théorie de l`attachement
Transcription
théorie de l`attachement
Contexte historique La théorie de l’attachement Caroline Gimenez Option de Spécialisation – Psychologie clinique Licence 2 – Semestre 4 Année Universitaire 2006 – 2007 Un pionnier : R. Spitz (1887 – 1974) Préoccupation relative au manque, à la séparation, à la carence affective Articulation entre les préoccupations hygiénistes et les ravages des conflits mondiaux Le fondateur : J. Bowlby (1907(1907-1990) 1946 : observation de 123 nourrissons âgés de 12 à 18 mois, placés en « pouponnière » Mise en évidence de symptômes dépressifs chez les enfants Description de la « dépression anaclitique » (ou syndrome de carence affective partielle) chez les enfants séparés entre 6 et 8 mois Description de l’ «hospitalisme » (ou syndrome de carence affective totale) lorsque la séparation se prolonge auau-delà de 5 mois Symptômes majorés lorsque relation antérieure avec la mère de qualité, quand la séparation intervient au 2nd semestre Médecin psychiatre pour enfants Débute une analyse avec J. Riviere Certifié psychanalyste en 1937 Entre en supervision avec M. Klein 1 Les sources d’inspiration de la théorie de l’attachement La psychanalyse L’éthologie Le darwinisme La cybernétique L’éthologie Travaux d’observation de K. Lorenz et H. Harlow sur les animaux Articulation entre inné et acquis (cf. phénomène d’«empreinte ») Remise en cause du lien entre empreinte et conditionnement à la nourriture Observation des conséquences de l’isolement sur le développement et l’adaptation de l’individu La psychanalyse Divergence avec Mélanie Klein, qui prône la prévalence du fantasmatique sur le réel Distance avec la métapsychologie freudienne, qui postule que les pulsions sont premières >> démarrage du mouvement autour de la « relation d’objet » Le darwinisme Prise en compte de la notion d’évolution dans le développement de l’individu Explication du fonctionnement humain selon une perspective de survie de l’espèce 2 Les débuts de la théorie de l’attachement : l’observation des effets de la séparation La cybernétique Comportements Signification Notion d’homéostasie : l’être humain maintient son équilibre par une autorégulation en fonction de son environnement Protestation: l'enfant pleure, se jette Réponse active : par terre, etc. ; il est à l'écoute des l'enfant cherche à retrouver la figure indices annonciateurs du retour de la maternelle mère Balance entre sécurité et exploration Détachement: l'enfant ér agit plus à perte du sens du maternage et du l'environnement, il se centre sur lui et contact humain démontre une stabilité superficielle. Les étapes du développement de l’attachement Les comportements d’attachement Répertoire de comportements promouvoir l’attachement à la mère Processus en développement visant Désespoir: l'enfant pleure de manière Réaction passive : monotone et intermittente, il se retire, l'enfant ér agit comme s'il vivait un deuil il est passif. à Avant 2 mois : phase de préattachement De 2 à 7 mois : phase de l’attachement « en train de se faire » 5 schèmes d’action instinctifs: – – – – – Les pleurs Le sourire Le regard qui suit La succion L’agrippement A partir de 7 mois : phase d’attachement franche et sélective Dès l’âge de 3 – 4 ans : phase du partenariat ajusté 3 Les stratégies d’attachement Balance attachement - exploration Stratégies primaires et stratégies secondaires (Main, 1990) Les stratégies primaires : présentes dès la naissance, elles sont l’expression du système d’attachement Systèmes d’attachement d’exploration et systèmes de > fonction de protection et d’exploration de l’attachement – stratégies de minimisation : inhibition du système – stratégies de maximisation : hyperactivation du système Le concept de « base sécurisante » (Ainsworth, 1978) Les stratégies secondaires : fonction l’efficacité des stratégies primaires : L’évaluation de la qualité de l’attachement : M. Ainsworth (1913 – 1999) Le paradigme princeps : la Situation Étrange Observation en « milieu naturel » de 28 enfants en Ouganda (1954) Dispositif d’observation standardisé, mené en laboratoire en présence de l’un des parents Catégorisation de enfants observés : Activation expérimentale des comportements d’attachement par l’induction d’un léger stress – Les enfants non attachés – Les enfants attachés de façon sécurisée – Les enfants attaches de façon insécurisée Observation à domicile de 23 enfants aux ÉtatsÉtatsunis (1963) – brève séparation du parent – présence d’une personne non familière 8 épisodes de 3 minutes supposés engendrer une tension graduelle 4 Catégorisation en termes d’échelles interactives 6 échelles de type Likert à côter : – Recherche de proximité et de contact – Maintien du contact – Résistance au contact – Évitement – Interaction à distance – Recherche de la personne disparue Un exemple d’enfant secure : Brigitte Brigitte se trouve dans une pièce inconnue, assise devant se mère, entourée de jouets. Au cours de son exploration, B. va la voir, regarde les objets qu’elle vient de laisser et retourne jouer. Une personne inconnue entre alors dans la pièce. B. regarde sa mère, cesse de prêter attention à son environnement physique, puis finit par aller sur ses genoux. Elle contemple sa mère et progressivement accepte de jouer avec l’étrangère, tout en veillant à rester près de sa maman. Puis cellecelle -ci se lève pour s’absenter un moment. B. la regarde partir et cesse de jouer. Sa première réaction consiste à aller la chercher. Malgré les sollicitations de l’étrangère, B. ne s’intéresse pas aux objets qu’on lui montre. Elle persiste à vouloir retrouver sa mère. Quand celle--ci revient, B. se précipite vers elle. Rapidement, elle celle se rassure et reprend le jeu en proposant parfois à sa mère d’y participer. Catégorisation en termes de types d’attachement 3 patterns d’attachement (Ainsworth et al., 1978) : – Attachement secure (type B) – Attachement insecure : Évitant (type A) Ambivalent (type C) L’attachement secure (type B) Détresse possible en cas de séparation > L’expression de leur détresse constitue un appel à la figure d’attachement Recherche de contact avec le parent lors des retrouvailles Peu de comportements de résistance ou d’évitement lors des retrouvailles > réconfort + base sécurisante 5 Un exemple d’enfant insecure – évitant : Arnaud Arnaud se trouve dans une pièce inconnue, assis devant sa mère et entouré de jouets. Alors qu’il est occupé à examiner ces nouveaux objets, une personne qu’il ne connaît pas s’introduit dans la pièce. Il la regarde, mais sa présence ne perturbe pas ses activités. Sa mère quitte ensuite la pièce. A. semble serein et continue de s’amuser avec les jouets. Il observe néanmoins l’étrangère pendant son jeu et finit par lui parler. Alors qu’il manipule les objets mis à sa disposition, sa mère revient. A. l’aperçoit et continue de jouer. L’étrangère s’en va ensuite et A. n’y prête pas attention. De temps à autre, il tourne la tête pour regarder sa mère , puis il poursuit son exploration tranquillement. Un exemple d’enfant insecure – ambivalent : Chloé Chloé s’amuse avec les jouets en présence de sa mère. Lorsqu’une étrangère entre dans la pièce, la réaction initiale de C. est de lui tourner le dos. Mais après l’avoir examinée, elle accepte d’interagir avec elle. Pendant ce temps, sa mère sort discrètement de la pièce. Dès que C. s’en aperçoit, elle se précipite vers la porte pour tenter de la retrouver. Elle ne veut plus jouer et reste immobile. En geignant, elle insiste et retourne vers la porte. Une fois que sa mère est de retour, C. continue ses gémissements et finit même par pleurer. Elle accepte de jouer avec elle mais n’arrive pas à se concentrer sur le jeu. Les objets ne l’intéressent pas vraiment et elle continue à pleurer. Quand sa mère quitte une nouvelle fois la pièce, c’est le désespoir. Elle pleure et retourne encore une fois vers la porte. L’étrangère revient ensuite et l’invite à jouer jouer avec elle. C. ne refuse pas de participer, mais elle ne parvient pas à retenir ses larmes. Au retour de sa mère, C. reste triste, mais résiste néanmoins à son contact. L’attachement insecureinsecure-évitant (type A) Focalisation sur l’environnement malgré la détresse lors des séparations Comportements d’évitement ou attitudes d’indifférence lors des retrouvailles > effort de désactivation des comportements d’attachement L’attachement insecureinsecure-ambivalent (type C) Détresse lors des séparations Attitude ambivalente mêlée de recherche de contact et de résistance lors des retrouvailles Expression d’une colère contre le parent qu’ils n’arrivent pas à utiliser comme source de réconfort et base sécurisante > hyperactivation du système d’attachement 6 L’attachement insecureinsecure-désorganisé (type D) Catégorie supplémentaire proposée par Main et Solomon (1988) Patterns comportementaux inconsistants ou étranges : attitudes contradictoires ou incompréhensibles > échec dans le développement d’une stratégie d’attachement cohérente Définition du système de caregiving Versant parental de l’attachement : « capacité à donner des soins et à s’occuper d’un plus petit que soi » (Bowlby, 1988). « Ensemble des comportements parentaux comprenant à la fois les soins physiques et affectifs donnés à l’enfant, dans une certaine mesure programmée à l’instar du comportement d’attachement » (Guedeney et Guedeney, 2002). Comportements parentaux qui visent à promouvoir la proximité et le réconfort au moment où l’enfant se sent en danger (comme rejoindre, appeler, étreindre, retenir, suivre, consoler, bercer, etc.) Un exemple d’enfant insecure – désorganisé : Daniel Daniel interrompt son exploration des objets mis à sa disposition disposition lorsqu’une étrangère arrive dans la pièce où il se trouvait jusqu’alors seul avec sa mère. Pendant qu’il observe cette nouvelle venue, sa mère se lève et s’en va. D. la suit du regard et recommence ensuite à jouer. Puis il voit sa mère revenir et l’étrangère repartir. Il poursuit son activité jusqu’à ce que sa mère quitte de nouveau la pièce. D. l’appelle alors qu’elle se dirige vers la porte, mais il ne bouge pas. Une fois qu’elle est partie, il reste immobile et continue à l’appeler à plusieurs reprises. Malgré son insistance, il n’obtient aucune réponse. Il se met à pleurer, mais à l’arrivée de l’étrangère, il cesse et s’intéresse de nouveau aux objets. Puis il s’arrête encore, semble perplexe et retourne à la recherche de sa mère. Malgré son inquiétude, l’étrangère arrive à le faire jouer une nouvelle fois. Sa mère revient enfin et l’étrangère s’en va. D. regarde sa sa mère alors qu’il est en train de jouer. Il s’approche d’elle, puis puis s’en éloigne aussitôt. Il alterne les moments où il joue et ceux où il parle à sa mère. Puis il l’observe, s’approche d’elle et se détourne, pour finalement reprendre le jeu. Caractéristiques du caregiving system 2 dimensions : – La sensibilité (sensitivity (sensitivity)) : capacité de percevoir et d’interpréter correctement les signaux émis par l’enfant, ainsi que d’y répondre rapidement et manière adéquate (Ainsworth, 1978). – La fonction réflexive, qui organise sa propre expérience et celle des autres en termes d’états mentaux (Fonagy, 1991). 7 Caregiving et attachement secure Écoute des attentes et des sentiments de l’enfant Adaptation des attitudes aux comportements d’attachement de l’enfant et qualité des Difficulté à tirer du plaisir et à trouver une harmonie dans leur relation avec leur bébé Tendance à être rejetantes et à exprimer de l’aversion pour les relations physiques Réponse adéquate à ses besoins > Constance maternelles Caregiving et attachement insecureinsecure -évitant réponses 2 types d’enfants insecureinsecure-évitants pour 2 types de parentage Bartholomew (1990) : – Évitants craintifs : ont conscience de leurs besoins d’attachement, mais sont freinés dans leur expression par la peur de ce que cela peut engendrer > parents qui expriment ouvertement leur colère à leur égard – Évitants détachés : ne reconnaissent pas qu’ils ont besoin des autres > parents qui cherchent à contrôler et ne pas laisser s’exprimer leurs sentiments négatifs Absence d’expression émotionnelle Pour contrôler une colère importante ? Tendance à l’intrusion sans tenir compte de l’état émotionnel de l’enfant Caregiving et attachement insecureinsecure -ambivalent Problématiques personnelles irrésolues entraînant l’impossibilité de mettre de côté leurs besoins au profit de ceux de leur enfant Oscillation entre indisponibilité et intrusion Réponses adéquates lors que leur enfant hyperactive son système d’attachement 8 Caregiving et attachement insecureinsecure -désorganisé Problématiques de deuil ou de traumatismes non résolus (75% des mères d’enfants de type D) ou dépressives Comportement effrayé ou effrayant avec leur enfant Modèles Internes Opérants (Internal Working Models) Les représentations d’attachement Intériorisation de séquences d’évènements (grâce à la mémoire procédurale) permettant d’adapter le comportement à la lumière des expériences passées Construction de modèles de relations permettant de comprendre et d’interpréter le comportement des proches Les controverses La pluralité des modèles internes opérants Modèles mentaux que l’enfant se construit Aspect dynamique : ils opèrent dans la vie de l’enfant en le guidant dans sa manière de percevoir et de se conduire dans ses relations interpersonnelles La stabilité des patterns d’attachement et des modèles internes opérants Coexistence de 2 modèles : La transculturalité des patterns d’attachement et des modèles internes opérants – un modèle de soi – un modèle d’autrui 9 Le développement de l'attachement pendant l'adolescence Deux points fondamentaux à considérer : – 1- la nature des changements dans les relations parentsparents-enfant et leur influence sur le lien d'attachement – 2- le développement de nouvelles relations intimes chez l'adolescent (par exemple, avec des pairs et des partenaires romantiques) et l'incidence de ces nouveaux liens sur les relations parentsparents-enfant L’importance des liens d’attachement : l’irréversibilité de certains dommages Bibliographie Pierrehumbert, B. (2003). L’attachement. La théorie du premier lien. Cupa et coll. (2001). Attachement : perspectives actuelles. Guedeney et Guedeney (2002). Attachement. Concepts et application. Bowlby (1969). L’attachement (3 volumes) 10