Dossier de presse

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Dossier de presse
Production et diffusion d’art contemporain
48 avenue Sergent Maginot, f-35000 Rennes
+33 (0)2 90 09 64 11
[email protected] - www.40mcube.org
Dossier de presse
Hippolyte Hentgen
Night Sound
Vernissage le mardi 7 mai 2013 à 18h30
Performance : conception Émilie Rousset et Perle Palombe, compagnie John Corporation, et Hippolyte Hentgen
Exposition du 10 mai au 13 juillet 2013
Relations avec la presse : Cyrille Guitard - 02 90 09 64 11 - [email protected]
Sommaire
Communiqué de presse.............................................................. 3
Bio-bibliographie d’Hippolyte Hentgen........................................ 4
Visuels disponibles................................................................... 6
Texte..................................................................................... 7
Présentation de 40mcube.........................................................11
Informations pratiques............................................................14
Production et diffusion d’art contemporain
48 avenue Sergent Maginot, f-35000 Rennes
+33 (0)2 90 09 64 11
[email protected] - www.40mcube.org
Communiqué de presse
Exposition
Night Sound
Hippolyte Hentgen
Exposition du 10 mai au 13 juillet 2013
Vernissage le mardi 7 mai 2013 à 18h30
Performance : conception Émilie Rousset et Perle Palombe, compagnie John Corporation, et Hippolyte Hentgen
Hippolyte Hentgen est un duo d’artistes composé de
Gaëlle Hippolyte et de Lina Hentgen dont le nom est à la
fois l’association et le raccourci de leurs deux noms, mais
aussi la création d’une troisième entité qui représente
leur travail commun. Dans cette invention de personnage
se trouve toute la base de leur travail qui puise dans
le dessin animé ou la bande dessinée des années 1930,
Oyvind Falström, la culture alternative des États-Unis
et les arts graphiques (Robert Crumb, Mike Kelley, …),
la peinture du XVIIIe siècle, le graphisme des affiches
d’entre-deux-guerres, George Herriman, l’art outsider et
bien sûr l’art moderne.
Exploitant avec une grande liberté des supports et des
dimensions variés, Hippolyte Hentgen multiplie également
les collaborations avec des magazines de bande dessinée
ou des metteurs en scène, quand il ne le devient pas luimême comme pour le spectacle Les Géomètres dans lequel
le dessin spatialisé devient volume.
L’exposition Night Sound à 40mcube focalise sur ce
dernier aspect de leur pratique en réunissant une série de
dessins réalisés à partir d’images photographiques issues
de manuels pédagogiques d’arts plastiques et un décor de
paysage lunaire conçu pour un spectacle de la compagnie
John Corporation. L’exposition fait le lien entre ces deux
formes, met en espace et en scène le dessin, exploitant
par là sa forte capacité de narration. Elle devient pour le
vernissage le cadre d’une performance d’Emilie Rousset
et de Perle Palombe autour de la figure dessinée de Sally
Ride, chercheur en astrophysique et première américaine
à avoir voyagé dans l’espace. Les éléments de décor
redeviennent sculptures dès la performance terminée,
jouissant d’une vie multiple qui caractérise l’ensemble du
travail et du personnage Hippolyte Hentgen.
Sur une base de dessin qui se meut parfois en sculptures,
le travail d’Hippolyte Hentgen, résolument figuratif,
prolifique et débridé, jubilatoire et plein d’humour, conserve
un fond plus mélancolique. Les paysages représentés
sont souvent des zones urbaines ou industrielles, les
personnages prennent place dans des scènes ouvrières
dont nous ne connaissons plus la source ni l’auteur, qui
perdurent dans la mémoire collective parce qu’employées
et réemployées dans la publicité et les médias, à tel point
qu’elles deviennent des clichés, vestiges d’un monde en
mutation. Hippolyte Hentgen les manipule en appliquant
au dessin le principe de la reproductibilité mécanique des
images, redessinant des photographies, imprimant des
dessins ou associant les deux dans une même œuvre.
Ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h. Entrée libre. Fermé les jours fériés.
Visite commentée et accueil de groupes sur réservation.
Relations avec la presse : Cyrille Guitard ([email protected] - 02 90 09 64 11). Visuels disponibles sur simple demande.
40mcube reçoit le soutien du ministère de la Culture et de la Communication - Drac Bretagne, du conseil régional de Bretagne, du conseil général d’Ille-et-Vilaine et de la ville de Rennes.
40mcube bénéficie du concours d’Art Norac - Association pour le mécénat d’art contemporain du groupe Norac.
40mcube est partenaire de la Marque Bretagne.
Avec le partenariat de Self Signal - Cesson-Sévigné, d’Icodia - Rennes, de Radio Campus Rennes et de parisART.
40mcube fait partie du réseau art contemporain en Bretagne : www.artcontemporainbretagne.org et du Pôle de ressources art contemporain de Bretagne.
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Hippolyte Hentgen
Gaëlle Hippolyte, née en 1977 à Perpignan.
Lina Hentgen, née en 1980 à Clermont-Ferrand.
Vivent et travaillent à Paris.
Hippolyte Hentgen est représentée par Semiose galerie.
FORMATION
Gaëlle Hippolyte
2004
DNSEP – École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.
Lina Hentgen
2005
DNSEP – École pilote internationale d'arts et de recherche (EPIAR), Villa Arson, Nice.
EXPOSITIONS PERSONNELLES (sélection)
2013
2012
2011
2010
2009
2008
Night Sound – 40mcube, Rennes.
Seconde Main – Chapelle du Gêneteil, Château-Gontier.
Chambre rose, chambre grise – Semiose galerie, Paris.
La mauvaise réputation, Bordeaux.
Loin du Centre – Espace Kugler, Genève (Suisse).
Sans Titre – Performance, mise en scène Émilie Rousset, MAC/VAL, Vitry-sur-Seine.
De l'obscurité à midi – Tripode, Rezé.
Insomnia – Galerie Édouard Manet, Gennevilliers.
Les Solitaires – Semiose galerie, Paris.
Les Ritournelles – Centre d'art Le Parvis, Ibos.
Mass Romantic – Centre d'art Le Parvis, Ibos.
Cataclysme dans le jardin – Galerie A, Nice.
Strange Machine We are – Point Éphémère, Paris.
Space Opera – Vitrine de la galerie Frédéric Giroux, Paris.
EXPOSITIONS COLLECTIVES (sélection)
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
Sur un pied – Semiose galerie, Paris.
Bête et méchant – Galerie The Window, Paris.
Les cousines – Galerie Iconoscope, Montpellier.
Ravines – Les Instants Chavirés, Montreuil.
Figures Vivaces – Galerie Croix-Baragnon, Toulouse.
Les Innommables Grotesques – LMD Galerie, Paris.
Et plus si affinités – Artothèque de Caen.
Nullportrait – Zink galerie, Berlin (Allemagne).
Quelques rêves lucides – FRAC Champagne-Ardenne, Château du Grand Jardin, Joinville.
Ondertenkend – Zet Fondation, Amsterdam (Pays-Bas).
Les vacances de Monsieur de Brian – Lieu Commun, Toulouse.
Fantasmagoria – Les Abattoirs, Toulouse.
Janet and the Iceberg – GHP galerie, Toulouse.
La face cachée de la Lune – Semiose galerie, Paris.
Back to Drawing – galerie Le Cabinet, Paris.
Le bureau des Ouragans – Lieu-Commun, Toulouse.
WAOOHHH ! – CRAC Alsace, Altkirch.
Re-Vues – CRAC Languedoc-Roussillon, Sète.
La poursuite – Point Éphémère, Paris.
Vite une échelle –Point Éphémère, Paris.
With a Little Help From My Friends – Galerie 4 Wheels, Nice.
Dessins Contemporains – Galerie Catherine Issert, Saint-Paul-de-Vence.
Le renversement de la rétine – Parcours d'art contemporain de Fontenay-le-Comte.
Trait d'union – CRAC de Sète.
J'en rêve – Fondation Cartier, Paris.
Valse – Musée Zadkine, Paris.
Lee 3 Tau Cety Central Armory Show – Villa Arson, Nice.
Avant travaux – Centre d'art de Versailles.
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THÉÂTRE
Les Géomètres – Création de Hippolyte Hentgen avec Hendrick Hegray, Jung Ae Kim, Yvan Clédat. Production du Spielart
Munich Theater Festival, Munich (Allemagne) et du Vivarium Studio (Paris).
COLLECTIONS PUBLIQUES
Collection de la ville de Gennevilliers.
FRAC Champagne-Ardenne.
Artothèque du Limousin.
CATALOGUES, ARTICLES ET ENTRETIENS
Revue Rouge Gorge, (Just Married), 2012.
Revue M.E.R.C.U.R.E., 2012.
Revue The Drawer, 2012.
Revue START, 2011.
Claire Moulène, « Nouvelle tête », dans Les Inrockuptibles, no 778, du 27 octobre au 2 novembre 2010.
Le Monde, édition du 6 septembre 2010, article d’Emmanuelle Lequeux.
Les Cahiers du Mac/Val, Musée d’art contemporain du Val de Marne.
Carte blanche spécial FIAC, dans Technikart, octobre 2010.
DEUX, Coédition Villa-Saint-Clair / Sémiose édition, 2009.
Revue Roven, no 2, 2009.
Revue Particules no 25, juillet 2009.
Le cortège des Zèbres, éditions Villa-Saint-Clair, 2004.
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Visuels disponibles
Décor réalisé par Hippolyte Hentgen pour la pièce
Mars-Watchers, Compagnie John Corporation, 2012.
Hippolyte Hentgen, dessin de la série Les enfants de septembre (d’après Paper
Faces de Michael Grater, 1968), 2012. Courtesy Semiose galerie.
Photo : Aurélie Mole.
Hippolyte Hentgen, dessin de la série Sentiments Adrift, 2012, crayon
noir sur papier Arches. Courtesy Semiose galerie.
Hippolyte Hentgen, Le Tapir, 2010, crayon de couleur sur papier, 61 × 41 cm.
Courtesy Semiose galerie.
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À propos du travail d’Hippolyte Hentgen
« Cet éclat et cette splendeur dont s’entoure la société productrice de marchandises et le sentiment illusoire de sa
sécurité ne sont pas à l’abri des menaces »
Walter Benjamin, Paris, Capitale du dix-neuvième siècle.
La pratique de Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen marie des sources multiples. Emprunts revendiqués au dessin
animé ou à la BD des années 30, se référant tant à Oyvind Falström qu’à la culture alternative des États-Unis et
ses arts graphiques (Robert Crumb, Mike Kelley, …).
Les figures simplifiées et burlesques développées par Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen, souvent à l’échelle
un, abordent l’espace de manière sensible. Déclinées en un dessin rapide spontané et monochrome, ces figures
fonctionnent comme autant de collages protéiformes composites, interfèrent avec le lieu d’exposition.
En résonance à ces fictions filaires, Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen développent un travail de sculpture et
d’agencement des volumes construits, combinant références à la modernité ou au spectacle toujours en prélude à
une investigation du lieu et ses usages.
Les projets mêlent de façon récurrente volumes, dessins, installations, en une formule topographique proche
d’un paysage urbain industriel. Les différentes propositions invitent généralement le spectateur à un parcours se
référant implicitement à la ville moderne, à l’industrie et au travail. Les différentes installations dialoguent et
proposent un espace dessiné de petits îlots.
Chez Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen, les images d’usine sont autant de représentations d’illusion du progrès
ou de la condition humaine. Elles passent de la forme qui recherche l’effet plastique à la forme qui rend compte
d’une histoire, celle qui soumet les faits à un examen critique. Les maquettes, les installations à échelle humaine
proposent une nature morte postmoderne et mécanique, invitent à une fiction imagée.
Les sculptures-objets évoquent également la photographie industrielle et utopique de la fin du XIXe siècle ou
celle plus récente de Bernd et Hilla Becher. Interrogeant le progrès et l’hégémonie de l’industrialisation, les
installations et sculptures contournables mais impénétrables illustrent les mots de Blanqui sur la condition de
l’homme moderne : « Même monotonie, même immobilisme [...]. L’univers se répète sans fin, et piaffe sur place.
L’éternité joue imperturbablement dans l’infini les mêmes représentations ».
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« Les mimes se désarticulent là où les clowns s’engluent »
Entretien avec Hippolyte Hentgen réalisé par Catherine Macchi de Vilhena.
Publié dans la revue Roven no 2, automne-hiver 2009-2010.
Catherine Macchi de Vilhena : Comment vos pratiques respectives du dessin se sont-elles rencontrées ? Pouvez-vous
revenir sur vos parcours et préciser les motivations de votre collaboration ?
Hippolyte Hentgen : Nous travaillons ensemble depuis un peu plus d’un an. Nous connaissions nos travaux respectifs,
lesquels avaient en commun le fait de se nourrir d’un drôle de dessin, d’une musique bizarre et d’une littérature qui
ne l’était pas moins… En plus de cette culture commune, nous étions troublées par certaines ressemblances. Nous
avions, avant de nous connaître, une sorte de répertoire commun prenant autant ses sources dans la peinture du
XVIIIe siècle que dans le graphisme des affiches d’entre-deux-guerres, la BD de George Herriman, par exemple, et
bien sûr l’art moderne. Ces similitudes ont d’abord donné lieu à de la curiosité, puis à de la complicité.
C. M. d. V. : Vous avez pris la décision, récemment, de mélanger vos dessins respectifs et de les revendiquer comme
étant un seul et même travail. À présent, vous intervenez ensemble sur le même support. Le dessin est pourtant
souvent associé à une pratique intime par son caractère immédiat. Les grands dessins de personnages siamois qui
s’étreignent et qui s’affrontent, présentés au CRAC Alsace (1), semblent faire écho à la dualité de votre pratique,
entre fusion et conflit. Comment s’organise cette activité à deux mains au quotidien ? Qui fait quoi ?
H. H. : Le dessin est, de façon générale, associé à une activité intime et à l’idée qu’on ne « triche » pas, dans la
mesure où il établit un lien direct, sans étape intermédiaire, entre le cerveau et la main. En ce sens, le dessin
est une forme absolument maniable et manipulable. La décision de travailler ensemble est récente. Pendant les
trois premiers mois, nous nous sommes un peu réparties les tâches en fonction de nos habiletés respectives. Nous
avons vite appris à rendre nos gestes interchangeables, l’ensemble étant constitué de techniques simples et faciles
à reproduire. C’est dans l’agencement des lignes et des différents systèmes de représentation que nous sommes
surtout vigilantes et attentives, les écarts entre les gestes sont plus importants que la technique. Dès les premières
tentatives, le travail à deux s’est avéré vraiment plaisant et très naturel. Après quelques semaines d’expérience et
de discussions, nous avons décidé de mélanger toutes nos anciennes productions et de signer sous un nouveau nom
« Hippolyte Hentgen » : une troisième personne faite de nos deux noms de famille. Notre collaboration est donc
née d’une certaine forme de curiosité du travail en groupe. D’un point de vue pratique, nous dessinons souvent
ensemble sur la même feuille quand le format le permet, dans le cas contraire nous travaillons plusieurs dessins
simultanément et nous échangeons régulièrement nos rôles. Nous avons aussi un rythme de travail commun : une
activité pour le moins continue…
C. M. d. V. : Que représente cette pratique pour vous et le dessin d’une manière plus générale ?
H. H. : Nous considérons toutes les deux le dessin comme une activité par défaut, un lieu de liberté absolue, où les
enjeux ne sont pas aussi lourds que dans une installation ou une animation. L’espace de la feuille est totalement
dramatisé, tous les sentiments peuvent y être mis en scène exagérément. Mais c’est aussi un lieu dédramatisé où
les figures jouent sans complexe, ni retenue. De fait, il s’agit vraiment d’une sorte de théâtre ambulant ou d’atelier
portatif.
C. M. d. V. : Votre approche graphique est relativement hétérogène. Certains dessins ont la spontanéité du croquis,
d’autres, très détaillés, peuvent paraître presque léchés. Alors que les dessins à l’encre de Chine obéissent à une
certaine économie de moyens, les productions en couleurs, plus baroques, sont d’une très grande complexité
plastique. On note d’ailleurs que les dessins en noir et blanc sont beaucoup plus narratifs que les dessins en
couleurs qui finissent par sembler abstraits avec leur surenchère d’éléments. Qu’est-ce qui se joue dans cette
diversité formelle ?
H. H. : Nous passons de longs moments à dessiner : des dessins rapides et d’autres plus travaillés apparaissent donc
en fonction de nos humeurs mais aussi de nos disponibilités. Certains sont très bêtes, d’autres espiègles… C’est
un peu comme un journal. L’aspect hétérogène du travail, en général, vient aussi de notre intérêt commun pour
des artistes qui investissent un territoire de formes diversifiées. Paul Thek, Jim Shaw, Fischli & Weiss par exemple
nous captivent pour leur faculté « tentaculaire » à produire des œuvres aux formes tout à fait inattendues. Nous
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adorons l’idée que l’artiste puisse convoquer le spectateur et exciter l’intelligence par l’étonnement. C’est pour
nous une notion très importante. Pour revenir à notre pratique, il est vrai que nous déployons une large gamme
d’images. Tous ces dessins sont rassemblés par leur aptitude à se saisir de ce qui les entoure. Nous ne faisons pas
réellement de distinction entre les « dessins-croquis » ou les grandes accumulations, le noir et blanc ou la couleur,
la ligne claire ou le guillochage… Ce qui réunit très fortement ces dessins, plus que la construction et le genre,
c’est leur provenance.
C. M. d. V. : Votre univers porte la marque de multiples influences. Les espaces mis en scène possèdent le caractère
étrange de la peinture métaphysique. Quant aux personnages qui les traversent, ils ne sont pas sans évoquer
les débuts de la bande dessinée américaine mais aussi l’illustration underground. Un certain nombre d’éléments
reviennent de manière récurrente, comme les cheminées d’usine de Giorgio De Chirico ou les cordes des travailleurs
de Fernand Léger, mais ils semblent obéir à des scénarios dysfonctionnants. Faut-il voir là un échec de la modernité
et plus largement du monde industriel ?
H. H. : En effet, nous employons beaucoup d’éléments récurrents qui évoquent clairement l’univers ouvrier du
début du XXe siècle. Il s’agit, pour ainsi dire, d’une façon de dresser une possible généalogie des dessins. Les
cordages, les mécanismes et jeux de rouages, les espaces intermédiaires, les briques rouges des cheminées d’usine,
les hauts-de-forme et autres mains gantées sont, il est vrai, souvent présents dans nos travaux. C’est bien sûr le
décor essentiel du début de la modernité, dans le cinéma burlesque, dans la peinture et aussi dans une certaine
littérature dont nous nous sentons proches. Orwell ou London… La façon dont nous nous saisissons de ces
références est assez intuitive et affective. Pour le dire simplement, nous dessinons les formes reconnaissables
présentes dans des œuvres qui sont importantes pour nous. Pour ce qui est de l’héritage du monde industriel et de
l’échec de la modernité, c’est une longue discussion… Sans avoir aujourd’hui de postulat autoritaire sur le sujet,
ça fait partie des questions qui nous occupent. Ce que nous pouvons dire c’est que la société industrielle qui s’est
imposée au début de la modernité semble avoir creusé l’écart entre deux populations, et la question reste bien
sûr d’actualité. Notre travail n’investit pas directement le champ « conceptuel » stricto sensu. Le travail d’atelier,
l’expérimentation des formes sont au cœur de notre pratique et du plaisir quotidien qui l’anime. Tout ceci est avant
tout un rapport au langage… En d’autres termes, il y a évidemment une dimension politique dans le travail mais
elle est autant contenue dans le fait même de conduire une expérience artistique que dans les motifs ou prétextes
que nous utilisons.
C. M. d. V. : À côté de votre production en noir et blanc qui a quelque chose de profondément obsolète, peutêtre même de nostalgique derrière son apparence burlesque, on trouve des dessins en couleurs plus festifs. Ces
compositions semblent se référer à l’esthétique des graffiti des années 1980 ou encore à des sources extraoccidentales. Je pense à l’Inde où vous avez séjourné, et aux broderies qui en sont nées. Au delà de l’humour
manifeste avec lequel vous distancez vos références, quels rapports entretenez-vous avec ces différentes sources
d’inspiration ?
H. H. : Nos dessins sont issus, et se réfèrent implicitement, au dessin apparu avec l’industrialisation et la
mécanisation des images. Dans les accumulations en couleurs comme d’ailleurs dans les dessins en noir et blanc,
on retrouve ces petits personnages dont l’industrie a réduit les affects. Ils ne sont faits que de formes géométriques
(ronds, carrés, segments) et de lignes désaffectées. Qu’ils soient l’un sur l’autre ou isolés dans la page, ce sont des
personnages réifiés, sans origine, dont l’auteur aurait été oublié ; ils sont, dans ce sens, presque abstraits. C’est
un peu le degré zéro de la figure.
C. M. d. V. : Vos dessins mettent en scène de nombreux objets ou décors qui semblent obéir à un mouvement
d’anthropomorphisation alors que les personnages qui y figurent sont souvent réduits à la dimension d’objets. Si les
objets sont dotés d’yeux et de bras et semblent gesticuler dans tous les sens, les personnages n’ont pas d’identité,
leurs visages sont souvent couverts de cheveux, et leurs corps de pantins sont mécanisés, quand ils ne sont pas
littéralement happés par les objets eux-mêmes. Qu’est-ce qui se profile derrière ce sentiment d’étrangeté ?
H. H. : En effet, la visée commune à tous les dessins est l’anthropomorphisation. Sûrement parce que c’est aussi une
des capacités de l’homme de voir en chaque forme sa propre image. Les bonshommes qui nous servent de modèles
et habitent nos dessins sont apparus avec la reproductibilité et la mécanisation. Ces figures ont été pensées
avec des affects réduits pour être rapidement accessibles à tous, à la masse. Elles sont, comment dire… comme
vidées de toute existentialité et sont presque dans l’impossibilité de dire « je ». Nous en tentons néanmoins une
appropriation. Nous nous occupons de rendre à ces caractères un peu de la drôlerie et de la fierté qu’ils semblent
avoir égarées dans la machine industrielle. Et même s’ils ont l’air confus de leur présence, de leur énième rôle
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fantomatique, nous nous amusons de leur propre incapacité à changer le monde, à dire de grandes choses ou des
choses nouvelles. La pratique du dessin est donc un moteur joyeux, mais c’est aussi la manifestation paradoxale
d’un constat plus mélancolique qui nous renvoie à nos propres limites et à nos propres incapacités à changer le
monde via notre condition d’artiste.
C. M. d. V. : On retrouve une partie de votre vocabulaire sous la forme de maquettes ou d’installations qui
spatialisent le dessin. De nombreux artistes prolongent leur pratique graphique par un travail en volume. Que vous
amène le passage de la deuxième à la troisième dimension ?
H. H. : Notre travail s’organise en deux temps bien distincts. Le premier consiste dans cette activité prolifique
de dessin que nous montrons d’ailleurs assez peu tel quel dans les expositions. Disons que la quantité d’images
obtenues compose un répertoire de formes qui délimite un large champ de possibilités. Le deuxième temps
consiste dans le fait de manipuler ces dessins comme des matériaux potentiels, de manière à élaborer des formes
plus complexes, souvent en trois dimensions. Le passage à l’exposition est une conclusion, presque en rupture,
une pause dans le temps durant laquelle les figures simplifiées et burlesques fonctionnent comme autant de
collages protéiformes et composites. Ces formes plus élaborées vont alors chercher un rapport dialectique avec le
lieu d’exposition et ses usages. En résonance à ces fictions, le travail de sculpture trouve sa légitimité dans les
questions d’échelle et d’agencement des volumes construits. Dans le passage au volume, nous tentons de rendre
compte du contenu des dessins (des mécanismes qui ont contribué au refroidissement des images), mais aussi
et surtout nous nous efforçons de les incarner. Nous leur bricolons autant de corps possibles à l’échelle 1. Ils se
dressent alors dans l’espace, corps à corps avec le spectateur. Ainsi, les mimes se désarticulent là où les clowns
s’engluent…
(1) Whaaooh ! Le merveilleux dans l’art contemporain, premier volet avec Alice Anderson, Michel Blazy, Nicolas Darrot,
Johnston Foster, Christian Gonzenbach, Hippolyte Hentgen, Vincent Kohler, Zoë Mendelson, Bruno Pelassy, Pierrick Sorin,
Stéphane Tidet, João Pedro Vale et Virginie Yassef, CRAC Alsace, Altkirche, 19 octobre 2008 – 4 janvier 2009.
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40mcube
Créé à Rennes en 2001, 40mcube est un lieu d’exposition d’art contemporain, un bureau d’organisation de projets d’art
contemporain et une structure de production d’œuvres.
L’une des principales activités de 40mcube est la production d’œuvres, un travail étroit et suivi avec les artistes tout au
long de la chaîne que sont l’étude de faisabilité, la fabrication et le suivi technique, jusqu’à la présentation des œuvres,
leur communication et leur médiation auprès du public. Chaque visiteur est accueilli par un médiateur et peut bénéficier
d’une visite personnalisée des expositions et des œuvres présentées.
40mcube développe plusieurs axes de recherches et s’organise en antennes : 40mcube-expositions, 40mcube-éditions,
40mcube-AV (qui coproduit avec le secteur de l’audiovisuel des vidéos d’artistes) et enfin 40mcube-espace public (qui
travaille à des projets artistiques prenant place dans l’espace public, notamment avec le projet d’expositions collectives
Chantier public, la commande publique et le programme des Nouveaux commanditaires de la Fondation de France).
Le travail de production, d’exposition et de médiation est généré ou suivi par une réflexion sur l’art actuel qui se
matérialise par des éditions critiques que nous publions. Éditées en partenariat avec des maisons d’édition et des
distributeurs, celles-ci sont disponibles en librairie.
Programmation artistique 2001 – 2012 (sélection)
- AGGER, Marion Verboom.
- Gisement et Extraction, Naïs Calmettes et Rémi Dupeyrat.
- Analnathrach, Antoine Dorotte.
- RN 137, Antoine Dorotte, Angélique Lecaille, Briac Leprêtre, Bevis Martin & Charlie Youle, Benoît-Marie Moriceau, Armand
Morin, Samir Mougas, Julien Nédélec, Blaise Parmentier, Ernesto Sartori, Yann Sérandour, Mélanie Vincent.
- Stranger by Green, Yann Gerstberger.
- « We can never go back to Manderley », Sarah Fauguet & David Cousinard.
- Smears, Ida Tursic & Wilfried Mille.
- Use Once and Destroy, Stéphanie Cherpin.
- INGENIUM, Emmanuelle Lainé.
- Espèces d’hybrides, Guillaume Constantin, Vincent Ganivet, Laurent Perbos, Guillaume Poulain, Aurore Valade.
- L’enclos, Lina Jabbour.
- Trout Farm, Samir Mougas.
- Abstract Lady Guardian, Florian & Michaël Quistrebert.
- Anachronismes et autres manipulations spatio-temporelles #2 : Universalisme, Renaud Auguste-Dormeuil, Dionis Escorsa,
Michel Guillet, Amala Hély & Guillaume Robert, Nicolas Milhé.
- Anachronismes et autres manipulations spatio-temporelles #1 : Particularismes, Virginie Barré, Joost Conijn, Dora Garcia,
Briac Leprêtre, Damien Mazières, Nicolas Milhé, Yann Sérandour, Joana Vasconcelos.
- Psycho, Benoît-Marie Moriceau.
- Optrium, Patrice Gaillard & Claude.
- Chantier public #3, Sylvie Reno.
- Les Biches, Nathalie Djurberg, Rodolphe Huguet, Steven Le Priol, Edouard Levé.
- TERMINATOR, Hubert Duprat, Jon Mikel Euba, Rodolphe Huguet, Angélique Lecaille, Delphine Lecamp, NG.
- L’Ambassade des possibles, Virginie Barré, Julien Celdran, Philippe Parreno, Sébastien Vonier.
- Even Cow-girls Get the Blues, Delphine Lecamp.
- Colloque « Comment faire tenir une forme colorée dans l’espace?* », Luc Deleu, Simona Denicolai & Ivo Provoost, Benoît
Goetz, Eva Gonzales-Sancho, Odile Lemée, Christophe Le Gac ; Maison du Champs de Mars – Rennes.
- Classic & Smart, Briac Leprêtre.
- Chantier public #2, atelier mobile, Simona Denicolai & Ivo Provoost, Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Le Gentil Garçon,
Nicolas Milhé, Benoît-Marie Moriceau, Bénédicte Olivier – 40mcube, Centre d’Information sur l’Urbanisme, Le Coin, galerie
du Centre Culturel Colombier, Orangerie du Thabor, espace public (Rennes).
- Chronique d’une œuvre annoncée, Stéfanie Bourne - Castel coucou (Forbach), École supérieure d’art de Metz, Tramway
(Glasgow).
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Programmation artistique 2001 – 2012 (suite)
- EXTRA, Patrice Gaillard et Claude.
- Au tableau, Cécile Desvignes.
- Conférence/performance Révélation, Nicolas Boone – École supérieure des beaux-arts de Rennes.
- Chantier public #1, Lara Almarcegui, Matthieu Appriou, Yves Gendreau, Patrice Goasduff, Stalker – 40mcube, Centre
d’architecture et d’art, Centre d’information sur l’urbanisme, LENDROIT, espace public (Rennes).
- Projets de projets, Jean-Philippe Lemée et Yves Trémorin – 40mcube, Galerie Art et Essai (Rennes).
- Sogar.
- L’inconnu des grands horizons, Abraham Poincheval et Laurent Tixador – 40mcube (Rennes), Frac Basse-Normandie (Caen),
École supérieure d’art de Metz.
- Total symbiose, Abraham Poincheval et Laurent Tixador.
- Là-bas tout près, Anabelle Hulaut.
- 40mcube de Valérie Travers, Valérie Travers.
- Alma Skateshop, Daniel Dewar et Grégory Gicquel.
Œuvres produites 2001 - 2012 (sélection)
Marion Verboom, Mondmilchs, 2012, mortier, 6 éléments de 280 × 26 × 15 cm, dimensions variables.
Production 40mcube. Photo : Aurélien Mole.
Nicolas Milhé, Meurtrière, 2012, béton, inox, 200 × 300 ×
25 cm. Coproduction galerie Samy Abraham, 40mcube, BuySellf. Courtesy galerie Samy Abraham. Œuvre présentée dans le
cadre de la FIAC hors-les-murs 2012. Photo : Marc Domage.
Emmanuelle Lainé, Doline, 2010, statue en plâtre moulée à la corde,
socle en tissu béton. Production 40mcube. Courtesy galerie Triple V.
Photo : André Morin.
Antoine Dorotte, Bloom from Shop of Horrors, 2012, zinc anthracite, mécanisme de fontaine, sulfate de cuivre, Ø 250 cm. Production 40mcube. Courtesy
galerie ACDC. Photo : Patrice Goasduff.
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Samir Mougas, Un chaînon manquant, 2010, polystyrène, fibre de verre,
résine polyepoxyde, peinture, métal, 400 × 200 × 150 cm. Production
40mcube. Courtesy galerie ACDC. Photo : Patrice Goasduff.
Florian & Michaël Quistrebert, vue de l’exposition Abstract Lady Guardian, 2008.
Production 40mcube. Courtesy galerie Crêvecœur. Photo : Jean Depagne.
Benoît-Marie Moriceau, Psycho, 2007, peinture acrylique mate. Production 40mcube.
Photo : Laurent Grivet.
Nicolas Milhé, Sans titre, 2005, béton, 600 × 300 × 250 cm. Dépôt du Centre
national des arts plastiques - Ministère de la Culture et de la Communication.
Inv. FNAC : 09-281. Production 40mcube. Vue de l’œuvre place du Colonel Fabien
à Paris dans le cadre de la Biennale de Belleville. Photo : Patrice Goasduff.
Courtesy galerie Samy Abraham.
Patrice Gaillard & Claude, vue de l’exposition Optrium, 2007.
Production 40mcube. Courtesy galerie Lœvenbruck. Photo : Patrice Goasduff.
Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Aruba 49cc, 2005. Production 40mcube.
Courtesy galerie Lœvenbruck. Photo : Cyrille Guitard.
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Informations pratiques
Night Sound
Hippolyte Hentgen
Exposition du 10.05.13 au 13.07.13
Vernissage le mardi 7.05.13 à 18h30
Performance : conception Émilie Rousset et Perle Palombe,
compagnie John Corporation, et Hippolyte Hentgen
Du mardi au samedi de 14h à 18h
Fermé les jours fériés
Entrée libre
Visite de groupes gratuite sur simple rendez-vous
Relation avec la presse Cyrille Guitard - 02 90 09 64 11
40mcube
48, avenue Sergent-Maginot - f-35000 Rennes
Tél. : +33 (0)2 90 09 64 11
[email protected]
www.40mcube.org
GARE
Métro : station République
Bus : lignes 4 et 6, arrêt Pont de Châteaudun
Partenaires
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