En savoir plus

Transcription

En savoir plus
santé
médecine
Enjeux et solutions
de la sécheresse
vaginale
Perturbations hormonales,
traitements lourds, ménopause...
La sécheresse vaginale peut
toucher à tout âge. Encore très
tabou, peu de femmes osent
évoquer ce trouble à leur médecin.
Il existe pourtant aujourd’hui un
large choix de traitement pour
vivre pleinement sa féminité.
C
Corinne Guillaumin
hez la femme en
bonne santé, le vagin secrète en permanence, sous l’influence des ovaires,
un fluide blanchâtre
plus ou moins liquide et qui varie selon le cycle menstruel. Ces secrétions
physiologiques et tout à fait naturelles
ont quatre fonctions : un auto-nettoyage
permanent du vagin ; un maintien de sa
souplesse et de son élasticité ; une protection contre des agents infectieux et
bien sûr une lubrification qui favorise la
pénétration et la reproduction. Mais au
cours de sa vie, et notamment à la ménopause, la femme subit des perturbations
hormonales, qui vont déséquilibrer cette
flore avec pour conséquence – entre
autres – une sécheresse vaginale.
mycose vaginale, un trouble gynécologique (endométriose…) mais également
une toilette intime inadaptée, certains
médicaments (antidépresseurs, antiacnéiques, antihistaminiques…) le stress,
la fatigue, la maladie, les traitements
anticancéreux..., sont autant de facteurs
qui peuvent favoriser un manque d’hydratation du vagin ! Cela peut engendrer des désagréments très variés – de
la simple rougeur des organes génitaux
aux démangeaisons (ou prurit) en passant par les sensations de brûlure durant la miction, les irritations, les douleurs, une plus grande sensibilité aux
infections gynécologiques – qui vont
grandement perturber le quotidien et
parfois même l’estime de la femme.
De multiples causes
Bien évidemment, cette sécheresse intime a aussi des répercussions sur la
vie sexuelle, puisqu’elle entraîne au
mieux un inconfort au pire des douleurs lors des rapports (dyspareunie),
Jusqu’à 50 ans, une femme sur 10 se
plaint de sécheresse intime. La grossesse (pendant les trois premiers mois),
l’allaitement, une infection ou une
56 Côté Santé
Qu’est ce que
l’atrophie vaginale ?
qui mène parfois à une diminution de
la libido. Fort heureusement, avant
la ménopause, ce trouble est en général transitoire et s’il est bien pris
en charge, totalement réversible. Ce
qui n’est pas le cas à la ménopause
puisque ce symptôme est lié directement au vieillissement. En moyenne,
la ménopause survient vers 52 ans.
Cette étape se caractérise par la perte
de la fonction ovarienne liée à la baisse
progressive de la production d’estrogènes, qui entraîne une moindre fabrication de collagène et d’élastine,
deux substances qui donnent à la peau
élasticité et solidité. Au niveau de
l’appareil génital, ces altérations physiologiques se traduisent par un phénomène qui s’accentue avec le temps,
que l’on nomme atrophie vaginale :
les muqueuses deviennent de plus en
plus fines, le vagin devient plus étroit
et moins élastique, la flore vaginale
diminue et le pH intra-vaginal augmente, la lubrification ne se fait plus
ou plus de manière optimale.
Les bons réflexes
AU QUOTIDIEN
ww Préservez l’équilibre de la flore vaginale
par une toilette intime régulière avec un savon
au pH adapté.
ww Bien se rincer et s’essuyer après la toilette.
ww Bannissez absolument les douches
vaginales.
ww Privilégiez les sous-vêtements en coton.
ww Évitez les frottements ou ce qui irrite
(vêtements trop serrés, strings, protègeslips…).
ww Portez une attention toute particulière aux
préliminaires.
ww Et puis surtout continuez à avoir une vie
sexuelle régulière et épanouie pour entretenir
le désir et donc une bonne lubrification.
Ne pas abandonner
son vagin
Un trouble pour
le moins tabou
« Le plus souvent, explique le docteur
Mouly gynécologue et oncologue,
les femmes consultent pour des bouffées de chaleur. Elles sont 46 % à s’en
plaindre. Pourtant ce n’est pas le plus
important. Car la ménopause, c’est
aussi et surtout des troubles cardiovasculaires, des problèmes de peau,
des troubles vulvo-vaginaux, l’ostéoporose, l’atrophie vulvo-vaginale qui
entraine chez la femme la sécheresse
du vagin, des troubles urinaires, les
rapports sexuels qui deviennent désagréables, des pertes anormales, des
odeurs désagréables…, mais de tout
cela, les femmes peinent à en parler. »
C’est ce qui ressort d’ailleurs d’une
enquête de 2015, organisée par l’institut Ifop et les Laboratoires Bayer
qui révèle que 41 % des femmes ménopausées ne parlent pas de leur sécheresse intime à leur médecin, 35 %
n’en parlent pas à leur conjoint et
91 % même pas à leurs amies !
« En fait, poursuit le docteur Mouly, il
y a des femmes qui, à partir de 50 ans,
n’ont plus beaucoup d’activité sexuelle,
qui s’en fichent et qui se disent, c’est
fini pour moi ou alors qui utilisent des
lubrifiants. Et puis il y en a les autres
qui n’abandonnent pas leur vagin, qui
se disent, je suis toujours une femme,
je veux toujours éprouver du plaisir
– même s’il n’est plus le même – je veux
que mon vagin soit humide, lubrifié,
bref je veux que tout se passe bien et qui
agissent en conséquence. » Toujours selon l’enquête Ifop et Les Laboratoires
Bayer, 68 % des femmes déclarent avoir
diminué la fréquence de leurs rapports
sexuels à cause de leur problème de sécheresse intime, et 17 % avouent même
avoir stoppé tout rapport pour cette
raison. Mais si la sécheresse intime est
quasi inéluctable à cet âge – à l’exception des femmes en surpoids qui ont
des réserves en estrogènes et une poignée de chanceuses, 85 % des femmes
en souffrent – pour autant, il existe de
nombreuses solutions pour la traiter.
Mieux vivre
sa ménopause
À commencer par les moyens locaux
(sous forme de crème, d’ovules, gels
hydratants) qui peuvent être à base
d’hormones ou d’acide hyaluronique
et qui apportent un soulagement incontestable ! Un traitement hormonal substitutif peut aussi être prescrit,
après examen clinique, par le gynécologue, avec pour avantage d’atténuer
les autres symptômes liés à la méno-
pause comme les bouffées de chaleur,
la prise de poids… Pour autant, les
traitements à base d’hormones sont totalement contre indiqués aux femmes
qui ont été traitées pour un cancer, et
en particulier pour un cancer du sein
hormono-dépendant. Qu’elles soient
ou non ménopausées, cela concernerait
pas moins de 6 à 7 millions de femmes
en France !
Une technique
non invasive
C’est pourquoi, encore récente mais déjà
jugée très efficace, la technique du laser
CO2 fractionné (www.monalisatouch.
com) est donc une excellente réponse
pour toutes les femmes qui souffrent de
sécheresse vaginale. « Cette technique,
explique le docteur Mouly, s’adresse en
effet aussi bien aux femmes ménopausées
pour lesquelles les traitements classiques
ne marchent pas, qu’aux femmes qui
ont eu un cancer et ne peuvent recevoir
de traitement hormonal mais aussi à
celles qui sont en post-partum ou celles
qui souffrent de fuite urinaire (de légère
à modérée). » Totalement indolore, efficace, rapide et pérenne, cette procédure
stimule et régénère directement la muqueuse vaginale de façon naturelle et
sans effet secondaire.
Des résultats probants
et à long terme
« Trois séances à un mois d’intervalle
sont en général nécessaires, poursuit le
gynécologue, pour avoir un effet bénéfique. Une séance dure entre trois et sept
minutes. Tout dépend des femmes et de
leur vagin. Ensuite c’est tous les 6 mois
puis une séance tous les ans. » Le Hic,
c’est que cette technique qui doit être
pratiquée par un spécialiste n’est actuellement pas remboursée par la Sécurité sociale. Il vous en coûtera donc
en moyenne 300 € par séance. « C’est
aujourd’hui mon combat, précise le
docteur Mouly, faire reconnaître, pour
toutes les femmes qui ont eu un cancer,
ces séances comme un soin de support et
non comme un soin de confort*. » D’autant plus que les résultats cliniques
confirment chez les femmes ménopausées ou pas une amélioration de tous les
symptômes de l’ordre de 70 à 80 % ! n
*Les soins de support sont actuellement remboursés
par la Sécurité sociale, mais pas les soins de confort.
Remerciements au docteur Mouly, gynécologue et
oncologue.
Côté Santé 57

Documents pareils