PATRÍCIA BETÁK Émile Verhaeren, Poésie complète 8, Toute

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PATRÍCIA BETÁK Émile Verhaeren, Poésie complète 8, Toute
PATRÍCIA BETÁK
Émile Verhaeren, Poésie complète 8, Toute la Flandre, Volume 1,
Édition critique établie par Michel Otten de l’Université Catholique
de Louvain et présentée par Jean Robaey de l’Université de
Ferrare, AML Éditions, Coll. « Archives du futur », 2012, 552.
Les œuvres complètes d’Émile Adolphe Gustave Verhaeren (1855-1916), poète belge
flamand d’expression française, ont été publiées sous le titre de Poésie complète d’Émile
Verhaeren, comportant 12 tomes dont sont déjà parus les 8 premiers.
Le huitième tome intitulé Toute la Flandre comporte les recueils suivants : Les
Tendresses premières, La Guirlande des dunes et Les Héros.
Dans l’introduction du tome, Jean Robaey, professeur associé de l’Université Ferrare
explique que, pour comprendre les thématiques évoquées dans les poèmes de Verhaeren, il
est important de savoir que le poète est né à Saint-Amand, en Belgique, dans une famille
aisée où l’on parlait le français, tandis que dans son village natal et son école régnait le
flamand. Nous savons aujourd’hui que Verhaeren parlait le flamand, mais il ne l’apprit
jamais assez bien pour lire les grands auteurs de langue néerlandaise. Il fréquenta l’internat
francophone Sainte-Barbe, puis il étudia le droit à Louvain. Il s’inscrit par la suite au
barreau de Bruxelles mais s’établit en 1899 à Paris. Pour cette raison, Verhaeren reste
coupé, linguistiquement et physiquement, de son peuple et de sa terre - ce qui marque toute
son œuvre.
Robaey précise que la Flandre n’avait pas au début du siècle passé - pour les
francophones d’alors, et donc pour l’auteur lui-même - de réelle autonomie culturelle, en
particulier linguistique. « Il s’agissait pour les francophones d’une terre et d’une culture
sans langue. Les Flamands francophones donnaient à une terre (mais non à son peuple, qui
en restait exclu) une culture française qui n’était pas celle de la Flandre, une Flandre qui
n’était qu’un rêve francophone, sinon français ».
Il est important de souligner la distance que les poètes francophones flamands créent
ainsi entre eux et le peuple. La capacité de Verhaeren d’observer et de décrire la Flandre
précisément parce qu’il en est étranger - à cause de son ignorance de la langue – est
admirable. Le poète néerlandais est prisonnier de son propre désir de rester proche du
peuple dont le séparent son statut social et sa culture francophone, sinon son propre
symbolisme. « Ce que Verhaeren lui transmet est proprement ce désir ». Dans ce recueil,
Toute la Flandre lui échappe des doigts. « Cette poésie se nourrit de ce qui lui manque ».
Dans le liminaire, nous apprenons à connaître la conception verhaerienne de la Flandre,
à travers premièrement Les Tendresses premières (1904), recueil contenant 16 poèmes.
L’introduction présente les thématiques et le système rimique du recueil, en respectant
Revue d’Études Françaises No 18 (2013)
l’ordre chronologique des poèmes. Dans ce recueil, les poèmes évoquent l’ancienne
Flandre, les textes sont chargés de repères historiques. Le dernier poème s’intitule Et
maintenant, il expose l’évolution du temps vers le présent et assure le passage au volet
suivant, à La Guirlande des dunes.
Publié en 1907, ce long recueil contient 30 poèmes, près du double des Tendresses
premières, mais « il est beaucoup plus effiloché, comprenant des textes souvent courts qui
rentrent dans la catégorie de ceux que l’on pourrait appeler des petits tableaux ». La
Guirlande des dunes constitue un remarquable tableau de la Flandre. « Elle y apparaît
claire, faite d’air et de lumière, légère dans ses sables et battue des vents, toute en
transparence ».
Le recueil intitulé Les Héros date de 1908 et compte également 16 textes. La
progression est donc la suivante: 16, 30, 16. Ce dernier est le plus ambitieux de tout le
cycle. Dans l’introduction, Robaey nous présente les aspects les plus importants des
poèmes de ce recueil, en respectant toujours leur ordre chronologique. Ce qui fait
cependant défaut dans l’introduction sont les numéros de page après chaque poème pour
guider le lecteur, lui permettre de trouver plus facilement le poème analysé et ainsi de
pouvoir le lire en version complète.
Dans l’édition critique établie par Michel Otten, nous avons à notre disposition une
explication des principes suivis pour l’édition critique. Selon ces principes, le texte de base
se trouve toujours sur la page de droite, reproduisant la version de l’édition définitive
préparée par Verhaeren. La page de gauche reproduit les variantes annoncées par un chiffre
qui correspond au numéro du vers qu’on trouve sur la page de droite.
Dans le recueil, les erreurs orthographiques et les fautes typographiques évidentes ont
été systématiquement corrigées, cependant, les graphies d’époque qui correspondaient à
l’usage contemporain de Verhaeren ont été conservées.
À part cela, les autres principes suivis pour l’édition critique sont les suivants : toutes
les interventions de l’éditeur dans l’apparat critique sont consignées en caractères italiques.
Dès qu’un mot varie, l’apparat critique cite le vers en entier, cependant, lorsqu’il s’agit
seulement d’une variante de ponctuation, l’apparat critique accompagne cette variante d’un
mot si le signe de ponctuation termine le vers, ou de deux mots si le signe de ponctuation
se trouve au milieu du vers. Lorsqu’un vers comporte plusieurs variantes de ponctuation,
l’apparat critique reprend autant de mots nécessaires à une présentation compréhensible du
phénomène.
L’édition critique dispose d’une structure facile à comprendre, rendant la lecture plus
confortable. Tout à la fin, elle contient la bibliographie utilisée pour chacun des recueils et
s’achève par la table des matières. C’est une édition critique logique et complète, guidant le
lecteur de manière adéquate.
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PATRÍCIA BETÁK
Université Eötvös Loránd de Budapest
Courriel : [email protected]
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