Les traitements des abuseurs

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Les traitements des abuseurs
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Les traitements des abuseurs
Fausta Panzera
psicologa
Lo chiamiamo spesso «violenza impensabile» ma l’abuso sessuale sui bambini esiste e tocca
molte più vittime di quanto comunemente si pensi.
Fortunatamente o per buona volontà si comincia a parlarne pubblicamente e si riconosce
l’importanza di aiutare concretamente le vittime di violenza sessuale.
Purtroppo però si tende a dimenticare gli abusanti, che spesso vengono incarcerati per periodi più
o meno brevi per poi tornare in libertà senza essere sottoposti a terapie adeguate. Per un
terapeuta avere esperienza in questo campo non è evidente. È difficile disporre di mezzi specifici
per il trattamento di questi pazienti, è impegnativo averli in trattamento evitando le loro
manipolazioni, loro che hanno fatto della seduzione il loro stile di vita.
Il testo che segue è tratto dalla tesi di laurea «Les abus sexuels sur les mineurs», fatta per
l’Università di Friborgo nel 1997. In essa viene considerato l’abuso sotto diversi punti di vista , sia
dalla parte delle vittime che dalla parte degli abusanti, come pure degli adulti protettivi che
avrebbero dovuto o potuto essere tali.
Nel testo si parla di abusanti, di alcune caratteristiche del loro pensiero e delle terapie in grado di
modificare questo pensiero e con esso i gravi comportamenti devianti che ne conseguono.
1.1 Une caractéristique des abuseurs sexuels: la négation
Selon Salter (1988), les abuseurs peuvent présenter toute une série de négations.
Admission avec justification
Ces abuseurs admettent les actes commis, mais certains affirment qu’ils étaient simplement en
train d’éduquer les enfants, ou bien de leur offrir affection et amitié. D’autres affirment que les
enfants, par leur comportement ou leur habillement ont cherché l’abus et en sont responsables. Un
peu comme dans les cas de violeurs de femmes qui justifient leur comportement par leur
fantasmes ou par les pensées, attitudes ou comportements des victimes, et admettent avoir
commis ces abus, un peu comme s’ils étaient provoqués par les victimes.
Ces abuseurs sont rarement conscients du sérieux des conséquences du comportement abusif. Ils
n’ont pas de sentiments de culpabilité, et s’ils ont honte c’est face à leur famille ou à leur statut
social dans la communauté, ou bien encore suite aux conséquences de l’incarcération.
Déni physique avec ou sans déni familial
Cette négation porte sur un comportement spécifique correspondant à un jour, un temps et une
place particulières. Ils construisent souvent un alibi portant sur cette situation particulière, en
intégrant des membres de la famille, malgré l’évidence du contraire.
Ils n’admettent d’aucune façon de changer de comportement, car de toute façon ils n’ont rien fait et
ils sont victimes d’une machination de la victime et du système. Si la famille est d’accord avec
cette version, il est presque impossible de soigner ces abuseurs.
Déni psychologique
Dans ce cas, les abuseurs nient les faits, non pas en cherchant un alibi pour la situation précise,
mais en affirmant quelque chose qui est de l’ordre de «je ne suis pas le type de personne qui ferait
ce genre de choses. Je ne suis pas un abuseur d’enfants, donc je n’ai pas abusé de cet enfant.»
Dans ce cas, un éventuel support de la famille est basé sur la croyance que l’abuseur soit
innocent. Ces familles sont plus facilement impliquées positivement dans un traitement de
l’abuseur que celles qui racontent des mensonges pour protéger l’abuseur. Ces abuseurs, comme
les précédents, se montrent souvent indignés des accusations.
Minimalisation de l’étendue des comportements abusifs
Les abuseurs vont fréquemment admettre une partie de leur comportement mais nier le reste. Ceci
apparâit notamment lorsque l’abuseur est découvert pour un abus et pas pour des abus
précédants. Ils sont souvent d’accord pour un traitement, mais ils cachent des informations sur
l’extension de leurs comportements abusifs.
Souvent, ils admettent avoir par exemple touché un enfant mais pas de l’avoir pénétré, car les
conséquences juridiques sont différentes. Il arrive aussi qu’ils admettent les faits, mais pas leur
durée.
Ces abuseurs nient presque toujours la présence de fantasmes sexuels déviants et la planification
des abus, bien que parfois celle-ci soit clairement mises en évidence par les précautions contre la
découverte des abus.
Souvent, les abuseurs accusés d’un acte qu’ils ne peuvent pas nier, refusent d’être impliqués dans
d’autres déviances sexuelles. Selon Abel et al. (1985, cité par Salter 1988), sur 232 homrnes
premièrement identifiés comme abuseurs d’enfants, 17% étaient aussi impliqués dans des viols,
30% dans des actes exhibitionnistes et 14% dans des actes de voyeurisme.
Selon les mêmes auteurs, sur 89 hommes premièrement identifiés comme violeurs, la moitié était
aussi impliquée dans des abus sexuels d’enfants, 29% dans des épisodes d’exhibitionnisme et
20% dans des épisodes de voyeurisme.
Dans ce cas, un examen utilisant un pénil-plétysmographe peut résulter le seul moyen de succès
pour détecter d’autres types de déviances sexuelles. Il s’agit d’un outil qui permet de mesurer
l’excitation de l’homme, qui est exposé par exemple à des images d’enfants, de femmes,
d’hommes nus ou à des scènes de violence, d’abus de mineurs, de relations déviantes.
Négation du sérieux du comportement et du besoin de traitement
Une fois que les abuseurs admettent les faits, ils minimalisent souvent le sérieux de ceux-ci. Il faut
avoir une capacité emphatique considérable pour imaginer un abus sexuel du point de vue de
l’enfant. Ce type de négation protège les abuseurs du sentiment de culpabilité.
Le gros problème est que de penser que cela n’a pas vraiment causé des dommages sérieux peut
vite amener à penser que faire ça une fois de plus n’est pas vraiment important.
Ces abuseurs normalement refusent le traitement ou bien cherchent à le diminuer le plus possible
dans le temps. Ces refus de traitements devraient être considérés comme une sérieuse tentative
de protéger la déviance sexuelle en ne l’exposant pas aux changements du traitement. Ceci aussi
dans les cas où les abuseurs affirment qu’ils n’ont pas besoin de traitements parce que entretemps ils ont changé de religion ou ont fait une conversion morale.
Négation de la responsabilité des comportements
Beaucoup d’abuseurs admettent les comportements, ils acceptent un traitement et son sérieux,
mais nient leur responsabilité. Ils admettent donc qu’ils ont commis les abus et que cela est
inadéquat, mais refusent une partie de la responsabilité. Souvent, cette responsabilité partielle est
donnée à l’alcool, et ils demandent un traitement en ce sens, sans traitements pour les abus.
D’autre fois ils admettent leur responsabilité, mais dans la description des abus commis, des
indices sortent qui montrent une constante externalisation de la responsabilité. Ils parlent de leur
femme qui leur «casse les pieds» ou qui a trop peu d’intérêts sexuels, ou de leurs problèmes au
travail, de la provocation des enfants, du manque d’attention et d’intérêt du monde en général, qui
est au contraire très poussé envers les enfants, et sur leurs besoins émotionnels. Ces abuseurs
n’admettent pas qu’ils ont abusé les enfants seulement parce qu’ils trouvaient cela sexuellement
plaisant, et ils n’admettent pas les fantasmes liés aux abus et les différentes planifications qui ont
précédé les abus.
Admission complète avec responsabilité et sentiment de culpabilité
Les histoires racontées par ces abuseurs sont égales à celles de leurs victimes. Ils sont en plus
capables de mentionner les antécédents aux abus, qui consistent en fantasmes et en pensées
abusives et qui incluent parfois l’abus d’autres victimes et d’autres formes de déviances sexuelles.
Ces abuseurs sont conscients des difficultés des changements, et reconnaissent les tentations de
rechute. Ils ont peur d’abuser de nouveau d’enfants et ont peur de la réunification familiale dans
les cas d’inceste. Ils sont souvent déprimés, non pas comme cela arrive souvent à cause de la
découverte des abus, mais parce qu’ils comprennent les conséquences de leurs actes sur les
victimes, et se sentent coupables.
Normalement, lors de la thérapie, les abuseurs font une démarche progressive, à partir de leur
point de départ, dans le sens décrit ici.
1.2 Les particularités dans le traitement des abuseurs
Salter (1988) parle des différences principales entre les traitements des abuseurs sexuels et tout
autre traitement.
Il faut d’abord tenir compte que le traitement des abuseurs est généralement mandaté, ce qui est
un bien car autrement les abuseurs choisiraient probablement les “Two-Week cure” (traitement de
deux semaines). Il est donc important que ce soit le thérapeute qui décide les buts de la thérapie. Il
est possible que le client ait des buts que le thérapeute ne partage pas et celui-ci est tenu de
dépasser dans ce cas les souhaits du client.
Pour beaucoup d’abuseurs, le fait d’abuser est similaire à une addiction, et ils ont plus de peur
d’en être privés que d’y succomber.
Le but des abuseurs pourrait ne pas être d’arrêter d’abuser d’enfants, mais de séduire le
thérapeute, de façon à ce qu’il soit d’accord avec la négation de l’abus, ou au moins que celui-ci
n’était pas si grand et traumatique pour l’enfant. Ou bien il pourrait viser à convaincre le thérapeute
que la faute en incombait à sa femme, aux problèmes sur le travail, ou à l’alcool. Dans ce dernier
cas, il cherche à persuader le thérapeute qu’il ne se rappelle absolument rien, car il était trop ivre.
Il est donc important que le thérapeute se défende de ces tentatives de séduction, et cela peut se
faire avec la clarté avec laquelle il explique au patient qu’il ne croit de toute façon pas que l’abus
sexuel d’enfants est acceptable et qu’il n’a pas l’intention de s’allier avec l’abuseur pour minimiser
les faits. On souligne aussi que les enfants sont de très bonnes sources d’information sur les abus
subis, et que les abuseurs ne sont pas de bonnes sources d’information sur les abus commis, et
que l’abus sexuel est douloureux pour les enfants.
Il s’agit dans les traitements des abuseurs aussi de poser des limites, notamment en ce qui
concerne la découverte de nouveaux abus qui seront tout-de-suite signalés.
Dans ce sens, aussi la confidentialité des traitements des abuseurs est limitée. On demande aux
abuseurs de renoncer à leur droit d’une confidentialité totale, faute de quoi on ne les accepte
normalement pas en thérapie.
Certains auteurs (Dreiblatt, in Knopp 1984,cité par Salter 1988), disent clairement à leurs clients
qu’ils n’opèrent pas sur la base de la confiance, car la confiance est abusable. Donc, ils n’ont pas
l’intention de se sentir en confiance avec l’abuseur, car cela peut être dangereux. Il faut aussi faire
attention à la manipulation des abuseurs qui font appel au narcissisme du thérapeute, en disant
combien ils sont convaincus qu’ils sont des bons thérapeutes et comment les autres n’avaient rien
compris.
Cette manipulation peut malheureusement aboutir en accordant trop de confiance et peut avoir
des conséquences dévastantes pour la communauté, par exemple dans les cas d’expertises où
les thérapeutes affirment que “sûrement cela ne pourrait plus se reproduire”!
Il est important que les thérapeutes soient clairs au début, afin d’éviter les collusions avec le client.
Il est important que le thérapeute respecte l’abuseur en tant qu’être humain et croit à sa capacité
de faire mieux dans le futur, et cela bien qu’il trouve les abus sexuels inacceptables. Les
traitements des abuseurs demande des confrontations continues, notamment sur les projets du
client de rentrer à la maison, de reprendre l’activité qui a abouti à l’abus, de recommencer à boire
de l’alcool, de croire être enfin guéri. Malgré ça, les confrontations ne doivent pas impliquer de
l’hostilité si elles doivent être thérapeutiques
1.3 Les thérapies de groupe
Les thérapies expliquées dans les livre de Salter (1988) sont celles appliquées par la Northwest
Treatement Associates de Seattle, Washington.
Les groupes sont formés par 12-16 abuseurs sexuels et se rencontrent deux heures par semaine.
Ils sont normalement organisés le soir, afin de ne pas interférer avec le travail. Ces groupes
devraient être hétérogènes, comprenant des exhibitionnistes, des violeurs, des abuseurs
d’enfants, et des personnes présentant d’autres déviances sexuelles. Cette hétérogénéité est utile,
car souvent, par exemple, les pédophiles voient mieux les distorsions cognitives des violeurs que
celles d’autres pédophiles. Un autre avantage, c’est que, par exemple, les violeurs pourraient être
très clairs sur le fait que les enfants souffrent des abus subis.
Chaque groupe commence avec une présentation de chaque membre. Cette présentation devrait
comprendre:
•
Le nom de la personne
•
La phrase “je suis un abuseur sexuel”
•
Un rapport de tous les abus commis
•
Un rapport de ce que le sujet estime être capable de faire en termes d’abus sexuel
•
Un récit des impulsions déviantes de la semaine passée
•
Un rapport sur comment il a réagi aux impulses déviants
•
Un rapport sur combien de fois il s’est masturbé avec des fantasmes appropriés et combien
avec des fantasmes inappropriés
•
Un rapport su les activités sexuelles de la semaine
•
Ce qu’on voudrait qui soit traité ce soir-là
Voilà un exemple:
«Mon nom est ..., je suis un abuseur sexuel. J’ai abusé de ma fille pendant 6 ans. Je l’ai violée
avec mon doigt et avec mon pénis. J’ai aussi abusé de mon fils pendant deux ans. Je l’ai violé
dans l’anus. Je suis capable d’assaillir une enfant pour sexe. Les impulsions déviantes: j’ai vu un
jeune garçon dans la rue cette semaine, et je me suis trouvé à fixer son derrière.
Je me suis masturbé trois fois cette semaine, toujours avec des fantasmes appropriés. J’ai eu un
rapport sexuel avec Judy cette semaine. Ce soir j’aimerais discuter mon autobiographie.»
Pendant ces séances, le groupe devrait permettre des confrontations: il ne s’agit pas seulement
d’identifier les distorsions cognitives, mais aussi de signaler les comportements qui peuvent
amener à une rechute, assez tôt pour pouvoir les interrompre. Les nouveaux membres sont
considérés comme des candidats, et cela pendant plusieurs mois. Pendant ce temps, ils peuvent
apprendre les rôles et les normes du groupe, donc à admettre la totale responsabilité des abus, à
parler des abus précédents, à décrire les fantasmes pensés pendant la masturbation et à faire les
tâches assignés.
La plupart du travail dans un groupe d’abuseurs est fait en dehors des sessions. Beaucoup de
tâches sont données aux abuseurs, à faire à la maison.
En plus de ces tâches, égales pour tous, chaque abuseur a une liste de choses spécifique qui ne
concernent que lui. Par exemple, on exige qu’ils ne soient pas dépendants de drogues. Dans les
cas d’inceste, l’abuseur doit quitter la maison. Si l’épouse conteste, il faut lui dire que c’est le
moyen grâce auquel la famille pourra être plus vite réunie. D’autres demandes sont faites
individuellement pour minimiser le risque de rechute. Par exemple, un exhibitionniste qui utilise sa
voiture pour abuser aura l’interdiction de conduire sans destination ou bien sera obligé de se faire
accompagner par quelqu’un.
1.4 Les thérapies comportementales
Les cassettes «ennuyeuses»
Il s’agit de devoirs à faire à la maison. Souvent les abuseurs ont une longue histoire de
masturbation avec des déviants. Le plaisir de la masturbation renforce les impulsions sexuelles
déviantes et augmente le plaisir de l’abus.
Toutefois, le comportement des abuseurs, dans ce cas la masturbation avec des fantasmes
déviants, peut être utilisé pour avoir l’effet contraire. Ceci, en demandant aux abuseurs de se
masturber avec les fantasmes déviants pour une longue période après l’orgasme, chose qui
enlève la charge érotique.
Après, on choisira avec l’abuseur un fantasme approprié, qui doit inclure une activité sexuelle
consentante avec une personne du sexe choisi par l’abuseur, et qui fasse attention aux désirs du
compagnon.
D’accord avec le thérapeute, l’abuseur a la tâche de se masturber à la maison avec ces fantasmes
appropriés jusqu’à l’orgasme, ou bien pour une durée spécifique (normalement 10 minutes).
Pendant la masturbation, l’abuseur doit enregistrer sur cassette ses fantasmes. Un contrôle sur
l’effective masturbation du sujet pendant qu’il raconte les fantasmes est donné par la présence de
sons produits par la lubrification. Les cassettes sans sons ne sont pas acceptées, ainsi que celles
qui ne présentent pas des fantasmes appropriés. Les thérapeutes décident de façon individuelle
combien de cassettes ennuyeuses ils doivent faire. Normalement il s’agit de 2-3 cassettes par
semaine pendant une période de 8 semaines après qu’ils produisent la première cassette faite
correctement.
La sensibilisation cachée / le renforcement positif caché
La châîne des événements est développée par le thérapeute avec l’abuseur, et elle commence par
les antécédents de l’abus, comme par exemple un particulier état mental ou une situation
particulière qui précède normalement l’abus.
Ces antécédents sont décrits sur cassette et après accouplés avec des images négatives. Ces
images sont des expériences que l’abuseur a vécu, caractérisées par des émotions négatives
comme répulsion, dégoût ou peur.
Ce qu’on cherche à obtenir est que les antécédents soient après connotés par les sentiments
négatifs liés aux images averses. La prochaine tâche est celle d’interrompre la chaîne des
événements dès le début, avec des comportements réalistes du sujet, par exemple le sujet quitte
la chambre.
Les abuseurs doivent écouter ces cassettes pour une période précise, par exemple 40 minutes par
jour. Ces cassettes sont changées régulièrement, normalement toutes les semaines.
Apprentissages d’habilités sociales
Souvent, les abuseurs ne sont pas capables de commencer et d’entretenir des relations sociales
avec des adultes, ce qui rend aussi moins possible d’avoir des rapports sexuels avec des adultes
consentants. De ce fait, il est souvent plus facile de s’attaquer aux enfants. Leur apprendre
comment initier et comment entretenir une relation sociale diminue donc le risque de rechute.
Apprendre à être affirmés
Souvent les abuseurs sont agressifs ou bien effacés, et rarement ils sont affirmatifs.
Education sexuelle
Beaucoup trop souvent, les abuseurs ont des opinions et des attitudes fausses envers la sexualité.
Il est parfois utile de demander à des spécialistes d’intervenir dans une séance de groupe pour
éclairer certains points. Les problèmes de ces interventions externes au groupe sont d’abord la
difficulté de certains abuseurs à admettre leurs méconnaissances sexuelles, sans compter que ces
spécialistes sont souvent des spécialistes de la sexualité, mais ont peu d’expérience avec les
abuseurs sexuels.
La restructuration cognitive
On vise à corriger les distorsions cognitives.
Dans ce cas, les thérapeutes ne devraient pas argumenter la fausseté de ces distorsions
cognitives, car cela mettrait les abuseurs sur la défensive. Dans ces cas, les groupes ont plus de
succès, car les arguments contraires viendront d’autres abuseurs et non pas de thérapeutes. Ces
derniers devraient en tout cas annoncer leur désaccord quand c’est le cas. Pour éviter que les
abuseurs oublient ces corrections des distorsions cognitives sous la pression d’une attraction
déviante, on demande aux abuseurs d’écrire des papiers sur les distorsions, suivis par une
correction de la pensée.
Voilà un exemple:
« - Pourquoi ne pas regarder le derrière de ce garçon dans la route. Je ne suis pas en train de lui
faire du mal. Il ne sait même pas que je suis en train de le regarder. Je n’irais pas plus loin. Je sais
que je peux m’arrêter.
- Stop! C’est le genre de pensées que tu dis toujours quand tu descends dans la route vers un
enfant. Avant, tu restes près de l’enfant, après tu te retrouves à penser à des rapports sexuels
avec lui, et le prochain pas est d’essayer de commencer une conversation. Tu ne peux pas
t’arrêter, et tu le sais. Tu as travaillé trop dur et tu es arrivé trop loin pour retomber maintenant. Il
est temps d’aller se promener ailleurs jusqu’à ce que cet enfant soit parti.»
La prévention de la rechute
Tous ces points aident pour la prévention à la rechute. Il est important que les abuseurs
comprennent qu’ils doivent vivre pour toujours avec la tentation, mais qu’ils peuvent apprendre à la
gérer dès le début.
Selon Salter (1988), la meilleure combinaison de traitements est composée par un traitement
individuel et d’un traitement de groupe.
De façon idéale, le groupe commencerait avec les cassettes ennuyeuses, pendant que la thérapie
individuelle commencerait avec la prévention à la rechute.
Il est utile dans les thérapies individuelles d’inclure les épouses. Cela est important pour être
attentifs aux facteurs à risque des abuseurs, et elles pourraient mieux détecter quand les abuseurs
commences à retomber dans le risque.
Comment mesurer les progrès dans le traitement
Il faut être clairs dés le début sur ce qu’on estime un progrès dans le traitement. Ceci, surtout par
rapport au tribunal. Parfois malgré le fait que l’abuseur ne s’implique pas du tout dans la thérapie,
en démontrant qu’il a été présent toutes les séances, il prétend qu’il a pleinement participé.
Pour ça, on demande au sujet de signer une feuille où sont décrits les buts, les méthodes de
traitement, les difficultés, etc.
Cette feuille comprend:
•
Le but du traitement qui est de prévenir de nouveaux abus
•
La difficulté du traitement, qui demande la participation active du sujet
•
La politique du traitement qui est de n’accepter que les sujets qui ont la volonté d’accepter
leur pleine responsabilité de leurs comportements, et de garder en traitement que les sujets
qui montrent une habilité au changement
•
Les sujets doivent accepter qu’on fasse des évaluations psychosexuelles, ce qui inclut un
test utilisant le pléthysmographe.
•
Les traitements ne sont pas confidentiels, et les thérapeutes peuvent parler avec les juges,
les thérapeutes des enfants abusés, etc. sans problèmes de la part du sujet.
•
Les abuseurs doivent accepter les tâches et les interdits des programmes de traitement. Il
s’agit des tâches et des interdits communs et de ceux individuels.
•
Les sujets sont acceptés seulement en tant que candidats, et cela pendant quelques mois.
Le groupe votera l’admission d’un sujet comme partie intégrante du groupe. Aucun abuseur
qui continuera à nier les abus sera accepté.
•
Tous les candidats et les membres du groupe doivent continuer à montrer leurs progrès, qui
vont être évalués dans les champs suivants: participation physique (présence, devoirs...),
acceptation de la responsabilité des abus commis, compréhension intellectuelle de la chaîne
des abus et des techniques thérapeutiques, compréhension émotionnelle de l’impact des
abus, changement de comportements, affirmation et volonté d’aider d’autres membres du
groupe à prévenir la rechute.
1.5 Les thérapies des abuseurs adolescents
Ces thérapies sont similaires aux thérapies que je viens de présenter, et touchent différents points
(Wyatt, G.E. & Johnson Powell, G. 1988):
La satiété (voir tâches ennuyeuses), l’apprentissage des précurseurs des comportements à risque,
la restructuration cognitive, l’éducation sexuelle, l’éducation sociale, l’entraînement au contrôle de
la rage, l’identification des situations stressantes.
1.6 Les thérapies de l’aversion
Aux États Unis (Doc D.O.C. 1994), on fait des expériences avec des thérapies qui sont issues des
théories de déconditionnement. Dans ce cas, les thérapeutes soumettent les abuseurs à des tests
utilisant le PPG («Penil Plethysmograph»). Ils montrent aux sujets des images sexuelles
acceptables et déviantes. Dès que le sujet s’excite en visionnant une image déviante, on lui injecte
dans les narines de l’ammoniaque. Le but est qu’il ne s’excite plus face aux images déviantes.
Ces thérapies sont décidément discutables, mêmes si les thérapeutes affirment qu’ils ont un taux
de récidive après six mois presque nul. D’abord six mois est un temps beaucoup trop court pour
juger l’efficacité d’une thérapie, et ensuite les contrôles sont souvent basés sur les affirmations des
sujets ou sur la découverte de nouveaux abus. Cela ne signifie pas nécessairement qu’il n’y ait
pas de nouveaux abus. En considérant aussi les possibilités offertes par le tourisme sexuel, il est
très difficile de contrôler la véridicité des déclarations des abuseurs.
1.7 Castration et castration chimique
Ces «thérapies» présentent différents problèmes.
Pour ce qui concerne la castration tout court, il y a des problèmes éthiques liés à la «féminisation»
des hommes. En enlevant les testicules, toute production d’hormones masculines cesse, avec
comme conséquences l’impossibilité absolue d’avoir des rapports sexuels, le développement de la
poitrine, ainsi que des effets collatéraux mineurs. Il s’agit d’une opération irréversible.
La castration chimique (ou androcure), est une thérapie qui, par médicaments, diminue la
testostérone, et donc les pulsions libidinales. De cette façon, les fantasmes cessent et les sujets
ont besoin des préliminaires, donc de faire un effort, pour s’exciter.
Elle est réversible, mais elle a aussi des effets collatéraux mineurs (nausée...). Il faut à peu près
trois mois après le début de la thérapie pour ressentir les effets. Lorsqu’on cesse, après deux mois
la production hormonale redevient normale.
Elle pourrait être une solution, si on ne tient pas compte que tous les abuseurs ne recherchent pas
nécessairement une satisfaction génitale.
Elle pourrait être utile en concomitance à d’autres thérapies, cognitives et comportementales, en
début de ces dernières, pour des raisons de sécurité, jusqu’à ce que les techniques de contrôle ne
soient pas intégrées.
Toutes les thérapies présentées ont des points forts et des points discutables. On trouve
facilement des sources de critiques. Je crois que néanmoins, l’important est qu’on essaye de
trouver des moyens pour guérir les abuseurs, en gardant à l’esprit que peut-être la thérapie utilisée
n’est pas la meilleure.