Droit international des réfugiés en Mexique
Transcription
Droit international des réfugiés en Mexique
Droit international des réfugiés en Mexique RMF31 71 Droit international des réfugiés en Mexique Axel García droits humains de suivre une formation et d’être ainsi mieux qualifiés. En 1980, le gouvernement mexicain a établi la Commission mexicaine d’aide aux réfugiés (Comisión Mexicana de Ayuda a Refugiados – COMAR) pour venir en aide aux réfugiés originaires d’Amérique centrale et du Sud. Vingt ans plus tard, le Mexique a signé la Convention de 1951 et le Protocole de 1967. En outre, l’UNHCR devrait redoubler d’efforts au Mexique afin de promouvoir le droit international des réfugiés, que ce soit directement ou par le biais d’organisations civiles et d’universités, afin de former des professionnels ayant un intérêt dans ce domaine. Il faudrait aussi améliorer l’organisation et le suivi de la formation offerte aux agents de l’immigration qui a été mise en place par l’UNHCR et le gouvernement mexicain, car celle-ci n’a pour l’instant eu qu’un impact limité. Toutefois, le système juridique qui a été introduit pour la régularisation du statut des réfugiés comprend des procédures qui ne sont pas conformes au droit international des réfugiés et ne comporte aucune clause pour les cours dédiées spécifiquement aux migrations et aux réfugiés, pour les avocats spécialisés ou pour les traducteurs et interprètes officiels. En outre, il n’existe dans le pays qu’une seule ONG – Sin Fronteras I.A.P1 – dévouée à ce problème. La procédure pour accorder le statut de réfugié s’est développée au fur et à mesure des situations et se déroule en trois étapes : Lors de l’étape préliminaire, les demandeurs d’asile peuvent demander protection en s’adressant à l’Institut national pour la migration, dans les quinze premiers jours suivant leur arrivée au Mexique. Des représentants du gouvernement organisent ensuite un entretien avec les personnes ayant effectué une demande de statut de réfugié, font des recherches sur la situation des droits humains dans leur pays d’origine et formulent une opinion quant à leur admissibilité. Lors de l’étape d’analyse, les cas soumis par ces représentants sont évalués par le Groupe de travail du Comité d’admission2qui approuve la demande, ou la rejette, ou bien demande de plus amples informations. Si une demande est rejetée, les raisons de la décision du Comité sont expliquées verbalement au demandeur, qui peut alors solliciter un nouvel entretien avec un autre représentant du gouvernement. Toutefois, la demande sera de nouveau examinée par le même Groupe de travail. Lors de l’étape décisionnaire, les évaluations du Groupe de travail sont soumises au Comité d’admission des réfugiés3, un organe qui émet une recommandation à l’Institut national pour la migration, qui prendra, lui, la décision finale. Les personnes dont la demande est rejetée ont le droit de faire appel pour que leur demande soit réexaminée. Toutefois, ce sont les processus administratifs qui sont réexaminés, et non les raisons qui ont mené au rejet de la demande. Peu de ces demandes ont été entendues dans des tribunaux mexicains ; en outre, l’intervention de différentes autorités à différentes étapes du processus provoque la confusion car il est difficile de savoir quels pouvoirs ou quelles autorités sont responsables. Il est important de préciser une fois encore qu’il n’existe aucun tribunal et aucun avocat spécialisé dans ce domaine. Défis et réponses Nous notons une certaine absence de mécanismes permettant de faciliter l’intégration des réfugiés et, plus sérieusement, un manque de représentation des enfants non accompagnés. Nous faisons campagne pour que l’asile soit reconnu constitutionnellement et pour une procédure juridique pour l’asile qui soit pleinement développée, ainsi que pour une augmentation du budget du gouvernement pour l’assistance aux réfugiés. Il faut sensibiliser la société civile mexicaine et la communauté universitaire quant à l’importance du respect des droits humains fondamentaux, tels que le droit d’effectuer une demande d’asile. Un groupe formé d’organisations internationales, gouvernementales, non gouvernementales et universitaires travaille actuellement à la mise au point d’un « diplôme virtuel » qui comprendrait des matières telles que les droits humains des migrants, le droit international des réfugiés et la traite des êtres humains. Cela permettra aux professionnels des Juan de Dios Garcia Davish/ Centro de Derechos Humanos Fray Matías de Córdova D’importantes carences dans le système juridique mexicain accentuent la vulnérabilité des réfugiés. Axel García ([email protected]. mx) a travaillé en tant que bénévole avec l’UNHCR au Mexique et en tant qu’agent du COMAR au Chiapas et à Mexico. Il est membre de l’Association internationale des juges aux affaires des réfugiés www.iarlj.nl/general/. Cet article ne représente pas nécessairement les points de vue de l’UNHCR ou du COMAR. 1. www.sinfronteras.org.mx 2. Le Comité d’admission est constitué d’organisations gouvernementales, de l’UNHCR et d’une ONG avec droit de vote complet. 3. Un organe gouvernemental composé de fonctionnaires de haut rang. L’UNHCR peut être convié à travailler avec eux et donner son opinion mais ne jouit pas du droit de vote complet. Itinéraire populaire de migrants entre le Guatemala et le Mexique.