2016_11_27_TEXTE Stéphane_vu MC
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Musique de chambre Dimanche 27 novembre 2016 11h Strasbourg, Auditorium de la Cité de la musique et de la danse Sébastien Giot hautbois Sébastien Koebel clarinette Jean-Christophe Dassonville basson Pauline Berdat piano Victor Blancou (1817-1850) & Eugène Jancourt (1815-1901) Fantaisie concertante sur la Norma de Bellini pour basson, clarinette et piano 9’ Antonio Pasculli (1842-1924) Concerto sopra motivi dell’opera La Favorita de Donizetti pour hautbois et piano 12’ Antonio Torriani (1829-1911) Divertimento su temi della Lucia di Lammermoor de Donizetti pour basson et piano 11’ Luigi Bassi (1833-1871) Fantasia da concerto su motivi di Rigoletto de Verdi pour clarinette et piano 13’ Charles-Louis Triebert & Eugène Jancourt Fantaisie concertante sur Sémiramis de Rossini pour hautbois, basson et piano 11’ Transcriptions, arrangements et paraphrases d’opéras De l'art de transcrire, arranger et paraphraser… Comment concentrer les couleurs d’un grand orchestre symphonique, la chaleur des voix dans quelques pupitres seulement ? S’agit-il d’un hommage à l’œuvre originale, d’une partition totalement nouvelle ? La réduction d’orchestre est apparue au XIXe siècle. À la suite du pianoforte, le piano – à peu près tel que nous le connaissons aujourd’hui et qui s’est imposé au milieu du XIXe siècle – a créé l’illusion de l’orchestre. Franz Liszt fut probablement le plus grand maître de cet art. Les opéras italiens, en premier lieu, mais aussi allemands et français, ont bénéficié de l’inventivité des virtuoses de l’époque. Il s’agissait autant de briller que de faire connaître des airs célèbres à une époque où la reproduction sonore était inimaginable. Ce fut un défi, une surenchère aussi qui a concerné tous les instruments, vents et cordes. Transcriptions, arrangements et paraphrases n’ont cessé de proliférer pour la plus grande joie des mélomanes. Victor Blancou & Eugène Jancourt Fantaisie concertante sur la Norma de Bellini pour basson, clarinette et piano A propos de La Norma de Bellini… L’opéra en deux actes de Vincenzo Bellini (1801-1835) repose sur un livret de Felice Romani. Il s’inspire de la tragédie Norma ou l’Infanticide d’Alexandre Soumet (1786-1845). L’ouvrage évoque une intrigue amoureuse dans la Gaule romaine. Amours et soulèvement du peuple gaulois assurent l’efficacité du récit porté par la personnalité de Norma, grande prêtresse du temple druidique. Ce rôle est l’un des plus difficiles du répertoire des sopranos et les plus grandes interprètes ont laissé à la postérité, des versions de légende. L’air le plus célèbre est Casta Diva, l’une des mélodies les plus remarquables du style Bel canto. La première de l’opéra eut lieu le 26 décembre 1831, à la Scala de Milan. À cette occasion, le compositeur dirigea deux des plus grandes voix de l’époque, la Pasta et la Grisi. L’arrangement est une sorte de pot-pourri d’airs, duos et cantilènes célèbres de l’opéra. Le clarinettiste Victor Blancou est célèbre pour avoir conçu une méthode d’apprentissage pour les jeunes clarinettistes. Né à Marseille et formé au Conservatoire de Paris, il collabora avec la société Buffet-Crampon par l’élaboration d’une clarinette omnitonique. Le bassoniste Eugène Jancourt mena une carrière d’interprète, de compositeur et de professeur au Conservatoire de Paris. Il y enseigna de 1875 à 1891. Auteur d’une méthode et d’un système de jeu pour son instrument, conseiller aussi de facteurs d’instruments, il occupa les postes de chef de pupitre à l’Orchestre de l’Opéra-Comique, ainsi qu’au Théâtre Italien, et à la Société des concerts du Conservatoire. Son catalogue d’œuvres dédiées au basson est important. Antonio Pasculli Concerto sopra motivi dell’opera La Favorita de Donizetti pour hautbois et piano À propos de La Favorita de Donizetti… Opéra en quatre actes, La Favorite (La Favorita) du compositeur italien Gaetano Donizetti (1797-1848) repose sur un livret de Gustave Vaëz et Alphonse Royer, qui s’inspirèrent de l’ouvrage Les Amours malheureuses ou le Comte de Comminges de Baculard d’Arnaud. Qu’il s’agisse de la version en français ou en italien, La Favorite a toujours connu le succès depuis sa création, à l’Opéra de Paris, le 2 décembre 1840. Le récit se déroule dans l’Espagne du XIVe siècle, à l’époque de l’invasion maure. Sur fond de lutte de pouvoir entre l’État et l’Église, Donizetti met en scène le roi de Castille Alphonse XI, Leonore, sa favorite, et son amant, Fernando. Hautboïste et compositeur italien, Antonio Pasculli a été, dans son pays, l’un des grands promoteurs du répertoire de son instrument. Il sut profiter des immenses succès des opéras de son temps (ceux de Donizetti, Bellini, Verdi et Rossini) pour réaliser de nombreux arrangements des airs les plus populaires. Il le fit dans l’esprit du violoniste Niccolo Paganini, repoussant ainsi les limites de la virtuosité du hautbois, pratiquant notamment ce que l’on nomme la « respiration circulaire ». Le Concerto sopra motivi dell’opera La Favorita est une pièce d’une redoutable virtuosité. Les traits, ornements, changements de tempi, de rythmes, les contrastes les plus marqués, les écarts de notes les plus grands composent comme un catalogue de la technique de l’instrument. Il s’agit d’un véritable concerto dont on remarque la beauté du cantabile dans la partie centrale, Molto largo in quattro et le finale étourdissant, Allegro velocissimo. Antonio Torriani (1829-1911) Divertimento su temi della Lucia di Lammermoor de Donizetti pour basson et piano À propos de Lucia di Lammermoor de Donizetti… Gaetano Donizetti composa son opera seria en deux parties et trois actes, en 1835. L’ouvrage repose sur un livret italien de Salvadore Cammarano qui s’était inspiré du roman de Walter Scott, la Fiancée de Lammermoor. La création de l’opéra eut lieu le 26 septembre 1835, au Teatro San Carlo de Naples. La première de la version française, fortement modifiée, fut donnée en 1839, au Théâtre de la Renaissance, à Paris. L'action se déroule en Écosse, à la fin du XVIe siècle. Les guerres de religion et les luttes entre familles composent le cadre de ce drame. Les Ashton sont les rivaux de Ravenswood. Ils ont pris possession du château de ces derniers, situé près de Lammermoor. Lucia di Lammermoor annonce le romantisme italien, les grandes fresques de Verdi, avec plusieurs scènes qui ont marqué l’histoire de l’opéra comme celle « de la folie ». Éminent représentant de l’école de basson de Milan au XIXe siècle, Antonio Torriani fut l’un des grands virtuoses de son temps, basson solo de la Scala de Milan, notamment, participant aux grandes créations des opéras de Verdi qui l’estimait comme le plus grand bassoniste de son temps. Torriani mena aussi une carrière de soliste international tout en composant des pièces pour son instrument ainsi que plusieurs arrangements. Enfin, Torriani enseigna au Conservatoire de Milan jusqu’en 1908. Sa méthode de basson est encore utilisée dans les conservatoires d’Italie. Son Divertimento su temi della Lucia di Lammermoor de Donizetti exploite toutes les ressources de l’instrument. La partition souligne le lyrisme des airs, multipliant les occasions, pour l’interprète, de réaliser des arpèges très véloces. Luigi Bassi (1833-1871) Fantasia da concerto su motivi di Rigoletto de Verdi pour clarinette et piano À propos du Rigoletto de Verdi… Premier volet d’une trilogie – avec Le Trouvère et La Traviata – Rigoletto, opéra en trois actes et quatre tableaux sur un livret de Francesco Maria Piave, inspiré d’une pièce de Victor Hugo, Le roi s’amuse, fait partie des opéras de la maturité de Verdi. L’ouvrage fut créé le 11 mars 1851 au Théâtre de La Fenice, à Venise. À côté de chœurs et d’airs célèbres, l’opéra fait la part belle aux duos, dans une quête de la vérité humaine et de l’expression des sentiments. Triboulet, bouffon de la cour de France aux mœurs dissolues devient, dans l’opéra, Rigoletto à la cour de Mantoue. Dans cet univers de trahisons, passions et vengeances, ce drame dévoile les tensions sociales. Rigoletto protège sa fille Gilda du duc, séducteur dépravé, mais il ne pourra toutefois pas la sauver d’un funeste destin… Le compositeur et clarinettiste Luigi Bassi naquit à Crémone. Après des études à Milan, il fut nommé clarinette solo à La Scala de Milan. Il composa une vingtaine de pièces dédiées à son instrument dont quinze fantaisies d’après des opéras. Celle sur des motifs du Rigoletto de Verdi demeure la plus célèbre. Cette fantaisie de concert est imaginée à partir d’improvisations sur les thèmes les plus populaires de l’opéra. Elle révèle la sensibilité et la virtuosité de l’interprète. Charles-Louis Triebert (1810-1867) & Eugène Jancourt (1815-1901) Fantaisie concertante sur Sémiramis de Rossini pour hautbois, basson et piano À propos de Sémiramis de Rossini… La première de cet opera seria de Gioacchino Rossini eut lieu au Théâtre de la Fenice, à Venise, le 3 février 1823. Le librettiste Gaetano Rossi s’inspira de la tragédie Sémiramis que Voltaire avait écrite en 1748. Après cet opéra, Rossini partit s’installer à Paris où il finit ses jours. Ce drame, que l’on croit aux antipodes de l’art du compositeur, met en scène la reine de Babylone, meurtrière de son époux, mais aussi mère incestueuse. Lorsqu’elle choisit un nouvel époux, elle découvre qu’il est en réalité son fils que l’on croyait mort. Sémiramis meurt poignardée par ce dernier. Les tensions rythmiques de la partition, l’extrême virtuosité de l’écriture vocale sont portées par un orchestre conséquent, au point que l’ouverture de l’œuvre est souvent programmée au début des concerts symphoniques. Cet ouvrage est considéré comme le “crépuscule” du bel canto. Il annonce l’opéra romantique. La Fantaisie concertante a été composée par Charles-Louis Triebert et Eugène Jancourt. Issu d’une famille de facteurs d’instruments, Triebert poursuivit cette activité tout en menant une carrière de hautboïste, à la fois au Théâtre Italien, à Paris, mais aussi à la Société des concerts du Conservatoire.