Yakov Kaploun Kamil Tchalaev - Bibliophilie émigration russe
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Yakov Kaploun Kamil Tchalaev - Bibliophilie émigration russe
L’ ECOLE SAUVAGE NALI avec le soutien de SOVTRANSAVTO présente lundi 4 juin 2007 à 20 h Concert hommage à l'occasion du 100ème anniversaire du compositeur Yakov Kaploun musique savante des minorités soviétiques à l'époque de la seconde guerre mondiale Quatuor à Cordes, Marche Concertante Poème “à la terre natale d’Ukraine” Kamil Tchalaev requiem aeternam Salle d’orgue André Marchal de l’INJA Institut National des Jeunes Aveugles 56, bd des Invalides 75007 PARIS (Métro Duroc) TARIF 12 ! Tarif réduit 6 ! réservation 06 13 41 88 79 [email protected] Programme : Yakov KAPLOUN (1907-1985) Quatuor à Cordes (1944-1954) © Editions Musik Fabrik En deux mouvements 14' "La Patrie vaincra" Marche concertante (1942) Pour orchestre d'harmonie © Editions Musik Fabrik Transcription pour orchestre de chambre 10' "Ukraine, ma terre natale" (1942) Poème pour voix de basse, choeur mixte et grand orchestre sur les versets de Maxime RYLSKI (1895-1964) Réduction pour soliste, ensemble vocal et orchestre de chambre 10' Entracte Kamil TCHALAEV (1962) Requiem Aeternam op.16 (1994) Pour voix, célesta, mandoline, orgues et piano © Editions Tangram 40’ INTERPRETES Quatuor à Cordes ARKEL Violon I : Sandrine Lejosne Violon II: Sandrine Mallet Alto : Sylvain Lejosne Violoncelle : Raphaël Brégain Solistes Basse (poème) Valera Drougovskoi Soprano Yoko Takeuchi Basse (requiem) Claude Massoz Orchestre de Chambre et Ensemble vocal de l'Ecole Sauvage Piano & celesta Jean-Pierre Collot Harpe Virginie Simoneau Trompette Pierre Badel Flûte Mika Takeuji Cor Delphine Gauthier-Guiche Basson Violaine Guillerme Saxophones Pierre-Stéphane Meugé Mandoline Florentino Calvo Grands Orgues de l’INJA titulaire Dominique Levacque Choeur d’enfants du conservatoire de Courbevoie Direction et préparation Natacha Orlova Direction Kamil Tchalaev Yakov Kaploun et le XXème siècle, témoins réciproques. 1907, Golta près d’Odessa, à l'intérieur de la ligne de sédentarisation (1791-1917). Je résume depuis la naissance : la Grande guerre, le klezmer, les concerts au profit des blessés ; la révolution, la guerre civile, les pogroms ; le baptême ; l’orchestre de l’armée rouge, les études, le diplôme du violon ; le début de la carrière du soliste à Tbilissi ; lauréat du 1er concours ; le parti bolchevique, le conservatoire de Moscou, le diplôme du chef d’orchestre ; 20 ans dans orchestre, la seconde guerre, la maladie mentale ; l'exclusion du parti, le retour à la foi, la retraite ; la pédagogie, le multilinguisme, les derniers souvenirs… Elève du grand professeur Piotr Stoliarsky, on retrouve les enregistrements de Yakov Kaploun (le Quatuor du Bolchoï, aux côtés d’un autre grand élève, brillant David Oistrakh) dans le quintette de Schubert (CD édité en Suède dans la « collection Oistrakh »). Cadet d’un an de Dimitri Chostakovitch, Kaploun prend sa défense lorsque le compositeur est attaqué la première fois au sujet de sa musique formaliste. Il lui adresse une lettre d’encouragement, ce dont témoigne la réponse du compositeur au « camarade Kaploun ». Suite à l’invitation personnelle du chef d’orchestre du Bolchoï Théâtre de Moscou, Nicolas Golovanov, Kaploun y demeurera l’alto solo pendant 20 ans. Entre autres solos, il va graver celui, bouleversant, d’alto dans une œuvre de DSCH, la cantate du film « Alexandre Mitchourine », du cinéaste Alexandre Dovjenko. Fils aîné de 9 enfants, père de famille, Kaploun passera sa vie, droite et responsable, à l’étude théorique et pratique. Juif, orthodoxe russe, communiste, malade maniaco-dépressif, beau-père d’un jeune compositeur caucasien, Kaploun accorde son piano. Sa vie durant, il étudie inlassablement les œuvres des collègues compositeurs, notamment de l’école de Vienne, et il se réjouie lors des deuils soviétique officiels pendant lesquels, à la télé, la musiques symphonique de qualité tourne en boucle. Compositeur, instrumentiste virtuose, sa réussite la plus retentissante, en duo avec sa femme pianiste, Fima Lebedisnskaya (ils vivront 56 ans ensemble), ce sont les « 9 préludes pour violon et piano » qui leur valent des éloges critiques et une édition chez « Mouzfond », seule partition éditée de son vivant. Pour marquer le Centenaire de sa naissance, nous avons choisi à faire entendre au public parisien l’héritage de Kaploun chercheur, virtuose exigent et patriote. En 1942, les festivités austères de 25 ans de la révolution d’octobre sont à leur apogée et la Guerre en URSS n’est qu’à ses débuts. Le théâtre du Bolchoï est évacué à Samara, Kaploun a 35 ans. Il présente deux compositions à la compétition pour la meilleure œuvre patriotique. Les deux sont primées. Son Poème « Ma terre d’Ukraine natale » pour voix basse, chœur et grand orchestre, est donné par l’orchestre du Bolchoï, la partie solo chantée par Alexandre Batourine, grande voix du Bolchoï de l’époque. Sa Marche concertante, sous-titrée « La Patrie Vaincra », est dédicacée « à Joseph Staline » ; cette inscription sur la partition sera effacée soigneusement par une lame de rasoir. Quant au « Quatuor à cordes », Kaploun revient à sa rédaction pendant de longues années ; son second mouvement, « Nocturne » retrouvé récemment dans les archives, date probablement des années 70. Dans sa nouvelle édition, nous les avons inversé. Le Nocturne lent à 3 temps, avec le thème récurrent de l’alto, sert du miroir à l’expression apaisée de Kaploun tardif, à la retraite, plongé dans ses souvenirs, pour ensuite faire exploser une fluide et virtuose écriture du 1er mouvement à 7/8 (si-bémol mineur/do-majeur/do-dièse majeur/si-bémol mineur). Commandé par un prêtre orthodoxe, émigré dans années 20, père Igor Vernik, le Requiem Aeternam ne sera pas entendu par son commanditaire, mort en 1994, sa version définitive éditée et commercialisée sur un CD par Tangram en 1995. En guise d’hommage à mon grand-père ainsi qu'à tous mes amis disparus, en particulier à John Livengood mort le 4 juin 2006, j’ai décidé à rendre cette écriture hétérophonique, bien respectueuse du texte original grégorien, audible aujourd’hui dans ce même concert, grâce notamment au concours de l’organiste Dominique Levacque, titulaire des orgues de l'Institut National des Jeunes Aveugles, animés autrefois par André Marchal ou César Franck, et de tous mes collègues musiciennes et musiciens que je ne cesse de remercier pour leur dévouement. K.T. BIOGRAPHIE Yakov KAPLOUN est né le 9 juin 1907 à Golta, aujourd'hui Pervomaisk, ville en Ukraine entre Nikolaiev et Odessa. Aîné de neuf frères et soeurs, il commence la musique avec un musicien kleizmer. A 7 ans il donne son premier concert au profit des blessés de la Grande Guerre. Un musicien nommé Feder l’enseigne à composer la musique. 1923 Admis à l’Institut MusicoDramatique d’Odessa, « MouzDramIn », dans la classe du professeur Piotr Stolarsky. 19231928 Études à Odessa. Kaploun compose « Le Chant de Gaiawata » pour orchestre de chambre, d’après Longfellow. Il écrit également la « Berceuse », des études, préludes et le « Scherzo » pour violon et piano ou orchestre symphonique. « Variations sur un thème finnois », écrit par Glazounov, est dédicacé au « jeune compositeur de talent ». Yakov adjoint à ses propres variations une partie de piano.. Un succès. 1928-1930 Yakov s'installe à Moscou. Il est nommé Premier violon solo de l’orchestre de la Maison Centrale de l’Armée Rouge (CDKA). Quelques poèmes pour violon et piano, dédicacés à Fima LEBEDINSKAYA, pianiste dont il fait connaissance à Odessa. 1930-1931 le travail en qualité d’altiste dans le Grand Orchestre Symphonique de la Radio Natioanale. 1931-1932 à Tiflis, Yakov est le premier violon solo de l’orchestre de la Radio Transcaucasienne, avec deux émissions hebdomadaires en soliste. 1932 sur l’invitation du chef d’orchestre Nicolaï Golovanov, Kaploun devient, pour 20 années, Alto solo de l’orchestre du GABT, Bolchoï Théâtre de Moscou. 1934 Naissance d’Irina Kaploun 1935 Lauréat du Deuxième Concours Soviétique des Musiciens-Interprètes à Leningrad, catégorie violon, 2e prix (1er n’était pas décerné). 1939 Bénéficiaire de la bourse d’état « Staline », entre à la Faculté de direction d’orchestre du Conservatoire de Moscou, la classe de G. Stolarov. 1941 Évacuation du Théâtre à Samara, alors Kouybyshev. 1942 La mort des parents et trois petites sœurs lors de l'entrée de la Wehrmacht en Ukraine. En novembre 1942, au Concours du 25ème anniversaire de la Révolution d’Octobre, deux compositions de Kaploun obtiennent le Premier prix dans la catégorie « meilleure oeuvre patriotique », la Marche concertante pour orchestre d’harmonie et le Poème symphonique « Ukraine, ma terre natale » pour baryton, choeur et orchestre, sur les vers de Maxime RYLSKI (solo Alexandre Batourine). 1943 : Retour à Moscou 1944 : Membre de l’Union des Compositeurs et de la Fondation Musicale de l’URSS. 1945 : Diplôme du Conservatoire de Moscou, classe de la direction d’orchestre symphonique du Prof. N. ANOSSOV. 1945-1949 : Série de concerts et enregistrements du Quatuor du Bolchoï (David Oistrach, Lev Oborine, Yakov Kaploun, Serge Knouchevitzky). 1952 : Une psychose maniaco-dépressive chronique lui fait obtenir du ministère de la culture une « retraite personnelle anticipée pour la création », à 45 ans. Sa toute dernière oeuvre est le Quatuor à cordes, commencé en 1944 (partie I), les ébauches de la partie II sont inachevées. Les “Préludes” sont édités par la Fondation Musicale de Moscou en 1948. En 1972, une partie est rééditée chez “Sovietski Kompositor”. La même année, le violoniste Grigori FEIGUINE se produit en public avec ces préludes. 28 mai 1985 : Yakov KAPLOUN est foudroyé par une hémorragie cérébrale. En 2002, le catalogue de Yakov (Jacob) KAPLOUN est déposé à la SACEM, il y est admis membre, à titre posthume. Quatuor Arkel Le quatuor Arkel a été formé en 2001, alors que ses membres étaient encore étudiants dans différents Conservatoires nationaux français. Le quatuor Arkel est le fruit d'un désir exprimé par quatre musiciens : se consacrer cordes et âme au quatuor à cordes. Ce quatuor, plein d'énergie, et porté par son exigence, mêle aussi bien des œuvres de style classique et contemporain à son répertoire. Dès sa création, le quatuor Arkel a la chance de travailler avec le quatuor Arcana, et l’une des plus prestigieuses formation viennoise : le Quatuor Artis. En 2004, il intègre la classe du quatuor Isaÿe au Conservatoire Supérieur de Paris en cycle de perfectionnement. En décembre 2006 il rencontre le très renommé quatuor Amadeus. Depuis, le quatuor Arkel est invité lors de nombreux festivals en France, mais aussi à l’étranger. Il se produit notamment en France lors du 16ème festival de quatuor à cordes des pays de Fayence à St Raphaël en 2004, mais aussi lors du festival de Flaine en Haute-Savoie en 2005 et 2006 où le quatuor Ysaÿe les a invité à jouer en première partie de leurs concerts. Invité à l’étranger, il se nourrit de rencontres avec des publics et artistes étrangers. Cette jeune formation a eu le privilège de jouer à Bonn et Cologne lors d’une série de concerts en avril 2004 sous le partenariat de l’association franco-allemande de Bonn. La prestigieuse salle du Château « la Redoute » à Bonn BadGodesberg où Beethoven s’est produit devant Haydn les a accueillis lors d’un de leurs nombreux concerts. Invité par l’Ambassade de France à Belgrade (Serbie-Montenegro), le quatuor Arkel s’y est produit en décembre 2006. Le quatuor Arkel développe un grand intérêt pour l’enseignement. Tous ces membres sont professeurs diplômés d’Etat et enseignent leur discipline ainsi que la musique de chambre dans différents Conservatoires. Cette formation intervient également lors de conférences ou « master-class » dans plusieurs établissements musicaux. › Kamil Tchalaev Né à Moscou en 1962 dans une famille de musiciens, Kamil Tchalaev commence sa formation (violon et solfège) dès l’âge de quatre ans, puis entre à l’Ecole Centrale de Musique du Conservatoire Tchaïkovski à Moscou et à l’Académie de Musique Merzliakov, où il devient contrebasse solo de l’orchestre à l’âge de 18 ans. Un an plus tard, il devient bassiste et chanteur au sein du groupe Rock-Atelier et au Théâtre Lenkom de Marc Zagharov. En 1984, il commence à pratiquer le chant sacré, puis la direction de chœur. Sa collaboration avec Anatoli Vassiliev remonte à 1987 : il crée sa Première Symphonie dans son Ecole d’Art Dramatique, signe la musique du spectacle Les Possédés, et se produit un an plus tard au Festival d’Avignon. En 1989, Tchalaev s’établit à Paris où il entame un cycle de trois ans d’études théologiques à l’Institut Saint-Serge avant d’y retrouver Vassiliev à l’occasion de sa mise en scène du Bal Masquéde Lermontov à la Comédie Française (dix ans plus tard, il composera également la musique originale de son Amphitryon). Entre 1994 et 1995, il étudie ensuite la musique électronique à l’IRCAM, puis s’initie à l’ethnographie filmique à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Entre 1995 et 2005, Kamil Tchalaev est la basse du choeur Accentus (dir. Laurence Equilbey). Régulièrement invité par l’Ensemble Axe 21, l’Ensemble Vocale Séquence (Genève), l’Ensemble Musicatreize (Marseille), l’Ensemble Intercontemporain, il interprète un répertoire essentiellement contemporain (Berio, Xenaxis, Messiaen, Cage, entre autres). Tchalaev s’intéresse également à la formation et à l’enseignement : il a participé à ce titre, en Turquie, aux festivals d’Assos et d’Izmit, avant de poursuivre son travail dans la cité du Val-Fourré, où il crée en 2000 un opéra urbain et fonde l’Ecole Sauvage, basée sur sa collection d’instruments et d’objets sonores (plus de 250 pièces à ce jour). L’œuvre de Tchalaev (éditions Tangram et Musikfabrik) compte actuellement 27 opus, dont quatre quatuors à cordes, un opéra et un requiem. Salle Cortot, Paris, 4 décembre 2006. Kamil Tchalaev avec l’orchestre de chambre de l’Ecole Sauvage lors du concert du 70 anniversaire du compositeur lak Shirvani CHALAYEV.