La gestion des zones humides
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La gestion des zones humides
LA GESTION DES ZONES HUMIDES Définition des zones humides Ces zones sont caractérisées par la présence d’un sol partiellement ou totalement engorgé en eau, de façon temporaire ou permanente, du fait d’un drainage naturel déficient. On voit, au travers de cette définition, que l’on peut rencontrer différentes situations. Ceci va de la présence de la nappe d’eau à une profondeur supérieure à 50 cm jusqu’à la proximité de la surface. De façon pratique, dans le premier cas, une mise en valeur peut être envisagée, en prenant certaines précautions. Dans celui où la nappe d’eau est en surface, il convient surtout de ne rien faire. Cette situation se rencontre dans différentes régions du Limousin, et notamment : Dans la Basse-Marche, avec la présence d’un plancher bloquant le drainage naturel de sols ayant une faible pente. On rencontre alors des stations très humides en hiver, et très sèches en été, avec blocage des racines à la hauteur du plancher. Dans la montagne Limousine, où, du fait du relief, les fonds - presque entièrement plans - sont le domaine des sols hydromorphes1, tandis que les vallons ont souvent des sols engorgés en profondeur. Critères de reconnaissance L’analyse des zones humides se fait grâce à l’examen du sol à l’aide d’une tarière pédologique, ou encore avec une fosse, pour voir quelle est la nature et l’importance de l’hydromorphie, complété en tant que besoin par l’examen de la végétation. L’excès d’eau peut donc être temporaire, pour les fonds et les cours d’eau occasionnellement inondés ou pour les sols qui se drainent difficilement (faible pente,…). Dans ce cas, le sol comporte des taches ocre-rouille bien visibles. Cet excès d’eau peut perturber la respiration et la nutrition des plantes et arbres, mais aussi leur stabilité dans le sol permanent, dans les secteurs marécageux. Dans ce cas, le sol a une couleur gris-bleu caractéristique. L’analyse de la végétation peut être réalisés e avec l’aide de catalogue de stations forestières, comme celui du plateau de Millevaches. Par ailleurs, sur la montagne limousine, nous avons souvent des tourbières, c’est à dire des zones avec la présence de tourbe. 1 Sols dont les caractères sont dus à une évolution dominée par l'effet d'un excès d'eau en raison d'un engorgement temporaire ou permanent d'une partie ou de la totalité du sol. 1 La gestion des zones humides V1.2 - 2009 Précautions générales Dans tous les cas, ces sols sont très sensibles au compactage par les engins d’exploitation. Aussi, est-il conseillé d’y pénétrer quand le sol est suffisamment sec, c’est à dire en période estivale avec des pneus basse pression. Plus encore que dans les autres stations, il convient d’être très prudent sur l’utilisation de produits phytosanitaires et de respecter la réglementation en vigueur. Les différents types de zones humides Nous examinerons ici les types de sols rencontrés dans la montagne limousine. Ceux rencontrés dans le nord de la région seront classés en fonction des catalogues des stations réalisés dans des conditions approchantes. Les tourbières Les tourbières sont des zones protégées du fait de la présence d’espèces rares tant animales que végétales. Elles ne peuvent être drainées, plantées ou exploitées. Elles assurent aussi un rôle dans la gestion de l’eau, en participant à la régulation des débits des cours d'eau et en contribuant à l'épuration des eaux. Les cuvettes à fond plat, paysage typique de la montagne limousine sont les endroits privilégiés des milieux tourbeux. Cet excès d'eau et le manque d'oxygène qui en découle limitent considérablement l'activité des micro-organismes (les bactéries essentiellement). La dégradation biologique étant ralentie, la matière organique s'accumule et forme la tourbe à une vitesse très lente de l'ordre du centimètre chaque siècle. Leur végétation comprend : - strate arborescente : aulnes, saules, bouleaux, pin sylvestre - strate arbustive : bourdaine - strate herbacée : molinie, droseras, canneberge, bruyère à quatre angles, gaillet des marais, laîches, sphaignes, linaigrette Indépendamment de leur très faible fertilité, leur situation topographique, avec des étés chauds, et des fortes gelées tardives et précoces, les rend impropres à la production forestière traditionnelle. Vue d’ensemble de la tourbière du Longeyroux (Corrèze). Source CRPF. La gestion des zones humides V1.2 - 2009 2 Deux actions principales peuvent être envisagées : - La restauration. Elle consiste d’abord à détruire, si besoin, en fin d’été les arbres (bouleaux, pins, etc.) avec dévitalisation, si possible, des souches de feuillus, pour maintenir le milieu ouvert. Le broyage du restant de la végétation, complétée par l’enlèvement hors de la zone humide complète l’opération. Plusieurs passages sont parfois nécessaires pour réduire les touffes de Molinie bleue (tourradons). - L’entretien. Le fauchage de la zone humide tous les six à huit ans en fin d’été, avec récolte des produits de la fauche, est généralement suffisant. Ce travail sera partiel (par exemple un quart de la surface à chaque fois) pour conserver la diversité des âges et des zones de refuge pour la faune. Les outils doivent être adaptés à la portance des sols. Le pâturage extensif, de préférence à l’aide de moutons, est également bonne solution, sous réserve d’un strict contrôle de celui-ci. Dans la pratique, si l’on souhaite maintenir ces milieux, il est conseillé de se rapprocher d’organismes ayant une pratique de ce genre d’opérations, comme le conservatoire des espaces naturels du Limousin Les fonds avec sols profonds La profondeur des sols est supérieure à 50 cm, et l’hydromorphie est à plus de 50 cm. Leur végétation comprend une flore diversifiée avec notamment : - strate arborescente : chêne pédonculé, aulne glutineux, frêne - strate arbustive : bourdaine, noisetier, sureau noir - strate herbacée : chèvrefeuille des bois, sceau de Salomon, lierre terrestre, fougère mâle, viorne obier, bugle rampant, framboisier, lamier jaune, oxalide petite oseille, anémone sylvie. Cette station, peu étendue, présente des risques de gelée. La fertilité de la station est bonne. Dans le cas d’un objectif de production de bois, les essences feuillues conseillées sont : - moins de 600 m d’altitude : châtaignier, chêne pédonculé, chêne sessile, frêne - plus de 600 m d’altitude : érable sycomore, hêtre, frêne. Les essences résineuses étant le douglas, les mélèze d’Europe et hybride. Toujours dans un objectif de production de bois, les essences feuillus possibles sont : - moins de 600 m d’altitude : aulne glutineux, chêne rouge, érable plane, érable sycomore, hêtre, merisier, tilleul - plus de 600 m d’altitude : aulne glutineux. Essences résineuses - mélèze du Japon, pin laricio de corse, pin sylvestre Il convient de respecter la bande boisée en bordure de ruisseau. La gestion des zones humides V1.2 - 2009 3 Les fonds avec sols superficiels à moyennement profonds La profondeur des sols est inférieure à 50 cm, et/ou l’hydromorphie est à moins de 50 cm. Leur végétation comprend une flore diversifiée avec notamment : - strate arborescente : chêne pédonculé, saules, aulne glutineux, bouleau pubescent, bouleau verruqueux, tremble - strate arbustive : bourdaine - strate herbacée : molinie, fougère femelle, fougère spinuleuse, agrostide des chiens, joncs, blechnums en épis, agrostide stolonifère, populage des marais, bruyère à quatre angles. Cette station, assez fréquente et assez étendue, souffre d’un excès en eau. Les sols pauvres en éléments minéraux ont une faible profondeur pouvant être prospectée par les racines. La fertilité de la station est faible à très faible. Dans le cas d’un objectif de production de bois, les essences feuillues possibles sont le bouleau verruqueux et l’aulne glutineux. Celles résineuses utilisables sont : - moins de 600 m d’altitude : mélèzes d’Europe et hybride, pin sylvestre - plus de 600 m d’altitude : mélèze d’Europe, pin sylvestre, sapin pectiné. Il convient de respecter la bande boisée en bordure de ruisseau. D’une manière plus générale, on prend en compte les aspects réglementaires liés à ce type de milieu. Les investissements sont à éviter sur ces stations ; on tire parti si possible des essences spontanées. Les vallons avec sols moyennement profonds La profondeur des sols est comprise entre 30 et 50 cm, et/ou l’hydromorphie est comprise entre 30 et 50 cm. Leur végétation comprend une flore diversifiée avec notamment : - strate arborescente : chêne pédonculé, hêtre, frêne - strate arbustive : noisetier, sureau noir - strate herbacée : molinie, chèvrefeuille des bois, ronce, sceau de Salomon, lierre terrestre, viorne obier, bugle rampant, lamier jaune, fougère femelle, anémone sylvie, agrostide des chiens, joncs, oxalide petite oseille, blechnum en épis, fougère spinuleuse. La fertilité de la station est moyenne. Dans le cas d’un objectif de production de bois, les essences feuillues possibles sont : - moins de 600 m d’altitude : l’aulne glutineux, le bouleau verruqueux, et, le chêne - plus de 600 m d’altitude : l’aulne glutineux et le bouleau verruqueux les essences résineuses possibles sont : - moins de 600 m d’altitude : les mélèzes, les pins sylvestre et Laricio de Corse, le sapin de Vancouver - plus de 600 m d’altitude : les mélèzes d’Europe et du Japon, le pin sylvestre, le sapin pectiné. La qualité de l’exploitation forestière est importante pour réduire les dégâts occasionnés au sol : canaliser les engins de débardage dans des cloisonnements conçus à cet effet. Il conviendra d’intervenir avec des engins lourds que lorsque la nappe d’eau est à son plus faible régime. Veiller à laisser une libre circulation des eaux de source. La gestion des zones humides V1.2 - 2009 4 Les vallons avec sols profonds La profondeur des sols est supérieure à 50 cm, et l’hydromorphie est à plus de 50 cm. Leur végétation comprend une flore diversifiée avec notamment : - strate arborescente : chêne pédonculé, hêtre, frêne, merisier - strate arbustive : noisetier, sureau noir - strate herbacée : chèvrefeuille des bois, sceau de Salomon, lierre terrestre, viorne obier, bugle rampant, lamier jaune, framboisier. La fertilité de la station est bonne. Dans le cas d’un objectif de production de bois, les essences feuillues possibles sont : - moins de 600 m d’altitude : le châtaignier, les chênes pédonculé et sessile, l’érable sycomore, le frêne, le hêtre et le merisier - plus de 600 m d’altitude : l’érable sycomore, le frêne et le hêtre. les essences résineuses possibles sont : - moins de 600 m d’altitude : le douglas, les mélèzes d’Europe et hybride - plus de 600 m d’altitude : le douglas, les mélèzes d’Europe et hybride, le sapin pectiné. La qualité de l’exploitation forestière est importante pour réduire les dégâts occasionnés au sol ; on évitera de créer un chemin de débardage au niveau du talweg. Stations acides avec hydromorphie en situation de plateau ou de faible pente Ces stations sont caractérisées par la présence d’hydromorphie temporaire à relativement faible profondeur, avec souvent un plancher empêchant la circulation de l’eau. Ces sols sont acides, avec une végétation herbacée comprenant souvent de la molinie. Ces sols sont secs en été et humide en hiver. Leur valorisation est liée à la profondeur à laquelle apparaît l’hydromorphie. Essences feuilles : chêne sessile Essence résineuse : pins sylvestre et laricio. La gestion des zones humides V1.2 - 2009 5