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Date : 04/06/13
Monaco, éternel honni du foot français
7 titres de champion de France, 5 coupes de France et une finale de Ligue des champions.
Longtemps, Monaco aura porté le football français sur ses épaules. Chose que le football
français ne lui a jamais rendu. Contesté - peut-être depuis toujours - pour son statut d'expatrié,
l'ASM l'est d'autant plus aujourd'hui pour son statut de super-puissance économique. Retour sur
un désamour qui a toujours eu ses raisons.
« On ne peut pas, comme ça, impunément jeter en pâture des millions et des millions d'euros
à la face du football français. » Quand Jean-Jacques Rousselot dégueule sur l’AS Monaco et
son défaut d’« humilité », c’est avant tout une question de survie. Le dirigeant de l’AS Nancy
Lorraine, fraîchement relégué en Ligue 2, verrait, justement, d’un bon œil une suspension
de l’ASM, auquel cas Nancy pourrait éventuellement passer une saison de plus dans l’élite.
Seulement Rousselot n’est pas la seule grande gueule à s’élever contre Monaco, ses pépètes
et son régime fiscal. Par attentisme parfois – comme le fait si bien le patron lorrain – par « souci
d’équité » aussi, car c’est bien de cela dont il est surtout question.
On refait l’histoire : le 21 mars dernier, le conseil d’administration de la LFP accouche d’un
nouveau commandement. A compter de juin 2014, tout club évoluant dans un championnat
professionnel français sera obligé de siéger sur le territoire. Comprenez, l’ASM doit quitter
le Rocher et son paradis fiscal pour s’acquitter des charges et autres cotisations sociales
et patronales françaises, ainsi que de la très prochaine taxe à 75% annoncée par François
Hollande. La Ligue entend ainsi mettre tous les clubs français sur le même piédestal. Et les
dirigeants approuvent. « Il est temps de remettre en cause des avantages dépassés », appuie
Jean-Michel Aulas. « Ils peuvent revenir en L1 sans problèmes mais il faut qu’ils fassent
des efforts », renchérit Vincent Labrune. « C’est une question d’ordre éthique et moral. Il est
inacceptable que la distorsion économique et fiscale en faveur de l’AS Monaco perdure »,
peste Michel Seydoux. La croisade égalitaire est légitime certes, mais son timing (pourquoi
maintenant et pas avant?) est tout aussi « faux-cul ». La vérité est ailleurs : l’ASM, son nouveau
proprio – aka Dimitry Rybolovlev, 100e fortune mondiale, 7 milliards d’euros de patrimoine –
et ses prétentions européennes agacent. Avec le Paris Saint-Germain, déjà hégémonique en
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Ligue 1, Monaco, tout juste promu, est fatalement voué à écraser le championnat de France. A
une différence près : le PSG, lui, est intouchable. D’ailleurs Triaud le fait très bien remarquer : «
On peut dire ce qu’on veut sur Paris, mais ils sont soumis aux mêmes règles que moi au moins !
» La tare est toute trouvée pour Monaco : l’expatriation fiscale comme gage d’iniquité.
Préférence nationale
Cette fronde contre Monaco et ses facilités fiscales n’est pas tellement nouvelle dans le
paysage du football français. Depuis 1933 et sa première apparition en championnat de D2
– soit 80 ans aujourd’hui – l’ASM aura plus d’une fois alimenté le débat sur sa « francitude »,
souvent à des moments-clés ou pour des raisons bien singulières. En février 1958 déjà, alors
que Monaco était leader de D1, le sénateur des Alpes-Maritimes, Léon Teisseire, adressait
une lettre ouverte au ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, René
Billères, dans laquelle il l’invitait à prendre en considération « l’absurdité » que représenterait
l’attribution d’un titre de champion de France à Monaco. « Ce championnat de Première division
se terminera par l’attribution du titre de champion de France. Au surplus, l’équipe classée
première aura la charge de représenter la France dans la grande compétition qui suivra, de
la Coupe Européenne des Champions.(…) On pourrait, par exemple décider d’ores et déjà
que c’est le club français classé en tête de la Division qui recevrait le titre de Champion de
France, et qui serait appelé à la représenter dans les compétitions internationales », suggérait
alors l’élu. Trois mois plus tard, Monaco terminait finalement troisième du championnat derrière
Reims et Nîmes évitant aux politiques un embarras pas franchement bienvenu. Toutefois, le mal
est dit : « Monaco n’est pas un club français ».
La question est soulevée, à nouveau, quatre ans plus tard, sur fond de conflit francomonégasque. Dans la nuit du 23 au 24 janvier 1962, le prince Rainier, alors souverain du
Rocher venait de remercier son ministre d’Etat, le Français Emile Pelletier, ancien ministre
de l’Intérieur de Charles de Gaulle. La manœuvre de Rainier suivait de près la prise de
contrôle par l’Etat monégasque de la Radio Monte Carlo, précédemment sous contrôle
français. Elle traduisait surtout l’intention du prince d’ériger un paradis fiscal à Monaco, pour
attirer des citoyens français désireux de s’affranchir de leurs impôts. Une manœuvre que la
France de De Gaulle vivra comme un affront et qui amènera, au mois d'octobre de la même
année, au rétablissement de la frontière franco-monégasque. Bref, c’est dans cette ambiance
électrique que le député de la Loire, Lucien Neuwirth adressera cette question manuscrite au
ministre de l’Education, Pierre Sudreau : « Est-ce que, étant donné les nouvelles conjonctures
diplomatiques régissant les rapports entre la principauté de Monaco et le Gouvernement
français, l’équipe monégasque de football sera maintenue dans la nomenclature des équipes
françaises ? » Réponse des dirigeants monégasques, mis au parfum : « Il n’est pas question
que l’AS Monaco puisse être éliminée du championnat de France, surtout au profit d’un club qui,
cette saison, n’a pas su garder sa place en Première Division. » Comprenez là qu’il s’agit là de
l’ASSE, 17e de D1 et relégué en fin de saison en D2. Saint-Etienne, dont Lucien Neuwirth n’est
autre que le maire-adjoint et député. CQFD.
Au nom du fisc
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Jusque-là, la question fiscale – du moins celle de l’ASM – aura toujours été passée sous
silence. Il faut attendre 2003 pour entendre les premiers blâmes à l’égard de la fiscalité de club
du Rocher. Ils viendront – on vous le donne dans le mille – de Jean-Michel Aulas, Christophe
Bouchet, alors président de l’OM, et Gervais Martel (Lens), soit des trois fers de lance du piedballe français. A l’époque Monaco est leader de Ligue 1 (forcément), Lyon et Marseille ses
dauphins. Le moment que choisit Bouchet pour agiter le spectre de « la concurrence déloyale
», reprochant notamment à Monaco de « prendre une place européenne aux clubs français ».
Tous les arguments y passent : argent, impôts, fibre nationale… Un plaidoyer qui ne trouvera
pas d’écho auprès de la LFP et la FFF. Monaco terminera finalement deuxième, derrière Lyon…
et devant Marseille. Pour Bouchet, la pilule passe mal. « Je pense que Marseille a fini 2e parce
que Monaco n’a rien à faire dans le championnat français », dégaine-t-il dans les colonnes de
L’Equipe. Ballot, quand on sait qu’un an plus tard, Monaco emmènera la France en finale de la
Ligue des Champions pour la première fois en onze saisons.
Bref, tout cela pour soulever une évidence : la problématique monégasque est rabâchée à
chaque fois que le club du Rocher se porte bien, ou – à défaut – à chaque fois que cela peut
servir une cause. Cette saison ne déroge finalement pas à la règle. Seulement aujourd’hui,
c’est l’instance même du football professionnel français qui s’attaque au « problème ». Cette
fois, la raison, à l’instar d’il y a dix ans, est fiscale. Mais compte tenu des paramètres actuels
– comprenez, les nouvelles ressources de l’ASM – le fossé entre les clubs de l’Hexagone
et Monaco risque d’être encore plus conséquent qu’il y a dix ans. « Monaco a des charges
sociales salariales et patronales qui sont plafonnées, explique François-Xavier Lafarge, avocat
fiscaliste du cabinet WTS . Ce qui fait qu’à des niveaux de salaires très élevés, on paye autant
de charges qu’un salarié qui gagnerait 50 fois moins. » Oui mais voilà, ce que l’on sait peutêtre moins, c’est que, d’après une convention fiscale ratifiée en 1963 par la France et Monaco,
un Français résident sur le Rocher reste soumis au régime fiscal français. Ce qui implique
que l’ASM paye autant de charges pour ses joueurs français que n’importe quel autre club de
l’Hexagone.
Racket ou mendicité ?
Le principal avantage de Monaco réside dans les recrutements de joueurs étrangers. « Pour un
joueur étranger résident à Monaco, le club ne va payer aucune charge, explique Lafarge. Alors
forcément, cela va être plus avantageux pour l’ASM de recruter à l’étranger. » A titre d’exemple,
pour un joueur comme Zlatan Ibrahimovic, dont les émoluments sont estimés à près de 14
millions d’euros, Paris débourse – en plus du salaire du Suédois – « 13,5 millions d’impôts sur
le revenu, 6 millions de charges sociales salariales et 11 millions de charges patronales » soit,
en tout, 45 millions d’euros annuels. « Si la taxe Hollande devait être validée par le Parlement
en 2014, on serait sur du 58 millions ». Alors que dans le même temps, Monaco plafonnera à
14 millions pour Falcao, soit le montant de son salaire net. Cela vous donne une idée de ce que
signifie Seydoux par « distorsion économique ».
Morale de cette histoire…et bien il n’y en a pas. Quand par exemple Le Graët et Thiriez jouent
les marchandeurs en réclamant 200 millions d’euros pour bénir l’exil fiscal monégasque, on ne
saurait dire si cela tient du racket ou de la mendicité. Mais il est vrai que quitte à « impunément
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jeter en pâture des millions » autant qu'une partie ça aille directement sur le compte en banque
de la Ligue.
Par Joshua Lekaye
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