Effluents d`élevage Libre-service et lagunage font bon ménage
Transcription
Effluents d`élevage Libre-service et lagunage font bon ménage
Effluents d’élevage Ce document provient de l’Agrithèque. Toute reproduction sous quelque forme que ce soit, n’est autorisée que dans le cadre d’un usage privé ou après autorisation obtenue auprès des Chambres d’Agriculture de Bretagne et dans le respect de la réglementation en vigueur. Libre-service et lagunage font bon ménage Maintenir le libre-service pour le troupeau de 45 vaches laitières, telle est la motivation à l’EARL des Bihannais à Lizio, dans le Morbihan. Le choix de « mise aux normes » est de réaliser un bassin de sédimentation pour collecter les eaux blanches et les eaux brunes des aires découvertes, suivi de bassins de lagunage pour le traitement de ces effluents très dilués. Étude de cas avec Florence et Paul-Gilles, qui conduisent cette exploitation laitière. Les atouts du libre-service Ces jeunes éleveurs installés depuis 1994 ont une bonne expérience de la conduite du troupeau en libreservice. « Nous y voyons des avantages sur le plan sanitaire. Nos vaches accèdent au front d’attaque des silos du mois d’août jusqu’à la mi-avril et à temps plein du 1er novembre au 15 février (période hors pâturage). Avec ce système, nos vaches sont en semi-plein air et occupent beaucoup moins l’aire de couchage paillée. Ceci favorise l’assèchement des litières et limite les mammites liées au milieu ambiant. » Sur le poste alimentaire, le libre-service offre de la souplesse et réduit l’utilisation du tracteur. Les refus sont distribués aux génisses. Le raclage des 600 m2 d’aires d’exercice attenantes aux 600 m2 de silos est une contrainte limitée par Le bassin tampon de sédimentation en attente de connexion vers les lagunes. Avec un seul compartiment car l’alimentation gravitaire est possible vers la première lagune. Son dimensionnement et la hauteur de sortie de l’effluent décanté relèvent de calculs précis réalisés par le conseiller environnement “Dexeliste”. la proximité d’une fosse de 650 m3, réalisée en 1994 (programme Bretagne Eau Pure). « Nous voulions éviter de couvrir de grandes surfaces et ne pas construire une autre grande fosse. Notre libre-service est fonctionnel. Le conserver et faire une mise aux normes adaptée s’avèrent alors possible, grâce aux filières de traitement validées en 2003 ». Le choix de la filière « lagunage » Étape préalable. Interprétation visuelle et prélèvement de sol par l’agronome pour déterminer la capacité à l’étanchéité naturelle des bassins. 8 « Pour guider notre réflexion, nous avons bénéficié des concours techniques de la Chambre d’Agriculture du Morbihan et de l’Institut de l’Élevage. • Chambres d’Agriculture et E.D.E. de Bretagne - Institut de l’Élevage • Entre la filière Épandage Agronomique et la filière Lagunage, le choix n’était pas évident. L’une ou l’autre était possible vue la proximité de notre parcellaire. La filière Lagunage a eu notre faveur, car il était possible de l’implanter à distance de nos bâtiments et sa maintenance nous est apparue adaptée à notre organisation de travail ». Mais il restait à vérifier si la nature du sol était favorable à une étanchéité naturelle des bassins. Le travail de sondage du sol, via la pelle mécanique, a été réalisé à 1 mètre de profondeur à deux ou trois endroits de l’implantation projetée. Des échantillons de sol ont été prélevés par un agronome de la Chambre d’Agriculture, analysés et interprétés. Notre sol, fait de limon et d’altération de schiste, pouvait convenir. Si notre sol avait été situé sur la zone granitique à quelques centaines de mètres au Nord de notre exploitation, nous n’aurions pas pu opter pour le lagunage. L’épandage agronomique aurait alors été, dans ce cas, la filière que nous aurions choisie ». L’installation de la filière de lagunage Les travaux de creusement des trois bassins de lagunage ont été réalisés début mai, par un terrassier expérimenté et motivé par ce type de travaux. L’idéal serait pourtant de creuser les bassins de 1 m à 1,20 m de profondeur, en fin d’été, pour qu’ils se mettent en eau avec les premières pluies d’automne. Le bassin tampon de sédimentation, qui a pour fonction de décanter les matières en suspension, de neutraliser les produits de lavage des eaux blanches et de Creusement des bassins de lagunage. Un travail de précision débuter le traitement, a été réalisé courant juin. Le troisième élément du dispositif de traitement est le rejet sur prairie enherbée, en sortie de la troisième lagune, par un tuyau perforé de répartition. Il vient d’être mis en place par l’éleveur, ainsi que la clôture de protection des lagunes. Chaque lagune mesure 21,30 m x 7,50 m. En périphérie des trois bassins, une bande de 5 mètres, ainsi qu’entre chaque lagune, a été enherbée et permet le passage du tracteur pour une fauche et un entretien mécanisé. La surface totale d’emprise est de 1 500 m2. Les lagunes sont situées dans un espace dégagé pour favoriser la prise au vent et l’oxygénation de la surface d’eau, ainsi que la photosynthèse, éléments primordiaux pour un bon fonctionnement aérobie et une optimisation du traitement biologique des lagunes. La hauteur d’eau dans les bassins ne dépasse pas 1 m de profondeur et est réglée par la hauteur de sortie de bassin à bassin et par la sortie finale vers le traitement tertiaire sur la zone enherbée. Comparons les coûts Les coûts de travaux (réalisés pour un potentiel réglementaire de 56 VL) pour l’installation de la filière de lagunage à l’EARL de la Bihannais sont des coûts facturés par les entreprises. Le transport de la terre végétale et du déblai a été assuré avec deux tracteurs et remorques (exploitation et tarifs CUMA). La clôture et quelques petits travaux ont été réalisés par les éleveurs. Une étude avec stockage intégral des effluents (bloc traite et eaux brunes) a été réalisée dans le cadre du DeXel. « Il aurait fallu créer une fosse béton de 650 m3 pour un coût estimé de 26 000 € HT. L’économie d’investissement réalisée (économie de 13 840 €) dans la situation de l’EARL des Bihannais est très favorable à la filière « lagunage ». A cette économie, s’ajoute une économie de fonctionnement relative à l’épandage du volume annuel qui aurait été stocké en grande fosse, soit au minimum 900 m3 x 2 € = 1 800 €/an d’économie d’épandage et de temps de travail en moins. Jean-Claude Cogrel, Chambre d’Agriculture du Morbihan Coût Le tuyau de répartition avec ses perforations réalisées par l’éleveur, et son alimentation (tuyau jaune) en sortie de 3ème lagune. Ce dispositif permet un traitement final par infiltration sur la zone enherbée. 1 – Terrassement Lagunes (156 m3 x 3) – BTS – Tranchées 2 380 € 2 – Fourniture poteaux, grillage Tuyau traitement tertiaire – Pose – éleveur 1 580 € 3 – Transport des déblais (34 h x 2,5) + 2 tracteurs et 2 remorques Estimation tarif CUMA 56 3 000 € 4 – Maçonnerie du BTS (9 x 4 x 2,30) = 83 m3 avec 3 parois béton banché et raccord à fosse existante 5 200 € TOTAL HT 12 160 € (79 764 F HT) • Morbihan Elevage - Mars 2005 • 9 Effluents d’élevage Traitement des effluents Le filtre à paille Installer un filtre à paille pour décanter les effluents dilués et peu chargés s’avère un choix économique par rapport à un ouvrage béton. Encore faut-il disposer de paille pour la paroi filtrante et bien le réaliser pour assurer son fonctionnement et sa durabilité. Le filtre à paille est un bassin de stockage et de décantation comme l’est un bassin tampon de sédimentation autrement dit un « BTS ». Ce bassin comporte une dalle béton accessible au chargeur de l’exploitation pour la reprise des boues décantées. La dalle est donc accessible par un plan incliné qui ne doit pas avoir une pente supérieure à 12 % pour permettre les manœuvres de reprise des boues. Ensuite la dalle est légèrement inclinée (0,5 à 1 %) vers la paroi frontale en fond de filtre. La dimension des bottes de paille détermine la largeur de la dalle qui est de l’ordre de 6 mètres (quatre balles en long + deux largeurs de balle). Les balles de paille de moyenne densité sont disposées en périphérie et sur leur largeur. A l’angle formé entre la partie en pente et la partie plane, il faut couper les ficelles inférieures pour empêcher la création de flux préférentiels. Le liquide à décanter doit se séparer de ses boues en suspension en migrant progressivement à travers la paroi pailleuse. Les balles de paille de forme cubique doivent être maintenues par des poteaux de bois (chêne 20x20 ou traverses de chemin de fer) dont l’écartement est de l’ordre de 80 cm pour permettre deux appuis par balle de paille. En périphérie sur les deux longueurs et sur la largeur opposée à l’accès, une rigole bétonnée et étanche récupère le liquide filtré. Cette rigole doit avoir son niveau bas inférieur de 10 à 15 cm par rapport à la dalle de stockage afin de bien drainer les liquides vers le stockage final. Ce stockage final correspond au volume de 2ème compartiment d’un BTS. C’est à partir de ce stockage du liquide décanté qu’avec une pompe sera alimenté un épandage sur prairie approprié à ce dispositif et respectueux des règles agronomiques et environnementales. Un filtre à paille peut recevoir et traiter l’ensemble des effluents (eaux brunes, eaux vertes, eaux blanches) et les lixivias de fumière. Surveillance et entretien Le filtre à paille retient les boues de décantation. Il sera vidangé, nettoyé et la paille renouvelée une fois l’an en fin d’été. 10 La vidange des boues décantées peut se faire fin août, début septembre. Cette période est appropriée car les seuls effluents de lavage du bloc traite peuvent être dirigés quelques jours • Chambres d’Agriculture et E.D.E. de Bretagne - Institut de l’Élevage • Figure 1 : Vue en plan Figure 2 : Coupe longitudinale vers la fosse contenant le raclage des lisiers (prévoir un tuyau et une vanne à cet effet). C’est aussi avec la paille nouvellement récoltée que la paroi filtrante sera renouvelée après un nettoyage minutieux de l’ensemble du dispositif. La surveillance du bon fonctionnement de la paroi filtrante est primordiale. Aucune fuite entre les balles de paille ne doit s’opérer car cela créerait un courant préférentiel et un dysfonctionnement. Il faut donc veiller dès le départ à une bonne jonction entre les balles de paille et si besoin couper les ficelles inférieures pour assurer une paroi filtrante homogène. Jean-Claude Cogrel, Chambre d’Agriculture du Morbihan • Morbihan Elevage - Mars 2005 • 11