Vaincre ses peurs et faire place à son leadership!

TRUCS DU GESTIONNAIRE
Vaincre mes peurs et être le leader que je suis !
Volume 1, numéro 4
Par Alain Beaudoin, associé
LA PEUR
Je me revois à 17 ans, je travaillais dans la
restauration et on m’avait nommé chef d’équipe de
soir. Avec les gars de cuisine, des gars de mon
âge, j’étais à l’aise, tout allait bien. Mais, avec les
serveuses et les livreurs, je me sentais tout petit et
je priais pour qu’il n’y ait pas de problèmes. Un soir,
j’entends une dispute dans la salle des livreurs.
D’un seul coup, la peur m’envahit, mon ventre se
noue, ma respiration devient difficile… Je dois aller
m’occuper du problème mais je me sens
complètement paralysé.
LA PEUR ET MOI COMME LEADER
J’ai aujourd’hui 45 ans, il y a plus de 25 ans que je
gère une équipe. Au cours de ces années, il est
arrivé inévitablement que mes peurs cherchent à
m’envahir mais règle générale, elles ont suscité des
poussées d’adrénaline qui ont guidé mes actions et
renforcé mon leadership.
Dernièrement, j’ai vécu une situation difficile comme
leader et, dans un premier temps, j’ai laissé ma
peur dominer et saper mon leadership. Oui, je dis
bien saper mon leadership, car la peur sape le
leadership, si on la laisse nous envahir. Elle prend
toute l’énergie et il n’en reste plus assez pour diriger
et guider l’action. Finalement, j’ai réussi à vaincre
ma peur. Ce fut une expérience difficile mais
combien enrichissante.
QUE S’EST-IL PASSÉ ?
La peur est une émotion intense qui nous permet
d’anticiper les dangers, potentiels ou réels, et qui
engendre des réactions qui correspondent à notre
perception de ces dangers. Nous avons tous des
craintes, mais nous ne réagissons pas tous de la
même façon. Dans certains cas, la peur c’est la
paralysie, la fuite, le report ou le faire-semblant-queje-n’ai-rien-vu. Dans d’autres, c’est un défi à relever.
Faire place à son leadership, c’est choisir cette
deuxième option.
A titre de gestionnaire, je me suis retrouvé dans une
situation où je devais exiger un changement de
comportement drastique, ce qui pour moi est
difficile. Je crois à l’autonomie et au pouvoir de
l’autre sur sa vie. Mais cette fois-ci, il me fallait
intervenir car le bien-être de toute mon équipe s’en
ressentait. Je dormais mal, je retardais la rencontre,
je négociais avec d’autres un peu plus de
souplesse… Puis quelqu’un m’a dit : « Si tu ne le
fais pas, je vais le faire.» Mon orgueil en a pris un
coup et j’ai dit NON, c’est à moi de le faire. C’est à
ce moment que j’ai pris conscience de l’espace que
la peur occupait en moi depuis un mois, si ce n’est
plus. Il y avait trop longtemps que je repoussais
l’échéance.
Ce soir-là, par chance, mon gérant – un chic type
qui avait eu assez confiance en moi malgré mon
très jeune âge – n’était pas parti. « Viens avec moi,
on va aller régler cela.» Ce fut la première fois de
ma vie que je reçus du soutien face à mes peurs de
gestionnaire.
Pour tous
Pour gestionnaire
Tél. : 514 849-1210, poste 33
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TRUCS DU GESTIONNAIRE
Vaincre mes peurs et être le leader que je suis !
Volume 1, numéro 4
J’ai fait face à cette peur, je l’ai transformée en
adrénaline et je suis passé à l’action. Vous avez
déjà vécu cela ? L’impression de porter un lourd
fardeau dans un sac à dos et tout à coup on se sent
léger, épuisé, mais léger. Mon leadership a repris le
dessus sur ma peur et la situation a été réglée au
bénéfice de toute l’équipe.
La situation dans laquelle je venais de me retrouver
m’a amené à jeter un regard nouveau sur mon
parcours de gestionnaire.
POURQUOI AVEC TELLE PERSONNE ET PAS
AVEC UNE AUTRE ?
Plusieurs images de mon passé me sont revenues
où mes peurs avaient menacé mon leadership ou
influencé mon action. Plein d’autres aussi où elles
se transformaient en adrénaline et en actions. J’ai
cherché et réalisé que l’une ou l’autre de ces
réactions étaient
souvent fonction
de la ou des
personnes avec
qui j’avais à
interagir, et ce,
tant dans ma vie
personnelle que
professionnelle.
Notre leadership
ce n’est pas juste comme gestionnaire qu’on le vit.
Cette recherche m’a bien sûr mis en contact avec
certaines racines de mes peurs mais tout autant
avec les outils que je m’étais donnés pour qu’elles
ne dominent pas mon action.
BESOINS, RÉFLEXE DE DÉFENSE ET
DÉVELOPPEMENT
Mon premier constat fut que, pour moi, être leader
c’est être en relation avec une personne ou une
équipe. J’oriente donc mon action pour que la
relation soit harmonieuse et que l’équipe m’apprécie
comme gestionnaire. Or, il peut arriver que ces
besoins viennent en conflit avec l’action et laissent
libre cours à mes peurs, particulièrement lorsque je
crains qu’une décision remette en cause une
relation qui compte beaucoup pour moi. Je dois
donc rester vigilant et ne pas permettre qu’une
relation énergisante devienne énergivore ou que
mon leadership soit sapé en présumant de la
réaction de cette personne.
Deuxième constat, j’ai perçu chez moi un vieux
réflexe de défense, le « Je suis capable tout
seul ». Ainsi, quand j’ai peur, la tête prend le
dessus en me disant : « t’es capable de faire
face… ». Mais il arrive que, malgré tous mes efforts,
la solution ne soit pas au rendez-vous. Dans ces
cas-là, plutôt que de m’entêter ou encore de céder
à la tentation de m’isoler ou de me refermer comme
une huître, il me faut avouer ma peur et demander
conseil pour l’affronter et pour tracer mon chemin.
Ce chemin pour moi c’est, entre autres, de dire
simplement, à la personne que je devais rencontrer,
à quel point cela me faisait peur de lui demander de
changer de comportement et pourquoi. S’ouvrir
c’est créer de l’ouverture. C’est faire place à son
leadership.
ÊTRE LE LEADER QUE JE SUIS
Des gens m’ont dit que j’étais un très bon leader,
d’autres m’on dit le contraire dans leurs mots. Je
pense que tous ont raison. Être un bon leader, ce
n’est pas juste une question de technique, c’est être
en relation avec d’autres, mais avant tout, avec ce
que je suis, mes valeurs et mon histoire, mes peurs
et mes besoins. Un grand principe me semble
gagnant, toujours poursuivre mon développement
personnel :
ƒ
reconnaître mes forces et mes limites;
ƒ
reconnaître mes peurs, leurs origines et
mes réflexes de défense;
ƒ
aller chercher de l’aide et me développer;
ƒ
être transparent avec les autres et honnête
avec moi-même.
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