Réponse à Lambert Wilson : la Marseillaise est un

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Réponse à Lambert Wilson : la Marseillaise est un
Réponse à Lambert Wilson : la Marseillaise est un
chant de guerre…et de liberté
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Pils - Rouget de Lisle chantant la Marseillaise Wikipedia Commons
FIGAROVOX/T RIBUNE- Jean-Philippe Huelin, maire adjoint de Lons-le-Saunier, ville de Rouget de
Lisle, déf end la Marseillaise, «expression populaire de cet élan civique qui promeut la nation
comme acteur de l'Histoire».
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Jean-Philippe Huelin est essayiste, professeur d'histoire-géographie, co-auteur avec Gaël Brustier
de Recherche le peuple désespérément et Voyage au bout de la droite. Il est également maireadjoint chargé des politiques culturelles à Lons-le-Saunier, patrie de Rouget de Lisle.
Le soleil cannois aurait-il déjà f rappé? Le maitre de cérémonie du f estival de Cannes aurait été
mieux inspiré en restant dans le registre du cinéma tant celui de l'histoire lui semble étranger. Ne
l'accablons pourtant pas, il n'est pas le premier, et malheureusement pas le dernier, à ânonner ces
sempiternelles bêtises sur la Marseillaise.
Non, Monsieur Wilson, les paroles de la Marseillaise ne sont pas «épouvantables, sanguinaires,
d'un autre temps, racistes et xénophobes»! Non, ces paroles ne sont pas «d'un autre temps»! La
langue de Rabelais est-elle de notre temps? La Marseillaise comme tout texte littéraire exige
seulement un ef f ort de recontextualisation de son écriture. Cet exercice ne devrait pas être
impossible au grand lecteur qu'est Lambert Wilson!
Précisons-le donc une f ois de plus, le «sang impur» de la Marseillaise n'est pas celui d'inf âmes
étrangers qui devraient rendre gorge d'avoir déf ié la Révolution f rançaise. Il est au contraire celui
des jeunes citoyens f rançais de l'an II qui peuvent enf in déf endre leur patrie et mourir pour elle en
versant leur «sang impur» comme disaient les nobles qui eux l'avaient «bleu». Le peuple peut
déf endre sa nation, voilà tout! Les révolutionnaires se sacrif ient pour répandre la liberté en
Europe contre les rois et les tyrans. La Marseillaise f ut l'hymne de tous les opprimés du XXe
siècle, de tous les peuples qui luttèrent pour leur liberté. Nulle xénophobie donc dans ce texte!
D'ailleurs un peu plus loin, Rouget de Lisle écrit:
«Français, en guerriers magnanimes
Portons ou retenons nos coups!
Épargnons ces tristes victimes,
A regret, s'armant contre nous!»
Pour autant, le cri de Lambert Wilson contre notre hymne national semble dire autre chose. Il f ait
chorus avec toute une pensée médiatique et of f icielle, de la droite libérale à la gauche boboïsée,
qui chantent les vertus de la diversité quand se pose la question de l'appartenance à une nation.
En ef f et, il est d'autant plus dif f icile de s'intégrer à une nation pour des immigrés que les élites
nationales daubent en permanence l'idée de nation. Or il est clair que pour appartenir il f aut
chercher du commun, du lien. Contre l'atomisation du tout-individuel, la nation doit être un ref uge
où peut s'épanouir ce qui nous rassemble ; si ce n'est pas l'histoire, ce peut être des principes,
des valeurs, des moments, des commémorations, des symboles, des chants…
La Marseillaise est l'expression populaire de cet élan civique qui promeut la nation
comme acteur de l'Histoire.
De la Marseillaise, on peut toujours en lire les paroles ou la chanter seul mais sa f orce est dans
le chœur et les cœurs qui se réunissent pour la chanter ensemble, ou l'écouter «religieusement».
Chant de guerre, elle est un cri de déf ense d'un «nous» contre un «eux». Il est primordial de le
rappeler. Sans l'armée de l'an II, pas d'application des droits de l'homme et du citoyen. Le Code
n'est rien sans le Glaive. La Marseillaise est l'expression populaire de cet élan civique qui promeut
la nation comme acteur de l'Histoire. A cet égard, on comprend mieux que, dans une France que
d'aucuns veulent apaisée et presque endormie, les paroles de ce chant guerrier puissent écorcher
des oreilles devenues trop sensibles.
Que certains, par provocation, entrainement ou aveuglement, la sif f lent parf ois lors de certaines
rencontres f ootballistiques n'est qu'un des signes de sa vitalité. Que des élus ou des artistes
méconnaissent à ce point les mots et l'histoire est plus gênant car l'amour de la patrie n'est
jamais que l'accomplissement d'un parcours de connaissances et d'émotions pour chaque individu
à qui l'on apprend à s'élever au rang de citoyen. Je pense que la Marseillaise participe toujours
pleinement de cette ambition, tout du moins le devrait-elle.
Parce que La Marseillaise vaut bien un timbre

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