1278 pierre de la brosse
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1278 pierre de la brosse
1278 PIERRE DE LA BROSSE Pierre de La Brosse, premier ministre de Philippe-le-Hardi, avait été barbier de Saint-Louis ; et c’est en rasant ce vaillant prince qu’il avait commencé sa fortune. Amusant le roi par ses propos, il était également habile en chirurgie et avait acquis une certaine réputation. Philippe-le-Hardi, fils du roi, se l’attacha particulièrement et se laissa tellement séduire par ses manières et son langage, qu’il en fit son invité et son favori. Quand Philippe, après la mort de Saint-Louis, parvint au trône, il crut, devoir lui accorder toute sa confiance et le promut au rang de grand chambellan et de premier ministre. Cette élévation fit d’abord un scandale à la cour, mais bientôt, tous les courtisans rampèrent aux pieds du nouveau parvenu. Ce ministre jouissait de la plus forte faveur ; mais le mariage de son maître avec Marie, sœur du duc de Brabant, et l’ascendant marqué que cette belle et jeune reine conquit de suite sur le cœur de son époux, causèrent bientôt de l’ombrage à l’ancien barbier. Marie, dans ses entretiens avec le roi, démasquait la bassesse de cet usurpateur de la confiance royale. Pierre de La Brosse s’aperçut qu’on l’accueillait de plus en plus froidement ; il entrevit sa prochaine disgrâce et songea au moyen de la prévenir. Dans le même temps, le jeune Louis, fils aîné de Philippe, mourut subitement dans d’affreuses convulsions. Aussitôt, Pierre de La Brosse vient trouver le roi et accuse Marie de Brabant d’avoir fait périr le prince du premier lit, pour assurer à ses enfants la couronne qui lui appartenait. Philippe tombe dans une cruelle perplexité, le cœur attaqué par des sentiments divers. « Vous doutez que votre fils ait été victime du poison ? Voyez là, ces taches livides, ces lèvres violettes, ces membres tordus par les convulsions… » Dupont, Etienne. Les prisons du Mont-Saint-Michel, 1425-1864. 1913./Gallica-BNF 1278 PIERRE DE LA BROSSE La Brosse introduit en présence du roi, un homme qui déclare avoir vu Marie de Brabant, la nuit, distiller des plantes vénéneuses, la veille de la mort du jeune prince. Le témoin affirme sa déposition par serment. Bientôt, la populace crie que la reine a empoisonné le jeune prince, qu’il faut que justice soit rendue. Cependant le duc de Brabant, frère de la belle Marie, apprend l’accusation d’empoisonnement imputé à sa sœur ; il prend la résolution de la venger. Il part armé, arrive à la cour de France et demande à combattre l’accusateur. Le témoin produit par Pierre de La Brosse s’avance ; le duel juridique à lieu devant la cour et le peuple ; le témoin est percé de part en part par le duc de Brabant ; cette victoire prouve donc l’innocence de Marie. Le peuple applaudissait ; mais Pierre de La Brosse, en appelle du duel qui souvent fait tomber l’innocent sous les coups du coupable et propose d’aller consulter plusieurs « saints » personnages. La béguine de Nivelle était une des trois et la plus célèbre. Philippe, aussi crédule que son peuple, envoya des ambassadeurs vers cette prophétesse, mais cette ambassade ne rapporta qu’une réponse ambiguë qui ne servait qu’à appesantir le soupçon sur l’accusée. Une autre ambassade fut envoyée vers la sainte Pythonisse qui répondit : « Le roi ne doit point ajouter foi à ceux qui lui parlent mal de son illustre épouse ; elle est innocente du crime qu’on lui impute, il peut compter sur sa fidélité tant pour lui que pour les siens. » Cette réponse révolta toute la France contre le ministre de La Brosse. On demanda son supplice et le roi allait l’ordonner ; lorsque La Brosse fit un dernier effort pour gagner sa cause. Il rappela que la béguine Nivelle avait Dupont, Etienne. Les prisons du Mont-Saint-Michel, 1425-1864. 1913./Gallica-BNF 1278 PIERRE DE LA BROSSE donné une réponse défavorable et l’autre, une réponse favorable et qu’il était de toute injustice de s’en tenir à la dernière. La situation de Marie de Brabant devenait de jour en jour plus pénible : son époux n’était pas convaincu de son innocence. Un soir, un solitaire vénérable se présente aux portes du palais et demande une audience au roi ; introduit près de Philippe, il lui remet un paquet scellé des armes du grand chambellan Pierre de La Brosse, en apprenant au prince qu’un religieux prêt à mourir, l’avait prié d’aller porter au roi le paquet renfermant la preuve des trahisons du premier ministre. En effet, ce misérable dépositaire des secrets de l’état, les avait vendus au roi de Castille et la perte de la reine était une machination politique dont il s’avouait l’instrument. Cette découverte leva tous les doutes. On apprit que La Brosse avait empoisonné lui-même le prince Louis, afin d’imputer cet attentat à la reine et de la perdre. On sut aussi que le témoin qu’il avait produit n’était qu’un misérable gagné à force d’or et de promesses. L’innocence de Marie de Brabant parut dans tout son éclat. Quant à Pierre de La Brosse, il fut pendu et son corps resta suspendu au gibet de Montfaucon. Dupont, Etienne. Les prisons du Mont-Saint-Michel, 1425-1864. 1913./Gallica-BNF