Discours de l`Orateur à occasion du passage au grade de C∴ du F

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Discours de l`Orateur à occasion du passage au grade de C∴ du F
Discours de l’Orateur à occasion du passage au grade de C∴ du F∴ E.V.
Mon très cher frère,
Vous voilà donc passé au grade de compagnon, vos maîtres vous ayant jugé suffisamment avancé sur
le chemin pour vos donner cette augmentation de salaire. Vous voilà donc passé de la colonne J à la
colonne B, de la colonne du Nord à celle du Midi.....mais aussi de la colonne de la Lune à la colonne
du Soleil.
La Lune et le Soleil sont deux des trois lumières qui éclairent notre Loge, la troisième étant le
Vénérable Maître.
La Lumière symbolise traditionnellement, entre autre chose, la connaissance. Or avec la Lune et le
Soleil nous sommes là en présence de deux sortes de lumières : la lumière lunaire et la lumière
solaire. Le Soleil est par lui- même source de lumière alors que la Lune ne fait que réfléchir celle
qu'elle reçoit du Soleil. La lumière lunaire n'est qu'un reflet de la lumière solaire. Ces deux sortes de
lumières doivent forcément se rapporter à deux sortes de connaissances ; et en effet la Tradition
met ces deux lumières en rapport avec deux types de connaissances, la connaissance médiate ou
réfléchie et la connaissance immédiate ou directe.
La connaissance réfléchie, celle qui est symbolisé par la lumière lunaire est celle qui nous est la plus
familière et pour beaucoup d'hommes d'aujourd'hui c'est même la seule qu'ils semblent envisager.
C'est la connaissance discursive,
la connaissance rationnelle, la connaissance de la Raison,
finalement c'est donc la connaissance « scientifique » au sens large du terme.
La connaissance directe, immédiate, symbolisé par la lumière solaire,
est moins connue
aujourd'hui, voire même complètement oublié. Ce qui n'était le cas ni dans l'antiquité ni au
moyen age. Paradoxalement c'est le siècle dit injustement des Lumières, alors qu'il n'est que le
siècle de la Raison, qui sonna, en un certain sens, le glas de cette connaissance tout au moins en
Occident, et donc de la faculté qui permet d'atteindre cette connaissance à savoir : l'intellect pur.
Mais écoutons plutôt ce que dit Aristote de cette faculté :
« Parmi les avoirs de l'intelligence, en vertu desquels nous atteignons la Vérité, il en est qui sont
toujours vrais, et d'autres qui peuvent donner dans l'erreur. Le Raisonnement est dans ce dernier
cas ; mais l'intellect est toujours conforme à la vérité et rien n'est plus vrai que l'intellect. ».
Evidemment l'intellect dont parle Aristote, cette faculté tout autre que la Raison et qui permet de
percevoir directement la vérité est quelque chose que nous pouvons difficilement concevoir. Certains
l'appellent « Intuition Intellectuelle » pour bien insister sur l'immédiateté de cette faculté dans la
saisie de la Vérité. Il ne s'agit pas évidemment de cette intuition que nous connaissons tous et qui
permet, il est vrai, de saisir immédiatement certaines réalités de notre monde, cette intuition là est
réellement infra rationnelle, en dessous de la raison. L'intuition intellectuelle ou intellect pur est audessus de la raison, supra rationnelle, supra humaine même, elle permet d'atteindre des réalités
supérieures, l'essence même des réalités de notre monde, en un mot les Principes.
Ecoutons à nouveau Aristote :
« Or, les Principes étant plus notoires que la démonstration, et toute science étant accompagnée de
raisonnement, la connaissance des Principes n'est pas une science mais elle est un mode de
connaissance supérieur à la connaissance rationnelle et qui constitue proprement la connaissance
métaphysique. »
Cette connaissance est d'ailleurs en elle-même, quelque chose d'incommunicable ; il faut l'avoir
réalisé au moins dans une certaine mesure, pour savoir ce qu'elle est vraiment. Cette connaissance,
mon cher frère compagnon je vous souhaite, sous la Lumière du Soleil de la colonne du Midi et dans
l'Amour de tous vos Frères, de la réaliser................... au moins dans une certaine mesure.
J'ai dit Vénérable Maître.
Voir : « Symboles de la Science Sacrée » de René Guénon, « le symbolisme du cœur : Cœur et
cerveau. »