naturelles vulnérables, poussant certaines pêcheries vers la faillite. Cette région est également riche en ressources pétrolières, et ce, depuis des dizaines de milliers d'années. Le golfe du Mexique compte aujourd'hui plus de 4 000 plates-formes de forage en mer et des dizaines de milliers de kilomètres de pipelines. Quatre-vingt-dix pour cent du forage en mer des États-Unis prennent place ici; mais comme nous l'avons tous bien compris, il s'agit d'un lourd prix à payer. La plateforme Deepwater Horizon a explosé le 20 avril et a finalement été bouchée 86 jours plus tard. Il a fallu des 12 – 13 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Carrie Vonderhaar, Ocean Futures Society Jean-Michel Cousteau et l'équipe de la Ocean Futures Society ont passé de nombreux jours dans les eaux du golfe du Mexique afin de documenter les impacts et de partager les histoires de coulisse du plus grand déversement de pétrole en milieu marin de l'histoire. Holly Lohuis et la Ocean Futures Society ont profité d'un moment mémorable lors du tournage de la libération de 32 mouettes rieuses. En ouvrant les portes de leurs cages, nous sentions que nous faisions tout ce que nous pouvions pour redonner à un écosystème qui nous a tellement donné ! semaines pour déterminer la quantité totale de pétrole ayant fui; les experts disent maintenant que 4,9 millions de barils ont été déversés dans le golfe jusqu'à cinq kilomètres sous la surface de la mer, ce qui en fait le plus important déversement marin de l'histoire. De plus, près de 8 millions de litres de dispersants toxiques ont également été versés, ce qui en fait la plus importante expérience toxique jamais réalisée dans un corps d'eau. Je me suis rendu sur le site dans le golfe avec mon équipe afin de documenter cette catastrophe, trouver des réponses et raconter l'histoire des communautés locales qui devront vivre avec cette catastrophe pour les années à venir. Nous sommes allés en Louisiane en camionnette et par avion, en tentant de réduire les émissions de carbone de notre expédition, c'est-à-dire en faisant tout ce que nous pouvions faire, sachant que nous n'allions pas manquer de combustibles fossiles de sitôt, mais en espérant plutôt démontrer à ceux qui nous suivent que chaque geste compte. Nous avons passé des journées entières sur l'eau. En plus d'être parmi les premiers plongeurs sous la surface à documenter la dispersion du pétrole dans toute la colonne d'eau, nous nous sommes également retrouvés face à face avec les animaux et leurs habitats détruits par le pétrole mélangé aux dispersants toxiques. De nombreux matins, dès l'aube, nous avons quitté les ports de la côte de la Louisiane en compagnie des crevettiers embauchés par la British Petroleum pour aider à contenir et à nettoyer le déversement de pétrole. Mais une fois sur l'eau, nous avons été les témoins impuissants de l'inefficacité de la plupart de ces tentatives. Nous avons trouvé des barrages encerclant les habitats utilisés pour la nidification des oiseaux de mer. Ces oiseaux ont survolé ces barrages pour aller se nourrir à la mer et, par consé- quent, ont ramené du pétrole vers leurs nids où les attendaient leurs oisillons affamés. Des airs, nous avons aperçu des kilomètres et des kilomètres de pétrole de surface, dans des zones où les courants convergent et où le pétrole s'était concentré. Nous ne pouvions qu'imaginer tous les animaux qui dépendent non seulement de ces courants pour le transport, mais aussi tous les animaux qui se nourrissent le long de ces lignes de courants convergents et qui ingèrent maintenant du pétrole. Tandis que les médias nationaux montraient les images déchirantes d'animaux directement touchés par le déversement de pétrole, nous avons passé des jours auprès de personnes qui faisaient tout ce qu'elles pouvaient pour les sauver. Nous avons filmé le dévouement et le travail acharné du Audubon Nature Institut et de Michele Kelley, la responsable de l'équipe qui nettoie et prodigue des soins aux tortues de mer dans leur installation au sud de La NouvelleOrléans. Lorsque nous les avons visités à la mi-juillet, ils hébergeaient 123 tortues de mer de quatre espèces différentes, et ils s'affairaient à construire plus de viviers afin d'accueillir davantage de victimes de cette horrible catastrophe. À ce jour, 588 tortues de mer ont été secourues et nettoyées, et sont dans l'attente de leur libération, lorsque les biologistes estimeront qu'il est sécuritaire pour elles de retourner à la maison. Nous avons côtoyé les vétérinaires et les gardiens du International Bird Rescue Research Center qui ont travaillé 24 heures sur 24, assurant un taux de survie élevé parmi les 35 différentes espèces d'oiseaux de rivage et d'oiseaux marins, dans leur installation de Fort Jackson. Nous les avons regardés nettoyer méticuleusement les oiseaux, une plume à la fois, ce qui devait être un processus de nettoyage assez stressant pour eux. Ces gardiens dévoués savaient que le nettoyage et le sauvetage de ces oiseaux n'étaient qu'une infime partie du cauchemar qui sévissait dans le golfe du Mexique. Un milliard d'oiseaux migrateurs étaient attendus dans la région du Golfe au cours des prochains mois, lors de la migration de l'automne et de l'hiver, reliant entre eux les continents de la région du Golfe. Consciente que les impacts de cette marée noire se feront sentir pour les décennies à venir, mon équipe a profité d'un moment mémorable lors du tournage de la libération de 32 mouettes rieuses. En ouvrant les portes de leurs cages, nous sentions que nous faisions tout ce que nous pouvions pour redonner à un écosystème qui nous a tellement donné ! Tandis que la planète prend conscience de la menace sur l'économie du golfe du Mexique et de l'importance de la conservation de ce dernier, nous espérons que cette catastrophe servira d'alarme et de catalyseur pour générer encore plus d'attention et de financement vers ces eaux, qui sont essentielles à de nombreuses communautés du golfe et à leur riche diversité biologique. Par l'exploration de cette région, j'aimerais motiver les gens à entretenir l'espoir malgré les désastres, à délaisser le pétrole et ses déversements pour aller vers les nouvelles technologies, les énergies éolienne et solaire et à créer des emplois dans ces domaines. Chez OFS, nous savons de quoi sont capables les humains lorsqu'ils sont confrontés à une crise. Toutefois, nous essayons d'inculquer aux générations futures la prévention plutôt que la gestion des crises. Nous devons apprendre comment devenir de meilleurs ambassadeurs de l'environnement en utilisant nos coeurs autant que nos têtes, afin de faire les meilleurs choix en matière d'environnement pour tous aller vers un avenir plus durable! C'est ce que nous nous devons à nous-mêmes et à tous ceux qui seront appelés à suivre nos traces. Carrie Vonderhaar, Ocean Futures Society Carrie Vonderhaar, Ocean Futures Society Jay Halcomb, Mark Russell et tous les vétérinaires et gardiens du International Bird Rescue Research Center ont travaillé 24 heures sur 24, assurant un taux de survie élevé parmi les 35 différentes espèces d'oiseaux de rivage et d'oiseaux marins, à leur installation de Fort Jackson. Seulement quelques gouttes de pétrole sont nécessaires pour diminuer l'imperméabilité des plumes des oiseaux de rivage et des oiseaux marins. Le nombre total d'oiseaux touchés par le déversement de pétrole du golfe demeure inconnu. Pour chaque oiseau sauvé et nettoyé par tous les vétérinaires et bénévoles dévoués, au moins 10 ont péri en mer. DÉCLIC De l’éloge de la patience En photographie comme en bien d’autres aspects de notre vie, la patience est la mère de toutes les vertus. Texte et photos : Michel Gilbert et Danielle Alary Combien d’amateurs reviennent d’un séjour de plongée avec des images de dizaines de sujets… et aucune digne d’être accrochée au mur du salon ou transformée en fond d’écran. Elles peuvent être « correctes » mais il leur manque ce petit quelque chose, cette magie qui transforme une photo banale en cliché digne de mention. Leçon de plongée Il n’est pas donné à tous de pouvoir observer des maîtres à l’œuvre. Quand cela se produit, pas besoin de longues explications, regarder travailler un artiste suffit souvent à transformer votre approche. Nous avons eu, au cours des années, le plaisir de passer du temps en compagnie de grands artistes qui nous ont appris bien plus qu’une technique. En plongée il faut prendre le temps et, quelquefois, il faut se hâter lentement. Leçon de patience Au début des années 2000 nous avons la chance de plonger pendant plusieurs jours avec Jean-Michel Cousteau. Au-delà de l’émotion qui entoure une telle rencontre, ce pionnier de la plongée nous donne une belle leçon et ce, sans même prononcer un mot. Assez tôt dans notre « carrière » de reporters il nous a également été donné de passer quelques jours en compagnie de celui que tous considèrent comme le maître absolu de la discipline : David Doubilet, photographe contractuel du National Geographic Magazine. Voir cet explorateur évoluer sous la surface s’avère un enseignement en soi. Première observation : Jean-Michel est infiniment économe de mouvements. Il ne porte que l’essentiel en guise d’équipement et, sitôt immergé, il se laisse entraîner par la seule gravité. Pas de coup de palme inutile. Un plongeon de canard et le voilà en descente. Un battement de palmes occasionnel suffit à imprimer le mouvement qui le conduit vers son objectif. La respiration est lente, profonde et régulière. Il donnait à l’époque un cours et le hasard a voulu qu’un reportage nous conduise précisément au même centre de plongée… et de surcroît sur le bateau qui lui servait de salle de cours. Une fois arrivé sur le récif, il se déplace lentement. Il adopte littéralement le rythme du récif. 14 – 15 Seconde leçon, ne rien laisser passer : Jean-Michel observe tout. Chaque anfractuosité, chaque formation rocheuse ou corallienne attire son regard. Il regarde attentivement les déplacements des poissons, s’arrête devant une gorgone afin d’en absorber les détails. EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Encore une fois, le seul plaisir d’accompagner cet homme à l’immense talent nous a permis d’apprendre beaucoup. David nous a enseigné que la patience est reine quand vient le temps de produire une image de qualité. Une fois les paramètres techniques maîtrisés, la différence entre une image banale et un souvenir mémorable réside dans la Ce cardinal (Holocentrus adscensionis) qui menace le plongeur avait auparavant signalé ses intentions en relevant sa nageoire dorsale et en nageant nerveusement, repassant sans cesse devant l’intrus. capacité du photographe de capter le moment précis où le sujet adopte la position imaginée par l’artiste. Pour ce faire il faut avoir « l’œil » et, bien sûr, une patience infinie doublée d’une connaissance intime du comportement des sujets que l’on photographie. De l’anticipation Pour produire des images différentes il faut savoir anticiper et comprendre comment le sujet réagit, soit à notre présence, soit à celle d’une proie ou d’un prédateur. Le britannique Martin Edge, dans son excellent ouvrage The Underwater Photographer1, utilise un concept appelé « Think and consider ». Cet outil mnémotechnique approche la prise de vue de manière holistique : le photographe doit prendre en considération une multitude de facteurs et juger du « potentiel photographique » de son sujet avant de penser cadrage et éclairage. priment à travers la patience, celle qui permet de saisir l’instant précis. Et même si vous n’envisagez pas publier votre travail dans un grand magazine, il vaut la peine de prendre le temps qu’il faut pour produire une image de qualité, celle qui provoque la surprise, voire l’envie de celui qui la regarde. Prenez par exemple la photographie du couple de tétrodons nains (Canthigaster rostrata) qui illustre cet article. Lors de la prise de vues, Michel a passé une bonne dizaine de minutes à observer ce qui semblait un « ballet de reproduction ». Il a attendu que les deux spécimens adoptent une position qui traduit parfaitement leur comportement. De plus, Edge reprend à son compte une technique déjà documentée dans l’ouvrage du regretté Joe Strykowski – Divers and Cameras - paru en 1974! Appelée « peak of the action », cette technique consiste à attendre le moment propice pour croquer une image. C’est à ce niveau que s’expriment le mieux le concept de patience et la notion d’anticipation. Il faut donc apprendre le comportement des espèces que l’on photographie mais, une fois acquises, ces notions s’ex- 1 Voir www.edgeunderwaterphotography.com L’antennaire de Commerson (Antennarius commerson) mène une vie plutôt sédentaire. Comme toute bonne « patate de sofa », il finit par s’ennuyer et baille aux corneilles. DÉCLIC Dans le cas de l’antennaire de Commerson (Antennarius comersonii) Danielle savait qu’il baillait à l’occasion. Elle s’est donc armée de patience jusqu’à l’instant précis où la gueule était grande ouverte. Pour ce qui est de l’image du cardinal blanc (Holocentrus adscensionis) observant son reflet dans le masque du plongeur, Danielle a aussi fait preuve de patience et d’anticipation. Elle avait remarqué que ce spécimen réagissait lorsqu’il passait devant l’intrus. Elle a donc pris le temps qu’il fallait pour que le poisson gagne suffisamment de confiance et se lance à l’assaut de son image. La crevette-clap Pistolero (Alpheus armatus) claque violemment de ses pinces à l’approche d’une menace. Ce spécimen se cachait entre les tentacules d’une anémone. Michel a dû employer une petite tige de plastique pour la provoquer afin qu’elle sorte suffisamment. Il aura fallu un objectif de 105mm et des dizaines d’images afin de capturer celle qui convenait. Il suffit souvent de porter attention à de petits détails dans le comportement d’une espèce. Dans le cas du cardinal, il redressait la nageoire dorsale et adoptait une position qui équivalait à un froncement de sourcil chez l’humain. Danielle a donc demandé à son modèle de s’approcher lentement, ce qui équivalait à une provocation pour le poisson. En d’autres occasions il faut passer de longues minutes et prendre une multitude de clichés afin de produire l’image recherchée. C’est le cas de la photo de crevette-clap Pistolero (Alpheus armatus). Tapi dans une anfractuosité de la masse corallienne, ce petit crustacé se cache derrière les tentacules de l’anémone rasta. Il faut donc utiliser ruse et provocation pour le faire sortir de sa tanière une fraction de seconde. Le jeu en vaut-il la chandelle? Si vous passez la majorité de votre plongée à attendre qu’un crustacé daigne sortir de sa cachette, vous serez à coup sûr l’objet de quolibets. Ces tétrodons nains (Canthigaster rostrata) nageaient simplement l’un près de l’autre quand Michel a eu l’intuition que ce ballet allait mener à autre chose. Par contre, quand vos amis regarderont vos images ils comprendront pourquoi cette attente en valait la peine… même si vous avez raté le couple de requins baleines qui se reproduisait à quelques encablures de vous ! Explorez avec Découvrez les couleurs des fonds marins jusqu’à 90m avec le flash DS161 Movie Étanche, résistant et durable, le boîtier pour Nikon D7000 vous suivra jusqu’à 60m sous l’eau ! Découvrez la gamme complète Ikelite en magasin P Ensemble, Ensemble, p partageons artageons l’e l’expérience xpérience photo photo vvidéo idéo Beaubien 16 – 17 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Rue St-André 6229, Saint-Hubert Montréal, Québec 514 274 6577 1 800 36 3 35 35 E Ï G N O L 0 E D L A S I V I O T S N E & A R & T 3 C A L U D S N I R MA S U O S S E T I S Ï P A V E S Ì E X P L O R E R S E L A I L MI A F S Ï T I V I T C ! S E L C A T C E P 3 A O ß T % N P L E I N C E N T R E V I L L E D E 3 A ° L A L A B T E E R R R A R S Y S E D D E U 6 6 I E A U X L L E # A Y N F A I L E L D R U E 6 I C T O R I A ) . & / 2 -! 4 ) / . 3 $ Ï T A I L S E T P R O G R A MMA T I O N WWW P S S F C A ÉPAVES 18 – 19 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Nathalie Lasselin Plongée au cœur des épaves armi les grands classiques des plongées sur épaves se trouve Scapa Flow. Situé en Écosse, ce site est le cimetière marin de la flotte allemande ayant été sabordée en 1919. P Avis aux amateurs de plongée en eau froide et quelque peu exigeante, voici l’endroit parfait pour visiter une page de l’Histoire. Scapa Flow est une baie naturelle entre les îles de l’archipel des Orcades, au nord de l’Écosse. Cette baie fut utilisée pour abriter les navires depuis des siècles. Mais elle devint surtout célèbre au lendemain de la Première Guerre mondiale, lorsque le vice-amiral Ludwig Von Reuter décida de saborder toute la flotte allemande. L’Allemagne était sur le point de signer le Traité de Versailles et Von Reuter ne voulait pas que les navires puissent servir aux alliés: 74 navires sombrèrent le 21 juin 1919. Mais très vite, des firmes telles la Cox and Danks commencèrent à renflouer les navires afin de récupérer tous les matériaux possibles. De 1924 à 1939, une quarantaine de navires sont renfloués et c’est un peu plus de 320 tonnes de métaux qui seront récupérés. Ces matériaux seront revendus en bonne partie à l’industrie allemande. À l’heure actuelle, seulement huit navires allemands reposent encore au fond de la baie. Pour plonger les épaves de Scapa Flow, j’ai rejoint Christian de Tursiops Aventures qui avait nolisé le MV Halton basé à Stormness. Cet ancien bateau de pêche de 21,3m de long et 5,1m de large fut converti en bateau de plongée en 2004. Il peut accueillir 12 plongeurs. Même si nous dormons à bord du navire, nous rentrons tous les soirs à quai et pouvons ainsi profiter des restaurants de la petite ville. Cette pause à quai pour la nuit est très appréciée étant donné les conditions de navigation qui peuvent être mouvementées. Chaque matin, nous quittons le port le plus tôt possible pour deux plongées. En fonction de la météo et de l’expérience des plongeurs, Christian et Bob choisissent le site de prédilection. Ici, la plongée au Nitrox est une évidence et pour ceux qui le peuvent, en recycleur. Les épaves se situent entre 20m et 50m de profondeur dans une eau aux alentours des 10 °C. Pour commencer la découverte, nous visitons le Dresden, un croiseur léger de 155m de long et 14m de large. Ce navire était opéré par 550 hommes à bord et muni de 8 canons de 150mm. Notre première immersion nous amène à 35m de fond dans une eau sombre où la visibilité n’est que de ÉPAVES L’après-midi ce sera une plongée sur le croiseur Karlsruhe qui est plutôt décoré par une faune riche et diversifiée. Lors de cette plongée, certains commenceront à récolter le souper. En effet, il est possible ici de ramasser tout ce qui est vivant en plongée bouteille. Nous nous assurons donc de trouver ce qui constituera notre souper (frais) directement de la mer (saint-jacques, tourteaux, homards). Bien entendu, il est désormais interdit de ramasser quelques morceaux d’épaves comme souvenir. Lors du séjour, nous avons le temps de plonger les différentes épaves qui ont toutes leur personnalité et qui sont aussi impressionnantes les unes que les autres. Mégastructures d’une autre époque dans des eaux sombres. quelques mètres. La grandeur de l’épave est impressionnante et très vite on se rend compte que l’on pourrait s’y perdre si on ne prenait pas de repères. Étant donné les conditions météo de cette journée, nous préférons remonter le long du bout plutôt que de faire notre décompression en pleine eau. Ce navire est déroutant, difficile de s’y retrouver pour un non-initié. Beaucoup de tôles, tourelles et de canons bien entendu. Le temps que l’oeil se fasse à la noirceur, nous décidons de ne pas trop nous éloigner et de mieux comprendre l’architecture de l’épave. Le temps file à vive allure et nous devons remonter afin de minimiser la décompression. À la surface, la mer est agitée et lorsque nous faisons signe à Bob de venir nous chercher, nous nous sentons minuscules à côté de la coque du Halton. Bob est un capitaine vraiment incroyable. On laisse la bouée et il vient nous chercher. Dès qu’on approche du Halton, il descend l’ascenseur. On s’agrippe et nous voilà de retour sur le pont. Une bonne soupe chaude nous fera le plus grand bien avant de nous remettre à l’eau l’après-midi. Le midi, une visite de Lyness nous permet de parcourir le musée de l’ancienne base navale fermée en 1956. De nombreuses pièces et documents d’archives nous aident à mieux comprendre les navires et toute l’histoire les entourant. 20 – 21 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Le cuirassé SMS Markgraf est équipé de canons de 305mm et de 105mm tout comme les König et le Kronprinz Wilhem. Tous sabordés dans le même périmètre, ils sont l’occasion de partir à la recherche de ses tourelles et canons. Mais le Markgraf est sans doute des plus imposants avec une plongée à 45m et sa coque couverte d’ophiures. Chaque plongée est unique et laisse découvrir un autre monde. Pour bien connaître ses épaves et vu leur taille, il faudrait y plonger des dizaines de fois. Mais c’est un privilège que de pouvoir tremper les palmes dans une page de l’Histoire. Un séjour en Écosse ne serait pas complet sans la visite d’une distillerie. Nous nous rendons donc à la distillerie Highland Park qui distille un single malt depuis 1793, prêts à tout découvrir sur le whisky et sa dégustation. En revenant vers le bateau, nous devions nous arrêter devant les fameux cercles de pierres (ring of Brodgar) qui font partie de la culture mégalithique d’Europe. Rien de tel pour compléter le séjour avant de repartir vers de nouvelles découvertes. Pour des informations et formations en photo-vidéo ou en plongée technique, n’hésitez pas à me contacter. Parce que... vous êtes des passionnés, tout comme notre fondateur, Jacques-Yves Cousteau pour vous, l’enseignement de la plongée c’est plus qu’une passion, c’est une façon de vivre DEVENEZ MONITEUR CMAS Programme passerelle (cross over) des plus avantageux VIVEZ LA DIFFÉRENCE CMAS • Une agence forte, présente partout au Québec • Des brevets reconnus dans plus de 140 pays • Des supports pédagogiques adaptés à la réalité du Québec • Une agence pour et par des moniteurs, à l’écoute de vos besoins www.cmasquebec.org 514 609-9998 © Nathalie Lasselin CMAS-QUÉBEC VOUS OFFRE: RÉSEAU DE SUIVI DE LA BIODIVERSITÉ AQUATIQUE Le loup de mer François Hazel uatre espèces de loups fréquentent les eaux canadiennes. Seul le loup atlantique (Anarhicas lupus) est parfois aperçu en plongée, deux des autres espèces, soit le loup tacheté (A. minor) et le loup à tête large (A. denticulatus), se tiennent à des profondeurs qui nous sont inaccessibles. Quant à la quatrième espèce, le loup de Bering (A. orientalis), elle n’a été retrouvée qu’à un seul endroit dans l’Arctique canadien. Q Dû au fait que les loups sont principalement retrouvés en profondeur, on en connaît peu sur leurs habitats, leurs habitudes et leurs comportements. Ce que l’on sait provient de l’association entre les données qui nous proviennent de la pêche et de nos connaissances générales des fonds, et de la température là où ils sont capturés. Pour ce qui est du comportement, la majorité de nos connaissances nous proviennent d’observations réalisées sur des spécimens maintenus en captivité. Description générale de la famille des loups (Anarhichadidae) Habitat Les loups possèdent une vaste aire de répartition. On les retrouve dans les latitudes nordiques des océans Atlantique et Pacifique, ainsi que dans l’océan Arctique. Ce sont des poissons essentiellement démersaux, c’est-à-dire qu’ils vivent sur ou à proximité du fond. Les loups sont d’ailleurs dépourvus de vessie natatoire, organe qui, chez les poissons, leur permet d’être neutres dans l’eau (similaire à une bouée compensatrice, BC). Les trois espèces de loups de mer sont retrouvées sur une variété d’habitats benthiques. Le loup atlantique occupe des eaux méridionales moins profondes, soit de 10 m à plus de 500 m mais généralement entre 100 m et 200 m, et est souvent associé à des fonds durs. Le loup à tête large, plus souvent trouvé entre 400 m et 1000 m, vit sur des fonds composés d’une association de fonds durs et vaseux. Enfin, le loup tacheté occupe une niche intermédiaire pour ce qui est de la profondeur, soit entre 200 et 750 m. et semble préférer des substrats composés de fonds durs et sableux. Mesurant en moyenne 90 cm, ils peuvent atteindre 150 à 180 cm de longueur et peser près de 20 kg. Possédant un corps anguilliforme, leurs nageoires dorsale et anale sont allongées, rejoignant presque la base de la nageoire caudale, laquelle est petite. Ils possèdent de grandes nageoires pectorales en éventail, mais sont dépourvus de nageoires pelviennes. La tête est dépourvue d’écailles, et celles présentes sur leur corps sont petites et peu développées. Les caractéristiques distinctives des trois espèces atlantiques sont les suivantes : le loup atlantique est généralement gris et paré de 10 à 15 bandes transversales sur son corps alors que le loup tacheté est évidemment tacheté et affiche une coloration qui va de l’olive pâle au brun chocolat. Le loup à tête large, quant à lui, possède une coloration foncée plus uniforme que les autres loups ainsi qu’une tête massive par rapport au corps, d’où son appellation. 22 – 23 © www.mondeapart.com Le loup de mer tient son nom de ses puissantes mâchoires et de sa dentition qui lui donne un air féroce. En effet, il possède à l’avant des dents bien visibles qui sont semblables à des canines. Cependant, bien que d’allure féroce, le loup n’est pas agressif. EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 La température semble être un élément important de l’habitat du loup de mer. Les trois espèces sont associées à une plage de températures au fond se situant entre 1,5 et 10 °C. Elles évitent généralement les eaux de moins de 0 °C ou de plus de 5 °C, et se déplacent de façon à rester dans des eaux de températures semblables. Cela les amène à modifier leur aire de répartition. Alimentation/prédation Les loups se nourrissent principalement d’invertébrés benthiques. Leur régime inclut des mollusques (buccins, mactres), des échinodermes (étoiles, oursins, dollars des sables), des crustacés (crabes, bernard l’ermite) et ils se nourrissent aussi parfois de poissons. Avec leurs fortes mâchoires et leur dentition, qui outre les canines est aussi composée de molaires et d’une masse osseuse située sur le palais, ils peuvent aisément broyer les divers invertébrés qui composent ses proies. D’ailleurs, il est possible de voir des débris de coquilles de buccins devant leur tanière. Une telle diète use leurs dents rapidement, et celles-ci doivent être remplacées annuellement. Ce remplacement semble ne pas se faire graduellement et des loups ont été trouvés sans aucune dent. Durant les deux à trois mois requis pour qu’elles repoussent, l’animal doit soit jeûner ou encore manger ses proies entières, ou encore se contenter de proies molles. Adulte, le loup compte peu de prédateurs outre l’homme. Il doit toutefois se méfier notamment de l’hémitriptère atlantique, du flétan atlantique, de la morue, de l’aiglefin, de la raie tachetée, de l’aiguillat commun et du chaboisseau à dixhuit épines. Gaspé. On croit que chacune des trois espèces de loup ont a une gamme étroite de température, entre 1,5 et 5 °C, et est rarement trouvée en-dessous de 0 °C. Rôle écologique Le rôle des loups est unique parmi les poissons du SaintLaurent. Ce sont les seuls poissons capables de broyer des mollusques, et ainsi contribuer à modifier les fonds marins en les approvisionnant de débris de coquilles. Bien que certains articles scientifiques mentionnent que les loups pourraient aussi contribuer à la protection des forêts de laminaires, en consommant des oursins, j’ai de sérieuses réserves puisque que les loups ne sont généralement pas retrouvés dans les forêts de laminaires. D’ailleurs, ces poissons se tiennent à des profondeurs inférieures à la zone photique, c’est-à-dire là où la lumière est suffisante pour permettre la croissance des algues. Reproduction Votre rôle et la connaissance des loups Les loups atteignent leur maturité sexuelle assez tardivement, soit entre 5 et 10 ans. La fécondation est interne, et la production d’œufs est faible par rapport à leur taille. Leurs œufs sont gros (plus de 6 mm) et les larves nouvellement écloses mesurent environ 2 cm. Elles demeurent à proximité du nid tant qu’elles possèdent leur sac vitellin. Le loup atlantique utilise une stratégie de reproduction qui diffère de ses congénères. Celui-ci est connu pour faire des migrations vers des eaux moins profondes afin de se reproduire et utilise des abris ou des anfractuosités présents sur des fonds rocheux. De plus, chez le loup atlantique, le mâle garde et protège les œufs, comportement qui n’aurait pas été observé chez les autres espèces. Le loup de mer est une observation prisée pour les plongeurs. Au Québec, bien que relativement rare, le loup atlantique est souvent observé dans divers sites de plongée, notamment aux Escoumins, à l’île Bonaventure, aux Méchins et au parc Forillon. Il semble exister une certaine variabilité du temps de la ponte et de l’éclosion des œufs. Des données récentes suggèrent que le loup atlantique pourrait se reproduire en juillet ou au début du mois d’août dans le Saint-Laurent, et un peu plus tard pour les eaux terre-neuviennes. La fraie aurait lieu un peu plus tard, soit à la fin de l’automne ou au début de l’hiver pour les deux autres espèces. Comme les habitudes des loups sont peu connues, toute observation faite par vous, plongeurs, peut contribuer à mieux les connaître. Si vous en voyez un, notez l’emplacement, le type de fond, la température de l’eau et toute autre information. Particulièrement si c’est un loup juvénile ou si le loup semble différent de celui que vous observez habituellement. J’aimerais d’ailleurs signaler qu’un loup tacheté aurait été observé aux Escoumins au cours de l’été 2011, ce qui serait la première mention d’une observation de cette espèce en faible profondeur. Cette observation, inhabituelle, est des plus intéressantes. Malheureusement, sans photographie de l’animal, cela rend sa confirmation impossible sur un plan scientifique et elle demeure anecdotique. Donc, si vous en avez la possibilité lors de vos observations, prenez-le en photo et envoyez-nous toutes les informations que vous avez. Distribution Les loups de mer, des animaux en danger ? Les aires de répartition des trois espèces se chevauchent en majeure partie dans l’Atlantique du Nord-Ouest. Le loup à tête large et le loup tacheté sont principalement répartis sur les Grands Bancs et dans des zones s’étendant vers le nord, alors que le loup atlantique présente une répartition plus vaste dans le golfe du Saint-Laurent, incluant le plateau néo-écossais, la baie de Fundy et le banc Georges, où les deux autres espèces se font rares. L’aire de répartition des trois espèces s’étend dans les eaux américaines, mais y sont toutefois peu communes (A. lupus) ou rares (A. minor et A. denticulatus). Malheureusement oui. La situation de leur population est considérée comme problématique par le COSEPAC, un comité mandaté pour examiner comment vont les espèces canadiennes, et déterminer si elles sont en danger. Leur faible productivité, les impacts de la pêche et de la modification des fonds marins par les engins tels que les chaluts, fait en sorte que les populations de loups sont menacées. Vos observations qui, non seulement sont des plus intéressantes mais aussi bien moins destructives que celles obtenues par la pêche, sont plus que bienvenues. Vous pouvez contribuer à leur connaissance et aider à les protéger. Vos observations peuvent faire une différence ! Venez les signaler sur le Réseau de suivi de la biodiversité aquatique (RSBA), que vous connaissez déjà en tant que réseau des observateurs sous-marins (www.rosm.ca). Au Québec, des études ont révélé que la distribution verticale du loup atlantique est limitée par la température, les loups évitant la couche de surface sujette au courant de %80,/2%2s!002%.$2%s3%.'!'%2s02/4³'%2 La mission d’Ocean Futures Society est d’explorer les océans de notre planète, de sensibiliser le grand public, dans le monde entier, de la nécessité de protéger les mers, en mettant en évidence le lien vital qui unit l’Homme à la Nature et en faisant comprendre le rôle déterminant du système aquatique planétaire dans la préservation de toutes les formes de vie sur Terre. Nous dépendons de vous pour accomplir notre mission. Vos contributions déductibles d’impôts nous permettent de continuer à protéger les océans et, ultimement, à nous protéger nous-mêmes. Devenez membre d’Ocean Futures aujourd’hui. « Protéger les océans, c’est se protéger soi-même. » — Jean-Michel Cousteau 24 – 25 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 -, - te Cet e -ecouvrez red s n i m u o c s E Les BASE DE PLONGÉE FQAS Centre de découverte du milieu marin 41, rue des Pilotes, Les Escoumins 418 233-4025 • www.fqas.qc.ca PHOTOS : MICHEL GILBERT/SUB-IMAGES SERVICES : Station d’air Location d’équipement Plongée guidée Vestiaire Douche chaude PATRIMOINE L’épave de l’Empress of Ireland Des défis à la mesure de son importance Charles Dagneau Archéologue subaquatique Service d’archéologie subaquatique Parcs Canada [email protected] Euchariste Morin Agent de développement culturel Direction du Bas-Saint-Laurent Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine [email protected] L’Empress of Ireland en 1914 (University of Glasgow, Business Record Center) Le naufrage de l’Empress of Ireland le 29 mai 1914 constitue sans conteste la plus grave tragédie maritime de l’histoire du Canada. La perte de ce navire en moins de 15 minutes suite à un abordage sur le fleuve Saint-Laurent au large de Sainte-Luce, causant la mort de 1012 personnes, marquera notre mémoire collective et contribuera à le rendre célèbre. Par ailleurs, cette épave reste l’un des rares témoins des activités transatlantiques du Canadien Pacifique au XXe siècle. À l’aube du centième anniversaire du naufrage, les médias locaux ont soulevé la question du prélèvement d’objets sur l’épave, mettant en relief des objectifs en apparence contradictoires de mise en valeur et de protection du site. Ces débats ont incité les auteurs à publier cet article en accord avec le Comité de protection et de mise en valeur de l’épave de l’Empress of Ireland, qui regroupe plusieurs intervenants ayant un intérêt pour les enjeux touchant ce bien patrimonial peu commun. 26 – 27 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Un site complexe à multiples facettes Pour de nombreux Canadiens et Québécois, l’Empress of Ireland est le lieu de sépulture d’hommes et de femmes ayant péri dans le naufrage qu’il importe de commémorer et de respecter. Pour les plongeurs, l’épave est aussi un lieu de plongée mythique de classe internationale à explorer pour y retrouver des sensations fortes. Pour les musées, le site représente un patrimoine culturel à mettre en valeur de manière originale pour le public. Pour les gouvernements, le site est un lieu à protéger pour les générations futures. Malgré la diversité des visions et des intérêts en présence, il importe de travailler ensemble de manière constructive et dans le respect des lois en vigueur. Ainsi, opposer la vision des tenants du prélèvement d’objets sur l’épave, justifiée par sa dégradation inévitable et leur disparition prochaine, à celle des tenants de la protection du site, arguant des abus passés et d’un principe de préservation in situ, est un débat stérile. Les défis que pose la gestion de ce site sont trop complexes pour se résumer à une question du « pour » ou du « contre » la remontée d’objets. Les auteurs croient que des compromis peuvent et doivent être atteints. Ainsi, dans cet article, l’épave de l’Empress of Ireland est considérée à la fois comme une ressource à gérer pour la collectivité, un patrimoine archéologique à protéger, une épave qui n’a pas fini de révéler ses secrets et un joyau de l’histoire maritime du Canada à mettre en valeur. Un patrimoine historique et archéologique à gérer pour la collectivité La gestion d’un site d’épave comme l’Empress of Ireland demande de réunir les experts maritimes et les intervenants du milieu afin de prendre des décisions éclairées dans une perspective à long terme en tentant de satisfaire au mieux les intérêts individuels, institutionnels et collectifs. C’est pourquoi un Comité de protection et de mise en valeur de l’épave de l’Empress of Ireland a été créé en 2008 à l’initiative du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec (MCCCF) pour permettre aux divers intervenants d’élaborer ensemble un plan de gestion afin de guider concrètement leurs décisions et favoriser les actions concertées. Le Comité est constitué de représentants d’organismes publics et privés provenant des secteurs de la plongée sousmarine, de la recherche et de l’enseignement, du milieu municipal et du milieu culturel et touristique. Le MCCCF y siège à titre de responsable de l’application de la Loi sur les biens culturels du Québec étant donné que l’épave est classée à titre de bien historique et archéologique. La Société des récifs artificiels de l’estuaire du Québec (RAEQ) y était représentée en tant que responsable, jusqu’en 2011, de l’installation des bouées d’accès et de l’enregistrement des plongeurs, les opérateurs de bateaux de plongée pour leur rôle dans l’accès au site et leur connaissance de l’épave, le Receveur des épaves du Québec pour l’application de la Loi sur la marine marchande du Canada. Le Site historique maritime de la Pointe-au-Père est présent en tant qu’institution muséale principale mettant en valeur l’histoire du navire. Parcs Canada agit à titre d’expert en archéologie subaquatique, mais aussi comme consultant patrimonial pour les questions regardant l’intégrité commémorative du site désignés : « Lieu historique national du Canada de l’Épave-duRMS-Empress of Ireland ». Les autres intervenants sont la Municipalité de Sainte-Luce, la MRC de La Mitis, le Service hydrographique du Canada, l’Institut maritime du Québec et un spécialiste en patrimoine maritime. Les lignes qui suivent rendent compte de quelques-uns des gestes concrets posés par le Comité depuis sa création dans le but de favoriser la protection et la mise en valeur de l’épave. Cet article témoigne de la volonté du Comité de développer une action concertée dans l’intérêt de l’ensemble des intervenants et de la collectivité. Un patrimoine historique et archéologique à protéger La Loi sur les biens culturels du Québec (LBC) vise à protéger les biens patrimoniaux comme les épaves et à encadrer les recherches scientifiques pour le bénéfice de la collectivité. Depuis son classement en 1999 à titre de bien archéologique et historique, l’épave de l’Empress of Ireland est soumise à l’article 31 de la LBC, qui stipule que « nul ne peut, sans l’autorisation du ministre, altérer, restaurer, réparer ou modifier de quelque façon ou démolir en tout ou en partie un bien culturel classé […] ». De plus, en vertu de cette loi, toute intervention sur un site archéologique doit faire l’objet d’une demande de permis, en conformité avec le Règlement sur la recherche archéologique. La Loi sur la marine marchande du Canada considère les épaves en tant qu’obstacles potentiels à la navigation. Cette loi a pour objectif de permettre le « sauvetage » (récupération, exploitation ou destruction) des épaves dans les cas où celles-ci sont abandonnées par leurs propriétaires et leurs assureurs. C’est ainsi qu’en l’absence de propriétaire légal reconnu, toute personne peut réclamer la propriété d’une épave (en tout ou en partie) au Receveur des épaves du Canada. Par le passé, des plongeurs ont pu s’en réclamer pour récupérer des objets archéologiques sur les épaves et constituer des collections sans égard à la Loi sur les biens culturels et aux normes scientifiques en archéologie. Le classement de l’épave de l’Empress of Ireland, à titre de bien archéologique en 1999, et la concertation des autorités gouvernementales ont cependant mis un frein aux activités illicites. PATRIMOINE La Loi sur la marine marchande du Canada a été révisée en 2001 pour permettre la protection des épaves à valeur patrimoniale. Toutefois, le règlement qui doit définir les paramètres de son application et qui est nécessaire à la mise en œuvre de mesures de protection envisagées n’a pas encore été approuvé. Ce règlement protégerait toutes les épaves de plus de 50 ans situées dans les eaux canadiennes. Bien qu’un cadre légal fort soit souhaitable, la protection des épaves passe aussi par l’information et la sensibilisation du public et des plongeurs. Dans le domaine culturel comme ailleurs, la prévention vaut mieux que la répression. À cet effet, nous espérons que cet article contribuera à sensibiliser les plongeurs à l’importance de respecter et de protéger le patrimoine archéologique maritime du Québec. Une épave qui n’a pas fini de révéler ses secrets Afin de prendre des décisions éclairées concernant l’épave de l’Empress of Ireland, il importe de bénéficier de données scientifiques fiables et récentes à son sujet. Malheureusement, nos connaissances sur l’épave restent imparfaites, en partie à cause de la difficulté d’appréhender cette structure de 170 m de longueur située à une profondeur de 35 à 45 mètres. Heureusement, les équipements de télédétection permettent aujourd’hui d’obtenir une image globale du site depuis la surface. Le Service d’archéologie subaquatique de Parcs Canada et le Service hydrographique du Canada ont mené conjointement une campagne d’enregistrement au sonar à balayage latéral et au sondeur multifaisceaux en 2000, suivie de relevés multifaisceaux par le Service hydrographique du Canada en 2002 et 2005, et de quelques passages au sonar latéral à haute résolution par la Marine canadienne en 2002. Ces données ont permis de dresser un premier plan du site, de mieux circonscrire le champ de débris du naufrage et, plus récemment en 2010, de faire une modélisation en trois dimensions du navire. La précision des relevés multifaisceaux n’étant pas suffisante pour observer l’évolution du site et l’affaissement possible des structures depuis 2002, Parcs Canada et le Service hydrographique du Canada évaluent la possibilité d’une 28 – 29 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 C. Dagneau, Parcs Canada Dany St-Cyr Modèle en trois dimensions de l’épave de l’Empress of Ireland généré à partir des données recueillies au sondeur multifaisceaux par le Service hydrographique du Canada en 2002 (Données sources : Institut MauriceLamontagne, Service hydrographique du Canada). nouvelle campagne de télédétection avec des instruments plus performants, en accord avec les objectifs du plan de gestion. Par ailleurs, des expertises archéologiques ciblées en plongée dans les années à venir, seraient également souhaitables afin de mieux comprendre l’état de conservation de l’épave et de ses composantes principales. Actuellement, nos connaissances du site reposent presque exclusivement sur le savoir des plongeurs locaux qui connaissent l’épave mieux que quiconque. C’est sur la base de ce constat qu’est née l’idée d’un projet visant à impliquer la communauté des plongeurs pour l’enregistrement photographique des éléments populaires du site (cabestan avant, nid de pie de misaine, chaloupe, trou de dynamitage, etc.). Ce projet viserait à faire la surveillance scientifique de l’épave grâce à la participation active des plongeurs sur une base volontaire. Il comprendrait également une collecte des photos et de vidéos déjà pris par les plongeurs. Le plan de gestion identifie également des manques concernant les connaissances sur les collections d’objets archéologiques provenant de l’épave aux mains de particuliers, dispersées au Canada et aux États-Unis. Malgré cette dispersion, un inventaire à jour et une étude scientifique complète des collections seraient un atout de taille pour une meilleure compréhension de l’histoire du site. L’une des solutions à envisager serait un projet permettant aux détenteurs d’objets de l’Empress of Ireland de les enregistrer volontairement sur un site Web accessible au public. Un joyau de l’histoire maritime du Canada à mettre en valeur L’épave de l’Empress of Ireland est un site de plongée de renommée internationale qui a sa place aux côtés d’épaves mythiques de transatlantiques comme le Lusitania et l’Andrea Doria. Pourtant, malgré sa réputation, moins d’une centaine de plongeurs par an ont visité l’épave ces trois dernières années, pour un total de 100 à 200 plongées annuellement. Comme cette fréquentation est en baisse, il importe de trouver de nouveaux moyens de mettre en valeur l’épave auprès des plongeurs. L’un d’eux en cours de développement est Dany St-Cyr Dany St-Cyr Dany St-Cyr Lavabo Dany St-Cyr Bouteille Marche Speaking tube une plaquette en plastique sur laquelle figure un plan schématique du site pour l’orientation des plongeurs, mais aussi des informations historiques et un message visant à encourager la plongée responsable. La majorité des plongeurs comprend la nécessité de protéger ce site archéologique. Le site reste encore aujourd’hui une épave magnifique à explorer par les plongeurs d’expérience en quête de sensations. Selon plusieurs, l’Empress of Ireland représente l’expérience ultime de la plongée sur épave au Québec.1 Il importe aussi de faire la mise en valeur du site pour les adeptes de l’histoire maritime du Québec qui ne plongent pas. C’est à Rimouski, au Site historique maritime de la Pointe-au-Père, que des milliers de visiteurs viennent chaque année admirer des objets provenant de l’épave, témoins tangibles accessibles à la majorité. Il est vrai que la présentation des objets provenant de l’épave dans un musée rejoint un grand nombre de personnes et qu’il est tentant d’en prélever de nouveaux pour cette raison. Ainsi, des recherches archéologiques pourraient être justifiées pour étudier tel aspect de l’épave ou encore prélever certains artefacts uniques, symboliques et possiblement menacés de destruction de manière à apporter de nouvelles connaissances scientifiques. En soi, un prélèvement d’objet sur l’Empress of Ireland n’est pas proscrit, mais il doit se faire dans le respect des normes et des lois en vigueur décrites plus haut. Pour guider nos choix, le plan de gestion de l’épave de l’Empress of Ireland comprend une grille permettant d’évaluer la pertinence et la faisabilité des opérations archéologiques sous-marines sur la base de critères bien définis. Dans le cas d’une demande de prélèvement d’objet, il importe de démontrer la valeur patrimoniale et scientifique de l’objet, de même que les menaces de destruction ou de dégradation qui pèsent sur lui, le cas échéant. À cet égard, il n’existe pas encore de données scientifiques attestant de l’affaissement de la coque de l’Empress of Ireland à court terme. 1 NDLR: La loi Québécoise sur la sécurité dans les sports et le Règlement sur la qualification en plongée subaquatique récréative qui s'y rattache, précise que seuls les plongeurs détenant le certificat de Plongeur de Classe C peuvent y plonger. La profondeur de l'épave est au dela des profondeurs limites des niveaux de Plongeur de classe A et B." Selon plusieurs, l’Empress of Ireland représente l’expérience ultime de la plongée sur épave au Québec. Par la suite, avant de songer à prélever de nouveaux objets archéologiques sur l’épave, il convient d’explorer d’autres avenues qui n’affectent pas l’intégrité du site, déjà malmené par les interventions passées. Par exemple, les musées encouragent déjà les dons des collectionneurs. Ils peuvent également avoir recours à l’animation virtuelle, le film ou la vidéo pour montrer l’épave telle qu’elle se présente. Ils peuvent enfin acquérir des antiquités ou faire fabriquer des répliques d’artefacts pour une fraction du prix d’une opération archéologique. Si le prélèvement s’avérait tout de même la meilleure option, l’opération doit être encadrée par un plan matériel et financier réaliste. Le projet doit d’abord prévoir la participation d’un archéologue subaquatique en charge de la demande de permis de recherche, des travaux archéologiques sur le terrain et de la rédaction d’un rapport d’opération, conformément aux Règlements en vigueur. De plus, les travaux sous-marins doivent être effectués dans un cadre sécuritaire, ce qui représente un défi dans le cas d’un site à grande profondeur comme l’Empress of Ireland. Enfin, le projet doit aussi prévoir des ressources matérielles et financières suffisantes pour la conservation des objets archéologiques, incluant une entente de conservation avec un laboratoire spécialisé et la participation d’un conservateur dans la planification des travaux. Par ailleurs, la mise en valeur de l’épave passe par d’autres moyens qu’il importe encore d’imaginer. La Municipalité de Sainte-Luce et la MRC de La Mitis travaillent de concert à développer et diversifier l’offre touristique régionale sous la forme d’un circuit reliant plusieurs pôles d’intérêt maritime. L’établissement de panneaux d’information sur l’Empress of Ireland au quai de Saint-Luce et la réalisation d’une plaque commémorative par Parcs Canada à Pointe-au-Père constituent des rappels concrets incitant les visiteurs à découvrir l’Empress of Ireland et son histoire. Plusieurs options s’offrent ainsi aux organismes qui souhaitent développer le tourisme culturel et la mise en valeur de l’épave. Conclusion L’épave de l’Empress of Ireland pose des défis de taille à tous ceux qui souhaitent en faire l’étude, la protection et la mise en valeur. Au-delà des divergences quant aux moyens à mettre en œuvre pour y parvenir, le Comité de protection et de mise en valeur de l’épave de l’Empress of Ireland offre aujourd’hui un espace de dialogue qui favorise l’action concertée des divers intervenants. NOUVEAUTÉS Une piscine en milieu au cœur naturel d'un centre-ville Des développements inattendus Jean-Michel Lalonde et Martin Lalonde C'est le 1er juin prochain qu'a eu lieu l'ouverture de la piscine en milieu naturel du Vieux Canal de Beauharnois, un bassin exclusivement réservé aux activités subaquatiques. C'est sur un site exceptionnel en plein cœur du centre-ville historique de Salaberry-de-Valleyfield que les moniteurs en plongée sous-marine pourront initier, former et certifier leurs futurs plongeurs. Retour sur cette réalisation audacieuse et novatrice. tendus le long du Fleuve Saint-Laurent à l'extrémité sudouest de la province, le lac Saint-François et ses affluents représentent depuis longtemps une destination riche et variée pour les plongeurs québécois amateurs d'épaves, de sites naturels, de chasses sous-marines et d'eau chaude sans thermocline. On oublie souvent que ce lac qui s'étend vers l'ouest jusqu'à Cornwall en Ontario pénètre aussi en plein cœur du centre-ville de Salaberry-de-Valleyfield par le biais de la baie Saint-François et du Vieux Canal de Beauharnois. Cette situation hydrographique exceptionnelle a créé un paysage urbain unique, riche de l'histoire maritime de la province, qui se voit aujourd'hui ravivé par le réaménagement du Vieux Canal de Beauharnois et de ses infrastructures. É 30 – 31 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Ces récents changements nous ont permis de développer, en partenariat avec la Société du Vieux Canal de Beauharnois, organisme à but non lucratif propriétaire du lieu, un projet d'aménagement de piscine en milieu naturel dans la section du vieux canal se retrouvant dans le centreville de Salaberry-de-Valleyfield. L'initiative de ce projet fait suite aux difficultés encourues par notre centre de plongée, Eco-Dive, d'accéder à des temps de piscine dans des conditions profitables et raisonnables. L'étape de la formation en piscine des élèves a souvent présenté de sérieux problèmes de logistique et de budget, car les moniteurs devaient s'adapter à des plages horaires difficiles et à des taux horaires avoisinant les 100 $ l'heure pour la location de la piscine municipale. Une piscine en milieu naturel spécifiquement destinée aux formations et aux initiations en plongée sous-marine devenait donc un atout majeur pour notre école et pour l'ensemble des écoles de plongée de la région. De plus, ce site unique a l'avantage d'offrir aux plongeurs et à ceux qui l'accompagnent tous les accommodements touristiques et culturels nécessaires à un séjour agréable et divertissant. Ainsi, un après-midi de formation peut se terminer sur une terrasse surplombant le site, ou par un spectacle sur les quais du vieux canal dans le décor historique du vieux centre-ville de Valleyfield. Il n'est pas question de transport de matériel ou d'accès difficile à un site reculé, car ici tout se déroule directement dans le centre-ville sur les quais du Vieux Canal de Beauharnois. Aménagement et installation Bien entendu, le canal n'offre pas les conditions naturelles idylliques d'une plage au fond rocheux en descente graduelle. Toutefois, cet emplacement confiné et à l'abri des courants et des vents offre des conditions optimales pour l'aménagement d'un espace sous-marin sécuritaire qui permettrait aux futurs plongeurs de vivre une véritable expérience d'immersion sous-marine en milieu naturel. Le Vieux Canal présente une profondeur moyenne de 8 mètres et la visibilité au fond est de 6 à 12 mètres selon les conditions. Ces caractéristiques font de l'endroit l'emplacement idéal pour l'aménagement d'une telle structure. En fait, la seule caractéristique manquante à cet emplacement pour véritablement détenir le statut d'une piscine naturelle en environnement contrôlé est le fond en descente graduelle. Du bord de l'eau, la courbe de descente est naturellement trop abrupte, il a donc été décidé d'immerger des plateformes spécifiquement conçues à cet effet afin d'offrir aux plongeurs une descente graduelle tout en douceur comme on le retrouverait dans n'importe quelle piscine artificielle. Ce système, constitué de deux plateformes d'acier galvanisé, est suspendu à des quais flottants spécialement adaptés pour supporter la charge. Des remparts protecteurs sont installés sur les marges des plateformes afin de sécuriser le périmètre des activités subaquatiques. Ces installations permettront aux plongeurs élèves d'avoir les pieds au fond et la tête hors de l'eau tel qu'il est prescrit par la plupart des organisations de certification en plongée sous-marine lorsqu'il s'agit d'un bassin en environnement contrôlé. Des défis d'ordre légal Un certificat d’autorisation a été délivré par le Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs du Québec pour la réalisation de ce projet et un plan d’ingénierie a été spécialement conçu par la firme EXP pour la construction des plateformes. De plus, il a été très important pour les organisateurs que ces installations soient rigoureusement conformes aux standards PADI, afin d'être parfaitement sécuritaires et accessibles à tous les types de plongeurs. La piscine en milieu naturel du Vieux Canal de Beauharnois a donc finalement été inaugurée le 1er juin dernier. Cela marque la fin d'une longue période de préparations, d'analyses et de négociations avec les différentes instances en place. Mais cela représente aussi le début d'une période prospère pour tous les moniteurs et les écoles de plongée de la province qui pourront enfin bénéficier, en s'adressant à la Société du Vieux Canal de Beauharnois, d'un bassin exclusivement dédié aux activités de formation en plongée sous-marine. EXPÉDITION PLONGÉE TECHNIQUE EN FLORIDE: des épaves pour tous les goûts ! (2e partie) Sébastien Pelletier Vice-président PETQ M.Sc., Trimix 2 Naui-Tec Plongeur commercial ADC Int’l Au printemps 2010, notre équipe s’est dirigée vers la région des Keys de la Floride, plus précisément Key Largo, pour un séjour d’une semaine. L’objectif : découvrir les épaves artificielles et naturelles parmi les plus spectaculaires de la côte est des États-Unis. La deuxième partie de ce récit se concentre sur les épaves profondes de la région. près avoir découvert les principales épaves artificielles, il est maintenant temps d’aller voir ce qui se trouve à de plus grandes profondeurs...et pour cela, nous devons utiliser du trimix (oxygène/hélium/azote) car la narcose engendrée par l’air comprimé nous ferait manquer le spectacle ! Voici le compte-rendu de ces plongées. A PLONGÉE # 6 NORTHERN LIGHT (Profondeur: 58m ) Gaz: Trimix 21/30, déco 50 et 100% Temps de fond: 25 min / Durée: 75 min Source: Great Lakes Historical Society 32 – 33 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Cargo de 91 mètres de long dont la carrière débuta dans les Grands Lacs au début du 20e siècle. Afin de poursuivre sa carrière dans le golfe du Mexique, il dût être coupé en deux pour passer les écluses puis réassemblé. En 1930, une tempête le brisa en deux (à l’endroit de la coupure) et le fit couler. Et maintenant, que les choses sérieuses commencent ! C’est ici que nous testons pour la première fois la précision de notre capitaine. Debout à l’arrière, équipés et prêts à se jeter à l’eau, nous n’attendons plus qu’une chose: le signal de Troy: « Dive ! Dive ! Dive ! ». C’est ce qui s’appelle communément là-bas du « hot drop » car le largage des plongeurs, à partir du bateau en mouvement, se fait avec les moteurs en marche. Comme l’objectif est de descendre le plus vite possible vers l’épave, au risque de la manquer à cause du courant, nous devons donc siphonner nos vessies pour en retirer l’air qu’un dégonflage normal ne peut enlever. Notre flottabilité doit être minimale. Plouf ! La descente libre sur l’épave ne dure que deux minutes. Tympans fragiles s’abstenir... Le largage est parfait ! L’épave apparaît quelques dizaines de mètres devant nous et nous nous laissons tranquillement dériver dessus. Nous sommes accueillis par une belle grande raie avant de nous diriger vers la poupe, à l’envers, que nous pénétrons. Une grosse chaudière est alors visible. Ensuite, direction proue où nous avons la chance de voir deux requins de récif à quelques mètres de nous. Nous terminons notre temps de fond sur le gouvernail puis entamons notre longue remontée dans le bleu sous parachute. Superbe plongée ! PLONGÉE # 7 Goélette de bois de 50 mètres de long construite en 1911 servant à transporter du sirop de canne à sucre, de La Havane à West Palm Beach. Elle chavira en 1944 et coula avec sa cargaison de 507 190 litres de sirop. QUEEN OF NASSAU (Profondeur : 67m ) Gaz: Trimix 20/29, déco 32 et 100% Temps de fond: 25 min / Durée: 85 min Le CGS Canada à ses débuts Source: Collection of the Maritime Command Museum, Halifax, N.S. Sans doute l’une des épaves les plus énigmatiques des Keys. Construit en 1904 et d’abord nommé Canada au sein de la Garde Côtière canadienne, ce navire de 60 mètres de long fut racheté par le riche homme d’affaire floridien Barron G. Collier en 1924. Le navire fut converti en bateau de croisière (Miami-Nassau) mais connut peu de succès. Il sombra en 1926 dans des circonstances mystérieuses durant son transfert vers Tampa. Ça sent le sabordage... De plus, l’état quasi intact de la coque du navire vient contredire le rapport du capitaine de l’époque, citant que les chaudières auraient explosé... Nous nous préparons à nouveau à effectuer une descente libre dans le bleu. Quel plaisir de pouvoir atteindre une épave de cette manière, dans une eau si limpide ! Nous prenons rapidement goût à cette technique de descente ultra-rapide. L’inquiétude de mal équilibrer les tympans est remplacée par le plaisir de cette sensation de chute libre. Après un peu plus de deux minutes, nous apercevons l’épave bien droite au fond, entourée d’un nuage obscur chargé de sédiments provenant d’une rivière qui se décharge non loin de là. Pas de doute, les descriptions étaient justes: il règne sur cette épave une véritable ambiance fantomatique! Nous y apercevons plusieurs hublots, une hélice de rechange et nageons à travers les coursives du côté bâbord, en prenant bien soin d’éviter les nombreux filets de pêche. Mais c’est déjà le temps de remonter et nous déployons nos parachutes, un pour chaque groupe de deux plongeurs. La décompression s’effectue sous le regard inquisiteur de petits squales curieux. L’objectif ultime de notre expédition : le franchissement de la barre des 300 pieds, avec un tout cinq cylindres ! Stéphan Senécal, ayant oublié ses palmes dans le vestiaire, doit faire cette plongée en mini-palmes chaussantes. Heureusement que Capt. Troy en a toujours une paire sur le bateau ! Largage parfaitement réussi une fois de plus suivi d’une descente en 2 minutes 45 secondes seulement. Un fort courant et une température assez basse nous attendent au fond mais la visibilité dépasse les 30 mètres. On se régale ! Comme le bateau était en bois, il ne reste principalement qu’une douzaine de citernes servant au transport du sirop. Nous observons également la base du mât et un « lionfish » ou rascasse volante (Pteoris volitans), espèce invasive et venimeuse en provenance du Pacifique que les plongeurs locaux s’empressent de retirer des fonds marins. Le temps passe si vite. À peine eu le temps de survoler le site en se laissant dériver qu’il faut déjà commencer à déployer nos parachutes. Longue remontée en perspective. Trois changements de gaz. Mais une plongée inoubliable! Lionfish ou rascasse volante (Pteoris volitans) Source: NOAA PLONGÉE # 8 J.-P. Richard VITRIC (Profondeur: 91m ) Gaz: Trimix 14/50, déco 32/30, 50 et 100% Temps de fond: 15 min / Durée: 94 min T. Weathley Au retour de la plongée sur le Vitric, S. Senécal exhibant les palmes chaussantes les plus profondes de la boutique! L’équipe, chargée comme des mulets, quelques moments avant de plonger sur le Vitric. (Photo: ) Ça y est, le voyage tire à sa fin. Nous quittons Key Largo pour entamer le long voyage de retour. Mais avant de retomber dans la routine d’autoroute, pourquoi ne pas se faire plaisir une dernière fois et s’arrêter plonger à Pompano ? C’est sur le chemin après tout. Un coup de fil plus tard à Olivier et c’est réglé. EXPÉDITION PLONGÉE # 9 CLINTON (Profondeur: 50m ) Gaz: Trimix 22/15, déco 100% Temps de fond: 25 min / Durée: 76 min Le Clinton, prêt à devenir un futur récif artificiel Photo tirée de http://neptunoworld.com/wrecks/index.html#CLINTON En somme, cette expérience de plongée profonde en Floride a été appréciée de tous. Une véritable réussite logistique sur toute la ligne. Tout s’est parfaitement bien déroulé. Une destination clémente comme celle-là est idéale pour le plongeur d’épave qui désire repousser ses limites dans un contexte plus sécuritaire que celui de nos eaux froides et sombres. Des infrastructures modernes sont là pour accueillir les plongeurs en toute sécurité. Merci à Horizon Divers et Avid Divers pour un séjour mémorable ! Vous avez su nous mettre à l’aise dès le début et votre professionnalisme nous a permis de réaliser les plongées qui nous tenaient à cœur. À Key Largo, le motel adjacent à la boutique de plongée et au quai était de loin la solution idéale ! D. Dawson Barge dragueuse de 51 mètres de long coulé intentionnellement en 1995 par la Broward County Artificial Reefs Program (BCARP). La taille de sa grue de poupe est impressionnante. Nous pénétrons ses corridors et ressortons par un orifice juste assez large pour laisser passer J.-P. La remontée est effectuée sous parachute. L’équipe en compagnie de Capt. Troy (au centre) Participants : Sébastien Pelletier Stéphan Senécal Jean-Pierre Richard Stéphane Jaillet RÉFÉRENCES: Barnette, M. (2003). « Shipwrecks of the Sunshine State: Florida’s Submerged History », Association of Underwater Explorers, 195 p. Singer, S. (1998). « Shipwrecks of Florida: A Comprehensive Listing », Pineapple Press, 2e edition, 400 p. www.Neptunoworld.com www.Seawolfproductions.com Note : la pénétration d’épaves se fait à vos risques et périls ! Ne pas la tenter si vous ne possédez pas la formation adéquate. Consultez www.marinventure.ca (le club Tech) pour prendre connaissance des réalisations et objectifs du club. 34 – 35 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Laurent Fey Moniteur en biologie CMAS Québec FICHES BIO Tonicella marmorea (Fabricius, 1780) CLÉS D’IDENTIFICATION ➲ Forme ovale, bombée et anguleuse Longueur 40 mm, largeur 19 mm ➲ à marbrures variables ➲ Brun roussâtre re ➲ Ceinture d'aspect lisse dépourvue rouge somb d'écailles CHITON ROUGE MARBRÉ kiton) est un petit mollusque qui Le chiton rouge marbré (prononcé es rouge sombre. On le rencondoit son nom français à ses marbrur particulièrement dans les zones tre dans le domaine intertidal et plus dans l'estuaire (moyen Nord et battues par le ressac. Il est présent s le golfe du Saint-Laurent, en Sud, maritime Nord et Sud), dan au Massachusetts. Le chiton nd Haute-Côte-Nord, et du Groenla t rocheux, on le retrouve égalerouge marbré vit collé sur le substra quais. Il atteint 40 mm de long, ment sur les structures de bois des ovale, son profil bombé et angupour 19 mm de large. Sa forme est avec des marbrures variables e leux. Sa couleur est brun roussâtr 8 plaques dorsales calcaires grarouge sombre. Il est protégé par ne couvrent pas la partie marnuleuses et d’apparence lisses. Elles ément appelé « ceinture » et ginale de son manteau commun d’une râpe buccale appelée doté d’apparence lisse également. Il est ter les algues calcaires qui recou« radula ». Elle lui permet de brou de se nourrir de bryozoaires, vrent les roches mais également oduction est sexuée sans accoud’éponges et d’hydroïdes. La repr e les larves se transforment en giqu plement. Après une courte vie péla de le décoller de sa roche. L'adhéminuscule chiton. Il est très difficile tion du pied, dont l'effet est comrence est permise par une contrac e. Manipulé, le chiton s'enroule parable à une ventouse très puissant s. Parmi ces prédateurs on orte en boule à la manière des clop rs et certains mollusques. Alors retrouve notamment les canards eide umins prenez le temps d’obserà votre prochaine plongée à Les Esco ement le chiton rouge marbré ! ver les roches et vous repèrerez facil Embranchement Mollusques Classe Polyplacophores Sous classe n/d Ordre Néoloricates Sous ordre Ischnochitoninés Famille Ischnochitonidés Genre Tonicella Espèce marmorea Vincent Maran Vincent Maran CLASSIFICATION .fr/fiche2.asp?fiche_numero=1619 DORIS détaillée : http://doris.ffessm Pour en savoir plus consulter la fiche spece.php?recordID=38 rosm.ca/recherche_espece/fiche_e et la fiche du ROSM: http://www. BEAUTÉS ET RICHESSE DES FONDS Référence: Fontaine P.H., 2006, . Multimondes, Québec Canada, 261p ed. ENT, LAUR ST MARINS DU 36 – 37 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Eumicrotremus spinosus (Fabricius, 1776) CLÉS D’IDENTIFICATION ➲ Forme ronde PETITE POULE DE MER ATLANTIQUE La petite poule de mer atlantique est de forme ronde entièrement couverte de tubercules et de minuscules épine s. Adulte, elle mesure moins de 13 cm de long. C’est un poisson très coloré, sa couleur rouge clair varie en intensité selon la saison. On peut aussi apercevoir des reflets bleutés sur les flancs et sur la crête dorsale. Les juvéniles de moins de 1 an sont de couleur verdâ tre ou jaunâtre avec une rangée de points foncés sur les flancs . De façon générale les nageoires de la petite poule sont petites et trans parentes. Elle possède deux nageoires pelviennes qui se sont transformées pour former une grande ventouse ventrale. Ses yeux sont de grande taille, sa bouche est petite et lippue. La femelle est habituellement plus grande que le mâle, ses protubérances sont de forme plus conique. Elle affectionne les fonds sableux, rocheux ou de graviers à des profondeurs comprises entre 5 et 25 m. N’éta nt pas une bonne nageuse; elle préfère se fixer à l’aide de sa vento use ventrale sur les roches ou les laminaires. Elle se nourrit princ ipalement de petits crustacés et de petits invertébrés benthiques . En hiver, la femelle pond environ 200 œufs qu’elle dépose dans les coquilles vides de petits gastéropodes. Les nids sont jalousemen t gardés par les mâles jusqu’à l’éclosion de minuscules juvéniles au printemps. Si vous apercevez une balle de ping-pong avec des nageoires transparentes en plein eau, et bien pas de doute vous venez d’identifier la petite poule de mer atlantique ! En effet c’est une experte du camouflage et seul son déplacement permet de la repér er ! CLASSIFICATION Embranchement Chordés Sous-embranchement Vertébrés Classe Actinoptérygiens Ordre Scorpéniformes Sous ordre Cottoïdes Famille Cycloptéridés Genre Eumicrotremus Espèce spinosus Vincent Maran Vincent Maran ➲ Couleur brun rouge ➲ Corps recouvert de tubercules osseux ➲ Grande ventouse ventrale Pour en savoir plus consulter la fiche DORIS détaillée : http://doris.ffessm.fr/fiche2.asp?fiche_ numero=981 et la fiche du ROSM: http://www.rosm.ca/re cherche_espece/fiche_espece.php?recordI D=61 Chabot R., Rossignol A., 2003, ALGUES ET FAUNE GUIDE D’IDENTIFICATION, ed. Institut des science DU ST LAURENT MARITIME : et Océans Canada Institut Maurice Lamontagne, s de la mer de Rimouski, Pêches Mont-joli, 113p 38 – 39 EN PROFONDEUR • Vol. 12, no 2 Robert Plouffe Location inc. ABITIBI-TÉMISCAMINGUE Association des moniteurs de la CMAS du Québec Centre de plongée Nepteau inc. Club Aquatique Camo Montréal (HSM) École de plongée Espace Bleu EDPS Constellation Les Aquanautes de Montréal inc. Plongée CEPSUM (UdeM) Plongée CPAS inc. Plongée Odyssée Total Diving Montréal MONTRÉAL Les Diables des mers Plongée Magog ESTRIE CPSM Entre Deux Eaux MAURICIE Distribution & Enseignement Boissinot inc. Groupe Voyages Québec inc La Scubathèque Plongée Aventure Québec inc. Plongée Capitale Plongée sous-marine Nautilus Plongéetech enr. CAPITALE-NATIONALE Accès Plongée Saguenay Boutique du plongeur du Saguenay Boutique Groupe Recherche Plongée Club de plongée d’Alma (Calmar) SPI Sécurité Inc. division Jonquière SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN Centre de plongée du Bas-Saint-Laurent Club de plongée les Kakawis inc. Expertise Maritime Diveteck inc BAS-SAINT-LAURENT NOM DU MEMBRE 2012 Membres corporatifs Témiscaming Montréal Montréal Montréal Montréal Montréal Montréal Montréal Montréal Montréal Montréal St-Denis de Brompton Magog Trois-Rivières Saint-Nicolas Québec Québec Québec Québec Québec St-Augustin-de-Desmaures Saguenay Chicoutimi Alma Alma Jonquière Rimouski Rivière-du-Loup Sainte-Luce-sur-Mer ENDROIT 819-627-9084 514-609-9998 514-337-5489 514-500-6600 514-971-4796 514-979-7392 514-346-4781 514-953-0940 514-529-6288 514-444-3997 514-482-1890 819-541-0571 819-574-1249 819-374-5307 418-564-3077 418-525-4585 418-687-3302 418-842-1274 418-847-1105 418-683-5858 418-952-8324 418-699-1000 418-818-2153 418-590-7721 418-668-0518 418-542-9505 418-722-6232 418-863-6375 418-732-9251 TÉLÉPHONE Les renseignements et informations exprimés ou rendus disponibles par les différentes entreprises identifiées ci-dessous n’engagent que la responsabilité de celles-ci et non de la FQAS. Ces mêmes renseignements et informations ne sont diffusés qu’à des fins informatives. La FQAS ne peut être tenue responsable de la véracité du contenu des renseignements et informations présentés par chacune des entreprises identifiées, lesquels peuvent être inexacts. La FQAS n’est pas responsable de la qualité des services offerts par ces mêmes entreprises. COOPAIR ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ASSOCIATION OU CLUB ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ BASE DE PLONGÉE ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ CHARTER (BATEAUX) ET /OU EXCURSIONS ✘ BOUTIQUE OU COMMERCE ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ÉCOLE ✘ INSPECTION HYDROSTATIQUE ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ INSPECTION VISUELLE ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ LOCATION D'ÉQUIPEMENT ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ STATION D'AIR ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ STATION NITROX ✘ STATION TRIMIX ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ VENTE LOCATION EMB. ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ VOYAGES Tekdiv Exploration ONTARIO Académie de plongée sous-marine du Québec Club Aquavic 1977 Le club de plongée le Drakkar inc. Plongée XL CENTRE-DU-QUÉBEC AquaFutur Plongée inc. Centre de plongée Ecodive Excursions-Aventures Céline et Michel Fédération canadienne de nage en monopalme Les Anémones Bleues Les centres de plongée Nordsud inc. Parc sous-marin du Lac Saint-François Plongée Atmosphère S.E.N.C. Plongée Expert S.E.N.C. Prud’homme Technologies Sécurité Maska (1982) inc. Sub Aqua Tech inc. MONTÉRÉGIE Aqua Plein Air inc. Breizh Plongée Services LAURENTIDES Aqua Services inc. Aqua Services Joliette Club de plongée H2O de Lanaudière Scuba Surface LANAUDIÈRE La Boutique du Plongeur (Triton) ltée LAVAL Carrière Flintkote CHAUDIÈRE-APPALACHES Club Nautique de Percé inc. Le Copain Plongeur enr. Le Repère du Plongeur Plongée Forillon inc. Protection Garvex inc. GASPÉSIE–ÎLES-DE-LA-MADELEINE Base de plongée Les Escoumins (FQAS) Complexe hôtelier Pelchat SPI Sécurité atelier incendie Sept-Îles SPI Sécurité atelier incendie Baie Comeau CÔTE-NORD Lansdowne Victoriaville Victoriaville Drummondville Victoriaville Saint-Jean-sur-Richelieu Valleyfield Carignan Saint-Lambert Vaudreuil-Dorion Saint-Hyacinthe Les Côteaux Boucherville Candiac Maple Grove St-Hyacinthe Saint-Hubert Sainte-Thérèse Sainte-Thérèse Repentigny Joliette St-Thomas Repentigny Vimont Laval East Broughton Percé Carleton L'Étang-du-Nord Parc National Forillon Nouvelle Les Escoumins Les Escoumins Sept-Îles Baie-Comeau 613-659-4791 888-848-3237 819-752-2263 819-477-7144 819-357-9050 450-346-5671 450-802-8958 450-658-7271 450-482-1200 514-931-8588 450-778-3408 450-267-1999 514-910-0016 514-839-3516 450-225-7637 450-774-8733 450-676-9893 450-433-1294 514-378-3402 450-582-5827 450-753-9494 450-398-0663 450-932-6688 450-667-4656 418-427-3547 418-782-5403 418-364-7668 418-986-3962 418-892-5888 418-794-2259 418-233-4025 418-233-2401 418-968-9292 418-589-9025 ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘ ✘