L`hormonothérapie substitutive ou la supplémentation en vitamines
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L`hormonothérapie substitutive ou la supplémentation en vitamines
L’hormonothérapie substitutive ou la supplémentation en vitamines anti-oxydantes n’empêche pas la progression de l’athérosclérose coronarienne chez la femme après la ménopause Les effets bénéfiques des oestrogènes sur les lipides sanguins, l’oxydation du cholestérol LDL et la fonction vasculaire sont bien documentés. Aussi, la publication depuis les années 90 d’observations cliniques mettant en avant une diminution du risque cardiovasculaire, et plus particulièrement coronarien, sous l’effet d’une hormonothérapie substitutive chez la femme ménopausée, ne constituait pas un événement surprenant. Néanmoins, ni les études randomisées contre placebo, ni la vaste étude de prévention Women’s Health Initiative récemment publiée, n’ont retrouvé ces effets bénéfiques. Cette dernière étude a même dû être prématurément interrompue en raison en particulier de l’augmentation des risques d’accidents coronariens. De façon similaire, si les vitamines antioxydantes sont supposées prévenir, au moins en partie, les mécanismes de l’athérogénèse, les essais cliniques jusque là rapportés n’ont pas permis de dégager d’effet bénéfique clair sur la pathologie coronarienne. Les auteurs de l’étude Women’s Angiographic Vitamin and Estrogen Trial, conduite sur une population de femmes ménopausées nord-américaines, se sont proposés d’analyser l’influence d’une hormonothérapie substitutive ou d’une supplémentation en vitamines anti-oxydantes, administrées seules ou combinées, sur la progression de l’athérosclérose coronarienne. Il s’agit d’une étude multicentrique randomisée, en double aveugle, portant sur 423 patientes âgées en moyenne de 65 ans, présentant une atteinte coronarienne documentée (au moins une sténose comprise entre 15 et 75% objectivée à l’angiographie réalisée en début d’étude). Les participantes, réparties en 4 groupes (voir tableau ci-dessous), ont reçu un traitement comportant un œstrogène conjugué (0,625 mg/j), additionné d’acétate de médroxyprogestérone (2,5 mg/j) pour les femmes nonhystérectomisées, et/ou un supplément vitaminique constitué de 400 UI de vitamine E et 500 mg de vitamine C et/ou un placebo. Il faut préciser que la plupart de ces patientes étaient atteintes d’obésité (indice moyen de masse corporelle 30,7), que près de 60% d’entre elles recevait un traitement hypolipémiant et près de 85% de l’aspirine. Par ailleurs, environ 75% des patientes étaient hypertendues et un tiers Paramètre ou événement Placebo/ Placebo Diamètre minimum de la lumière coronaire (∆mm/an) était considéré comme diabétique. Ajoutée aux examens cliniques réalisés de façon régulière, une angiographie de fin d’étude a pu être effectuée chez 320 patientes au bout de 2,8±0,9 années de traitement dans des conditions similaires à celles de départ. Si le traitement hormonal substitutif s’est traduit par une baisse du cholestérol LDL et une augmentation de la fraction HDL, une évolution péjorative des lésions coronariennes a été constatée. En effet, une diminution du diamètre minimal de la lumière coronaire au niveau de la sténose de 0,047± 0,15 mm/an était observée chez les sujets qui avaient reçu l’hormonothérapie avec ou sans vitamines, alors que celle-ci n’était que de 0,010±0,15 mm/an dans le groupe qui n’avait reçu que des placebos. Lorsque les patientes décédées de complications coronariennes étaient prises en compte dans l’analyse statistique, une augmentation significative du risque était constatée dans le groupe traité. Les mêmes tendances étaient notées dans le groupe supplémenté en vitamines anti-oxydantes, sans que les résultats n’atteignent le seuil de signification. Quatorze décès ont été constatés chez les patientes ayant reçu une hormonothérapie contre 8 parmi celles qui n’en avaient pas reçu. Au total, 26 événements majeurs incluant décès, infarctus non-fatals ou accidents vasculaire cérébraux ont été recensés chez les patientes qui avaient reçu un traitement hormonal contre 15 parmi celles qui n’en avaient pas reçu. Les mêmes tendances étaient observées chez les patientes prenant un supplément vitaminique comparativement à celles qui n’en recevaient pas. Ce travail démontre donc que ni l’hormonothérapie substitutive, administrée selon les modalités de cette étude, ni les suppléments vitaminiques anti-oxydants ne semblent capables de ralentir la progression de l’athérosclérose coronarienne établie chez la femme ménopausée. Les caractéristiques des patientes incluses dans cette étude, les traitements administrés ainsi que leur posologie, posent cependant la question de l’extrapolation des résultats à l’ensemble de la population féminine, et en particulier en dehors du territoire nord-américain. HTS/ Placebo Placebo/ Vitamines HTS/ Vitamines -0,010±0,15 -0,048±0,14 -0,042±0,15 -0,046±0,16 Total des décès 2 4 6 10 Décès cardiovasculaires 2 2 4 6 Décès, Infarctus non-fatal, ou Accident vasculaire cérébral 5 11 10 15 G. Hamon Consultant scientifique Waters DD, Alderman EL, Hsia J, Howard BV, Cobb FR, Rogers WJ, Ouyang P, Thompson P, Tardif JC, Higginson L, Bittner V, Steffes M, Gordon DJ, Proschan M, Younes N and Verter JI : Effects of hormone replacement therapy and antioxidant vitamin supplements on coronary atherosclerosis in postmenopausal women. A randomized controlled trial. JAMA,2002; 288: 2432-2440 ©2002 Successful Aging SA Af 85-2002