Tous ces minets abandonnés

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Tous ces minets abandonnés
BIENNE
3
A donner contre
bons soins!
LE JOURNAL DU JURA / SAMEDI 24 JUILLET 2010
PROLIFÉRATION La SPA d’Orpond héberge actuellement une soixantaine de chatons âgés de 2 à 3 mois. Joueurs, espiègles et câlins, ils savent aussi prendre du repos.
(SPART/STREUN)
SOCIÉTÉ DE PROTECTION DES ANIMAUX
COUP DE CŒUR
Tous ces minets abandonnés
Des chiens
encore très
énergiques
Entre soins, balades, entretien
et travail de sociabilisation, les
journées sont bien remplies au
Refuge Rosel. Le refuge
affiche complet. Près de
90 chats et 15 chiens y sont
actuellement accueillis. Parmi
eux, une soixantaine de
chatons. Un regain de travail
pour le personnel déjà fort
occupé.
«Les petits chats
nous donnent
davantage de
travail parce que
nous les
nourrissons cinq
fois par jour et
que nous
effectuons avec
eux un travail de
sociabilisation.»
MARJORIE SPART
T
out au bout du couloir
du Refuge Rosel à Orpond se trouve une pièce
un peu spéciale. Pourtant, elle est semblable aux autres: quelques mètres carrés
remplis d’arbres à chats et de
caisses à sable, moindre recoin
agrémenté de couvertures et autres paniers confortables, accès
à un espace extérieur, un poste
de radio allumé en continu. Sa
particularité? C’est une véritable nursery. Elle ne contient que
des chatons, issus des portées
d’avril et mai. Dès que le visiteur pénètre dans l’enclos, les
petits félins accourent en quête
de caresses et de jeux. Deux
chatons tigrés se lancent à l’assaut des pantalons de Tanja
Sägesser, une des gardiennes
d’animaux du refuge alors que
trois mistons noirs et tachetés
s’ébattent dans un carton de jeu
– spécialement conçu pour eux
– sous le regard ensommeillé
d’autres minets confortablement lovés au creux de douillettes couvertures.
«Nous avons près de 30 chatons ici et autant dans la salle de
Tanja Sägesser
CRAQUANTS Une soixantaine de chatons tous aussi mignons les uns que les autres attendent de trouver une
famille d’accueil!
(ADRIAN STREUN)
quarantaine, passage obligé
pour les nouveaux arrivants,
explique Tanja Sägesser. Les petits chats nous donnent davantage de travail parce que nous
les nourrissons cinq fois par
jour et que nous effectuons
avec eux un travail de sociabilisation.» En effet, la plupart de
ces félins arrivent à la Société de
protection des animaux dans un
état semi-sauvage. «Alors, pour
optimiser leurs chances d’être
adoptés, nous passons chaque
jour le plus de temps possible
avec eux, à les porter et les caresser, sourit la gardienne d’animaux. Une tâche plus agréable
que de nettoyer les caisses...»
A l’entrée de cette «pouponnière» se trouve une feuille répertoriant chaque minet par
son nom et indiquant ce qu’il
mange et s’il a besoin de prendre des médicaments. «Pour savoir ce que mange chacun
d’eux, nous leur apportons des
assiettes individuelles et assistons au repas. Certains petits
sont très chétifs et nécessitent
une nourriture spéciale pour les
remettre en forme», poursuit
Tanja Sägesser. Comment expliquer une telle abondance de
chatons abandonnés? «C’est la
faute à la nourriture industrielle qui est très riche et qui
permet ainsi aux chattes d’être
entre deux et trois fois en chaleur par année. C’est toujours
plus dur de placer autant de chatons, explique Ernest Schweizer,
vice-président de la Société de
protection des animaux BienneSeeland-Jura bernois. D’autre
part, les chats semi-sauvages
sont souvent nourris par les riverains. Il n’y a plus de sélection
naturelle. On ne peut pas les en
blâmer, mais ils feraient mieux
d’aller au bout de leur démarche
en les adoptant et de s’en occuper jusqu’au bout. Je ne répéterai jamais assez qu’il est nécessaire de stériliser les chats
lorsqu’on les adopte, c’est dur de
placer des chatons.»
La fin des vacances étant proche, c’est le moment idéal pour
accueillir un petit chat à la maison. «Lorsque les familles viennent nous voir, on leur présente
les chatons et on les conseille selon leur caractère. Si les personnes travaillent toutes la journée,
on leur suggère d’adopter deux
minets pour que ceux-ci ne
s’ennuient pas», précise Tanja
Sägesser.
Tigrés, tricolines, tachetés ou
noirs, ces petites boules de poils
sont à croquer et n’attendent
que de trouver un nouveau logis pour y couler des jours tranquilles.
L’appel est lancé! /MAS
«La Ville de Bienne a-t-elle un problème avec les animaux?»
L’argent manque cruellement à la
Société de protection des animaux
Bienne-Seeland-Jura bernois, comme
dans les autres sections. Pour tourner,
le refuge a établi des conventions avec
les communes de la région pour
prendre en charge les animaux trouvés.
«Dans ces conventions, un montant
forfaitaire est payé par la commune et à
la fin de l’année, si nous avons effectué
plus d’interventions pour la ville en
question, elle nous paie les frais
supplémentaires, explique Ernest
Schweizer, vice-président de la société.
La seule cité avec laquelle cela ne
marche pas, c’est Bienne. Depuis des
années, la Ville refuse de nous payer les
frais supplémentaires. Bienne a-t-elle
un problème avec les animaux?» Pour
le premier semestre 2010, la SPA a
effectué des interventions à Bienne
pour un montant de 45 000 fr. alors
qu’elle n’en a reçu que 35 000 fr.
La directrice écologiste de la Sécurité
et de l’énergie Barbara Schwickert
argue qu’il n’y a aucune raison
DÉÇU Ernest Schweizer fustige les
autorités biennoises.
(MARJORIE SPART)
d’augmenter la subvention accordée au
Refuge Rosel: «Notre budget est serré
et comme nous menons une politique
d’économies, il me semble difficile
d’élargir notre aide. D’autre part, nous
avons déjà augmenté la subvention
accordée à la SPA en 2008. De plus, la
société affiche des chiffres noirs. Nous
n’avons aucune obligation légale de leur
octroyer des moyens supplémentaires.
Les animaux trouvés sont désormais
une tâche cantonale, et plus municipale
comme c’était le cas avant la fusion des
polices.»
Les animaux, une tâche cantonale,
donc? A Berne, les choses ne sont pas
aussi claires. Sur le site internet de la
Direction de la police et des affaires
militaires du canton se trouve un
manuel des tâches de la police
communale. Dans ce dernier, il est écrit
que la personne ayant trouvé un animal
est tenue «d’en chercher le propriétaire
ou d’avertir l’autorité compétente».
Cette autorité compétente est désignée
par le canton. Pour Regula Reusser,
collaboratrice au service juridique de la
police cantonale, «le canton n’a qu’une
seule obligation légale: tenir à jour une
banque de données avec tous les
animaux trouvés. Nous allouons une
subvention au refuge d’Oberbottigen
pour qu’il assure ce service pour tout le
canton. Les personnes qui ont trouvé
un animal doivent s’adresser à ce
bureau. Le texte de loi ne va pas plus
loin. Aucune base légale n’explicite
clairement qui doit payer pour les
animaux placés dans les refuges.»
Lukas Berger, avocat à de la
Protection suisse des animaux, n’est
pas si catégorique: «Si un animal est
confisqué par le vétérinaire cantonal et
placé en refuge, c’est le canton qui paye
les frais. Si un quidam trouve un animal
perdu, c’est le refuge qui paye.
Finalement, si l’animal pose un
problème pour la sécurité publique ou
se met en danger lui-même, c’est la
Ville qui doit ouvrir le porte-monnaie.
Typiquement des cas de prolifération de
chats ou de canards perdus sur la voie
publique sont du ressort communal.»
L’article 552.1 du Règlement de la
police de la ville dit: «La police locale
assure (...) le maintien (...) de l’ordre
public contre les perturbations et les
dangers provoqués par des personnes,
des animaux ou des événements.»
Dans cette zone grise du règlement se
situe la question de savoir si des chats
semi-sauvages représentent un trouble
à l’ordre public. /mas
BEX Très énergique, il n’aime pas
rester seul.
(LDD)
Le Refuge Rosel accueille
une quinzaine de chiens qu’il
propose à l’adoption, et autant
sont en pension pour les vacances. «Le refuge est plein»,
souffle Tanja Sägesser, gardienne d’animaux, parlant du
quartier des chiens. Ceux-ci
peuvent s’ébattre dans de vastes enclos, «mais il est possible
pour les personnes intéressées
de venir les chercher pour une
balade dans l’après-midi». La
gardienne confie que leurs
pensionnaires ne restent en général pas trop longtemps.
«Nous n’avons que Kenzo, un
Shar Pei de 9 ans, et Bex, un
chien croisé de 8 ans, qui sont
là depuis plusieurs mois.
Kenzo s’entend bien avec ses
congénères et surtout avec les
enfants. Il est tellement triste
d’être ici, que nous cherchons
tous les moyens pour le placer.
Quant à Bex, c’est un petit
chien un peu plus difficile
parce qu’il n’aime pas rester
seul à la maison. Idéalement, il
aurait besoin d’une famille disponible et qui aime sortir. Car
Bex est très énergique, malgré
son âge!», conclut la gardienne,
qui aimerait vraiment que ces
deux lascars trouvent une famille où couler des jours heureux. /mas
KENZO Ce Shar Pei s’entend bien
avec les enfants.
(LDD)

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