Thomas Lange, Georg Büchner in Frankreich

Transcription

Thomas Lange, Georg Büchner in Frankreich
Francia­Recensio 2016/2
19.‒21. Jahrhundert ‒ Époque contemporaine
Thomas Lange, Georg Büchner in Frankreich. Vom »französischen Hamlet« zum Instrument »gelungener Collaboration«. Wahrnehmung und Wirkung 1845–1947, Marburg (Jonas Verlag) 2015, 127 S., zahlr. Abb., ISBN 978­3­89445­
509­5, EUR 20,00.
rezensiert von/compte rendu rédigé par
Jacques Le Rider, Paris
La première trace d’une réception française de Georg Büchner se trouve chez Saint­René Taillandier qui évoque en 1845, dans la »Revue des Deux Mondes«, »l’auteur éloquent d’un beau drame sur la mort de Danton«. Mais Taillandier, un conservateur, ne dira plus un mot de Büchner par la suite. En 1854, la »Revue britannique« publie un résumé du tableau de la littérature allemande contemporaine de Julian Schmidt, où Büchner est présenté au passage comme un talent précoce oscillant entre enthousiasme et scepticisme. En 1868, Jules Claretie présente Büchner, sans le connaître précisément, comme un symbole de la vitalité culturelle de l’Allemagne que la France devrait d’urgence »rattraper« pour ne pas subir un »Sadowa de l’intelligence«. Après sa rencontre avec Auguste Dietrich, traducteur de »La Mort de Danton« (cf. le chapitre bien documenté sur Dietrich, traducteur et bon connaisseur de la littérature allemande, p. 31–­34), Claretie publie en 1878 la première étude bien documentée sur Büchner dans le feuilleton de »La Presse« (rubrique »Revue théâtrale«) intitulé »Drames allemands sur la Révolution française«. La publication des »Œuvres« attendra 1889, l’année du centenaire de la Révolution.
Paul Ginisty, auteur d’un compte rendu élogieux des »Œuvres« de Büchner en juin 1889 dans »Gil Blas«, songe en 1896 à mettre »La Mort de Danton« au programme de l’Odéon, dont il vient de prendre la direction, mais ce projet n’aboutit pas – Thomas Lange estime que la censure théâtrale aurait pu y faire obstacle, mais cette hypothèse ne s’appuie sur aucun document. La création française de cette pièce n’arrivera qu’en 1948, grâce à Jean Vilar – mais l’étude de Thomas Lange s’arrête en 1947 et renvoie pour plus d’informations au livre de Jean­Louis Besson sur Büchner publié en 1992.
L’intérêt d’Antonin Artaud pour Büchner, en particulier pour »Woyzeck«, suscité par une traduction – due principalement à Bernard Groethuysen, mais aussi à Jean Paulhan et Jean Bucher – publiée dans »Commerce«, se heurte aux réticences de Louis Jouvet en 1931/1932. La production de »Woyzeck« est sans doute aussi entravée par celle de l’opéra d’Alban Berg, représenté à Bruxelles en traduction française en 1932, qui remporte un grand succès. Le »Woyzeck« de Büchner ne sera finalement représenté qu’en 1946 au Vieux­Colombier et à la Gaîté Montparnasse – sur ce point, l’étude renvoie au livre sur Büchner de Jean­Louis Besson publié en 2002.
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Après avoir constaté que le numéro spécial des »Cahiers du Sud« consacré en mai–juin 1937 au romantisme allemand inclut une nouvelle traduction de »Lenz« par Albert Béguin, en vertu d’une acception particulièrement large de la notion de romantisme, Thomas Lange consacre un des chapitres les mieux documentés de son livre aux productions radiophoniques de pièces de Büchner: Radio Strasbourg diffuse »Woyzeck« sous le titre »Le Soldat François« en octobre 1938. En août 1939, Radio Paris diffuse »La Mort de Danton« traduit et adapté par Richard Thieberger.
L’ouvrage s’achève sur la confrontation spectaculaire de deux situations historiques opposées dans lesquelles l’œuvre de Büchner est mise au service de la politique culturelle. Dans le cadre d’une tentative de récupération de Büchner pour la »Collaboration artistique« Radio­Paris diffuse en février 1941, »Léonce et Léna, comédie en dix tableaux de George Büchner« (sic »Le Matin«), dans une traduction de Michel Arnaud, puis, le 4 mai 1941, après »La Damnation de Faust« de Berlioz, »La Mort de Danton«, adaptée par le même M. Arnaud. Dans la zone française d’occupation en Allemagne, Büchner fait partie, comme Heine, des auteurs allemands promus au titre de la politique de rééducation (Umerziehung) démocratique.
Cette histoire de la réception française de l’œuvre de Büchner en France est une mine d’informations que l’auteur sait mettre en perspective de manière convaincante. Elle trouve cependant ses limites dans sa tendance à isoler la réception française de Büchner de celle de la littérature allemande dans son ensemble et de l’histoire des transferts culturels franco­allemands.
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