La vie devant nous

Transcription

La vie devant nous
La vie devant nous
Le journal des invalides de la Mutualité chrétienne
Demandez de l’aide. C’est votre droit!
numéro 2
Sommaire
Éditorial
Éditorial
p. 2 « La vie devant nous »...
L’histoire de Robert:
main dans la main avec la mutualité
p. 3 le langage administratif dit qu’ils «sont en invalidité».
Le Service indemnités
p. 5 Le dictionnaire ne définit-il pas l’invalide comme: «celui qui n’est
Financièrement, c’est la galère
p. 6 vaise santé»? Comment croire en effet qu’il y a encore une vie après
L’aide d’une tierce personne
p. 7 de nouvelles. Les amis s’écartent. Le revenu diminue et les
Comment évaluer l’incapacité de travail?
p. 8
Le médecin-conseil est toujours dans le coup
p. 8 des choses à faire, des gens à découvrir, des tâches à réaliser qui
Respecter la règle du jeu
p. 9 que capituler!» Voilà le témoignage de tant d’invalides qui ne se
Quel titre paradoxal pour une publication qui s’adresse à ceux dont
plus en état de mener une vie active, de travailler, du fait de sa maul’accident ou la maladie? Les collègues de travail ne prennent plus
dépenses augmentent...
Et pourtant, c’est vrai que la vie continue. Mais autrement. Il y a
restent à la portée de la majorité des invalides. «Plutôt s’adapter
résignent pas à penser que leur vie s’arrête d’un seul coup.
Un cap à franchir
p. 10
La Mutualité chrétienne à votre service
p. 12 limites. Elle ne peut plus toujours se déplacer avec la même faci-
Certes, une personne invalide sera chaque jour confrontée à ses
«La vie devant nous»
est une publication de l’Alliance nationale des Mutualités
chrétiennes réalisée par Infor Santé, le service de promotion
de la santé.
Responsable de la publication: Maryse Van Audenhaege.
Photo de couverture: Isopix.
Légende: «Vers quarante ans , en quelques semaines, j’ai
perdu la vue et j’ai tout fait pour m’adapter au mieux à ma
nouvelle situation».
Réalisé avec la collaboration du Service social, de la Direction
médicale de l’ANMC, d’Altéo, mouvement social de personnes
malades, valides et handicapées. Merci au Service
Indemnités pour son aide précieuse.
Mise en page: Muriel Logist.
Éditeur responsable: Jean Hermesse,
chée de Haecht 579 BP 40, 1031 Bruxelles.
Adresse de la rédaction: Infor Santé,
chée de Haecht 579 BP 40, 1031 Bruxelles.
Tél.: 02 246 48 51. Courriel: [email protected]
lité. Ou bien, l’habileté manuelle n’y est plus. Ou bien, l’effort
physique devient trop pénible. Il faut parfois beaucoup se reposer
entre deux activités. Et puis, «on a toujours besoin d’aide...» disent
les uns. «Qu’à cela ne tienne, répondent les autres, nous prenons
le temps de faire ce qui nous convient et ce qui nous plaît, à notre
rythme». Nous trouvons des activités adaptées à notre situation.
La moindre activité que l’on peut faire et que l’on prend plaisir à
faire ne doit pas être écartée. Voilà sans aucun doute le secret de
ceux qui pensent que la vie est toujours devant eux. Et que leur
temps n’est pas passé.
C’est, en tout cas, ce que souhaite la Mutualité chrétienne en vous
adressant cette publication. La mutualité vous accompagne dans
ces moments difficiles. Dans ce deuxième numéro, que vous recevez au moment où vous êtes « passé en invalidité », vous trouverez
des conseils généraux sur votre situation financière, la possibilité
de recevoir l’aide d’une tierce personne, les différences entre
indemnités et salaire, les difficultés pour évaluer le plus exactement possible l’invalidité, la nécessité de s’accommoder de sa
nouvelle vie.
Au moment de franchir ce cap difficile, le service social et le service indemnités de la Mutualité chrétienne, ainsi que les
médecins-conseils, sont à vos côtés... parce que la vie continue!
Qu’est-ce que je deviendrais sans ma
famille depuis mon accident?
Édition - Janvier 2012
Connaissez-vous quelqu’un à qui «La vie devant nous» serait utile?
Donnez-nous ses coordonnées et nous lui ferons parvenir la revue
gratuitement.
2
Photo: Delvaulx
Les photos utilisées pour illustrer les articles ne présentent pas
nécessairement des personnes invalides.
L’histoire de Robert: main dans la main
avec la mutualité!
Chaque histoire est particulière, individuelle, unique.
Écoutons celle de Robert. Il est père de famille, il a 45 ans et il est
ouvrier maçon. Depuis plusieurs années, il souffre d’un problème
au cœur. Il a dû interrompre son activité à diverses reprises. Pour
couronner le tout, il a attrapé une vilaine bronchite et est tombé
malade pour de bon. Il a dû arrêter son travail complètement. Son
médecin traitant lui a donné un certificat médical reprenant le diagnostic détaillé. Robert a remis ce document à la mutualité qui
lui a fait parvenir un accusé de réception ainsi qu’un document à
remplir par le patron et par lui-même, afin de calculer l’indemnité
à laquelle il a droit. Cette indemnité lui sera payée par quinzaine.
Avant ma maladie, je courais dans tous
les sens. Aujourd’hui, je suis un peu plus
disponible.
Malgré les bons soins qu’il reçoit, Robert ne se remet pas. Il se sent
toujours aussi mal, il ne peut donc pas retourner travailler. Au bout
de quelques semaines (tout dépend de la maladie et des détails de
diagnostic que son médecin aura indiqué dans le certificat), il reçoit
une convocation du médecin-conseil de sa mutualité. Au vu de
l’état de santé de Robert et des pièces du dossier constitué des
éléments dont le médecin-conseil disposait et des éléments apportés par Robert (analyses de sang éventuelles, radios, précisions
du spécialiste traitant), le médecin-conseil propose un nouveau
rendez-vous 4 mois plus tard. Si à ce moment-là, cela ne va toujours pas mieux, l’incapacité de travail sera prolongée...
Au 7e mois, le dossier est réexaminé dans la perspective où la maladie dépasserait la période d’un an, seuil au-delà duquel il deviendra
invalide.
Photo: Cois Van Roosendael
Les formulaires à remplir sont compliqués, il ne faut pas
hésiter à demander l’aide aux assistantes sociales. J’ai
perdu de l’argent parce que j’avais attendu trop longtemps
avant de demander une information.
Corinne, 37 ans
Durant cette première année, c’est le médecin-conseil seul qui
a évalué la situation et décidé que pour des raisons de santé,
Robert n’était plus capable d’exercer son dernier métier, ni une
profession qu’il a ou aurait pu exercer du fait de sa formation professionnelle.
Pour ce qui dépasse ces 12 mois, le médecin-conseil propose une
reconnaissance d’incapacité pour une certaine période. Mais il
n’est plus le seul à décider de la reconnaissance ou non de cette
inaptitude au travail. C’est le conseil médical de l’invalidité de
l’INAMI (CMI) qui devient, alors, l’instance habilitée à donner le
feu vert pour la poursuite de l’indemnisation.
Pendant tout ce parcours, que va toucher Robert?
Son indemnité va être calculée sur la base du salaire qu’il a perdu
et selon sa situation de vie. On prend en compte son «salaire brut
plafonné». Un chef de ménage touchera 60% de son salaire brut
plafonné, durant sa période d’incapacité primaire (c’est-à-dire les
12 premiers mois; cela passera à 65% après un an).
Invalide «pour de bon»?
Une fois que l’accord de l’INAMI est acquis, Robert entre dans une
période appelée «invalidité». S’il continue à aller mal, cette période
peut durer très longtemps. S’il va mieux, elle peut s’arrêter au bout
de quelques mois. L’invalidité n’est donc pas nécessairement définitive. Tout dépend de l’évolution de la santé.
Rappelons que le chef de ménage est, aux yeux de la mutualité, le
travailleur ou la travailleuse qui a, au moins, une personne à charge
(époux, personne avec laquelle il forme un ménage de fait, enfants,
parents ou alliés jusqu’au troisième degré) à condition qu’il y ait
cohabitation et que cette même personne ne gagne pas plus de
896,71 € bruts par mois (situation au 01/09/11).
3
Les procédures sont très longues, il faut beaucoup de
papiers. J’ai dû secouer les «administratifs», menacer
d’aller plus loin et de dévoiler leur façon de faire. Après,
tout a été bien.
Ce rapide survol ne permet pas de parler de cas précis, ni de votre
situation personnelle. Si vous avez des doutes ou des questions,
n’hésitez pas à contacter le service indemnités de votre mutualité.
En cas de problème, le service social aussi est là pour vous informer, vous guider et vous aider.
Aldo, 47 ans
Pourquoi ne pas faire le premier pas?
Robert ne sera pas considéré comme chef de ménage parce que
sa femme a des revenus professionnels supérieurs à 1443,54 €
bruts par mois (montant au 01-09-2011). Il aura le statut de cohabitant même s’il a 4 enfants à charge. Il touchera 60% de son salaire
brut plafonné à partir du 31e jour de son incapacité primaire. Audelà du 12e mois, quand il sera invalide, il ne touchera plus que 40%
de son salaire.
Osez demander de l’aide.
Vous y avez droit!
Au départ, l’information était inexistante. J’ai dû faire des
démarches personnelles. À force de chercher, j’ai trouvé
mon chemin.
Par contre, il aurait été considéré comme «cohabitant assimilé à
un isolé» si sa femme avait eu des revenus professionnels situés
entre 896,71 € et 1443,54 € bruts par mois (montants au 01-09-2011).
Un travailleur peut aussi être un «isolé», c’est-à-dire une personne
qui vit totalement seule. Il percevra la même chose qu’un chef de
ménage la première année (60%) et ensuite 55% en période d’invalidité, c’est-à-dire après les 12 premiers mois.
Paul, 42 ans
En invalidité (ou déjà à partir du 7e mois d’incapacité primaire), la
personne pourra, selon le cas, prétendre à:
1. l’indemnité d’invalidité personnelle calculée sur la base de son
salaire brut plafonné;
2. l’indemnité minimale, dite pour «travailleur régulier».
Elle est accordée à l’invalide dont la situation, avant le début de
son incapacité de travail, répond à certains critères (âge, carrière
professionnelle, nombre de jours travaillés et rémunération minimale);
3. l’indemnité minimale accordée à l’invalide travailleur non-régulier (minimum vital).
La mutualité calcule d’abord l’indemnité d’invalidité personnelle
(point 1) et la compare, soit à l’indemnité «travailleur régulier» (point
2) soit à l’indemnité minimum vital (point 3).
La voiturette me permet de garder une
certaine mobilité. Sans elle, je serais «en
résidence forcée».
Si l’indemnité d’invalidité personnelle est inférieure à l’un des deux
minima, on accorde alors l’indemnité la plus favorable financièrement pour l’intéressé.
Je n’ai pas eu le sentiment d’être larguée, même si j’ai eu
peu d’aide. N’empêche qu’il faut s’accrocher.
Photo: Cois Van Roosendael
Naïma, 50 ans
4
Le service indemnités de la mutualité:
un partenaire incontournable
Un interlocuteur privilégié
N’hésitez pas à vous adresser à lui pour tous les problèmes ou
toutes les questions concernant les indemnités: le droit aux indemnités, les calculs des montants, les modalités de paiement, la
délivrance d’attestations... C’est à lui que vous devez vous adresser en cas de changement dans la composition de votre famille ou
lorsqu’une modification intervient dans le revenu d’un des membres
de votre ménage. Vous pouvez l’interpeller afin de connaître les
procédures à suivre en cas de voyage à l’étranger ou bien même
en cas de transfert de votre résidence à l’étranger.
Une source d’information
En effet, lors du premier versement, une lettre expliquant la méthode
de calcul de votre indemnité est transmise.
Cette lettre donne une explication générale et reprend le calcul
précis dans votre situation.
Elle vous permet de vérifier l’exactitude d’un certain nombre de
données (salaire de référence, montant) et éventuellement de
réagir.
La mutualité à votre service
Elle vous rappelle de ne pas omettre d’envoyer un formulaire de
«fin d’incapacité» lorsque cette incapacité est terminée.
Elle vous indique que le montant des indemnités perçues est un
montant brut (sans précompte professionnel) et vous conseille de
prévoir une réserve afin de pouvoir payer vos impôts.
Elle vous rappelle aussi que, sans autorisation, le travail est interdit et que si vous souhaitez reprendre une activité, même partielle,
vous devez demander (et obtenir!) préalablement l’autorisation
écrite du médecin-conseil.
Le Service indemnités de votre mutualité est à votre disposition
pour vous fournir ce type de renseignements.
Renseignez-vous auprès de l’organisateur du travail bénévole
et de votre mutualité.
Photo: Cois Van Roosendael
Depuis le 1-08-2006, un traitement administratif plus souple,
valable pour les salariés et les indépendants, existe exclusivement pour le volontariat au sens de la loi sur le travail volontaire
(03-07-2005).
5
Financièrement, c’est la galère!
Tomber malade, avoir un accident, devenir invalide, on ne le choisit
pas et ce n’est pas facile à accepter. Devoir en plus se restreindre
sur tous les plans est injuste et insupportable. Certains se débrouillent
et font contre mauvaise fortune bon cœur, d’autres ne parviennent
pas à diminuer leurs dépenses et à gérer leur budget amoindri.
Réfléchissons ensemble.
Devenir invalide c’est avoir de l’argent en moins
et des dépenses en plus!
Les frais d’hospitalisation, les frais médicaux et paramédicaux sont
souvent élevés et les médicaments coûtent cher.
Malgré les importantes mesures prises ces dernières années (forfait soins, maximum à facturer, statut OMNIO...), les remboursements
de la mutualité ne couvrent que partiellement les dépenses en soins
de santé et la quote-part à charge des patients malades reste trop
élevée . Dès lors certains interrompent leur traitement ou hésitent
à faire appel à un(e) diététicien(ne) ou un(e) kiné parce que ce n’est
pas «vital».
Les traitements «parallèles» (homéopathie, ostéopathie, acupuncture) ne sont remboursés qu’occasionnellement par l’assurance
complémentaire.
Évitez aussi le crédit, une situation de surendettement risque d’assombrir l’avenir. Si vous êtes en difficulté, parlez-en plutôt à une
assistante sociale qui vous conseillera.
Faites des choix et établissez les priorités en famille: les vacances
ou la voiture, diminuer les loisirs coûteux ou envisager un autre
logement, moins grand, moins coûteux.
Que peut faire le conjoint sur le plan financier? Recommencer à
travailler? Passer à un temps plein? Ne pas prendre sa prépension? Les enfants aussi peuvent travailler pour gagner davantage
que leur argent de poche. Il existe des solutions. En parler ensemble
vous aidera et renforcera très souvent la solidarité entre vous!
S’adapter, une valeur sûre
Les «faux» frais sont lourds également (déplacement, aménagement de la maison en fonction du handicap, aide ménagère).
La personne invalide doit parfois recevoir une prothèse ou acheter une
voiturette pour se déplacer. Les réglementations existantes ne rencontrent pas tous les cas. Parfois elles ne permettent pas que l’invalide
bénéficie d’une intervention de la mutualité comme il le souhaiterait .
Devoir se débrouiller avec moins d’argent oblige à changer son mode
de vie.
Ce n’est pas facile surtout si, auparavant déjà, les fins de mois étaient
serrées.
Faire des économies est d’autant plus difficile qu’on a plus de temps
libre et donc plus d’occasions de dépenser de l’argent: aller prendre
un verre avec les copains, se lancer dans des nouveaux loisirs,
faire du lèche-vitrines. En outre, le fait de rester à la maison au lieu
d’aller tous les jours au travail entraîne une augmentation des
dépenses en énergie (chauffage, électricité).
Il est important que les deux conjoints discutent ensemble de ces
questions financières et se mettent d’accord sur le choix des restrictions afin d’éviter que l’un ait l’impression d’être pénalisé par
rapport à l’autre. Cette remarque vaut également pour les enfants.
Comment vivre avec cette réalité sur le plan financier?
Un avenir en demi-teinte
Si l’Assurance Soins de Santé Indemnités (ASSI) ne couvre pas
toutes les dépenses de santé, la Mutualité chrétienne a, par son
assurance complémentaire, prévu une série d’interventions.
Il est essentiel de bien se renseigner sur vos droits et sur ces interventions financières possibles. Un exemple: encore trop d’affiliés
ignorent que leur assurance complémentaire les protège efficacement pour leurs hospitalisations en chambre commune et à 2
lits par le biais de l’Assurance Hospitalisation Solidaire. La Mutualité
chrétienne est la seule à avoir pris cette initiative pour tous ses
affiliés! Le service social est là pour vous guider personnellement.
Malgré toutes ces mesures et la meilleure volonté du monde, l’inquiétude face au futur est inévitable. Si mon incapacité se prolonge,
comment payer les études des enfants? Comment faire face aux remboursements de la maison? Comment gérer l’imprévisible? Il faut
quelques mois et de la patience avant de trouver ses nouveaux
repères et son rythme. Le monde ne s’est pas fait en un jour! Ici aussi,
il vaut mieux penser aux petits bonheurs que l’on a gagnés, plutôt
qu’à tout ce que l’on a perdu. Cela aide à garder le moral et la santé.
En-dehors de ces avantages importants dont vous bénéficiez en
tant qu’affilié, voici quelques recommandations.
Pensez à utiliser des médicaments génériques, lorsque ceux-ci
sont disponibles. Moins chers, ils contribueront à vous aider à maîtriser votre budget «médicaments».
L’angoisse est toujours là. Les nouvelles factures, des
rappels, des papiers et encore des papiers: le mazout,
l’électricité, l’eau, l’assurance, les examens médicaux. On
est le 15 du mois, et on est déjà à sec. Alors on mange des
pâtes. Les morceaux de viande, c’est pour les enfants, moi
je n’en ai pas besoin.
Georges, 46 ans
Etablissez votre budget (entrées, sorties, échéances) et essayez de
prévoir une petite réserve pour les coups durs (rechute, taxes, impôts).
Etre malade, c’est être confronté à beaucoup de tracasseries administratives, constituez-vous une petite farde où vous rassemblerez
tous vos papiers administratifs. Si vous éprouvez des difficultés à ce
niveau, contactez notre service social. Cela peut être utile.
Pour les plus valides, éviter la tentation du travail en noir. Les dénonciations existent et elles peuvent être lourdes de conséquences.
6
Pour tout renseignement, contactez le service social de votre région (voir
les coordonnées en page 12, ou via le numéro gratuit 0800 10 9 8 7).
L’aide d’une tierce personne
Une personne malade est souvent capable de faire pas mal de
choses dans la vie quotidienne malgré sa maladie. Cependant, si
elle devient très dépendante et qu’elle n’est plus capable de se
débrouiller seule pour plusieurs aspects de la vie quotidienne, elle
pourra, dans certains cas, recevoir une aide financière complémentaire qui s’ajoute à son indemnité d’incapacité de travail.
L’aide d’une tierce personne est une notion difficile à comprendre.
De plus, elle n’est pas applicable dans tous les cas.
Si vous désirez quelques éclaircissements, le service social et le
service indemnités de votre mutualité pourront vous donner les
précisions nécessaires (voir les coordonnées en page 12, ou via le
numéro gratuit 0800 10 9 8 7).
C’est ce que l’on appelle l’aide d’une tierce personne.
Il ne s’agit donc pas du tout de l’intervention d’une personne physique, comme une aide familiale qui viendrait aider à la maison,
mais de l’octroi d’une indemnité plus élevée à un malade qui
manque réellement d’autonomie et a, de ce fait, plus de frais.
Pour évaluer cette perte d’autonomie, le médecin-conseil doit envisager une série de critères (il utilise pour cela une grille mise à sa
disposition par l’Inami):
ı
la personne est-elle capable de se nourrir, se vêtir, se déplacer,
s’occuper de son hygiène personnelle?
ı
peut-elle encore entretenir sa maison et vivre sans surveillance?
ı
a-t-elle encore des contacts sociaux?
Il est interdit d’avoir une vie normale, comme tous les
autres. Je me sens humilié parce que je ne suis rien. C’est
révoltant! Je dois vivre vraiment au ras du sol alors que
d’autres ont des millions et qu’ils s’éclatent. On doit tout
regarder et laisser aux autres.
Alex, 47 ans
A partir de ces données, une cotation est établie, appelée «score
de dépendance». Si la personne atteint le seuil minimum prévu,
ses indemnités seront plus importantes. Ces suppléments (forfait
journalier) sont attribués pour des périodes déterminées et renouvelables. Ils sont immunisés fiscalement. Il est à noter que la
retenue pension de 3,5% sur les indemnités d’invalidité ne s’applique pas à ces suppléments.
J’espère aller un peu mieux, obtenir un logement social,
une maison décente. Pas des «à peu près» mais un vrai lit et
une machine à laver. Ne plus devoir choisir entre la tasse
de café et le ticket de bus. J’espère pouvoir retrouver un
petit boulot à mi-temps et garder mon invalidité. Je ne
demande pas la lune. Mon rêve serait de refaire mon métier
de libraire parce que c’est là que j’ai toute ma sensibilité.
«Quand je suis triste, je me réfugie dans
le silence. Qui pourrait me comprendre?»
Claudine, 37 ans
L’octroi d’une aide d’une tierce personne est possible à partir du
1er jour du 4e mois de maladie. La personne concernée (salariée ou
indépendante) reçoit un forfait de 16,25 € par jour, à raison de 6
jours par semaine. Le montant peut donc varier de mois en mois,
tout en tournant autour de 420 € par mois (montants au 01.09.11).
Photo: Zafar
En cas d’hospitalisation ou d’hébergement en MRS, l’aide à la tierce
personne est suspendue dès le 1er jour du 3e mois du séjour.
7
Comment évaluer l’incapacité
de travail?
Comment estimer si une personne doit être reconnue en incapacité de travail?
Il s’agit pour chaque personne, d’une évaluation concrète, globale
et personnalisée.
Comment évaluer l’incapacité de travail, mais aussi les capacités
restantes et les moyens de les valoriser, de la manière la plus juste?
Ainsi, une personne peut sembler être en bonne santé et avoir
bonne mine, mais être prise par des angoisses qui l’empêchent
d’exercer sa profession.
Cette question est très délicate car elle concerne une situation
complexe qui dépasse le cadre strictement médical.
Il ne s’agit pas de déterminer un pourcentage d’incapacité tel que
défini par les barèmes d’incapacité.
La capacité ou la perte de capacité sur un plan physique ou mental sont prises en compte d’abord par rapport au dernier travail de
la personne avant la période d’incapacité de travail, et ensuite par
rapport au marché du travail de référence* de cette personne.
* Le marché du travail de référence est l’ensemble des professions
auxquelles le travailleur a accès du fait de sa formation et de son
expérience professionnelle.
Une autre peut être très handicapée mais capable de travailler
malgré tout.
Prenons l’exemple de cette femme ayant perdu l’usage de ses
mains et qui a développé une habileté étonnante lui permettant
d’exercer un travail de téléphoniste. Néanmoins, vu l’absence de
ses mains, elle a besoin d’aide pour s’habiller, pour faire sa toilette,
pour accomplir les gestes les plus simples de la vie de tous les
jours, et son insertion sur le marché du travail est fragile.
Il faut savoir que la notion d’incapacité de travail n’est pas exactement la même dans les différentes législations (maladie-invalidité,
handicapés, accident de travail, droit commun...).
Bref, c’est parfois la quadrature du cercle!
Le médecin-conseil est toujours
dans le coup
Le médecin-conseil ne va pas disparaître de la vie
de l’invalide
Une personne peut être encore très mal lors de son entrée en invalidité, c’est-à-dire après un an, parce qu’elle a subi un traumatisme
important ou qu’elle se trouve dans un état dépressif réactionnel,
suite à un deuil, un choc émotionnel, un divorce. Dans le cas d’une
maladie évolutive, elle sera reconvoquée par le médecin-conseil
au bout de quelques mois afin de réévaluer avec elle la situation.
Une reprise du travail ou une réadaptation professionnelle (formation) est parfois possible à ce moment et souvent vivement
souhaitée par la personne.
En revanche, dans certains cas, en fonction de l’évolution médicale, le médecin peut décider de revoir la personne plus tard après
son entrée en invalidité.
Le dialogue avant tout...
La dimension «conseil» de la fonction du médecin-conseil est importante, de même que le dialogue.
8
Il aura toujours à cœur d’aider la personne invalide et son médecin traitant à comprendre au mieux la situation dans tous ses
aspects: médical, social, professionnel...
L’objectif est de trouver la meilleure solution possible à long terme
sur les plans physique, psychologique et professionnel pour la personne. La question d’une éventuelle reprise partielle d’activité
ou d’une formation professionnelle en vue d’un métier plus adapté
à la situation de santé devra aussi être discutée avec le médecinconseil.
Je me suis tourné vers d’autres distractions. Je regarde
davantage la télévision et j’aide les personnes plus âgées,
plus handicapées. Cela me permet de me rendre utile et de
continuer à faire partie de la société. Cela me permet aussi
d’oublier.
Gérard, 55 ans
Respecter la règle du jeu
Les tentatives de fraude existent et sont parfois dénoncées par un
membre de la famille avec lequel on est en dispute, par des voisins ou des personnes jalouses. Sauf situation exceptionnelle,
seules les dénonciations non anonymes sont prises en compte.
Il existe différentes sortes de «détournements».
Il peut aussi arriver que des gens confrontés à une future perte
d’allocations de chômage de longue durée, tentent de se faire passer comme personne malade pour garder un revenu de
remplacement.
Des sanctions existent pour ceux qui essaient d’enfreindre la loi.
C’est le cas des personnes qui «oublient» de renseigner certains
de leurs revenus, ou qui exercent une activité non autorisée.
En cas de doute, le médecin-conseil réexamine le dossier, il reconvoque la personne et réévalue la situation médicale.
Pas facile de savoir ce qui est permis ou
interdit. En parler à son médecin-conseil
avant est indispensable.
Les contrôles nécessaires sont effectués par des inspecteurs (des
lois sociales, du chômage, de l’INAMI) ou par toute autre autorité habilitée à le faire. S’ils constatent qu’une personne déclarée
malade ou invalide travaille sans autorisation, ils établiront un procès-verbal donnant des détails sur la nature du travail effectué, le
lieu, l’horaire, etc.
Sur base de ce rapport, le service administratif va demander au
médecin-conseil si la capacité de l’intéressé est restée réduite
d’au moins 50% du point de vue médical.
Si oui, le service du médecin-conseil fait une investigation et une
procédure est entamée pour régulariser le dossier. À noter qu’en
période d’invalidité, la situation ne pourra être régularisée que par
décision de l’INAMI. Si non, on considère que l’intéressé a repris
spontanément le travail, l’indemnisation est suspendue et les
sommes indûment perçues sont récupérées.
De nombreuses possibilités de reprise partielle (avec maintien
complet ou partiel des indemnités en fonction des revenus de la
reprise partielle) existent tant pour les indépendants que pour
les salariés, à condition d’en avoir parlé et obtenu l’autorisation
écrite du médecin-conseil avant de commencer.
Avant le 12 e mois, j’étais un numéro: peu d’accueil,
sentiment de suspicion et ballottage entre les différents
médecins. Après, les relations sont devenues correctes.
J’étais reçu comme une personne et pas uniquement
comme un malade.
Photo: Cois Van Roosendael
Antoine, 49 ans
9
Un cap à franchir
Après dix mois de maladie, d’hospitalisation, de lutte, de repli sur
soi parfois, de dépression, de rechutes, le passage en invalidité
résonne comme une étape supplémentaire.
Travail de deuil
Vivre consciemment sa maladie
Pour les uns, il s’agit d’une condamnation: je suis foutu, la société
ne veut plus de moi. Pour d’autres il s’agit d’un défi à surmonter: je
refuse le verdict d’invalidité, je veux me battre pour m’en sortir.
Pour d’autres encore il s’agit d’une libération: je suis enfin reconnu
dans ma maladie. Tout dépend du problème rencontré, de la personnalité, de l’attitude de l’entourage, en bref tout dépend surtout
de moi! On ne réagit pas de la même façon quand on est atteint
d’une maladie incurable, dégénérative (par exemple sclérose en
plaques, polyarthrite) ou chronique (par exemple mucoviscidose,
diabète), ni quand on présente un handicap physique définitif (par
exemple hémiplégie, déficience de la vue) ou quand on souffre
d’une maladie nerveuse (dépression, angoisse phobique). De plus,
beaucoup de passages en invalidité ne sont que des passages et
un certain nombre d’invalides retrouveront à court terme leur vie
d’avant.
Quel est le parcours «classique» de la personne invalide? Il commence souvent par des plaintes anodines et des douleurs qui
amènent la personne à consulter son médecin traitant. Celui-ci
écoute, examine et établit un diagnostic. Parfois, il faut investiguer,
hospitaliser, essayer différents traitements. Si la personne ne peut
pas retourner travailler, elle sera convoquée par le médecin-conseil.
Elle entrera en relation avec sa mutualité, le service social et les
différents services administratifs, notamment le service indemnités.
Chaque cas est différent
Ces différents intervenants exercent une influence les uns sur les
autres, ils travaillent ensemble pour vous faciliter la vie et vous
aider au mieux.
Chaque personne subit la situation en fonction de son caractère
et de son passé, de ses possibilités matérielles et financières, affectives et morales, de sa situation de vie. Pourtant, malgré ses
différences personnelles, chacun devra faire un travail de deuil,
même si pour certaines personnes une perspective de reprise de
travail est possible. Ce deuil suppose le passage par certaines
étapes comme le refus ou la colère, le découragement ou la dépression, les accommodements avec la réalité, l’acceptation.
Parfois la maladie peut devenir un refuge pour la personne lorsqu’elle ne voit plus d’autre issue. Dès lors, elle se replie sur
elle-même et se sent de plus en plus mal. Un proche ou un professionnel (médecin traitant, psychologue, assistant social...) pourra
l’aider à exprimer ce qu’elle ressent, à voir les choses sous un angle
plus positif et puis, peut-être, à envisager de nouvelles perspectives. Même si vos déplacements et vos gestes sont limités, même
si la souffrance est présente, même si les traitements sont lourds,
la voie n’est pas nécessairement sans issue. Il y a encore du chemin à faire, il est possible encore d’avancer et de progresser.
Tout prend énormément de temps entre les différentes
entrevues, les visites de contrôles, les examens, les
décisions. Chaque fois il faut attendre, il faut tuer le temps.
J’en suis sortie tout doucement, pas à pas. Cela n’a pas été
évident! Heureusement que j’avais des structures sur
lesquelles m’appuyer, comme mon psychiatre, mon médecin
traitant qui m’a donné pas mal de coups de pieds au cul,
comme ma psychologue du centre de santé mentale sur qui
je peux m’appuyer. Et les Alcooliques anonymes. Autrement,
je ne m’en serais jamais sortie...
Aziz, 49 ans
Où sont les solutions réelles, les éléments concrets pour
nous aider? Il y a beaucoup de bla-bla, beaucoup de
théories et de règlements. Mais la vie de tous les jours,
c’est une vie de lutte désespérée sans jamais de résultats.
Francis, 52 ans
Avant, je me sentais nulle. Maintenant, je m’accepte comme
je suis. Je suis moi et je prends soin de moi. Je suis fière de
me battre. J’ai évolué, j’ai avancé, je me suis enrichie
terriblement et je n’ai plus peur d’entrer dans un bureau.
Joséphine, 46 ans
10
Le malade et son entourage, le médecin traitant, la mutualité et
le médecin-conseil agissent sur le même plan, comme les trois
angles d’un triangle.
Arlette, 52 ans
Si on me demandait à l’extérieur: «Qu’est-ce que tu fais?»
Je répondrais: «Je suis en congé de maladie», parce que ça
me gêne de dire à quelqu’un d’autre: «Je suis invalide».
Sylvianne, 32 ans
Depuis mon invalidité, j’ai revu mon style de vie. J’ai le
temps de faire la cuisine et de m’occuper des devoirs des
enfants. Je me débrouille assez bien et je fais tout pour me
rendre utile. Malgré tout, je me sens souvent très seule,
surtout l’après-midi. Alors, je vais en ville et je dépense...
Lire au soleil, c’est bien agréable.
Mais cette «vie de loisir»,
je ne l’ai pas choisie...
Isabelle, 35 ans
Faire des projets à court terme, essayer de profiter des bons
moments du présent, c’est déjà tout un programme et il faut pouvoir s’autoriser à «lever le pied» comme on dit.
Finalement la question n’est pas tant de savoir ce que l’on va «faire»,
mais ce que l’on va vivre, ce que l’on peut encore être.
Il a fallu du temps pour m’en convaincre. Mais maintenant,
je n’ai pas peur de dire que le bien le plus précieux que j’ai
c’est le temps dont je dispose. Alors, j’essaye d’en profiter...
Photo: Cois Van Roosendael
Sergio, 35 ans
Et vous?
Si vous avez apprécié ce journal, vous pouvez nous faire part de vos remarques, suggestions, critiques.
Si vous avez envie de témoigner, contactez-nous au 02 246 48 51.
Nous vous remercions d’avance pour votre intérêt.
Courrier à envoyer à Infor Santé, chaussée de Haecht 579, BP 40, 1031 Bruxelles
Courriel: [email protected]
11
La Mutualité chrétienne à votre service
Vous avez des questions, des problèmes, des réactions ou des
demandes, une équipe de professionnels est à votre service: médecin-conseil, Service social, Service indemnités.
Vous avez besoin de matériel sanitaire ou d'équipement adapté,
vous êtes coincé à la maison et souhaitez la visite d'un bénévole,
vous aimeriez connaître les avantages de votre assurance complémentaire, vous cherchez des vacances organisées pour les
personnes à mobilité réduite, vous désirez des informations ou de
la documentation sur les problèmes de santé, l'hôpital, le prix des
soins, la prévention (dépliants, brochures), votre «mutu» est à
l'écoute. N'hésitez pas à téléphoner ou à vous rendre sur place.
Votre conseiller mutualiste se tient à votre disposition.
MC de Liège
place du XX Août 38, 4000 Liège
T 04 221 73 11
[email protected]
MC de Verviers-Eupen
rue Laoureux 25/29, 4800 Verviers
T 087 30 51 11
[email protected]
MC du Brabant wallon
boulevard des Archers 54, 1400 Nivelles
T 067 89 36 36
[email protected]
Visitez aussi le site web de la Mutualité chrétienne: www.mc.be,
ou le site d’Altéo: www.alteoasbl.be.
MC Hainaut oriental
Ou appelez notre centre d'appel au numéro de téléphone gratuit:
0800 10 9 8 7.
rue du Douaire 40, 6150 Anderlues
T 071 54 83 11
[email protected]
MC de la Province du Luxembourg
MC Hainaut-Picardie
rue de la Moselle 7-9, 6700 Arlon
T 063 21 17 11
[email protected]
rue Saint Brice 44, 7500 Tournai
T 069 25 62 11
[email protected]
MC de la Province de Namur
Mutualité Saint-Michel
rue des Tanneries 55, 5000 Namur
T 081 24 48 11
[email protected]
boulevard Anspach 111-115, 1000 Bruxelles
T 02 501 58 58
[email protected]
Les autres numéros
Si vous n’avez pas reçu l’un des numéros de la brochure «La vie devant nous», n’hésitez pas à nous le demander:
Infor Santé, tél. 02 246 48 51, Courriel: [email protected]
Contenu du no 1
Contenu du no 3
Contenu du no 4
Ce numéro vous a été envoyé il y a 3 mois.
Un invalide témoigne
Entre nous: conseils des anciens aux «nouveaux»
Devenir invalide, cela peut arriver
à tout le monde
Le Service social
Médicaments: amis ou ennemis?
Quel est le rôle du médecin-conseil?
L’incapacité de travail selon la loi
Bon à savoir
Ce numéro vous sera envoyé dans 3 mois.
Invalide dites-vous!
Mille et une facettes de l’invalidité
Partager pour être moins seul
La reprise du travail
La réadaptation professionnelle
Personne n’est à l’abri du surendettement
Du bon usage des médicaments...
Parfois la maladie cache d’autres problèmes
Ensemble avec... Altéo
Ce numéro vous sera envoyé dans 6 mois.
Le regard de l’autre est un miroir
J’ai mal tout le temps
Docteur, rien ne va plus!
Le maintien à domicile
La défense des membres
Pratiquer un sport, pourquoi pas!
La mutualité à votre service
Pour en savoir plus
4510BRO02/12