Interview de Colin JOGA Installé en production laitière

Installation reprise
Interview de Colin JOGA
Installé en production laitière
Véronique Tourneix, Chambre d’Agriculture de la Corrèze
Colin JOGA s’est installé, à 30 ans, à titre
individuel et Hors Cadre familial, en
production laitière sur la commune de
Darazac. Il a repris, début 2009,
l’exploitation agricole de M. et Mme MAS.
Présentation de l’exploitation
63 ha de SAU ; prairies, céréales autoconsommées
et maïs ensilage
35 vaches laitières, 245 000 litres de quotas, vente
à la laiterie Duroux
Colin, quel est ton parcours scolaire et
professionnel ?
« Je suis originaire d’Alsace. Mes parents ne sont
pas agriculteurs mais, très tôt, je me suis intéressé
à l’agriculture.
J’ai donc passé mon bac STAE en Alsace puis j’ai
suivi des formations complémentaires, en Corrèze,
au Lycée de Neuvic et au Lycée d’Objat. Au fil de
mon parcours, j’ai compris que j’avais plus la fibre
agricole qu’environnementale. J’ai également
réalisé une formation «poids lourds » et j’ai occupé
différents emplois par intérim.
Au Lycée Agricole de Neuvic, j’ai connu un ami dont
le père est agriculteur sur St Privat. J’ai commencé
à me rendre sur sa ferme durant les week-end, les
vacances. Cette région m’a plu et j’ai décidé d’y
résider. J’ai été salarié pendant un an et demi au
sein d’un groupement d’employeurs sur le canton et
employé communal à la mairie de Bassignac le
Haut durant 18 mois. »
Comment as-tu trouvé l’exploitation ?
« Début 2007, j’ai pris contact avec la conseillère
Répertoire Installation afin d’exposer mon projet et
mon souhait de trouver une exploitation sur le
canton de St Privat.
Un premier projet d’association avec un agriculteur
n’a pas pu aboutir. Courant 2008, j’ai appris que M.
et Mme MAS recherchaient un repreneur. Ils
avaient inscrit leur exploitation au Répertoire
Départemental à l’Exploitation et envisageaient de
cesser d’exploiter début 2009.
Je connaissais bien la production laitière car j’avais
effectué tous mes stages sur des exploitations en
système bovin lait. Je les ai rencontrés plusieurs
fois et le plus souvent avec les conseillers de la
Chambre d’Agriculture. La reprise s’est concrétisée
pas à pas. »
Colin, comment s’est déroulé ton parcours à
installation ?
« Mes expériences professionnelles passées m’ont
permis de faire valider le stage en exploitation de 6
mois. J’ai effectué mon Stage Préparatoire à
l’Installation au printemps 2008. Puis, j’ai réalisé
mon étude économique prévisionnelle sur 5 ans
avec l’appui de la Chambre d’Agriculture. Début
2009, mon dossier de demande d’aides à
l’installation a été présenté en Commission
Départementale d’Orientation de l’Agriculture
(CDOA). Le parcours à l’installation peut paraître un
peu long mais il s’est bien déroulé. »
Comment s’est concrétisée l’installation ?
« En prévision de mon installation, j’avais loué 9 ha
sur la commune de Bassignac et je les ai apporté
en complément des terrains exploités par M. et
Mme MAS. J’ai repris la totalité de leur structure, en
location, le 1er/04/2009. »
Comment s’organise le travail au quotidien ?
« Je travaille seul sur l’exploitation. Mon épouse,
Vanessa, ne peut pas m’aider actuellement car
nous avons 2 enfants en bas âge dont 1 seul est
scolarisé. Mais, plus tard, elle compte participer aux
travaux de la ferme.
Les terrains sont regroupés ce qui facilite le travail
et le déplacement des animaux. Une entreprise
«Ce document est la propriété exclusive de la Chambre d’Agriculture de la Corrèze. Reproduction et communication à un tiers
après autorisation préalable de la Chambre d’Agriculture de la Corrèze». 10/09/2010
réalise les semis du maïs et les chantiers d’ensilage
sont conduits en entraide. Les foins sont faits à
moitié avec un de mes voisins. »
S’installer Hors Cadre familial est un processus qui
demande du temps, de la réflexion et beaucoup
d’investissement humain.
Quelles ont été les adaptations sur la structure ?
« Pour l’instant, je n’ai pas procédé à beaucoup
d’adaptations car les bâtiments sont en location. J’ai
simplement modifié un peu la conduite de l’élevage
et des animaux. »
Plusieurs mesures d’aides existent afin d’inciter les
agriculteurs à la recherche d’un repreneur ou d’un
associé à privilégier l’installation, voire la
confortation de l’exploitation plutôt que
l’agrandissement.
Le Répertoire Départemental à l’Installation,
organisé et animé par la Chambre d’Agriculture, a
pour objectif de faciliter l’installation Hors Cadre
Familial.
Quels sont tes projets sur l’exploitation?
«Je souhaite aménager les bâtiments afin de
réorganiser le logement des animaux et augmenter
la production de lait. De plus, j’envisage,
éventuellement, une conversion de l’exploitation en
agriculture biologique. »
Quelles ont les principales difficultés pour toi en
tant que « Hors Cadre Familial » ?
« La difficulté majeure a été de trouver l’exploitation
agricole car nous souhaitions, avec mon épouse,
rester sur le secteur de St Privat. Ensuite, je partais
de rien et je disposais de peu d’expérience.
En s’installant Hors Cadre familial, on ne bénéficie
pas de l’enseignement des parents que ce soit en
termes de génétique ou d’entretien du matériel, par
exemple.
Il peut être difficile, aussi, de se faire accepter par
les voisins agriculteurs ou non. Mais,
heureusement, mes emplois au sein du groupement
d’employeur et à la Mairie ont facilité mon
intégration. J’ai pu également effectuer une période
de salariat chez M. et Mme MAS ce qui m’a été fort
utile avant l’installation.
De plus, les conseillers de la Chambre d’Agriculture
m’ont toujours encouragé et soutenu dans la mise
en œuvre de mon projet.
Le choix de m’installer agriculteur était partagé par
mon épouse, c’était un projet de couple. Même si
en termes de revenu c’est difficile, nous sommes
aujourd’hui satisfaits de notre choix. »
Afin de connaître ces différents dispositifs d’aides et
recevoir un conseil personnalisé, vous pouvez
prendre contact avec :
Véronique TOURNEIX
Chambre Agriculture de la Corrèze
Tèl. : 05.55.21.55.75.
Conseillerez-vous ce type d’installation ?
« Oui, bien sûr, mais il faut être conscient que ce
n’est pas simple et que les reprises d’exploitation en
élevage nécessitent un apport important de
capitaux et une motivation personnelle. L’idéal est
de réaliser une période d’apprentissage chez le
futur cédant, comme un stage de parrainage, afin
de bénéficier d’une transmission des savoir-faire et
des compétences.
Pendant les premières années de mon installation,
je bénéficie d’un accompagnement spécifique par la
Chambre d’Agriculture et cela est rassurant. »
«Ce document est la propriété exclusive de la Chambre d’Agriculture de la Corrèze. Reproduction et communication à un tiers
après autorisation préalable de la Chambre d’Agriculture de la Corrèze». 10/09/2010