l`évangelisation dans le comte de nice, ecoles et bienfaisance

Transcription

l`évangelisation dans le comte de nice, ecoles et bienfaisance
L’ÉVANGELISATION DANS LE COMTE DE NICE,
ECOLES ET BIENFAISANCE
MYRIAM A ORBAN
DES REUNIONS PUBLIQUES .............................................................................................................. 3
DES ECOLES ...................................................................................................................................... 5
LE COMTE DE NICE ............................................................................................................................ 5
1er département des Alpes-Maritimes 1800-1815............................................................................... 5
Retour à la Maison de Savoie - 1815-1860 ........................................................................................ 6
EVOLUTION DE L’ENSEIGNEMENT EN FRANCE .................................................................................. 7
LES ECOLES EVANGELIQUES .............................................................................................................. 9
L’école évangélique de Nice .............................................................................................................. 9
Bilan ................................................................................................................................................. 10
LES ŒUVRES DE BIENFAISANCE ...................................................................................................... 10
Des asiles ......................................................................................................................................... 12
L’Asile évangélique de Nice ............................................................................................................ 12
Les asiles et orphelinats de Cannes et Menton ................................................................................. 14
UN BILAN MITIGE ........................................................................................................................... 15
Résumé
Dans le comté de Nice et l’arrondissement de Grasse1, l’évangélisation commence au
début du XIXe s. par les colporteurs genevois et français qui, au gré de leur séjour, vendent et
distribuent Bibles et livres religieux. Ils s’installent auprès des foires et des marchés, ils vont
aussi de maison en maison. Puis arrivent des évangélistes qui sont souvent aussi instituteurs,
envoyés par des sociétés évangéliques de Paris ou de Genève, parfois ils sont recrutés par des
familles étrangères fortunées. La promulgation du Statuto fondamentale en 1848, permet aux
évangélistes venant d’Angleterre de se lancer dans l’évangélisation de cette région. Des
petites communautés se forment ainsi un peu partout. Dans un second temps, arrivent des
1
L'arrondissement de Grasse est une division administrative française, située dans
le département des Alpes-Maritimes et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il est arrosé par le Var, fleuve qui
donna son nom au département homonyme, dont le chef-lieu Grasse, était l'une des sous-préfectures. Le
rattachement du comté de Nice à la France en 1860 entraîna la création d'un nouveau département des AlpesMaritimes, auquel l'arrondissement de Grasse fut rattaché, faisant perdre ainsi au département du Var le cours du
fleuve qui est à l'origine de son nom.
évangélistes italiens. Parmi les moyens de l’évangélisation, les cultes, conférences, réunions
mais aussi et surtout les écoles évangéliques et les comités de bienfaisance.
Ce n’est que vers la fin des années 1870, que l’évangélisation devient plus systématique
et organisée grâce à la création de nombreuses œuvres fondées et destinées à la conversion au
moyen de réunions publiques et de conférences. Quoique les sociétés d’évangélisation
françaises soient supposées s’occuper uniquement des protestants disséminés2, les hommes et
les femmes qui composent les petites ecclésioles naissantes sont, sauf exception, des
convertis, d’anciens catholiques romains.
Mots clés : évangélisation, évangélistes, pasteurs, protestants, comté de Nice.
In the county of Nice and the district of Grasse, evangelising started in the beginning of
the 19th century by traveling salesmen from Geneva and France who whilst they travelled
sold and distributed bibles and religious books. They chose market places to give their books
and also went from door to door to place their goods .Afterwards the Evangelists arrived who
were often school teachers sent by Evangelist societies from Paris or Geneva and / or recruted
by rich foreign families. The publication of the ‘Statuto Fondamentale’ in 1848 allowed other
Evangelists coming from England to start more Evangelising in that area. Small communities
start to form in places around. Then the Italien Evangelists arrived also. Amongst the different
methods used to evangelise there were Church services, conferences, reunions , religious
schools and charity mouvements.
Key Words : evangelisation, evangelists , ministers , protestants , county of Nice .
Introduction
D’une manière générale, on peut dire que l’évangélisation est vue diversement selon les
options doctrinales et/ou politiques religieuse et gouvernementale. Pratiquement, dans le
comté de Nice et l’arrondissement de Grasse3, elle commence au début du XIXe s. par les
colporteurs genevois et français qui, au gré de leur séjour, vendent et distribuent Bibles et
livres religieux. Ils s’installent auprès des foires et des marchés ; parfois, ils vont de maison
en maison. Puis arrivent des évangélistes qui sont souvent aussi instituteurs, envoyés par des
sociétés évangéliques de Paris ou de Genève, ils peuvent être recrutés par des familles
étrangères fortunées. Les évangélistes ont en général suivi une formation courte et peuvent
tenir des réunions pour l’enseignement et l’évangélisation de leurs enfants. Ils n’ont toutefois
pas le droit d’administrer les sacrements : baptême et cène. Lorsqu’une communauté est
suffisamment étoffée, de petites stations ou postes sont créés et est envoyé un pasteur.
L’évangélisation comporte trois axes principaux : réunions et conférences publiques ou
privées, ensuite elle passe par l'installation d’écoles mais par la création d’œuvres de
bienfaisances ou sociétés de secours. Le culte est l’un des moments forts. Il est à noter que les
2
Empruntée au grec, la notion de diaspora, soit « dispersion », est étroitement liée à l'histoire du
judaïsme. Par extension, elle sert aussi à désigner une minorité religieuse vivant au milieu d'une population d'une
autre croyance. Dans le monde chrétien, le terme est traditionnellement utilisé pour une minorité confessionnelle
vivant dans une région pratiquant une autre confession. En 1839 la Société d’évangélisation pour les protestants
disséminés voit le jour, à la suite de quoi d’autres sociétés se créeront dans diverses régions de France.
3
L'arrondissement de Grasse est une division administrative française, (Grasse est le chef-lieu et la souspréfecture), située dans le département des Alpes-Maritimes). Le rattachement du comté de Nice à la France en
1860 entraina la création d’un nouveau département des Alpes-Maritimes auquel l’arrondissement de Grasse fut
rattaché..
Britanniques ont parfois suivi une autre stratégie, l’évangélisation par le travail, notamment
en embauchant des Niçois pour la construction du Chemin des Anglais (Actuellement
Promenade des Anglais) suivant en cela la théologie de Calvin pour qui le travail redonne une
dignité à l’homme qui participe à l’œuvre de Dieu et par la théorie du Réveil.
Dans le comté, les documents rapportent trois noms : Buscarlet, Yagues, Rousseau4.
Puis, dès la promulgation du Statuto fondamentale en 1848, des évangélistes venant
d’Angleterre se lancent dans l’évangélisation de cette région appartenant à la Maison de
Savoie. Des petites communautés se forment ainsi un peu partout. Dans un second temps,
arrivent des évangélistes italiens5. Ce n’est que vers la fin des années 1870, que
l’évangélisation devient plus systématique et organisée grâce à la création de nombreuses
œuvres fondées et destinées à la conversion au moyen de réunions publiques et de
conférences.
DES REUNIONS PUBLIQUES
Dans l’arrondissement de Grasse
Dans l’arrondissement de Grasse, l’évangélisation proprement dite a débuté dans les
années 1830. Colporteurs et évangélistes sont signalés à la Gaude, Gattières, Carros, Le Broc,
Bézaudun, Conségudes, Cannes, Cagnes, Saint-Laurent, Vence et Antibes qui ne sont encore
que des villages ou de petits bourgs. Quelques noms y sont associés dans les brèves
historiographies des Églises protestantes : Allard, colporteur, le pasteur Abraham Chardonney
et sa fille, Anthelme Boucher et Cramer, évangélistes. Leur arrivée suscite des inquiétudes. La
police les surveille de près et trouve nombre de prétextes pour interdire leurs réunions. En
cette première moitié du XIXe siècle, l’État français a mis en place toute une série de lois
visant à encadrer les réunions publiques destinées aux adultes et axées sur la conversion. Les
rapports des commissaires de police, des préfets et des maires de l’arrondissement de Grasse,
montrent clairement qu’il est fait appel à toutes ces lois, décrets, ordonnances possibles visant
à interdire de séjour les évangélistes dans leur département : ou ce sont des étrangers, ou ils
n’ont pas le brevet ou la patente pour distribuer des livres, ou ils n’ont pas toute leur raison,
ou encore ils font de la politique.
En 1845, le sous-préfet de Grasse, Ernest Fauqueux, allègue que ces réunions ne sont
pas autorisées par le consistoire de Marseille6 dont dépend la région depuis le découpage de
Napoléon 1er du territoire en consistoires pour les interdire. Ce qui est pourtant hors de la
compétence dudit consistoire. Mais il arrive que le préfet intervienne pour s’opposer aux abus
des maires et donner les autorisations nécessaires si le motif allégué pour le refus n’est pas
suffisamment étayé et régulièrement motivé7. Dans ce cas, le commissaire de police est invité
à trouver des motifs acceptables et parmi ceux-ci, on trouve l’exaspération de la population.
La population, dans son ensemble, est méfiante voire hostile à ce qui est différent, à ce
qui n’est pas dans la tradition, comme partout quand elle est dérangée dans ses convictions et
ses habitudes. Les rapports de police rapportent que dans certaines familles, la zizanie
s’installe lorsque des membres se convertissent et d’autres pas, ou lors de la mort au sujet de
4
Myriam A. Orban, La religion des aristocrates dans le comté de Nice, Ed. Culture Sud, 2011.
5
Ibid.
6
ADAM, E 097/186 2P1, Lettre du sous-préfet du 30 janvier 1845 au maire du Broc.
7
Ibid., 07v 0001, Cultes non catholiques, Lettre du préfet du 4 février 1847.
l’administration des sacrements. Une note du maire de Cannes est symptomatique de cet état
d’esprit8:
[…] Ils désunissent les familles, jettent le trouble et la perturbation […] la
population est irritée parce qu’ils obtiennent des apostasies à prix d’argent, sollicitées
par la calomnie ; il y a de l’agitation dans les chantiers de la ville et à la campagne, les
jeunes gens gardent leur chapeau sur la tête lors de procession […] ; telles sont les
agitations, menées odieuses, qui ont valu aux prédicants réformés la haine d’une
population toute catholique qui ne comprendra jamais le motif de cette propagande
violente au milieu de nous.
Ces distributions d’argent ou aides leur seront reprochées tout au long du siècle. Á quoi
le pasteur Léon Pilatte rétorquera : « Vous qualifiez sévèrement l’ouvrier qui se fait protestant
pour avoir une blouse neuve, vous dîtes qu’il trafique sa conscience, au lieu d’une blouse
mettez une couronne ; en quoi diffère la nature du trafic9 ? » faisant référence à la princesse
du Danemark qui a quitté le luthéranisme pour la religion russe pour pouvoir se marier. Il
rappelle qu’il faut faire le bien sans arrière-pensée. Les convertis sont surveillés et subissent
des représailles de la population même. Le contrôle de qui va à la messe ou non est exercé
avec vigilance, qui se signe ou pas lors de processions10.
Dans le comté
Jusqu’en 1860 dans le comté, toute réunion est interdite sauf autorisation, mais la loi est
souvent contournée tel qu’en attestent les différents courriers du pasteur Léon Pilatte relatifs à
l’implantation des plymouthistes, méthodistes et autres groupes revivalistes venant
d’Angleterre et d’Italie. Après l’annexion11, les réunions peuvent avoir lieu avec toutefois
quelques réserves. Des autorisations sont toujours requises et accordées selon la personnalité
et les qualités des demandeurs. Les rapports et comptes-rendus des œuvres d’évangélisation
relatent les sentiments hostiles de la population vis-à-vis du protestantisme alors que les
rapports des Églises en eux-mêmes se font prudents sur les troubles ou les difficultés dans
l’exercice du culte. Les allogènes sont mal perçus. Pilatte, dans son opuscule La vie à Nice12
paru en 1865, fournit quelques éléments sur les mentalités.
Vous êtes pour les Niçois, l’étranger, l’hôte de la ville, l’hôte bienvenu. Mais vous
êtes aussi le client, le consommateur, c’est-à-dire un peu la matière exploitable, la
source bienfaitrice d’où doit couler en partie la prospérité de tout un petit monde qui
travaillant pour l’étranger doit vivre de l’étranger comme c’est justice. Prenez en votre
parti en évitant deux excès contraires, celui de la défiance et celui de la confiance […]
Soyez circonspect et prudent.
Cela est dit de manière diplomatique mais l’on devine au travers ces mots toute la
réalité du terrain. Il est vrai que les mentalités nordistes et méditerranéennes étaient
8
Ibid., 07v 0001, Cultes non catholiques, Lettre du maire de Cannes du 3 février 1847.
9
Charles LUIGI, Hippolyte DRAUSSIN, LEON PILATTE, Œuvres choisies, Introduction Charles Luigi et
Hippolyte Draussin, Lausanne, Imprimerie George Bridel et Cie, 1894. p. 81.
10
ADAM, 07v 0001, Surveillance.
11
Annexion : Le Traité de Turin en lui-même n’emploie pas ce terme mais union et réunion toutefois les
décrets d’application l’emploient et au sens juridique du terme l’emploi de ce mot est exact même si les
sensibilités contemporaines préfèrent rattachement, union ou réunion. le terme employé fut et est encore dans
certains milieux niçois « annexion ».
12
Léon PILATTE, La Vie à Nice. Librairie internationale, 1865. 55 quai Saint-Jean-Baptiste. p. 24, 25.
incompatibles. L’étranger arrive avec une certaine morgue vis-à-vis de la population, et celleci ne comprend pas ses mœurs, sa religion, sa richesse ostentatoire.
DES ECOLES
La Réforme a de tout temps considéré l’enseignement et l’éducation comme une partie
essentielle de l’évangélisation et les Réformateurs ont donné une place égale à l’éducation des
filles comme des garçons. Leurs intentions étaient théologiques, mais bien vite,
l’alphabétisation est perçue comme un moyen d’élévation spirituelle. La discipline de l’Église
réformée de France au XVIe siècle fait obligation aux Églises d’ouvrir une école à côté de
chaque Église locale13. Il y a donc un lien particulier entre évangélisation et alphabétisation.
Début du XIXe siècle, les protestants ont une réaction de défense devant les tentatives du
clergé romain de récupérer les protestants égarés dans une foi hérétique : ils organisent des
écoles pour la transmission de leur patrimoine culturel et spirituel, le prosélytisme catholique,
agressif à cette époque, est vécu comme une menace. S’il faut savoir lire la Bible, le
protestant considère aussi que l’éducation et le savoir élèvent l’homme de sa condition. Une
société pour encourager l’instruction primaire parmi les protestants de France (SEIPP) est
créée en 1829. Elle conçoit un réseau d’écoles protestantes pour les enfants de la minorité
réformée. Elle est reconnue d’utilité publique le 15 juillet 182914. Dans les régions où la seule
possibilité pour les enfants des protestants est d’aller dans des écoles catholiques, ils sont
partisans d’écoles mixtes du point de vue confessionnel. Ils œuvrent pour l’ouverture
d’écoles protestantes quand les petits villages pauvres n’ont pas la possibilité d’ouvrir des
écoles communales.
Ces écoles créées par les protestants sont soumises à autorisation, donc à des refus,
comme ce fut le cas pour l’instituteur Guilbot malgré son obstination. Ces refus les
contraignent à créer des écoles clandestines à leur domicile ou bien au domicile des pasteurs
qui enseignent à des petits groupes d’élèves.
LE COMTE DE N ICE
1er département des Alpes-Maritimes 1800-1815
Dès la première annexion du comté de Nice par Napoléon, le ministre Chaptal en 18001801 appelle les Conseils généraux à exprimer leur opinion sur l’état de l’enseignement dans
les régions nouvellement conquises (dont le comté de Nice). Un rapport signale15 :
L’éducation est entre les mains d’anciens prêtres… isolés ou réunis. Il est
essentiel que le gouvernement organise au plus tôt une éducation conforme à ses vues.
L’éducation des femmes est un peu moins vicieuse, et comme leur influence politique
est moins directe, il y a moins de danger à l’abandonner encore quelque temps aux exreligieuses […] la modicité des traitements qu’on offrait aux instituteurs a empêché
Patrick CABANEL et André ENCREVE (dir.), Les protestants, l’école et la laïcité, XVIIIe – XXe siècles,
Institut national de recherches pédagogique, mai 2006, n° 110, p. 8.
13
14
Cf. Patrick CABANEL, « De l’école protestante à la laïcité. La Société pour l’encouragement de
l’instruction primaire parmi les protestants de France (1829 - 1880) », Histoire de l’éducation [En ligne],
110 | 2006, mis en ligne le 03 avril 2009. URL : http://histoire-education.revues.org/index1346.html. ; Patrick
CABANEL et André ENCREVE, Les Protestants et la laïcité XVIII-XXe siècle, Paris, INRP, 2006, p. 53.
15
Cf. Albert BALEAU, L’École au village, pendant la révolution, Paris, Librairie académique Didier et
Cie, Libraires éditeurs, 1885, p. 264 ss.
l’exécution de la loi du 3 brumaire an IV qui établissait les écoles primaires. Il faudrait
augmenter le traitement des instituteurs. On pourrait les charger de la rédaction des
actes écrits avec une rétribution en conséquence.
Le professeur de physique à l’École centrale de Nice, François-Emmanuel Fodéré
(1764-1835) est chargé par le préfet de Nice, Joseph Florens préfet des Alpes-Maritimes du
21 ventôse an VIII à 1814, en l’an X, de dresser une statistique du département. Il dénombre
six écoles publiques plus quelques écoles privées tenues par des prêtres et d’anciens religieux.
La langue française, soi-disant obligatoire, n’est toujours pas enseignée. Aussi, par sa
circulaire datant du 18 germinal an XIII, le préfet Dubouchage est obligé de rappeler à l’ordre
les instituteurs de la région les menaçant de sanction s’il n’applique pas la loi relative à
l’enseignement du français16.
Retour à la Maison de Savoie - 1815-1860
Les lois sardes et françaises présentent des similitudes dans leurs principes concernant
l’enseignement. La religion est reconnue comme le fondement de la morale et le catéchisme
doit être enseigné à l’école. Mais pour ce qui de l’accès aux écoles, les différences sont
notables : la législation sarde dès 1833 fait supporter au seul budget de la commune le coût de
l’instruction. Les communes du comté, souvent pauvres, ont donc recours aux services de
prêtres originaires du pays (village) qui parlent la langue vernaculaire. S’il manque de prêtres
originaires du village, l’enseignement est prodigué par des abbés instituteurs d’origine
italienne. Ceux-ci ne connaissent pas le français ce qui leur vaudra, après l’annexion, d’être
révoqués.
En 1829, il y a, à Nice, six écoles dont une école de filles placée sous le contrôle du
Consul de la Réforme, homologue du Conseil académique français. En 1848, la loi
Boncompagni unifie le système scolaire et retire l´enseignement au clergé pour le remettre à
la tutelle du ministère de l’Instruction publique. Or, les communes, les villages, ne peuvent
pas souvent payer l’instituteur, le local, et le matériel nécessaires : les cahiers, les livres. Mais
l’on peut dire que le Gouvernement se soucie de l’enseignement. Outre les écoles, il crée des
salles d’asile pour les enfants pauvres et des écoles du soir pour les adultes. Mais le manque
de moyens financiers pour l’instruction laisse la place à l’enseignement privé.
Quand un évangéliste ou un pasteur s’installe, il met en place un dispositif d’éducation
et d’instruction en créant des écoles. En l’absence d’école publique, ou en présence de la
gratuité, elles sont fréquentées par des enfants catholiques qui outrepassent les interdictions.
Les « colonies » étrangères protestantes et anglicanes entretiennent chacune leurs propres
écoles ; elles sont suisse, britannique, allemande, russe. L’Église évangélique de Nice lors de
sa fondation, en inaugure deux, une école de filles et une école de garçons. Dans ces écoles
évangéliques, les enfants de toute confession sont admis, en dépit du fait que cette école
évangélique peut être accusée de prosélytisme donc interdite puis fermée. Les écoles sont
conformes aux exigences des lois ; en l’occurrence, avant 1860 aux lois sardes, puis aux lois
françaises suivant en cela les recommandations de la Société pour l’encouragement de
l’instruction primaire parmi les protestants de France (SEIPP).
Dans le comté, après l’annexion le statut des instituteurs change. L’État français
organise l’enseignement. Les instituteurs tolérés par le Gouvernement sarde doivent obtenir le
brevet français, indispensable à toute personne non titulaire du baccalauréat s’ils veulent
16
AMVN, R1/4, Enseignement du français dans les écoles, Dubouchage.
ouvrir un établissement secondaire libre (Loi du 15 mars 185017). Une lettre ministérielle du
28 janvier 1860 informe qu’il ne doit plus avoir d’ecclésiastiques étrangers, sous-entendu
italiens, occupés dans les écoles primaires dans le département des Alpes-Maritimes. Cette
décision entraîne un déficit d’enseignants principalement dans les petites communes de
l’arrière-pays. Vu le coût de l’instruction mis à leur charge, elles se trouvent dans l’obligation
de fermer les écoles ou renoncent à en ouvrir. C’est alors l’enseignement privé congréganiste
qui s’installe. En conséquence, la situation après l’annexion est complexe. Il y a d’une part,
les exigences de l’État et de l’Inspection académique et par ailleurs, la réalité du terrain,
l’impossibilité financière pour les communes d’ouvrir des écoles par manque d’élèves
payants. Les paysans sont trop pauvres pour pouvoir participer à l’instruction de leurs enfants,
et pour la plupart du temps, ils n’en voient pas la nécessité.
En 1860, le nombre total d’écoles dans les Alpes-Maritimes est de 322 mais l’on note de
grandes disparités géographiques18. Par voie de presse, le Gouvernement fait appel aux
instituteurs qui désireraient s’établir dans le nouveau département. Les propositions sont
nombreuses. La préfecture indique les difficultés de recrutement : un salaire médiocre (700 à
1000 F. par an)19, mais possibilité de l’arrondir moyennant un service de secrétariat. Il est
souligné que certains villages sont d’accès difficiles. Il semble qu’aucun instituteur des écoles
évangéliques ne s’est proposé20. Les statistiques réclamées par l’Académie d’Aix ne
comportent que les écoles autorisées21. Ce rapport distingue : école publique laïque ou
congréganiste et école privée laïque ou congréganiste. Il indique qu’« il existe des écoles
clandestines qu’il faut fermer, car elles sont soupçonnées de porter préjudice à l’enseignement
public22.» Ce rapport souligne que ces écoles sont le fait d’instituteurs donnant des leçons
particulières à de petits groupes d’enfants. Souvent cet enseignement est gratuit ce qui attire
les parents dans l’impossibilité de régler l’inscription dans les écoles publiques. Si l’école
publique est payante, la gratuité existe si les familles sont trop pauvres pour payer un écot.
Elle est donc onéreuse pour la commune qui est chargée de mettre un bâtiment à disposition et
de loger l’instituteur.
EVOLUTION DE L’ENSEIGNEMENT EN FRANCE
L’instruction est objet de toutes les attentions du Gouvernement. En route pour la
laïcité, les lois se succèdent pour la réglementer. Dès 1816, l’instruction publique et
l’instruction religieuse sont conjointes dans les écoles dites « mixtes » (Le mot au cours du
siècle prendra diverses significations soit « des deux sexes », soit « des deux enseignements
publique et privé »). En 1833, Le ministre de l'Instruction publique Guizot fait voter une loi
sur l'instruction primaire appelée Loi du 28 juin 1833 (article 3 du titre I). Le ministre
s'attache à ce que l'enseignement primaire outre divers apprentissages, comprenne l'éducation
17
TOUSSAINT Daniel, « Un examen pour les instituteurs : le brevet de capacité de l’instruction primaire
dans le département de la Somme (1833-1880) », Histoire de l’éducation [En ligne], 94 | 2002, mis en ligne le
07 janvier 2009, URL : http://histoire-education.revues.org/index814.html
18
En 1880, il atteint le chiffre de 438. Pour ce qui concerne les écoles d’enseignement primaire : ADAM,
série 01T, Fonds de l’Inspection académique.
Pour mémoire, les ouvriers gagnent de 1,50 à 2,50 F. par jour, les femmes environ 1,25 F. pour 13
heures de travail l’été et 10 en hiver.
19
20
ADAM 01T 0485, Fonds de l’Inspection académique.
21
Ibid., 01T 0253, Lettre du Cabinet du ministre de l’Instruction public du 2 octobre 1864.
22
Ibid., 01T 0249, Inspection académique.
morale et religieuse. Qu'elle soit privée ou publique, l'instruction primaire élémentaire doit
nécessairement comprendre l'instruction morale et religieuse, la lecture, l'écriture, les
éléments de la langue française et du calcul, le système légal des poids et mesures.
Sous Louis-Napoléon Bonaparte, le débat sur l’enseignement reprend. La loi du 15 mars
1850, dite loi Falloux, reconnaît deux sortes d’écoles, les écoles publiques et les écoles
privées dites libres, fondées ou entretenues par des particuliers, des congrégations ou des
associations. Cette loi renforce le contrôle de l’Église catholique sur l’enseignement primaire
car « le conseil académique où siège de droit l’évêque peut, sur simple rapport d’un curé,
déplacer l’instituteur du lieu23.» Et, si par ailleurs, nul ne peut enseigner s’il n’est titulaire
d’un brevet de capacité à l’enseignement primaire, les dérogations pour les congrégations
religieuses catholiques sont nombreuses, moyennant des gages de compétence en provenance
de l’évêque. L’article 28 de la loi stipule que dans les communes où les différents cultes
reconnus sont professés publiquement, des écoles séparées seront établies pour les enfants
appartenant à chacun de ces cultes. Cela concerne les protestants. Malheureusement, il n’y a
pas de « culte reconnu » dans l’arrondissement du Var, ni dans les Alpes-Maritimes. C’est
laisser la place aux cultes non-reconnus qui installent des écoles privées et clandestines. Ces
écoles sont donc absentes des statistiques, et nous n’avons que quelques témoignages de
pasteurs et instituteurs concernant leur nombre et les enfants les fréquentant. Les demandes
d’ouverture d’école par ces instituteurs évangélistes sont systématiquement refusées.
Ferdinand Guilbot, ouvre cependant, une école à La Gaude. Le recteur catholique,
l’abbé Bonafous, en ordonne la fermeture arguant que les formalités n’ont pas été faites en
règle. Nonobstant, Guilbot rouvre son école en août 1850 anticipant la loi Falloux. Invoquant
la circulaire du 24 décembre 1850 qui interdit l’admission des enfants des deux sexes dans
une même école libre, elle est à nouveau fermée par le préfet sous prétexte qu’elle est
contraire aux bonnes mœurs. L’instituteur n’en reste pas là et fait intervenir le pasteur
Auguste-Laurent Montandon24, qui vient d’être élu au Conseil supérieur de l’instruction
publique. Celui-ci demande des explications à l’abbé. Ce dernier réplique que le
protestantisme est immoral. Guilbot s’obstine, s’adresse alors au Conseil d’État et un nouveau
refus lui est signifié en 185225. Il décide de s’installer à Nice suite aux difficultés rencontrées
en France, où il donne des cours particuliers puis est recruté par le pasteur Pilatte pour
enseigner dans son école de garçons.
Les autorisations octroyées aux évangélistes instituteurs par les maires restent
exceptionnelles car la loi leur permet de s’opposer à l’ouverture d’écoles libres mixtes, « dans
l’intérêt des mœurs publiques. » Cette formule passe-partout est destinée à opposer un refus
sans qu’il n’y ait un motif avéré. En 1851, le recteur du Var utilise également ce motif pour
s’opposer à l’ouverture d’une école protestante à Cannes. Jean Baubérot indique qu’« il s’agit
d’une interprétation abusive de la loi du 15 mai 1850 qui permet de condamner sans appel des
instituteurs présentant un danger pour les bonnes mœurs et de fermer immédiatement leur
23
http://education.assemblée-nationale.fr
SHPF, Ms 684 bis, Auguste Laurent Montandon est un pasteur « libéral-modéré » ; AN, F17 12523,
lettres de Guilbot du 20 janvier 1850 et de Montandon du 15 février 1851 ; ADAM, E 062/02I003 du An XIII au
31/12/1852, Surveillance de l'esprit public. Colportage, imprimerie, librairie : circulaires, instructions relatives
aux livres religieux (an XIII-1849). Doctrine protestante : instructions, correspondance (1844-1852), ouverture
d'une école primaire privée par Ferdinand Guilbot.
24
25
1852).
AN, F17 12523, Ville de La Gaude (Var/Alpes-Maritimes), correspondances et arrêtés du recteur (1850-
école26.» Quelques autorisations sont données cependant, mais elles fluctuent selon les villes
et villages. À Cannes, une école privée protestante est créée en 1856, l’École de la Colline27 ;
mais opposition est faite à l’ouverture d’une école primaire en 185728. Quand ces écoles
existent, les pasteurs et instituteurs estiment que les inscriptions sont satisfaisantes là où il y a
quelques protestants ou encore quand les maires n’ont pas toujours la possibilité matérielle
d’ouvrir des écoles publiques laïques. Les protestants ont-ils bénéficié de cette situation ?
Difficile à dire, les statistiques manquent quant aux écoles évangéliques ou congréganistes
selon le terme employé à l’époque. Les pasteurs, évangélistes et instituteurs habitués à la
clandestinité restent très discrets sur leurs activités vis-à-vis des autorités par mesure de
sécurité.
Fin des années 1860, l’esprit de la loi tend à rendre l’enseignement public totalement
gratuit et les communes les plus riches augmentent leur aide aux enfants pauvres. Victor Dury
(1811-1894), alors ministre de l’Instruction, est favorable à la Caisse des écoles qui octroie
une aide aux communes ouvrant un établissement scolaire chez elles. La gratuité pour tous les
enfants allant à l’école se répand, plusieurs conseils municipaux emboîtent le pas, instaurant
la gratuité totale de l’enseignement dans leur ville ou commune. Cette situation est
préjudiciable aux écoles protestantes qui offre un enseignement gratuit pour les démunis. Dès
1867, Toulon décrète l’instruction gratuite et laïque dans la ville avant même les décisions de
l’État, une mesure qui enlève presque tous les élèves des écoles évangéliques. Quand ces
écoles doivent fermer faute d’élèves, seule l’évangélisation par les écoles du dimanche et du
jeudi pour les enfants et les réunions publiques pour adultes, est possible.
LES ECOLES EVANGELIQUES
Une définition de l’école évangélique est complexe. Ces écoles sont issues directement
du Réveil. Dans la région deux écoles portent le nom d’évangélique : une école à Cannes,
l’école dite de la Colline, rue de la Croix, une autre à Nice à côté du temple dit vaudois, toutes
deux créées respectivement en 1855 et en 1856. D’autres écoles ont été créées par les
protestants qui ne portent pas le nom d’évangélique. Ce sont des écoles privées probablement
ouvertes sans autorisation. L’on en a connaissance grâce aux correspondances conservées par
la famille ou, parfois, au rapport des conseillers des églises. Le pasteur Chardonney ouvre une
petite école privée à Cannes ; une seconde école privée est créée en 1856 où il enseigne avec
sa fille, dans sa maison.
L’école évangélique de Nice
En même temps que le temple, l’Église évangélique vaudoise de Nice a fait construire
des locaux spécialement destinés à l’enseignement. Elle a ouvert une classe de garçons et une
classe de filles sous la direction d’un comité. Une école avait été créée pour les Italiens par le
révérend écossais Nussey, elle est dès lors fermée, tous les enfants se retrouvent sur les bancs
de l’école évangélique. Comme pour les lois françaises, les instituteurs et institutrices doivent
posséder un brevet et sont obligés de demander une autorisation à l’État qui a réformé
26
Jean BAUBEROT, L’évangélisation protestante non concordataire en France et les problèmes de la liberté
religieuse au XIXe siècle, Thèse de doctorat, faculté des lettres et des sciences humaines de Paris, p. 309.
27
Le bâtiment appartient toujours à une association protestante.
AN, F 17 12523, Ville de Cannes : opposition à l’ouverture d’une école primaire ; rapport sur les écoles
de l’Académie d’Aix, minutes, correspondances 1857-1858.
28
l’enseignement par les lois Lanza de 1857 et Casati en 185929. La religion et « l’histoire
sainte » gardent leurs places. Le conseil de l’Église décide de se conformer aux nouvelles
exigences et le pasteur Léon Pilatte impose aux instituteurs qu’ils passent les mêmes examens
que les instituteurs des écoles officielles.
En 1854 une trentaine d’enfants sont inscrits. Une institutrice italienne (madame Fedi)
donne cours aux filles. Nous avons quelques renseignements sur son parcours. L’instituteur
Guilbot est sollicité pour l’enseignement à l’école des garçons. Le comité lui offre 100 Francs
mensuel, c’est une somme très modique mais il n’enseigne que quatre heures par jour. Par
ailleurs, le comité lui impose de passer un examen à Turin l’autorisant à professer et est obligé
de le remplacer. Guilbot refuse et s’intéresse dès lors aux affaires immobilières. Un certain
Long accepte le poste mais celui-ci est appelé au service militaire et le conseil est obligé de le
racheter du sort. Or la caisse des écoles est vide30 : le choléra a chassé les étrangers, ce qui
diminue les apports financiers (ils ne reviendront qu’après l’extinction de l’épidémie) et la
pression des prêtres reste un obstacle à l’inscription. Après l’annexion, le comité suit les
recommandations de la SEIPP de se soumettre aux exigences gouvernementales et doit
remplacer l’institutrice qui se sent inapte à subir les examens français31. En 1863, l’école
comporte 20 garçons et 8 filles de toute nationalité. En 1868, l’école accueillant 80 élèves, un
projet de construire un nouveau bâtiment prend naissance, celui-ci verra le jour en 1874 grâce
au don de la veuve du colonel de Schérer. En 1868, à Menton, les Conférences des Eglises
évangéliques du Littoral signalent l’école de filles ouverte par Anna Delapierre, l’épouse du
pasteur qui accueille 25 élèves payant cinq francs par mois.
Bilan
La concurrence est vive dans les campagnes entre les écoles laïques, catholiques et
protestantes. Mais, au regard des écoles existant dans ces villes et villages, le nombre des
enfants les fréquentant reste stables. Cependant il ne faut pas négliger les difficultés
inhérentes à la région : irrégularité de la fréquentation des enfants due à certains travaux
agricoles comme le ramassage des olives à la fin de l’hiver, la cueillette des fleurs en été, la
transhumance au printemps et l’habitude de la gratuité totale sous le régime sarde. De plus
dans les montagnes, il n’existe pas de moyens de communication ; l’hiver, les sentiers sont
impraticables.
Les écoles protestantes évangéliques privées ou clandestines, sont toujours ouvertes
avec deux classes, garçons et filles ; la fréquentation des filles est le plus souvent majoritaire,
les écoles de filles étant minoritaires dans l’enseignement public et leur éducation n’est pas
encore devenue prioritaire. Ce qui s’explique par le fait que les garçons sont requis d’aider
leurs parents dans les diverses tâches de leur métier mais aussi l’importance que les
protestants ont accordé à l’éducation des deux sexes. Cette constatation rejoint l’évolution de
la fréquentation dans les écoles congréganistes.
LES ŒUVRES DE BIENFAISANCE
Gabrio Casati (1798 – 1873) fut ministre de l’Instruction publique de 1859 à 1860. La loi Casati est
considérée comme la première loi scolaire du Royaume italien.
29
30
31
Les documents sont lacunaires. On ne connaît pas la suite qui fut donnée.
Archives de la Table vaudoise, Lettres de Léon Pilatte 1856-1872 ; il s’agit peut-être de l’institutrice
suédoise Mathilde Foy.
L’évangélisation se fait aussi par les œuvres de bienfaisance. Les Archives nationales
ou départementales sont lacunaires sur ces sociétés de bienfaisance protestantes, sans doute ne
se sont-elles pas toutes déclarées officiellement. Seuls les rapports des Églises nous donnent
quelques indications mais celles-ci sont succinctes, parfois quelques lignes seulement par
année. Sans détails, il est difficile d’en tirer des statistiques. Souvent les œuvres sont le fait de
particuliers agissant au sein des Églises ou des groupes de dames fortunées quand des comités
ou sociétés ne sont pas créés. Il reste parfois les comptes recettes et dépenses lors de fêtes ou
kermesses. Ces actions caritatives ont pour mission d’apporter une aide alimentaire aux
indigents. Dans le comté, la charité des personnes aisées est encouragée par le gouvernement
sarde, qui se veut protecteur de ses sujets32, mais qui ne peut faire face à la misère endémique.
Les Églises sont sollicitées par la Ville afin d’obtenir leur concours pour les œuvres de
bienfaisance. Chaque année, un rapport relatif au budget de l’évangélisation de l’Église
évangélique est imprimé et distribué. Il établit la liste des donateurs et le montant de leurs
dons, ainsi que les souscriptions, donations et legs. Ces œuvres vivent aussi de collectes
effectuées tant dans le pays qu’à l’étranger. Les recettes proviennent également du produit des
ventes de charité lors de fêtes ou kermesses, les riches étrangers et plus particulièrement les
aristocrates nombreux dans la région offrent les moyens de les organiser par leurs libéralités.
Le Réveil prône une collaboration avec les femmes pour l’évangélisation et l’on les
retrouve tant dans l’enseignement que dans les œuvres de bienfaisance. Comme Alexandre
Vinet (1797-1847) le préconise dans son livre intitulé Théologie pastorale33, la vie de famille
du pasteur doit être exemplaire et servir de modèle, sa femme doit prendre part à la vocation
de son mari. L’épouse du pasteur, pasteur en second, prend en charge les fêtes caritatives, les
réunions de femmes, les écoles du dimanche voire les écoles de filles. Elle crée les comités de
dames qui, au sein des églises, sont chargés de recueillir des fonds et d’organiser la
distribution de pain ou de vêtement, mais aussi les bazars, fêtes, kermesses qui sont fréquentés
par les aristocrates hivernants qui, pour une bonne part, financent les œuvres d’assistance34.
Elle s’occupe des distributions de vivre, de vêtements, voire d’argent. La miséricorde passe
par la charité et celle-ci se trouve intimement associée aux mondanités.
Fleurissent ainsi des bureaux de bienfaisance ou des « sociétés de couture des dames »
selon la terminologie de l’époque qui cousent, tricotent et distribuent des vêtements destinés à
venir en aide tout d’abord à leurs coreligionnaires mais aussi à tous les indigents qui n’ont pas
trouvé place ailleurs. Ce sont des œuvres privées dont les responsables sont membres de
l’Église. Ces œuvres sont encouragées par les autorités locales et il y aura beaucoup plus
d’initiatives privées de ce genre dans les Alpes-Maritimes que dans le reste de la France, sans
doute à cause de la présence ostentatoire du luxe face à une pauvreté endémique.
Mais la bienfaisance n’est pas seulement dirigée vers les pauvres de la région. Des
actions sont menées pour récolter des fonds lors de catastrophes où qu’elles aient lieu. Dans
leur ensemble, les rapports des pasteurs se montrent régulièrement insatisfaits des dons reçus
même si les récriminations sont nuancées. Dans les communautés protestantes, l’on répertorie
autant d’hommes que de femmes qui donnent de l’argent aux Églises ou aux œuvres. Leurs
actions ne s’orientent pas seulement vers leurs coreligionnaires pauvres mais également vers
les œuvres d’autres communautés (catholiques, orthodoxes) ou encore vers les assistances
32
Elle a instauré la fonction d’avocat des pauvres, un intercesseur entre la société civile et la justice.
33
Théologie pastorale, ou théorie du Ministère évangélique, Paris, Éd. rue de Clichy, 1850.
Cf. Olivier VERNIER, D’espoir et d’espérance, l’assistance privée dans les Alpes-Maritimes au XIXe
siècle (1814/1914), collection Actual, Nice, Ed. Serre, 1993. p. 5.
34
publiques. Sous l’Empire, ces opérations ne faibliront pas. Il faudra attendre le début du XXe
siècle pour que la misère s’atténue dans les Alpes-Maritimes.
Des asiles
Outre la distribution de pain et de vêtements, les Églises de toutes confessions
consacrent une bonne partie de leur budget à ouvrir des asiles pour les malades comme à Nice
en 1855 par le pasteur Pilatte ou à Cannes en 1867 sous l’égide du pasteur Espenett. Ce sont
parfois des orphelinats, comme à Menton où ce type d’établissement est ouvert en 1868.
L’Asile évangélique de Nice
Cette œuvre est indépendante juridiquement et administrativement de l’Église vaudoise.
Franck Puaux35 décrit la situation des hôpitaux dans le comté : « défaut de soins, obsessions
constantes d’un personnel clérical, fort de son irresponsabilité et du mauvais vouloir de
l’autorité à l’égard des hérétiques, encore en fort petit nombre dans la région. » Il indique que
« Léon Pilatte allait procéder à l’ensevelissement d’un de ses malheureux coreligionnaires
décédé à l’hôpital, [quand] il constata que le cadavre abandonné dans un réduit malpropre,
avait été en partie rongée par les rats. » Il décide d’offrir un lieu d’accueil aux indigents
protestants.
En 1855, un premier établissement est ouvert dans un local loué au 42 rue de France. Le
docteur Pollet y prodigue les soins gratuitement36. Ce médecin assurera ses services durant dix
ans. Il aura pour successeurs les docteurs Rehberg, un Russe puis Zurcher. Zurcher appartient
à une riche famille suisse d’Interlaken. Il est fils de pasteur, attaché à la famille du pasteur
vaudois Peyrot par mariage, il est également consul de Nice et franc-maçon La première
année, l’Asile abrite quatre malades dont trois femmes, le rapport signale que l’une d’elles est
une institutrice de Valence. Il rémunère un infirmier : Rutini qui doit aussi s’occuper de
diverses tâches durant son temps libre, et si le temps le permet, au jardinage et embauche une
cuisinière. La plupart des autres intervenants sont des bénévoles. La Revue de Nice37 fait état
de cette institution en indiquant qu’elle est ouverte à tous les chrétiens. Un des membres de
l’association demande alors une rectification car pour lui, une erreur s’est glissée concernant
les buts de cette création qui sont d’« … offrir un refuge aux malades des cultes chrétiens non
catholiques qui se trouvent à Nice ; ce n’est point dans un esprit d’exclusion ou d’hostilité que
cette disposition a été prise mais uniquement parce que le culte catholique est largement
pourvu d’établissements hospitaliers. »
Quelques années plus tard devant l’exiguïté des locaux mais aussi les exigences du
propriétaire qui souhaite retrouver son bien, et le prix du loyer élevé : 1000 F. par an, c’est
alors le salaire d’un instituteur, le comité organisateur se voit contraint d’envisager un autre
local. Une demande de souscriptions, intitulée Building of the Nice Protestant Asylum, datée
du 22 avril 186438, rédigée en anglais, récapitule l’historique de l’Asile qui existe depuis 9
ans. L’opuscule reprend les indications que l’on trouve dans les statuts de 1862 avec les buts
de l’œuvre. Cette demande de souscriptions signale que l’achat d’un terrain a été effectué « in
an excellent central situation and we propose to proceed at once with the building so as to
35
Cf. Franck PUAUX, Les œuvres du protestantisme, op.cit., p. 278.
ADAM, 03U 01/1131-100, Tribunal de 1ère instance. Le docteur Pollet a imaginé une machine à vapeur
destinée à soigner les malades par application d’air comprimé.
36
37
Voir Revue de Nice, 1859, p. 153.
38
Bibliothèque de Cessole, CES 2043.
open the new Asylum next winter. » Les dépenses s’élèveront à 85 000 F. réparties à
concurrence de 37 500 F. pour le terrain et frais afférents et 47 500 pour la construction. Ils
ont déjà reçu 39 535 F. Le document est signé par le comte A. de Saint-George, Léon Pilatte,
Émile de Schérer. Des bureaux de souscriptions sont ouverts à Nice et Menton mais aussi à
Paris, Londres, Villard (Suisse). Le reste de la somme, ils l’obtiennent grâce à un prêt
hypothécaire sur le terrain et un emprunt de 20 000 F. à un certain M. Charivain. Un budget
bien vite grevé à cause de travaux qui n’avaient pas été prévus : le forage d’un puits artésien
pour obtenir l’eau potable et la canalisation d’un cours d’eau qui lors de grandes pluies
déborde et inonde jardin et établissement. La souscription indique le nom des fondateursdonateurs ainsi que le montant de leur don. Parmi ceux-ci le révérend Childers, pasteur
anglais, le révérend A. Burn Murdoch, pasteur écossais, Frédéric Mader, pasteur allemand39 et
de nombreux aristocrates dont les Grands Ducs et Grande Duchesse Hélène de Russie pour
1000 F., l’impératrice douairière de Russie pour 1000 également, le comte Stackelberg, 1000,
l’architecte François Brun, 1000, de Schérer 6000, J. Lenox de New-York 1000, Jos. Howland
de New-York pour 5000 F. Ce sont des sommes très importantes qui montrent, outre le
cosmopolitisme de la ville, la richesse de certains de ses habitants. Le comité est
caractéristique du cosmopolitisme niçois, outre les divers pasteurs des églises présentes à
Nice, il est composé des consuls des États-Unis et de Russie, de propriétaires anglais et
américains. Le bâtiment « sis à la campagne », est construit ruelle des Prés40, actuellement en
plein centre-ville. Le 28 août 1865, Léon Pilatte demande la reconnaissance d’utilité publique.
Le 26 mai 1866, après de nombreuses enquêtes et observations sur les motifs allégués par les
personnes qui ont formé l’Asile, la reconnaissance d’utilité publique est accordée par un
décret de Napoléon III, l’établissement est doté de la personnalité morale et civile41.
L’article 1er des statuts de l’Asile stipule : offrir gratuitement ou moyennant une
rétribution proportionnée à leurs revenus, l’hospitalité, aux malades pauvres, protestants de
Nice et des environs. Mais aussi aux protestants étrangers (art. 2) peu fortunés moyennant une
rétribution minimum d’un franc par jour. De recueillir temporairement des voyageurs
fatigués, des enfants abandonnés (art. 3), des Allemands, Américains, Français, Italiens,
Russes, Suisses. Certains restent parfois six à huit mois : « ils ont reçu dans l’asile les soins de
l’amour chrétien »42. L’Asile accueille également des Grecs car « ceux-ci n’ont pas encore
d’hospice affecté à leur culte » (art. 4). Tous sont secourus sans distinction. Il est aussi
soutenu par des dons d’amis étrangers « les protestants français y contribuant pour la moindre
part » indique le pasteur Pilatte dans son rapport. Il souligne la participation du pasteur Carus
Wilson et du révérend Rollin. Outre Léon Pilatte, les membres faisant partie du comité de la
fondation sont Édouard Corinaldi, Émile de Scherer, les frères Lacroix, le banquier suisse A.
Marcuard. Parallèlement aux statuts constitutifs, le comité établit un règlement intérieur
drastique pour l’administration et un Comité de dames dont la présidence est confiée à
Mathilde Foy de Stockholm pour la surveillance, la visite aux malades et la mise en place de
ventes de charité à l’Hôtel de Grande-Bretagne. Les épouses des pasteurs des autres
congrégations l’aide dans sa tâche. Pour subvenir à leurs besoins, le comité organise un jardin
potager dont il vend les produits. L’Asile est alors placé sous la responsabilité morale d’un
évangéliste vaudois, Charles Luigi, qui assure les fonctions de chapelain et d’un comité
39
SHPF, T 906, Rapport sur la 9e année de l’Asile évangélique de Nice, 1864.
40
Cette rue est renommée Rue du Docteur Balestre.
41
AMVN, Statuts et règlements de l’Asile évangélique de Nice et décret impérial reconnaissant l’Asile
évangélique de Nice comme établissement d’utilité publique.
42
Arch. Table vaudoise, Carton 48, Nizza.
directeur constitué des représentants des différentes Églises ayant participé à son financement
nommé pour six ans43. Des hôtes envoient leurs appréciations à la Table vaudoise, parmi
ceux-ci citons, M. Baret qui indique qu’il assiste à l’école du dimanche de L. Pilatte et Ch.
Luigi, qu’il a fait connaissance de quelques italiens darbystes mais que les réunions avec eux
soulèvent beaucoup de problèmes à cause de « leur esprit sectaire ».
L’œuvre se situe dans les normes en usage à l’époque, exclusion des malades mentaux,
des épileptiques ou des personnes atteintes de maladies honteuses. Par contre dès 1868, elle
accepte les poitrinaires comme des malades ordinaires. La discipline est rigoureuse, un
système de permission de sortie est instauré pour les malades (une seule porte donne sur la
rue), ils ne peuvent recevoir aucune visite sans autorisation44. En 1866, l’œuvre accueille 46
personnes dont 32 hommes et 14 femmes, de nationalité différente dont « une personne
catholique qui les a trompés en se faisant passer pour protestante45. » Devant la diversité des
nations et langues représentées, l’Asile recrutera des directeurs et directrices connaissant outre
le français, l’allemand, l’anglais et l’italien. Ils dénombrent 23 guérisons et 7 dont
l’amélioration est notable. Pilatte signale que le climat de Nice n’est pas favorable à toutes
les maladies et que pour certaines d’entre elles, il vaut mieux rester chez soi46.
Les protestants ouvriront aussi des « salles d’asile » pour les petits enfants qui sont sans
surveillance de leurs parents, ce sont en fait des jardins d’enfants. Lors des réunions
pastorales, il est souligné que le bien ne doit pas être intéressé, qu’il ne faut pas employer la
bienfaisance comme moyen de pression. L’homme doit être aimé pour lui-même et non pour
ce qu’il peut recevoir ou donner, l’adhésion à l’Évangile ne doit pas être hypocrite.
Les asiles et orphelinats de Cannes et Menton
L’Asile évangélique de Cannes s’ouvre en 1867 grâce au pasteur Espenett. Les plans
sont dessinés par le jeune architecte cannois Laurent Vianay (1843-1928) qui construira
également le temple allemand en 1872. Les dons proviennent en majeure partie d’Anglosaxons. Le règlement est quelque peu différent de celui de Nice. Plus formellement que
l’Asile de Nice, qui s’ouvre à tous, à l’exception des catholiques qui peuvent trouver à Nice
les hospices et asiles nécessaires, le règlement indique que cet asile est ouvert en priorité pour
les protestants. Ils acceptent pourtant, devant l’urgence, des catholiques. L’article premier des
statuts indique que l’Asile est basé sur les principes chrétiens et protestants exprimés par les
Églises évangéliques dans leur profession de foi. L’article 2, stipule que l’Asile a pour but de
recueillir et soigner tout d’abord et préférablement à tous autres, les malades protestants de
Cannes et de recevoir à un prix modique, les pasteurs et évangélistes, institutrices,
diaconesses et gardes malades des protestants.
Les organisateurs dressent des tableaux statistiques concernant les nationalités et la
confession des pensionnaires. Les malades français sont majoritaires, viennent ensuite des
Suisses, des Britanniques, des Allemands, quelques Belges, Danois, Hollandais, Hongrois,
ainsi que quelques Russes et Turcs, qui ne sont pas protestants, mais sont dans de graves
difficultés. Cet asile connaît au cours des années un plus grand développement que celui de
Nice grâce à la générosité de ses fondateurs. La discipline y est tout aussi rigoureuse. A côté
de ces initiatives protestantes, d’autres œuvres voient le jour, un orphelinat est ouvert, financé
43
Ibid., Carton 48, Nizza.
44
Statuts et règlements intérieurs de l’Asile évangélique.
45
Rapport de l’Asile évangélique de 1866, p. 12.
46
Cf. Léon PILATTE, La vie à Nice. Ibid.
par des dames de la noblesse, installé rue Grande, actuellement rue Meynadier. Le pasteur
Benneman, originaire de Prusse, fonde un orphelinat à Menton. En 1868, il compte huit
orphelins italiens. Le pasteur indique que l’orphelinat accueille également des enfants qui ont
encore leurs parents, mais dans ce cas, ils paient 10 centimes par jour. Il sera reconnu d’utilité
publique par décret du 23 octobre 1911.
UN BILAN MITIGE
Malgré les obstacles, sous l’impulsion du Réveil religieux, les évangélistes animés par
un profond sentiment religieux, la certitude d’apporter le véritable évangile, mais aussi la
volonté d’instruire le peuple n’hésitent pas à braver les autorités. En dépit de leur prudence,
ils sont néanmoins « visibles », pour preuve, les plaintes des évêques, les dénonciations, les
rapports de police ainsi que quelques commentaires dans leurs rapports, livres ou opuscules.
Longtemps encore, les protestants seront l’objet de sentiments ambigus, à la fois
apprécié pour leur droiture et leur conduite, à la fois rejeté pour leur indépendance d’esprit,
leur esprit critique et … leur insoumission et seront l’objet de méfiance voire d’attaques, que
ce soit dans l’arrondissement de Grasse ou dans le comté. Malgré toutes les difficultés
rencontrées, Ils ont réussi à semer les germes du protestantisme dans la région. Des Églises,
des œuvres de charité issues du Réveil perdureront.
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