DIEU DANS TON MOTEUR

Transcription

DIEU DANS TON MOTEUR
Eglise Réformée Evangélique du Valais - EREV
PAROISSE PROTESTANTE DE SION
pasteur François SCHLAEPPI
Dimanche 26 juin 2016 - DIEU DANS TON MOTEUR
1ère lecture : Luc 10 : 25 - 29
Un maître de la loi arrive. Il veut tendre un piège à Jésus et lui demande :
Maître, qu’est-ce que je dois faire pour recevoir la vie éternelle ?
Jésus lui dit :
Qu’est-ce qui est écrit dans la loi ? Comment est-ce que tu le comprends ?
L’homme répond :
Tu dois aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force et de toute ton intelligence.
Et tu dois aimer ton prochain comme toi-même.
Jésus lui dit :
Tu as bien répondu. Fais cela et tu vivras.
Mais le maître de la loi veut montrer que sa question est juste. Il demande à Jésus :
Et qui est mon prochain ?
Jésus répond :
Un homme descend de Jérusalem à Jéricho. Des bandits l’attaquent. Ils lui prennent ses vêtements, ils le
frappent et ils s’en vont en le laissant à moitié mort.
Par hasard, un prêtre descend aussi sur cette route. Quand il voit l’homme, il passe de l’autre côté de la route et
continue son chemin.
Un lévite fait la même chose. Il arrive à cet endroit, il voit l’homme, il passe de l’autre côté de la route et continue
son chemin.
Mais un Samaritain en voyage arrive près de l’homme. Il le voit, et son cœur est plein de pitié pour lui. Il
s’approche, il verse de l’huile et du vin sur ses blessures et il lui met des bandes de tissu. Ensuite, il le fait monter
sur sa bête, il l’emmène dans une maison pour les voyageurs et il s’occupe de lui. Le jour suivant, le Samaritain
sort deux pièces d’argent, il les donne au propriétaire de la maison, et il lui dit : Occupe-toi de cet homme. Ce que
tu dépenseras en plus pour lui, je le rembourserai moi-même quand je reviendrai par ici.
Et Jésus demande :
À ton avis, lequel des trois voyageurs a été le prochain de l’homme attaqué par les bandits ?
Le maître de la loi répond :
C’est celui qui a été bon pour lui.
Alors Jésus lui dit :
Va, et toi aussi, fais la même chose !
PREDICATION
Dieu dans ton moteur ! Nous avons tous un moteur, même si
nous ne sommes pas motards, même si nous ne sommes pas
automobilistes, même si nous ne sommes que piétons. Un
moteur intérieur, le moteur qui fait avancer notre vie, qui fait
avancer notre personne. Un moteur qui nous permet d’aller à
la rencontre du monde, surtout à la rencontre des autres.
Et ce moteur, il faut bien lui donner du carburant. Un moteur
sans essence, c’est désespérément inutile et rageant. Mais
on ne va pas mettre du diesel dans un moteur qui est fait pour
la benzine, et réciproquement. Encore faut-il donc avoir
recours au bon carburant.
Il y a 2'000 ans, c’est-à-dire bien avant l’invention du moteur à explosion, bien avant l’invention de la
moto, un homme se demandait quel carburant il devait donner au moteur de sa vie. Parce que
l’objectif de l’homme était ambitieux : plus que traverser un désert, plus qu’un Paris-Dakar, et même
plus que le bout du monde, cet homme voulait atteindre rien moins que la vie éternelle. Que dois-je
faire pour recevoir la vie éternelle ? Telle était donc sa question, sa préoccupation. Et quoi de mieux
que d’interroger le Christ pour avoir une réponse, LA réponse !
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En fait, notre homme, la réponse il la connaît déjà. Il sait très bien que la route de la vie est jalonnée
par des stations-service. Et des stations-service où sont alignées plusieurs pompes proposant des
carburants différents. Il y a la pompe qui vous propose le carburant de l’ambition, ou le carburant de
la gloire, ou celui du pouvoir, celui de la richesse ; il y a aussi le carburant « travail », le carburant
« loisir », et j’en passe… Tous ces carburants sont très efficaces, ils permettent de faire tourner le
moteur de la vie de manière assez performante et ces pompes-là sont généralement bien sollicitées,
en sachant qu’on peut même faire des mélanges.
Notre homme, donc, sait à quelle pompe remplir son réservoir pour pouvoir atteindre la vie éternelle.
La pompe de l’amour, une pompe qui fournit un carburant hybride en ce sens que l’amour est double,
amour de Dieu et amour du prochain.
Il le sait, il connaît la réponse ; Jésus s’est juste contenté de lui donner les moyens de tirer du fond
de lui-même ce qu’il sait ! L’histoire pourrait s’en arrêter là ! Mais ce serait dommage, il faut aller plus
loin. Finalement, non pas se contenter d’avoir le bon carburant pour faire tourner le moteur, mais
encore savoir en faire le meilleur usage possible. Alors, l’homme pose encore une question : Qui est
mon prochain ?
Qui est mon prochain ? Cet homme n’est pas plus bête qu’un autre ; il sait donc parfaitement qui est
son prochain ! Et puisque nous ne sommes pas plus bêtes que lui, nous savons nous aussi qui est
notre prochain. Mon prochain, c’est celui qui a besoin de moi. Et cette réponse, elle est valable
aujourd’hui comme elle était valable à l’époque de Jésus, comme elle est valable en tout temps. Là
encore, l’histoire pourrait s’en arrêter là ! Mais c’est méconnaître le Christ, lui qui se satisfait rarement
de réponses trop simples.
Vient donc cette petite histoire - une fiction - somme toute fort banale : un homme abandonné
mourant au bord du chemin. Qui va donc bien pouvoir lui porter secours ? Dans sa fiction, Jésus met
en scène un prêtre et un lévite. Par ces figures, Jésus pointe les gens bien établis, les gens bienpensants, mais aussi tous ceux qui aurait simplement dû s’arrêter pour porter secours au blessé.
On raconte qu’un jour un homme s’est trouvé en situation de difficulté, en situation critique au bord
d‘une route à grand trafic. Aucun automobiliste ne s’est arrêté pour s’inquiéter de lui, il n’y avait que
des équivalents de prêtres et de lévites au volant des voitures…
Et le troisième personnage que Jésus met en scène, c’est en quelque sorte le contre-modèle du
prêtre et du lévite. C’est celui qu’on n’attend pas, celui qui aurait plein de bonnes raisons de
continuer tout droit parce qu’il n’est pas d’ici, parce qu’il n’est ni bien établi ni bien-pensant… Etre
Samaritain, à l’époque de Jésus, ça n’avait rien de glorieux, ça n’était pas un titre envié ni
prestigieux, au contraire. C’est pourtant celui-là qui s’est arrêté et qui a fait tout son possible pour
secourir le blessé.
Histoire toute simple, et qui de surcroît finit bien : celui qui avait besoin d’aide a été pris en charge,
l’homme va être soigné, il va se remettre de ses blessures… et quelques siècles plus tard on pourra
fonder l’Alliance Suisse des Samaritains, on pourra fonder un hôpital dit du Bon Samaritain. Oui,
grâce à cette petite histoire, le Samaritain va désigner le secouriste par excellence.
Mais le Christ n’est pas là pour nous raconter de gentilles petites histoires édifiantes. Il est là pour
nous donner à réfléchir. Cette petite histoire, c’est comme un miroir que Jésus nous tend, un miroir
dans lequel nous sommes invités à nous découvrir.
A la fin de l’histoire, c’est Jésus qui pose une question à l’homme qui sait tout : A ton avis, lequel des
trois voyageurs a été le prochain de l’homme attaqué par les bandits ? Et puisque cet homme
connaît les bonnes réponses, il ne se trompe pas : C’est celui qui a été bon pour lui
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Et bien entendu, tout le monde est d’accord ! Et on pourrait s’en arrêter là ! Pourtant il y a quelque
chose qui cloche, il y a quelque chose qui n’est pas logique, non pas dans la réponse de l’homme,
mais bel et bien dans la question de Jésus.
Au départ, la question de l’homme c’est : qui est mon prochain ? Et la réponse, logique, c’est : celui
qui a besoin de moi. En l’occurrence, l’homme blessé au bord du chemin. Mais Jésus déplace la
notion de prochain : A ton avis, lequel des trois voyageurs a été le prochain de l’homme attaqué par
les bandits ? Dans la logique de Jésus, le prochain, ce n’est plus celui qui a besoin d’aide, mais c’est
celui qui donne son aide ; le prochain, ce n’est pas le blessé, mais c’est bel et bien le Samaritain,
c’est celui qui intervient, c’est celui qui prend le temps de s’arrêter, qui se laisse atteindre par la
détresse de l’autre, qui met ses compétences, son temps et son argent au service de celui qui en a
besoin.
Changement d’identité du prochain. On pourrait se dire que Jésus s’est juste trompé dans sa
question. En fait non, ce changement de logique est là pour nous faire réfléchir, nous aujourd’hui. Je
m’explique !
Tant que mon prochain c’est celui qui a besoin de moi, cela revient à déterminer mon action à partir
de la situation de l’autre. Une situation que je vais évaluer, que je vais juger : l’autre a-t-il vraiment
besoin de moi, est-il vraiment en danger, mérite-t-il mon temps, ma compétence, mon argent ; et qui
me dit que ce n’est pas un piège ; ou alors, est-ce qu’il n’a pas tout fait pour être dans cet état-là ?
Lorsque mon prochain, c’est l’autre, eh bien, il a largement le temps de crever au bord de la route,
parce que lorsque mon prochain c’est l’autre, moi je ne suis qu’un prêtre ou un lévite, je ne suis qu’un
bien-pensant qui ne fait que passer son chemin en détournant le regard.
Par contre, si le prochain c’est moi - et lorsque Jésus dit à son interlocuteur Va, et toi aussi, fais la
même chose, c’est à moi aussi qu’il le dit, à chacun d’entre nous - si donc le prochain c’est moi, je
n’ai plus à me poser toutes ces questions ni à me donner plein de bonnes excuses pour ne rien faire.
Dès l’instant où le prochain c’est moi, eh bien, mon action n’est plus conditionnée par l’autre, par ce
qu’il a fait ou pas fait, par ce qu’il est ou n’est pas. Dès l’instant où le prochain c’est moi, eh bien,
j’assume, j’interviens, je donne mon temps, ma compétence, mon argent… Dès l’instant où le
prochain c’est moi, je suis purement et simplement dans l’exercice de ma responsabilité.
On trouve parfois des choses sympathiques sur Internet, et même de manière fortuite. Au moment
de préparer ce culte, j’ai trouvé cette petite maxime : Cela coûte zéro franc pour être un homme
digne de ce nom et c’est accompagné de l’image d’un personnage debout qui tend sa main à un
personnage couché à terre…
Cela coût zéro francs pour être un homme digne de ce nom ! Mettre Dieu dans son moteur, ce n’est
pas plus compliqué que cela !
Amen.
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