Mercredi des Cendres Frère Antoine

Transcription

Mercredi des Cendres Frère Antoine
Mercredi des Cendres
Frère Antoine-Emmanuel
Matthieu 6,1-6.16-18
Mercredi 21 février 2007
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement
Regarder Celui que nous avons transpercé
«C’était déjà environ la sixième heure
quand, le soleil s’éclipsant,
l’obscurité se fit sur la terre entière,
jusqu’à la neuvième heure» (Lc 23,44).
«Vers la neuvième heure,
Jésus clama en un grand cri :
«Éli, Éli, lema sabachtani ?»
c'est-à-dire : «Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi M’as-Tu abandonné ?» (Mt 27, 46).
Et ils se sont frappés la poitrine
devant le scandale de la mort innocente.
Ils se sont lamentés sur ce Fils unique
transpercé par nos péchés.
Ils se sont lamentés.
Des générations se sont lamentées,
et nous aussi, nous nous lamentons.
Nous entrons aujourd’hui
dans les larmes de l’Église, peuple pénitent.
Aujourd’hui nous embrassons ensemble
notre condition de pénitents,
d’hommes et de femmes
qui ne veulent pas s’accommoder du péché,
de la concupiscence, de l’impiété.
Nous faisons nôtre
le chemin que le prophète Zacharie
avait pressenti et annoncé.
Un chemin en trois étapes.
La première est de s’ouvrir
à «l’esprit de grâce et de supplication» (Za 12, 10)
que le Seigneur répand
sur l’habitant de Jérusalem.
La seconde est de regarder
Celui que nous avons transpercé
et de se lamenter sur Lui (cf id.).
La troisième est de boire à la fontaine
que le Seigneur fait alors jaillir
«pour laver le péché et la souillure» (Za 13, 1).
Invoquer l’Esprit,
recevoir de Dieu
la grâce du cœur qui se brise.
Regarder Jésus dans sa mort.
Le regarder longuement,
nous laissant imprégner par la Croix.
Boire à la source du pardon,
à la fontaine de la vie nouvelle.
Nous tous, pénitents que nous sommes,
nous allons vivre ensemble cette route
non pas pour nous en revenir chez nous
comme les foules de Jérusalem,
mais pour entrer dans une existence nouvelle.
Pendant 40 jours,
nous allons nous laisser travailler
par la croix de Jésus.
Nous allons nous exposer à la croix,
et Le crucifié va nous enseigner,
nous convertir,
nous faire renaître.
Qu’Il nous donne même
la grâce de pleurer notre péché
comme la pécheresse de l’Évangile.
De fait comment nos cœurs
resteraient-ils de marbre
devant l’Amour de Jésus:
Quelle différence,
quel abîme
entre l’Amour manifesté sur la croix
et notre pauvre amour.
Car, en regardant Jésus,
nous voyons un amour infini
qui se perd complètement pour nous.
Sur le gibet,
Jésus n’est que don,
Il n’est qu’offrande.
Il meurt divinement.
de cet élan, de cet amour
qui ne permet pas à l’amant
de demeurer en lui-même,
mais le pousse à s’unir à l’aimée (Message Carême 2007).
Et le pape de nous poser une question :
«Existe-t-il plus [fol amour,] plus fort eros
que celui qui a conduit le Fils de Dieu
à s’unir à nous
jusqu’à endurer comme siennes
les conséquences de nos propres fautes ?»
Jésus est mort en se livrant à nous ;
Jésus est mort en mendiant notre amour…
Qu’il est fade, pâle et tiède notre amour
en face du Crucifié !
Lorsque Lui perd sa vie pour nous sauver,
nous n’arrêtons pas de nous battre pour défendre
des petits bouts de pouvoir,
de savoir et de biens ;
nous n’arrêtons pas de convoiter
des petites ou des grandes jouissances.
Notre amour est
«comme la rosée du matin qui tôt se dissipe» (Os 13, 3).
Alors, comme les foules de Jérusalem
et bien plus qu’elles,
C’est nous
là quebattons
nous découvrirons
nous
la poitrine
l’itinéraire
de
la vraie
conversion.
et nous acceptons
comme
un cadeau précieux
ces quarante jours de pénitence du Carême.
Cette route sera route de l’amour,
route
vers
l’Amour.
Oui, les
cendres
de cette liturgie expriment bien
Et misère
c’est pourquoi
y est si nécessaire.
la
de notrel’aumône
pauvre amour
À
chacun
de
discerner
qui n’est que cendre
quel
geste
concretardent
de partage il va poser.
devant
le buisson
qu’est la Croix de Jésus.
Mais l’amour, comme un oiseau,
aLes
besoin
de ses
deux ailes,
Saint
:
cendres
signifient
notreditmise
enAugustin
route
la prière
et le jeûne.
sur
le chemin
de la pénitence.
Ces cendres,
À
notre rythme
quotidien
laissons-les
sur notre
front,de prière,
nous
pourrions
ajouter
10 minutes
par: jour
et si dans le métro, on vous
demande
simplement
pour
regarder
une
croix.
«Que signifie cette marque sur ton front ?»
Le crucifié
nous
parlera.
vous
pourrez
répondre
:
«C’est le signe de ce que je me repens
Et le
jeûne,
quicommets
est un précieux allié,
du
mal
que je
parce
qu’il
nous
éduque
et du mal du monde
entier.»
à nous défaire de nos égoïsmes.
Il seranous
justenous
et fécond
Oui,
mettons en route.
s’il
nous
mène
à
la joie
et à la charité.
L’essentiel de cette
route
Il
est
nécessaire,
très
nécessaire,
sera l’écoute de la Parole de Dieu.