reportage sur le forum du 14 avril

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reportage sur le forum du 14 avril
REPORTAGE
SUR LE FORUM DU 14 AVRIL
Plus de 200 personnes, représentants des secteurs
économiques, culturels, sportifs, institutionnels ou citoyens
curieux, ont participé le 14 avril dernier au Forum organisé
par le Conseil de Développement du Pays Basque, animé
par le journaliste et écrivain Alain Gardinier. Ce reportage
revient sur les principaux échanges du forum,
témoignages et extraits des interviews des personnalités…
Une société civile mobilisée pour l’EPCI Pays Basque
Si les élus municipaux ont la décision entre leurs mains, le projet d’EPCI Pays Basque
concerne l’ensemble des citoyens du territoire, et en ce 14 avril 2016, la société civile a pu
s’exprimer ses attentes, ses questionnements… Ce Forum était le point d’orgue de la
mobilisation de la société civile autour du projet d’agglomération Pays Basque.
Depuis septembre dernier, de nombreuses initiatives ont été prises par la société civile : la
CCI Bayonne Pays Basque et le monde économique, la plateforme Batera (caravane,
rencontres sur les territoires), l’action d’ICI Pays Basque, la lettre adressée aux élus par 120
acteurs culturels…
Le Conseil de développement du Pays Basque (CDPB) s’est prononcé dès septembre 2015
en faveur de cet EPCI à l’échelle du Pays Basque. A partir d’une 50aine de contributions le
CDPB a formulé un AVIS en novembre, faisant état de la vision de la société civile sur ce
projet d’intercommunalité à l’échelle du Pays Basque. Pour élargir la mobilisation de la
société civile, le CDPB a ouvert un site internet pour expliquer l’EPCI de façon pédagogique,
valoriser les contributions, et recueillir des témoignages, parmi lesquels de nombreuses
personnalités du monde économique, culturel, sportif…
 http://www.societecivile-paysbasque.com
EPCI Pays Basque : un projet historique pour le Pays Basque, dans la
nouvelle grande Région
Comme il a été rappelé ce projet d’EPCI s’inscrit dans une réforme territoriale qui concerne
toute la France et qui vise à passer à une nouvelle étape dans la gestion des
intercommunalités, pour répondre à des enjeux de politiques publiques nouveaux.
Le Pays Basque réfléchit à son avenir institutionnel depuis des décennies : « c’est bien la
première fois qu’une proposition est faite par l’Etat pour avoir une organisation institutionnelle à
l’échelle du Pays Basque », souligne un intervenant.
Différents acteurs ou citoyens relèvent les atouts essentiels de ce projet : « Avec une
structure unique, il va être plus facile de construire des politiques publiques à l’échelle du
territoire et rééquilibrer la réciprocité territoriale entre la côte, l’entrecôte et l’intérieur ».
 « Si l’EPCI se fait, l’union faisant la force, nous ferons bloc tous ensemble par rapport aux
décisions de la Région », dit un chanteur célèbre du Pays Basque, tandis qu’une
enseignante à l’université rajoute : « L’EPCI Pays Basque représente une opportunité à la fois
en terme de force de proposition dans la nouvelle grande région. »
 Un chef d’entreprise dans l’agroalimentaire exprime sa vision : «
L’EPCI ? Je le vois
comme un facteur de développement économique mais aussi culturel, de rayonnement,
d’image, de recherche, de formation. »
Deux patrons de grandes
entreprises
du
littoral
appuient
la
dimension
historique du projet:
 « On n’a pas eu dans le
passé l’occasion de saisir une
telle opportunité »
 « Ce qui est offert, c’est
donner une réponse à une
question qui se pose depuis
très longtemps : comment
favoriser
l’unité
de
ce
territoire. Et là, on propose
une structure administrative
unique. Quelle chance, il faut
la prendre ! »
Comment associer tous les territoires à l’EPCI ?
L’organisation envisagée de l’EPCI permettra à toutes les communes d’être représentées, y
compris les plus petites. Un savant dosage de sièges d’élus permet de trouver un équilibre
entre les territoires et la population.
Une artiste-musicienne s’exprime ainsi : « Tout le monde aura une voix à porter, toutes les
communes, de la plus petite à la plus grande. Aujourd’hui, c’est une chance d’avoir cet outil,
dans lequel on peut tous se reconnaître et construire »
Un citoyen renchérit : « cet EPCI portera la voix de tous ».
Un entrepreneur interpelle les élus sur la gouvernance :
« Si cette grande agglomération fait dans un bon état d’esprit, en pensant de manière libre au
territoire et à son aménagement, c’est une bonne chose »
Comment maintenir une proximité dans les services à la population ?
L’EPCI unique va-t-il porter atteinte à cette proximité ? Cette crainte a été exprimée par
certains : « Sachons conserver ces structures, pour que le service à la population gagne en
puissance ! ». La réponse apportée lors du débat est claire : les territoires vont continuer à
exercer des services au plus près des habitants.
Les travaux entre élus ont permis d’identifier l’articulation entre les compétences et les
moyens de cette institution avec les besoins de proximité. A titre d’exemple, les maisons de
santé pluridisciplinaires, dont les coûts et les exigences sont trop élevés pour un petit
territoire, passeront en compétence communautaire, tandis que d’autres services, comme
la petite enfance ou l’aide aux personnes fragiles, qui reposent sur le tissu associatif, seront
préservés.
Ce qui fait dire à un élu d’un petit village de l’intérieur : « L’EPCI est une formidable
opportunité pour amener des services à la population, assurer la proximité mais aussi proposer
des services de plus grande envergure. »
Economie : passer d’une logique de compétition à une logique de
collaboration !
L’économie a largement été discutée au cours du forum. Car cette compétence porte
des enjeux majeurs pour le développement du territoire.
Pour un chef d’entreprise d’une PME de 250 salariés en Pays Basque intérieur, l’EPCI sera un
atout pour le développement des entreprises, en leur apportant un terreau favorable :
« Aujourd’hui, nous avons des territoires inégaux, qui font face à la même guerre économique
sans avoir les mêmes armes. Demain, avec l’EPCI unique, nous aurons des stratégies
communes ».
Un autre entrepreneur investi dans l’industrie du textile et le tourisme, sur la côte ; « Peut-on
améliorer et travailler ensemble, les politiques et l’économie, pour donner une vision plus forte
du Pays basque ? Je crois qu’il y a encore beaucoup de travail à faire et que (l’EPCI) c’est très
positif et très encourageant car le futur passe par là »
La fiscalité au service d’une économie plus solidaire !
Ce débat sur l’économie a été l’occasion de rappeler, au-delà des polémiques, le rôle
crucial de la fiscalité, véritable « carburant » au service du territoire : « L’enjeu est
aujourd’hui de construire les conditions de développement sur l’ensemble du Pays Basque. La
fiscalité apportée par les entreprises, c’est une vraie réponse de moyens financiers pour de
grands projets d’équipements, d’infrastructures, de formation, ce qui est impossible aujourd’hui.
Demain, instaurer un centre technologique de 5 millions d’euros à l’intérieur du Pays Basque sera
possible, si les élus du Pays Basque le décident ».
Formation des jeunes : un cap majeur à franchir !
Corollaire du développement économique, la question de l’enseignement supérieur a été
soulevée par plusieurs intervenants qui ont regretté le retard du Pays basque en la matière.
Un intervenant dans la salle exprime l’ampleur du problème – « Nos jeunes sont obligés de
partir pour poursuivre leurs études, c’est une perte énorme » – et exprime son espoir – « Avec
l’EPCI, nous aurons les moyens et le poids nécessaire de développer l’enseignement supérieur,
lien nécessaire entre la jeunesse et l’économie ».
Un Président d’Université témoigne ainsi : « Avoir un interlocuteur à l’échelle du Pays Basque,
ce serait un atout pour construire quelque chose de solide pour l’enseignement supérieur et la
recherche sur la Côte Basque. »
Résoudre les problèmes de foncier, de logement et de mobilité !
Les débats ont souligné une fois de plus les fortes tensions démographiques que connaît le
territoire, les difficultés posées par la hausse du prix du foncier et les questions de mobilité.
Les attentes sur ces sujets sont nombreuses, comme le résume une intervenante dans la
salle : « Il est urgent de réfléchir ensemble de manière cohérente. Il y a beaucoup d’attentes
sur les compétences de cet EPCI face aux urgences dont le logement et le transport ».
Les élus ont approfondi cette question est évoquent la nécessité de mettre en place un
observatoire foncier à l’échelle du Pays Basque, afin de définir des terrains stratégiques pour
accueillir du logement, de l’économie, tout en respectant l’environnement et en assurant
du renouvellement urbain : « C’est un réel projet qui permettra d’organiser en amont la
stratégie foncière dans le but d’éviter la flambée des prix. ».
Face à la nécessité de développer du logement social, auquel 70% de la population du
Pays Basque est éligible, un programme local de l’habitat à l’échelle du territoire sera par
exemple mis en place.
En matière de mobilité, les citoyens ont exprimé leurs attentes à ce qu’il y ait enfin une offre
à l’échelle du territoire, des coordinations entre lignes de bus, de train, etc. : « On voit
aujourd’hui des populations quitter les territoires ». Car on ne peut pas parler
d’aménagement et d’économie sans parler de transport.
Un élu qui a suivi les travaux renchérit : « Essayons de faire de la mobilité un atout. Il est
certain que tous les projets ne seront pas de même nature que ceux de l’ACBA, mais tous les
territoires auront des besoins de transports bien plus importants qu’aujourd’hui. »
Harmoniser les politiques de l’eau, des déchets…
Dans toutes les thématiques, la question est la même : que peut-on faire ensemble pour
répondre à des problématiques qui ne se posaient pas avec la même acuité il y a
quelques années ?
Sur l’eau, un intervenant explique que les petites régies auront à répondre demain à des
obligations plus lourdes en termes de protection des sources et de respect des normes :
« C’est le bon moment pour voir, ensemble, comment gérer ces compétences en renforçant la
qualité et la proximité ».
Sur la collecte des déchets, les élus ont l’intention de maintenir ce qui fonctionne dans
chaque territoire. En revanche, les grandes réflexions stratégiques ont tout intérêt à être
partagées ensemble.
Culture(s) et langue(s) : les autres priorités de l’EPCI
Le constat est sans appel : le Pays Basque est aujourd’hui de moins en moins bascophone.
Une situation face à laquelle certains expriment que « l’EPCI est perçu comme un espoir et
une chance d’aller encore plus loin et de créer les conditions de garantir la pérennité de notre
langue basque ».
Et si l’EPCI se doit de promouvoir l’usage de la langue basque, les intervenants ont été
unanimes pour dire qu’au-delà de la langue, la culture est un enjeu essentiel. « Le soutien
aux cultures basque et gasconne doit faire partie de compétences ».
Selon les conclusions des travaux menés par les élus : l’EPCI développera une politique en
matière de spectacle vivant, d’éducation artistique et d’enseignement artistique, à une
échelle qui englobe rural et urbain. Les acteurs sont en attente : « cette politique doit être
ambitieuse ! ».
EPCI Pays Basque : un atout pour créer une coopération transfrontalière
ambitieuse
Transversalement à toutes les thématiques, la question transfrontalière est revenue
régulièrement. L’EPCI ouvre de nouvelles perspectives d’une collaboration entre institutions
du nord et du sud du Pays Basque, mais aussi avec les autres territoires de la région (sus
Landes, Béarn…)
« Créer des projets collectifs avec Euskadi et la Navarre, autour de la langue et la culture
basque, mais aussi l’économie et l’enseignement ».
La place de la société civile aux côtés de l’EPCI
Au fil des échanges et des thèmes abordés, une constante est revenue : l’envie partagée
d’associer la société civile à ce projet.
Si un intervenant a souligné qu’avec cet EPCI – « un pas de géant va être fait pour mettre en
phase l’outil institutionnel avec la société civile qui travaille depuis très longtemps sur des projets
à l’échelle du territoire » – un autre a appelé à plus de collaboration : « Le projet doit être
partagé par les élus mais surtout les citoyens, pour que nous soyons tous porteurs du projet
commun. Elargissez encore, les citoyens ont envie de participer ! ».
Un entraîneur de Rugby témoigne ainsi : « La société civile ne reste que des mots si on n’y
met pas les hommes qui composent notre pays basque. On a besoin de ces gens-là et de
travailler en harmonie avec les élus. Il y a un beau projet mais ce sont les hommes qui le
mettront en œuvre »
Plus généralement, la Présidente du Conseil de Développement a rappelé l’importance de
travailler ensemble, société civile et élus.
Donner toute sa place aux jeunes !
Une jeune habitante du Pays Basque intérieur interpelle la salle : « On beaucoup a parlé des
jeunes, du besoin d’université, de formation, d’emploi, de logement. Mais ce qui nous retient ici,
c’est aussi l’attachement au territoire et l’implication dans le milieu associatif. Dans cette future
collectivité, il faut donner la parole aux jeunes. »
Une demande à laquelle répond la présidente du Conseil de développement, rappelant
le travail mené ces dernières années et la volonté de l’équipe actuelle du CDPB de
structurer une nouvelle collaboration avec les structures de jeunes sur le territoire.
Et l’avenir du Conseil de développement ?
En conclusion du Forum, la Présidente du Conseil de développement exprime son
ambition : « Grâce à la société civile, ce territoire bouge beaucoup plus que d’autres dans
l’Hexagone. Dans les mois à venir, le Conseil de Développement va réfléchir à son avenir et
organiser des conférences de territoires pour définir le rôle de la société civile de demain auprès
des élus ».
Rendez-vous est donc pris dès le mois de juin pour poursuivre ensemble le débat et créer
les conditions d’une construction collective, partagée et porteuse d’avenir pour le Pays
Basque.