Dans de nombreux pays, prendre un petit avion estîoutàfait commun

Transcription

Dans de nombreux pays, prendre un petit avion estîoutàfait commun
LE VIF/L'EXPRESS(PRESSE
BELGIQUE)
DE
Date : 27/05/2016
Journaliste : Mélanie Geelkens
Pays : Belgique
Périodicité : Parution Irrégulière
Page 1/4
L'ENVOL DE I
A quoi reconnaît-on une
reprise économique ?
A la vitalité de l'aviation
d'affaires ! Et en Belgique,
le secteur se porte très
bien, merci pour lui.
Tellement que plusieurs
start-up se lancent, prêtes
à ubériser le ciel. Leur
cible : les patrons de PME.
PAR MÉLANIE G E E L K E N S
'avion vient dè quitter le tarmac
liégeois, ce vendredi après-midi.
Destination Cannes et son festival. Un homme d'affaires devant assister à une réunion ? Un
fortune s'offrant un trip sur la
Croisette ? Une célébrité s'apprêtant à monter les marches?
L'identité du passager restera
• un secret bien gardé. « Avant,
j'étais dans l'armée. Alors, je sais tenir
ma langue ! » Karl Beuken n'est pas dépaysé. Dans le business de l'aviation privée, la confidentialité reste la première
des qualités. Le patron de la jeune compagnie Yellow peut toutefois révéler un
nom, celui de Marc Wilmots. Un jour,
le sélectionneur des Diables Rouges devait assister successivement à deux
matchs, l'un à Marseille, l'autre à Rome.
Il a fait appel à la start-up et à son Pilatus
PC 12. Plus petit qu'un jet, classieux tout
de même. Séduit, l'entraîneur a fini par
injecter, le 17 mai, 210000 euros dans la
Tous droits réservés à l'éditeur
société, avec deux autres investisseurs,
Marc Beyens et Stefan Vee.
Pour ceux qui en ont les moyens, le
gain de temps n'a pas de prix. Des frimeurs atteints de folie des grandeurs ?
Surtout des travailleurs, répond Karl
Beuken. Bon, OK, certains louent le PC
12 pour rejoindre une partie de golf, de
chasse ou pour un week-end familial.
Les loisirs sont un prétexte pour 50%
des vols. L'autre moitié reste consacrée
aux déplacements professionnels. «Pour
nos passagers, ii s'agit de voyager plus
rapidement et ainsi de transformer ce
bénéfice en temps de travail. » Des dirigeants de grosses boîtes ou d'outranciers millionnaires ? Il y en a. Mais beaucoup sont en réalité des patrons de PME
réalisant 10 millions d'euros (ou plus)
de chiffre d'affaires. Et c'est précisément
eux qui constituent la nouvelle cible de
l'aviation privée.
Yellow, créée en août 2015, est loin d'être
la seule à vouloir chambouler ce secteur
si particulier. Au même moment et toujours à Liège, la firme Sky Cab s'est lancée,
tandis qu'à Charleroi, l'European Aircraft
Private Club (EAPC) existe depuis janvier
2014. A Anvers, NextGen Aviation propose de devenir copropriétaire d'un appareil « pour le prix d'une voiture de sport
exclusive ». Alamanière d'un Fly Victor
en Grande-Bretagne, d'un Wijet, Air PME
ou Le Jet en France, toutes ces jeunes
pousses entendent démocratiser les vols
privés. Même Ryanair s'y met et affrète,
depuis début 2016, un de ses Boeing
version classe affaires. « L'Europe rattrape
Dès ce jeudi 26 mai, « L'envol de
l'aviation privée » est le thème de
l'émission Z-Piqué au Vif avec
Mélanie
. ^m
Geelkenssur C cl fl cl I M
un retard culturel, analyse Denis Petitfrère, administrateur délégué d'EAPC.
Dans de nombreux pays, comme aux
Etats-Unis ou au Brésil, prendre un petit
avion est tout à fait commun et on n'y associe pas le côté jet set/luxe/élite. »
250 000 euros les 10 % d'avion
L'ubérisation du ciel est en marche. Ces
nouveaux taxis aériens viennent titiller
les vétérans du secteur, tels Fly ingGroup,
Netjets, ASL et Abelag, le leader belge
du secteur, fondé en 1964 et racheté en
2013 parle luxembourgeois Luxaviation.
Les outsiders développent deux tactiques. Certains (comme Sky Cab ou
EAPC) optent pour un système privé de
copropriété : ils recrutent des clients prêts
à acheter une partie d'avion puis ne volent que pour eux. Chez EAPC, la mise
Dans de nombreux pays,
prendre un petit avion
estîoutàfait commun
minimum pour un PC 12 est de 250 DOO
euros (donnant droit à 10% de l'avion
qui, neuf, vaut 4,9 millions de dollars),
auxquels il faut ajouter 2000 euros mensuels de frais fixes et 835 euros par heure
de vol. D'autres firmes choisissent une
formule hybride de type commerciale :
en plus de la copropriété, ils proposent
une location accessible atout un chacun.
Enfin, àceuxcapables de débourser2400
euros de l'heure, le forfait en vigueur
chez Yellow et Wijet. « Nos marges ne
WIJET 3515608400505
LE VIF/L'EXPRESS(PRESSE
BELGIQUE)
DE
Pays : Belgique
Périodicité : Parution Irrégulière
Date : 27/05/2016
Journaliste : Mélanie Geelkens
Page 2/4
Marc Wilmots a investi dans Yellow,
une start-up qui mise sur le
développement dè l'aviation privée.
fc.
Tous droits réservés à l'éditeur
WIJET 3515608400505
LE VIF/L'EXPRESS(PRESSE
BELGIQUE)
DE
Date : 27/05/2016
Journaliste : Mélanie Geelkens
Pays : Belgique
Périodicité : Parution Irrégulière
Page 3/4
sont pas très importantes, mais on
parvient à être rentable en faisant du volume », décrit Geoffroy de Beauregard,
responsable des ventes chez Wijet, qui a
ouvert une base commerciale à Charleroi.
Pas nécessairement moins cher qu'ailleurs, assure Hervé Laitat, CEOd'Abelag.
« Chez nous, le tarif horaire varie entre
moins de 2000 euros pour 6 passagers
en courte distance et 6000 euros pour
aller jusqu'à Los Angeles. »
De longues distances que les start-up
belges ne peuvent se permettre, leurs
petits avions étant uniquement utilisables pour des destinations proches.
« Techniquement, on pourrait aller
jusque dans le sud de l'Espagne », détaille
Pierre-Arnaud Roisin, cofondateur de
Sky Cab, en dévoilant lintérieur de son
monomoteur Cirrus SR22, à l'habitacle
pas plus grand que celui d'une berline.
« Mais bon, ça prendrait des heures et il
n'y a pas de toilettes... Par contre, pour
aller au Havre par exemple, il faut lh 15,
alors qu'en voiture, notre client aurait
mis 5h30, voire plus longtemps entrain,
avec plusieurs changements. » L'avion
devient alors une « économie rationnelle », selon le jeune pilote. Gain de
temps, mais aussi (puisque le retour s'effectue le jour même) de frais d'hôtel et
de restaurant. Voire de taxi : la force des
monomoteurs est de pouvoir se poser à
peu près partout, même sur des pistes
en herbe, et donc de se rapprocher au
plus près de la destination finale.
Agoraphobie
Les hommes d'affaires apprécient également... ne pas être mêlés à la foule.
Surtout depuis les attentats. Toutes les
compagnies privées le confirment : depuis le 22 mars, les réservations font le
plein. Comme aux Etats-Unis après le
11-Septembre. Pas (seulement) par
crainte, mais aussi parce que ces événements tragiques accroissent les mesures
de sécurité. Arriver trois heures à l'avance
à l'aéroport ? Un patron a autre chose à
faire. En business aviation, l'embarquement prend cinq minutes via un terminal
Tous droits réservés à l'éditeur
Forfait en vigueur
chez Yellow (photo) ,et Wijet : 2 400 euros
par passager et par heure dè vol.
Gain de temps,
de frais d'hôtel,
de taxi et de restaurant
distinct. Même pas besoin de passer un
contrôle. En cas de retard, c'est l'avion
qui patiente.
Qui ne serait pas tenté ? Puis, l'économie
se redresse. C'est décomplexant. Avoir
les moyens aujourd'hui, c'est moins indécent qu'en2008.Al'époque,bonnombre ae firmes avaient remisé les jets privés. Trop mauvais genre. Et quand il faut
économiser, les charters retrouvent du
charme. « Notre secteur est cyclique, il
suit l'économie, souligne Hervé Laitat.
La crise a été un très gros choc. Même si
nous sommes parvenus à faire le gros
WIJET 3515608400505
LE VIF/L'EXPRESS(PRESSE
BELGIQUE)
DE
Date : 27/05/2016
Journaliste : Mélanie Geelkens
Pays : Belgique
Périodicité : Parution Irrégulière
Page 4/4
dos, nous avons connu une baisse
substantielle du chiffre d'affaires. Heureusement, nous atteignons désormais
des niveaux bien meilleurs qu'avant
2008. » Un montant vaut mieux qu'un
long discours : Abelag a enregistré un chiffre d'affaires de 65 millions en 2015, contre
25,8 en2007. Même progression chez un
autre leader, FlyingGroup : 47,2 millions
engrangés en 2014, contre 30 millions
cinq ans plus tôt.
Signe que nos entreprises ont le vent
en poupe, considère Hervé Laitat. « La
Belgique est plus que jamais un terreau
de PME très actives, innovantes, tournées vers l'international, même si on
n'en entend pas beaucoup parler. Ça
bouge beaucoup en Flandre, dans le Brabant, mais aussi à Liège, où on envisage
de baser un avion. Pour ces entrepreneurs, la décision de prendre un vol privé
est rapide, ils ne doivent pas en parler à
leur conseil d'administration. »
Jouer avec la légalité
Les start-up entendent bien engloutir
une part de cet alléchant gâteau. Tellement gourmandes que certaines ont
les yeux plus gros que le ventre. « Des
initiatives explorent des zones grises et
Pierre-Arnaud Raisin,
copondateur de Sky Cab.
tentent de contourner la législation »,
signale Hervé Laitat. Car la limite entre
aviation privée (copropriété) et commerciale (location) est floue... Certains en
L'intérieur du PC 12 : plus petit qu'un jet mais confortable et, même, classieux.
Tous droits réservés à l'éditeur
jouent. « Même si quelqu'un me donne
500 DOO euros, je ne pourrais pas lui vendre un vol s'il n'est pas copropriétaire.
Sinon, nous serions une société commerciale », explique Denis Petitfrère. Tout le
monde ne serait pas si regardant. Voler
en commercial implique davantage de
contraintes administratives et opérationnelles, donc financières. D'où la tentation de rester en mode privé... Yellow,
par exemple, n'est pas répertorié dans la
bonne catégorie. « Mais c'est prévu prochainement », assure Karl Beuken.
Nul doute que les géants du secteur ne
se laisseront pas marcher sur les pieds
sans brandir cet argument. Déjà qu'ils
ne voient pas l'arrivée de concurrents
d'un très bon œil... EAPC en a fait les
frais. Le club carole s'était affilié à l'EBAA
(European Business Aviation Association), estimant que leurs activités étaient
complémentaires. Il s'en est finalement
fait virer. C'est vrai qu'à la fédération
des taxis, liber non plus ne serait pas
spécialement bien accueilli. *
Antwerp Force One
En matière de vols privés et
d'affaires, Anvers mène la danse
avec 16 897 mouvements en 2015
(37,3 % de l'activité globale), loin
devant Zaventem (7143) et Ostende
(1426). Liège n'enregistre « que »
651 mouvements. Charleroi ne
dispose pas de chiffres isolés (les
vols de l'école de pilotage gonflent
les statistiques), mais estime que
l'activité représente 0,2 % du volume
total. Néanmoins, les aéroports
wallons misent sur ce créneau
comme vecteur de diversification
et de développement. Ils affichent
leurs atouts : moins onéreux, offrant
davantage de créneaux d'utilisation.
Depuis début 2016, Charleroi
a internalisé le département
« business », qui était sous-traité
auparavant, et inaugurera, le 23 juin
prochain, son nouveau terminal
spécialement dédicace. Liège
projette de construire un terminal
spécifique d'ici à 2018, en partenariat
avec des investisseurs prives.
WIJET 3515608400505