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Les Archives du Pas-de-Calais (Pas-de-Calais le Département) - Archives > Activités culturelles > Chroniques de la Grande Guerre > À l'écoute des témoins
> 1915 > Le 1er décembre 1915 : le gala des Rosati à Calais - Le 21 février 2017 - 02h54
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Le 1er décembre 1915 : le gala des Rosati à Calais
Le 1 décembre 2015
(
http://www.archivespasdecalais.fr/var/satellites/storage/images/mediatheque/archives/images/chroniques-de-la-guerre/a-l-ecoute-des-temoins/15-11-30_gala-des-rosati/814940-1-fre-FR/1
)
Malgré la guerre, et au grand dam de certains patriotes pour qui il est de mauvais goût de s’amuser pendant que les soldats se battent au front, les
Calaisiens n’oublient pas d’aller au théâtre.
Le divertissement se double habituellement d’une intention charitable, mais aussi bienveillante pour les artistes que la guerre n’a pas
épargnés. On retrouve donc au théâtre municipal de Calais la société des Rosati, société littéraire et poétique née à Arras en juin 1778, qui
perpétue son attachement à l’art et à la connaissance en organisant avec sa jeune société des "Rosati Calaisiens" un gala au profit des
prisonniers.
On distingue dans la foule plusieurs notables locaux et représentants des armées alliées, venus à la découverte d’œuvres créées ou interprétées
par des artistes tels que Robert de Flers, Francis de Croisset ou encore Alexandre Georges (
http://www.archivespasdecalais.fr/Anniversaires/18-janvier-1938-deces-du-compositeur-Alexandre-Georges) …
()
Calais. Le Gala des Rosati
La solennité artistique et littéraire organisée dimanche au Grand Théâtre au profit des prisonniers de
guerre par la jeune société des "Rosati Calaisiens" avait attiré salle archi comble.
Elle a ainsi obtenu un triple résultat.
Elle a posé sur un excellent pied la Société des Rosati, qui est une œuvre excellente en elle-même ; elle
a fait passer quelques moments particulièrement agréables aux amis des lettres, aux fervents du grand
art et enfin permis de réaliser une somme importante dans un but essentiellement humanitaire et
patriotique.
De combien d’organisations du même genre en pourrait-on dire autant ?
Parmi la foule énorme qui se pressait au théâtre toutes les notabilités, les fonctionnaires ainsi que les
armées alliées de terre et de mer étaient brillamment représentées.
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Dans l’avant scène de gauche se tenait M. (Monsieur) le Général Ditte, gouverneur de Calais, ayant à ses
côtés M. (Monsieur) le général Clooten, commandant supérieur de la base belge de Calais, MM. (Messieurs
) les
généraux Martin et Petit de Thozé, de l’armée belge : M. (Monsieur) le colonel Micholson,
commandant la base anglaise.
On remarquait également au nombre des officiers M. (Monsieur) le colonel Amiot, M. (Monsieur) le
colonel Sadi-Carnot, fils du regretté président de la République ; M. (Monsieur) le colonel Chauvet
représentant le général Eydoux, gouverneur de Dunkerque.
On notait encore dans l’assistance M. (Monsieur) Robert de Flers, directeur du "Figaro" auteur de tant de
fines comédies applaudies pour la plupart en ce même grand théâtre, M. (Monsieur) Francis de Croisset,
auteur dramatique et officier de l’État-Major de Calais ; Alexandre Georges, le compositeur bien connu
(http://www.archivespasdecalais.fr/Anniversaires/18-janvier-1938-deces-du-compositeur-Alexandre-Georges) , auteur de
"Charlotte Corday" et des "Chansons de Miarka", M. (Monsieur) Béquignon, inspecteur départemental,
etc. (et caetera) , etc (et caetera) …
Tous les artistes annoncés, chose rare, avaient scrupuleusement tenu leur promesse si bien que le
programme qui, lors des premières annonces, avait semblé quelque peu prétentieux a été suivi de point
en point.
On se souviendra longtemps à Calais de cette superbe matinée.
Après l’exécution comme ouverture des hymnes nationaux français, belge et anglais par l’excellente
musique du … territoriale, écoutés debout par la salle entière on eut le régal intellectuel de la
présentation des Rosati faite en style aussi élevé que poétique par le distingué président de la nouvelle
société M. (Monsieur) Millequant.
La même musique ouvrait la seconde partie, avec un sémillant allegro "Le Rêve passe" et une belle
fantaisie sur "Hérodiale" qui soulevèrent d’unanimes applaudissements.
La place nous manque pour nous étendre comme nous le voudrions sur le compte des éminents artistes
que les "Rosati" avaient eu la bonne fortune de pouvoir grouper pour la circonstance ; contentons nous
de dire qu’ils se sont tous montrés à la hauteur de leur grande réputation.
M. (Monsieur) Devriès, le suggestif artiste de l’Opéra Comique a chanté avec sa maestria, son style et son
charme séducteur habituels le "Rêve de Manon", le lamento de la "Tosca" en français et en italien, la
chanson de "Fortunio" et le Rhin allemand.
Une nouvelle ovation fut faite au grand artiste après chacun de ces morceaux.
Galipaux se chargea de donner la note fantaisiste et spirituellement enjouée dans plusieurs œuvres dont
il est l’auteur et qui furent toutes également l’objet des plus chaleureux bravos.
Mlle (Medemoiselle) Madeleine Roch s’éleva aux derniers degrés du pathétique avec une composition de
M. (Monsieur) F. du Croisset : À la gloire d’un héros belge, En avant, de Déroulède, la Mort des Loups,
de M. (Monsieur) Millequant et enfin avec les strophes enflammées de la Marseillaise qui valurent à la
brillante tragédienne l’accueil enthousiaste qu’elle soulève au Théâtre Français et dans toutes les
solennités parisiennes où elle interprète notre hymne national.
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Mme (Madame) Réjane fut acclamée dans le Carillon, une œuvre anglaise à la glorification de la
Belgique martyre, mais aussi grande dans l’espoir des revanches futures que dans le sacrifice.
N’oublions pas le jeune boy-scout de 13 ans Robert Blindenbergh qui, précoce émule de Galipaux,
interpréta ses propres œuvres avec une verve et un aplomb impayables. Son succès a dépassé toute
limite.
Dans la partie instrumentale, également bien représentée, on n’a pas marchandé les ovations à M. (
Monsieur) Maynien,
qui, après avoir donné comme soliste un large échantillon de son beau talent de
harpiste, interpréta un duo avec M. (Monsieur) (Monsieur) Denoyer, le distingué violoniste dont le succès
dépassa toute limite dans la Méditation de Thaïs.
Enfin, le quatuor habilement dirigé par M. (Monsieur) (Monsieur) Julien Dupuis, le chef d’orchestre si
apprécié à Calais, compléta le magnifique programme de cette fête artistique et littéraire, dont on
s’entretiendra longtemps et qui prouva que pour leur coup d’essai les Rosati avaient voulu un coup de
maître.
()
La France du Nord, mercredi 1er (premier) décembre 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 16/93.
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