sa politique salariale - Ad Valorem Coiffure Express

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sa politique salariale - Ad Valorem Coiffure Express
Entretien avec M. SAHLY sur le thème de la politique salariale
Monsieur SAHLY est le créateur de la marque Ad Valorem Coiffure. Il
est celui qui a imaginé, conçu et mis en œuvre le concept de coiffure
express tel qu’il est exploité actuellement par la société Ad Valorem
France. Il nous reçoit aujourd’hui pour parler de la politique salariale de
cette entreprise.
M. SAHLY, Bonjour. Je crois savoir que, chez Ad Valorem Coiffure, la gestion
des ressources humaines est au cœur de votre business model. Pouvez-vous
nous en dire un mot ?
Effectivement, le recrutement et la gestion de notre personnel est au centre de nos
préoccupations. Chez nous, on n’a de cesse de dire que des salariés heureux font
des clients heureux. Nous voulons être avant-gardistes sur le sujet de la politique
salariale. Nous avons tout un ensemble de dispositifs pour attirer et garder les talents.
Nous essayons de réunir des équipes soudées et expérimentées, aux compétences
complémentaires.
Êtes-vous concernés par les difficultés de recrutement que connaissent
beaucoup d’enseignes ?
Recruter du personnel qualifié est le grand problème dans le secteur de la coiffure,
notamment en Ile de France. Les entreprises du secteur se battent pour embaucher et
pour garder les meilleurs employés. Il y a en fait un déséquilibre entre offre et
demande de main d’œuvre qualifiée, en faveur des salariés. Et à cette contrainte vient
s’ajouter une difficulté de pérennisation des emplois. En effet, le taux de démissions
est extrêmement élevé, au regard de la moyenne des autres secteurs d’activité. Parmi
les salariés quittant un établissement de coiffure, plus d’un sur trois le fait en
démissionnant. La déperdition de salariés chez certaines enseignes est telle que
certains salons sont en recherche quasi permanente de coiffeurs d’expérience. Cela
implique que l’on doive considérer la question du recrutement et de la fidélisation de
nos coiffeurs comme une top priorité.
J’ai une question subsidiaire. Ne pensez-vous pas que le taux élevé de rotation
de la main d’œuvre dans la profession reflète tout simplement des conditions
salariales insuffisantes, au regard de la difficulté du métier de coiffeur au
quotidien ?
Il est vrai que les coiffeurs ne font pas un métier facile. Ils se retrouvent dans des
stations debout prolongées. Ils évoluent dans un environnement sonore bruyant. Ils
sont en contact permanent avec des produits irritants pour la peau et des produits
allergisants pour les voies respiratoires, ce qui provoque souvent des eczémas, de
l’asthme et d’autres pathologies. A tel point que le taux de maladies professionnelles
reconnues pour la population salariale du secteur de la coiffure est 5 fois supérieur à
celui de l’ensemble des salariés tous secteurs confondus. C’est énorme.
Chez nous, de par la nature même de notre concept, nos salariés ne sont quasiment
pas concernés par l’ensemble de ces difficultés. Ils ne sont pas en contact avec des
produits irritants ou allergisants. Ils évoluent dans un environnement sonore et olfactif
agréable. Et puis, nos coiffeurs sont considérés et appréciés à leur juste valeur, à
savoir comme des maestros du ciseau à qui on ne donne pas de consignes strictes et
autoritaires. Ils bénéficient d’une large autonomie parce qu’on fait confiance à leur
savoir faire et à leur dextérité. Et comme nos gérants sont de véritables producteurs
chez nous, leur relation avec les salariés est beaucoup moins formelle, puisqu’ils font
le même boulot au quotidien. Enfin, on essaye d’avoir, avec de petites équipes, une
bonne ambiance générale dans nos salons. Nous voulons des salariés qui se sentent
bien dans leur peau. Et je vais vous dire, nous allons même jusqu’à essayer d’intégrer
le critère transport de nos salariés dans le choix des secteurs cibles d'implantation de
nos salons. Ce n’est pas toujours facile à faire, mais cela montre jusqu’où peut aller
notre réflexion sur le sujet du bien être de nos salariés.
Mais s’il est vrai que les coiffeurs expérimentés arrivent à trouver plus ou moins
facilement du travail, il est aussi incontestable que, pour beaucoup de jeunes
diplômés, trouver un emploi reste difficile.
Oui, l’insertion professionnelle des jeunes diplômés reste une véritable difficulté, c’est
vrai. Les coiffeurs débutants trouvent moins rapidement un travail que les autres et
lorsque c’est le cas, c’est très souvent pour être cantonné au nettoyage, au balayage,
au shampoing, sans véritablement pouvoir pratiquer le métier de la coiffure. Et c’est
un cercle vicieux parce que tant qu’on ne leur donne pas leur chance, ils n’ont pas
d’expérience suffisante, et sans expérience on ne leur donne pas leur chance.
Chez nous, jeunes et moins jeunes sont tous logés à la même enseigne. Personne
n’est préposé aux corvées de nettoyage. Chacun est responsable de la propreté de
son espace de travail, y compris le gérant qui effectue des coupes comme le reste
des salariés. Il y a donc un partage de la corvée plus équitable. Et puis, l’essentiel du
nettoyage est effectué tout au long de la journée, c’est moins rébarbatif. Les
instruments de travail, les sièges, le sol, les plans de travail, tout est nettoyé avant
l’accueil de chaque client.
Vous avez parlé tout à l’heure, en évoquant la pérennisation de l’emploi, de
fidélisation de vos salariés. Pouvez-vous développer un petit peu ?
Pour éviter le risque de turn-over des employés d’expérience, notre recette est simple.
D’abord leur offrir de bonnes conditions de travail, bien sûr. Il faut les chouchouter.
Mais il faut aussi et surtout leur donner de réels motifs de s’investir à long terme. Il est
clair que l’absence de perspective d’évolution professionnelle est un frein à la
stabilisation des salariés dans la profession et à leur épanouissement. Chez Ad
Valorem Coiffure, nous proposons à nos employés une perspective d’évolution de
carrière unique. Une évolution dont le but ultime est de devenir, à terme, son propre
patron et détenir son salon à l’intérieur de notre réseau.
Il faut savoir que beaucoup de jeunes, et de moins jeunes d’ailleurs, rêvent d’ouvrir
leur salon. Mais ils sont découragés par les contraintes juridiques, administratives et
surtout par le coût exorbitant du ticket d’entrée. Ils n’arrivent pas à obtenir les
financements nécessaires, vu le risque inhérent au démarrage de toute activité. Et
s’ils se tournent vers la franchise, les montants à débourser sont encore plus
importants. Pour ouvrir un salon franchisé, il faut habituellement débourser entre
60.000€ et 130.000€ en fonction de l’enseigne, hors pas de porte ou acquisition de
fond de commerce. Dans notre réseau, tout a été fait pour réduire de manière
significative le montant de l’investissement de départ, pour qu’il soit adapté à la
situation financière de nos employés. Et puis, le salarié qui a passé au moins 2 ans à
gérer un de nos salons avec succès se voit beaucoup plus facilement obtenir les
financements nécessaires pour se lancer à son propre compte. D’abord parce qu’il a
déjà fait ses preuves et surtout parce que l’investissement est beaucoup moins risqué,
puisque destiné à reproduire exactement la même activité que celle dont il avait la
responsabilité auparavant.
Le secteur de la coiffure va devoir faire face à l’accélération des départs en
retraite, beaucoup de salons de coiffure seront à céder. N’est ce pas une
opportunité pour les jeunes ?
Il y aura près de 20 000 entreprises à céder dans les 10 prochaines années suite à
ces départs en retraite. C’est beaucoup, ça représente 30% de l’ensemble des
établissements de coiffure. Mais il n’est déjà pas facile aujourd’hui de trouver des
repreneurs pour les salons de coiffure, alors qu’en sera-t-il demain lorsque l’offre sera
pléthorique ? Je ne pense pas que les jeunes coiffeurs, aux faibles revenus, pourront
acheter des fonds de commerce extrêmement chers. On pourrait imaginer le rachat
de ces salons par des investisseurs, mais là encore ce ne sera pas facile. Parce que
chaque établissement d'une entreprise de coiffure doit désormais être placé sous le
contrôle effectif et permanent d'un coiffeur, titulaire du brevet professionnel ou d’un
équivalent. La notion de gérant technique n'existant plus sur le plan légal, peu de
personnes accepteraient d’investir, sans être aux commandes, dans une activité dans
laquelle l’argent est échangé de la main à la main.
Et pourtant, vous faîtes bien appel aux investisseurs pour le développement de
votre enseigne.
Nous, la solution que nous avons trouvée pour séduire les investisseurs, c’est de leur
apporter un maximum de sécurité et bien sûr un rendement élevé. La première des
sécurités pour nos investisseurs, c’est que dans notre concept, il n’y a pas d’argent
liquide qui circule sans passer par une machine qui permet de tout vérifier. Et puis on
a mis en place une organisation dans laquelle tout est facilement contrôlable.
L’investisseur peut connaître à tout moment, même à distance via internet, les
horaires d’ouverture et de fermeture du salon, les horaires et l’efficacité de chaque
salarié, le chiffre d’affaires en temps réel etc. Enfin, chez nous, la marge commerciale
pratiquée est suffisamment importante pour pouvoir offrir aux investisseurs un
rendement élevé, dans le cadre bien sûr d’un partage équitable de cette marge entre
clients, salariés et actionnaires. C’est au couple rendement/risque que sont sensibles
les investisseurs et dans notre concept, nous avons réussi à maximiser ce ratio.
Propos recueillis par François BELOT