Deux gamins à côté des « twins »

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Deux gamins à côté des « twins »
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SAMEDI 19 MARS 2016
TENNIS - TOURNOI D’INDIAN WELLS (MASTERS 1000) - DEMI-FINALES (EN DIRECT SUR BE SPORT 1, À PARTIR DE 19H)
Goffin : quel changement !
En progression constante depuis plusieurs semaines, il a franchi un cap à Indian Wells
ous le soleil de Californie, David Goffin est
bouillant ! A 25 ans, il
franchit les paliers aussi
vite qu’il décoche ses revers
long de ligne et s’apprête à
disputer, ce samedi (dès 19h sur
Be tv), sa première demi-finale
en Masters 1000. En quelques
mois, il est passé d’un joueur
talentueux et prometteur à un
vrai Top 10 en puissance. Physique, mental, tactique : tout, ou
presque, a changé chez lui.
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Il a confiance en lui…
et ça se voit, sur le
court comme en dehors
David Goffin ne s’en cache pas,
c’est sur ce plan qu’il a réalisé le
plus grand pas vers l’avant. Il a
parfaitement utilisé l’expérience
emmagasinée l’an dernier, notamment en Coupe Davis, pour
franchir un palier. Sur le terrain
comme en dehors, notamment
dans ses rapports à la presse et au
public, il est plus mûr, plus
adulte, plus sûr de lui. Depuis le
début de sa carrière, il est un
homme de séries, capable de
monter en puissance dès qu’il
puise dans les victoires la
confiance qui le fait avancer.
« Quand il est lancé, il est presque
inarrêtable », confiait Olivier Rochus. « Une fois qu’il est en mode
compétition et qu’il parvient à avoir
assez de matches, il est mieux et sait
rentrer dans la cadence », confirme
Thierry Van Cleemput.
Cette confiance est sans doute, à
l’heure actuelle, son meilleur
atout et la principale explication
de son explosion. « Là il est dans
une bonne passe, il ne doute pas, il
peut jouer les points quelles que
soient les circonstances. »
Body language :
il s’exprime plus… et
mieux sur le court
Longtemps, David Goffin a donné
l’image d’un jeune joueur trop
tendre pour le grand circuit. Une
image due à son caractère, plutôt
introverti. Il ne sera jamais une
bombe prête à exploser à l’instar
d’un Malisse mais il s’affirme davantage. Son « body language » a
changé : quand il est dos au mur,
il ne montre plus sa frustration à
son adversaire. Après la perte du
3e set contre Cilic, en Coupe Davis,
il était ainsi revenu sur le court
encore plus déterminé, entamant
la 4e manche comme s’il repartait
de zéro. Et quand c’est lui qui
prend le dessus, il sait s’affirmer,
montrer qu’il est le patron sur le
court, dans son jeu mais aussi
dans son attitude, plus positive. Il
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« Il est dans une
bonne passe, il
ne doute pas, il
peut jouer les
points quelles
que soient les
circonstances »
a souvent été (trop) discret sur le
court. Aujourd’hui, on l’entend, il
s’encourage, râle, se remobilise,
montre qu’il est là. C’est cette
image qu’il doit donner, au public mais aussi à ses adversaires.
Son jeu est de
plus en plus
tourné vers l’avant
Pour être le patron sur le court,
l’ambition avouée de David
Goffin, il faut aller vers
l’avant, prendre possession
du terrain, y compris
contre des adversaires
plus forts sur papier.
Et le Liégeois l’a bien
compris. Il n’a jamais été aussi collé
à sa ligne de fond
que ces dernières semaines. Dès le retour,
principalement sur les secondes balles, il met la pression.
Jeudi soir, à plusieurs reprises il
s’est posté… à l’intérieur du court
pour retourner le service, pourtant puissant, de Marin Cilic. Il
distribue, fait courir son adversaire, et ça lui permet d’avancer,
petit à petit, plaçant ses pions à
chaque point. La prochaine étape,
comme nous l’avait confié Thomas Johansson, c’est de venir filet,
ce qui n’est pas encore naturel
chez lui.
Son service a fortement
progressé : c’est devenu
une vraie arme
Goffin ne sera jamais une machine au service comme Cilic,
Raonic ou Isner, mais les progrès
constatés au niveau de sa mise en
jeu sont sans doute les plus évidents. C’est devenu une vraie
arme, qui lui permet d’être plus à
l’aise, moins sous pression lors de
ses jeux de service. Il est plus régulier et, surtout, plus dangereux, dépassant régulièrement les 200 km/h,
même s’il n’a pas été
aussi solide jeudi
soir face à Cilic.
« Travailler le service
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de David est un de
nos chantiers », révélait Thomas Johansson. « Ça payera un jour :
dans trois jours, trois semaines ou trois mois, on
verra… » Un peu plus
d’un mois après l’arrivée
du Suédois dans son staff,
ça paye déjà…
Il est beaucoup
plus mature
physiquement
Par rapport aux
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« monstres » du circuit, David Goffin semble frêle, un peu tendre,
du haut de son mètre quatrevingt. Depuis quelques mois, il
s’est fortement développé sur le
plan physique, en compagnie de
son préparateur Patrick Meur. Il
est bien plus robuste qu’au moment de son éclosion, en 2012, et
que la saison dernière. Plus puissant, plus résistant face aux exigences du haut niveau, il a su
conserver ses principaux atouts
dans ce domaine, sa vitesse et son
explosivité. « Je ne serai jamais un
joueur musclé comme un bodybuilder, cela me ferait perdre mes qualités », aime-t-il répéter.
Il gère mieux les
débuts de matches et
les moments importants
S’il a souvent cédé la première
manche face à des adversaires
plus « modestes », à l’image de ses
deux premiers matches à Indian
Wells contre Tiafoe et Pella, Goffin a progressé dans ses entames
de matches contre les joueurs
mieux classés que lui. Face à Wawrinka et Cilic, il a viré en tête. Cela avait déjà été le cas contre le
Croate en Coupe Davis. Ça lui permet de mettre la pression sur ses
adversaires et, là encore, de s’affirmer en patron. Un signe d’une
force mentale qui s’exprime aussi
dans les moments importants.
C’est lui qui a émergé dans le tiebreak décisif face à Wawrinka. Et
contre Cilic, il a su sauver quatre
balles de set pour ne pas laisser filer une première manche qui a
été décisive. Et qui l’aurait sans
doute été dans l’autre sens si le
Croate l’avait emportée… -
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DAMIEN PONCELET
Thierry Van Cleemput,
son coach
©
Goffin défie le Canadien, son premier « Top 10 », pour une place en finale
Raonic n’est plus le même qu’en 2014...
Il ne reste plus qu’un obstacle sur
la route de David Goffin vers une
première finale en Masters 1000,
mais il est de taille ! Milos Raonic
(ATP 14) réalise un début de saison
tonitruant, avec un titre à Brisbane (victoire face à Federer) et
une demi-finale à l’Australian
Open (défaite en cinq sets contre
Murray). Bref, ce n’est plus le
même joueur que celui qui avait
été battu par... Goffin, à Bâle. Une
victoire qui restait, jusqu’à cette
semaine, la seule du Liégeois face
à un membre du Top 10 (Raonic
était 9e mondial à l’époque).
Depuis le début de sa collaboration avec Carlos Moya, en janvier,
le Canadien se montre plus solide
et plus complet dans l’échange et
ne se base plus quasi exclusivement sur son service surpuissant.
Même si cela reste évidemment sa
principale arme, lui qui a déjà approché les... 250 km/h ! « Contre
Goffin, je devrai bien servir et le
pousser loin de sa ligne. Ce sera sans
doute la clé », confie-t-il tout en
précisant que « le manque d’expérience de David à ce niveau ne devrait pas jouer un rôle ».
Excellent retourneur, Goffin apprécie les grands serveurs : ses plus
belles victoires, il les a décrochées
face à Isner, Tsonga, Wawrinka,
Cilic et... Raonic. « Ce sera très différent de notre premier duel, à Bâle,
mais j’ai le jeu pour ennuyer Milos », assure le Liégeois. -
Classement ATP
Seul Christophe Rochus a joué
une demi-finale en Masters 1000
C’est une des (nombreuses)
particularités de notre pays :
avant le beau parcours de David Goffin à Indian Wells, la
Belgique avait placé plus de
joueurs dans le dernier carré
des tournois du Grand Chelem (Dewulf à Roland Garros
en 1997 et Malisse à Wimbledon en 2002) que dans celui
des Masters 1000, une catégorie de tournois qui existe de-
13e s’il gagne
S’il visera, ce samedi, sa toute
première finale en Masters 1000,
David Goffin peut également
s’assurer un chèque de 500.000$
et... marquer encore un peu plus
l’histoire du tennis belge. Un
succès face à Raonic lui assurerait
la 13e place au classement ATP,
juste devant... le Canadien. En
juillet, Goffin avait atteint le 14e
rang. En cas de titre, dimanche, il
intégrerait même le Top 10 pour
la première fois de sa carrière.
Mais c’est encore (très) loin... -
puis 1990. Seul... Christophe
Rochus y était parvenu, en
2005 sur la terre battue de
Hambourg.
Soixante-huitième mondial à l’époque, il
avait été stoppé aux portes de
la finale par Richard Gasquet
sur un double 6-1. S’il évite ce
scénario, Goffin sera le premier Belge à disputer une finale en simple dans un tournoi aussi prestigieux... -
ATHLÉTISME
Deux gamins à côté des « twins »
Ces samedi (20 h 40 belges, séries) et dimanche soir (22 h 50, finale), le relais 4 x 400 m belge essayera d’ajouter une ligne supplémentaire au palmarès qu’il se
confectionne depuis les Jeux
olympiques de Pékin. Depuis
2008, les hommes de Jacques
Borlée ont disputé pas moins de
14 finales, européennes ou mondiales, récoltant au passage six
médailles (deux d’or, une d’argent, trois de bronze) et le coach
bruxellois est persuadé que c’est
loin d’être fini… Depuis le départ, les jumeaux Kevin et Jona-
than Borlée ont porté l’équipe à
bout de bras, le premier réussissant même l’exploit de ne manquer aucun de ces rendez-vous.
Mais l’idée est évidemment de
les encadrer au mieux pour rester au sommet et, si possible, de
le faire avec des jeunes de manière à pérenniser cette équipe.
L’arrivée dans le groupe, en
2013, de Dylan Borlée participait
de cette réflexion, tout comme
celle de Julien Watrin, en 2014.
Ce dernier étant absent à Portland, c’est, tout comme l’été dernier, aux Mondiaux de Pékin, Ro-
compte d’ailleurs bien me qualifier sur 200 m pour l’Euro d’Amsterdam… à côté du 4 x 400 m évidemment. Mais je trouve, par
ailleurs, gratifiant que l’on me
fasse confiance pour le relais. On
bosse dur et beaucoup pour préparer cette épreuve et ça fait du bien
quand on voit que ça paye. Ici, il
faudra envoyer tout ce qu’on a ! »
Dylan Borlée, 23 ans, a un peu
plus d’expérience que lui. L’an
le sprint et cela m’a coûté, cet hi- dernier, il avait explosé à l’Euro
ver, de ne pas en disputer un seul. indoor de Prague en remportant
Je n’ai plus couru de 60 m depuis l’argent sur 400 m avant de
2014 et ça me manque ! Cet été, je poursuivre a mission en relais,
bin Vanderbemden qui le relayera. À 22 ans, le Serésien, qui a un
record personnel de 46.10 (en
plein air) avait disputé la finale
du 4x 400 m en Chine, est l’un
des « coming men » du tour de
piste dans notre pays, même s’il
préfère toujours se considérer
comme un coureur de 200 m.
« Cela reste ma distance préférée,
dit l’élève de l’ancien décathlonien François Gourmet. J’adore
avec lequel il avait décroché l’or.« J’espère me servir de cette expé-
rience même si je n’ai pas fait de
travail spécifique, cette fois. J’ai
hâte que ça commence, ça va faire
du bien de retrouver la compétition, de retrouver une pointe
d’adrénaline. L’an dernier, on
avait disputé la course parfaite,
sans le moindre accrochage et il
faudra essayer de la reproduire
même si ce sera moins évident.
L’envie est là. On a tous la médaille
dans un coin de la tête. Je suis
confiant. » PH. V.W.
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Kevin Borlée. © PN
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