Augey

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Augey
PRÉVENIR LES
CONDUITES ADDICTIVES
DANS LE SPORT
Emmanuel Augey
Consultant en psychologie du sport et de la santé
PRÉSENTATION
PLAN
‣L’intervention en psychologie du sport
‣Concept
‣Addiction à la pratique sportive
‣Dopage et conduites dopantes
‣Les conduites à risques
‣Alcool et sport
‣Le cas du rugby
L’INTERVENTION : PRÉPARATION MENTALE
Le système sportif est une structure sociale originale, voire unique
par sa double vocation éducative et productive
‣développement d’habiletés psychologiques liées à la pratique sportive
‣le bien-être et la santé du pratiquant
‣l’organisation et le cadre support de son activité
‣le contexte social et environnemental
‣pas un gourou, pas un pompier
‣psychologue # intervenant
LE CONCEPT D’ADDICTION
➤
Délinquant ou malade : loi de 70
➤
L’OMS définit l’addiction comme « un état de dépendance
périodique ou chronique à des substances ou à des
comportements ».
➤
La définition la plus rigoureuse de l’addiction est apportée par
GOODMAN en 1990.
« Processus dans lequel est réalisé un comportement qui peut
avoir pour fonction de procurer du plaisir et de soulager un
malaise intérieur, et qui se caractérise par l’échec répété de son
contrôle et sa persistance en dépit des conséquences négatives »
VULNÉRABILITÉ
Incapacité des sujets à faire preuve d’autonomie, à prendre des
initiatives, à être responsable de soi
Le degré de vulnérabilité sera fonction de l’interaction individuenvironnement. (personnalité /contexte)
NOYAU ADDICTIF
Forme de vulnérabilité
Facteurs psychologiques dispositionnels et transactionnels
Fonctionnement présent chez certains, contrôlable chez d’autres
devenir problématique
Decamps, Battaglia et Idier, 2010
ADDICTION A LA PRATIQUE SPORTIVE
➤
investissement excessif dans la pratique
arrêt ou restriction=syndrome de manque
tous les sportifs de HN=arrêt (blessure…)= manque
Pour certain: sevrage = dépression, irritabilité, troubles du
sommeil, concentration…
➤
Addiction: excès, recherche plaisir dans l’effort
voire sevrage
obsession, besoin
➤
Principalement chez les marathoniens, culturistes et haltérophiles
➤
Initialement addiction positive au sport = bien fait pour la santé
➤
drogués du sport : repoussent les limites, dépassement de soi,
sensation d’épuisement…isolement, insatisfaction, image du corps
erronée…
➤
besoin puissant malgré les conséquences négatives
ADDICTION A LA PRATIQUE SPORTIVE
➤
Conséquences négatives pour l’individu dans
la réduction des activités
continuation
conflit
investissement
perte de contrôle et rechute
➤
Détection:
Psychiatrie: symptômes par observation
évaluation standardisé
pas généralisables à la pratique dans certain contexte
outils spécifiques: ie. Running Addiction Scale (Chapman&Castro)
critères généraux: ie. Critères de dépendance au sport (Veale ou Magnon)
Réducteur :applicables chez les sportifs aux symptômes les + intenses # sportifs au
fonctionnement additif discret ? (pas pathologique)
QMICA (Décamps &al., 2010) :Questionnaire de Mesure de l’Intensité des Conduites
Addictives : sportifs, population générale…présentant des risques d’investissement excessif
ADDICTION A LA PRATIQUE SPORTIVE
➤
Limites
facilement identifiable dans la population en général
plus difficile chez sportifs intensifs= professionnel=fonctionnement
addictif « normal » et non pathogène
Excercise Dependance Scale (EDS-R, Kern, 2007): plus fin chez les sportifs
population générale : Epuisement psychologique ou physique
addiction (mode adaptatif).
>
➤
Prise en charge : surentraînement, burn-out > addictions
➤
Sportifs de loisirs : peu de consultations : bénéfices >contraintes et difficultés
(blessures, fatigue…)
➤
Les contraintes le sont plus pour l’entourage(vie sociale et familiale…)
➤
Parfois = troubles conduites alimentaires ou image du corps
➤
Personnalité : sport est une modalité de faire face
SURENTRAÎNEMENT
‣ AUGMENTATION DES CHARGES DE TRAVAIL = BAISSE DE LA PERFORMANCE
‣ DIFFICULTÉS DE RÉCUPÉRATION (STRESS ENTRAINEMENT ET VIE QUOTIDIENNE: DÉSORDRE
NEUROENDOCRINIEN)
‣ MANQUE DE FRAICHEUR, DIFFICULTÉS A MAINTENIR LES NIVEAUX D’ENTRAINEMENT
HABITUELS
‣ PLUSIEURS SEMAINES À PLUSIEURS MOIS
‣ SYMPTÔMES PHYSIQUES: RÉCUPÉRATION, PERFORMANCE, BLESSURES ASSOCIÉES,
COURBATURES, TENDINITES, CLAQUAGES, DÉCHIRURES…,AFFECTIONS, PERTE D’APPÉTIT,
TROUBLES DU SOMMEIL…
‣ SYMPTÔME PSYCHOLOGIQUE: INSTABILITÉ ÉMOTIONNELLE, APATHIE, IRRITABILITÉ,
AGITATION, BAISSE ESTIME DE SOI, RESSENTI ENVIRONNEMENTAL (TRAVAIL PLUS DUR…)…
‣ QUESTIONNAIRE D’ÉVALUATION DU SURENTRAÎNEMENT (SOCIÉTÉ FRANÇAISE MÉDECINE
DU SPORT)
‣ SURENTRAÎNEMENT POUR L’UN / NORMAL POUR L’AUTRE : TENIR COMPTE DE CETTE
VARIABLE, REPÉRAGE
BURN-OUT SPORTIF OU SYNDROME D’ÉPUISEMENT PSYCHOLOGIQUE DU SPORTIF
‣ ÉPUISEMENT ÉMOTIONNEL
‣ DÉPERSONNALISATION
‣ ACCOMPLISSEMENT PERSONNEL RÉDUIT
‣ RETRAIT PSYCHOLOGIQUE, ÉMOTIONNEL ET PHYSIQUE EN RÉPONSE AU STRESS EXCESSIF
OU À L’INSATISFACTION
BURN-OUT SPORTIF=DÉPRESSION, SENTIMENT D’ÉCHEC, FATIGUE, PERTE DE MOTIVATION
(AMOTIVATION), TURNOVER, ABSENTÉISME, UTILISATION DE LA VIOLENCE
‣ MOTIVATION INTRINSÈQUE(TACHE) VS EXTRINSÈQUE (EGO): BALANCE
‣ INFLUENCE DES TRAITS DE PERSONNALITÉ: CARACTÈRE CONSCIENCIEUX /
PERFECTIONNISME (ATTENTE PARENTS, ENTRAINEURS, DOUTES…)
CONSOMMATIONS DE SUBSTANCES ET PRATIQUE SPORTIVE
L’USAGE DE PRODUIT COMME
➤
Source de plaisir: l’homme fuit la souffrance et recherche le plaisir.
➤
Prise de drogue (alcool) = « voie courte » vers le plaisir qui peut dépasser en intensité
les plaisirs « naturels »
➤
Euphorie, plénitude vitale et inépuisable
➤
« Nous avons à combattre non pas une maladie mais le souvenir embelli d’une
expérience de plaisir » Claude Olievenstein
➤
L’usage de produit comme « réponse »:
-Face à une « situation » invivable. Face à l’insupportable.
-L’usage comme une des possibilités offertes.
-Automédication face à la souffrance
➤
Amélioration de la performance
DOPAGE ET CONDUITES DOPANTES
CONDUITES DOPANTES
● Utilisation de substance (vitamine, médicament, stupéfiants, boissons énégétique,
complément alimentaire…) pour surmonter un obstacle: examen, entretien
d’embauche, épreuve sportive….
● Habituation :
consommation + régularité = addictions
● > arrêt carrière (toxicomaniques) : compensation addictive (Decamps et al., 2010) :
manque comblé par l’investissement dans des activités physiques sans effets délétères,
substances psychotropes
DOPAGE
● Ne concerne que les sportifs dans le cadre de compétitions fédérales..
● Utilisation substance et/ou méthode interdite AMA (Agence Mondiale Anti Dopage)
● Sans autorisation à des fins thérapeutiques
● Au delà tricherie: conséquences dramatiques : santé, dépendance, recherche de
sensations
● pas de dépendance physique : régulation émotionnelle = prise en charge
LES CONDUITES À RISQUES
➤
Caractéristique à l’adolescence : mise en danger délibérée de soi, de sa
santé, de sa vie…
➤
Recherche de sens à travers de nouvelles expériences afin de tester ses
capacités physiques et psychiques dans un environnement inconnu et non
sécurisant
➤
Positif : récompense vs Négatif(effets non désirables)
➤
Socialement acceptable : métier ou sports à risques
➤
Socialement inacceptable : comportements de désinhibition;
consommations produits, rapports sexuels non protégés, jeux d’argent,
conduite sans permis…
➤
Les expérimentations de substances psychoactives surviennent dans des
temps de loisir à caractère festif ou amical, relâchements du contrôle
social, nouveaux rites
LES CONDUITES À RISQUES
➤
Les conduites à risque comportent toujours :
➤
La recherche du frisson, du vertige, de la défonce ou de la sensation
intense( impulsion, plaisir immédiat par tous les moyens…)
➤
Les bénéfices mise en danger > coûts des risques pour soi ou pour
l’autre (connus mais pas toujours reconnus).
➤
Perception du risque affaiblie et amplifiée par les groupes de
socialisation qui banalisent les risques liés aux conduites dont ils
sont coutumiers.
➤
Résolutions des conflits psychiques de l’adolescence (dépendance
et autonomie, expression de soi, intégration dans un groupe
d'affiliation, etc.).
➤
La prise de risque devient subie, plus que choisie: installation et
reproduction dans un système organisé
LA RÉDUCTION DES RISQUES: ALLER VERS
➤
Réduire les risques immédiats liés aux consommations: risques judiciaires,
sociaux, sanitaires, accident…
➤
Réduire les risques à long terme liés à la consommation régulière,
➤
Améliorer l’état de santé des usagers et leur insertion sociale
➤
Responsabiliser ses acteurs : parents, éducateurs, parents, joueurs
➤
Accroître l’intérêt pour les connaissances et méthodes d’intervention.
➤
Identifier les situations de vulnérabilité individuelle
➤
Identifier les groupes d’usagers à risque:les adolescents consommateurs
précoces d’alcool et de tabac ;
- les surconsommateurs du week-end majoritaires chez les 20-45 ans :
-les < 25 ans dont les niveaux de consommation sont supérieurs ;
-les hommes de 15-35 ans avec des ivresses fréquentes ;
-les surconsommateurs réguliers : hommes de plus de 40 ans ;
-les polyconsommateurs.
DE L’USAGE A LA DEPENDANCE (DSMIV)
➤
NON USAGE : Jamais consommé ; arrêt total de consommation
➤
USAGE SIMPLE: Pas une pathologie ;
N’entraîne pas de dommage
⇒USAGE à RISQUE : usage susceptible d’entraîner des dommages
Risques situationnels et quantitatifs, risques judiciaires avec produits illicites par
exemple (Binge Drinking: épisodique massive)
⇒ USAGE ABUSIF ou NOCIF : Troubles psychosomatiques liés à la
consommation répétée de produits
Dommages sociaux familiaux judiciaires induits
Légitime la prise en charge médicale
➤
MESUSAGE :Mauvais usage d’une chose; Utilisation non conforme aux
recommandations du résumé des caractéristiques du produit.
DE L’USAGE A LA DEPENDANCE (DSMIV)
➤
DEPENDANCE :
→ impossibilité de s’abstenir de consommer
→ compulsion : besoin majeur et incontrôlable
Dépendance physique
Syndrome de sevrage
Manque
Tolérance
Dépendance psychique
Craving
Malaise Psychique
UN PRODUIT
CONTEXTE
PERSONNALITE
LES DOSES
Recommandations OMS pour une consommation responsable
Les seuils définis par l'Organisation Mondiale de la Santé sont les suivants :
• pas plus de 21 verres par semaine pour l'usage régulier chez l'homme (3 verres/jour en
moyenne)
• pas plus de 14 verres par semaine pour l'usage régulier chez la femme (2 verres/jour en
moyenne)
• jamais plus de 4 verres par occasion pour l'usage ponctuel
L’ALCOOL ET LE SPORT: UNE LONGUE HISTOIRE D’AMOUR
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Une drogue comme les autres: poids culturel fort
➤
Longtemps associé et accepté comme stimulant à la
performance sportive
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Aujourd’hui la consommation d’alcool fait plutôt suite à la
performance que l’inverse : victoire, défaite, socialisation…
➤
Facteur de vulnérabilité: consommations plus importantes:
➤
en compétition que dans le sport amateur
➤
en club que seul
➤
dans les sports collectifs que dans les sports individuels
FACTEURS MOTIVATIONNELS
➤
valorisation de l’estime de soi
➤
facilitations des liens sociaux, intégration au groupe,
renforcent positif
➤
stress: résultats, enjeu, concurrence, adversaire :
➤
réponse à des situations problématiques: personnels, temps
de jeu, blessure, fin de carrière….
LE RUGBY: UN SPORT PAS COMME LES AUTRES
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Spécificité de l’activité: sport de combat collectif
➤
La 3° mi-temps: indissociable, lien social, on refait le match…
➤
Beuverie vue de l’extérieur
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Rituels et indispensables vue de l’intérieur
➤
2x plus de mésusage dans le rugby que dans le hand ou le judo
➤
3x plus de dépendance à l’alcool
➤
Dans le Haut Niveau: 2x plus de consommations à risques
3,5x plus de dépendance que dans les autres sports
(sources thèse de médecine O. BIGNANI, médecin RC MASSY, 2010).
➤
Le contexte : contexte rugby : 45% conso. excessives/23% dép. vs vie
quotidienne: 28% conso. excessives et 12% dép.
➤
Age plus faible dans les conduites de dépendance.
LES DÉTERMINANTS PSYCHO-SOCIOLOGIQUES
➤
L’influence des traits de personnalités: déterminants psycho, rôle des
pairs: difficultés à retenir ses sentiments, besoin de liberté
➤
Le sentiment d’appartenance sociale: intimité et acceptation par les
autres. Liens interpersonnels forts unissant les joueurs :
consommation (solidarité, courage, entraide…)
➤
Engagement dans l’activité : « work hard, play hard »
➤
Rôle des leaders, des modèles, des sponsors
➤
Normes masculines
➤
Disponibilité de l’alcool dans les clubs (environnement)
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Nouveau mode de consommation : Binge drinking : consommation
massive épisodique, polyconsommation
➤
dans les centre formation: double statut étudiant/ Athlète : Stress +++
QUELLE PRÉVENTION ?: S’INFORMER NE NUIT PAS À LA SANTÉ
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Connaitre les données
➤
S’informer, se former
➤
Créer des espaces de parole
➤
Eviter la stigmatisation et la marginalisation
➤
Former des adultes relais dans les clubs, comités…capable de repérer,
écouter, accompagner et orienter les joueurs en difficultés
➤
Développer des projets de prévention par les pairs, impliquer les
jeunes dans ces projets, réfléchir ensemble sur la vie du groupe
➤
Développer un réseau de professionnels, maillage local…
➤
Développer une politique de réductions des risques
VOS QUESTIONS ?
MERCI
Emmanuel Augey
06.20.26.61.16
[email protected]