UJA_N BULL 5_15
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ensemble, à la défense de la défense Delphine Neveu Ce ne sont pas les privilèges corporatistes des avocats qui sont menacés du fait des déséquilibres et des dérives sécuritaires de la procédure pénale actuelle, mais les libertés publiques des citoyens. La "criminalisation" des Avocats à laquelle on assiste est intolérable dans un Etat de droit. La profession s'était insurgée, au printemps 2005, à l'occasion du placement en détention provisoire de notre confrère toulousaine, France Moulin. En effet, le droit positif antérieur relatif aux secrets (secret professionnel: art. 226-13 du CP et secret de l'instruction art. 11 du CPP) garantissait de longue date la sérénité de l'ordre public. Ce nouvel article, mis en lumière à l'occasion de "l'affaire MOULIN", faisait de l'avocat un présumé complice de son client puisque le délit pouvait être constitué sans caractériser d'intention. Les revendications de la profession ont finalement abouti à une modification du texte faisant davantage ressortir la volonté d'entrave à l'enquête et la violation intentionnelle du secret. A Nice, nous déplorions, à la rentrée 2004, les pratiques choquantes d'un juge d'instruction à l'égard de notre consoeur Patricia SUID, qui s'était vue placée en garde à vue puis mise en examen, parce qu'elle opposait le secret professionnel aux questions visant le contenu d'un dossier pour lequel elle exerçait sa mission de défense, ainsi qu'aux questions relatives à l'origine des pièces qu'elle produisait à l'appui de cette défense. Sa plainte contre ledit magistrat, pour subornation de témoins, sera bien informée, en suite d'un arrêt de cassation partielle qui vient d'être rendu le 27/09/2005. Aujourd'hui, toujours dans notre ressort, nous sommes consternés par le placement en détention provisoire de notre confrère Henri Bastiani, mis en examen dans le cadre d'un dossier étranger à l'exercice de sa profession. En effet, nous constatons le peu de souci du respect des dispositions prévues aux articles 137 et 144 du CPP et notamment du respect du principe de la liberté en cas de garanties de représentation acquises ; la situation du justiciable avocat semblant être traitée de façon aggravée par certains magistrats. En accord avec ses conseils, l’UJA a convenu de s’abstenir de toutes actions qui pourraient porter préjudice à sa défense mais elle lui renouvelle bien évidemment son soutien et déplore que la qualité d’avocat semble désormais être considérée comme une situation aggravante. Comment est-il par ailleurs possible de voir se généraliser les interceptions de conversations, de correspondances, de documents échangés entre avocats et clients (écoutes téléphoniques, sonorisation des parloirs, perquisition dans les locaux des Conseils de l’Ordre) ? Ces dérives, rendant illusoire un accès véritable à la défense, doivent être formellement prohibées. Or, les règles procédurales actuelles violent, au contraire et de façon intolérable, les dispositions de la convention européenne relatives au procès équitable. Des dérogations au secret des conversations entre les avocats et leurs clients ne devraient pouvoir intervenir qu'à titre exceptionnel, par exemple à la double condition d'une autorisation expresse du JLD, a priori et a posteriori, pour leur mise en œuvre et pour leur transcription au dossier pénal, ainsi que d'une contestation possible du Bâtonnier sur le principe et la mise en œuvre de l'écoute, devant ce magistrat. En conclusion, une réforme de la procédure pénale restaurant l'exercice d'une défense véritable, qui aurait du aller de pair avec les objectifs de lutte contre la criminalité, s'impose. Elle doit être absolument revendiquée et obtenue par la profession. Marie Pierre LAZARD nouvelle dérive de l’AJ: grève en réaction au Barreau de Thionville L’UJA de Thionville nous fait part de cette communication que je vous livre, telle quelle, et qui, j’en fais l’aveu, m’effraie quelque peu. Vous en jugerez par vous-même. «Plusieurs circulaires ministérielles applicables depuis cet été dans les juridictions de Thionville en qualité de « juridiction pilote » ont pour conséquence directe la suppression de la rémunération de l’Avocat intervenant en commission d’office. Par ailleurs, la situation du bénéficiaire de l’AJ est automatiquement revue au cours de la procédure, notamment lorsqu’une prestation compensatoire est versée dans une procédure de divorce. De même, en l’absence de production des justificatifs de revenus des clients avant l’audience, aucune demande d’aide juridictionnelle ne sera acceptée, ce qui équivaut à l’absence d’indemnisation de l’intervention de l’Avocat lors des permanences. Le Barreau de Thionvillle a décidé, par Assemblée Générale du 26 septembre 2005, une grève illimitée de leur intervention en matière de désignation et de commission d’office ». 2 Une fois de plus le ministère de la Justice tente de faire supporter aux Avocats ses restrictions budgétaires ! S’agissant d’une juridiction pilote, il est à craindre, si nous ne réagissons pas rapidement, que ces dispositions ne soient bientôt applicables à l’ensemble des juridictions françaises. L’UJA de Thionville a sollicité de son Bâtonnier la réunion, dès que possible, d’une Assemblée générale des Avocats du Barreau de Metz afin de décider d’une action collective dans l’intérêt de la profession. Daniel NAGARA-VALMY