le TLFi et 3 termes d`appartenance juridique exclusive

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le TLFi et 3 termes d`appartenance juridique exclusive
Le Trésor de la Langue Française Informatisé (TLFi)
http://atilf.atilf.fr/tlf.htm
Réalisé dans le cadre du CNRS par l’Institut national de la langue française, le Trésor de la
langue française, dictionnaire de la langue du 19e et du 20e siècle, dit TLF, édité par le
CNRS et les Editions Gallimard, est le fruit d’une entreprise sans précédent. Les 23 000
pages réparties en 16 volumes qui le constituent renouvellent la connaissance du français
moderne et contemporain.
Le projet du Trésor de la langue française (TLF) remonte à 1957. Le Centre de recherche pour
un Trésor de la langue française, laboratoire du CNRS a été créé à Nancy. Sous la direction de
Paul Imbs, puis de Bernard Quémada, plus d’une centaine de chercheurs et de techniciens y
ont collaboré : documentalistes, informaticiens, lexicologues, phonéticiens, historiens,
sémanticiens, relecteurs, réviseurs, coordinateurs, maquettistes. Un ordinateur Gamma 60
Bull a permis de traiter la documentation sur laquelle se fondent l’originalité et la fiabilité du
dictionnaire.
La richesse du TLF, citée en référence dans le Grand Robert, est celle des exemples (les
rédacteurs ont exploité un fond textuel qui leur a procuré près de 120 millions d’exemples
extraits de plus de 1500 œuvres). Il y a en fait deux Trésors : le Trésor ouvert, infini,
susceptible d’enrichissements permanents, constitué par la base de données textuelles
Frantext, et le Trésor- dictionnaire avec ses 16 volumes qui gère une partie de ces données.
Ce dictionnaire offre à son consultant la possibilité de compléter la documentation
d’exemples cités par l’examen de la base Frantext, gisement d’exemples à explorer en
permanence. Pour la rédaction de chaque rubrique, le rédacteur a eu à sa disposition un
dossier de mots donnant sous forme de photocopie le contenu des dictionnaires de langue, des
dictionnaires encyclopédiques Larousse, des dictionnaires techniques, ces derniers procédant
de l’index technique cumulant les nomenclatures de 550 dictionnaires de spécialités recensés
par le centre documentaire du Laboratoire. Contrôler la validité de l’information
dictionnairique disponible est la première tâche du rédacteur. Les principaux articles du TLF
sont terminés par une rubrique de bibliographie, une rubrique d’étymologie et d’histoire qui
rend compte du mouvement des mots et des sens de 1789 à nos jours, apportant les précisions
indispensables à l’histoire du mot, ses connotations culturelles, et un éclairage nécessaire à
l’analyse dite synchronique.
«Il est théoriquement impensable et pratiquement impossible que le contenu sémantique
d’un mot ne se ressente pas peu ou prou du chemin qu’il a parcouru dans le temps et dans
l’espace ; c’est à déceler ce passé subsistant dans le présent que doit aider le rappel de
l’étymologie.» (Paul Imbs).
En plus de la base Frantext, le rédacteur a consulté des ensembles documentaires importants
(l’IGLF, Inventaire général de la langue française, constitué de près de six millions de fiches,
une base de néologismes, un index technique cumulatif, etc.). Un classement syntagmatique
automatique permet au rédacteur de discerner rapidement les constructions usuelles d’un
mot, parce que fréquemment attestées ou les cooccurrences les plus fréquentes. Les articles
du TLF peuvent ainsi donner une base sûre de phraséologie pour les dictionnaires bilingues
rédigés à partir du français, rendre compte du phénomène de la lexicalisation et pénétrer,
grâce à cette documentation automatique, la combinatoire sémantique du français.
Voici les définitions que donne le TLFi pour trois termes d’appartenance
juridique exclusive : abigéat, abscission, arsin.
ABIGÉAT, subst. masc.
DR. ANC. Détournement de bétail en vue de se l'approprier (cf. hist.).
Étymol. ET HIST. 1721 terme jur., Trév. 1740 s.v. : Terme de Droit Romain. L'Abigeat
est une action qui consiste à emmener les troupeaux des pâturages pour se les approprier ...
Dans l'Antiquité, se distinguait du vol simple par une série de conditions tenant au lieu
(champs, pâturages), au mode de soustraction (sans transport, mais par détournement : on
pousse le bétail devant soi), au nombre (selon la taille du bétail soustrait).
Empr. au subst. lat. abigeatus, terme jur. « enlèvement de bétail » (de abigere « enlever,
détourner un troupeau »), attesté dep. II-IIIe s., CALLISTRATE, Dig. 47, 14, 3, 1 ds TLL s.v., 94, 44 :
porcos etiam quinque vel quattuor abactos, equum bovem vel unum, abigeatus crimen facere;
très peu attesté en lat. médiév.
ABSCISSION, subst. fém.
CHIR., vieilli. Synon. de excision, action de retrancher une partie molle peu volumineuse du
corps.
P. ext. BOT. Couche d'abscission. Endroit du pétiole d'une feuille où celle-ci se détache de
la tige :
Le mot entre dans la langue. sous la forme abcision (XIIe s) ; abscision est attesté au XIIIe s.
(cf. étymol.). Il apparaît dans les dict. à partir de Ac. Compl. 1842 : abcission, puis ds DG, qui
note ,,Abscision, avec l'explication suiv. : Abscission, emprunté du lat. abscisio, m. s. de
abscidere, couper; abscission, du lat. abscissio, séparation, de abscindere, séparer.``
a)début XIIIe s. « excommunication » (Règle de St Benoit, ms. Sens, p. 151b ds GDF. : Li abes
doit user du fer de abscision, [Bened. Reg. 28 ds TLL s.v. : ferro abscisionis];
b) 2e moitié XIVe s. abcision de voiz « cassure, défaillance de voix » (BRUNO DE LONGOBUCCO,
Cyrurgie, ms. de Salis, fo 39c ds GDF. : Sincopis, abcisions de voiz);
c)1503 terme méd. « action d'enlever » (Le Guidon en francoys, 169c, éd. 1534 ds Rom.
Forsch., XXXII, 4 : Le régime propre [de cure de paralisie] comprent quatre choses. La
première est esgallement de la matière. La seconde est abscision d'elle); av. 1522 terme méd.
« amputation » (BUDÉ, Instit. du Prince, éd. J. Foucher, ch. 44 ds HUG. : En faisant incisions, et
abscisions de membres);
d) 1508-1517 capitale abscision « décapitation » (FOSSETIER, Chron. Marg., ms. Brux. 10512,
VIII, II, 4 ds GDF. : Alexandre merit par capitale abscision corone de martir).
HIST. Emplois variés du terme jusqu'au XVIe s. (cf. étymol.). N'est pas mentionné par les
dict. généraux avant le XIXe s. à cette date, il ne s'applique plus qu'au domaine de la chirurgie;
à partir de DG, il est considéré comme vieilli. Au XXe s. léger regain de vitalité en raison de
son extension. à la botanique.
ARSIN, INE, adj. et subst. masc.
A. Adj., FOREST. Bois arsin. Bois sur pied qui a été endommagé ou détruit par le feu.
B. Subst. masc., DR. COUTUMIER. Exécution de justice qui, au Moyen-Âge, consistait à
brûler la maison du condamné.
ÉTYMOL. ET HIST.
A. Subst. 1. 1281, 1er mai, dr. « incendie judiciaire, destruction de la maison d'un homme
coupable envers la cité » (Lettre de non préjudice pour arsin ds ROISIN, Franchises, Lois et
Coutumes de la ville de Lille, éd. Vrun-Lavainne, Mille 1842, p. 295 : Nous, Jehans, rewars
de l'amiste de Lille, eschevin et tout li communs, faisons savoir a tous chiaus qui ches lettres
veront que pour loquoison del arsin [...] navons nous nul droit acquis);
2. 1740 « bois brûlé » (Trév.).
B. Adj. 1755 bois arsins (PRÉV.).
Dér. de ars2*, part. passé de ardre* (FEW t. 1, s.v. ardere); suff. -in*; déjà arsinum « droit de
connaître le délit d'incendie » en lat. médiév. au XIe s. (Charta ann. 1071 in Append. ad
Marcam Hispan. col. 1162 ds DU CANGE).