Mise en page 1 - Le Moniteur des pharmacies

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APRÈS AVOIR INVESTI LE CHAMP
DE LA PDA (PRÉPARATION DES DOSES
À ADMINISTRER) EN EHPAD,
CERTAINS TITULAIRES, PIONNIERS, LA PROPOSENT
AUX PATIENTS AMBULATOIRES. SI LES PREMIERS
RÉSULTATS SONT MODESTES, LE POTENTIEL DU MARCHÉ
DE LA DÉLIVRANCE À L’UNITÉ EST PROMETTEUR...
PAR YVES RIVOAL
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Pharmacien Manager n° 155 - mars 2016
la Gare à Troyes, Patricia Gatouillat a, elle,
opté pour un mode de communication
original afin de mettre en avant la PDA
qu’elle pratique depuis 2009. « Lorsque
j’ai fait des travaux dans la pharmacie
en 2014, j’ai installé l’atelier PDA dans
un coin du point de vente, de manière à
ce que l’équipe de préparation soit vue
depuis la rue et dans la pharmacie. » Un
parti pris qui suscite du questionnement
chez les patients. « Beaucoup nous
demandent ce que les collaborateurs font,
et c’est l’occasion pour l’équipe de parler
de la PDA et de ses vertus. »
sécurisation au top. Patricia
Gatouillat et son équipe évoquent la PDA
ambulatoire avec les patients qui doivent
prendre des traitements polymédicamenteux, qui commencent à perdre la
mémoire,qui ont du mal à sortir leur carte
bancaire, ou qui sont déjà venus il y a
trois jours pour la même ordonnance.
« Pour les sensibiliser,nous leur expliquons
que la PDA permet d’éviter les erreurs
dans la prise de médicaments, et d’éviter
des accidents qui peuvent les conduire à
l’hôpital. » Titulaire à Angers, Christophe
Le Gall met aussi en avant dans son argumentaire le côté professionnel, pharmaceutique et pratique de la PDA : « Quand
les patients sont amenés à se rendre
quelques jours chez leurs enfants, il est
beaucoup plus sécurisé et rassurant de
mettre un sachet qui contient le nombre
de médicaments prévus pour le déplacement, plutôt que d’avoir à emporter cinq
ou six boîtes volumineuses sans certitude
du traitement à administrer. » Côté process,
les patients en PDA ambulatoire sont traités exactement comme ceux des EHPAD.
« Il n’y a aucune différence dans la
méthode de travail, l’équipe s’occupant
de la PDA assurant le service, confirme
Christophe Le Gall.Lorsque nous recevons
une ordonnance,nous préparons le pilulier
pour la semaine avec le même circuit de
saisie, de fabrication et de contrôle. La
seule différence,c’est que les patients viennent chercher leur sachet à la pharmacie,
et que le contrôle effectué par l’infirmier à
l’EHPAD avant la délivrance est réalisé à
l’officine par un pharmacien. »
Patients réticents. Malgré tous ces
arguments qui devraient militer en faveur
du développement de la PDA ambulatoire,les chiffres avancés par les titulaires
montrent que la pratique reste anecdo-
Julien Tromeur – Fotolia
n estime à 400 le nombre d’officines
présentes sur le marché de la PDA
en EHPAD. Des officines qui ont investi
dans des robots, des équipes formées, et
des process qui permettent de garantir
la sécurisation de la délivrance et la traçabilité des médicaments. Forts de leur
expertise,certains titulaires commencent
à tester la PDA pour les patients ambulatoires, un marché qui potentiellement
pourrait se révéler prometteur comme
l’explique Jean-Luc Fournival, président
du syndicat UNPF. : « 60 % des patients
qui entrent à l’officine sont atteints de
pathologies chroniques, et pourraient
donc être intéressés par ce type de dispensation.Et si l’on considère,comme les
études le montrent, que la PDA contribue
à améliorer l’observance thérapeutique
et à diminuer le risque d’iatrogénie médicamenteuse, il y a là un marché à saisir
pour les pharmaciens. »
Titulaire de la Pharmacie Gambetta à
Nice, Alain Levy a été l’un des premiers
pharmaciens en France à investir dans
la PDA, dès 2004. Il a commencé à proposer la PDA ambulatoire à ses patients
il y a maintenant deux ans. « Nous ne
communiquons pas sur ce service dans
l’officine. Nous le proposons simplement
aux patients chroniques que l’on connaît
depuis longtemps,qui nous font confiance,
et qui ne sont plus en capacité de prendre
les différents traitements prescrits par leurs
médecins. » Titulaire de la Pharmacie de
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L’ESSENTIEL
 La PDa en ambulatoire est
aujourd’hui pratiquée par
des pharmaciens déjà investis dans
la PDA en EHPAD.
 Elle s’adresse aux patients
chroniques, soit environ 60 %
de la clientèle officinale. C’est donc
un marché porteur.
 Ce service n’est pas encore connu et
Le cadre légal et réglementaire de la PDA,
en EHPAD et en ambulatoire, repose sur
l’article R. 4235-48 du Code de la santé
publique qui la considère comme l’une des
étapes éventuelles de l’acte de
dispensation. « Tout pharmacien qui
respecte les six grands principes de la
jurisprudence de l’Ordre sur le sujet peut
donc se lancer dans la PDA ambulatoire en
toute légalité, précise Eric Thiébaut, associé
de la société d’avocats Jurispharma. Mais
attention, en l’absence de contrôle par un
médecin ou un infirmier avant la délivrance,
c’est le pharmacien qui sera considéré
comme responsable en cas d’erreur de
délivrance. » La PDA ambulatoire implique
aussi une responsabilité du pharmacien en
matière de traçabilité des médicaments
comme le rappelle Eric Thiébaut.
« Imaginons qu’un laboratoire procède à
un rappel de lots. Le pharmacien doit être
capable de retrouver les patients qui se
sont vus remettre les blisters concernés par
ce rappel. »
tout un travail de sensibilisation
des patients polymédiqués doit se
faire.
Réglementation
Une activité
légale, mais...
 La délivrance par dose au sein
de l’officine peine à se développer,
faute de rémunération spécifique
pour le pharmacien.
8
MILLIONS
DE PATIENTS chroniques
que compte la France pourraient
Autre frein identifié par les
titulaires : l’implication des
médecins. « Tant qu’ils n’indiqueront pas la mention
PDA sur leur ordonnance,
dès qu’ils identifient un
risque d’inobservance chez
un patient, les mentalités
n’évolueront pas, et il sera
compliqué de développer la
PDA ambulatoire », assure
Alain Levy.
Julien Tromeur – Fotolia
Pharmaciens non
rémunérés. L’autre point
tique. Dans la pharmacie d’Alain Lévy,
cinq patients seulement ont accepté de
basculer sur ce mode de dispensation.
Chez Christophe Le Gall,ils sont une vingtaine, chez Patricia Gatouillat, une trentaine... Plusieurs facteurs expliquent les
difficultés rencontrées par les titulaires
pour convaincre leurs patients.« Lorsque
vous expliquez les vertus de la PDA ambulatoire, il y a toujours une forme de réticence chez les patients qui ne veulent pas
être considérés comme plus malades
qu’ils ne le sont et qui s’estiment parfaitement capables de prendre seuls leurs
traitements », souligne Alain Levy. « Nous
nous heurtons aussi souvent aux souhaits
des conjoints qui jouent un rôle important
dans la prise des médicaments, et qui
n’ont pas envie de perdre cette place-là »,
complète Christophe le Gall.
de crispation concerne la rémunération
du pharmacien. « Cela fait plusieurs
années que l’on demande à l’Etat de rétribuer les officinaux pour la préparation des
doses à administrer, avec une rémunération conventionnelle calculée sur un forfait
qui permettrait de couvrir les actes de dispensation et d’organisation du circuit du
médicament, rappelle Jean-Luc Fournival.
Pour l’instant, la volonté politique n’est
pas au rendez-vous, alors qu’il y aurait
pourtant matière à payer les pharmaciens
sur les économies que la PDA ambulatoire
permettrait de générer sur la prescription
si elle était généralisée. » En attendant,
Jean-Luc Fournival a décidé de facturer
ce service 16 € par mois à ses patients :
« Dans 80 % des cas, ils acceptent dans le
but de sécuriser la prise de leurs traitements », assure-t-il.
être intéressés par la PDA
ambulatoire.
santé publique
le coût de l’iatrogénie
médicamenteuse serait en
France de l’ordre
de 2 à 3 Md€ par an*. Une réalité
à laquelle beaucoup de pharmaciens
sont confrontés. « Une de mes patientes
prenait tous les jours un médicament
qu’elle aurait dû prendre une fois par
semaine, raconte Jean-Luc Fournival
(UNPF). Ce surdosage s’est terminé par
un coma, cinq jours d’hospitalisation
aux urgences et dix jours en clinique. »
* Source : « Prévention de l’iatrogénie évitable »,
P. Queneau et P. Grandmottet
20%
C’EST
LE POURCENTAGE
d’économies que la pDa
ambulatoire permettrait
de générer sur la prescription
médicale, d’après les estimations
de l’UNPF.
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