Asthme chez le chat

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Asthme chez le chat
Asthme chez le chat
Par le Docteur Alexandra GABRIEL
Service de Médecine, CHV FREGIS
L’asthme félin (bronchite féline) est une maladie broncho-pulmonaire importante du chat.
A l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement curatif. L’anamnèse, les signes cliniques, les
observations radiographiques et la réponse au traitement sont les éléments clés du diagnostic.
Causes de l’asthme félin
Un chat sensibilisé à un aéroallergène (voire plusieurs) subit des conséquences pathologiques variables suite à l’exposition répétée au même allergène: inflammation respiratoire,
hypersécrétion de mucus, bronchoconstriction intermittente et réversible et également des
modifications permanentes de l’architecture pulmonaire.
Signalement
La maladie peut atteindre des chats de tout âge. Les siamois semblent prédisposés.
Examen et signes cliniques
Les propriétaires décrivent souvent des épisodes intermittents de toux, de difficultés (dyspnée) et bruits respiratoires. Entre ces crises et au repos les chats asthmatiques paraissent
fréquemment asymptomatiques. L’examen clinique peut être tout à fait normal. Les signes
cliniques rencontrés incluent : respiration rapide (tachypnée), dyspnée (surtout à l’expiration) (figure 1), présence de crépitements fins et de sifflements à l’auscultation. Dans les cas
modérés, les crépitements ne sont audibles que lors du déclenchement d’une quinte de
toux à la palpation de la trachée.
Examens complémentaires
• Analyses sanguines
Il n’y pas d’anomalie sanguine spécifique de la maladie. Le bilan hématologique permet
parfois d’identifier une augmentation de certains globules blancs (les éosinophiles). Les
chats ayant séjournés dans les zones à risque de maladie parasitaire (dirofilariose) doivent
faire l’objet d’une recherche sérologique de la maladie.
• Analyses des selles
Une analyse des selles (technique spéciale, appellée de Baermann) est nécessaire chez
les chats sortants du domicile afin d’écarter une infection respiratoire par le parasite Aelurostrongylus.
• Examens d’imagerie
Les radiographies thoraciques (figure 2) permettent d’écarter d’autres maladies respira
toires ou thoraciques, comme une tumeur, un épanchement pleural ou une infection et de
mettre en evidence des anomalies bronchiques et péribronchiques. Fréquemment, l’examen radiographique apparaît normal.
En pratique, la combinaison de l’examen clinique, sanguin, radiographique et éventuelle
ment des selles permettent de conforter le diagnostic de bronchite féline. A ce stade, un
traitement peut être mis en place. La réponse aux anti-inflammatoires stéroïdiens peut être
considérée comme un test diagnostic et doit être nécessairement excellente.
• Bronchoscopie et lavage broncho-alvéolaire (LBA)
L’examen bronchoscopique permet de poser un diagnostic de certitude et d’adapter au
mieux le traitement. Il vise à écarter d’autres causes de toux et/ou dyspnée (corps étranger, infection bactérienne, tumeur, parasitose) et à mettre en évidence des anomalies
fréquentes lors de bronchite allergique (figure 3): hypersécrétion de mucus, irrégularité de
la muqueuse, cellules inflammatoires éosinophiliques dans le liquide de LBA.
Traitement de l’asthme félin
A l’heure actuelle, la guérison n’est envisageable qu’en cas d’identification et élimination
de l’allergène en cause ce qui la plupart du temps est utopique. Un traitement chronique
médical et monitoring régulier sont nécessaires afin de réduire les symptômes et contrecarrer les modifications permanentes bronchiques. Les recommandations thérapeutiques
incluent des modifications environnementales, des anti-inflammatoires stéroïdiens et des
bronchodilatateurs.
En pratique, l’exposition à des agents irritants tels les poudres, litière poussiéreuse, aérosols
ou fumée de cigarettes doit être évitée. Des filtres à air ambiant peuvent aider chez les
chats vivant en appartement.
Les anti-inflammatoires stéroïdiens sont conseillés dans le traitement au long cours pour interrompre le cycle inflammatoire à l’origine des lésions bronchiques irréversibles. Ils peuvent
être administrés par voie orale, par voie injectable ou par inhalation (uniquement en traitement chronique, figure 4). Le traitement devra être adapté à la réponse thérapeutique.
Enfin, certains animaux nécessitent un traitement de maintenance à la plus petite dose
efficace.
Les bronchodilatateurs sont indiqués chez les chats présentant des crises de bronchoconstriction (traitement ponctuel de la crise d’asthme). Leur usage n’est pas recommandé en
monothérapie car ils n’agissent pas sur l’inflammation.
Les antibiotiques ou antiparasitaires sont principalement indiqués dans les cas où une surinfection bactérienne ou infection parasiatire est suspectée ou confirmée.
Références
1. Gabriel A (2010). Pneumonie éosinophilique chez le chat. Proceedings du congrès Chat
Arcachon, Arcachon, France.
2. Gabriel A and Hernandez J (2009). Asthme félin: immunologie, réactivité de l’arbre bronchique et traitement. L’essentiel 148 : 20-24.
3. Padrid P (2009). Chronic bronchitis and asthma in cats. In : Kirk’s Current Veterinary Therapy XIV (Bonagura JD et Twedt DC), Saunders Elsevier, St.Louis, 650-8.
Les points importants
La bronchite chronique féline est une inflammation des voies respiratoires qui est due une réaction d’allergie à des allergènes inhalés.
Le signe clinique le plus fréquent est la toux. Dans les cas plus graves, des difficultés respiratoires
apparaissent.
Le diagnostic repose sur l’exclusion d’autres causes de toux et sur une réponse excellente à
l’administration de corticoïdes.
Les glucocorticoïdes, par voie inhalée ou systémiques représentent la pierre angulaire du traitement.
Chat en dyspnée, respirant la bouche ouverte et à langue cyanosée
Radiographie thoracique latérale montrant des anomalies bronchiques et péribronchiques importantes
Inhalations par AeroKat
Image endoscopique de bronches : on
observe la présence d’un flocon et d’une
bride de matériel muco-purulent, ainsi
qu’une muqueuse enflammée.