GUIGUES ET SA MINE DE PLOMB
Transcription
GUIGUES ET SA MINE DE PLOMB
GUIGUES ET SA MINE DE PLOMB par Jasmin Gauthier Quel curieux titre. La plupart d'entre vous n'avez jamais entendu prononcer ce nom je suppose. Vous n'êtes pas les seuls, même le petit Larousse l'ignore. Je dis "nom" parce que Guigues est en fait le nom d'une des municipalités du Québec. Vous en doutez? Si vous dites que ce n'est pas possible, vous allez devoir aussi nier mon existence car moi, Jasmin Gauthier, c'est à cet endroit que j'ai vécu mon enfance. Pour vous situer, ouvrez la carte du Québec et portez votre regard au milieu. Vous trouvez facilement une grande région nommée l'Abitibi. Regardez en dessous sur la gauche et que trouve-t-on? Oui le Témiscamingue. Peut-être que vous ne trouverez pas Guigues parmi les municipalités, il y en a une quinzaine, mais je vous le jure c'est là que j'ai vécu jusqu'à l'âge de quinze ans. Cette municipalité, aujourd'hui d'un peu plus de mille habitants, porte le nom du premier évêque du comté, Mgr Joseph-Eugène-Bruno-Guigues, originaire de France, et arrivé au Canada en 1844. Voilà pour le nom bizarre. Si je vous parle de StBruno-de-Guigues c'est aussi à cause du merveilleux cadran solaire qui s'y trouve. Pour ce qui est de la mine et du cadran solaire, aussi bien laisser les gens de la place les décrire comme ils l'ont si bien fait sur leur site internet. Ces informations étant du domaine publique, je me permets de les inclure sans modification aucune. CADRAN SOLAIRE C’est sur la fin de l’hiver 2005, que Madame Marie-L. Chartier, membre du Comité d’Embellissement, prend contact avec Monsieur André Beaulieu cadranier de la région de Montréal pour lui manifester le désir de construire un cadran solaire. Le 21 juin 2006, lors du solstice d’été, Monsieur Beaulieu débarque à St-Bruno-de-Guigues avec 22 Le Gnomoniste Répertoire No. 334-ABTM-003 ses plans, ses outils et ses calculs détaillés. Avec un compas spécial et l’étoile polaire, Monsieur Beaulieu détermine la longitude (79° 26’ ouest), la latitude (47° 28’ nord) ainsi que la déclinaison magnétique (12° 40’ ouest). Nous choisissons de donner la forme d’un « shaft » de mine à notre cadran avec des piquets de « clams » pour indiquer les heures. Le cadran mesure 10 pieds de haut (330 cm), 16 pieds de large (528 cm) et est ce que l’on appelle un cadran horizontal. Ce « shaft » nous rappelle la mine de plomb qui a été découverte en 1686 par un chevalier de Troyes. Celle-ci demeura enfouie jusque vers 1850 où un dénommé Wright redécouvre la mine et en constate sa grande teneur en argentifère. C’est d’ailleurs une des premières mines d’argent au Canada. S’en suit la préparation du terrain et le montage (soudage) du cadran. Il est entièrement fabriqué en aluminium. Monsieur Beaulieu revient chez-nous en octobre 2006 pour procéder à l’installation. En ce qui concerne la lecture de l’heure sur le cadran, celle-ci se fait avec le gnomon et il indique l’heure avancée de l’est (l’heure d’été). Jasmin Gauthier Volume XIX numéro 4, décembre 2012 Naturellement dame nature doit être avec nous, et nous offrir son soleil ! À ce qui précède, je me permets d'ajouter quelques explications. Une mine qui est exploitée en profondeur, contrairement à une mine à ciel ouvert, doit avoir un trou creusé verticalement dans le sol. Le bâtiment où loge l'ascenseur qui évacue le minerai et qui permet au personnel de transiter s'appelle le "shaft". Pour indiquer l'heure on parle de "claims". Encore un mot anglais qui est très populaire dans une région minière. Ce mot se réfère aux piquets de bois que les prospecteurs mettent sur les terrains sur lesquels ils ont des droits miniers. Les prospecteurs y ont fixé une plaque de métal numérotée et ils doivent faire une ronde annuelle pour vérifier que leurs "claims" sont bien en place. En juillet 2009, j'ai visité le Témiscamingue et je me suis rendu voir ce cadran. Sur la route 101 entre Ville-Marie et Notre-Dame-du-Nord il y a la municipalité de Guigues. Le cadran est là tout près de l'église paroissiale. En lisant le panneau explicatif sur la mine un pan de ma jeunesse m'est revenu. Je me suis souvenu de mon enfance où nous allions à la pêche, mes frères et moi, sur ce site que l'on appelait "La mine". Son "shaft" était là sur un grand cap de roche à quelques pieds du lac Témiscamingue. Elle était désaffectée mais les bâtiments étaient encore en place. Par les fentes entre les planches, nous arrivions à voir le grand trou qui nous donnait le vertige. Que de nostalgies. Un des deux panneaux explicatifs du cadran. Volume XIX numéro 4, décembre 2012 Jasmin Gauthier Le Gnomoniste 23