Étonnant ? Peut-être pas quand on y réfléchit

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Étonnant ? Peut-être pas quand on y réfléchit
Les Documents «Expériences» N°185 - Décembre 2016
Editorial du pasteur Yvon Charles
Étonnant ?
Peut-être pas quand on y réfléchit...
«...Pourquoi n’ai-je encore reçu
aucune nouvelle de toi, et n’ai-je
encore reçu aucune réponse à toutes
les lettres que je t’ai envoyées ?
Je t’ai pourtant écrit : Depuis le
moment où je commence mon long
voyage, tu dois me faire connaître
tout ce qui se passe à la maison !
Pourquoi pendant plus d’un mois
n’ai-je reçu aucune lettre ?»
Et l’homme qui écrit ce message
à sa femme s’informe ensuite de la
santé de la famille et de ses amis...
Banal, penserez-vous ! Oui,
certes, mais quand on sait que cette
lettre a été écrite il y a près de 3000
ans, l’impression de banalité fait
place à la réflexion : ces hommes et
femmes vivant dans l’empire néobabylonien étaient donc comme
nous, connaissaient les mêmes préoccupations, les mêmes attentes,
les mêmes craintes, les mêmes
sentiments...
Et que dire de cette autre lettre,
bien plus ancienne encore :
«Ainsi parle Ginik-Mardouk à
sa bien-aimée. Ecris-moi pour me
donner de tes nouvelles ! Ecoute
! Je suis allé à Babylone. Je ne t’ai
pas vue et j’en fus attristé. Fais-moi
savoir la date de ton retour pour que
je puisse retrouver la joie. Reviens
au mois d’Arachsama (novembre).
Puisses-tu vivre éternellement pour
me rendre heureux».
Il y a quelque 4000 ans que ce
fiancé a envoyé ce message d’amour
à la jeune fille qu’il aimait. C’est
l’une des plus anciennes lettres
d’amour qui ait survécu à l’épreuve
du temps.
Autre information venue de cette
même lointaine époque, cette lettre
plus prosaïque où un jeune homme,
travaillant à la construction d’un
barrage, demande à son père de lui
faire parvenir un colis de nourriture
car il y a pénurie à l’endroit où il se
trouve :
«...Je vous envoie de l’argent.
Envoyez-moi pour la valeur de cette
somme, du poisson ou quelque
chose de bon à manger!»
«Il n’y a réellement rien de nouveau sous le soleil» comme le dit
l’Ecclésiaste dans la Bible ! «Ce qui
a été c’est ce qui sera, ce qui s’est
fait se fera !»
Ce n’est pas là une constatation
fataliste, mais l’évidence !
Les civilisations naissent, s’affirment, semblent défier le temps puis
se délitent et disparaissent...
L’homme, la femme demeurent
les mêmes, et si «les décors» dans
lesquels ils évoluent se modifient,
l’âme humaine, ses aspirations,
ses espoirs, ainsi que les besoins
fondamentaux de leur existence ne
changent pas.
Le désir profond de justice, de
paix, de bien-être matériel, de santé... les élans du cœur vers l’amour,
l’amitié,
l’espérance d’une vie épanouie
et digne d’être vécue sont de tous
les temps... ainsi que, hélas, les bassesses, mesquineries, oppressions,
cruautés et violences, et exploitations de toutes sortes...
Ces hommes et femmes de Babylone, d’Assyrie et d’ailleurs, sont
tout à fait semblables à nous et ces
quelques échos de leur vie le démontrent, nous émeuvent parfois,
et nous appellent à la méditation,
toujours.
Ce sont d’autres nous-mêmes, et
les messages venus d’au-delà des
millénaires et des civilisations soulignent combien folles et coupables
sont les discriminations raciales et
autres, les persécutions et les dictatures de toutes obédiences, tant
celles d’hier que d’aujourd’hui...
ainsi que toutes les prétentions
à vouloir imposer aux autres des
idéologies ou modes de vie...
Que de souffrances des hommes
ont infligées aux autres hommes ! Et
rien ne prouve, loin s’en faut, que ce
nouveau millénaire sera différent ;
les haines, les guerres, les oppressions, les ambitions paranoïaques,
l’exploitation des uns par les autres,
l’égocentrisme... sont tout aussi
présents !
Et pourtant, face à la vie, face à
la mort, les hommes sont un. Leur
destinée est commune !
Il y a quelque 2000 ans le Christ
a appelé tous les êtres humains à
rejeter toute haine, toute violence,
toute parole, toute action, tout
comportement qui occasionnent
à l’autre, petit ou grand, quelque
souffrance...
Il a montré, par sa vie et sa
mort, qu’il n’y a d’espoir que dans
le pardon, le respect de l’autre, le
partage, la bonté... Il n’y a aucune
naïveté dans ses propos, bien au
contraire, ils témoignent d’une parfaite connaissance de l’homme et
de sa destinée terrestre et éternelle.
C’est là le message de l’Évangile,
aussi neuf, vrai, sûr pour l’homme
d’aujourd’hui qu’il l’était pour
celui d’hier et le sera pour celui de
demain.
Et c’est à la lumière de cet Évangile que la destinée des êtres humains s’éclaire et que tout prend
son sens. Et c’est aussi en recevant
le message de l’appel de Dieu que
l’homme peut s’extraire de sa finitude, du péché qui l’étreint et le
domine, pour commencer une vie
nouvelle sur les pas du Christ et
par sa force.