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À Périgueux, les professionnels de
l'hôtellerie s'inquiètent de la concurrence
Airbnb
La plateforme Internet recense 200 logements dans
l’agglomération périgourdine. Une activité qui "casse le
marché", selon les hôteliers du secteur, mais séduit les
propriétaires de chambres d’hôtes
Publié le 21/08/2015 à 09h35, modifié le 21/08/2015 à 11h02 par
Aimie Faconnier
Environ 200 logements du Grand Périgueux sont référencés sur le site Internet Airbnb ©
Photo archives Arnaud Loth
Airbnb a le vent en poupe. À Périgueux, l'hôtellerie tient une place importante dans l'accueil
des touristes, mais rien n'arrête plus le secteur du tourisme participatif. Cette plateforme
Internet permet aux personnes dotées d'un budget serré de partir en vacances sans se
ruiner en frais de logement.
Le concept est simple et rapide : un particulier propose son hébergement (à partir de 20 euros
la nuit) qu'un utilisateur peut réserver instantanément. Le choix est large et va de la petite
chambre au loft, voire à la villa en passant par le gîte. N'importe qui s'improvise hôte avec
n'importe quel hébergement (sauf les hôtels).
« Une concurrence déloyale »
Christophe Gravier, le directeur du comité de tourisme de la Dordogne, parle, lui, de «
concurrence déloyale. On est face à une logique d’opportunité de la part des particuliers qui
complètent leurs revenus. Ce qui est d’autant plus difficile aujourd’hui, c’est que le secteur
hôtelier de Périgueux doit trouver des alternatives contre une concurrence américaine sévère.
Celle-ci ne paye pas de taxes de séjour et échappe totalement à l’État mais, par ailleurs,
réussit par des stratégies de communication gigantesques à casser l’économie hôtelière.
Comment un hôtelier local peut-il contrer une telle concurrence ? Il ne peut tout simplement
pas. Cette machine de guerre internationale permet d’attirer une clientèle du monde entier
mais reste un problème qui nous dépasse. Nous avons affaire à une économie parallèle. »
Effet de mode ?
Le site recense 200 logements de ce type sur le Grand Périgueux, dont une centaine dans le
centre-ville. Ce qui représente 10 % de la totalité des locations Airbnb en Dordogne. Depuis
sa création en 2013, le site ne cesse de se répandre. Ainsi, l'offre s'est multipliée par 2,5 dans
le département.
Pour Jérôme Collet, le responsable de l'hôtel Première classe à Boulazac, le mois de juillet a
été désastreux : "Je ne sais pas si la situation est entièrement due à l'offre d'Airbnb, mais notre
clientèle habituelle, souvent de passage dans la ville, se tourne effectivement vers des nuitées
moins chères, chez l'habitant." Il ajoute :
"Airbnb casse le marché, c'est certain. Ça nous oblige à revoir nos prix à la baisse et à faire
des promotions. Cela dit, les clients ne sont pas satisfaits car la promotion est éphémère.
Notre clientèle nous tourne le dos alors que nous faisons partis des hôtels les meilleur
marché."
On trouve en revanche sur le site Internet des chambres dont la location à la nuit est bien plus
onéreuse qu'une chambre d'hôtel de luxe, et ce, alors que les services sont pratiquement
similaires.
"Référencés gratuitement"
Les chambres d'hôte de l'agglomération (déclarées en tant que telles) sont nombreuses à être
présentes sur le site. « Ce qui est plutôt plaisant avec cette plateforme, c'est que nous sommes
référencés gratuitement. »
Pour Jean-Luc Laville, qui s'occupe des chambres d'hôte de La Glacière à Périgueux depuis
trois ans, Airbnb est une expérience « jusqu'à présent » positive. « Je me suis inscrit il y a un
an. J'ai mis deux chambres en location sur la plateforme. Si je ne les avais pas inscrites sur le
site, j'aurais eu des périodes de grand vide. Cela m'a évité une perte et, avec cet argent, j'ai pu
rembourser la cotisation que je verse à l'office de tourisme. »
Le site prend une commission de 10 % sur les tarifs pratiqués par les hôtes, une somme
astronomique si l'on compare avec le bénéfice des hôtels.
Autre atout : l'aspect pratique. « Aujourd'hui, tout est connecté et instantané. La clientèle s'y
prend de plus en plus tard pour réserver. C'est, je l'avoue, parfois difficile à gérer. Ce qui est
intéressant, c'est d'avoir des retours de clients sur notre performance, ce que nous obtenons
plus difficilement en travaillant avec l'office de tourisme. »
Nouveau souffle
La responsable du Domaine du Val d'Atur, Murielle Farrarese, elle, perçoit Airbnb comme un
nouveau souffle. « Il remet en cause le secteur, affirme-t-elle. La plateforme est bien plus
efficace que les labels que l'on nous propose. Elle est plus libérale et donc moins
contraignante. Le site draine une nouvelle clientèle, plus cool, plus ouverte. »
"C'est une économie individualiste qui est en train de se développer"
Jean-Luc Bousquet, président départemental de l'Union des métiers et des industries de
l'hôtellerie (Umih), est loin d'être de cet avis. Le problème est purement économique. « Ce
développement sauvage du tourisme est absolument aberrant. Ce n'est pas une démarche
collaborative du tout, c'est une économie individualiste qui est en train de se développer et
personne ne fait rien. Les particuliers s'y mettent aussi, le marché hôtelier risque d'être noyé.
Airbnb et ses hôtes n'apportent aucun revenu à l'État, contrairement aux hôteliers qui payent
de la TVA, des impôts, des aménagements de sécurité et des formations hôtelières. Les
chambres d'hôtes constituent déjà une concurrence féroce pour l'hôtellerie, surtout en milieu
rural. Mais avec ce site, le marché risque de devenir une véritable jungle. »
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Ça me tente, mais je n'ai pas confiance dans les réservations en ligne

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