Le PCEM1 : une arme à double tranchant pour la profession de

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Le PCEM1 : une arme à double tranchant pour la profession de
Le PCEM1 : une arme à double tranchant pour la profession de sagefemme
Marianne GADE1
Depuis
2002,
l’ensemble
des
étudiants
admis
dans
les
écoles
de
sages‐femmes
françaises
a
été
classé
en
rang
utile
au
concours
de
première
année
du
premier
cycle
des
études
médicales
(PCEM1).
Avant,
un
concours
post‐baccalauréat
permettait
de
sélectionner
les
futurs
étudiants
sages‐femmes.
Le
passage
par
l’Université
pour
la
filière
sage‐femme,
s’inscrit
dans
la
continuité
d’un
long
mouvement
de
construction
de
la
profession
qui
relève
le
lien
étroit
qui
relie
la
profession
de
sage‐femme
à
celle
de
médecin.
L’étude
a
été
réalisée
lors
de
l’année
universitaire
2009‐2010
dans
le
cadre
du
mémoire
de
fin
d’études
de
sages‐femmes.
Elle
vise
à
questionner
les
modalités
et
les
conséquences
pour
les
futurs
professionnels
de
ces
changements
dans
la
formation.
L’analyse
de
données
quantitatives,
recueillies
à
l’école
de
sages‐femmes
de
Nantes,
avant
et
depuis
le
passage
par
le
PCEM1,
nous
a
permis
d’établir
différents
profils
d’étudiants
et
de
les
comparer.
Complétée
par
un
travail
qualitatif
avec
la
réalisation
d’entretiens
auprès
d’étudiants
sages‐femmes,
de
sages‐
femmes
en
exercice
et
de
sages‐femmes
enseignantes,
cette
étude
nous
montre
que
le
passage
par
le
PCEM1
attire‐
vers
la
formation
de
sage‐femme
des
étudiants
différents
de
ceux
recrutés
par
un
concours
post‐baccalauréat
:
différence
d’origine
sociale,
de
parcours
scolaire,
différence
de
genre,
etc…
Au
terme
de
ce
travail,
le
passage
par
le
PCEM1(
nommé
PAES
depuis
septembre
20102),
de
la
filière
sage‐femme
nous
est
apparu
comme
une
véritable
arme
à
double
tranchant
pour
la
profession.
Certes
l’intégration
universitaire
des
sages‐femmes
représente
une
opportunité
d’obtenir
une
reconnaissance
professionnelle
et
peut
conduire
à
envisager
de
nouvelles
perspectives
pour
cette
profession.
Mais
sous
couvert
d’une
revalorisation
de
la
profession,
le
passage
par
le
PCEM1
entraine
un
renforcement
de
la
domination
des
médecins
sur
la
formation
des
sages‐femmes
et
un
recrutement
de
futurs
professionnels
plus
élitiste
par
rapport
au
concours
post‐baccalauréat.
1
Sage-femme, Saint-Nazaire.
Dans le cadre de l’harmonisation européenne des formations de l’enseignement supérieur, la formation des
sages-femmes est intégrée depuis la rentrée 2010 à la licence 1 santé : première année commune aux études de
santé (PAES). La formation initiale des sages-femmes se décline ainsi : une première année commune aux futurs
étudiants en médecine, dentaire, sage-femme et depuis 2010, pharmacie. Puis quatre années en école de sagesfemmes. Ces écoles sont hospitalières et dépendent de la Région. La loi Hôpital, Patients, Santé, Territoire
(HPST) permet, sur le plan juridique, d’organiser la formation initiale de sage-femme au sein des Universités,
mais n’aborde pas la question de l’intégration des écoles dans les Universités.
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