Le quotidien
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www.lematin-dz.com Libérez Mohamed Benchicou et Ghoul Hafnaoui www.presse-alg-libre.com Pétition pour la libération de Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul BRADAGE DU SIÈGE SOCIAL ET NOUVELLE COMPARUTION DE SON DIRECTEUR ACHARNEMENT CONTRE Le 14 juin, devant le tribunal d’El Harrach. Hier samedi, l’immeuble abritant le siège social du Matin a été vendu par le fisc pour une somme modique très inférieure à sa valeur réelle. Dans la même journée, un huissier a signifié à Mohamed Benchicou, à la prison d’El Harrach, une autre comparution au tribunal de Sidi M’hamed le 6 juillet prochain dans une citation directe dirigée contre lui sur plainte du MDN dans l’affaire des évènements de T’kout, à Batna. (Lire en page 2 et nos autres informations sur la mobilisation nationale et internationale en pages 3 à 6) Moh/Le Matin LE MATIN Le directeur du journal algérien Le Matin, Mohamed Benchicou, a été injustement condamné à deux ans de prison, le 14 juin 2004, et à une amende de 20 millions de dinars (200 000 euros). « Transfert illégal de capitaux et infraction à la législation régissant le marché des changes » sont les prétextes fallacieux invoqués par une justice aux ordres pour arrêter Mohamed Benchicou et faire taire une voix contestataire. Arrêté en pleine audience au tribunal et mis sous mandat de dépôt exécuté immédiatement, Mohamed Benchicou est incarcéré à la prison d’El Harrach. Mohamed Benchicou paie en réalité à la fois la vigueur du ton de son journal et le contenu irrévérencieux de son livre Bouteflika : une imposture algérienne. Il nous paraît évident que la sanction prononcée par la justice est une exécution de la menace proférée par le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, qui promettait, il y a un an de cela, de « faire payer » Benchicou. Cet arbitraire n’est pas isolé. Il procède d’une politique de mise au pas d’une presse libre dont la corporation a payé sa liberté au prix : — de plus de 70 journalistes assassinés en moins de dix ans ; — de dizaines d’emprisonnements de journalistes ; — de suspensions de journaux ; — d’intimidations de toutes sortes et de harcèlements judiciaires permanents… Quelques jours avant l’emprisonnement de Mohamed Benchicou, Hafnaoui Ghoul, correspondant d’El Djazaïr News à Djelfa (Sud algérien), représentant de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme, a été arrêté et emprisonné pour avoir exercé son métier d’informer sur les abus des autorités régionales. De nombreuses autres arrestations de journalistes sont malheureusement à prévoir dans les jours à venir. La répression de la liberté de la presse n’est pas nouvelle. Elle reprend de plus belle depuis la récente réélection d’Abdelaziz Bouteflika à la Présidence de la République. Nous, femmes et hommes attachés à la liberté de la presse et d’expression, dénonçons ces arrestations. Nous appelons toutes celles et tous ceux qui partagent ces valeurs à se mobiliser pour la libération des journalistes injustement emprisonnés et l’arrêt de toute pression et répression à l’encontre de la presse. Nous nous constituons en « Comité pour la liberté de la presse en Algérie » et appelons toutes les associations, les partis, les ONG et les citoyens des deux côtés de la Méditerranée, et audelà, à nous rejoindre dans notre action. (Signatures en page 6 ) Pétition à adresser à : [email protected] Fax : 01.46.04.46.94 [email protected] Fax : 01.48.91.74.47 E-mail : [email protected] LE DEVOIR DE VERITE — ISSN 1111-1100 — n° 3756 dimanche 27 juin 2004 — Prix : 10 DA - 0,80 € A LA UNE Libération de Benchicou et Vente hier du siège social du journal Acharnement contre Le Matin Moh/Le Matin L es ennuis du journal Le Matin continuent. Aucun répit n’est accordé au journal. Après l’incarcération de son directeur de la publication, Mohamed Benchicou, la mise sous scellés de son siège social, cette fois-ci le quotidien a été dépossédé de son bien immobilier. Mis sous scellés depuis le 21 juin dernier, le siège social du journal a été vendu hier. Après trois tentatives de vente aux enchères, soit le 3 avril, le 8 et le 29 mai derniers, l’administration fiscale a fini par trouver acquéreur à ce bien immobilier, propriété du journal. D’une valeur marchande de 45 millions de dinars, l’immeuble, sis rue Mouloud-Belhouchet à Hussein Dey, a été cédé pour la somme modique de 21 millions de dinars. Et ce, malgré les maintes contestations du journal. Cette vente anticipe sur la mise en délibéré du référé prévu pour ce mercredi 30 juin. Un référé relatif aux recours introduits par le journal pour la levée des mesures coercitives y compris le blocage de la mise en vente aux enchères. Cependant, le journal reste sommé de payer, sans échéancier, la somme de 39 millions de dinars dans les jours à venir. En parallèle, les plaintes contre le journal continuent de pleuvoir. Hier, le directeur de la publication du journal, Mohamed Benchicou, condamné à deux ans de prison ferme et emprisonné depuis le 14 juin dernier à la prison d’El Harrach a été destinataire d’une convocation à une citation directe le 6 juillet au tribunal d’Abane-Ramdane, à Alger. La convocation lui a été remise par un huissier de justice. Cette nouvelle plainte émane du ministre de la Défense. La plainte est dirigée contre lui mais également contre la journaliste Abla Cherif, auteur des articles relatifs aux évènements de T’kout. Il est à noter que la presse algérienne fait face à une nouvelle cascade de plaintes. De nombreux journalistes défileront dans les dix jours à venir devant le juge du tribunal d’Abane-Ramdane. Le 28 juin, soit ce lundi, le tribunal statuera sur deux procès en appel opposant le journal Le Matin et son chroniqueur Sid Ahmed Semiane au ministère de la Défense nationale. Interviendra le lendemain, soit le 29 juin, l’annonce du verdict relatif à l’affaire opposant un journaliste du Soir d’Algérie à un ancien cadre des Douanes nationales. Le procureur avait requis 6 mois de prison ferme contre le journaliste et son directeur de publication. Cinq autres journalistes du Soir d’Algérie comparaîtront ce même jour pour des plaintes émanant de la présidence de la République. La fameuse affaire Sadaoui contre le journal Le Matin est programmée, quant à elle, pour la journée du 4 juillet. Deux jours plus tard, soit le 6 juillet, le tribunal traitera, en plus de l’affaire de T’kout, six autres affaires de diffamation contre Le Matin et sa chroniqueuse Inès Chahinez. Ghada Hamrouche Communiqué du Matin Bradage du siège du journal Le Matin et poursuite de l’acharnement contre Benchicou L’immeuble, propriété du Matin, sis rue Mouloud-Belhouchet à Hussein Dey, abritant le siège social du journal Le Matin, qui avait été saisi par l’administration fiscale et mis sous scellés le lundi 21 juin, a été vendu aux enchères, aujourd’hui samedi 26 juin. Cet immeuble, dont la valeur a été revue à la baisse, a été adjugé pour la somme modique de 21 millions de dinars, soit deux milliards cent millions de centimes de dinars. Cette décision anticipe sur la mise en délibéré du référé prévu pour ce 30 juin et relatif à la levée des mesures coercitives. Dans la même journée d’hier samedi, un huissier de justice s’est présenté à la prison d’El Harrach pour signifier au directeur du Matin, Mohamed Benchicou, une plainte en citation directe ce 6 juillet au tribunal de Sidi M’hamed dirigée contre lui et la journaliste Abla Cherif par le ministère de la Défense nationale dans l’affaire de T’kout. Nous alertons l’opinion nationale et internationale sur le bradage du siège social du Matin et la poursuite de l’acharnement dirigé contre le directeur du Matin qui est à son 12e jour d’emprisonnement. Alger, le 26 juin 2004 Révolte et indignation à Tizi Ouzou De notre bureau de Tizi Ouzou a vente, hier matin, du siège social du journal Le Matin et l’incitation directe à comparaître adressée à Benchicou suite à la plainte déposée par le MDN relative aux évènements de T’kout ont suscité une autre vague d’indignation auprès de ceux que nous avons contactés à ce sujet. Pour Me Zaïdi, membre du collectif d’avocats des détenus de T’kout, les choses sont claires. « Ils ne peuvent pas contester la chose parce que les détenus ont exhibé L les traces de violence sur leurs corps pendant l’audience », a-til dit avant de considérer cette autre plainte comme un « arbitraire de plus ». Il ajoutera ensuite : « Il est clair qu’ils veulent d’autres plaintes pour que Benchicou reste en prison. » Tout en revenant aux détenus, l’avocat ajoutera : « La majorité des prévenus ne possèdent pas de certificats médicaux dans leurs dossiers. Cela veut dire qu’ils ont été torturés. Et si ce n’est pas une plainte politique, le tribunal de Sidi M’hamed aura sans doute à la classer. » C’est pourquoi il ironisera : « Au lieu qu’elle soit déposée contre les auteurs de ces dépassements, nous assistons au contraire de la chose. » De leur côté, les délégués du mouvement citoyen n’ont pas caché leur indignation. C’est le cas du délégué de la CADC Rachid Allouache. Pour lui, il ne s’agit pas moins que d’une « cabale, soigneusement préparée, pour bâillonner la seule et unique fenêtre de la liberté de penser et de s’exprimer qu’incarnent le journal Le Matin et son directeur ». Il enchaînera ensuite : « C’est dans la nature même du système, système maffieux et assassin, qui tente de régenter et de mettre au pas la société algérienne qui a lourdement payé ses acquis. C’est pour cela qu’il faut se mobiliser de plus en plus pour faire échec à ces complots, dont seul le Pouvoir algérien en est capable. Notre détermination est grande pour barrer la route aux fossoyeurs de notre dignité. » Quant à Belaïd Abrika, il a estimé que ce nouvel épisode de l’acharnement du Pouvoir contre Le Matin et son directeur n’est qu’une « suite logique qui est donnée aux menaces proférées publiquement par les pyromanes zélés qui incarnent la véritable nature du système policier ». L’acharnement de plus en plus grandissant contre Le Matin a suscité également de nombreux messages de solidarité ainsi qu’un sentiment d’indignation et de révolte à Tizi Ouzou. Brahim Boubchir La société civile dénonce à Constantine De notre bureau de Constantine outes les réactions recueillies hier auprès de personnalités politiques et juridiques sont unanimes pour qualifier la nouvelle plainte contre M. Benchicou et le bradage du siège du Matin de nouvel épisode dans la cabale qui vise à effacer le journal du paysage médiatique et « faire payer son directeur ». Pour Yacine Teguia, responsable de l’information au sein du Mouvement démocratique et social, « ceci n’est que la confirmation de la volonté d’expédier l’avenir du Matin au pas de charge à la fois en portant des coups à l’entreprise par la saisie de ses biens et aussi en voulant tétaniser la rédaction en bâillonnant ses journalistes ». Il s’interroge d’abord sur le fait que seul T Le Matin est incriminé alors que d’autres journaux ont fait des révélations sur la torture des manifestants de T’kout, et ensuite sur la recevabilité de la plainte du ministère de la Défense nationale (MDN) puisque les victimes ont témoigné à visage découvert. « Cela, ajoute-t-il, nous donne une idée de la réforme de la justice et toutes les autres réformes engagées par le Pouvoir. En réalité, on a tout juste l’impression aujourd’hui que la justice est devenue un instrument aux mains du Pouvoir. » De son côté, Me Zoubir Soudani considère que cette nouvelle plainte déposée par le MDN contre la journaliste Abla Cherif et le directeur du journal suite aux révélations sur les cas de torture pratiquée par les gendarmes à T’kout « peut être 2 LE MATIN N° 3756 dimanche 27 juin 2004 interprétée à l’heure actuelle comme un signal procédant de l’idée de banaliser le cas Benchicou dans le but de gêner la mobilisation de l’opinion publique qui s’est formée en sa faveur ». L’avocat de M. Benchicou pense également que cela confirme la cabale « d’autant que le siège vient d’être cédé dans la précipitation à un prix bien en-deçà de sa valeur réelle, ce qui ne bénéficie pas à l’administration fiscale qui, de cette manière, ne peut recouvrir sa dette ». L’objectif devient clair alors, « il ne s’agit plus d’une procédure de recouvrement mais d’une entreprise qui vise à faire disparaître le journal et réduire au chômage plus d’une centaine d’employés ». En définitive, estime Me Soudani, l’honneur implique qu’il ne faut pas tirer sur des personnes se trouvant en difficulté passagère. « J’aurais souhaité que cette nouvelle affaire ne soit qu’un simple concours de circonstance, mais malheureusement nul n’est dupe. » Me Zaïdi, l’un des avocats des détenus de T’kout, abonde dans le même sens et qualifie cette nouvelle plainte du MDN « d’arbitraire parce que Le Matin n’a fait que révéler des vérités amères sur la torture qu’ont subie des citoyens algériens ». « La majorité des détenus, précise-t-il, auxquels on a posé la question lors du procès d’appel ont exhibé devant le juge et devant le public leurs blessures et les traces de cigarettes sur leurs corps, alors que dans de nombreux dossiers il manquait des certificats médicaux, ce qui prouve que la pro- cédure policière n’a pas été respectée. Le procureur général a lui aussi vu de ses propres yeux les traces des sévices, ce qui fait partie de sa responsabilité de déposer une plainte contre la gendarmerie ». La conclusion est aussi implacable : « Il s’agit d’une campagne délibérée pour faire taire Le Matin et réprimer toute la presse qui ne sert pas la mafia politico-financière. » Notons à la fin que le député MRN, Lakhdar Benkhellaf, a refusé de s’exprimer en son nom, préférant attendre la déclaration du parti. Nous n’avons pu recueillir l’avis de M. Boudouda, député FLN et partisan de Benflis. La communication s’est coupée bizarrement au moment où on a posé la question. Nouri Nesrouche A LA UNE Ghoul : vaste mobilisation L’éditorial de Rachid Mokhtari Ce que cherche le Pouvoir La contestation prend de l’ampleur en Italie Effet boule de neige Photo/DAB Jeudi dernier à Paris. Conférence publique pour dénoncer les atteintes aux libertés. De notre envoyé spécial à Rome, Nadir Benseba es organisations de la société civile italienne ne comptent pas mettre un terme à leur protestation tant que le gouvernement italien n’interpelle pas publiquement Alger sur les graves atteintes que subit la presse indépendante algérienne. L’emprisonnement arbitraire du directeur du journal Le Matin, Mohamed Benchicou, et du journaliste Hafnaoui Ben Ameur Ghoul continue de susciter ici de vives réactions de désapprobation. Après la Fédération nationale des journalistes italiens, c’est au tour du Forum des immigrés de la région de l’Emilie-Romagne (nord de l’Italie), des syndicats de la Confédération générale des travailleurs italiens (CGIL), de l’Union des travailleurs italiens (UIL), de la Confédération du syndicat italien des travailleurs (CISL) ainsi que l’Alliance de l’olive, un regroupement de partis de gauche, de contester la décision politique des autorités algé- L riennes de mettre en prison des journalistes. C’est dire que la thèse officielle, selon laquelle M. Benchicou est privé de sa liberté pour avoir commis une infraction à la réglementation des changes, est irrecevable. Le travail de sensibilisation mené par les représentants de la presse indépendante algérienne et les organisations italiennes a fini par convaincre l’opinion de cette partie de l’Europe « de la volonté du Pouvoir algérien de faire taire toute voix critique ». Le cas de Hafnaoui Ghoul condamné à deux mois de prison par une justice qui, au lieu d’ouvrir une information judiciaire sur la révélation de la mort suspecte de treize bébés, illustre cette intention des autorités de gérer dans l’opacité les affaires des citoyens. Conscientes de la gravité de la situation, les organisations et l’alliance des partis politiques précités décident d’exiger des autorités italiennes une interpellation officielle du Pouvoir algérien. C’est dire que les initiateurs de cette démarche ne sont pas satisfaits de la manière dont le Président Azeglio Ciampi a abordé cette question avec le chef de l’Etat algérien lors de la visite de travail qu’a effectuée ce dernier à Rome jeudi dernier. Selon l’agence officielle ANSA, M. Ciampi a, en effet, évoqué le cas des atteintes à la liberté de la presse et l’emprisonnement des journalistes lors d’une rencontre privée à l’abri des journalistes. Un fait qui a irrité les organisations de la société civile ; selon nos interlocuteurs, leur « Président devait parler publiquement de ces dépassements parce qu’il y va de la crédibilité de l’Italie, pays reconnu pour son respect strict des droits de l’Homme ». « S’ils continuent d’observer le silence, les dirigeants européens seront du point de vue moral condamnables pour non-assistance à journalistes et militants des droits de l’Homme en danger en Algérie. » Cela dit, les contestataires ne baissent pas pour autant les bras. Ils viennent de retenir le principe de s’adres- ser directement au président de la Commission européenne Romano Prodi qui est un des fondateurs de l’Alliance de l’olive. Une alliance qui a brillé récemment par une victoire lors des dernières élections européennes avec 35 % des voix exprimées. La solidarité ne s’est pas manifestée uniquement du côté des organisations de la société civile et politique. Des journaux tels que l’Unita, Liberazione et Europa ont consacré jusqu’à hier des articles aux menaces et pressions que subit la presse indépendante en Algérie. Les quatre agences de presse italiennes ont manifesté aussi leur intérêt pour cette question en assurant une couverture médiatique à la conférence de presse du représentant du quotidien Le Matin et du Syndicat national des journalistes (SNJ). Radio Vatican a, quant à elle, programmé une émission durant laquelle un quart d’heure a été réservé à l’envoyé spécial du Matin. N. B. La protestation s’amplifie en France P ourquoi Bouteflika s’acharne-t-il sur la presse indépendante ? Il a été élu confortablement, il dispose d’une majorité confortable, il a été reconnu sur le plan international, et sur la quarantaine de titres existant en Algérie, près des deux tiers soutiennent sa politique. Je ne comprends pas ! » Ces interrogations taraudent la plupart des gens qui suivent de près l’actualité algérienne. A Paris, à Nice ou à Bruxelles, sans doute ailleurs, ils sont nombreux à se poser la même question : ils ne comprennent pas ce besoin du Pouvoir à harceler la presse et les journalistes alors qu’il n’est pas menacé et que les élections n’auront pas lieu avant cinq ans ! Ils sont peu nombreux « ceux qui croient à l’argumentaire développé par le Pouvoir, à savoir que Mohamed Benchicou a commis un délit de droit commun. Personne n’a été dupe. Tous savent ce pourquoi le directeur du Matin a été condamné. Quoi qu’il en soit, malgré le fait que l’on soit à la veille des vacances d’été, la mobilisation ne fait que commencer. Après la réunion publique organisée par AlgériEnsemble, jeudi à Paris, le lendemain de la conférence de presse des éditeurs au siège de RSF, dont plusieurs journaux – Le Monde, par exemple – se sont fait l’écho, il est question d’un rassemblement le 5 juillet à Paris afin d’alerter davantage l’opinion publique et que le Pouvoir sache qu’il faut libérer Benchicou et Ghoul. De plus, de toutes parts – France, Etats-Unis, Canada, Belgique, Allemagne – affluent des messages de protestation. Chaque jour qui passe, des dizaines de gens signent la pétition pour la libération de Benchicou. Il n’y a pas que des Algériens, mais aussi des signatures de personnalités connues, comme le metteur en scène de cinéma connu, Bertrand Tavernier. Le gouvernement français, la Commission européenne et le Parlement européen vont être incessamment interpellés. En France, des parlementaires de gauche – députés et sénateurs – s’apprêtent à interpeller oralement le ministre des Affaires étrangères sur la question du respect des libertés par le gouver- nement algérien. Il en est de même en Italie et en Belgique. Signe que l’emprisonnement de Mohamed Benchicou n’a laissé que peu de monde indifférent. Le SNJ CGT (syndicat des journalistes français) s’apprête à envoyer une délégation en Algérie afin de manifester sa solidarité avec les journalistes algériens, exiger la libération de Benchicou et faire part aux autorités de l’émotion suscitée en France par la condamnation des deux journalistes et des menaces pesant sur la liberté d’expression. RSF n’écarte pas également l’idée d’envoyer une délégation en Algérie. Son président, Robert Ménard, a déclaré qu’il était prêt à s’y rendre. Hassane Zerrouky L’acharnement contre Le Matin et son directeur, Mohamed Benchicou, n’a pas d’autre but autre que celui d’arriver à fermer purement et simplement le journal. Pour un délit fictif, Mohamed Benchicou est à son 13e jour d’incarcération à la prison d’El Harrach après un procès mascarade qui ne repose sur un aucun fait prouvant sa pseudoculpabilité. Hier, la volonté du Pouvoir d’asphyxier Le Matin s’est manifestée ouvertement. L’administration fiscale a bradé le siège social du Matin pour une somme modique après sa mise sous scellés exécutée le lendemain de l’emprisonnement de M. Benchicou. Si l’intention du fisc était de procéder au recouvrement des dettes du journal, il aurait certainement tiré le maximum de profit, au moins arriver à sa valeur réelle. La somme modique pour laquelle il a été cédé montre, sans équivoque, que l’action est politique maquillée de prétextes commerciaux fallacieux. A cette décision expéditive et punitive s’ajoute l’acharnement sans pareil contre le directeur du Matin. L’immeuble n’a pas été plutôt bradé qu’un huissier de justice court à la prison d’El Harrach pour signifier à M. Benchicou une plainte en citation directe dirigée contre lui par le MDN dans l’affaire des cas de torture avérés à T’kout, dans la wilaya de Batna. Le Matin a rendu compte de ce qui est arrivé dans cette région sur la base des déclarations des avocats qui ont été sur place et des témoignages des jeunes torturés qui ont été écoutés lors de leur dernier procès sur la torture qu’ils ont subie en en montrant les séquelles physiques. Il sera difficile cette fois à la justice de brouiller cette affaire politique pour laquelle M. Benchicou est accusé, dans une de ses chroniques, de porter outrage aux anciens moudjahidine, aux notables — qui n’est pas un statut — et aux institutions de l’Etat. Rappelons que les moudjahidine de cette région se sont solidarisés avec les jeunes victimes. Encore un procès fictif qui ne cache pas la volonté du Pouvoir de détruire le journal. R. M. LE MATIN N° 3756 dimanche 27 juin 2004 3 A LA UNE Libération de Benchicou et Ghoul : vaste mobilisation Pressions sur les correspondants de presse L es attaques contre les correspondants de la presse nationale n’en finissent pas et la liste des procès en diffamation contre les journalistes qui ont le courage et le devoir de dénoncer les intérêts de la mafia politico-financière ne fait que s’allonger. Après la condamnation du correspondant de Djelfa, Ghoul Hafnaoui, à deux autres mois de prison ferme mercredi passé, en plus de deux mois écopés lors d’un précédent procès, c’est au tour du correspondant du quotidien arabophone El Khabar, à Bouira, de comparaître le 3 juillet prochain devant le juge. Tout comme son collègue Ghoul, Ahcen Guettaf est poursuivi pour diffamation sur une enquête parue le 12 novembre 2000 dans les colonnes de son journal et dans laquelle il révèle un scandale financier dans les minoteries Hamza (ex-Sempac) dans la wilaya de Bouira. Le journaliste a dénoncé le stockage de centaines de tonnes de semoule périmée et un déficit de 23 milliards de centimes dans les caisses de l’entreprise. Contacté hier, le correspondant d’El Khabar a déclaré que les intimidations à son encontre ont commencé depuis la parution de cette enquête. « J’ai trois affaires qui sont devant le juge et trois autres en instruction, et il y a une semaine, j’ai reçu une nouvelle plainte, toutes pour diffamation », a-t-il enchaîné. La condamnation de Benchicou et Ghoul a apparemment remis en route le train de la justice qui s’est rappelé tous les dossiers relatifs aux délits de presse. Même les vieilles rancunes ressurgissent pour constituer des plaintes contre les journalistes. Où mène cette situation ? Y a-t-il une fin à cette mascarade et cette cabale contre la presse ? Ces questions alimentent ces derniers jours le débat de la presse à l’intérieur du pays. Les journalistes des différentes régions mobilisés et constitués en comités sont décidés à défendre leur profession et à se protéger. Désormais, disent-ils, il y a eu assez de victimes pour ne pas fermer les yeux sur les injustices et les dépassements commis contre les correspondants qui n’ont que leur plume pour apporter leur soutien aux populations marginalisées et aux destructeurs des biens de l’Etat. Si Ghoul et Benchicou sont directement mis en prison pour les faire taire, d’autres ont été poussés à se taire à jamais. C’est le cas de Abdelhaï Beliardouh, correspondant d’El Watan à Tébessa, qui, après avoir subi pendant plusieurs mois un harcèlement moral et physique de la part du président de la chambre de commerce et sa bande, a fini par se donner la mort en avalant de l’Esprit de sel. Le journaliste qui n’avait pas d’idée suicidaire a dû renoncer à sa vie pour mettre fin à l’humiliation qu’il subissait quotidiennement. La « chasse aux sorcières » concernant les journalistes n’a cependant épar- gné aucune ville. Rappelons l’affaire du correspondant du journal El Djazaïri à Saïda, Hassen Bouras, qui a été condamné en décembre 2003 à deux ans de prison ferme en plus de cinq ans d’interdiction d’exercer le métier et à 200 000 DA d’amende par la cour d’El Bayadh pour avoir « diffamé » un ancien officier de la guerre de Libération. Cette décision de justice a d’ailleurs été contestée par les organisations de défense des droits de l’Homme et indigné toute la famille de la presse. Pour cette dernière, le combat pour les libertés de la presse, bien que commencé depuis plus d’une décennie, sera plus que jamais déterminant. Rosa Mansouri Le communiqué de la FIJ Crise des médias en Algérie L’ emprisonnement de deux journalistes algériens, le directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou, et de Hafnaoui Ghoul, un journaliste et activiste des droits de l’Homme, pourrait marquer le début d’une vague d’attaques à l’encontre du journalisme indépendant à la suite de la réélection du Président Bouteflika, ont fait savoir des dirigeants des médias algériens et internationaux à Bruxelles ce matin. Une délégation de journalistes et d’activistes des droits de l’Homme algériens a appelé de ses vœux à un plan d’action international pour faire face à ce qu’ils considèrent comme une campagne politique dirigée contre les journaux et les opinions de l’opposition à la suite des élections. Parmi les propositions se trouve la décision de la Fédération internationale des journalistes de rouvrir son centre de crise en Algérie. Ce centre avait été créé dans les années 1990 pour venir en aide aux journalistes lors de la campagne de terreur orchestrée par les islamistes contre les journalistes. Près de 100 journalistes et travailleurs avaient alors trouvé la mort. La dernière crise concerne des actions contre la presse privée du pays, qui est souvent critique envers les autorités. M. Benchicou a été condamné à deux ans de prison pour un motif lié à des mouvements de devises et que les groupes de liberté de presse considèrent comme une excuse pour pénaliser une voix critique envers le gouverne- ment ; M. Ghoul a été condamné à deux mois de prison pour « diffamation et outrage » à la suite d’un entretien sur la situation des droits de l’Homme publié dans Le Soir d’Algérie. « Nous avons créé une nouvelle alliance de solidarité entre les journalistes algériens et leurs collègues en Europe et à travers le monde », a déclaré le secrétaire général de la FIJ Aidan White, qui présidait la conférence de presse. « Nous devons nous confronter aux récents événement ; nos collègues doivent être libérés et le gouvernement doit respecter les normes internationales de la liberté de la presse. » La réunion s’est accordée à soutenir une structure permanente chargée de faire le suivi de la situation de la liberté de la presse, des intimidations envers les journalistes en Algérie et de faire appel directement à l’Union européenne pour protester contre les mesures répressives des autorités algériennes à l’encontre de la liberté de la presse. La réunion a noté que les actions à l’encontre des journalistes vont à l’encontre des accords signés entre l’UE et l’Algérie. « Nous devons développer une action internationale pour défendre la liberté de la presse en Algérie », a déclaré Aidan White. « Cela inclut une présence sur le terrain pour répondre aux attaques lorsqu’elles ont lieu. » Le débat était organisé par Journalists at your service, une alliance de groupes de journalistes — la Fédération interna- tionale des journalistes (FIJ), l’Association générale des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB), l’Association de la presse internationale (API), le Syndicat national des journalistes du Royaume-Uni (NUJbranche bruxelloise) et le Centre européen de journalisme. Parmi les intervenants se trouvaient Omar Belhouchet, directeur du quotidien El Watan, Fatiha Benchicou, l’épouse de Mohamed Benchicou, Rabah Abdallah, secrétaire général du Syndicat national des journalistes, et Zoubir Souissi, responsable du Conseil de l’éthique et de la déontologie. La FIJ représente près de 500 000 journalistes dans plus de 100 pays Mouvement citoyen du Sud Les détenus entament une grève de la faim L es huit délégués du mouvement citoyen du Sud, détenus à la prison de Ouargla depuis le 5 juin dernier, entament aujourd’hui une grève de la faim. « Ils veulent, par cette action extrême, attirer l’attention du gouvernement, de l’opinion nationale et des défenseurs des droits de l’Homme sur leur emprisonnement qu’ils jugent injustifié », nous a affirmé hier le parent d’un détenu. Information que nous a confirmée l’avocat qui leur a rendu visite à la prison hier matin. Le recours à la grève de la faim inquiète les familles des détenus qui craignent le pire. « Nous les connaissons, ils ne décident jamais d’une action sans en mesurer toutes les conséquences. S’ils entament la grève de la faim, ils iront jusqu’au bout. On craint pour eux, il faut savoir que c’est 4 l’isolement qui les attend et qu’à Ouargla en ce moment, il fait très chaud, la température peut atteindre les 50 degrés à l’ombre… », fait remarquer le frère d’un détenu qui précise que le recours à la grève de la faim n’a pas été évoqué par le passé. « Ils ont préféré laisser les choses se faire normalement car convaincus de n’avoir rien fait de mal. Ils pensaient sincèrement qu’ils allaient être libérés après l’appel introduit à propos du mandat de dépôt. Le maintien de la détention préventive prononcée lundi dernier par la chambre d’accusation du tribunal de Ouargla leur a fait admettre l’évidence : ils sont en prison pour des raisons politiques. » Le maintien du mandat de dépôt des huit détenus, et le silence de toutes les autorités qu’ils ont saisies ont conduit les délégués à LE MATIN N° 3756 dimanche 27 juin 2004 organiser une réunion le weekend dernier pour arrêter d’autres démarches pour la libération de leurs camarades. A l’issue d’un conclave qui s’est déroulé à Ouargla, le Mouvement citoyen des enfants du Sud pour la justice (MSJ) a rendu public un communiqué dans lequel il dénonce, une fois encore, l’arrestation injustifiée des deux délégués d’El Bayadh et des six délégués de Ouargla. Ils estiment que l’interpellation et la mise sous mandat de dépôt de Hafnaoui Ben Ameur Ghoul, porte-parole du mouvement incarcéré à Djelfa, celles entre autres de Termoun Abdesselam, porte-parole par intérim, Termoun Taieb, Bensaci Zoubir, délégués de Ouargla, et de Larbi Tahar et Tahri Slimane, délégués de Labiodh Sidi Cheikh, tous incarcérés à la prison de Ouargla, sont « arbitraires et constituent une dangereuse atteinte aux libertés et une entrave au processus démocratique en Algérie ». Pour rappel, les huit délégués sont à la prison de Ouargla depuis près d’un mois aux motifs suivants : « Associations de malfaiteurs, activité dans le cadre d’une association non agréée et distribution de tracts portant atteinte à la sûreté de l’Etat. » A l’occasion, le mouvement affirme « que l’emprisonnement des délégués est une affaire politique qui doit être solutionnée par une décision politique ». Ils considèrent que l’argument juridique avancé pour interpeller et emprisonner les délégués « est une manière d’utiliser la justice pour brimer les libertés ». Le mouvement s’indigne des condamnations prononcées à l’encontre de Hafnaoui Ghoul et aussi de celles prononcées à l’encontre des émeutiers de Bladat Amar. Une localité de Ouargla « qui a vécu des émeutes ayant conduit à la mort d’un citoyen et la cécité d’un autre, actuellement en détention ». Le communiqué souligne aussi « la position courageuse des aârouch de Kabylie, solidaires du mouvement citoyen du Sud ». Le mouvement citoyen du Sud félicite la presse indépendante pour son combat courageux pour les libertés et dénonce la condamnation de Mohamed Benchicou. Par ce communiqué, le mouvement dit vouloir attirer l’attention des associations des droits de l’Homme, des personnalités politiques « qui croient en la démocratie » et les appelle à intervenir pour la libération des détenus du Sud. Saïda Azzouz Polémiques « Polémiques » est un espace réservé aux débats Choisir son culte De la stratégie post-terroriste Un groupe d'universitaires algériens, sans doute proche de la tendance islamiste conservatrice, est monté dernièrement au créneau non pas pour dénoncer les violations quotidiennes des individuelle. Se taire, c’est se condamner en silence à la résignation, à l’acceptation de l’inconcevable, sans la possibilité de dire de quoi il s’agit vraiment et d’affirmer autre chose de rationnel. A mesure que la situation devient difficile et porteuse d’incertitudes, le sensé s’éloigne de plus en plus. Face à la réalité amère, nous nous retrouvons dans l’obligation de nous départir de notre conviction que personne ne doit faire pression et remettre en cause les décisions de la justice. Lorsque les délégués des aârouch organisaient leurs sit-in devant les tribunaux pour exiger la libération des détenus politiques du mouvement citoyen, nous avons (ré)affirmé que c’est là une action contraire à l’esprit de notre revendication pour l’indépendance nationale et pour l’autonomie de la justice. Les sit-in devaient se faire devant les sièges des wilayas incarnant le Pouvoir à l’échelle régionale. Alors que les détenus relèvent du statut politique et arrêtés sur ordre des décideurs politiques pour des raisons de gestion de la vie publique. La condamnation de Benchicou, juridiquement discutable, politiquement indéfendable et moralement répréhensible, nous laisse sans voix. Bien que nous ne partagions pas toutes les approches et les idées de l’intéressé, l’atteinte à sa liberté de dire est une offense à l’Algérie de nos rêves. Cette condamnation, qui résonne comme une vengeance personnelle, exprime fortement le manque de vertu de nos dirigeants qui se laissent distraire par leur subjectivisme et surtout le risque évident de voir la remise en cause dangereuse des avancées des libertés publiques. L’emprisonnement des journalistes Ghoul et Benchicou sonne comme une rupture avec la prudence et la retenue de s’attaquer à la liberté d’expression, observées depuis une décennie par le Pouvoir. Cette situation, loin d’être banale, peut constituer un tournant majeur dans la vie démocratique de notre jeune Etat. De la transformation pacifique du régime, la fermeture de l’ensemble des espaces d’expression peut conduire à des situations préjudiciables. Le Pouvoir n’at-il plus besoin de la presse comme vitrine démocratique ? La compétition acharnée entre les Etats-Unis et la France quant à la domination du marché national autoriset-elle cette insouciance sur la défense de l’image du pays à l’extérieur ? En réalité, le Pouvoir algérien n’a jamais admis la liberté qui caractérise la presse et la société. C’est contraint qu’il a vécu avec, ménagé et supporté les assauts. Cette liberté d’expression, qu’il a toujours vécue comme un malaise, une provocation et un défi à son autorité, il ne la conçoit que dans son intégralité. La volonté de venir à bout de cette liberté et de la presse, considérée comme un abus, un excès et une outrance, n’est pas liée seulement à l’élection du 8 avril 2004. Elle est surtout la manifestation de la stratégie élaborée pour la gestion de l’après-terrorisme. Si le terrorisme a bloqué la reprise économique, son recul a permis au peuple de retourner sur la scène politique et l’émergence des revendications sociales qui accaparent la vie publique. Une presse libre, indépendante et démocratique est un appui sans pareil à la construction d’une alternative sociopolitique au régime. Ce dernier se perpétue par la manipulation et la force sans jamais admettre ses limites. Aussi le dépassement des clivages qui fragilisent le mouvement démocratique n’estil pas un impératif stratégique quant à l’unité d’action des partis, des mouvements et des organisations de démocrates. L’avenir de la liberté en dépend. La liberté de Benchicou et de Ghoul est une levée d’hypothèque sur l’avenir démocratique de l’Algérie. Leur maintien en prison est une honte pour un pays qui se veut leader de la démocratie dans le monde arabe et africain. Dire et partir en prison, ce n’est rien devant dire et mourir de Djaout et d’autres hommes et femmes qui se sont sacrifiés pour voir l’Algérie debout. droits de l'homme en Algérie, la répression et le harcèlement que subit quotidiennement la presse indépendante, mais pour attirer l'attention de l'opinion publique sur l'évangélisation des populations kabyles. Comme si c'était un crime de choisir librement un chemin spirituel qui calque le mieux ses convictions religieuses. Ces porte-parole de l'idéologie islamiste conservatrice que nous n'avons pas vus durant les graves événements de la Kabylie, évènements qui ont fait le tour des capitales et villes occidentales, décident, à partir d'un lieu où sont enseignés les éléments d'une idéologie qui ne fait pas recette dans cette région d’Algérie, d’aller en guerre contre une des nobles valeurs qui font normalement la force de toute société civilisée qui se respecte. Je cite le libre choix de culte même si c’est dans un pays musulman comme l'Algérie. Je pense que des intellectuels de l'université Emir-Abdelkader de Constantine n'ont ni de leçons à donner ni de conduite à dicter, sur le choix de société ou de culte, à une région aux traditions ancestrales tolérantes et ouvertes aux autres. Son combat pour l'instauration d'une véritable démocratie en Algérie n'est plus à démontrer. Rachid Bandou, Québec Brahim Tazaghart, auteur en tamazight Peu de choses L’emprisonnement des journalistes et la fermeture du siège d’un journal, après la répression du mouvement citoyen en Kabylie, à T’kout et ailleurs, est une répression de la liberté. La liberté de la presse, grand acquis arraché dans la douleur pour lequel des Algériennes et Algériens ont été égorgés, vient d’être lourdement payée par Ghoul et Benchicou. Alors qu’Ali Benhadj n’est plus en prison. Pis encore, il est aujourd’hui complètement blanchi des crimes qu’il a commandités. L’acquis de la liberté de la presse a, jusque-là, survécu aux différentes campagnes de harcèlement menées par les détenteurs de la pensée unique et autres partisans de l’arabo-baâthisme qui sont incapables d’adopter un projet porteur d’humanisme et de modernité. Le verdict prononcé à l’encontre des journalistes est une vendetta politico-juridique, mais elle n’arrêtera pas le rêve d’une Algérie libre. Un jour viendra où tous ceux qui ont participé à cette mascarade juridique seront ramenés à ce qu’ils sont réellement : peu de choses. Abbès Zouaghi, Ras El Oued A nos lecteurs. Nos lecteurs désireux de faire paraître leurs messages dans cet espace réservé aux débats politiques sont priés de mentionner leurs noms et adresses avec exactitude, faute de quoi la publication de leurs lettres serait impossible. Pour participer à cette rubrique, vous pouvez envoyer vos messages par : Mail : lematin-dz.com. Fax : 021.67.06.83 Poste : Le Matin 1, rue Bachir-Attar, 1er-Mai, Alger. VOS Se taire devant l’injustice, c’est accepter de mourir un peu ou plus peut-être. Tout dépend de la sensibilité et de la conscience MESSAGES Irrespectueux La répression des journalistes en raison de leurs opinions démontre la fragilité de la liberté d'expression, chèrement conquise. Ces décisions répressives n’ont comme effet que de dévoiler le caractère antidémocratique et irrespectueux du pouvoir actuel. Abdel Kess Derrière les barreaux Oh combien sensible aux droits de l'homme ! Il n'est pas admissible que des peines de prison soient appliquées pour entraver la liberté d'expression. Un pays où la presse n'est pas libre n'est pas un pays libre. Même derrière les barreaux, les idées s'échappent et font leur chemin, heureusement. Toutes mes amitiés au peuple algérien qui a tant besoin de vivre libre et a déjà payé si cher son droit à l'indépendance. Mais le combat pour la liberté, pour les droits de l'homme n'est jamais définitivement acquis, il doit être sans cesse poursuivi. Henri Pouillot Matière à penser Hélas ! la destinée de tout homme libre et juste est vouée à la condamnation ! J’espère que ces cas d’injustice donneront matière à penser aux hommes de la justice pour faire libérer Benchicou et Ghoul. Alors qu’en ce troisième millénaire, il y a tout un corpus juridique. Veut-on faire un procès à la liberté de la presse et de la pensée libre en Algérie en la personne de Benchicou et de Ghoul ? Car l’exercice du fait politique ne consiste pas à faire taire la pensée rationnelle de l’intelligentsia et à réprimer la contestation populaire. Moulahcene Mustapha (Kabylie) LE MATIN N° 3756 dimanche 27 juin 2004 5 A LA UNE Benchicou en prison : la solidarité Pétition pour la libération de Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul Suite des signatures : Sihem Bensedrine (avocate tunisienne et militante des droits de l'homme), Ghenim Souham (formatrice), Rafik Khalfaoui (militant tunisien des droits sociaux et humains, Belgique), Louani Nadia (formatrice), Bouhafs Nadia (formatrice), Belhocine Nafissa (formatrice), Hamitouche Hachemi (formateur), Mlanac Hubert (formateur), Hammiche Rachida (formatrice), Doulle Corinne (secrétaire médicale), Taouch Nora (formatrice), Ghenim Amine (avocat), Stephane Belmihoub (formateur), Dahamna Ahcene (avocat), Malek Bensmaïl, MarieGeneviève Guesdon (bibliothécaire, Pantin), Salah Zebdi (psychiatre), le collectif Bnet Fathma n’Soumeur, Saïd Fettache (université de Rouen, Haute-Normandie), Elodie Bontain (lycéenne en Normandie), Ammar Debit (directeur d'entreprise, Annaba), Faouzia Debit (professeur d'anglais, Annaba), Fatiha Kateb (ENS, Paris), A. Koroghli (avocat-auteur, Paris), Bernadette Denis, Marie-Claude San Juan (professeur de français, Paris), Djamel Khellef (économiste et traducteur, Montréal), Els Goeman (Belgique), Bachir Ghezal (journaliste), Hakim Beddar (artiste-peintre), Kamel Taleb (coordinateur d’insertion), Claudia Adani (professeur à Bologne, Italie), Halim Yasnes (enseignant), Ghanem Zoubir (étudiant, Paris I), Messaoud Aitelhocine (enseignant), Chemim Chabane (militant associatif, Lyon), Bassam Andari, Ariles Zebbar (collégien, Montréal), Gribi Mustapha (citoyen), Haddadi (artisan à Batna), Danielle Bidard-Reydet (sénatrice de Seine-Saint-Denis, groupe Communiste), Jean-Luc Bouaziz, (conseiller municipal de La Courneuve), Roland Nivet (viceprésident du Mouvement de la paix), Ahmed Rachedi (cinéaste), A. Bouchagour (médecin syndicaliste, SNPSP), François Gèze (éditeur), L’association culturelle Amezruy d’Aït Bouaddou (membre du Congrès mondial amazigh, membre du MCB), Farid Bensaâdi (Sonatrach), Azouz Hachlaf (architecte-artiste), Kety Karaiskou, Marie-Françoise Colombani (journaliste), Riadh Allal (Oran), Halim Zenati (photographe), Aziz Tabouri (MDS Europe, cadre), Hadj-Ali Nadjia (Algérie), Lathrache Rabia (Algérie), Fassouli Kenza (Algérie), Zoubida Benmansour, association LAM (collectif de musiciens 600 adhérents), Kassem et Michèle Idir, Sophie Téna, Dekali Yamina (lycéenne, Alger), Kheira Sayah (RAFD), Kamel Badaoui (ingénieur statisticien), Ryadh Oulmi (ingénieur électricien et… citoyen algérien), Lounès Abdenour (Montréal Canada), Oukaour Hakim (étudiant Alger), Amirouche Naït-Chabane (chanteur kabyle), Karim Bekkouche (Los Angeles), Med Kechidi (maître de conférences (UTM Toulouse), Akli Khermane, Ismaïl Deha (universitaire), Boumediène Missoum (correspondant Le Matin à Berlin), Dahou Ezzerhouni (journaliste, ancien rédacteur en chef du Quotidien d'Oran), Saïd Zidat (ingénieur), Abdenour Aguini (Bouira), Ratiba Chergou (citoyenne), Pierre Barbancy (grand reporter), Mahfoud Mesbah (ex-professeur et journaliste), Kamal Hadidi (chercheur, USA), Aziz Tiberguent (médecin), Azzedine Belferag (journaliste algérien, France), Marie Agrell (professeur IUT Paris), Boubekeur Attik (MDS), Oulhaci Fatah (MDS), Idir Ahmed (MDS), Rezki Fateh (MDS), Ouheddad Mouhand (MDS), Nadour Fodil (MDS), Khedim Hafidak, Khedim Samia, Khedim Toufik, Khedim Rachida, Carole Monot (médecin), Béatrice Agrell (étudiante), Missoum Boumediène (correspondant Le Matin, Berlin), Aouli Samira (médecin), Amrani Ali Cherif (médecin), Odile Léon (documentaliste Cannes), Hacène Moussa (éducateur), Thierry Bosc, Association des blessés de Kabylie, Antoine Spire (journaliste), Amal Dermèche, Hamou (ingénieur, Guadeloupe), Allam Samia (directrice en informatique), Yahia Debboub (réalisateur), Zinaï Amel, Leïla BenlabedHamoutène (écrivain), Benkhelouf Mohand, Rabah Hachichi (ingénieur), S. Tesson, Jacques Bidon (acteur), Marianne Dumoulin (actrice), Frédérique Deschamps (journaliste), Renaud Lecadre (journaliste), Francis Etienne (journaliste), Catie de Balmann, Jean Rolin (écrivain), Sophie Rijjelhueber (intellectuelle), Kate Barry (intellectuelle), Frédéric Ouzaro (journaliste), F. Cadon, Yves Robin, Laura Scohet (journaliste), Farid Bensaâdi (Sonatrach), Maguy Deck (technicienne), Mehdi Abdenour (étudiant), Mohamed Tamba, Bachir Talbi, Mohammed El Habib Chami, Kouras Ferhat (Jijel), Mohand Améziane Harbane (citoyen), Tarik Larbi (pharmacien), Habib Abbaci, Sabrina Slimani (France), Mourad Issaâdi, Abderrahmane Sahraoui, Ibelaidène Salah (hôtelier), Rabah Ibrir (hôtelier), Lahlou Hanifi (hôtelier), Hocine Himène (hôtelier), Ameyar Hafida (journaliste), Kader Allam, Mouloud Benali, Akli Khermane (militant amazigh), Lyès Kamal (bureau de la LADDH de Saïda), Youcef Zirem (écrivain), Rebba Saïda (Béjaïa), Ouattar Riad (journaliste), Abderrezak Belaïd (Laval, Canada), Athemani Mustapha (doctorant en sociologie politique à l’université de Paris), Bouanfel Brahim, Karim Aiche (TS en informatique), K. Louzazna (universitaire), Salim Hamat (étudiant), Hachemi Kheloufi (commerçant, El Kseur), Boudjemaâ Karèche (directeur de la Cinémathèque algérienne), N'Amar Mohamed (Cinémathèque algérienne), Farès Rachid (comédien), Akli Khermane (Tizi N'tlakht Ath Mahmoud), Mohamed Benterar (correspondant de Ouest Tribune à Tlemcen), Nicole Borvo, sénatrice (présidente du groupe communiste et républicain du Sénat, France), Nicole Logeais (Union démocratique bretonne, France), Association Volonté-initiative-engagement (VIE) Le président de la LADH interpelle l’ONU « Arrêtez la persécution ! » A près la mascarade du 8 avril, le pouvoir de Bouteflika n’a pas tardé à mettre à exécution ses menaces contre les libertés, toutes les libertés. Partis politiques, journalistes, militants du mouvement citoyen sont persécutés par une justice aux ordres et jetés en prison comme des criminels au moment où les assassins du peuple et des institutions de l’Etat algérien sont honorés par les plus hautes autorités du pays. Quel délit a commis Benchicou ou Hafnaoui devant ce que fait la mafia politico-financière à l’économie nationale et à la stabilité du pays ? L’association VIE s’élève contre cet arbitraire avec force et joint sa voix à toutes celles qui exigent la libération immédiate de Benchicou et Hafnaoui et l’arrêt des poursuites judiciaires contre tout autre journaliste ou militant de la démocratie. VIE Hamid Bousmah (cinéaste), Francine Guillaume (Conseillère régionale Vert, France), Mourad Tazzout (consultant, France), Hamid Mohandi (Amnesty International, Montréal, Canada), Karim Bekkouche (caissier, Los Angeles, EtatsUnis), Karima Bekkouche (coiffeuse, Los Angeles, Etats-Unis), Selma Fardheb (Montréal, Canada), Taous Ameyar (chef d'entreprise), Lina Benamar (retraitée), Maya Ameyer-Zazoua (chercheur, fille de Kheireddine Ameyer), Kamel Kidji (syndicaliste CGT, Paris), Yaghmorassen Mohamed (enseignant), Zouhair Yahiaoui (journaliste en ligne, Tunisie), Abderrezak Belaïd (Laval, Canada), Issaâdi Mourad (étudiant Lille, France), Ahmed Guennoun (analyste politique), Benhamadouche Sofiane (chercheur), Nassim Houari (étudiant, France), Mohamed Bensadok (fonctionnaire au Haut-Commissariat à l'amazighité), Hammi Malika (étudiante), Hammi Arab (étudiant), Hamoudi Lanani (Evry, France), M. Azouaou (Ile de la Réunion), Akli Khermane (militant amazigh), Kamel Louzazna (universitaire), Idinarène Omar (gestionnaire financier, Canada), Cherif Guenoun (Etats-Unis), Dany Dool (France), Jean-Michel Hennequin (Amitiés sans frontières, France), Alban Thierry (contrôleur aérien, France), Zalatou Nino (Aurès), Mourad Sahli (doctorant en 3e cycle, Belgique), Aït Hamouda Wassila (étudiante), Bouzid Meriem (étudiante), Bouzid Lamia (lycéenne), Akkou Karim (cadre marketing), Renate Ahmia (Hambourg, Allemagne), Mohamed Halès (militant associatif), Loualia Djamel (Lille, France), Lamrous Naïma (orthophoniste), Sellah Omar (ingénieur géologue), Karima Aït Hemmi (licenciée), Nadjet Boubekeur (Montréal, Canada), Saïd Benazzoug, Aït Taourirt Amokrane (Etats-Unis), Moussa Naït Abdelaziz (professeur à l'université de Lille1) L e président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADH), Me Boudjemaâ Ghechir, vient de rencontrer le responsable de la région monde arabe au niveau du HautCommissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme. La rencontre tenue en marge d’une conférence sur le rôle du mouvement associatif dans les réformes, organisée à la bibliothèque d’Alexandrie, a permis au président de la LADH de faire un exposé sur la situation actuelle en Algérie marquée par la persécution subie par les défenseurs des droits de l’Homme, le harcèlement policier et judiciaire contre la presse et les dernières évolutions, notamment l’incarcération de Hafnaoui Ghoul et Mohamed Benchicou. Le responsable onusien a été très attentif et les deux parties ont convenu de rester en contact pour suivre de près l’évolution de la situation. Nouri Nesrouche Opinion S’organiser pour défendre la liberté de la presse et d’expression L es procès iniques intentés à Hafnaoui Ben Ameur Ghoul et à Mohamed Benchicou et leur incarcération scandaleuse interpellent tous les professionnels de l’information, en premier lieu, et audelà, l’ensemble de la classe politique et du mouvement associatif, toutes tendances confondues. Nul ne doit ignorer qu’au-delà des personnes, des journalistes et de leurs idées, c’est toute la profession qui est visée, plus particulièrement la presse privée. Et pardessus la liberté de la presse, c’est la liberté d’expression et d’association qui accuse l’une des premières et très graves atteintes à son libre et plein exercice. De ce fait, aucun organe de presse, aucun journaliste, fut-il du secteur public, aucun parti politique, aucun syndicat et aucune association ne doit plus jamais rester indifférent et les bras croisés face à ce genre de cabale visant un ou plusieurs journaux, un ou plusieurs journalistes. 6 La profession dans son ensemble et la corporation des journalistes ont trop encaissé de mauvais coups dans la division et l’indifférence des uns vis-à-vis des autres, au plus grand profit des ennemis de la liberté et de la démocratie. Il est grand temps que cessent les attaques, les fausses accusations contre la presse, les appels au meurtre de journalistes, les suspensions sous de fallacieux prétextes, les harcèlements judiciaires, les emprisonnements pour délit de presse et d’opinion, l’instrumentalisation de la justice et le contrôle exclusif des médias publics ainsi que des moyens d’impression par les hommes au Pouvoir. Pour cela, la presse et les journalistes doivent trouver les voies et moyens d’une défense et d’une solidarité qui transcendent les divergences d’opinions et préservent le droit de chacun d’exister et d’exercer librement le métier, d’exprimer ses opinions, de clamer la vérité telle qu’ils la perçoivent. LE MATIN N° 3756 dimanche 27 juin 2004 Ce faisant, la presse, dans toute sa diversité et ses différences, peut devenir le noyau d’un vaste mouvement qui veille sur le respect de toutes les libertés individuelles et collectives sur la stricte observation des lois et règlements par ceux qui sont chargés de les appliquer, sur l’indépendance de la justice, un mouvement d’opinion qui soit une digue contre toutes les agressions visant la presse et les libertés démocratiques, un mouvement capable d’imposer les normes modernes de la bonne gouvernance impliquant la préservation et l’approfondissement des libertés démocratiques acquises aux prix de grands sacrifices. Fer de lance et rempart de la démocratie, la presse a l’impérieux devoir d’être solidaire, sans aucune discrimination de toutes les victimes de l’injustice en général et plus particulièrement de chacun de ses membres victime de l’arbitraire quel qu’en soit l’auteur et quelles que soient les idées de la victime. Il y va de l’existence de la presse, de sa dignité, de son indépendance et de sa crédibilité auprès de l’opinion nationale et internationale. Les citoyens qui sollicitent souvent la presse comme dernier et ultime recours contre l’injustice ne comprendraient pas qu’elle tolère l’injustice dans ses rangs sous prétexte qu’on ne partage pas les idées de la victime. C’est pourquoi la mobilisation autour de la libération de Hafnaoui Ghoul et de Mohamed Benchicou appelle l’implication de toute la presse et, au-delà, de tous les courants de pensée attachés à la démocratie qui ne saurait s’épanouir à l’ombre de graves atteintes à la liberté de la presse et d’expression. La société civile et la presse sont soumises à une épreuve difficile ; un test pour les capacités de résistance et de cohésion de cette dernière en tant que catégorie professionnelle phare de la société. Youcef Bournine, journaliste A C T U E L Colloque international à Alger Où trouver l’emploi ? Le Matin O ù trouver l’emploi et comment déterminer les secteurs créateurs d’emplois ? Pour le directeur de la Caisse d’allocation-chômage (Cnac) Mahrez Aït Belkacem, c’est la question fondamentale que son organisme doit se poser s’il ne veut pas se limiter à distribuer des pensions aux milliers de travailleurs tombés sous le coup des plans sociaux. En prenant la parole lors du colloque international sur l’emploi en Afrique du Nord, tenu depuis hier sur l’initiative du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD), le patron de la Cnac a résumé les soucis de millions de chômeurs. Le discours officiel ayant perdu jusqu’à ses effets d’annonce, la promesse du gouvernement de créer 2 millions d’emplois dans les quatre prochaines années laisse froids autant ces derniers que les experts de tous bords. Le ministre de l’Emploi et de la Solidarité Djamel Ould Abbas, qui a détaillé les différents dispositifs visant à absorber le chômage, a rencontré des sceptiques. Il n’y aurait donc plus de quoi s’inquiéter puisque le gouvernement a tout prévu pour faire exploser le niveau de l’emploi, chuchotait-on ici et là. Pourtant, les chercheurs qui se sont succédé à la tribune de cette conférence internationale ont démontré que le problème est loin d’être résolu et que les conséquences du nonemploi allaient plonger, dans quelques années, de nouveaux pans de la société dans la précarité. Le directeur du CREAD, Mohamed Yacine Ferfera, attirera l’attention sur le paradoxe du taux de croissance et du taux de chômage. La bonne tenue de l’une n’a pas agi sur l’autre. Son collègue, Mohamed Saïb Musette, fera remarquer à son tour que les effets du taux de croissance (6,8 %) sont nuls sur l’emploi en raison de son origine. Elle ne peut générer de l’emploi étant le produit de la rente pétrolière et non des investissements internes. Abdelwahab Rezig, représentant du Comité économique pour l’Afrique (CEA, ONU), invite d’ailleurs à réfléchir au moyen de profiter de la croissance pour impulser une dynamique aux politiques d’emploi. Pour mettre les experts sur la voie, il leur donnera quelques clés : les emplois sous-payés ne garantissent pas leur stabilité. Celle-ci découle plutôt de la compétence de l’employé, résultat d’une formation de qualité, souligne-t-il. Se référant à une étude de l’Unesco, il révèle que des investissements dans l’éducation font accroître d’un demi-point le niveau de l’emploi. L’éducation, c’est donc de meilleures chances de succès dans la recherche d’un emploi, des motivations de productivité plus fortes et, par conséquent, une rémunération à hauteur de l’effort consenti. Mais pour consacrer ce schéma, il faudrait que l’Etat revienne à ses missions d’éducation et de développement économique. Sans doute là que le bat blesse. Le désinvestissement constaté depuis plusieurs décennies a produit la ruine dans de nombreux secteurs socioéconomiques. Aussi n’est-il pas étonnant que l’analphabétisme soit si élevé dans des pays à revenus intermédiaires comme ceux du Maghreb. D’autres experts soulignent l’incapacité de l’Etat à transformer les capitaux dormants dans les banques en capitaux d’investissement. Nadji Khaoua et Belgacem Madi, tous deux de l’université d’Annaba, mettent en exergue la contradiction entre le niveau élevé de l’épargne existante, la faiblesse des investissements et les engagements de l’Algérie avec l’Union européenne. L’accord d’association exige une mise à niveau de tous les secteurs d’activité, une dynamisation de l’investissement dont le résultat serait la création d’emplois. Mais pour cela, il faudrait utiliser l’argent qui dort. Et tant que la situation n’évoluera pas, l’Algérie continuera à risquer de nouvelles crises. Dont celle du déficit grandissant de la caisse de retraite. Le licenciement de 400 000 personnes et l’arrêt de la création d’emplois sont en train de peser sur les équilibres de la CNR. Depuis 1996, son déficit se creuse de 30 % tous les ans, indique Omar Bouazouni. D’ici à 2025, des poches de pauvreté pourraient apparaître dans la frange des retraités si rien n’est fait. Katia Debbouz Les officiers de la marine marchande en grève depuis hier La direction fait appel aux briseurs de grève C e sont des officiers outrés que nous avons rencontrés hier au siège du Syndicat national autonome des officiers de la marine marchande (Snommar), section de l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), qui emploie quelque 1 600 travailleurs, toutes catégories confondues. Entrés, hier, en grève « des plus légales » en application de la législation du travail qui consacre le droit à la grève, ils sont accusés par leur direction de « refus de travail » et cumulent depuis sanctions et intimidations. Plusieurs navires ont commencé à être immobilisés en l’absence de dialogue entre les deux parties en conflit. Hier, vers 17 heures, le départ du Hoggar, prévu à 19 heures, du port d’Oran vers Alicante était encore hypothétique. Pour aujourd’hui, dimanche, deux navires pourraient connaître les mêmes incertitudes. Il s’agit du Zéralda pour la ligne AnnabaMarseille et le Tariq pour la ligne Marseille-Alger. Selon nos interlocuteurs, dans l’objectif de neutraliser les effets du débrayage, la direction de l’ENTMV a déjà procédé à leur remplacement par leurs collègues qui, eux, sont plutôt de la marine marchande « empruntés » au Groupe Cnan. S’agissant du navire Le Hoggar, c’est en notre présence hier que le conseil syndical est averti par téléphone que le commandant vient de recevoir l’ordre de la direction générale de faire débarquer les officiers en grève, par intervention des services de sécurité, avec notification de refus de travail, ce qui veut dire leur traduction vers la commission disciplinaire. L’un des syndicalistes nous exhibe aussitôt la convention collective, pour ne citer que ce texte, qui stipule dans son article 238 qu’en « cas de grève légale, il est interdit de recruter des travailleurs pour remplacer ceux en grève », tout comme « il est interdit de sanctionner les grévistes ». En l’absence de concertation imputée par le syndicat à la direction, les intimidations se multiplient. On saura que deux grévistes ont vu leurs salaires suspendus, que le président du conseil syndical, détaché depuis novembre 2003, vient de recevoir la fin de son détachement et un appel à la reprise de son travail en tant qu’officier. Le conflit remonte à août 2003 lorsque le syndicat autonome soumet une plate-forme de revendications d’ordre socioprofessionnel en 22 points. Les négociations butent aussitôt sur la question salariale. Un premier préavis de grève est déposé le 18 février 2004 pour une grève d’un mois prévue à partir du 19 mars. Les tractations vont alors bon train et sur intervention du secrétaire général des transports au ministère de tutelle, le P-DG rassure le syndicat, par courrier, que « le point relatif au réajustement des postes du collectif des officiers a été pris en charge ». L’attente des destinataires de la missive s’allonge et un autre préavis de grève est relancé le 16 juin qui est entré en application hier le 26 du même mois. Lors de cette conférence de presse, les représentants des 108 travailleurs sur les 145 que comprend cette branche se disent toujours prêts au dialogue, mais faut-il encore qu’ils soient reconnus en tant que tels. Ameziane Mehenni inhumé à Maraghna (Illoula) A meziane Mehenni, fils de Ferhat Mehenni, porte-parole du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), a été inhumé hier à Maraghna — son village natal — dans la commune d’Illoula Oumalou. Des dizaines de milliers de personnes venues de toutes les wilayas du centre du pays se sont recueillies devant la dépouille du jeune Ameziane, assassiné la semaine dernière à Paris. Exposé devant la demeure familiale, le cercueil enveloppé de l’emblème des Imazighen est entouré par ses proches, la mère, la grand-mère, les frères et sœurs et de Ferhat qui a reçu tout le soutien moral des milliers de visiteurs. Parmi ces derniers, on notera beaucoup d’artistes dont Aït Menguellet, Amour Abdennour, Farid Ferragui, Oulahlou…, des animateurs du mouvement citoyen entre autres Belaïd Abrika, Ammi l’Hadj…, des personnalités telles que Amara Benyounès, porte-parole de l’UDR, de l’avocat Mokrane Aït Larbi, etc. C’est vers 13 h que la dépouille d’Ameziane est acheminée vers le cimetiè- re du village accompagnée d’un impressionnant cortège et d’un cordon de sécurité constitué des jeunes du village. Des membres de la famille ont pris la parole pour rappeler les qualités d’Ameziane, de son père et de son grand-père Ameziane tombé au champ d’honneur (1954-1962). L’intervention de Ferhat fut des plus émouvantes. Tout en s’en prenant aux auteurs du crime qui lui ont ravi son fils à la fleur de l’âge, il a courageusement remercié l’assistance et s’est senti soulagé par l’ampleur de la compassion. Ferhat a ensuite chanté une chanson italienne Bella Ciao, doublée pour la circonstance en kabyle et que son fils Ameziane, dix jours avant sa mort, lui a préconisé de chanter. La chanson fait couler les larmes à bon nombre de personnes avant que la grand-mère ne lance des youyous. Des applaudissements fusent de toutes parts. Après l’enterrement, l’imam du village a lu la Fatiha suivie d’une minute de silence. Repose en paix Ameziane ! Kamel Kaci Notons, par ailleurs, que plusieurs syndicats autonomes ont exprimé hier leur solidarité avec ce mouvement dans le principe de la défense des libertés syndicales. C’est le cas, notamment du Syndicat national des praticiens et spécialistes de la santé publique et le Conseil des lycées d’Alger qui a rendu publique hier une motion de solidarité. Celle-ci a commenté surtout qu’en « luttant contre la dévalorisation de leur situation sociale et professionnelle, en refusant le mépris quotidien qui leur est fait, en revendiquant des salaires décents en fonction de leurs qualifications, les officiers marins veulent sauver leur profession de la précarité dans laquelle les caciques l’ont emmurée ». Affaire à suivre. Yasmine Ferroukhi Plusieurs infrastructures étatiques sabotées par le GSPC à Boumerdès D es attentats attribués, selon nos sources, à des sections locales du GSPC ont ciblé, dans la nuit de vendredi à samedi, plusieurs infrastructures économiques étatiques à l’est et au sudouest de Boumerdès. Entre minuit et trois heures du matin, pas moins de cinq pylônes électriques ont été sciés ou sabotés à l’explosif à michemin entre Keddara et Boudouaou par un groupe terroriste dont deux éléments ont été, rappelons-le, abattus la veille du weekend dernier suite à un engagement des forces combinées de sécurité. En plus d’une perturbation enregistrée, a-t-on signalé, au niveau des forages alimentant la partie sud de cette contrée en eau potable, ce sabotage a provoqué une coupure du courant électrique durant plus d’une demi-heure dans l’agglomération voisine de H’lalmia. Moins de cinq heures auparavant, un autre groupe terroriste avait fait exploser une bombe artisanale au passage d’un train de marchandises non loin de Souk El Had, quinze kilomètres à l’est de Boumerdès. La forte déflagration a provoqué le déraillement d’un wagon et endommagé la voix ferrée sur une longueur de plus de cinq mètres. Aucune victime n’a été, heureusement, déplorée, selon nos sources. Sur le même axe ferroviaire menant vers Bouira, deux autres attentats similaires, l’un à proximité des gorges de Lakhdaria et l’autre près d’Ammal, ont été, pour rappel, enregistrés durant ces trois derniers mois. Une unité d’aviculture a été également incendiée dans la soirée de vendredi à proximité de Legata, relevant de la même circonscription, par un groupe d’individus non encore identifiés. Même si l’on qualifie cet acte de « maffieux » en l’absence pour l’heure d’autres indices, il ne faut guère oublier l’existence d’une jonction depuis plus d’une décennie entre l’islamisme armé et la maffia politico-financière. Salim Haddou Avis de décès Le bureau national de l’Association des militants de la Fédération du FLN en France (1954-1962) a l’immense douleur de faire part du décès de son président Ladlani Amar dit Kaddour, ancien responsable organique de la Fédération du FLN en France, ancien membre du conseil national de la Révolution algérienne (CNRA), survenu le 26 juin 2004. L’enterrement aura lieu dimanche 27 juin 2004 au cimetière El Alia. LE MATIN N° 3756 dimanche 27 juin 2004 7 M ONDE Afghanistan Les Talibans et Ben Laden décidés à empêcher les élections L es Talibans et Al Qaïda de Ben Laden affichent leur détermination à empêcher le scrutin prévu en septembre prochain en Afghanistan. Dans la province de Nangarhar, à l'est de l'Afghanistan, un attentat à la bombe contre un minibus transportant « exclusivement » des femmes afghanes travaillant à l'organisation de ce rendez-vous électoral a fait, hier, trois morts et treize blessés, dont quatre dans un état critique, selon le porte-parole de l'ONU Manoel de Almeida de Silva. La bombe a été dissimulée à l’intérieur du véhicule loué par le comité d'organisation des élections, expliquent les responsables du gouvernement de Kaboul qui soupçonnent le chauffeur du bus de complicité avec les poseurs de la bombe. Cette première attaque sanglante contre le personnel féminin afghan recruté pour le recensement des électeurs en vue du scrutin de septembre a été condamnée par le Président Hamid Karzaï. Il l’impute aux « ennemis de la paix et la prospérité » en Afghanistan et exhorte les 4, 5 millions d’électeurs à ne pas se laisser intimider par la violence. Pour les analystes, cette attaque est à inscrire dans la série des attentats qui se sont multipliés dans le sud et le centre du pays, depuis le début des opérations de recensement des électeurs. Kofi Annan, le secrétaire général des Nations unies, craint que les conditions de sécurité ne soient pas réunies pour la tenue de ces élections qui étaient initialement prévues en juin. « Si, c’est un gros si, dit-il, nous pouvons contrôler l'état de la sécurité, nous devrions être capables d'organiser les élec- tions en septembre », affirme le numéro un de l’ONU, tout en reconnaissant que les Afghans s'inscrivaient « au rythme de cent par jour » et qu’il faut déployer une présence plus large de la force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) assurée par l'OTAN. Une force de 6 400 hommes appartenant à une trentaine de pays, créée dans le cadre des accords de Bonn, qui n’a jamais réussi à s'étendre au-delà de Kaboul. Tous les spécialistes mili- taires s’accordent à dire que l’Isaf sera incapable de protéger tous les bureaux de vote et d'assurer la sécurité dans le pays si ses moyens restent tels quels. Un porte-parole de la commission électorale a récemment affirmé que les élections pourraient être une nouvelle fois reportées en raison de l'insécurité qui persiste dans les provinces afghanes. Un aveu que le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, assimile à un échec que l’alliance ne pourra pas se permettre. Les cinq équipes de 200 hommes chacune que l’OTAN promet de déployer en dehors de Kaboul seront-elles suffisantes avec l’appui des 20 000 soldats de la coalition dirigée par les Etats-Unis ? Pas sûr. Près de quatre ans après l’intervention américaine en Afghanistan, Ben Laden et Mollah Omar courent toujours, et le gouvernement afghan contrôle à peine Kaboul. Djamel Boukrine Réunion au sommet de l’OTAN demain en Turquie L’Irak au menu E n quête de soutiens, George W. Bush et Tony Blair rencontreront leurs homologues de l’OTAN, Organisation du traité du Nord de l’Atlantique, demain et après-demain à Istanbul, sur les rives du Bosphore, en Turquie, sous haute sécurité, — 26 000 policiers — lors d’un sommet où ils tenteront de redorer le blason de l’organisation et de convaincre le camp de la paix de s’impliquer davantage en Irak menacé d’embrasement. Les « 26 » membres de l’Alliance doivent, selon les diplomates, s’entendre sur une réponse à donner à Iyad Allaoui, le Premier ministre irakien, qui a requis leur « aide urgente » pour former des troupes capables de « vaincre la menace terroriste ». Du moins lui donner leur accord de principe que l'organisation jouera un rôle dans la stabilisation du pays après le transfert de la souveraineté le 30 juin et qu’elle lui apportera « un soutien durable ». Paris et Berlin souhaitent un accord limité à la formation de la future armée irakienne et Manifestants contre l’OTAN en Turquie. excluent un rôle direct de l'Alliance dans le pays. Washington et Londres veulent amener l'OTAN à endosser des responsabilités en Irak. Les « 26 » ne discuteront pas à Istanbul — qui a mis au vert 65 islamistes entraînés en Afghanistan et un Kurde spécialiste présumé en explosif — que de l’Irak ; l’extension de l’opération de l’OTAN en Afghanistan, le renforcement de la contribution de l’Al- liance dans la lutte contre le terrorisme, y compris dans le domaine des armes de destruction massive, la contribution à la stabilité des Balkans et la coopération avec les pays du flanc sud, méditerranéen, et du « Moyen-Orient élargi » seront au menu. L’OTAN annoncera demain sa décision de mettre fin à sa Force de stabilisation (Sfor) en Bosnie, et le passage du relais à l'Union européenne en août prochain. Les « 26 » feront-ils en Turquie table rase des « divisions « nées de la guerre en Irak ? » « Je crois que les divisions amères sur la guerre en Irak sont dépassées », déclare le Président américain lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet entre l'UE et les Etats-Unis qui s’est tenu hier à Dublin, en Irlande. Les Etats-Unis et l'Europe « ont tourné la page des divisions à propos de l'Irak et sont prêts à forger un nouveau consensus, plus fort, pour l'avenir de leur partenariat », affirment en chœur le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, et le patron de la diplomatie européenne, Javier Solana, dans une tribune publiée vendredi par le Financial Times. La Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie participeront pour la première fois à la réunion au sommet des chefs d’État ou de gouvernement depuis leur adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, le 2 avril 2004. Djamel Boukrine Nouvelles violences en Irak Des tirs de roquettes ont fait sept morts hier dans le nord-est de l'Irak, tandis que six personnes étaient blessées dans un attentat à la voiture piégée dans le Nord-Est. Une voiture piégée a explosé dans la ville d'Erbil, dans le Nord, selon un porte-parole de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) ayant requis l'anonymat. Un responsable du gouvernement kurde local et cinq de ses gardes du corps ont été blessés. L'attentat s'est produit vers 10 h devant le ministère de la Culture du Parti démocratique du Kurdistan (PDK). Le ministre Mahmoud Mohammed est blessé, d'après des témoins. Le conducteur de la voiture a garé son véhicule et s'est enfui juste avant l'arrivée du convoi du ministre, a précisé le capitaine de police Nazad Ahmed. Par ailleurs, deux attaques ont visé deux partis politiques — le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII) et l'Accord national irakien (ANI) du Premier ministre Iyad Allaoui — et un bâtiment gouvernemental, samedi à Bakouba, dans le Nord-Est (55 km de Baghdad), faisant trois morts parmi les militants politiques et deux blessés, selon l'hôpital et des témoins. Quatre insurgés, dont un portant un harnais d'explosifs d'après l'armée américaine, ont aussi été tués par les gardes des locaux publics. La guérilla semble déterminée à frapper fort juste avant le transfert des pouvoirs au gouvernement intérimaire irakien, mercredi. Jeudi, une série d'attaques contre des locaux de la police et du gouvernement ont fait une centaine de morts dans le centre et le nord du pays. Hier, un soldat américain a succombé aux blessures qu'il avait reçues lors d'une attaque contre sa patrouille dans le centre de Baghdad. Plus de 800 militaires américains ont été tués depuis le début de la guerre en mars 2003. AP LE MATIN N° 3756 dimanche 27 juin 2004 11 L IRE V OIR E COUTER Festival de jazz de Tabarka « Tabarkallah » M ourad Mathari a jeté l'éponge. Le patron de Scoop Organisation, qui était jusque-là chargé de la production artistique et technique du Festival de jazz de Tabarka (Tunisie), a décidé cette année de ne pas participer à l'appel d'offres de l'édition 2004 qui se déroulera du 2 au 10 juillet prochain. Ce changement intervenu après huit éditions successives semble n'entamer en rien la réputation de cette manifestation, unique en son genre, en Afrique du Nord. Et pour cause, la programmation promet d'être, encore une fois, un excellent millésime. Pour confirmer cette notoriété, du reste peu usurpée, les têtes d’affiche donneront beaucoup de goût au nouveau cru. L'ouverture sera ainsi confiée à Buena Vista Social Club qui servira, en entrée, une « sauce » cubaine relevée par un zeste de kitch et de glamour du fringant Ibrahim Ferrer. C'est ce qu'on appelle vraiment taper fort. En fait, pour ceux qui ne le savent pas, Tabarka ça a toujours été un « all access » à un gratin épicé à l'harissa. Une saveur piquante pour les non-initiés, chaude et chaleureuse pour les autres. Les Tunisiens l'ont bien compris : il en faut pour tous les goûts. L'essentiel est de « ne pas bronzer idiot », tel est le slogan insolite que garde jalousement Tabarka sur son fronton. Les mélomanes auront de quoi satisfaire, en effet, durant toute la saison estivale leurs goûts musicaux les plus divers. Après l'oriental, le raï, le jazz, la world-music et le latino, voilà que l'on apprend que le maire de Tabarka, Jilani Daboussi, étudie la possibilité d'organiser l'année prochaine un festival autour des musiques tziganes, très en vogue en ce moment. Certains y verraient de l'opportunisme, d'autres en revanche penseront à un choix éclairé à la lumière de l'imagina- tion qui coïncide, notons-le, rarement avec le pouvoir. Assurément, d'un certain point de vue, même en Tunisie le docteur Jilani Daboussi est considéré comme un personnage atypique. Pour lui, l'esthétique est un « art de vivre ». Son éclectisme parfois déroutant surprend toujours. Et pourtant, ça marche ! Son ambition de faire de Tabarka un haut lieu de la musique mondiale est désormais un pari gagné. Il a réussi en quelques années à faire de ce petit village de pêcheurs, tout proche de la frontière algérienne, la troisième station balnéaire de Tunisie. Jadis enclavée, Tabarka est redevenue un endroit à la mode. Durant l'été, l'axe touristique Tabarka-Aïn Draham affiche dorénavant complet. Côté touristes ou artistes, à chaque fois, c'est la satisfaction générale. Les conditions techniques parfaites. Le séjour des plus confortables. Tous promettent de revenir. Cela dit, seul Youssou N'Dour trouvera le mot juste : « Tabarka ? Tabarkallah ! » Une bénédiction toute tunisienne. Pour le griot sénégalais, Tabarka c'est un air d'Afrique. Il se sent presque chez lui. Que dire alors de nous autres pauvres mélomanes sevrés de bon sens et de bon son « live ». Les habitués algériens le disent ainsi sans ambages : « Tabarka, c'est… stratégique. » Grâce à cette proximité, dont seuls les connaisseurs sont à même de comprendre le sens de nos éloges parfois quelque peu enflammés, les mélomanes algériens ont là une occasion de s'offrir un véritable rêve en musique. Pour essayer de convaincre encore les plus sceptiques, il n'y a qu'à décliner, aujourd’hui, la suite du menu de cette édition, somme toute historique. Ainsi, après Buena Vista Social Club, ce sera au tour du monstre sacré du R&B, Billy Paul de prendre part au rendez-vous tabarkois où l'on pourra écouter Mr & Mrs Jones dans de meilleures conditions que celles qui ont prévalu lors de sa prestation à Alger en 2002 à la clôture du Festival mondial de la jeunesse. En plus, il y aura Archie Shepp de la partie. Un nom si souvent associé à notre pays depuis un concert mémorable à Fort-de-l'Eau en 1969. A signaler, en outre, qu'Archie Shepp rendra hommage cet été à Genève au poète algérien assassiné Jean Sénac. Comme on le connaît suffisamment, on s'attend encore avec lui à une discussion au sujet de la contestation noire américaine (ou du moins ce qu'il en reste) ou encore à propos de l'après-11 septembre. Toujours, sur le retour du « free », il y aura pour la première fois à Tabarka McCoy Tyner, le prestigieux pianiste qui avait joué, rappelons-le, avec John Coltrane et Elvin Jones sur A Love Supreme et My Favorite Things, des standards du jazz, des références, nos préférences. Cette fois, il fusionnera ses influences et ses expériences en jouant du jazz fusion dont il est l'illustre inspirateur. Après ce plat de résistance 100 % jazzy, on nous propose de l'afro-beat avec Manu Dibango que nous avons déjà croisé à Tabarka en 1999. Pour son troisième passage ici, il viendra accompagné du pianiste congolais Ray Lema à qui il donnera la réplique au saxo dans un dialogue prometteur. Dans les parages rôdera bien évidement sa fille Georgia toujours aux petits soins avec son papa cajoleur. De cette rencontre, il est à entendre, à coup sûr, de la rumba dans l'air, du soul Makossa et peut-être même un rien de Night in Zeralda, un morceau composé en 1972 par Manu jadis en « galère » à Alger. Sur le plan des découvertes, il y aura également le fameux Captain Mercier, un groupe français de rythm'n blues primé en 2003 aux Victoires du jazz. Ou encore Charlier-Sourisse, un duo qui a longtemps accompagné le violoniste français Didier Loockwood. Pour la clôture, les organisateurs ont pensé à un succulent dessert : Liz Mc Comb avec du bon gospel, un ultime remède pour les âmes en peine. De cette énergie, il y aura à puiser le maximum de pêche pour le restant de l'été, pour les vieux jours. Et surtout pour le retour, pour la rentrée qui s'annonce, encore une fois, des plus moroses. Mohamed-Chérif Lachichi Flash-back sur Tabarka Dizzy Gillespie, Art Blakey, Charles Mingus, Miles Davis, Keith Jarret, Kenny Garret, Courtney Pine, Eddie Floyd, Al Jarreau, Al Di Méola, Ahmed Djamel, Ron Carter, Billy Cobham, Joe Zawinul, Macéo Parker, David Murray, Fontella bass, Hilton Ruiz, Ray Barretto, Claude Nougaro, Bobby Byrd, Boney Field, Lucky Peterson, Bernard Allison, Luter Allison, Terence Trent d'Arby, Biréli Lagrène, Guy Laffite, Erik Truffaz, Diana Krall, Diana Reeves, Dee Dee Bridgewater, Carmen Bradford, Cesaria Evora, Barabara Hendricks, Carole Fredericks, The Blues Brothers, The Animals, The Temptations, The Kid Creole & Coconuts, George Clinton, Kool & the Gang, Earth Wind & Fire, The Flying Pickets, Myriam Makéba, Manu Di Bango, Youssou N'Dour, Touré Kunda, Fémi Kuti, Alpha Blondy, Paco Séry, Zuccherro, Yuri Buenaventura, Bojan Z, Allan Stivell, Tonton David, Patrick Fiori, Abdelhalim Hafedh, Warda, Mami, Idir, Cheikha Remitti, Cheikh Sidi Bémol, Cheba Fadéla, Karim Ziad, Hakim Salhi, Houari Dauphin… sont tous passés par Tabarka. M.-C. L. Danse à Alger « Légèrement déplacé » et « Transpace » à la salle Ibn Khaldoun A près Béjaïa et Oran, Alger accueille ce lundi le chorégraphe et directeur de la compagnie française Danse Image Théâtre (DIT), Robert Seyfried, qui présentera pour l’occasion deux spectacles chorégraphiques à la salle Ibn Khaldoun. La troupe de Seyfried, accompagnée du ballet de l'établissement Arts et Culture, donnera une représentation du spectacle « Légèrement déplacé », fruit d’une résidence de plusieurs semaines, en prélude à « Transpace », le résultat d'une coopération antérieure avec d’autres danseurs d’Afrique. Le spectacle est « une exploration chorégrAfrique » ! Un concept, un langage singulier que Robert Seyfried explore depuis dix ans au sein de sa compagnie DIT (Danse Image Théâtre). Son goût pour les rencontres et les échanges le conduit en 2002 à travailler avec des danseurs burkinabais, dans une aventure tout à la fois artistique et humaine. Trois danseurs, une chanteuse et deux musiciens burkinabais, accompagnés de trois danseurs français se prêteront à cette ballade au travers des espaces géographiques qui revisite au contact des traditions africaines la notion même de danse contemporaine. Sans nul doute, l’écriture légère et tendre de Robert Seyfried, associée à l’humour, à l’allure hiératique et aux corps si présents des burkinabais, saura faire de « Transpace » une création majeure dans le parcours du chorégraphe grenoblois. Une danse qui ose le mouvement entre Grenoble et Ouagadougou. Chorégraphe, danseur et metteur en scène aux multiples facettes, Robert Seyfried qui est arrivé à la danse en passant par le théâtre, a abandonné des études de médecine pour se consacrer à l'art. Fondateur en 1979 du groupe Emile Dubois, actuel centre chorégraphique national de Grenoble, il se lance dès 1993 dans une expérience en solo et crée la compagnie DIT établie également à Grenoble. On le retrouve également au cinéma dans les films de Claude Mourieras, Raoul Ruiz et AnneMarie Mièville. Le plaisir ne sera pas éphémère, puisque Robert Seyfried envisage la création d'une école de danse multidisciplinaire en Algérie, en collaboration avec l'établissement Arts et Culture. « Ma contribution à ce projet consiste à mettre en place un cursus de formation selon les normes universelles et d'enseigner la danse contemporaine », avait-il déclaré dans un point de presse tenu le 15 juin dernier. Mme Idami Nora, directrice du ballet arts et culture, a indiqué pour sa part que l'école prendra en charge la formation de danseurs et de formateurs en danses moderne, classique, hip hop et folklorique. Au cours de cette rencontre avec la presse, le chorégraphe a expliqué que le projet de coopération avec le ballet de l'établissement Arts et Culture s'articule autour de deux volets. Le premier consiste en un stage sur les techniques de danse contemporaine au profit des danseurs du ballet, le second porte sur l'interprétation de la chorégraphie « Légèrement déplacé », mise en scène par lui-même et produite par sa propre compagnie DIT. Synthèse R. C. Premières rencontres amazighs Marseille Chaouia Le vent des Aurès souffle fort cette semaine sur la cité phocéenne. L'association Massinissa cultures et civilisations d’Afrique du Nord organise, du 23 au 27 juin, à Marseille les premières rencontres amazighs de Méditerranée. Avec ses conférences, ses expositions, ses projections de films, ses concerts de musique, sa table ronde et son art culinaire Aurès 2004 promet d'être une importante manifestation culturelle amazigh. Une bouffée chaouie va s'emparer ainsi de plusieurs endroits de Marseille. A la Cité de la presse et de la communication (53, rue Grignan, 6e) plusieurs conférences sont prévues au programme. Pour commencer c'est Bakhta Moukraenta, doctorante à l'université de Provence, qui viendra jeter le doute à propos du « Medracen, tombeau de Massinissa ? », une polémique en perspective. Il y a également la conférence de notre confrère Rachid Hamatou, un journaliste éclectique qui viendra crier sa douleur chaouie. Quant à Fanny Colonna, chercheur émérite à l’université de Provence, elle évoquera « Découverte de l’Aurès aux XIXe et XXe siècle », un drôle de point de vue. Des histoires qu'elle aura à défendre pour l'histoire de notre pays qui sera projetée à l'écran avec un documentaire sur la « Kahina », les films Le Vent des Aurès, Avoir 20 ans dans les Aurès ou encore en Avoir 2000 ans dans les Aurès, de Djamila Sahraoui. Toujours à la Cité de la presse, l'archéologie en photos se voudra le témoignage d'un voyage en Algérie, une exposition très intéressante prêtée par le centre Camille-Jullian du CNRS. Il y aura également à l'espace Massinissa (4, rue Barthélemy, 1er) « Tamurt inough », l'exposition photo de notre ami Rachid Hamatou. Cet endroit marseillais au nom légendaire sera à cette occasion un lieu d'échanges pour une table ronde avec Moussa Berouel et Hamid Meziane. L'espace Massinissa servira également de lieu de convivialité pour savourer au cours d'un dîner les différentes spécialités chaouies. Quant à l'espace Julien, c'est la musique qui y régnera avec en bonne place la chanson chaouie de Massinissa et son groupe de Batna Ahaggar, des chants du M’zab avec le chanteur Adel, du Chenoua avec le groupe Ichanwiyen, de Kabylie avec Chenoud et Mhenna. Bref, il s'agit bien là d'une rencontre amazigh. Une première ! Mohamed-Chérif Lachichi LE MATIN N° 3756 dimanche 27 juin 2004 15 O2@@@@@@@6?26K ? W2@@@@@@@@@@@@@@6X ? ?W&@@@@@@@@@@@@@@@@1 ? W&@@@@@@@@@@@@@@@@@@L? ? ?W&@@@@@@@@@@@@@@@@@@@)X ? ?7@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@1 ? 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S Euro 2004 : les choses sérieuses commencent Quart de finale, ce soir à 19h45, à Porto, République tchèque- Danemark Echos du Portugal Miracle. « Le miracle a eu lieu », « Un pays, une équipe, un rêve » : la presse nationale s'extasiait de la victoire « bouleversante » de la Grèce, qui accède aux demi-finales de l'Euro en éliminant le tenant du titre, la France. « Soirée de rêve, notre équipe dans le dernier carré de l'Europe », titrait le quotidien Kathimerini, en qualifiant de « bouleversante et historique » la victoire contre les Bleus. « Oh la la, la grande Grèce ! » (en français), « L'équipe nationale écrit l'histoire », titrait le quotidien Ta Nea, souhaitant que la Grèce « poursuive son glorieux parcours (...) jusqu'en finale ». Avantage aux Tchèques I mpressionnante au premier tour avec trois succès qui lui ont permis de passer devant les Pays-Bas, l’Allemagne et la Lettonie, la République tchèque part, ce soir, avec les faveurs des pronostics, à l’occasion du dernier quart de finale de l’Euro. Même le coach danois Morten Olsen reconnaît la force de son adversaire du 23 joueurs de l'équipe de France, éliminée en quart de finale de l'Euro, recevra une prime de 69 000 euros en contrepartie de cette performance et le sélectionneur Jacques Santini, percevra le double. Si les Bleus avaient été éliminés au premier tour, ils n'auraient rien eu. S'ils n'avaient pas perdu (1-0) contre la Grèce, une participation aux demifinales leur aurait valu d'empocher 230 000 euros par tête, le double pour Santini. Du côté grec, les 23 joueurs ont reçu de leur fédération l'assurance de se partager une prime globale de 2 millions d'euros. Fin de mythe. La presse allemande annonce la fin du « mythe » « de la grande équipe de France » et salue les performances d'un Allemand dans l'Euro, Otto Rehhagel, sélectionneur de la Grèce qui a éliminé la France (1-0). « Le miracle Otto », titre le quotidien Bild, rendant hommage au successeur potentiel du sélectionneur allemand Rudi Voeller. Chapeau bas aussi pour l'attaquant Angelos Charisteas, auteur du « but historique ». « Le meilleur de tous était Henry », ironise Bild, se moquant du joueur d'Arsenal. Et de conclure : « La grande équipe de France et Zinedine Zidane sont finis. » Les tirs au but. Marc Overmars, le milieu de terrain des Pays-Bas et son sélectionneur Dick Advocaat ont évoqué l'existence d'un livre mystérieux que l'ensemble de l'équipe a eu en sa possession au sujet des tirs au but. Interrogé sur la préparation mentale des joueurs dans l'optique d'éventuels tirs au but, Dick Advocaat s'est contenté de lâcher : « De toute façon, nous avons lu un livre là-dessus, un livre néerlandais, je vous le donnerai. » « Nous ne travaillons pas trop les tirs au but à l'entraînement... Ça pourrait être dangereux en raison de la présence des caméras », a ironisé Marc Overmars. Malaise. La qualification jeudi du Portugal au détriment de l'Angleterre pour les demi-finales de l'Euro au terme d'une insoutenable séance de tirs au but a mis à rude épreuve le « coraçao » (cœur) des supporteurs de la Selecçao. Les services d'urgence du stade de Luz à Lisbonne où s'est disputée la rencontre ont dû secourir 130 personnes victimes de malaises, crises d'angoisse et/ou évanouissements. AFP jour, qui a su revenir par trois fois au score. Malgré cela, l’entraîneur reste confiant, car comme il dit, le football tchèque ressemble énormément à celui pratiqué par le Danemark. La formation nordique risque toutefois de se passer de l’attaquant Ebbe Sand, qui ne s’entraîne plus en raison d’une blessure musculaire à la cuisse. Effacé des grandes compétitions depuis sa finale de l’Euro perdue face à l’Allemagne en 1996, la République tchèque pense qu’elle a un bon coup à jouer afin de se hisser de nouveau sur le toit de l’Europe après son seul titre européen de 1976. L’un des meilleurs joueurs de cette sélection, Pavel Nedved, admet que ça va être plus difficile face à une défense plus compacte. Même si le sélectionneur Karel Brückner a une équipe homogène qui est capable de marquer à tout moment, les Tchèques se sont entraînés aux tirs au but. A ce stade de la compétition, il faut se préparer à toute éventualité, disent les Tchèques. F. C. Les Bleus assommés, les Grecs sur l'Olympe Récompense. Chacun des 22 LE MAT N N PORTS L' équipe de France de football a été éliminée en quart de finale de l'Euro-2004, vendredi à Lisbonne, battue par une habile équipe de Grèce, au terme d'un match où il n'y eut cette fois-ci pas de miracle pour remédier à la médiocrité des Bleus, désormais ex-champions d'Europe. Deux ans après son fiasco au Mondial2002, l'équipe de France échoue une nouvelle fois tôt en phase finale, incapable de rééditer ses performances victorieuses de 1998 et 2000, et éliminée, qui plus est, par un « petit » au palmarès inexistant, 34e au classement de la Fédération internationale (FIFA). Cette défaite sonne probablement le glas pour une bonne partie des cadres trentenaires de l'effectif (Desailly comme annoncé, Lizarazu, Thuram peut-être), eux qui tenaient pourtant tellement à achever leur carrière internationale sur une bonne note. Après un premier tour (gr. B) où les joueurs de Jacques Santini n'affichèrent à aucun moment l'aisance attendue, s'en sortant par miracle face à l'Angleterre (2-1) et la Croatie (2-2), ils n'ont pas réussi à gagner leur premier match couperet. Contre les Grecs, alors qu'ils entendaient « monter en puissance », les Bleus ont même livré leur pire prestation de l'Euro. Sans rythme, sans mobilité et, plus que tout, sans idées, les Bleus n'ont pratiquement jamais inquiété les Grecs malgré, une nouvelle fois, toute la hargne et la volonté d'Henry, seul à émerger en attaque aux côtés d'un Trezeguet inutile ou presque. Des Grecs qui, après s'être déjà créé les meilleures occasions en pre- mière période, surent marquer au bon moment (65) par le biais de leur joueur le plus dangereux, Charisteas. Ironie du sort, l'attaquant marqua suite à une erreur de Lizarazu, sans doute l'un des seuls Bleus à émerger. Le Basque qui fut, la semaine passée, le seul joueur à faire publiquement part de ses doutes, alors que tous ses coéquipiers assuraient que tout allait bien malgré de petites imperfections. Les Bleus étaient pourtant venus au Portugal avec de grosses ambitions. Normal lorsque l'on compte Zidane et Henry dans ses rangs. Normal aussi lorsqu'en deux ans, on ne s'incline qu'une seule fois (0-2 en amical face à la République tchèque) et qu'on arrive aisément (1re de son groupe de qualifications) en phase finale en étant invaincus depuis 18 rencontres. Mais, par la faute notamment d'un schéma tactique très bien lu par les adversaires, les Français, jamais séduisants malgré leurs incessantes déclarations rassurantes, n'ont jamais semblé en mesure d'aller très loin dans cette compétit on Qu n u on n u qu S n n on h o v B u qu v m n b n omm n p Mond 2002 mn d p u m uv d m n AFP Italie Nomination de Marcello Lippi comme nouveau sélectionneur L e président de la Fédération italienne de football Franco Carraro a annoncé vendredi, à l'issue d'un conseil fédéral, la nomination de Marcello Lippi comme nouveau sélectionneur de l'Italie. Lippi dont l'engagement avec la Juve s'achève le 30 juin prendra ses fonctions le 16 juillet, en remplacement de Giovanni Trapattoni, dont le contrat, qui expire au 15 juillet, ne sera donc pas renouvelé. Trapattoni paye ainsi l'échec de la Squadra Azzurra éliminée dès le premier tour du championnat d'Europe des nations au Portugal, après avoir déjà échoué 3756 d manche 27 u n 2004 lors de la dernière Coupe du monde en Corée du Sud et au Japon. Le contrat de Lippi est de deux ans, jusqu'à la Coupe du monde 2006 en Allemagne, à un salaire légèrement inférieur à celui de son prédécesseur. Il aura toutefois la possibilité de prolonger son bail. « Lippi est intelligent et les contrats peuvent toujours être prolongés », a précisé le président Carraro. La désignation de Lippi, dans l'air depuis plusieurs jours déjà, n'a surpris personne, le technicien lui-même n'ayant jamais fait mystère de son ambition suprême. « Qui n'aimerait pas une telle place ? Si l'on fait appel à moi, j'en serai bien hono- ré », avait-il dit dès le lendemain de l'annonce de son départ de la Juve, le 29 avril dernier. Le président de l'association des entraîneurs italiens et ancien sélectionneur Azeglio Vicini et le président de la Ligue italienne des clubs Adriano Galliani se sont réjouis de la nomination de Lippi. Très attaché à un 4-4-2 classique à deux avants de pointe, et l'utilisation fréquente de joueurs de couloir, c'est un technicien qui préconise un système de jeu équilibré, plus offensif que celui de son prédécesseur, sans verser cependant dans l'attaque à outrance. AFP S PORTS L’USMA remporte sa 7e Coupe d’Algérie L’équipe de Soustara se venge sur l’histoire Ryad > Le Matin L’ USM Alger est en train de prendre sa revanche sur l’histoire. C’est en ces termes qu’on peut qualifier l’admirable parcours de l’équipe de Soustara depuis sa première consécration en 1981 contre l’ASMO (2-1). Les Unionistes ont, en effet, remporté vendredi au stade 5-Juillet leur septième Coupe d’Algérie consécutive après l’avoir perdue autant de fois durant les années 60 et 70. En quatorze finale, un record absolu qui fait des Rouge et Noir l’équipe la plus spécialisée en Coupe d’Algérie. L’équipe chère à Saïd Allik a remporté sept fois le trophée et établi un nouveau record de victoires, détenu jusque-là par l’ES Sétif. Vendredi, devant une assistance record, les coéquipiers de Billal Dziri n’ont, certes, pas offert le match qu’il fallait face au champion d’Algérie mais ils ont su négocier la séance fatidique des tirs au but grâce à un arrêt impeccable de Abdouni et un tir splendide de Dziri. Ce dernier, qui relève pourtant d’une blessure, a fourni une partie très correcte avant de conduire son équipe vers une nouvelle consécration et du coup priver la JS Kabylie, son principal rival, d’un doublé. Au-delà de cette rivalité pour la suprématie aussi bien entre les deux présidents qu’entre les joueurs, il faut relever ce fair-play total qui a caractérisé les 120 minutes qu’a duré la partie, notamment durant la séance des tirs au but. L’image des deux gardiens Abdouni et Gaouaoui se diriger ensemble vers les bois, ou bien ce geste de Hocine Achiou qui est allé consoler son coéquipier en équipe nationale, Slimane Rahou, sorti pour une blessure à la clavicule, dénotent on peut mieux la parfaite entente qui existe entre l’ensemble des joueurs, et le football en est sorti vainqueur. Dame Coupe a souri donc à l’USM Alger pour la septième fois après lui avoir tourné le dos des années durant. Allik, qui n’a jamais goûté à la joie de la Coupe d’Algérie en tant que joueur, a été l’artisan principal de cette résurrection puisque depuis son élection à la tête du club au début des années 90, l’équipe ne fait que collectionner les titres. Cinq coupes au total durant son mandat (97, 99, 2001, 2003 et 2004) et autant pour le seul joueur Farid Djahnine qui a eu l’insigne hon- neur de participer aux 5 finales. C’est aussi une autre consécration pour l’inamovible Mehieddine Meftah qui enrichit son palmarès, désormais 15 titres au total, toutes compétitions confondues, durant toute sa carrière et peut se vanter d’être le joueur le plus titré d’Algérie. La joie était au comble hier dans la capitale, et ce jusqu’à une heure tardive. Après la pluie, le beau temps. S. M. Ligue des champions arabes, réunion demain à Beyrouth Tirage au sort de la deuxième édition le 28 août au Maroc L e bureau exécutif de l’UAF, par le biais de son secrétaire général M. Othman Al Saad, a annoncé que le bureau de l’instance suprême du football arabe se réunira demain (28 juin ) à Beyrouth sous la présidence de l’émir Soltane Ben Fahd. Les membres du bureau exécutif examineront plusieurs sujets ayant trait à l’activité de l’union et feront à cette occasion le bilan de la 1re édition de la Ligue des champions arabes, dont l’exercice 2003-2004 a pris fin hier. Le secrétaire général de l’UAF a, par ailleurs, indiqué qu’il a été fixé, à la fin du mois de juillet, la date du dernier délai d’inscription de participation à la deuxième édition de la Ligue des champions arabes et que le tirage au sort du calendrier des rencontres sera effectué le 26 août prochain au Maroc. L’Union arabe de football procédera, lors de la cérémonie du tirage au sort au Maroc, à la remise des prix aux meilleurs joueurs de la première édition de la Ligue des champions arabes. Par ailleurs, l’UAF a confirmé la tenue d’un séminaire à l’intention des arbitres internationaux des pays du Maghreb arabe du 1er au 3 juillet prochain à Sousse, ainsi qu’un séminaire des présidents des commissions d’arbitres des fédérations nationales des pays arabes du 1er au 7 juillet, à Sousse également. L’animation de ce séminaire pour arbitres a été confiée à Farouk Bouzou, président de la commission des arbitres de la Confédération asiatique de football (AFC) et maître conférencier, l’international tunisien, l’exarbitre Néji Jouini ainsi que Ghanem Mohamed Ghanem, président de la commission des arbitres de l’UAF. Enfin, lors de ce conclave, il a été également décidé de tenir un séminaire à l’intention des journalistes sportifs arabes avec la collaboration du Comité international olympique (CIO) et de la Fédération internationale de football (FIFA). M. Gemmill Baya Rahouli « Je suis prête pour les JO » Rencontrée jeudi dernier lors du meeting international d’Alger, l’athlète algérienne Baya Rahouli a bien voulu répondre à nos questions sur sa préparation pour les JO d’Athènes prévus en août prochain. Le Matin : Comment se déroule votre préparation ? Baya Rahouli : Pour une première partie concernant ma préparation je dirai que cela se déroule bien. J’ai battu le record d’Algérie lors du meeting d’Espagne le 8 juin dernier. J’ai réalisé un bond de 14,67 m, alors que mon ancien record était de 14,64 m. Aujourd’hui (jeudi dernier, ndlr), je suis à ma 4e compétition de la première étape de préparation. Quel est votre prochain programme avant les jeux Olympiques ? Je dois prendre deux semaines de repos avant d’attaquer les meetings et particulièrement la Golden League. Je me sens bien et je suis confiante. Je serais tout à fait prête pour les J.O. Comment ça se passe sur le plan financier ? Je n’ai pas de bourse. Nous avons commencé notre stage sans finances. Et on va commencer un autre stage en été sans sou également, pour le moment. Nous nous débrouillons seuls avec mon entraîneur. Justement, votre changement d’entraîneur a fait couler beaucoup d’encre, qu’en est-il aujourd’hui ? Je suis bien avec Mohamed Hocine et tout marche bien pour le moment. La preuve, c’est avec lui que j’ai pu réaliser 14,67 m et battre le record d’Algérie. C’est un technicien régulier et très rigoureux dans le travail. J’espère que nous allons continuer sur cette lancée cette année pour beaucoup d’autres satisfactions. Interview réalisée par Ali Sadaoui CABBA Pénurie de candidats L’assemblée générale élective devant se tenir jeudi dernier n’a pas eu lieu faute de candidats à la succession du président Remache Haouès qui semble bien décidé à se retirer pour raisons de santé. Le président de la section de football, Tabakhi Farid, sur lequel tous les regards étaient focalisés pour prendre en main le club, n’a pas fait acte de candidature. Cette pénurie de dirigeants sportifs susceptibles de prendre en main le CABBA explique que tout un chacun a peur de cette mission épineuse en raison surtout de la précarité des ressources financières. Sur les 5,4 milliards de centimes ayant assuré la gestion écoulée du club, la wilaya de Bordj Bou Arréridj a versé une subvention cumulée de 4,5 milliards de centimes tandis que le bilan financier fait ressortir une dette de 1,5 milliard de centimes. Un montant débloqué sur les propres fonds du président de la section football, M. Tabakhi. Selon les autorités de l’APC de Bordj Bou Arréridj, une seconde assemblée générale élective sera tentée lundi prochain. L’incertitude plane d’ores et déjà sur les Jaune et Noir déjà confrontés à la vacance de l’équipe dirigeante. Hassen Wahid Basket-ball Le MCA et COBB’O animeront le tournoi des As Le MC Alger et le COBB Oran sont les deux clubs qui animeront le tournoi des As durant la première semaine du mois de juillet afin de désigner le champion d’Algérie. Ce tournoi se jouera en deux matches gagnés. Le 1er match aura lieu à Oran et le retour à Alger. La belle, si belle il y a, se déroulera sur le terrain du MCA qui s’est classé premier au classement général à l’issue des deux tournois du play-off. En effet, le MCA a fait le plein en remportant toutes ses rencontres lors du 2e tournoi disputé le week-end dernier à la salle d’Hydra. Les Oranais, en revanche, ont terminé deuxième ex æquo avec le WA Rouiba, mais avec une meilleure différence de paniers. Par contre le WAB a terminé 5e en partage avec Amal Université de Annaba qui a créé la grosse surprise de ce tournoi en battant le WAB en match d’ouverture sur le score de 83 à 81. S. M. Résultats complets Mercredi MCA-OCA AUA-WAB COBB’O-WAR Jeudi OCA-WAR AUA-COBB’O MCA-WAB Vendredi WAB-OCA WAR-AUA COBB’O-MCA 91-53 83-81 93-88 50-102 61-79 53-52 86-55 70-67 49-73 LE MATIN N° 3756 dimanche 27 juin 2004 23 L E M AT I N Lettre de Province Par Boubakeur Hamidechi Des libertés publiques en général et de l’incarcération des journalistes en particulier Il faut sans tarder répondre à certaines assertions malveillantes que véhiculent les relais officiels afin de disqualifier la campagne dénonçant l’embastillement des journalistes. Tous ces communicants de service entendus, vus et lus à la radio, la télévision et les journaux ne se sont-ils pas empêchés de qualifier de « corporatisme » fascisant une authentique émotion des gens de la presse ? Se réclamant d’on ne sait quelle éthique, ils s’empressèrent de ne voir dans cette mobilisation qu’une agitation de sectateurs visant à soustraire au droit commun certains « délictueux » agissant sous la bannière de la liberté d’expression. Voilà donc que l’opinion publique est prise à témoin pour souscrire à un discrédit au nom d’une prétendue conjuration contre le principe républicain de la citoyenneté et son corollaire l’égalité devant la justice ! Voici également revenu le temps des sorciers spécialistes en exorcisme politique. Eux seuls, sachant où se cache le démon qui ronge notre belle démocratie, seraient donc les dépositaires de sa vertu. Par le recours à des raccourcis n’ont-ils pas fait courir la rumeur que des journalistes refusent d’être justiciables ! De la même manière qu’ils s’efforcèrent d’accréditer un sordide distinguo entre le détenu Benchicou et le journaliste Mohamed Boualem Benchicou. Selon cette bienveillante échappatoire, celui qui dort à la prison d'El Harrach n’aurait que de spécieux justificatifs pour croire qu’il doit sa peine à ses chroniques et à la ligne politique qu’il imprima à son journal. Ainsi donc, lorsque l’orthodoxie officielle converge avec l’exercice fallacieux du droit, il est aisé d’envoyer au bagne toute voix discordante. Le procédé n’a rien d’inédit et il serait même commun à de nombreux régimes orientaux, dont pourtant l’Algérie s’efforce de se démarquer depuis 1988. Or c’est ce progrès dans la consolidation des libertés publiques qu’aujourd’hui l’on tente de remettre en cause par des méthodes inavouables. Parmi elles, la ré-invention des gourous chargés du condiLorsque l’ortho- Même s’il est patent qu’elle est le baromètre consultable tionnement et de l’anathème. doxie officielle de « l’Etat des libertés » en Et l’on apprend d’eux que converge avec général, elle demeure néanBenchicou ou Hafnaoui n’ont l’exercice fallacieux du droit, moins un vecteur parmi jamais été culpabilisés pour il est aisé d’end’autres dans les évaluations s’être exprimés, mais pour voyer au bagne globales. Voilà donc résumée s’être écartés du droit… comtoute voix discor- la réponse aux allusions infamun. Perfide dialectique de dante. Le procédé mantes de « corporatisme » faussaires s’aidant de la n’a rien d’inédit qui se sont propagées, et voici contrefaçon des mobiles pour et il serait même également esquissés à travers cacher les raisons politiques. commun à de ce constat les contours des La gravité de tant de contre-vérités diffusées dans nombreux régimes actions futures. Celles-ci orientaux, dont gagneraient à impliquer en l’opinion va au-delà de pourtant l’Algérie première ligne les courants l’épreuve infligée à ces jours’efforce de politiques réellement républinalistes, car elles sont les prése démarquer cains dans un travail de pédamices d’une opération bien depuis 1988. gogie en direction de l’opiplus vaste visant en définitive nion. Il reste entendu que à verrouiller à nouveau le pays et imposer le port du bâillon à la cette forme de délégations accordées aux partis ne signifie aucunement que la presse société. La presse, du moins une certaine presse, se défausse de ses conflits avec le Pouvoir constitue dorénavant le laboratoire idéal au profit des appareils. Bien au contraire, elle ne fera que repour expérimenter le vaccin de l’« obéissance » avant d’en généraliser son adminis- cadrer le véritable débat en rappelant cette tration aux courants politiques. Bien évi- notion élémentaire que l’accès et l’exercice demment, on n’a pas encore vu El Hachemi des libertés politiques sont un tout indissoChérif ou Saïd Sadi emprunter le chemin ciable, même si les modes opératoires sont d'El Harrach après avoir transité par les tri- spécifiques à chaque sphère. La liberté d’expression dévolue aux bunaux, mais cette éventualité ne doit plus être écartée dorénavant. Car les libertés journaux, par exemple, pénalise la fonction publiques sont d’ores et déjà en sursis, et du « politique » chaque fois qu’elle est cette liberté… provisoire encore accordée réprimée. Car sans médiation, le discours aux partis fait déjà office d’épée de idéologique des appareils a toutes les malchances de se réduire à une réflexion quasi Damoclès. Ce travail pernicieux de la dissuasion a clandestine au grand bonheur d’un Pouvoir, déjà commencé et le vaste mouvement de peu accommodant, qui aura alors toute latisolidarité avec des prisonniers d’opinion tude de développer les propagandes les plus « recrutés » dans la presse ne suffira pas à mensongères, tout en faisant l’économie de lui seul à sauver cet acquis fondateur de la la détestable brutalité judiciaire. A travers la présence active de quelques démocratie. Il faut bien autre chose pour résister à la menace. Les journalistes en partis, on peut penser que la perception des conclave à travers le pays en ont justement périls a déjà transcendé la quête de solidaripris conscience de cette nécessité à élargir la mobilisation. Le soupçon fortement péjoratif de n’être qu’une caste encline à ne faire corps que sur sa condition est définitivement balayé. Ils le savent et l’expliquent aux partenaires de la société que leur liberté d’expression, aujourd’hui malmenée, ne peut exister par elle-même, ni sauvée par ses propres armes. LE HIC Début des épreuves du baccalauréat hier Les résultats pour le 20 juillet Comme prévu, les épreuves du baccalauréat 2004 ont débuté hier à travers les quelque 1 600 centres d’examen répartis sur l’ensemble du territoire national dans des conditions normales. Contrairement aux sessions précédentes, l’examen se déroule cette année vers la fin du mois de juin. Une date qui n’arrange pas beaucoup les candidats du sud du pays — puisque l’examen est unifié au niveau national — en raison de la chaleur caniculaire qui y sévit. Le choix de cette date, faut-il le rappeler, a été décidé par le ministère de l’Education nationale suite aux longs débrayages observés par les enseignants au début de l’année scolaire. Ces derniers sont revenus à la charge en menaçant de perturber les corrections, mais ils se sont rétractés ce week-end. Ainsi cette opération se déroulera normalement à travers 31 centres, et les résultats seront annoncés le 20 juillet prochain, tandis que les attestations de succès et les relevés de notes seront remis aux Directions de l'éducation trois jours après les délibérations, selon le premier respon- té et les postures de sympathie que la presse affectionnait jusque-là. Car la condamnation et l’incarcération de deux journalistes doivent être comprises comme des châtiments exemplaires destinés à préparer les esprits à d’autres castrations. Le remarquable travail de sensibilisation des éditeurs et des professionnels en tournée dans le pays ne devrait plus se confiner à la multiplication des motions, voire aux interpellations solitaires. Ce qui est qualifié vaguement de société civile — même si celle-ci n’est visible qu’à travers quelques personnalités — et ceux qui sont identifiés comme militants politiques sont en devoir de se réapproprier à leur tour ce combat contre les pratiques rampantes avant que ne s’initient d’autres lois scélérates et que ne se referment d’autres cellules sur de potentiels « délinquants » politiques. Et pour cause…, dans la culture de nos dirigeants, la liberté d’opinion a, de tous les temps, été assimilée à l’antithèse de « l’ordre » tel qu’ils le conçoivent eux. L’équation : liberté d’opinion égale désordre devient en somme un délit passible des tribunaux. Or qui, aux côtés des journaux, est le plus menacé d’une telle sanction si ce n’est le militantisme partisan ? C’est pourquoi il leur incombe dorénavant d’amplifier sans répit les alertes à la régression démocratique. Toute hésitation de leur part ou bien tout recul justifié par le commode vocable de « tactique » leur coûtera à terme leur existence. Car l’on n’est jamais à l’abri de la tentation de Ponce-Pilate qui pour s’en être « lavé les mains » a connu la plus négative des postérités. B. H. sable du secteur qui a effectué hier une visite de travail dans certains centres d’examen à Alger. « L’Etat a mis en place tous les moyens pour garantir la bonne organisation, la sécurité et le déroulement normal des épreuves à même de leur conférer la crédibilité. Le ministère a pris les dispositions nécessaires pour rattraper le temps perdu à travers la mise en place des moyens à même de parachever les programmes scolaires à temps et accorder aux élèves en terminale une période raisonnable pour la révision avant les épreuves du baccalauréat », a déclaré Boubekeur Benbouzid à l’occasion de cette sortie durant laquelle il n’a pas manqué de donner des directives aux encadreurs pour la prise en charge des candidats, notamment des handicapés. Par ailleurs, le ministre a encore une fois rappelé qu’il n’y aura pas de rachat. La moyenne fixée pour l’obtention du diplôme est de 10/20. Car il s’agit d’améliorer les résultats sur le plan qualitatif, atteste-t-on au niveau de la tutelle. S. I.