Etat des Lieux luc

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Etat des Lieux luc
DEPARTEMENT DU GARD ET DE LA LOZERE
SYNDICAT MIXTE D’AMENAGEMENT ET DE GESTION HYDRAULIQUE DES
GARDONS
Annexe 1
au
Schéma d’Aménagement
et de
Gestion des Eaux
des GARDONS
_______
ETAT DES LIEUX
DECEMBRE 2000
Approuvé
par
arrêté
interpréfectoral du 27 février 2001
S. A. G. E.
des GARDONS
SOMMAIRE
INTRODUCTION............................................................................................................................................................................. 1
1. L’ESPACE PHYSIQUE ........................................................................................................ 5
1.1. Généralités ........................................................................................................................5
1.2. Contexte hydrographique ..................................................................................................6
1.3. Hydrogéologie .................................................................................................................13
1.4. Contexte climatique .........................................................................................................14
1.5. Contexte hydrologique.....................................................................................................16
1.6. La zone inondable ...........................................................................................................24
1.7. La Dynamique fluviale des Gardons ...............................................................................25
1.8. La ressource en eau .......................................................................................................28
2. L’ESPACE HUMAIN ......................................................................................................... 38
2.1. La Population ..................................................................................................................38
2.2. Les Activités Economiques..............................................................................................40
2.3. L’occupation de l’Espace.................................................................................................45
2.4. La lutte contre les inondations .........................................................................................46
2.5. Les extractions ................................................................................................................53
2.6. Les Besoins en eaux.......................................................................................................60
3. LES MILIEUX NATURELS............................................................................................... 70
3.1. Les Grandes Unités et Régions Ecologiques ..................................................................70
3.2. Des Milieux Naturels remarquables.................................................................................72
3.3. La Ripisylve.....................................................................................................................81
3.4. La faune terrestre des Gardons.......................................................................................95
3.5. Les milieux aquatiques....................................................................................................98
4. LES RENCONTRES .........................................................................................................104
4.1. Concernant La Dynamique fluviale :..............................................................................104
4.2. Concernant les inondations : .........................................................................................107
4.3. Concernant la Ressource en eau : ................................................................................111
4.4. Analyse Géographique par entité ..................................................................................114
4.5. Conclusion : ..................................................................................................................128
ANNEXES ......................................................................................
PHASE 1
ETAT DES LIEUX
Introduction
S.A.G.E. des Gardons
Etat des Lieux - Diagnostic général
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INTRODUCTION
L’élaboration du SAGE des Gardons est entrée dans sa phase active depuis le mois de
mars 1998.
Au préalable, plusieurs études d’aide à la décision avaient été lancées par la
Commission Locale de l’Eau (CLE) :
− les milieux naturels des Gardons (FACEN),
− étude de la dynamique fluviale des Gardons (SIEE),
− étude de l’aquifère karstique de l’Urgonien (BRL).
Le présent rapport d’état des lieux résulte d’un travail important accompli par
l’ensemble des acteurs concernés par le SAGE des Gardons au cours de ces 10
premiers mois.
Ce travail a tout d’abord consisté en une large consultation (pré-enquête stratégique) de
différents acteurs concernés par l’eau et les rivières sur ce territoire. Cette consultation
a notamment permis de mieux évaluer au sein de quels enjeux se situait le projet de
SAGE et d’identifier dans quelles perspectives il se situait pour chacun.
En parallèle, un important travail a été réalisé concernant l’analyse et la synthèse de
l’ensemble des connaissances disponibles sur ce territoire. Ce travail a consisté, en
particulier, à rassembler et à exploiter les nombreuses études réalisées sur le bassin
des Gardons. Au total, près de 300 ouvrages ont été ainsi identifiés.
A partir de ces éléments de connaissance, les acteurs locaux de ce territoire ont été
consultés dans le cadre de commissions géographiques.
Six commissions ont été constituées sur ce territoire :
− Hautes Cévennes
− Piémont cévenol - gardon d’Anduze
− Piémont cévenol - gardon d’Alès
− Gardonnenque
− Gorges du gardon d’Uzège
− Gardon rhodanien
Ces commissions ont permis de mieux appréhender les problématiques vécues par les
acteurs locaux, ainsi que leurs attentes.
Enfin, une nouvelle série de consultations a eu lieu dans le cadre de commissions
thématiques, afin d’appréhender comment se posent certains problèmes à l’échelle de
l’ensemble du bassin versant des Gardons.
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Quatre commissions thématiques ont ainsi été constituées :
− Restauration du lit
− Gestion de la ressource en eau
− Protection contre les inondations
− Les milieux naturels
Ces commissions ont permis de mieux appréhender les perspectives dans lesquelles
devrait se placer le SAGE, et de faire émerger des « pré-objectifs » pour le futur SAGE.
Ces consultations ont été étoffées par la rencontre des élus du territoire (148 mairies).
L’Etat des lieux qui vous est proposé ci-après résulte donc de l’ensemble de ces
concertations, analyses et synthèses, ainsi que d’un travail approfondi et constructif
avec les membres de la CLE et ceux du Comité de Pilotage de l’élaboration du SAGE.
Cette première partie, consistant dans un travail de description, a permis une
connaissance relativement complète du bassin versant des Gardons. Elle laisse
également entrevoir les problématiques qui s’y rattachent notamment sur la qualité de
l’eau, la multiplicité des usages et sur les impacts qu’ont subi les milieux connexes aux
Gardons. Il va s’agir maintenant de procéder à leur analyse en détail.
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PHASE 1
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L’espace physique
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1. L’ESPACE PHYSIQUE
1.1. GENERALITES
Dernier affluent du Rhône, le Gardon prend sa source dans le département de la
Lozère, au niveau des crêtes des Cévennes sur la ligne de partage des eaux atlantiques
et méditerranéennes.
Il traverse ensuite le département du Gard qui représente 80 % de son linéaire.
Au total, 148 communes (regroupées en 22 cantons), sont concernées par le bassin
versant (périmètre du SAGE des Gardons).
La liste de ces communes est fournie en Annexe 1.
On notera que dans ce territoire, l'appellation Gardon(s) ne concerne pas une rivière
unique, mais un réseau hydrographique complexe composé de différents cours d'eau
souvent appelés Gardon de … ou parfois de dénomination différente (Avène, etc.)
Il présente des caractéristiques typiquement méditerranéennes, à savoir :
− une pluviométrie irrégulière, avec de fortes intensités ;
− un ruissellement élevé lié à la géologie des Cévennes et aux fortes pentes
longitudinales ;
− un régime des cours d’eau très irrégulier avec des crues subites pouvant être
catastrophiques et atteindre plusieurs milliers de mètres cubes par seconde, et des
étiages très accusés, voire des secteurs à assèchements périodiques total.
Plusieurs cartes ont été réalisées afin de situer le bassin des Gardons et les structures
administratives relatives au SAGE des Gardons. Il s’agit des cartes suivantes :
− Plan de situation du bassin versant (carte n° 1.1.1)
− Périmètre du SAGE (carte n° 1.1.2)
− Structures administratives du bassin versant des Gardons (carte n° 1.1.3)
Ces cartes sont présentées dans le document « Document cartographique » joint au
présent dossier.
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1.2. CONTEXTE HYDROGRAPHIQUE
A travers les caractéristiques générales du bassin versant, 5 grandes unités
géomorphologiques se singularisent :
1.2.1. LES CEVENNES : LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE DES HAUTS
GARDONS (AMONT D’ALES ET D’ANDUZE )
Les gardons cévenols qui se trouvent dans la partie amont du bassin versant, jouent un
rôle majeur dans la dynamique du Gardon à qui ils donnent naissance.
♦ Géologie :
On pourra se référer aux cartes "contexte géologique" et "domaines aquifères"
présentées aux paragraphes 1.2.1 et 1.4.1 du document cartographique.
Le bassin des Gardons (Gardon d’Alès, d’Anduze, de Saint Jean et de Mialet) est
dominé au Nord Ouest par les Cévennes cristallines ou schisteuses qui sont
principalement représentées par des formations métamorphiques (schistes à gneiss et
micaschistes) traversées localement par des complexes granitiques et des formations
schisto-gréseuses du Houiller (Notice B.R.G.M., feuille d’Alès, 1978). La nature de ces
affleurements les rend particulièrement propices aux ruissellements.
Plus à l’aval une partie du relief s’est formé sur la bordure cévenole calcaire, sur des
terrains du Trias, du Jurassique et du Crétacé. Les affluents de ces zones présentent
un écoulement plus temporaire.
♦ Hydrographie :
On pourra se référer à la carte "réseau hydrographique", présentée au paragraphe
1.3.1 du document cartographique.
Le réseau très ramifié, en arête de poisson, est composé par de profondes vallées, aux
versants pentus qui découpent le relief en crêtes aiguës.
Ce vaste territoire de 850 km², soit le tiers de la superficie du bassin versant, est
découpé d’une multitude de talwegs courts et inclinés, plus exacerbés les uns que les
autres.
♦ Topographie :
Compte tenu d’une dénivellation qui oscille de quelques 40 ‰ à près de 4 ‰ (pente
moyenne ~ 20 ‰), le cours supérieur des Gardons s’étend sur 40 km à 60 km des
sources des Gardons jusqu'à respectivement Alès et Anduze (selon le sous bassin
étudié).
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1.2.2. LE PIEMONT CEVENNOL : LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE DES MOYENS
GARDONS ( D’ANDUZE ET ALES A LEUR CONFLUENCE )
Cette unité du Piémont Cévenol occupe une place stratégique dans la dynamique des
Gardons.
♦ Géologie :
Au débouché de ces zones montagneuses, les Gardons pénètrent dans une région de
plaine ne comportant que quelques faibles reliefs. Les vallées s’évasent comme dans la
plaine d’Alès qui constitue une longue dépression NE-SW, limitée à l’ouest par la « Faille
des Cévennes » et à l’Est par la faille de Barjac (tectonique).
Elle correspond à un fossé d’effondrement rempli de sédiments lacustres. Ces dépôts
lacustres tertiaires présentent en certains points du bassin alésien une puissance de
plusieurs centaines de mètres.
La cluse d’Anduze, véritable porte des Cévennes sépare les formations
métamorphiques des Cévennes schisteuses et cristallines (à granite porphyroide) des
terrains du crétacé qui constituent une partie du substratum du Gardon d’Anduze à l’aval
de la ville.
Cet étroit d’Anduze s’est établi au sein des formations jurassiques. La plaine aval du
Gardon d’Anduze s’établit sur des terrains tertiaires et des alluvions récentes où affleure
ponctuellement un substratum crétacé (Valanginien à Hauterivien) globalement peu
résistant.
Ces vallées s’élargissent pour donner naissance à des plaines alluviales dont la largeur
peut s’étendre de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres (200 à 600 m en
amont d’Alès pour atteindre 1.5 km à l’aval). Le lit majeur domine de 2 à 5 m en moyenne
le lit mineur.
Il est installé au sein des alluvions quaternaires dont la puissance maximale n’excède
pas 10 m avec une tranche noyée de 4 à 5 m et une extension latérale rarement
supérieure à quelques centaines de mètres. (Notice B.R.G.M., feuille d’Alès et Anduze,
1978).
D’après les auteurs de cette notice, le fond des Gardons Cévenols est recouvert
d’alluvions composées de sables, graviers et galets surmontés dans le lit majeur d’une
couverture limoneuse. Les galets se composent de calcaire (10%) et surtout de quartz,
de schiste et de grès.
♦ Hydrographie :
Le réseau complexe et ramifié de l’amont se simplifie à la traversée des formations plus
tendres à partir d’Alès. Les écoulements sont concentrés dans les deux artères
principales que forment les fourches du Gardon d’Alès et d’Anduze avant leur
confluence. Les affluents sont peu nombreux et globalement d’une taille plus
conséquente (l’Avène, le Grabieux, l’Ourme, le Carriol, etc...).
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♦ Topographie :
Sur un linéaire d’une quarantaine de kilomètres entre Alès, Anduze et la confluence de
leurs 2 Gardons respectifs, les pentes oscillent entre 2.5 et 5 ‰ avec des versants aux
reliefs peu marqués, composés principalement de petites collines ou de massifs de
Garrigues.
1.2.3. LA GARDONNENQUE : LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE DES MOYENS
GARDONS DE LA CONFLUENCE DU GARDON D’ANDUZE ET D’ALES A DIONS
A partir de la confluence des Gardons d’Alès et d’Anduze le bassin versant s’étend
sur 1 100 km². Ce périmètre couvre sur 68 km l’ensemble de la zone d’étude du présent
dossier entre la confluence des Gardons et celle avec le Rhône.
♦ Géologie - hydrogéologie :
Du point de vue géologique la plaine de la Gardonnenque est en continuité avec les
plaines du Piémont Cévenol.
L’épaisseur des alluvions s’amenuise après la confluence pour ne représenter que 4 à 6
m vers Saint Chaptes (Notice B.R.G.M., feuille d’Anduze, 1978). Dans le cours actuel,
des surcreusements souvent dus aux dragages laissent apparaître sporadiquement le
substratum (Notice B.R.G.M., feuille d’Alès) et provoquent un enfoncement du lit mineur
par rapport au lit majeur de 1 à 3 m sur certains secteurs (zones d’extractions).
En effet, dès la confluence du Gardon d’Anduze et du Gardon d’Alès on trouve des
affleurements calcaires (Barremien à faciès Urgonien) entre Ners et Boucoiran. Ils
disparaissent en profondeur sur près de 12 km au niveau de la commune de Ners et
réapparaissent entre Dions et Remoulins.
Les terrains du crétacé à dominante marneuse et intercalation de niveaux calcaires
(plus nombreux vers le sommet) apparaissent de façon de plus en plus continue dans la
basse vallée de la Gardonnenque (au niveau de Saint Chaptes) à la faveur des
importantes extractions de matériaux du lit mineur.
La vallée du Gardon s’est fortement développée dans la vaste plaine de Saint Chaptes,
la plus évasée de tout le bassin versant, seulement limitée par les Garrigues de Lussan
au Nord.
La description de la genèse du réseau hydrographique après la confluence des Gardons
présentée ci-après permet de mieux comprendre l’apparition de ces calcaires ainsi que
le développement du réseau sous forme de gorges dans le plateau calcaire de l’Uzège.
♦ Hydrographie :
A partir de la confluence des Gardons d’Anduze et d’Alès apparaît un réseau
hydrographique principal unique appelé les Gardons réunis ou plus simplement le
Gardon. Sur cette unité géomorphologique les affluents sont peu nombreux mais
conséquents (la Droude, le Bourdic, l’Auriol, etc...).
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♦ Topographie :
Le bassin de Saint Chaptes présente un relief écrasé qui ne se relève qu’à plusieurs
centaines de mètres voire quelques kilomètres avec les massifs des Garrigues.
Le lit mineur présente une topographie relativement plane avec une pente qui oscille
entre 1 et 2 ‰ (1.6 ‰ en moyenne).
L’investigation de terrain nous a permis de comptabiliser un nombre de ruptures de
pente (radiers) voisin de 40 sur les 20 km de cette unité hydrogéomorphologique, c’est à
dire que l’on dénombre près de 2 ruptures de pente ou seuils naturels d’importance
variable par kilomètre (ces ruptures de pente peuvent être fixes ou mobiles pour
certaines).
1.2.4. GORGES DU GARDON ET UZEGE : LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE DES
GORGES DU GARDON DE DIONS AU PONT DU GARD
Dans cette unité, le fonctionnement du réseau hydraulique est fortement lié à la
présence de réservoirs urgoniens.
Nous allons étudier particulièrement cette zone parce qu’elle concerne près de 47 km.
♦ Géologie - hydrogéologie :
D’après CHABAUD (1966), le réseau hydrographique actuel du Gardon ne suit pas les
directions maîtresses que devraient lui imposer la nature et la structure géologiques du
sol (orientation sud-ouest - nord-est qui contourne la dépression d’Uzès à Remoulins). Il
s’est formé au sein des méandres divaguants que traçait la rivière lorsque le socle
Urgonien1 n’affleurait pas car il était encore surmonté d’une épaisse couche de
sédiments .
Avec la transgression marine, le rajeunissement du réseau a provoqué un creusement
des sédiments puis du substratum Urgonien en l’état, en conservant ainsi les méandres
dont la courbure s’est accentuée avec les affouillements des berges.
C’est dans les terrains de nature tendre : marnes aptiennes et molasse que le Gardon a
creusé préférentiellement et respectivement la dépression du Pont Saint Nicolas qui
s’étend depuis sa rive gauche vers Uzès au Nord, et l’élargissement de la vallée entre
Collias et le château de Saint Privat..
Le plateau de l’Uzège est formé par du Barrémien supérieur à faciès Urgonien
(calcaires massifs, durs, très karstifiés) dont l’épaisseur totale peut atteindre 300
mètres. Le Gardon a creusé sa vallée dans ces calcaires Urgoniens qui forment une
couche géologique très répandue dans le sud de la France (PALOC, 1990). Les
calcaires affleurent déjà en plaquage discontinu entre Ners et Collias, mais ce
substratum Urgonien apparaît presque en permanence de Dions à Collias.
La nature de ces calcaires varie du blanc cristallin à Rudistes, aux argileux jaunâtres
grumeleux, aux récifaux blancs, ou encore jusqu’aux détritiques blancs et gris (Notice
B.R.G.M., feuille d’Uzès).
1 Urgonien : le qualificatif vient de la cuvette d’Orgon, commune de Provence
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Ces calcaires à faciès Urgonien qui affleurent dans quelques secteurs, constituent un
réservoir très étendu sous des formations plus récentes.
Cet aquifère karstique est alimenté par les pluies et les pertes de tous les écoulements
cévenols quand ils atteignent le calcaire. Il resterait constamment plein d’eau car toute
sa partie inférieure se situe au dessous du niveau des sources. L’auréole concernée
par l’affleurement du substratum urgonien pourrait avoir une surface de 800 km².
L’affleurement calcaire atteint le fond du Gardon à plusieurs reprises : entre Ners et
Boucoiran au lieu dit Rocher du Vidal. L’affleurement disparaît sur près de 12 km pour
remonter dans les gorges entre Dions et Collias.
L’ensemble du débit du Gardon peut disparaître à l’étiage dans les pertes à l’entrée du
bassin au niveau du Rocher du Vidal, laissant ainsi un assec complet dans le lit mineur. Il
réapparaît au niveau de Dions, car les calcaires affleurent à ce niveau, puis il s’assèche
par zones d’alternances jusqu’aux résurgences qui se trouvent dans les gorges au
cirque de la Baume.
Les sources issues de l’aquifère profond regagnent le lit du Gardon principalement entre
le Pont Saint Nicolas et le cirque de la Baume. Les plus importantes de ces sources sont
celles de la Baume et de Pâques (à Collias). De moindre importance puisqu’elles ne
coulent que de quelques jours à quelques semaines par an, il s’agit de celles de Font
Verte et des Frégères qui se trouvent au Pont Saint Nicolas.
A l’aval de La Baume le cours du Gardon ne s’assèche plus car il est réalimenté par
d’importantes résurgences.
L’aquifère profond présente une transmission immédiate, c’est à dire que ce qui sort est
directement proportionnel à ce qui entre. Des tests de coloration ont permis d’estimer
que l’eau mettait 2 à 3 mois pour parcourir l’aquifère depuis les pertes jusqu’aux
résurgences.
♦ Hydrographie :
Le réseau hydrographique du Gardon s’encaisse dans la traversée du massif des
Garrigues et sculpte des gorges étroites et profondes au sein de ce plateau calcaire
(Barrémien supérieur à faciès Urgonien).
Le lit mineur est bordé de falaises rupestres découpées par de petits talwegs diffus en
rive droite, alors que la rive gauche est marquée par un affluent important : l’Alzon. Cet
affluent draine toute la cuvette de la région de l’Uzège implantée au Nord des Garrigues.
♦ Topographie :
La pente moyenne générale du talweg varie entre 1 et 2 ‰ (1.3 ‰ en moyenne) ce qui
donne un profil relativement plat à ce secteur bien que l’on y rencontre un nombre
relativement élevé de ruptures de pentes.
On observe 31 ruptures de pente ou radiers2 sur un linéaire de 21 km ; ce qui
représente entre Russan et Collias près de 2.4 seuils naturels par km.
2 Radier : Désigne aussi les parties rapides, peu profondes, où une rivière coule sur un lit de graviers, entre deux trous
plus profonds. Ces radiers forment autant de parcours à truites, à la mouche, à la cuiller ou à la surprise.
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1.2.5. LE GARDON RHODANIEN : LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE DES BAS
GARDONS ( DU PONT DU GARD AU RHONE )
♦ Géologie - hydrogéologie :
A la sortie des Gorges, au Pont du Gard, le Gardon reprend une circulation en méandres
à l’intérieur des dépôts alluviaux du Rhône jusqu'à sa confluence avec ce dernier. Il
s’agit de dépôts grossiers, sables, graviers, galets à forte proportion d’éléments
cristallins surmontés dans la plaine d’inondation par des limons d’épaisseur variable.
Du point de vue hydrogéologique, CHABAUD (1966) indique clairement l’existence
d’autres pertes concernant les eaux de surface du Gardon entre le moulin de La Foux et
le confluent avec le Rhône. Ces pertes s’opéreraient à travers une circulation dans les
alluvions de la rivière. Toutefois les volumes mis en jeu par ces pertes seraient
négligeables au regard des écoulements superficiels permanents en lit mineur.
♦ Hydrologie :
Le bassin versant s’élargit brutalement à la sortie des gorges. L’évasement du lit majeur
reste limité en comparaison avec celui de la Gardonnenque, en raison des limites
naturelles du relief, c’est à dire les collines Rhodaniennes en rive gauche au Nord et les
Costières en rive droite au Sud.
Les affluents en provenance des versants sont peu nombreux et les apports
transversaux qu’ils peuvent fournir sont de moindre importance.
♦ Topographie :
Du point de vue topographique, le Gardon présente une pente moyenne générale faible
à très faible inférieure à 1 ‰. A l’aval des Gorges après le Pont du Gard le nombre de
ruptures de pente et de radiers est proche de 0.5 par km, ce qui tend à confirmer la
diminution de la pente.
A l’exception de deux ruptures de pente naturelles, la plupart des radiers se situent à
l’aval d’ouvrages qui ont été réalisés suite aux extractions massives de matériaux. On
dénombre sept seuils en enrochements, en béton ou en palplanches sur un linéaire de
20 km. Ils forment des biefs lentiques noyés qui se succèdent.
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Tableau 1 : caractéristiques physiques des cours d’eau du bassin des Gardons
Longueur
en km
Surface
en m²
Altitude de la
source en m
NGF
Altitude du
confluent en
m NGF
Pente en
m/km
Gardon d’Alès
61.5
443
820
92
12
Gardon St Germain
Gardon de Ste Croix
Gardon de Mialet
Gardon de Mialet total
17.5
30.5
18
48.5
89
100
52
241
964
953
226
953
226
226
129.6
129.6
42
23.8
5.3
17
Gardon de St Jean
Gardon d’Anduze
Gardon d’Anduze total
50
18
68
267
123
631
1040
129
1040
92
92
92
19
2
14
Gardon réunis
71
940
92
5
1.2
Rivières
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1.3. HYDROGÉOLOGIE
On pourra se référer à la carte "domaines aquifères", présentée au paragraphe 1.4.1
du document cartographique.
Mis à part l’aquifère alluvial superficiel, on note la présence de trois aquifères
profonds :
− l’aquifère des dolomies et calcaires dolomitiques de l’Hettangien et du Sinémurien,
qui concernent le Gardon d’Alès de la Grand Combe à Tamaris et le Gardon
d’Anduze en amont du Corbis pour la Salindrenque et en amont de Pradines pour le
Gardon de Mialet ;
− l’aquifère du Jurassique supérieur, qui a son exutoire principal sur le Grabieux,
affluent du Gardon d’Alès ;
− l’aquifère des calcaires urgoniens qui recoupe le lit du Gardon, principalement dans
le secteur Dions - Pont du Gard, et qui constitue l’aquifère majeur du bassin des
Gardons.
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1.4. CONTEXTE CLIMATIQUE
Le bassin versant des Gardons fait partie du domaine climatique méditerranéen.
Le temps est généralement chaud et sec en été, plus frais et humide en hiver.
Cependant, cela n’exclut pas certaines irrégularités thermiques et pluviométriques : de
grosses pluies brutales et orageuses peuvent éclater en été, et l’hiver peut être doux ou
connaître des gelées tardives.
Dans le bassin des Gardons, quatre types climatiques se succèdent, de l’aval vers
l’amont :
− type I : il concerne la zone proche du Rhône et le Gardon aval. C’est un climat
méditerranéen chaud et humide, modérément pluvieux ;
− type II : de type méditerranéen chaud en été, frais en hiver, pluvieux au printemps et
en automne, il concerne le massif des garrigues et la plaine de la Gardonnenque ;
− type III : méditerranéen sec en été, froid de l’automne au printemps avec de fortes
précipitations, il concerne les contreforts des Cévennes jusqu'à 1000 mètres
d’altitude ;
− type IV : il s’agit d’un climat montagnard, plus froid et très pluvieux, que l’on rencontre
dans le massif des Cévennes.
La caractéristique climatique principale du bassin des Gardons concerne la pluviométrie,
intense et brutale avec des extrêmes entre saisons arrosées et saisons sèches. (Voir la
carte "pluviométrie", présentée au paragraphe 1.3.2 du document cartographique).
A ces variations inter saisonnières il faut ajouter l’importance des contrastes voire la
brutalité des changements. (Suite à un été sec et sans pluie peuvent se produire des
précipitations torrentielles de l’ordre de plusieurs centaines de mm en quelques jours en
septembre ou novembre.)
Le bassin versant des Gardons est exposé au vent pluvieux du Sud Est. Du Nord Ouest
au Sud Est le caractère méditerranéen s’affirme : décroissance de l’altitude, des
isothermes et de la pluviométrie qui passe de 1 200 mm/an à 800 mm/an.
Ces pluies sont des accidents d’équinoxe, c’est à dire un renversement de pression sur
la muraille des Cévennes entre l’Océan et la Méditerranée. Le haut du bassin est
énormément arrosé avec 2 200 mm/an en tête du Gardon de St Jean du Gard.
Des précipitations brutales et irrégulières peuvent atteindre plusieurs centaines de
millimètres d’eau en 24 heures. Ces pluies replacées dans une échelle annuelle sont
susceptibles d’atteindre des chiffres comparables aux plus fortes précipitations
mondiales comme à Vialas du 28 au 29 octobre 1900 avec 950 mm en une nuit.
Ces pluies énormes classent le bassin du Gardon parmi les régions les plus arrosées de
France et même d’Europe (CHABAUD, 1966) (Vialas détient après Valleraugue le
record de chute d’eau en Europe).
Les périodes les plus arrosées se situent en particulier à l’automne : notamment en
octobre, secondairement au printemps ou l’hiver (janvier et février pouvant être des
périodes de fortes eaux).
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Les caractéristiques climatiques du bassin versant des Gardons sont telles que les
épisodes pluvieux sont généralement brefs et intenses sauf concernant les pluies
océaniques qui ne provoquent généralement que des crues tout à fait secondaires.
Cependant les exceptions climatiques (ou accidents climatiques) sont si nombreuses
que les informations saisonnières précédentes deviennent purement indicatives.
La variabilité de ce climat est exacerbée au regard de la pluviométrie de janvier qui,
lorsque le régime anticyclonal d’hiver est installé, fait que ce mois est le plus sec après le
mois de juillet alors qu’il devient une des périodes les plus arrosées lorsque les
dépressions atlantiques issues du golfe de Gascogne atteignent la Méditerranée avec
des vents de Sud Est entraînant avec elles d’importantes précipitations (comme en
janvier 1958 ou février 1957 qui ont été marqués par de très importantes précipitations).
Si l’apparition des épisodes pluvieux semble être très variable dans le temps d’une
année sur l’autre, elle l’est aussi dans l’espace : si les pluies les plus fortes tombent
particulièrement sur le cours supérieur du bassin (pluies orographiques), les récentes
précipitations catastrophiques ont eu lieu sur les moyens Gardons au niveau de Saint
Hilaire de Brethmas (pluies frontales et orographiques) où il est tombé près de 300 mm
en 3 heures. D’après CHABAUD, une seule averse aussi subite qu’intense peut
provoquer une crue.
Ces précipitations particulièrement brutales et intenses marquent notre région depuis
quelques années et ont causé beaucoup de dommages : Nîmes, Vaison la Romaine,
L’Hérault et l’Orb, le Lez à Montpellier, l’Avène à Saint Hilaire de Brethmas ; des chiffres
de 300 mm en quelques heures sont même monnaie courante (S.I.E.E., 1997).
Les Cévennes sont caractérisées par une saison sèche estivale qui n’est marquée
qu’exceptionnellement par des dépressions.
C’est la seule période relativement stable et elle se situe en juillet août avec parfois une
petite saison sèche hivernale (janvier 1990) voire printanière comme en 1992 et 1997.
Le nombre de jours de pluie annuel, d’environ 50, en Cévennes est bien inférieur à celui
d’autres régions, même si le cumul en mm/an est parfois supérieur (les minima
pluviométriques sont atteints en hiver et en été où 30 à 50 jours sans pluie sont
fréquents).
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1.5. CONTEXTE HYDROLOGIQUE
Le régime du Gardon est de type permanent car il est alimenté en continu par la
rétention nivale, les précipitations orographiques et les pluies océaniques ; permanent,
mais irrégulier (CHABAUD, 1966).
Il suit donc le contexte hydrologique particulièrement variable que nous venons
d’étudier. Pour mieux saisir le comportement hydraulique du Gardon nous allons
étudier dans un premier temps le débit moyen annuel, les variations saisonnières à
travers les débits moyens mensuels, enfin nous verrons les problèmes liés aux crues
et aux étiages.
1.5.1. L’ABONDANCE MOYENNE :
L’abondance moyenne ou débit moyen annuel ou encore module est estimé pour le
Gardon à 32.7m3/s (LEGAULT, 1993). D’après DAVY (1956), il serait de 34 m3/s à
Remoulins.
Nous avons évalué le module du Gardon à son embouchure à près de 38 m3/s. Un
historique des débits du gardon sur 10 ans de 1986 à 1997 obtenu auprès du service
Minitel de la station de jaugeage de la CNR à Remoulins nous a permis d’évaluer le
débit moyen internannuel à environ 29 m3/s.
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Le débit caractéristique moyen c’est à dire celui au dessous duquel le Gardon tombe
pendant 6 mois de l’année se calcule comme au plus la moitié du module.
Dans la fourchette d’un module de 32 à 38 m3/s on peut définir le débit caractéristique
entre 16 et 19 m3/s.
1.5.2. LES VARIATIONS SAISONNIÈRES :
La figure ci-après extraite de l’ouvrage L‘Uzège et la Région Bagnolaise (CHABAUD,
1966) que nous présentons ci après nous renseigne sur les caractéristiques du régime
à 4 saisons du Gardon :
− un étiage prononcé en juillet août,
− une pic de débit à l’automne, maximum en novembre,
− un minimum d’hiver centré en février mais beaucoup moins important que
celui d’étiage,
− un débit maximum secondaire de printemps en mars.
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L’historique des débits du Gardon sur 10 ans de 1986 à 1997 obtenu auprès du service
Minitel de la station de jaugeage de la CNR à Remoulins nous a permis d’élaborer à
l’aide des débits moyens mensuels la figure présentée ci-après.
Celle-ci confirme un certain nombre d’informations et met en évidence les singularités du
régime du Gardon :
− L’alternance saisonnière présentée par CHABAUD (1966) est globalement
respectée :
•
•
•
•
crues automnales
étiage estival
hautes eaux printanières
faibles eaux hivernales
− Les débits moyens mensuels sont très variables d’une année à l’autre :
La moyenne des écarts type est de 27.7 ce qui signifie que globalement il y a de
fortes variations des débits moyens mensuels sur 10 ans.
L’écart type maximum (79.2) se trouve en janvier compte tenu du fait que le débit
moyen de ce mois peut présenter des valeurs aussi bien d’étiage (9 m3/s en
1990) que des valeurs de crues (265 m3/s en 1996).
Seul l’étiage estival semble stable avec des écarts type inférieurs à 10 de juin à
août. Ce dernier mois est le seul à ne pas présenter de variations significatives
du débit.
− Les débits moyens mensuels sont très variables d’un mois sur l’autre :
Les valeurs moyennes mensuelles permettent de constater des variations
brutales d’un mois sur l’autre.
Il en est de même pour les débits moyens journaliers que nous avons observés
à cette station pour l’année 97, avec, par exemple, entre le 27 et 28 août un
débit multiplié par 5, le 29 juin entre 15 et 16 heures un débit multiplié par 2.
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Note : la moyenne des débits moyens mensuels de janvier est la plus importante,
supérieure aux valeurs d’octobre et novembre. Toutefois cela ne veut pas dire que les
débits maximums de crue sont plus fréquents qu’à l’automne car il s’agit d’une
moyenne.
En effet les stations de jaugeage comme celle de Remoulins ont beaucoup de mal à
évaluer les débits de crue qui atteignent dans nos régions des valeurs extrêmes
(jusqu'à plusieurs milliers de m3/s).
La comparaison par CHABAUD des moyennes mensuelles de hauteur d’eau et des
moyennes pluviométriques fait apparaître un certain décalage entre les plus fortes
pluies et les plus forts débits.
En effet, le maximum principal du débit ne se situe pas en octobre mais, malgré des
pluies moins fortes, en novembre, car à cause du froid plus accusé, ces pluies
s’évaporent moins et s’infiltrent moins aussi dans le sol fortement saturé par les
précipitations d’octobre.
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1.5.3. LES CRUES
On pourra se référer aux cartes "les crues" et "risque inondation" présentées aux
paragraphe 1.3.3 et 1.10.3 du document cartographique.
La genèse des crues du Gardon est en grande partie liée aux phénomènes pluvieux
particulièrement intenses et brutaux qui frappent les Cévennes comme nous l’avons
présenté dans le contexte hydrologique ; néanmoins c’est d’avantage dans la synergie
des caractéristiques du bassin que se trouve la réponse des « Gardonnades » : ces
crues catastrophiques qui jalonnent la mémoire des hommes à propos du Gardon.
En effet, le bassin des Gardons présente sur le plan hydrologique un relief très accusé.
Avec une exposition aux vents pluvieux du sud-est et une grande superficie, il est donc
éminemment favorable aux grandes concentrations de débit.
Nous allons nous efforcer de caractériser les crues en fonction des éléments tel que :
♦ Intensité :
Qu’est-ce qu’une Gardonnade ? : c’est une crue comme celle qui a engendré les
inondations catastrophiques de 1958 et atteint des proportions incommensurables : à la
confluence des Gardons d’Alès et d’Anduze, le débit aurait été 5000 m3/s, près de la
moitié du débit du Rhône à Beaucaire en janvier 1994.
Cette crue a provoqué de graves dégâts et coûté la vie à de nombreuses personnes
(Défense contre les Eaux dans le Gard, brochure de la DARE (Conseil Général), DDAF,
DDE, BRL).
Si des valeurs énormes, comme les 2 200 m3/s du 12 septembre 1976, provoquent un
débordement conséquent puisque la zone inondable couvre plus de 7 000 ha (Défense
contre les eaux dans le Gard, Conseil Général , DARE 1994), il faut préciser que les
crues annuelles de 1 000 à 2 000 m3/s sont fréquentes. Le bassin versant très accusé
au niveau du relief induit des vitesses d’écoulement importantes comme nous allons
pouvoir le constater.
♦ vitesse de propagation du flot :
Les vitesses d’écoulement sont principalement la conséquence directe du relief. La
topographie accusée du bassin versant avec une pente moyenne de 9 ‰ qui varie de 40
‰ à 1 ‰ confère au Gardon de très importantes vitesses d’écoulement.
Elles se traduisent par un lit mineur qui a la capacité de faire transiter des débits
importants, qui est très étendu en largeur et divaguant dans le lit majeur.
D’après CHABAUD la rapidité à laquelle se propagent les eaux constitue un des aspects
les plus caractéristiques des crues cévenoles : le flot s’avance sous la forme d’une lame
de 1 à 2 m de haut à la vitesse de 10 à 12 km/h. D’après l’ingénieur LEMOINE le temps
moyen mis par les eaux pour parcourir la distance entre le confluent des Gardons et
Remoulins est de 6 heures, soit une vitesse de 9 km/h.
A titre comparatif sur la zone d’étude du confluent des Gardons au Rhône la vitesse de
propagation des eaux pour un débit proche du débit caractéristique (~ 19 m3/s) serait de
l’odre de 3 km/h (soit ~ 72 km/jour).
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Les Gardonnades sont des phénomènes souvent brefs avec des pics de crues
importants, rapidement suivis de débits moyens voire faibles (en relation avec la
pluviométrie intense et brutale et avec la nature des affleurements du cours supérieur).
D’après CHABAUD on ne connaît pas d’inondations de plus d’une semaine par le
Gardon sur le bassin versant.
♦ Epoque et fréquence :
Les tableaux chronologiques des venues d’eau du Gardon établis par CHABAUD (1966)
montrent que celles-ci peuvent se produire en toutes saisons : des crues ont été
relevées en juillet 1911, juin 1923, juillet 1992, d’autres en janvier.
En avril la probabilité d’occurrence des crues est deux fois plus élevée qu’en mai juin. Ce
tableau met aussi en évidence qu’en automne les crues sont plus nombreuses et plus
importantes.
Le déclenchement des crues est fortement lié à l’intensité et la répartition des épisodes
pluvieux. L’effet de saturation du sol ou de formation d’une pellicule imperméable en
surface peut amplifier la capacité de ruissellement.
L’apparition des crues est dont liée à celle des précipitations et donc à l’irrégularité, la
brutalité et l’intensité des variations climatiques qui affectent ce contrefort méditerranéen
(le fort contraste entre les saisons se retrouve au niveau des débits).
1.5.4. LES ETIAGES
On pourra se référer à la carte "les étiages", présentée au paragraphe 1.10.4 du
document cartographique.
Les étiages surviennent après une baisse progressive du débit qui résulte de la
faiblesse voire de l’absence de précipitations aux cours des mois de juin, juillet et août et
de l’augmentation de l’évaporation qui s’y rattache.
♦ Epoque et fréquence :
La baisse notable du débit se produit généralement à partir du mois de juin (cf. figure 5:
historique des débits sur la station de Remoulins sur 10 ans) et se prolonge durant la
période estivale d’autant plus que les débits sur la tête des bassins supérieurs sont
quasiment nuls (les 50 mm de pluviométrie estivale entre juillet et août n’étant pas
suffisants pour pérenniser les écoulements sur des substratums faiblement perméables
donc faiblement rétensifs).
Généralement les étiages les plus sévères surviennent en fin d’été lorsque les pluies
automnales tardent à arriver, notamment en septembre et octobre. Ces mois sont ceux
des contrastes puisque aux étiages drastiques font souvent suite des crues
phénoménales sans aucune transition.
De faibles débits peuvent apparaître en période hivernale notamment en janvier et
février, comme en 1990 (cf. historique du débit), mais la sévérité de ces derniers
n’atteint jamais les records estivaux.
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Les étiages sont des phénomènes habituels (qui se répètent chaque année) parfois
pluriannuels fort bien connus qui se manifestent plus ou moins intensément au niveau du
cours d’eau en fonction des caractéristiques physiques (pente, largeur du lit),
géologiques (substratum rocheux ou graveleux, perméable ou imperméable),
hydrogéologiques (présence d’aquifère, nappe alluviale ou aquifère profond qui draine
ou alimente la rivière), écologiques (limitation de l’ensoleillement et donc de l’évaporation
par une ripisylve en galerie, évapotranspiration par les végétaux) et climatiques des
différentes unités hydrogéomorphologiques du bassin versant.
♦ Intensité :
On peut évaluer que les étiages ordinaires du Gardon n’excèdent pas les 5 m3/s,
d’après les relevés de la station de jaugeage C.N.R. de Remoulins.
Le débit minimum observé sur cette station sur l’historique de 10 ans a permis de
mesurer un débit minimum de 1m3/s. En aval de la station, le Gardon ne reçoit plus
d’affluents importants et les pertes alluviales vers le Rhône (qui draine par la relation
d’alimentation du cours d’eau par la nappe d’accompagnement, la basse vallée du
Gardon) peuvent encore affaiblir de façon substantielle le débit d’étiage.
C’est ainsi que des valeurs de 0.25 m3/s à 0.719 m3/s ont pu être mesurées
respectivement en 1839 et 1856 à la confluence avec le Rhône.
Si l’apparition des assecs de façon répétée ne semble pas être un phénomène nouveau,
l’assèchement drastique et de plus en plus généralisé sur la Gardonnenque est sans
doute la conséquence des extractions massives de granulats sur cette unité qui ont
entraîné la disparition de la couverture graveleuse des bancs marneux et calcaires plus
ou moins perméables du fond du lit (plus d’infiltration et d’évaporation sur le substratum
rocheux).
♦ Localisation des assecs :
Les assecs les plus connus et les plus sévères se produisent globalement sur 2 unités
hydrogéomorphologiques : la Gardonnenque et les Gorges du Gardon.
− En Gardonnenque : En effet, avant même les grands travaux
d’aménagement des années 60 (suite à la crue de 58) qui ont profondément
modifié la dynamique fluviale de la Gardonnenque et entraîné un
rabattement du fond du cours d’eau, d’importants assecs survenaient dans
le secteur du Rocher de Vidal (GAUJOUX, communication personnelle) sur
quelques kilomètres jusqu’à Brignon. Des assecs complets surviennent sur
ce secteur lorsque le débit à Remoulins est inférieur à 5 m3/s.
−
Dans les Gorges du Gardon : Les assecs qui caractérisent l’amont des
Gorges du Gardon entre Russan et le Pont Saint Nicolas sont eux aussi
connus depuis fort longtemps (avant les années 40). En 1966 CHABAUD
les mentionne dans son ouvrage l’Uzège et la Région Bagnolaise. Ce
tronçon de 10 km présente un assec particulièrement important au niveau
du Pont Saint Nicolas sur 1 à 2 km et de façon plus ou moins discontinue
sur le reste du parcours.
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Les rencontres avec messieurs GAUJOUX et BARTHELEMY nous ont permis de voir
que le problème des assecs sur la portion allant de Ners à Dions n’était pas un
phénomène exceptionnel mais bien répétitif.
L’interview de l’hydrogéologue PALOC confirme ces faits et permet d’étendre le
constat jusqu'à l’aval du Pont Saint Nicolas où les premières résurgences
apparaissent.
Au cours de notre enquête de terrain, nous avons pu localiser plusieurs zones
complètement à sec et des zones où le débit était très faible et où la hauteur d’eau ne
dépassait pas 5 à 10cm.
Ces assecs s’expliquent d’une part par les pertes d’eau permanentes ou annuelles
dans l’Urgonien et d’autre part par une forte évaporation l’été (la largeur du Gardon
étant très importante (60-80 mètres) ainsi que par des pompages pour l’irrigation par le
canal de Boucoiran mais aussi par des pompages directs dans le Gardon.
Le tableau de synthèse ci-après a été réalisé à partir d’enquête de terrain :
Tableau 2 : Localisation des assecs sur le Gardon
Localisation de la zone
d’assec
Observations
Zone à sec connue des pêcheurs
Pont de Brignon
Depuis Ners au rocher du
Vidal
Aval Russan
Assèchement partiel (5cm d’eau)
Non observée cette année
Zone connue depuis près de 30ans
Zone à sec sur 1 Km lors de sécheresse
particulières
Assèchement complet et partiel
Alternance de zones à sec depuis plus
sur près de 500m
de 30 ans
Assèchement complet et partiel
Alternance de zones à sec depuis plus
sur 200m
de 30 ans
Méandre
Assèchement complet sur plus
Alternance de zones à sec depuis plus
de 1km
de 30 ans
Au niveau du moulin en
Assèchement partiel
Alternance de zones à sec de puis plus
ruine
de 30 ans
Aval moulin en ruine
Assèchement total sur 1,5km
Alternance de zones à sec depuis plus
jusqu’au Gour l’évêque
de 30 ans
Au niveau du Gour du
Alternance de zones en à sec
Alternance de zones à sec depuis plus
Corbeau
complet et partiel
de 30 ans
La zone d’à sec au niveau du pont est
Zone partiellement à sec au Gour
Depuis le Gour du
connue depuis plus de 40 ans
du Colombier
Colombier jusqu’au Pont
Complètement à sec en amont et
Saint-Nicolas
en aval du pont saint Nicolas sur
2 km
Méandre en aval du Pont
Complètement à sec
La zone d’à sec au niveau du pont est
saint Nicolas
connue depuis plus de 40 ans
Assèchement partiel
Assèchement partiel
Assèchement partiel
En amont du plan d’eau de
Assèchement complet
La Baume
En aval du seuil de la
Assèchement partiel
Baume
Amont de Collias
Assèchement partiel
Amont de Collias
Assèchement partiel
Amont de Collias
Assèchement partiel
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1.6. LA ZONE INONDABLE
On pourra se référer à la carte "limites des zones inondables", présentée au
paragraphe 1.10.2 du document cartographique.
Elle se confond avec le lit ordinaire sur une grande partie du cours amont. Les
Gardons de Mialet, de Saint-Jean-du-Gard jusqu'à cette localité, d’Alès, jusqu'à La
Grand-Combe et même les abords d’Alès, coulent au fond de vallées étroites,
occupées sur toute leur largeur par le lit du cours d’eau.
Ces vallées prennent localement l’allure de véritables gorges, en particulier sur les 7
premiers kilomètres du Gardon de Saint-Germain-de-Calberte, entre l’Estréchure et
Saint-Jean-du-Gard, sur le Gardon de ce nom.
La vallée s’étrangle encore localement au cours de la traversée des calcaires
jurassiques et triasiques qui bordent les Cévennes schisteuses. Enfin, sur une
vingtaine de kilomètres, de Dions au Pont-du-Gard, le Gardon coule au fond d’un
canyon profond de 100 à 150 m. Le lit ordinaire, qui s’étendait sur une largeur de 1 km
en face de Dions, se rétrécit brutalement en pénétrant dans le massif des Garrigues.
A partir de Russan, il se confond avec le champ d’inondation et n’occupe plus alors
qu’une largeur de 100 m en moyenne. Cette topographie joue un rôle important lors
des crues. D’une part, le rétrécissement fait monter le niveau de la crue sur toute la
longueur du canyon (il est très rare en effet, même dans le cas de pluies uniquement
orographiques, de constater à Remoulins une hauteur d’eau inférieure à celle de Ners
ou de Moussac) ; d’autre part, il constitue un obstacle important pour le flot de crue.
Celui-ci ne pouvant s’écouler librement, s’étale dans la plaine de Dions qu’il occupe
toute entière sur une largeur de 3 ou même 4 kilomètres, lors de très grandes crues
comme celles de 1907 et 1958.
Les Gardons possèdent par contre au long de leurs cours deux secteurs
particulièrement inondables : de Ners à Russan et de Remoulins au Rhône.
Le sol des vallées se situe ici à 2 ou 3 mètres seulement au-dessus des basses eaux
de la rivière, et s’élève insensiblement jusqu’au pied des collines calcaires qui les
limitent. Les rives du Gardon, dans ce secteur, se trouvent donc submergées par les
crues ordinaires, sinon tous les ans, du moins tous les deux ou trois ans.
Dans la région de Boucoiran-Brignon, lors des grandes crues, la presque totalité de la
vallée est inondée, sur une largeur de 2 km, depuis le flanc Nord de la vallée jusqu'à la
voie ferrée construite sur remblai, à quelques mètres du coteau Sud.
Dans la région de Montfrin, les débordements seraient du même ordre et plus
importants encore si l’homme n’avait cherché à se protéger derrière des digues
puissantes qui canalisent les crues, en particulier de Comps au confluent.
Pourtant il peut arriver, lors des crues combinées du Rhône et du Gardon, que toute
l’étendue comprise entre le Rhône, le petit massif calcaire au Nord-Est de Montfrin et
la retombée de la terrasse des Costières, soit entièrement recouverte d’eau.
Au total, la zone inondable couvre plus de 7000 ha.
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1.7. LA DYNAMIQUE FLUVIALE DES GARDONS
1.7.1. LES UNITÉS HYDROGÉOMORPHOLOGIQUES
Cinq unités se distinguent (voir la carte "unités hydrogéomorphologiques", présentée
au paragraphe 1.2.3 du document cartographique) :
− Unité I - Les Cévennes - concerne tout le bassin supérieur et est limitée à l’aval sur
les deux villes d’Alès et d’Anduze (portes des Cévennes);
− Unité II - Le Piémont Cévenol - depuis la limite précédente jusqu'à la confluence
des deux Gardons ;
− Unité III - La Gardonnenque - depuis la confluence des deux Gardons jusqu'à
l’entrée des Gorges.
− Unité IV - Les Gorges du Gardon et l’Uzège ;
− Unité V - Le Gardon Rhodanien.
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1.7.2. LES PHENOMENES D’EROSION NATURELLE
Le transport solide constitue un des phénomènes les plus spectaculaires des crues
Cévenoles.
Les schistes et micaschistes des Cévennes sont friables. Ils se débitent en plaques et
sont emportés par les eaux, où ils s’usent par frottement dans le lit de la rivière, pour
donner des galets et des sables plus ou moins grossiers.
Depuis la sortie des Cévennes calcaires, jusqu'à son entrée dans le massif crétacé des
garrigues, le Gardon coule dans une vallée qu’il a lui-même comblé, en déposant
plusieurs mètres de graviers, de sables fins et de limons. Les berges formées par ces
matériaux hétérogènes sont particulièrement friables et s’éboulent à chaque crue un peu
importante sous l’effet d’un sapement latéral. Le lit de la rivière, rendu instable par la
nature et la faible hauteur des berges, a tendance à se déplacer constamment. Le
canyon du Gardon, creusé dans le plateau crétacé de la garrigue nîmoise sur 20
kilomètres, constitue le secteur où le lit est le plus stable, puisqu’encaissé dans les
roches les plus dures qui se trouvent sur son parcours (calcaires compacts de
l’Urgonien).
C’est au cours des crues que ce transport solide est le plus important. A Anduze, aux
« portes des Cévennes », les jardins longeant le Gardon étaient autrefois régulièrement
recouverts par 50 cm de graviers à chaque crue, qu’il fallait enlever dès le retrait des
eaux pour retrouver le sol fertile.
Les mêmes phénomènes se produisent également à Alès et sont rapportés dans de
nombreux récits (crue de 1815 - récit du Baron d’Hombres -Firmas).
En Gardonnenque, les très grandes crues du passé ont laissé derrière elles un dépôt
formé de sable et de gravier mêlé de boue.
Dans le bas Gardon, les eaux déposent sur tous les terrains qu’elles ont inondés une
couche de boue allant de quelques centimètres à 1 mètre (30 à 40 cm lors de la crue de
1907, 1 m pour la crue de 1958). Ces dépôts de boue ne sont d’ailleurs pas sans
conséquence sur les cultures. Après la crue de 1958, tous les cerisiers des bas
Gardons ont succombé.
A partir d’Alès et d’Anduze, les vallées s’élargissent et le lit devient instable en
planimétrie par suite de la couche épaisse de graviers dont il est formé.
La rivière divague naturellement, se porte d’un côté à l’autre de la vallée, en dévastant
les terrasses qu’elle a elle-même déposées.
Les crues d’octobre 1907 ont amené des érosions tellement importantes que le village
de Boucoiran, sur la rive droite, s’est trouvé sérieusement menacé.
Ces phénomènes d’érosion et de dépôt expliquent en grande partie la géométrie des lits
mineurs disproportionnée au regard du débit ordinaire du cours d’eau. Ces dimensions
s’expliquent par la nature friable des berges, leur faible hauteur et par la puissance des
crues d’automne qui occupent périodiquement le lit.
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En année moyenne, on estime l’ordre de grandeur des volumes de matériaux
transportés parvenant au confluent gardon d’Alès / gardon d’Anduze, entre 10 000 et
60 000 m3.
En crue, ces volumes transportés sont beaucoup plus élevés et peuvent atteindre des
valeurs comprises entre 20 000 et 35 000 m3 dans le cas d’une crue type 1958.
1.7.3. EFFET DES BARRAGES SUR LE GARDON D’ALÈS
Dans la configuration actuelle, les matériaux grossiers sont stockés derrière le barrage
de Ste Cécile, celui de Cambous n’arrêtant que de faibles quantités de matériaux fins.
Or, seuls les matériaux grossiers (sables et au-delà) ont une influence notable sur la
dynamique des Gardons. Les matériaux plus fins ne peuvent pas conduire à des
dépôts significatifs ou à des changements de comportement de la rivière, le courant
étant beaucoup trop rapide lors des crues dans le lit mineur. Des dépôts - fertiles peuvent cependant être observés dans le lit majeur. Ils sont sans effet par rapport à
l’enfoncement brutal qu’ont connu les Gardons ces dernières décennies.
Le barrage de Ste Cécile a été mis en eau en 1967. En 1977, il avait stocké
139 000 m3 de graves1, soit un apport moyen de 14 000 m3 par an. Depuis 1979, un
carrier exploite environ 10 000 m3 de matériaux grossiers chaque année en queue de
retenue.
L’apport moyen en matériaux grossiers au niveau de Ste Cécile est donc compris entre
10 et 15 000 m3 par an. Ces matériaux étant intégralement retenus, leur absence
entraîne un déficit important en aval, équivalent, en première approximation, à une
extraction annuelle du même volume.
Heureusement, les érosions progressives sont normalement plus modérées que les
érosions régressives, le lit parvenant à se paver ce qui réduit les enfoncements. C’est
en partie le cas en amont de la Grande Combe. Cette pénurie de matériaux
s’accompagne classiquement d’une tendance plus marquée à l’érosion des berges.
Le stockage dans la retenue s’oppose donc à la reconstitution du stock alluvial en aval
(aval d’Alès et Gardons Réunis).
1.7.4. LES PLAINES ALLUVIALES
La plaine alluviale du Gardon d’Anduze se développe à partir de cette agglomération,
avec une extension latérale de 1,5 à 2 km et un rétrécissement à la confluence avec le
Gardon d’Alès. L’épaisseur dépasse rarement 10 m.
Les alluvions du Gardon d’Alès développées en aval de cette ville présentent une
épaisseur réduite (5 à 6 m) avec une matrice relativement argileuse, ce qui en limite
l’intérêt.
Les alluvions des Gardons réunis entre Ners et Dions ont une extension latérale
voisine de 3000 m avec une épaisseur dépassant rarement 10 m.
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La basse terrasse correspondant approximativement au lit majeur englobe la plus
grande partie de la réserve en sables et graviers. Les matériaux récents et de bonne
qualité peuvent être recouverts par des limons dont l’épaisseur augmente en bordure de
la plaine où ils se confondent avec des épandages alluviaux provenant des reliefs. Les
éléments siliceux sont prédominants et leur proportion s’accroît de l’amont vers l’aval.
Les moyennes et hautes terrasses se présentent en général sous forme de lambeaux à
superficie limitée. Le matériau plus ancien est souvent altéré avec une matrice à
prédominance argileuse.
Les alluvions du Bas Gardon se situent entre Remoulins et la confluence GardonRhône. Leur épaisseur varie généralement entre 10 et 15 m. Localement, des
surcreusements du substratum permettent d’obtenir des épaisseurs de granulats
supérieures à 15 m, voire 20 m au niveau de Comps. Ces sables et graviers sont
recouverts par 1 à 5 m de limons.
Les alluvions de la moyenne terrasse du Bas Gardon présentent une matrice argileuse
développée, ce qui en limite l’intérêt.
Pour l’ensemble de la vallée des Gardons, à partir d’Anduze ou Alès jusqu'à la
confluence avec le Rhône, les ressources géologiques en alluvions, sans tenir compte
des contraintes urbanistiques ou environnementales, sont évaluées à environ 350
millions de m3. Cette estimation ne fait intervenir que les contraintes liées aux conditions
de gisement, c’est à dire propreté, qualité des matériaux et rapport entre l’épaisseur de
la découverte et celle du gisement exploité, supérieure à 1/3.
1.8. LA RESSOURCE EN EAU
1.8.1. LES RESSOURCES NATURELLES
1.8.1.1. Les Cours d’eau et les Nappes alluviales
Si les apports annuels des rivières du bassin des gardons sont relativement abondants,
la répartition de ces apports dans l’année fait apparaître un creux très marqué en JuilletAoût. Ces étiages se produisent de manière très régulière et sont généralement
sévères. Ainsi pour les Gardons d’Anduze et d’Alès, les débits d’étiage ne dépassent
guère 0,5 à 1 m3/s.
De plus chaque année, sur plusieurs tronçons du cours, en particulier au-delà de la
confluence des Gardons d’Alès et d’Anduze et à l’entrée du massif des garrigues, on
assiste à des pertes karstiques provoquant l’assèchement complet du lit en été.
Les résurgences situées dans les gorges rétablissent petit à petit l’écoulement dans le lit
des Gardons.
En ce qui concerne les nappes alluviales, des recherches hydrogéologiques ont mis en
évidence la faible importance des nappes alluviales.
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Les crues amont des Gardons jusqu'à Anduze ou Alès sont caractérisées par la quasi
absence d’alluvions et par là même d’aquifères alluviaux.
Les nappes alluviales prennent une extension latérale beaucoup plus importante vers
l’aval gardonnenque et bas Gardon, et sont de bons aquifères.
Ces nappes d’accompagnement sont exploitées à des fins domestiques, agricoles,
industrielles, et constituent localement une très importante ressource en eau
souterraine. Les alluvions offrent de bonnes caractéristiques de porosité, de
perméabilité et de transmissivité. Elles autorisent souvent des prélèvements élevés au
voisinage des écoulements de surface. Le débit de ces prélèvements, pouvant varier
de quelques dizaines à plusieurs centaines de m3/h, reste fonction de la cote des
écoulements et des possibilités de réalimentation du réservoir aquifère, parfois limité
par le colmatage des berges notamment à l’aval des gorges. Ainsi, les nappes
alluviales ne présentent d’intérêt que dans les seules zones à écoulement de surface
permanent. Les meilleurs débits sont obtenus au voisinage de ces écoulements. Par
contre, les débits diminuent considérablement dès que l’on s’éloigne du cours d’eau,
les puits les plus éloignés pouvant même tarir à la saison sèche.
Depuis quelques années, on observe un important drainage des nappes phréatiques,
qui se sont abaissées d’une hauteur de l’ordre de 1 à 2 mètres. Les nombreuses
extractions dans le lit mineur du Gardon en sont la cause. Or, compte tenu du fait que
la puissance de l’aquifère constitué par les alluvions de la plaine alluviale ne dépasse
guère 5 mètres (8 mètres au maximum dans la boucle de Ners), et est limitée à 2,5 ou
3 mètres pour le moyen Gardon, la nappe a quasiment disparu dans certains secteurs.
La création des nombreux seuils en rivière permet ponctuellement de redresser cette
situation.
1.8.1.2. Les Aquifères profonds
Une distinction très nette apparaît entre les terrains métamorphiques, granitiques et
imperméables de l’amont du bassin versant et ceux sédimentaires et perméables à
l’aval.
L’importance de l’étendue schisteuse et granitique dans le bassin supérieur des
Gardons explique l’imperméabilité relative de cette zone. Cependant, dans les
Cévennes, les schistes et micaschistes, roches relativement friables, donnent presque
partout une arêne de décomposition, plus ou moins épaisse, autorisant une capacité
non négligeable de rétention. Les schistes métamorphiques et les roches cristallines
peuvent donc offrir des ressources limitées mais parfois suffisantes pour justifier
l’exécution de petits captages. Les zones les plus favorables sont celles très
fracturées, ainsi que les parties superficielles altérées. Les eaux de ces formations
sont très minéralisées.
C’est dans la partie médiane et inférieure du bassin formée de terrains perméables que
l’on trouve l’essentiel des aquifères. Il en existe deux types : le premier correspond aux
aquifères calcaires, développés dans les formations sédimentaires de l’ère secondaire.
Il y a ensuite les aquifères alluviaux dans lesquels les captages assurent la majeure
partie de la consommation actuelle et qui ont été décrits ci-avant.
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La bordure du Piémont cévenole donne lieu à des circulations d’eaux importantes. La
région de la Grand Combe est le siège d’infiltrations d’eau superficielle dans le lit du
Gardon, et dans le ruisseau de Bellière qui s’écoule au sud de Laval-Pradel. Ces
infiltrations sont à l’origine de venues d’eau qui se manifestent aux mines des Oules et
de Laval.
Entre le bassin tertiaire d’Alès et le socle paléozoïque, les formations calcaires du
Jurassique forment un réservoir très étendu. Il est alimenté en partie par des pertes du
cours d’eau superficiel comme le ruisseau de Gravelongue ou le Gardon d’Alès, en
partie par infiltration de la pluie, en partie par drainage des terrains karstiques
susjacents. La plupart des émergences apparaissent à la faveur de failles. Le groupe
des sources de la Tour et de Dauthunes est le plus important. Les sources de la Tour,
sur la commune des Salles-du-Gardon, sont captées par la ville d’Alès depuis plus d’un
siècle.
Quand les calcaires s’ennoient sous une couche imperméable comme dans le secteur
de Saint-Martin-de-Valgalgues, ils peuvent renfermer une nappe en charge. Cette
nappe est l’origine des résurgences des Fons qui en représentent le débordement, et
des trop-pleins temporaires qui se manifestent à l’éven de Courlas, près de SaintJulien-les-Rosiers.
Au-delà de la confluence des Gardons, dans la partie moyenne du bassin versant, les
calcaires du secondaire (Jurassique et Crétacé) assurent l’alimentation de sources
pérennes de faible débit et utilisées pour la plupart.
Le meilleur réservoir est constitué par les calcaires barrémiens à faciès urgonien,
formant un aquifère très étendu sous les formations plus récentes. Ses fortes
capacités hydrauliques sont attestées par le développement de la karstification, les
captures souterraines du Gard, totales à l’étiage, qu’il provoque à Dions et Boucoiran,
l’apparition, à la suite de crues, d’importantes sources de trop-plein (fontaine de SaintGéniès). Les phénomènes de pertes sont particulièrement frappants en été, où leur
effet s’ajoute à celui de l’évaporation et de l’insuffisance des pluies.
Les eaux ainsi disparues circulent dans des conduites souterraines avant de
réapparaître à la surface sous forme de résurgence. Pour les pertes se situant au
niveau de Boucoiran, la résurgence se produit très en aval, dans les gorges, faisant la
preuve d’une continuité hydraulique dans les calcaires urgoniens, sous les formations
tertiaires du bassin de Saint Chaptes. A Collias, la source de Pâques constitue la
dernière résurgence importante du canyon. A partir de là, le cours de la rivière est
complètement reformé.
Cet aquifère a fait l’objet d’une étude spécifique dont les principales conclusions sont
rappelées au chapitre 4.2. (Etude de l’aquifère karstique de l’Urgonien - BRL - 1998).
Dans les formations tertiaires molassiques (bassins d’Uzès et de Saint Chaptes), on
trouve quelques aquifères fournissant des débits variables (Font de Gouja à Saint
Dézéry, Font Bouillant à Castelnau Valence). Le plateau calcaire de la garrigue
uzétienne, sec et aride, contient des nappes importantes, alimentant quelques sources
pérennes comme la fontaine d’Eure à Uzès, avec un débit d’étiage élevé dépassant
250 l/s.
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1.8.1.3. Vulnérabilité des réservoirs aquifères à la pollution
On pourra se référer à la carte "vulnérabilité des eaux souterraines", présentée au
paragraphe 1.4.2 du document cartographique.
Les risques de contamination des nappes d’eau souterraines sont liés à la nature des
terrains qui les surmontent.
Les aquifères calcaires s’avèrent les plus vulnérables à la pollution, car la filtration est
inexistante. Les calcaires jurassiques de la bordure sous cévenole, et ceux de
l’urgonien de la région des garrigues, sont intensément fracturés et diaclasés. Ils ont
subi à des degrés divers et avec des effets différents selon leur faciès, les processus
de karstification. Ainsi, ces formations se caractérisent par une porosité de chenaux et
de fissures avec éventuellement une porosité d’interstices dans les milieux les plus
dolomitisés. La perméabilité est toujours élevée dans les chenaux et les vitesses de
circulation de l’eau souterraine varient selon le régime, entre quelques mètres et plus
de 1000 mètres par heure. Il existe enfin des axes préférentiels d’écoulement
déterminés par les directions de plissements ou de fractures. Ainsi, l’alimentation de
certaines sources karstiques peut avoir des origines lointaines. Des relations ont été
démontrées entre pertes et sources distantes de plusieurs kilomètres : 13 km entre les
pertes du Gardon à Boucoiran et la résurgence de la grotte de Pâques. Dans de telles
formations calcaires, il y a donc un risque de propagation d’une pollution éventuelle
avec des vitesses et des concentrations qui seront fonction du régime des
écoulements, variables selon les saisons, dans le réservoir.
Les alluvions récentes des Gardons constituent des aquifères à perméabilité
d’interstices. Lorsque ces formations ne sont pas totalement argileuses, et quand la
nappe est libre (aquifère sans recouvrement semi-perméable), les risques de pollution
sont très importants.
Dans le bassin d’Uzès, il existe une alternance de niveaux perméables, semiperméables, peu perméables (molasses marno-sableuses et marnes). Les niveaux
aquifères étant généralement recouverts de formations peu à semi-perméables en
surface, les risques de pollution des eaux souterraines s’avèrent limités. Cependant,
on rencontre dans cet aquifère multicouche des formations avec quelques niveaux
molassiques ou calcaires dans lesquels les propagations de produits polluants peuvent
s’avérer très rapides.
Dans le fossé d’Alès et le bassin de Saint Chaptes, les formations affleurantes sont
peu perméables à imperméables, et il n’existe pas d’aquifère libre. Ainsi les risques de
pollution sont pratiquement limités aux eaux de surface. Il s’agit de zones marneuses
dans lesquels d’éventuels horizons aquifères sont situés à de grandes profondeurs.
Enfin, les granits et surtout les schistes et micaschistes des Cévennes constituent des
terrains imperméables où les risques de pollution sont restreints aux eaux
superficielles.
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1.8.2. LES RESSOURCES ARTIFICIELLES
1.8.2.1. Le Stockage
♦ Les barrages :
Le bassin des Gardons a été à l’origine de plusieurs projets de barrage. Destinés à
la lutte contre les inondations (cf chapitre risque inondation), le programme initial
préroge la construction de 4 barrages.
Un seul barrage fut construit en 1967, le barrage de Ste Cécile d’Anderge.
Aujourd’hui, ce barrage et celui des Cambous, situé à l’aval immédiat du premier,
assure le soutien d’étiage du gardon d’Alès.
Concernant le barrage de Ste Cécile d’Andergue, une étude à montré que la
capacité totale pourrait être portée à 5,2 Mm3 par remontée du plan d’eau de 10 m
(de 242 mNGF à 252 mNGF).
Pendant la période de soutien d’étiage allant du 1er juin au 15 septembre, les
consignes de gestion du barrage prévoient un lâché de 500 l/s et la possibilité pour
le comité de gestion de procéder en juillet et août à des lâchés complémentaires.
Le barrage des Cambous, sur le Gardon de Ste Cécile, initialement affecté à
l’alimentation en eau industrielle des Houillères du Gard, a vu, par la suite, sa
vocation évoluer vers une utilisation touristique du plan d’eau créé par la retenue en
raison de la diminution des besoins des Houillères résultant de mesures de
modernisation de ses installations. La capacité de stockage de cet ouvrage est de
l’ordre de 1 Mm3 ; son remplissage s’effectue après celui de Sainte Cécile
d’Andorge, et sa contribution au soutien d’étiage reste plus modeste ; en effet, le
barrage doit rester plein (cote 227 NGF) en période estivale (du 1er juin au 15
septembre) et il n’intervient que pour soutenir l’étiage d’automne du 15 septembre
au 1er octobre avec un débit de 500 l/s, jusqu'à la cote barrage 220,5 NGF en
dessous de laquelle il n’est pas conseillé de soutirer en raison des problèmes
d’envasement.
Il est à noter que les débits de soutien d’étiage sont intentionnels et exprimés en
valeur brute ; ils n’intègrent nullement les effets de perte qui pourraient se produire
dans la traversée des zones karstiques : à cet effet, il est préconisé d’assurer ce
soutien d’étiage dès juin afin de maintenir le karst en état de saturation autant que
faire se peut.
♦ Les petites retenues :
Les Cévennes disposent d’un patrimoine hydraulique très riche.
Confrontées à un milieu physique ingrat, versants aux pentes abruptes, conditions
climatiques imposant une sécheresse estivale prononcée et des pluies orageuses
automnales très violentes, sols fragiles voués à une érosion importante, surfaces
cultivables très réduites, les sociétés rurales traditionnelles ont su valoriser cet
espace de diverses façons, selon les vallées, mais aussi selon les besoins.
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Ces aménagements réalisés présentent en général deux fonctions ; l’écrêtement des
crues et l’utilisation comme réservoir hydraulique.
Les plus anciens remontent au XIIème siècle. Plusieurs types de construction sont à
distinguer, aux barrages-poids et aux barrages-voûtes s’ajoutent les paissières et les
tancats, qui d’un point de vue technique sont certainement les formes les plus
anciennes.
♦ Les tancats sont des barrages placés en série pour ralentir la vitesse de l’eau. A
leur base s’accumulent les matériaux charriés par la rivière : ils doivent donc être
curés régulièrement pour replacer sur les terrasses ce que l’érosion leur avait
arraché.
♦ Les paissières sont des ouvrages sur pieux (paxiera en latin), comme l’indique
l’étymologie du mot, sont de conception simple. A l’origine, il s’agit d’enfoncer dans
le lit du cours d’eau des pieux de bois, puis de tisser des branchages et ensuite de
bâtir sur cette armure. Plus tard, ce terme désigne un barrage en pierre doté de
fondations profondes bien maçonnées.
Beaucoup de ces ouvrages sont aujourd’hui laissés à l’abandon. Ils constituent
néanmoins par leur nombre (environ 2 000) un volume de réserve d’eau non
négligeable.
Sur la partie aval du bassin, il n’existe pas ou peu de site de retenue collinéaire. De
nombreuses études ont été réalisées pour identifier ce type d’aménagement,
notamment en Gardonnenque, mais sur les sites topographiquement intéressants, les
conditions géologiques (étanchéité de la cuvette) et/ou hydrologiques n’étaient pas
satisfaisantes.
1.8.3. L’AQUIFÈRE KARSTIQUE URGONIEN
1.8.3.1. Généralités
Les calcaires urgoniens constituent un aquifère karstique important d’environ 600 m²
sur une épaisseur moyenne d’environ 400 m.
Cet aquifère intéresse le bassin des Gardons dont il occupe toute la partie centrale
(Gardonnenque et Uzège). L’ensemble karstique urgonien des Gardons est en partie
affleurant, en partie sous couverture de séries détritiques imperméables. Il est divisé
en 2 sous bassins, celui de la fontaine d’Eure (ou de l’Uzège) et celui de Saint
Chaptes.
Le fonctionnement du karst s’avère intimement lié au cours d’eau des Gardons.
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1.8.3.2. Fonctionnement global du karst
♦ Le bassin de l’Uzège
Les mesures et les observations réalisées sur ce bassin ont montré qu’il était
indépendant du bassin de Saint Chaptes.
Son alimentation s’effectue via les zones d’affleurements par les précipitations. La
vidange se situe au niveau de la source de la fontaine d’Eure. Le débit moyen
annuel observé durant l’année 1993 est d’environ 12 millions de m3, ce qui
correspond sensiblement aux estimations de volume infiltré pendant les pluies.
♦ Le bassin de Saint Chaptes
Le cours du Gardon qui traverse ce bassin a fait l’objet de nombreuses descriptions.
Il se caractérise par un système de pertes situé dans la plaine de Saint Chaptes
(Boucoiran et Dions) et par des résurgences.
Ces résurgences se concentrent dans le secteur des gorges, entre Pont St Nicolas
et Colias.
Les pertes entre Ners et Dions sont globalement constantes et de l’ordre de
1,5 m3/s en moyenne.
Les pertes entre Dions et Pont St Nicolas sont comprises entre 1 et 1,5 m3/s tant
que l’écoulement du Gardon est pérenne. En période d’assec à Pont St Nicolas, les
pertes sont en effet égales au débit du Gardon à Dions.
Globalement, les pertes peuvent être comprises entre 1,5 et 3 m3/s.
Les résurgences recensées sont au nombre de 22 (15 sont situées entre Pont St
Nicolas et Colias). Les sources des Freigères, la Baune et Colias sont les
principales en terme de débit.
Les apports du quartz s’effectuent au niveau de ces résurgences, les ¾ des apports
s’évacuent au niveau de la Baune.
Le débit des résurgences étant toujours supérieur aux pertes, le débit du Gardon à
Colias est toujours supérieur à celui de Ners étant donné le soutien apporté par le
karst. La contribution des résurgences au débit du Gardon durant la période d’étiage
se situe entre 2 et 7 m3/s.
1.8.3.3. Bilan hydraulique du bassin de Saint Chaptes
Les mesures de débit réalisées au niveau des résurgences permettent d’estimer le
volume global d’écoulement du karst, soit 190 Mm3.
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La différence entre ce volume d’écoulement et celui provenant des précipitations
(estimé à 45 Mm3) donne une évaluation du volume capté par les pertes, soit environ
145 Mm3.
En ce qui concerne la période d’étiage, le volume initial disponible en début d’amorce
du tarissement du karst a été estimé de l’ordre de 40 Mm3.
Le volume dynamique du karst, c’est-à-dire le volume mobilisable du karst au moment
de l’étiage, a été estimé à 20 Mm3. Ce volume constitue également le volume restitué
au Gardon à travers les résurgences.
Toutes ces observations confirment l’existence d’un potentiel important de cette
ressource qui peut être estimé de manière grossière à 20 Mm3.
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1.8.3.4. Conclusion
Les différentes actions menées relatives aux études géophysiques, aux travaux de
forage ainsi qu’aux suivis hydrologique, piézométrique et chimique, ont permis de
déterminer :
− la géométrie de l’aquifère, la localisation des calcaires urgoniens au cœur du bassin
de Saint Chaptes et des zones potentiellement productives ;
− l’indépendance de fonctionnement des bassins de l’Uzège et de Saint Chaptes ;
− l’analyse des modes d’alimentation du bassin de Saint Chaptes.
Le renouvellement du potentiel du karst urgonien du bassin de Saint Chaptes est en
effet assuré, d’une part, par les précipitations et surtout par les pertes du Gardon. Le
volume annuel qui transite dans le karst a été estimé à 190 Mm3.
D’autre part, il a été montré, durant la période d’étiage, l’importance du volume initial
disponible en début d’amorce du tarissement du karst : de l’ordre de 40 Mm3, dont
20 Mm3 de transit.
Toutes ces observations confirment l’existence d’un potentiel important de cette
ressource.
Par contre, les débits d’étiage du Gardon sont faibles et varient entre 7 et 1,5 m3/s et
peuvent être plus faibles au cours d’une année exceptionnellement sèche. L’étude des
contraintes aval a mis en évidence la forte sensibilité des milieux naturels en cas
d’étiages très sévères et le poids actuel des besoins aval qui ne sont pas totalement
satisfaits en saison estivale (cas du Canal de Beaucaire).
Les observations réalisées sur les écoulements du Gardon ont démontré l’influence de
la diminution du débit des pertes sur l’aval. Pour un étiage sévère, les prélèvements
dans l’aquifère auront donc un impact sur les débits restitués à l’aval.
Toutes ces conclusions font ainsi apparaître un paradoxe. La Gardonnenque dispose
en effet d’un volume important par rapport aux besoins. Cependant, il existe une
contrainte forte pour pouvoir prélever les débits sans impact sur l’aval en étiage
sévère.
Le karst urgonien constitue donc une ressource intéressante pour le bassin versant
des Gardons, mais son exploitation doit s’accompagner d’une gestion rigoureuse de
contrôle du milieu naturel et de la mise en œuvre éventuelle d’un soutien par un
pompage à l’aval du système.
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PHASE 1
ETAT DES LIEUX
L’espace humain
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2. L’ESPACE HUMAIN
2.1. LA POPULATION
On pourra se référer à la carte "population", présentée au paragraphe 1.10.4 du
document cartographique.
Le bassin versant des Gardons est un milieu qui s’est humanisé très tôt. C’est à partir
du X ème siècle, avec l’implantation des moines qui bâtirent les premières abbayes,
que se développent les communautés rurales. Les premiers moines défricheurs sont
les principaux initiateurs d’une véritable expansion économique.
Aujourd’hui, le bassin versant des Gardons compte environ 170 000 à 180 000
habitants. La région d’Alès-La Grand Combe constitue le principal foyer
démographique. Cette zone de fort peuplement doit son essor au développement
industriel du XIX ème siècle.
L’analyse de l’évolution démographique met en relief la recomposition quantitative de
la population avec de nettes disparités spatiales.
Les communes de l’amont du bassin voient leur population stagner ou diminuer depuis
1982. Ces pertes touchent fortement en proportion les villes d’Alès et la Grand Combe.
Au-delà du Piémont cévenol et jusqu'à la confluence avec le Rhône, on relève par
contre de très sensibles augmentations. Cet accroissement démographique est
également renforcé par le phénomène de péri-urbanisation lié au développement de
Nîmes, qui profite aux communes périphériques.
Le bassin versant des Gardons présente au niveau des structures démographiques,
une disposition duale entre des hautes terres vieillissantes, un Piémont densément
peuplé mais qui se vide et une partie aval (au-delà de la confluence des Gardons
d’Anduze et d’Alès) en pleine mutation.
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2.2. LES ACTIVITÉS ECONOMIQUES
2.2.1. L’AGRICULTURE
La forêt occupe environ 782 km², soit approximativement 38 % de la superficie du
bassin versant des Gardons. Elle est essentiellement présente à l’amont (Gardons
d’Alès et d’Anduze) où elle couvre les pentes des Cévennes. A l’aval, la forêt est
résiduelle. On ne la retrouve que sur les bas plateaux sous la forme de chênaies
méditerranéennes.
Jusqu’au milieu du XIXème siècle, par suite de l’abus de pacage et de l’exploitation,
l’armature forestière des Cévennes s’était fortement réduite. De grosses inondations
ont montré le péril que représentait le déboisement des hauts versants cévenols. C’est
à partir de 1860 que fut instaurée une première loi sur le reboisement dans les
Cévennes.
La forêt couvre aujourd’hui jusqu'à 60 % et plus de la superficie communale. Du fait de
l’abandon de grandes superficies de terres agricoles sur les versants, il existe depuis
ces dernières décennies une évolution favorable au reboisement, particulièrement sur
le Gardon d’Anduze.
En ce qui concerne les Surfaces Agricoles UtiliséEs (SAUE), leur analyse montre une
nette disparité entre l’amont et l’aval du bassin versant : 20 % en pays cévenol, 50 à 80
% en Gardonnenque et sur le Gardon rhodanien.
Globalement, la part de la SAUE tend à diminuer mais l’on observe de fortes disparités
spatiales :
− le bassin du Gardon d’Anduze et la partie aval du bassin du Gardon d’Alès accusent
une forte déprise agricole ;
− le haut du bassin enregistre ponctuellement de fortes poussées agricoles liées au
développement des cultures fourragères au service de l’élevage ;
− sur les moyens et bas Gardon, l’évolution est mitigée.
L’activité agricole est également très contrastée entre l’amont voué à l’élevage et l’aval
voué à la culture des terres. De part son haut degré de spécialisation, le bassin des
Gardons a un poids significatif dans l’économie régionale. Il concentre par exemple
35 % du cheptel caprin du Languedoc-Roussillon et plus de 50 % du cheptel agricole.
Le bassin des Gardons représente également l’un des principaux bassins régionaux de
producteurs légumiers et fruitiers.
Si les plaines alluviales sont très cultivées, elles le doivent aux bonnes possibilités
d’irrigation offertes par les nappes alluviales et à la fertilité des terres.
La superficie totale irriguée est estimée à environ 3 500 ha. L’irrigation est actuellement indispensable pour l’agriculture contemporaine pratiquée dans les Gardons.
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2.2.2. L’INDUSTRIE
L’activité industrielle s’est surtout développée dans la région d’Alès-La Grand Combe,
au pied des Cévennes, après la première révolution industrielle. Ce secteur constitue
le pôle industriel du bassin versant et présente à l’échelle départementale et régionale
une ampleur considérable.
Cette zone a hérité des traditions minières et métallurgiques et des traditions de travail
du textile et du cuir.
En proie à la crise économique et au désengagement progressif des activités minières
notamment, ce secteur a du entamer une reconversion de ses activités traditionnelles.
A l’aval, la plaine alluviale accueille des industries nouvelles (hormis l’industrie viticole)
basées sur l’agro-alimentaire et des industries dérivées pour l’habitat et la construction.
Les industries légères sont dispersées sur le bassin versant.
Les communes des hautes vallées des Gardons sont dans l’ensemble très enclavées
géographiquement et vierges de toute forme d’activité industrielle. Elles sont centrées
sur un tourisme saisonnier, qui constitue le pivot de l’économie locale.
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2.2.3. LE TOURISME ET LES LOISIRS
Le bassin versant des Gardons possède une vocation touristique importante.
Cet attrait tient principalement à la qualité des sites cévenols agrémentée de la
présence de l’eau qui, sous un climat méditerranéen, est un atout important vis à vis de
la demande touristique contemporaine. La baignade se pratique beaucoup dans les
vallées cévenoles sur les Gardons d’Anduze, de Mialet ou de Saint-Jean, ainsi qu’à
l’aval au niveau des gorges où il existe également des possibilités de descente de la
rivière en canoë sur presque 30 km (Voir la carte "activités de loisir liés à l'eau",
présentée au paragraphe 1.7.2 du document cartographique).
L’existence d’une eau de qualité et le classement des rivières cévenoles en 1ère
catégorie est aussi un atout pour la pêche. Deux associations de pêche et de
pisciculture, regroupant près de 10 000 membres, expliquent la présence importante
des pêcheurs le long des Gardons et illustrent l’importance de l’activité.
Le patrimoine historique, archéologique et architectural, attire aussi de nombreux
touristes. C’est le cas de l’aqueduc romain du pont du Gard, du duché d’Uzès, du pont
Saint Nicolas, ainsi que les nombreux châteaux et villages pittoresques.
Le paysage et les espaces naturels diversifiés constituent enfin un des plus beaux
atouts du bassin versant.
L’évocation de ces quelques atouts illustre la capacité et le potentiel de développement
du tourisme et des loisirs dans les vallées des Gardons.
En matière d’hébergement, c’est la région du Gardon d’Anduze qui concentre la
grande majorité de la capacité d’accueil du bassin versant (taux supérieur à 50 %).
L’Uzège et le pont du Gard viennent ensuite loin derrière, car, situés à proximité de
grands axes routiers, ils se prêtent davantage à un tourisme de passage contrairement
aux Cévennes, qui sont fréquentées pour des séjours plus prolongés.
(Voir la carte "capacité d'accueil touristique ", présentée au paragraphe 1.10.5 du
document cartographique).
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2.3. L’OCCUPATION DE L’ESPACE
On pourra se référer à la carte "occupation du sol", présentée au paragraphe 1.10.1 du
document cartographique.
Sur le bassin des Gardons, la population est urbaine à plus de 60 %. Alès y contribue
pour 80 %. Si les communes rurales sont majoritaires (88 %), elles ne concernent plus
que 40 % de la population du bassin. Elles sont surtout localisées dans les Cévennes.
Sur le bassin versant, on distingue 3 grands types de paysage et d’occupation des
sols.
Dans une topographie encaissée, le Gardon d’Alès offre l’image type d’une région
industrielle, fortement peuplée et urbanisée, mais aussi marquée par plusieurs
décennies de production houillère et métallurgique.
Dans un pays plus ouvert, le Gardon d’Anduze offre par contre une image
radicalement différente. L’héritage industriel est ici absent. L’urbanisation moins à
l’étroit s’est développée de manière éparse sur les petites collines environnantes. Par
ailleurs, de nombreux terrains de camping occupent les rives et témoignent d’une forte
activité touristique de secteur.
Enfin, dans une topographie de bassin sédimentaire, la Gardonnenque offre l’image
d’une région à forte vocation agricole. L’activité agricole est omniprésente et en
particulier l’activité viticole qui constitue la principale ressource économique. Cette
activité s’est développée sur les coteaux. Le lit majeur est le domaine du maraîchage,
des cultures fruitières et céréalières. L’irrigation y est particulièrement développée.
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2.4. LA LUTTE CONTRE LES INONDATIONS
De même que toutes les rivières cévenoles, les Gardons sont affectés de crues
particulièrement brutales. Des protections hydrauliques se sont donc progressivement
imposées à deux échelles différentes : à une échelle locale pour des ouvrages de
protection de faible importance, à une échelle générale dans le cadre d’un programme
de lutte contre les crues.
Parallèlement, il a été installé un réseau de mesures pluviométriques et limnimétriques,
dont les données télétransmises alimentent un service d’annonce des crues, géré par
la Direction Départementale de l’Equipement du Gard.
2.4.1. LES BARRAGES
Après les crues de 1958 qui ont provoqué de graves dégâts matériels et coûté la vie à
de nombreuses personnes, un plan de protection a été mis en place sur le bassin des
Gardons, dès les années 1960.
Le Département avec l’aide de l’état décida de réaliser un programme de travaux
destinés à maîtriser ces cours d’eau. Initialement, le programme prévoyait la
construction de 4 barrages avec comme objectif le contrôle des crues. Les sites
retenus étaient les suivants :
•
•
•
•
Barrage de Ste Cécile d’Anderge (gardon d’Alès),
Barrage de St Paul Lacoste (galaizon),
Barrage de la Borie (gardon de Mialet),
Barrage de St Jean du Gard (gardon de St Jean).
En 1967, le barrage de Ste Cécile d’Anderge au dessus de la Grand-Combe fut mis en
eau. Il fut le seul des 4 barrages à être construit.
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L’impact du programme des barrages sur l’écoulement d’une crue de type 1958 peut
être résumé dans le tableau suivant :
VILLE
APRES CONSTRUCTION DES BARRAGES
Ste Cécile
d’Endorge
St Paul la
Coste
St Jean du
Gard
Alès
La Borie
Abaissement
du niveau
de crue (*)
- 0,50 m
- 1,10 m
St Jean du Gard
- 1,40 m à
1,80 m
Anduze
- 0,70 m
- 1,40 m
Boucoiran
- 0,40 m
Remoulins
- 0,20 m
(*) Source « Etude générale de l’Aménagement hydraulique du Gard Phase 5 - Etude du
schéma définitif. Août 1985 ». Cogne et Bélier - Compagnie Nationale d’Aménagement de
la Région du Bas Rhône Languedoc.
Depuis de nombreux aménagements de protection ont été réalisés dans le bassin des
Gardons. On distingue :
− les aménagements de protection localisée
− les aménagements de protection étendue.
2.4.2. LES PROTECTIONS LOCALISÉES
Trois principaux types de protection hydraulique locale ont été réalisés dans la
Moyenne et la Basse vallée des Gardons. Elles ont été réalisées par la DDE ou la
DDAF, selon les cas, et financées par les Syndicats Intercommunaux d’Aménagement
du Moyen et du Bas Gardon.
♦ Les remblais
Il s’agit principalement de remblais supportant des infrastructures de transport
(routes, voies SNCF), qui en bordure de rivière, font office de digue longitudinale,
protégeant des inondations les zones urbanisées et les terres agricoles. C’est
notamment le cas de la RN. 106 entre Ners et Sauzet, sur le Gardon.
♦ Les épis en enrochement
Ces épis ont été mis en place pour stabiliser les berges menacées d’érosion lors
des crues.
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Réalisées depuis plus de 30 ans dans des secteurs à forte vitesse d’écoulement et
à faible rayon de courbure, ces séries d’épis ont permis de stopper l’érosion, de
limiter les divagations du lit mineur et d’engraisser les rives ainsi aménagées. Ces
berges engraissées en sédiments ont rapidement été colonisées par de la
végétation, et les anciens épis ne sont actuellement pratiquement plus apparents
car boisés naturellement, ce qui contribue à la stabilisation du milieu.
Sur les Moyens Gardons réunis, de nombreux épis ont plus récemment été
implantés. C’est le cas entre Ners et Brignon où 6 séries d’épis ont été réalisées
suite aux extractions de granulats en lit mineur qui ont façonné des berges
subverticales très instables.
Des protections longitudinales en enrochement ont également été réalisées dans le
passé, mais sont aujourd’hui très peu visibles car recouvertes de végétation.
♦ Les endiguements
Des endiguements longitudinaux ont été réalisés sur le Gardon dans sa traversée
des villes d’Anduze, de la Grand-Combe et d’Alès afin de préserver les zones
urbanisées des fortes crues.
2.4.3. LES PROTECTIONS ÉTENDUES : LE CHENAL DE CRUE
En 1976, une opération de protection contre les crues est mise en œuvre sur le cours
des Gardons : il s’agit de la réalisation, avec l’aide des carriers, dans le cadre de
règlements d’eau départementaux placés sous le contrôle de la DDAF, d’un chenal
continu destiné à l’évacuation des crues.
L’objectif visé était alors la création d’un « chenal de crue » par recalibrage du lit
mineur, pour augmenter la capacité d’écoulement de la rivière et ainsi abaisser la ligne
d’eau lors des crues.
Déclarée d’utilité publique par arrêté préfectoral du 17 septembre 1976 portant
règlement d’eau, cette opération dite de dégagement de l’espace a pris fin en 1988.
La chenalisation du lit mineur a été réalisée sur un linéaire d’une quarantaine de
kilomètres, sur le Gardon d’Anduze à l’aval d’Anduze (une partie du Gardon d’Anduze,
de l’aval du pont de Lézan jusqu’au pont SNCF de Ribaute-Les-Tavernes n’a pas été
chenalisée), sur le Gardon d’Alès à l’aval d’Alès, et sur le Gardon de la confluence des
Gardons d’Anduze et d’Alès jusqu'à l’amont des gorges, d’une part, et à l’aval des
gorges sur le bas Gardon, d’autre part.
2.4.4. SYSTÈME D’ALERTE DE CRUE
Parallèlement à ces différents programmes de travaux, un système de prévision et
d’annonce de crue à partir d’observations pluviométriques télétransmises a été mis en
place sur le bassin.
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2.4.5. LES ENJEUX
Malgré la présence parfois hostile de ces rivières, des activités économiques vitales
pour le bassin se sont développées dans les vallées.
Alès, la Grand Combe et les Salles du Gardon, déploient leur industrie auprès de ces
cours d’eau imprévisibles, les riches plaines de la Gardonnenque et de Remoulins,
accueillent vignes, cultures fruitières et maraîchères.
Sur le plan démographique, Alès constitue le principal foyer démographique avec plus
de 50 000 habitants. Cette zone de fort peuplement doit son essor au développement
industriel du XIX siècle.
Ailleurs, les densités sont relativement faibles. Elles tombent à moins de 30 hab/km²
dans les Cévennes, à moins de 80 hab/km² dans la Gardonnenque. Seule Uzès dans
la partie aval du bassin, qui compte plus de 8 000 habitants, constitue une commune
de taille importante.
Lorsque des crues importantes se produisent, les personnes et les activités
économiques sont fortement touchées.
Ainsi, dans l’hypothèse d’une crue de type de 1958 :
− Plus de 7 400 ha de terre seront submergés. Ces submersions occasionneraient
aux exploitations agricoles riveraines des dommages qui ont été estimés à plus de
70 millions de francs.
− Près de 8 000 personnes environ verront leur habitation dans le champ d’inondation
de la crue provoquant pour près de 110 millions de francs de dégâts mobilier et
immobilier.
L’activité industrielle et commerciale également est atteinte par ces inondations mais
surtout par les crues de grande période de retour :
Sur les Gardons
La zone industrielle du Mas d’Hours serait en grande partie
sous l’eau si la crue de 1958 se produisait à nouveau ainsi
que la Tréfilerie des Salles du Gardon et la Réglisserie de
Moussac.
Les dégâts à ces industries ainsi qu’aux petits commerces et
artisans se monteraient pour une telle crue à 128 millions de
Francs environ.
Les voies de communication sont également atteintes par les crues de grande
ampleur : ponts emportés, routes submergées sont les conséquences habituelles de
ces catastrophes naturelles. Les dommages consécutifs à ces crues ne sont pas
seulement des dégâts matériels (reconstruction d’ouvrage d’art) bien qu’ils puissent
être inestimables (il n’est pas évident que les fondations du Pont du Gard ne soient
pas emportées par une crue d’une importance comparable à celle de 1958...). Ils
comprennent également les effets induits (rallongement des circuits routiers) qui
peuvent être considérables dans une zone aussi active.
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Ainsi :
Dans la vallée des
Gardons
Une crue « cinquantennale » coûterait près de 90 millions de
Francs, dont 22 millions de travaux, le reste étant le coût
économique des déviations.
Enfin, berges, seuils, ouvrages hydrauliques divers situés dans le lit mineur de ces
cours d’eau souffrent lors du passage de ces crues. Les dégâts occasionnés par des
crues sur les 122 km de berges « sensibles » ont été estimés :
Sur les Gardons
Une crue décennale générerait pour 6 millions de dégâts aux
berges et ouvrages hydrauliques.
Tableau 3 : Importance des crues sur l’activité économique
Territoires ou
activités économiques
Surfaces submergées
Zones urbanisées
(hypothèse d’une occupation
maximale des sols dans les
limites autorisées par les P.O.S.)
Exploitations agricoles
Impacts et/ou coût des dommages [estimation3]
crue type 1976
crue type 1958
3.700 ha
7.400 ha
1.000 personnes inondées
8.000 personnes inondées
110 MF de dégâts mobiliers et
immobiliers
10 MF
70 MF
130 MF (industrie, petits
commerces et artisans)
Industries
Z.I. du Mas d’Hours
Tréfilerie des Salles du Gardon
Réglisserie de Moussac
Voies de communication
Ouvrages hydrauliques divers
crue 20 ans
crue 50 ans
6 MF
90 MF (dont 22 MF de travaux)
6 MF
30 MF
3 Source Etude générale de l’aménagement hydraulique du Gard
Coyne et Bélier - 1984
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2.4.6. LA RÉGLEMENTATION - LES PPRI
L’article 16 de la loi n° 95-101 du 2 février 1995 (chapitre II du titre II) relative au
renforcement de la protection de l’environnement institue les Plans de Prévention des
Risques naturels prévisibles (PPR). Ces plans permettent de définir des mesures
d’interdictions ou des prescriptions relatives aux constructions, ouvrages et
aménagements, ainsi qu’aux modalités d’utilisation ou d’exploitation des espaces mis
en culture ou plantés, à l’intérieur de zones délimitées exposées aux risques et de
zones non directement exposées mais pouvant aggraver les risques ou en provoquer
de nouveaux.
Permettant de simplifier et de clarifier le dispositif juridique de prévention en renforçant
ses capacités et son efficacité, les PPR remplacent et fusionnent les documents et
procédures existants tels que les Plans d’Exposition aux Risques (PER) issus de la loi
du 22 juillet 1987 dans sa rédaction antérieure à la loi BARNIER, les Plans de Surface
Submersible (PSS) régis par les articles 48 à 54 du Code du domaine public fluvial
abrogés par l’article 20 de la loi du 2 février 1995 précitée, les zones délimitées en
application de l’article R 111-3 du Code de l’Urbanisme ainsi que les plans de zones
sensibles aux incendies de forêts (PZSIF). En outre, il est établi suivant une procédure
totalement déconcentrée.
Le décret n° 95-1089 du 5 octobre 1995 relatif aux Plans de Prévention des Risques
naturels prévisibles porte application de ces dispositions.
Ces plans permettent de réglementer les ouvrages implantés dans une zone
inondable, en dehors du lit des cours d’eau, et qui ne relèvent pas de la Police des
Eaux.
Actuellement 3 PPRI sont approuvés sur le bassin des Gardons.
• Le PPRI - Rhône - Gardon - Briançon (approuvé le 13/02/96), qui regroupe 7
communes :
- Théziers,
- Montfrin,
- Vallabregue,
- Aramon,
- Comps,
- Beaucaire.
• Le PPRI du Gardon aval (approuvé le 2/02/98), qui regroupe 10 communes :
- St Anastasie,
- Sanhilac,
- Ponty,
- St Maximin,
- Colias,
- Vers,
- Castillon,
- Remoulins,
- Fournes,
- Fernac.
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• Le PPRI du Gardon d’Anduze (approbation au titre de la loi Barnier des zones
délimitées en application de l’article R 111-3 du Code de l’Urbanisme et
transformées en PPRI - approuvé le 27/04/95).
Ce PPR concerne 10 communes :
- Gennerargues,
- Anduze,
- Boisset,
- Tornac,
- Marsillargues,
- Lezan,
- Ribaute,
- Cardet,
- Massanes,
- Castagnoles.
Par ailleurs, 2 autres PPRI sont inscrites au programme 1999-2003, il s’agit des PPRI
du Gardon d’Alès (12 communes) et du Gardon Amont (13 communes).
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2.5. LES EXTRACTIONS
2.5.1. HISTORIQUE
On pourra se référer à la carte "extractions de matériaux", présentée au paragraphe
1.7.1 du document cartographique.
L’activité extractive est apparue dans la vallée des Gardons vers 1950. D’abord
artisanale, cette activité s’est rapidement développée au début des années 1960 et a
connu un essor important pour répondre à la forte demande départementale en
granulats.
Considéré comme la principale source d’approvisionnement en granulats du
département du Gard, le gisement alluvionnaire des Gardons a donc été largement mis
à contribution. Il s’agit, en effet, d’un gisement produisant des granulats de très bonne
qualité pour tous les emplois du bâtiment, des travaux publics et pour les emplois dits
« nobles », comme la confection de couches de roulement de chaussées très
circulées.
Outre leurs qualités géotechniques, les alluvions des Gardons sont facilement
exploitables et le prix de revient de leur extraction et de leur traitement est faible.
L’essentiel de la production, aujourd’hui inférieure à 1 million de tonnes par an,
provient des Moyens Gardons et du Bas Gardon, deux secteurs où les gisements
présentent des caractéristiques très différentes : alors que le gisement des Moyens
Gardons est de faible épaisseur moyenne (3,5 à 4 mètres), largement étalé sur toute la
plaine alluviale et faiblement recouvert de matériaux argileux, le gisement du Bas
Gardon est, lui, constitué de dépôts sablo-graveleux de forte épaisseur, 10 mètres en
moyenne mais jusqu'à 15 ou 20 mètres, recouverts d’une couche argileuse pouvant
être importante (jusqu'à 5 mètres près de la confluence avec le Rhône).
Ces conditions de gisement ont induit des modes d’exploitation différents :
dans les Moyens Gardons, les extractions ont été effectuées essentiellement sous
forme de grattages superficiels sur de vastes superficies, alors que sur le Bas Gardon
les extractions sont réalisées en souilles fermées pouvant être profondes, et les
surfaces exploitées restent généralement faibles.
Ainsi, jusque vers 1970, les extractions ont été effectuées de manière artisanale mais
anarchique, sous forme de raclages superficiels ou de souilles en lit moyen, pour
l’exploitation de matériaux sablo-graveleux, avec mise en dépôt des galets, les
installations de traitement n’étant alors pas équipées de concasseur.
Puis les exploitations se sont multipliées, modernisées, agrandies, et l’exploitation des
matériaux alluvionnaires, d’abord artisanale, s’est rapidement développée en même
temps que la demande augmentait, jusqu'à devenir une véritable activité industrielle
qui devait s’organiser.
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2.5.2. LA CHENALISATION
Pour répondre au double objectif de faciliter l’évacuation des crues, d’une part, de
limiter la dissémination anarchique des extractions, d’autre part, les carriers ont été
invités à concentrer leur activité dans le lit mineur des Gardons, dans le cadre du
Schéma d’Aménagement Hydraulique du cours moyen des Gardons, à l’initiative de la
DDAF du Gard.
L’objectif visé était alors la création d’un « chenal de crue », par recalibrage du lit
mineur, pour augmenter la capacité d’écoulement de la rivière et ainsi abaisser la ligne
d’eau lors des crues.
Déclarée d’utilité publique par arrêté préfectoral du 17 septembre 1976 portant
règlement d’eau, cette opération dite de dégagement de l’espace à pris fin en 1988.
La chenalisation du lit mineur a porté sur un linéaire d’une quarantaine de kilomètres
sous la forme d’un recalibrage du lit mineur à section trapézoïdale, d’une largeur
variant de 100 à environ 200 m, et profond selon les tronçons de 1 à 3 m.
Le chenal de crue ainsi réalisé a montré toute son efficacité vis à vis de l’évacuation
des crues moyennes, de fréquence annuelle à décennale, que le Gardon peut
désormais contenir. Cependant, il ne peut suffire à évacuer les crues exceptionnelles
dont les débits, atteignant 3000 m3/s et plus, sont très supérieurs à sa capacité
d’évacuation.
2.5.3. IMPACT DES EXTRACTIONS EN LIT MAJEUR
Réalisées sous forme de grattage superficiel ou de souilles fermées en eau ou hors
d’eau, ces extractions présentent un caractère anarchique.
Comme de nombreuses exploitations ne disposaient pas de concasseur, de vastes
surfaces ont été couvertes de galets formant le refus de tamisage, en placage
superficiel, en tas ou en remplissage de souilles. Ces surfaces sont ainsi devenues
totalement stériles, d’aspect désertique, car, en l’absence de sol, la végétation ne peut
se développer.
Par ailleurs, ces surfaces abandonnées présentent souvent une topographie chaotique
où se côtoient des secteurs creusés (qui servent aujourd’hui souvent de décharge
sauvage) et d’autres remblayés, ce qui concourt à créer une ambiance paysagère
médiocre et à accentuer la stérilité du milieu.
D’autre part, il faut noter que ce type d’exploitation empiète sur des zones agricoles
mais également sur la ripisylve.
En revanche, lorsque les extractions ont atteint la nappe, des zones marécageuses ou
des plans d’eau ont pu se former. Ces zones peuvent alors être colonisées par une
flore et une faune (avifaune) et constituer des zones d’intérêt écologique.
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2.5.4. IMPACT DES EXTRACTIONS EN LIT MINEUR
2.5.4.1. Modification de la géométrie du fond et des berges
Les prélèvements de matériaux ont conduit à un enfoncement notable du lit mineur.
En amont d’Alès, on note un enfoncement moyen du lit de l’ordre du mètre pouvant
atteindre localement deux mètres, suite à la disparition du seuil de la Royale
notamment.
Dans la traversée d’Alès, le lit a subi un enfoncement de l’ordre du mètre.
A l’aval d’Alès, l’enfoncement moyen est également de l’ordre du mètre ; il augmente
de l’amont vers l’aval pour atteindre 1,5 m au droit du pont SNCF.
Dans la traversée d’Anduze, aucune évolution sensible n’est mise en évidence.
A l’aval et sur 2 km, le lit s’est abaissé de 2 mètres depuis 1948.
Les enfoncements les plus remarquables se situent à l’aval du seuil de la Tour de
Barre, où ils atteignent 2, voire 3 mètres en moyenne et ont nécessité la mise en place
de plusieurs seuils.
L’enfoncement moyen est de l’ordre de 2 mètres jusqu’aux gorges, avec la présence
du substratum qui affleure pratiquement de façon continue et qui impose dorénavant
son profil longitudinal.
Sur les Bas Gardons, l’enfoncement moyen du lit est important et estimé à plus de 3 m.
La comparaison des profils en long actuels avec ceux observés dans les années 1950,
permet d’estimer le volume de matériaux disparu du lit mineur à environ 20 millions de
m3.
Dans plusieurs tronçons, en particulier sur la partie aval du Gardon d’Anduze et sur les
Gardons réunis en amont des gorges, le stade ultime de l’extraction a été atteint par
mise à jour du substratum.
Suivant la localisation du découvrement, la nature du substratum est différente.
♦ Il peut être calcaire : c’est le cas le plus rencontré sur le Gardon d’Anduze. Ce type
de substratum s’érode de façon lente par fracturation des couches supérieures ; ce
phénomène peut être légèrement accéléré lorsque le pendage des couches favorise
le décollement.
♦ Il peut être marneux, avec parfois une faible couverture calcaire. Quasiment
omniprésent entre la confluence des Gardons d’Alès et d’Anduze et les Gorges, ce
type de substratum est beaucoup plus tendre et évolue rapidement. En effet, une
fois la faible protection calcaire disparue, l’enfoncement du lit peut atteindre un
mètre par décennie.
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2.5.5. DRAINAGE DE LA NAPPE ALLUVIALE
Un cours d’eau en phase alluvionnaire soit alimente la nappe en hautes eaux, soit est
alimenté par la nappe en basses eaux. A cela, s’ajoutent des alimentations latérales ou
verticales de la nappe à partir de sources et des écoulements superficiels en
provenance des reliefs et des pluies.
Sur les Gardons, la situation est la suivante :
♦ à l’amont de Dions, ce type de fonctionnement a disparu, les Gardons coulant sur le
substratum. Il n’y a plus qu’alimentations latérale et verticale. Toute l’année, la
rivière draine la nappe qui ne possède plus de réserve permanente ;
♦ à l’aval des gorges, là où l’enfoncement du lit est contrôlé par les seuils, l’équilibre
classique nappe / rivière est maintenu, avec toutefois des perturbations liées au
colmatage des berges.
De nombreuses observations faites dans les puits et sur les stations de pompage
montrent que la nappe phréatique a été rabattue proportionnellement à l’abaissement
du lit mineur, soit d’une hauteur de l’ordre de 2 mètres.
Compte tenu du fait que la puissance de l’aquifère, constitué par les alluvions de la
plaine alluviale moderne, ne dépasse guère 5 mètres (8 mètres au maximum dans la
boucle de Ners), et est limitée à 2,5 à 3 mètres dans la partie aval des moyens
Gardons réunis, un rabattement de l’ordre de 2 mètres conduit dans certains secteurs
à une quasi disparition de cette nappe. Cette situation est évidemment préjudiciable à
l’activité agricole, ainsi qu’aux pompages destinés à l’agriculture ou à l’alimentation en
eau potable, dont les cônes de rabattement ont dû fortement s’étendre.
La présence de seuils améliore localement la réalimentation de l’aquifère par la rivière
en période d’étiage.
2.5.6. MODIFICATION DE L’ÉCOULEMENT DES CRUES
L’augmentation de la section mouillée du fait des extractions a eu pour motivation
essentielle l’amélioration de l’écoulement des crues. Cet objectif est effectivement
atteint pour les crues de fréquence annuelle à décennale, mais le chenal ne peut
suffire à l’écoulement des crues exceptionnelles, qui peuvent atteindre 3500, voire
5000 m3/s.
Dans ce cas, l’effet prévisible est, au mieux, une diminution de la hauteur de la lame
d’eau et de la vitesse du courant dans le lit majeur, ainsi qu’une vidange plus rapide
des champs d’inondation.
A contrario, des effets négatifs non négligeables doivent être pris en compte au
niveau :
♦ De la stabilité des berges : déjà indiqué ci-avant, le découpage vertical des
berges, sur des hauteurs de 1,5 à 2,5 mètres, couplé avec l’élimination de la
ripisylve, se traduit par une instabilité généralisée des rives.
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Le risque est encore accru lorsque les carriers ont disposé un cordon de graviers en
tête de berge, du fait de la charge résultante. L’instabilité peut alors se manifester
de différentes manières :
- érosion transversale à la berge, développée par le déversement des eaux du lit
moyen vers le lit mineur, lors de la décrue;
- effondrements de berges localisés, par sapement des graviers ou glissement en
cuiller dans les limons.
Par contre, si dans de nombreuses rivières des régions méditerranéennes, les
extractions en lit mineur provoquent fréquemment des érosions régressives graves,
pouvant aller jusqu'à la destruction de ponts situés à l’amont, le danger est moindre
pour les Gardons, du fait de la faible profondeur du substratum rocheux, sur lequel
sont ancrées les piles de ponts.
♦ De l’accroissement de la vitesse d’écoulement des eaux, du fait de la diminution
de la rugosité du lit et des berges (amélioration du coefficient de Strickler). Cette
évolution augmente à son tour la force érosive du cours d’eau, particulièrement en
période de crue. Ses répercussions seront examinées dans la partie consacrée aux
aménagements hydrauliques.
2.5.7. EFFETS INDUITS SUR LA RIPISYLVE
La ripisylve est affectée :
− directement par l’emprise sur le lit moyen des extractions anciennes et actuelles et
de leurs annexes : pistes de chantier, installations de concassage-criblage, dépôts
de graviers en cordon le long des berges, stocks de granulats,
− indirectement, par suite de la modification des conditions hydriques (hydrologiques
et hydrogéologiques).
Ce dernier aspect est important, bien qu’il ne soit pas directement visible à court terme.
Il est lié au fait que la ripisylve est constituée d’espèces végétales exigeantes en eau,
et adaptées aux submersions du sol en temps de crue.
La modification des conditions hydriques est sensible au niveau :
− de la suppression des submersions par les crues fréquentes, dont l’écoulement est
mieux assuré du fait de l’augmentation de la section du lit mineur,
− du rôle de la nappe phréatique, dont l’approfondissement par rapport au réseau
racinaire ne peut, dans les alluvions grossières, être compensé par les remontées
capillaires.
Lorsque l’approfondissement du lit mineur atteint 1,5 à 2 mètres, ce qui est le cas pour
les Gardons, la ripisylve ne peut s’alimenter en eau correctement, les espèces les plus
sensibles disparaissent, la regénération ne se fait plus. La forêt riveraine se dégrade et
peut être progressivement remplacée par des associations végétales moins exigeantes
en eau, telles que la série du chêne pubescent, de moindre diversité biologique.
Cette évolution, fortement engagée dans les forêts méditerranéennes (Durance en
particulier), est mal connue.
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Il faut par contre souligner que, là où les conditions de sol sont bonnes et où les
conditions hydrologiques sont rétablies (amont de seuil - berges à pente faible), la
ripisylve se régénère très rapidement. Il est donc à priori possible de remettre en état
les lieux dégradés.
2.5.8. LES AMÉNAGEMENTS COMPENSATEURS
Pour compenser les effets négatifs induits par le creusement du chenal, un certain
nombre d’ouvrages hydrauliques ont été réalisés, à savoir des seuils en enrochement
et béton, et des épis ou enrochements.
♦ Seuils en enrochements et béton, destinés essentiellement à remonter le niveau
du fil de l’eau et, corrélativement, celui de la nappe phréatique. Ces seuils ont été
construits sur les moyens Gardons réunis (Saint Chaptes - Moussac - Ners) et
d’Anduze (Cardet).
Ces ouvrages sont relativement efficaces sur les Gardons du fait que les réservoirs
ne se colmatent que lentement, contrairement au cas d’autres rivières aux eaux plus
chargées en matières en suspension (Durance - Var). Le remblaiement de ces
réservoirs s’effectue cependant progressivement, par apport de sables et graviers,
et une relative eutrophisation apparaît, avec un développement de plantes
aquatiques. Par ailleurs, les seuils présentent des inconvénients : aspect paysager
discutable, obstacle au franchissement pour les poissons.
♦ Les épis en enrochements, mis en place pour stabiliser des berges menacées par
l’érosion. Des séries d’épis ont été réalisées depuis très longtemps, dans des
tronçons à forte vitesse d’écoulement et à faible rayon de courbure. La comparaison
des photographies aériennes sur le moyen Gardon d’Anduze montre que ces
ouvrages ont effectivement permis de stopper les érosions et d’engraisser les rives
concaves ; les surfaces correspondantes sont en général couvertes de végétation
arborée.
Les épis anciens ayant donné lieu à engraissement et boisement naturel ne sont
pratiquement plus apparents actuellement, et contribuent à l’enrichissement et à la
stabilisation du milieu naturel. Leur effet sur l’environnement apparaît donc
globalement comme très positif.
Sur les moyens Gardons réunis, de très nombreux épis ont été réalisés plus
récemment, en partie à cause des extractions de granulat qui ont accru la hauteur
des berges. Il est vraisemblable que, dans ce cas, compte tenu des grands rayons
de courbure de la berge, les engraissements resteront limités. En l’absence de
végétation riveraine, l’impact paysager de ces épis, construits avec des calcaires de
teinte claire, est fort, et le restera sans doute très longtemps.
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2.5.9. LA RÉGLEMENTATION
Aujourd’hui, la loi du 4 janvier 1993 inclut les carrières dans le champ de la loi du 19
juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l’environnement.
Ce nouvel article pose le principe de l’élaboration d’un Schéma Départemental des
carrières.
Aujourd’hui, ce schéma arrive dans sa phase terminale et fixe un certain nombre
d’orientations et d’objectifs qui devront être en cohérence avec les autres instruments
planificateurs (SDAGE et SAGE).
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2.6. LES BESOINS EN EAUX
Le bilan global de l’eau sur le bassin des Gardons est établi à partir de la
connaissance des ressources et des quantités prélevées en fonction de chaque usage,
et par l’étude de la qualité des cours d’eau, liée aux rejets polluants de diverses
natures.
L'évaluation de la consommation en eau sur le bassin des Gardons est un exercice
délicat. Il repose, en effet, sur des hypothèses et approximations indispensables,
compte tenu du fait que les connaissances disponibles ne sont pas exhaustives et que
certaines pratiques échappent aux recensements habituels.
Les données qui suivent ont été produites à partir des analyses suivantes :
− Schémas Départementaux d’A.E.P. du Gard (B.R.L. - 1992),
− RGA - Schéma Hydraulique Agricole du Gard (BRL),
− Etude de l’aquifère karstique de l’Urgonien (B.R.L. - rapport provisoire - 1998).
2.6.1. LE BILAN QUANTITATIF
Ce sont plus de 35 millions de m3 d’eau qui sont captés chaque année sur le bassin
versant des Gardons, dont 68 % pour l’Alimentation en Eau Potable (A.E.P.), 26 %
pour l’irrigation, le reste pour l’industrie.
Figure 14: Répartition par usages des prélèvements d’eau
30
26 Mm3
(67%)
Volume Mm3"
25
20
15
9.8 Mm3
(26 %)
10
2.9 Mm3
(8%)
5
0
A.E.P.
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Agriculture
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Industrie
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Il convient cependant de moduler cette répartition en fonction de la variabilité
saisonnière.
En effet, les besoins agricoles se font sentir uniquement pendant la période d’étiage,
que l’on évalue habituellement à environ 100 jours [dernière décade de juin - première
décade d’octobre].
C’est également pendant cette période que les besoins en AEP sont les plus élevés en
raison de l’afflux touristique.
2.6.1.1. L’Alimentation en eau potable
On pourra se référer aux cartes "syndicats d'adduction en eau potable" et
"prélèvements en eau pour l'AEP", présentées aux paragraphes 1.6.1 et 1.6.2 du
document cartographique.
Environ 23 Mm3 sont prélevés chaque année pour servir à l’alimentation en eau
potable des collectivités du bassin. A l’amont, les besoins en eau sont assurés presque
exclusivement par des sources desservant généralement par gravité les différentes
agglomérations. Les captages sollicitant des granites, des schistes, et des
micaschistes sont nombreux eu égard aux besoins en eau, car les débits ponctuels
restent relativement faibles de 2 à 3 l/s. Sur la bordure cévenole, les calcaires
jurassiques donnent par contre naissance à des sources plus nombreuses et
généralement à débit plus élevé comme celle de la Tour sur la commune des Sallesdu-Gardon, exploitée par le syndicat intercommunal de l’Avène. Cet aquifère karstique
discontinu est peu sollicité par forages, sauf très localement comme aux Salles-duGardon avec le champ de captages de Dauthumes.
Au sud-est de la faille des Cévennes, l’aquifère constitué par les calcaires du Crétacé
reste très peu exploité malgré l’importance de sa superficie d’affleurement. On peut
citer tout de même la fontaine d’Eure, utilisée par la ville d’Uzès (1,4 Mm3 prélevés en
1990). Au nord-est d’Uzès, les formations molassiques et calcaires du tertiaire ne sont
captées que par quelques rares ouvrages dont, en particulier, les forages de SaintQuentin-la-Poterie, Saint-Victor-des-Oules et Saint-Hippolyte-de-Montaigu.
Les alluvions récentes des vallées des Gardons sont, par contre, très largement
sollicitées par de nombreux puits et forages pour l’alimentation des communes. Les
volumes prélevés annuellement sont estimés à 8,5 Mm3 pour les alluvions des
Gardons, soit presque 40 % de l’ensemble des prélèvements pour l’A.E.P.
Au niveau organisationnel, la distribution de l’eau à usage domestique s’effectue : soit
par le biais d’un syndicat intercommunal (S.I.), soit par la commune elle-même. Cette
dernière solution domine dans les Cévennes et à l’aval du bassin. Dans une zone
intermédiaire, c’est l’option intercommunale qui prime. Le partage des mêmes
ressources a incité certaines communes pour des raisons financières et techniques à
se réunir pour constituer des syndicats. Le S.I. de l’Avène est de par sa taille et son
volume prélevé (16 000 m3/j) le plus important du bassin versant. Il alimente en eau
potable, plus de 70 000 personnes regroupées à Alès et dans les communes
environnantes.
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Les besoins en eau potable ne cessent d’augmenter depuis des décennies. Ainsi, pour
les adductions d’eau réalisées dans les années 1950, les quantités d’eau nécessaires
étaient estimées sur la base de 50 litres/habitant/jour, alors que l’on en est
actuellement à 250 litres/habitant/jour.
Dans le sous bassin hydrologique des Gardons réunis, au-delà de la confluence des
Gardons d’Alès et d’Anduze, on a prélevé environ 6 Mm3 d’eau en 1990. Avec déjà
30 % du volume total des prélèvements effectués sur le bassin versant, les besoins en
eau potable sont appelés à y augmenter au rythme d’environ 3 %/an d’ici l’an 2000. La
demande s’est particulièrement accrue dans la basse vallée du Gardon, l’Uzège et la
garrigue nîmoise. Dans les Cévennes, les hautes et moyennes vallées des Gardons, si
les prélèvements sont certes importants, eu égard au poids démographique de
l’agglomération alésienne, ils vont stagner (0,5 %/an).
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2.6.1.2. L’eau à usage agricole
On pourra se référer à la carte "prélèvements en eau pour l'agriculture et l'industrie",
présentée au paragraphe 1.6.3 du document cartographique.
L’estimation des volumes d’eau destinés à l’irrigation est difficile en raison du grand
nombre de forages et de puits exploités par des particuliers.
Une estimation des prélèvements a été réalisée sur la base des superficies agricoles
irriguées évaluées à 3.500 ha. Les besoins en eau à l’hectare étant de l’ordre de 2.800
m3 pour une année moyenne, on peut estimer le volume des besoins en eau de
l’agriculture à 10 Mm3 par an.
Cette estimation est à rapprocher des volumes prélevés connus au niveau des 3
principaux points de prélèvement :
− la prise d’eau du canal de Beaucaire (droit d’eau de 2.5 m3/s), qui a prélevé en 1990 un
volume de 4.6 Mm3,
− le forage de Montfrin dans la nappe alluviale du Gardon, qui a prélevé en 1990 un volume
de 0.2 Mm3,
− enfin les forages de Moussac et Maisonnette en Gardonnenque, qui ont prélevé en 1997 un
volume de 0.95 Mm3.
Ces 3 points de prélèvements connus totalisent un volume total prélevé de 5.75 Mm3,
soit une valeur très nettement en dessous de l’estimation basée sur les besoins des
différentes superficies agricoles irriguées. L’absence d’évaluation quantitative des
nombreux prélèvements réalisés sur le Gardon de façon diffuse, perturbe largement
une analyse basée sur les prélèvements effectifs.
Notons que dans ce domaine, seuls les prélèvements supérieurs à 80 m3/h et/ou
supérieurs à 5% du QMNA5 (Débit moyen mensuel d’étiage de période de retour 5 ans) en rivière et
nappe alluviale sont soumis à autorisation. La prolifération des petits captages et les
pratiques de pompages sauvages ne permettent pas d’évaluer par cette méthode les
volumes réellement exploités et les besoins actuels.
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2.6.1.3. Les usages industriels
L’industrie prélève chaque année près de 3 Mm3, dont au moins 30 % pour le Gardon
d’Alès. L’eau est ici principalement utilisée par les houillères, à partir d’une prise d’eau
sur le Gardon située au niveau du barrage des Cambous, et l’industrie métallurgique
par pompage dans la nappe alluviale.
Le reste des prélèvements se fait essentiellement dans la partie aval du bassin versant
sur les Gardons réunis. Ce secteur représente environ 60 % des volumes nécessaires
à l’industrie.
Une bonne partie de l’eau était prélevée par les gravières, directement dans la rivière,
afin de permettre le lavage des granulats extraits du lit du cours d’eau. L’eau est
également pompée dans la nappe alluviale du Gardon. Elle alimente alors des
industries agro-alimentaires (distillerie de Cruviers Lascours, etc...).
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2.6.2. LE BILAN QUALITATIF
2.6.2.1.
La qualité des cours d’eau
On pourra se référer à la carte "qualité des cours d'eau", présentée au paragraphe
1.5.1 du document cartographique.
La carte régionale de qualité (1994) fournit les résultats suivants :
- 83 % des cours d’eau sont de bonne qualité (1A et 1B),
- 5 % de qualité moyenne (2),
- 12 % de mauvaise qualité (3 et HC).
Ce constat général montre que les cours d’eaux de bonne qualité dominent largement
sur le bassin versant des Gardons, mais qu’il y a encore des secteurs de très
mauvaise qualité.
C’est le cas du Gardon d’Alès, entre la Grand Combe et St Hilaire de Brethmas au sud
de la ville d’Alès, et de l’Avène à l’aval de Salindres.
A l’échelle du bassin versant, le Gardon d’Alès ne présente que 21 % de cours d’eau
en classes de qualité 1A et 1B, contre 40 % pour le Gardon d’Anduze. Le Gardon
d’Alès concentre en revanche près de 86 % des cours d’eaux de mauvaise qualité
(classes 3 et HC).
Si l’on constate depuis 1981, une amélioration globale de la situation avec le gain des
classes 1A et 1B au détriment de la qualité 2, on note la persistance voire la
détérioration des secteurs de mauvaise qualité.
C’est le cas sur le Gardon d’Alès où la classe de qualité 4 (pollution excessive) s’est
substituée à la 3 (pollution importante), dès l’aval de la ville d’Alès et jusqu'à
confluence avec l’Avène.
Cet affluent est passé lui aussi en 4 (Hors classe) à l’aval de la commune de Salindres.
Dans ces conditions, les objectifs de qualité visant à la disparition des classes de
qualité 3 et 4 à l’horizon 1996 risquent d’être difficiles à atteindre sur ce tronçon du
Gard particulièrement dégradé.
Les deux autres sous bassins hydrologiques, du Gardon d’Anduze et des Gardons
réunis (au-delà de la confluence) présentent quant à eux des niveaux de qualité bien
meilleurs. On enregistre même une amélioration notable des eaux du Gardon avec le
passage ; de 2 en 1 du tronçon compris entre la confluence et l’entrée des gorges, et ,
de 1B en 1A depuis les résurgences du canyon jusqu'à Remoulins.
Ce constat général de la qualité des eaux des Gardons, reflète le niveau des pollutions
domestiques ou industrielles développées sur l’ensemble du bassin versant.
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♦ La pollution domestique
On pourra se référer à la carte "rejets domestiques", présentée au paragraphe 1.8.1 du
document cartographique.
La pollution domestique est importante dans la mesure où le volume moyen d’eau
rejeté par jour et par habitant est de l’ordre de 150 litres. Les rejets domestiques
constituent une source de pollution à plusieurs titres :
− soit par l’absence de système de traitement, dans ce cas, 100 % de la
pollution émise va directement au milieu naturel (généralement le cours
d’eau),
− soit à cause de dysfonctionnements de la station d’épuration, dus à sa
vétusté, ou à des problèmes de fonctionnement (pannes),
− soit par le fait d’une mauvaise exploitation.
De toute façon, même avec une station d’épuration en parfait état de marche, il y a
toujours un impact résiduel. En effet, la pollution véhiculée qui est de nature minérale,
organique et bactériologique, n’est jamais éliminée qu’à hauteur de 70 %, voire 80 %
dans le meilleur des cas.
Les communes du bassin versant, même équipées, rejettent au milieu naturel des flux
de pollution, dont la quantité varie, en fonction de l’importance des volumes d’eaux
usées domestiques à traiter. Des disparités spatiales apparaissent.
Les résultats obtenus montrent globalement que la pollution domestique est supérieure
sur le gardon d’Alès en quantité. Or c’est ici qu’elle semble la moins bien traitée,
puisque seulement éliminée à hauteur de 50 %. Le Gardon d’Alès concentre d’ailleurs
à lui seul 60 % de la pollution résiduelle du bassin versant.
Le Gardon d’Alès offre des coefficients de rendement très inférieurs au coefficient
moyen d’une installation d’épuration. La pollution émise est bien collectée à l’aval du
bassin versant, avec des taux de collecte supérieurs à 95 %, alors qu’ils tombent à
55 % sur le Gardon d’Alès.
Quant au taux de dépollution, le plus intéressant des paramètres, car il fait la synthèse
de l’ensemble des indicateurs, il montre parfaitement les difficultés généralisées de
l’assainissement sur le Gardon d’Alès, mais aussi ponctuelles sur le Gardon d’Anduze
et le Gardon au-delà de la confluence.
♦ La pollution industrielle
On pourra se référer à la carte "rejets industriels", présentée au paragraphe 1.8.2 du
document cartographique.
La pollution des eaux usées d’origine industrielle peut être organique, minérale ou
toxique. Les établissements industriels, artisanaux ou commerciaux peuvent disposer
de leur propre système d’épuration ou être raccordés au réseau public, quand leurs
eaux usées sont compatibles avec les techniques d’épuration existantes.
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On constate que la pollution résiduelle est importante dans la région d’Alès et les petits
centres industriels du bassin. Dans certains cas, cette pollution n’est pas directement
rejetée au milieu naturel. Elle peut faire l’objet d’un pré-traitement et être connectée, à
la sortie de l’établissement industriel, au réseau communal. Généralement, les
caractéristiques des eaux usées d’origine industrielle sont évidemment liées aux types
d’industries implantées sur une commune ou un bassin versant.
Pour le Gardon d’Alès, l’essentiel de la pollution incombe à l’industrie lourde,
traditionnelle dans ce secteur. Au contraire, sur le Gardon d’Anduze et les Gardons
réunis, il s’agit surtout d’une pollution due aux industries vinicoles, agroalimentaires, et
à celles basées sur les matériaux de construction.
Sur le Gardon d’Alès, seulement une faible partie de la pollution émise est éliminée.
Sur les Gardons réunis, la dépollution industrielle semble mieux maîtrisée. Ce type de
pollution reste un problème secondaire sur le Gardon d’Anduze.
Avec un coefficient de rendement supérieur à 80 %, l’industrie présente sur les
Gardons réunis traite de manière plus efficace ses rejets en réduisant de manière
significative la pollution résiduelle, alors qu’avec un taux de seulement 36 %, c’est
l’inverse qui se produit sur le Gardon d’Alès.
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PHASE 1
ETAT DES LIEUX
L’espace naturel
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3. LES MILIEUX NATURELS
Le bassin versant des Gardons de par sa situation géographique : sur la bordure
méridionale du Plateau du Massif Central, et de par son climat : aux caractéristiques
typiquement méditerranéennes, se compose d’une multitude d’unités tant à la fois
géographiques, géologiques, topographiques, hydrogéomorphologiques. La diversité
de ces unités explique la juxtaposition d’une mosaïque de milieux naturels et de
régions écologiques sur les Gardons.
Nous nous proposons de vous présenter dans les chapitres suivants les grandes
unités du bassin versant, d’en détailler les milieux naturels remarquables avant que
d’aborder une présentation plus spécifique de la faune et de la flore des milieux
rivulaires et aquatiques.
3.1. LES GRANDES UNITÉS ET RÉGIONS ECOLOGIQUES
3.1.1. LES CÉVENNES
Le bassin versant amont des Gardons est dominé par les Cévennes cristallines
caractérisées principalement par des formations métamorphiques (schistes à gneiss et
micaschistes) traversées localement par des complexes granitiques.
L’altitude de 400 à 1000 m contribue avec le climat méditerranéen montagneux (plus
froid et très pluvieux) à la formation de sols bruns acides qui accueille des séries
végétales à chêne vert (série acidophile) et châtaigniers. Cet ensemble
biogéographique est caractérisé par des formations végétales composés de
châtaigniers, de hêtres, de taillis bas de chênes verts et de rares chênes pubescents
méditerranéens. Le châtaignier est présent sur les pentes douces à l’ubac aux sols
profonds et frais. Il a été introduit et cultivé pour ses fruits, il y a plus d’un siècle. Les
taillis de chênes verts sont localisés plus particulièrement sur les pentes raides à
l’adret. Le sous-bois se compose alors de houx, bruyères à balais, de cistes à feuilles
de sauge, de callunes, de fougères-aigles, etc. Le pin maritime, introduit à la fin du
XIXème siècle, a pris une très large extension en particulier sur les terrains houilliers.
Son développement est lié à son utilisation comme bois d’étai et de coffrage dans les
mines.
3.1.2. LE PIÉMONT CÉVENOL
Au débouché des zones montagneuses, les Gardons pénètrent dans une région de
plaine ne comportant plus que de faibles reliefs. La bordure sous cévenole est une
zone de tectonique forte (faille des Cévennes) caractérisée par une grande diversité
géologique avec des traversées schisto-gréseuses du houiller, des terrains calcaires et
des alluvions récentes déposées dans les premières plaines alluviales et les fossés
d’effondrement. Cette unité hydrogéomorphologique s’étend entre 200 et 400 m
d’altitude. Sous un climat méditerranéen sec en été, froid de l’automne au printemps
avec de fortes précipitations, il se forme des sols principalement bruns et calcaires.
Ce domaine situé entre 500 et 200 mètres d’altitude correspond à la série mixte du
chêne vert et du chêne pubescent méditerranéen.
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Il se distingue donc par un peuplement mixte des deux chênes avec prédominance du
chêne vert sur les affleurements rocheux d’adret et du chêne pubescent sur les sols
plus légers (marnes, alluvions). Ils sont accompagnés par le buis, le térébinthe, l’érable
de Montpellier, voire le genévrier oxycèdre, genêt scorpion, lavande aspic, thym. Sur
les sols calcaero-siliceux, les formations végétales s’enrichissent avec l’arbousier, la
bruyère à balais, le ciste à feuille de sauge et, sur les sommets à l’ubac, le châtaignier.
Un certain nombre de sites ont bénéficié d’un reboisement en pin maritime et pin
d’alep.
3.1.3. LA GARDONNENQUE
La vaste plaine de Saint Chaptes (de près d’un kilomètre de large) forme une grande
dépression limitée par les garrigues de Lussan au nord et le massif des Gorges du
Gardon à l’est. Sur des épaisseurs variables d’alluvions marneuses (épaisseur
décroissante de la confluence des Gardons à Saint Chaptes), la péologénèse, à
travers un climat méditerranéen chaud en été, frais en hiver, a donné naissance à des
rendzines.
C’est dans ce domaine biogéographique, dont l’altitude varie de 120 à 250 m, que
l’essentiel des cultures de la région s’est développé. Entre les exploitations agricoles
subsistent quelques massifs de chênes blancs.
3.1.4. LES GORGES DU GARDON
Le Gardon, par le jeu des transgressions marines, a creusé sa vallée dans les
calcaires urgoniens des garrigues nîmoises et de l’Uzège. Sur le plateau de l’Uzège
(Barrérrien supérieur à faciès urgonien), l’altération des calcaires blancs cristallins à
argileux, jaunâtres, récifaux ou dendritiques, a donné naissance, sous l’effet d’un
climat méditerranéen identique à celui de la Gardonnenque, à des lithosols et des
rendzines rouges. Les placages loessiques portent des sols bruns plus ou moins
lessivés. Sur cette unité biogéographique du bassin versant, la garrigue domine. Elle
offre une végétation buissonnante à caractère xérophile accusé. On y trouve des
chênes verts, lentisques, térébinthes et chênes pubescents. Ce sont généralement des
formations végétales basses plus ou moins dégradées par les incendies. Dans
l’Uzège, la profondeur des sols a favorisé le développement de cultures, notamment la
vigne sur les côteaux, les fruitiers, l’asperge et les céréales.
3.1.5. LE GARDON RHODANIEN
A la sortie des Gorges, au Pont du Gard, le Gardon reprend une circulation en
méandres à l’intérieur des dépôts alluviaux du Rhône jusqu'à sa confluence avec ce
dernier. Il s’agit de dépôts grossiers, sables, graviers, galets à forte proportion
d’éléments cristallins surmontés dans la plaine d’inondation par des limons d’épaisseur
variable. Les Gardons Rhodaniens, situés entre 120 m et 10 m d’altitude, sont soumis
à un climat méditerranéen chaud et humide, modérément pluvieux. L’essentiel de cette
dernière unité biogéographique fait l’objet d’exploitations agricoles avec de la viticulture
(Côtes du Rhône sur les côteaux), des cultures fruitières et maraîchères en plaine avec
des grandes cultures (blé, maïs, etc.)
Les principales formations forestières sont situées le long des rives du Gardon avec
une galerie rivulaire à ripisylve très différente, sur le plan écologique, de la couverture
de forêt ou de garrigue.
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Dans le chapitre suivant, nous proposons une description plus détaillée .
Au-delà des grands ensembles biogéographiques ci-avant présentés, le bassin versant
des Gardons possède un potentiel écologique (naturel) riche et varié, qui est
caractérisé par un grand nombre de milieux remarquables comme en atteste
l’inventaire des milieux naturels remarquables ci-après.
3.2. DES MILIEUX NATURELS REMARQUABLES
On pourra se référer à la carte "espaces naturels remarquables, zones humides et
contexte institutionnels", présentée au paragraphe 1.9.3 du document cartographique.
L’intérêt écologique majeur de certains milieux, de par leur richesse floristique,
faunistique au départ, la rareté des peuplements ou des associations végétales ou
communautaires, voire des habitats qui les composent, a donné lieu à des
classements qui n’ont pas tous des incidences réglementaires (non opposables aux
tiers ou collectivité), comme nous allons le voir.
3.2.1. LES Z.N.I.E.F.F. Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique Faunistique et
Floristique
Z.N.I.E.F.F. et réglementation :
L’inventaire est un simple outil de connaissance de la valeur écologique des milieux
naturels (par la référence des habitats, espèces animales et végétales qui leur sont
liés). Il n’a en lui-même aucune valeur juridique directe. Il n’est pas par lui-même
opposable aux autorisations d’occupation des sols, mais l’absence de prise en compte
d’une Z.N.I.E.F.F. lors d’une opération d’aménagement est souvent considérée par le
juge comme une erreur manifeste d’appréciation.
Les préconisations du SDAGE : il est nécessaire d’inscrire des sites qui ne l’ont pas
encore été à l’inventaire des Z.N.I.E.F.F. (2ème génération) ou (et) de promouvoir leur
protection en mettant en œuvre des outils réglementaires ou contractuels.
Les Z.N.I.E.F.F. du bassin versant :
Sur le bassin versant des Gardons, 72 Z.N.I.E.F.F. sont recensées au total, ce qui
équivaut à une surface totale d’environ : 1052 km2.
Cela représente plus de la moitié de la superficie totale du bassin versant. Les zones
les moins concernées par des milieux classés en Z.N.I.E.F.F. se situent
essentiellement au niveau :
• des unités urbaines et des axes de communication :
- bassin minier et vallée longue (Alès, la Grand Combe),
- vallée borgne,
- le Piémont (St Jean du Gard, Anduze, Alès, Salindres).
• des grands ensembles agricoles :
- du Piémont (Gardon d’Anduze, Boisset, St Hilaire, Vézenobres),
- de la Gardonnenque (de Ners à Dions),
- de l’Uzège (autour d’Uzès, bassin versant du Bourdic, des Seynes et de l’Alzon),
- du Gardon rhodanien.
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On dénombre 49 Z.N.I.E.F.F. de type I. Elles caractérisent des milieux généralement
de petite taille, où sont présents des espèces ou des associations d’espèces
remarquables d’intérêt patrimonial sur le plan régional ou national.
Elles représentent une surface totale de 97 km2 entièrement contenue dans le bassin
versant. Les principaux espaces géographiques concernés sont les Gorges, sur les
coteaux méridionaux de la plaine de St Chaptes, sur le Gardon d’Anduze. Elles
concernent des zones remarquables, notamment un grand linéaire de ripisylve
(confluence des Gardons, Gardon de St Jean, Gardon de Mialet, et.), l’ensemble des
Gorges du Gardon et des versants entiers entre Anduze et St André de Valborgne.
Les grands ensembles naturels du bassin versant sont aussi caractérisés par 23
Z.N.I.E.F.F. de type II équivalent à une surface cumulée de 955 km2. Elles présentent
des milieux naturels riches et peu modifiés aux potentialités biologiques importantes.
Elles couvrent seulement une partie du territoire des Gardons, notamment le haut des
Cévennes, la bordure orientale du bassin versant de Mons à Valliguières et la bordure
méridionale entre Marvejols-Les-Gardons et Poulx.
Elles correspondent aux grandes formations topographiques et végétales comme les
versants boisés et les vallées cévenoles, les Gorges du Gardon, les plateaux couverts
par la garrigue, la ripisylve, etc.
3.2.2. LES ARRÊTÉS DE BIOTOPES
Arrêtés de biotope et réglementation :
Le préfet peut fixer, par arrêté, les mesures tendant à favoriser, sur le territoire d’un
département, la conservation des biotopes tels que mares, marécages, marais, haies,
bosquets, landes, dunes, pelouses ou toutes autres formations naturelles peu
exploitées par l’homme, dans la mesure où ces biotopes ou formations sont
nécessaires à l’alimentation, à la reproduction, au repos ou à la survie des espèces
figurant sur la liste prévue à l’article R. 211-1 et ce, afin de prévenir leur disparition.
Les préconisations du SDAGE :
Cet outil réglementaire est adapté pour des sites de superficie limitée. Les arrêtés de
biotopes doivent être accompagnés de mesures de suivi et de gestion.
Les arrêtés de biotope sur le bassin versant :
Les paysages calcaires et rupestres des Gorges du Gardon et du Cirque de l’Avène
sont également des sites remarquables protégés par 4 arrêtés de biotopes, portant
essentiellement sur le biotope d’une espèce aviaire protégée : l’aigle de Bonelli
(rapace inféodé aux falaises rupestres).
Ils couvrent des superficies limitées, à peine 7 km2 en total cumulé.
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3.2.3. LES RÉSERVES NATURELLES VOLONTAIRES
Réserves naturelles volontaires et réglementation :
Les parties du territoire d’une ou plusieurs communes peuvent être classées en
réserve naturelle volontaire du propriétaire, lorsque la conservation de la flore, du sol,
des eaux, des gisements de minéraux et de fossiles et en général, du milieu naturel,
présente une importance particulière ou qu’il convient de le soustraire à toute
intervention artificielle susceptible de le dégrader.
Sont prises en considération :
• la préservation d’espèces animales ou végétales et d’habitats en voie de disparition
sur tout ou partie du territoire national ou présentant des qualités remarquables,
• la reconstitution de populations animales ou végétales ou de leurs habitats,
• la conservation des jardins botaniques et arboretums constituant des réserves
d’espèces végétales en voie de disparition, rares ou remarquables,
• la préservation de biotopes, et de formations géologiques, géomorphologiques ou
spéléologiques remarquables.
Toutes les activités humaines quelles qu’elles soient peuvent être réglementées.
Les préconisations du SDAGE :
Il est préconisé l’instauration de réserves naturelles sur différents types de zones
humides et notamment sur de grandes unités fonctionnelles, pour lesquelles cette
procédure est un outil adapté de conservation et de gestion.
Il est préconisé la mise en place d’une réserve naturelle sur une rivière ou un cours
d’eau peu altéré du bassin, de sa source à son embouchure. La Commission zones
humides du Comité de Bassin proposera des sites potentiels. A l’intérieur de ce site
pilote, la reconstitution de populations animales et végétales ou de leurs habitats sera
encouragée à des fins de protection d’une rivière ou d’un cours d’eau sanctuaire de
référence, dans un but scientifique et pédagogique.
Les réserves naturelles sur le bassin versant :
On en dénombre 2 sites, sur les communes de Fons et St Mamert (contrefort
méridional de la Gardonnenque). Il s’agit de propriétés d’intérêt particulier sur le plan
scientifique et écologique.
3.2.4. LES SITES CLASSÉS
Sites classés et réglementation :
L’emplacement du site doit être reporté au POS en qualité de servitude d’utilité
publique opposable aux tiers.
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Les préconisations du SDAGE :
Les sites inscrits et classés doivent être accompagnés de mesures de suivi et de
gestion.
Les sites classés du bassin versant :
On dénombre 15 sites classés sur le bassin versant des Gardons. La plupart des sites
sont afférents au patrimoine bâti, notamment celui de la zone qui entoure le Pont du
Gard :
Ce site a été classé par le décret du 13 septembre 1973. Sa superficie est de 237
hectares. Il concerne les communes de Vers et de Remoulins. Elevé vers 15 ans avant
JC, ouvrage le plus important de l’aqueduc de 50 km qui alimentait Nîmes, le Pont du
Gard est une monument mondialement connu, de par l’importance de ses dimensions :
273 m de longueur, 49 m de hauteur, 3 rangées superposées d’arches ; la qualité de
son architecture, ouvrage d’art d’époque romaine et l’aspect sauvage des Gorges du
Gardon : topographie encaissée, abords rocailleux et couverts de garrigue, berges
boisées...
On signalera 2 exceptions avec un des rares sites protégés par son intérêt culturel :
• le vallon du mas Soubeyran. Ce site a été classé par deux arrêtés, celui du 2 mai
1936 et celui du 10 juin 1959. Il se trouve dans les Cévennes sur la commune de
Mialet. Les terrains, dits « de l’assemblée », constituent l’endroit où a lieu chaque
année, au début du mois de septembre, le grand rassemblement des protestants.
Et un site classé d’intérêt majeur au plan national :
• Les Gorges du Gardon. Ce site est classé suite au décret du 19 avril 1982. Il
regroupe les communes de Collias, Poulx, Sainte-Anastasie, Sanilhac-Sagriès et
Vers-Pont-du-Gard. Il s’étend sur 300 hectares. Ce même site bénéficie par arrêté
préfectoral de biotope d’un classement en Zone d’Intérêt Communautaire pour les
Oiseaux (ZICO) et d’une zone de protection spéciale.
Aujourd’hui, cet espace est proposé au titre des sites éligibles au programme
NATURA 2000 (forme plus étendue avec une volonté plus forte de gestion). Les
arrêtés, protections et classements limitent les activités ou les usages, alors que la
procédure NATURA 2000 s’efforcera d’intégrer la gestion dans le souci de
conservation du site.
Les Gorges du Gardon constituent incontestablement par leur aspect, leurs
richesses et leurs dimensions, un des sites majeurs du Languedoc-Roussillon, en
tout cas d’intérêt national. Cet ensemble, traversé par un cours d’eau aux aspects
changeants suivant les saisons, offre des paysages typiques des régions
méditerranéennes.
Le canyon et ses abords renferment de grandes richesses géologiques (falaises et
parois calcaires, grottes...), botaniques (ripisylve, végétation méditerranéenne),
zoologiques (castors, grenettes, ...) et archéologiques (occupation préhistorique des
grottes).
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3.2.5. LE PARC NATIONAL DES CÉVENNES
Parcs Nationaux et réglementation :
Un territoire peut être classé en parc national, parce que la conservation de la faune,
de la flore, du sous-sol, de l’atmosphère, des eaux et en général d’un milieu naturel
présente un intérêt spécial et qu’il importe de préserver ce milieu contre tout effet de
dégradation naturelle et de le soustraire à toute intervention artificielle susceptible d’en
altérer l’aspect, la composition et l’évolution.
La protection doit concilier la préservation et la mise en valeur des milieux avec une
utilisation normale du territoire, mais des contraintes particulières peuvent être édictées
dans des zones de réserve intégrale, afin d’assurer une protection plus efficace.
Le Parc National des Cévennes :
Le Parc National des Cévennes couvre, sur son versant méditerranéen, les hautes
vallées cévenoles. Il s’agit d’un établissement public national à caractère administratif,
sous la tutelle du ministère de l’Environnement. Ses ressources financières sont
essentiellement étatiques. Le siège du parc est situé à Florac dans le département de
la Lozère.
Le parc comporte deux zones : la zone centrale et la zone périphérique. La zone
centrale couvre 91.500 ha, dont 80 % en Lozère et 20 % dans le Gard. Elle concerne
12 communes situées sur le bassin versant des Gardons mais seulement 20 km2.
L’altitude moyenne est de 1.200 mètres. Cette zone, habitée par un peu moins de 600
personnes, constitue un secteur de protection de la faune et de la flore, et de
préservation des sites, notamment par des mesures de gestion et de développement
adaptées.
Dans ce périmètre l'action du PNC est importante puisqu'il fixe les règles de protection
notamment concernant la flore, la faune et le respect des équilibres garants de la
biodiversité, à ce titre, tous travaux sont soumis à autorisation.
La zone périphérique est beaucoup plus étendue. Au total, elle couvre 237.000 ha,
répartis à 50 % en Lozère, à 40 % dans le Gard et à 10 % en Ardèche. Elle compte
environ 41.000 habitants, et s’étend, pour le bassin versant, sur environ 95 km2 à
travers une quinzaine de communes. L’altitude moyenne est de 650 mètres. La zone
périphérique, contrairement à la zone centrale, peut faire l’objet d’aménagement et de
programme de développement économique.
Dans cet espace le PNC a été relativement peu actif en dehors du Gardon de Saint
Jean et du Galeizon où il a participé activement à la politique de gestion des cours
d'eau notamment au travers de l'application de la Directive habitat.
Depuis 1985, le Parc National des Cévennes fait partie, dans le cadre de l’UNESCO,
du programme de recherche « Man and Biosphere », chargé d’étudier les relations
entre l’homme et son milieu naturel.
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3.2.6. RÉSERVE DE BIOSPHÈRE
Réserve de biosphère et réglementation :
Programme « Man and Biosphere » (M.A.B.) à l’initiative de l’UNESCO. Il s’agit de
mettre en place un réseau mondial coordonné d’aires protégées ou de recherche
expérimentale, pour la conservation, la recherche et l’éducation. Sur le territoire
français, elles sont au nombre de huit.
Réserve de biosphère sur le bassin versant :
La vallée du Galeizon a été élue au programme « Man and Biosphere » (M.A.B.) à
l’initiative de l’UNESCO pour faire partie d’un réseau mondial d’aires protégées ou de
recherche expérimentale, pour la conservation, la recherche et l’éducation, notamment
du fait de la présence en grand nombre sur le cours d’eau de castors fibers (seules 8
zones de biosphères existent en France).
3.2.7. LES RIVIÈRES CLASSÉES
Rivières classées et réglementation :
Circulation des poissons migrateurs : l’article L. 232-6 du code rural prévoit que tout
ouvrage existant construit dans les cours d’eau et canaux dont la liste est définie par
décret, doit comporter des dispositifs assurant la circulation des poissons migrateurs.
Pour les ouvrages nouveaux, le classement par décret suffit à imposer un tel dispositif.
Sont considérés comme ouvrages nouveaux, les ouvrages nouvellement construits et
les ouvrages anciens dont le titre est renouvelé.
L’exploitant est tenu d’assurer le fonctionnement et l’entretien de ces dispositifs. Les
ouvrages existants doivent être mis en conformité, sans indemnité, dans un délai de
5 ans, à compter de la publication d’une liste d’espèces migratrices (Arrêté du 14 mai
1990).
Les préconisations du SDAGE :
Dans tous les cas, la fréquentation potentielle ou historique par les poissons
migrateurs doit être prise en compte.
Tout poisson a un statut de migrateur à une période ou une autre de son cycle
biologique. En effet, pour se reproduire, grossir, s’abriter, tout poisson se déplace par
des migrations partielles longitudinales ou transversales. Le décloisement des milieux
est donc une orientation forte du SDAGE.
Des « axes de vie » devront être définis en s’appuyant sur la synthèse des schémas
départementaux à vocation piscicole.
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Sur ces milieux, le Comité du Bassin :
• arrêtera un plan de circulation et une liste des priorités sur avis de son conseil
scientifique,
• demandera, en s’appuyant sur le Plan Rhône et sur l’avis du Comité de Gestion des
poissons migrateurs, le classement de tout le Rhône au titre de l’article L. 232-6
dans un délai de un an après l’approbation du SDAGE,
• proposera, en fonction de l’évolution de la migration des espèces répertoriées et de
la planification des équipements nécessaires, une démarche de classement
successif par arrêté.
Le Comité de Bassin devra également se saisir du problème posé par l’anguille et
l’alose et mettre en place un groupe de travail : l’objectif est d’améliorer les
connaissances et d’évaluer les stocks pour une meilleure gestion halieutique et
économique.
Le Gardon : rivière classée au titre des grands migrateurs :
Le Gardon est classé cours d’eau à poissons migrateurs jusqu’au seuil de la Baume,
suivant l’article L. 232-6 du Code Rural. Il devrait donc être équipé d’échelles à
poissons sur tous les seuils infranchissables. On en recense 7 qui n’ont pas encore été
mis en conformité.
Le Gardon a été concerné par le premier Plan Migrateur Rhône Méditerrannée (MRM)
puisqu’il faisait partie des 3 cours d’eau affluents rive droite du Rhône considérés
comme prioritaires (Gardon, Ardèche et Cèze) pour la restauration (la reconquête) des
axes migratoires des aloses.
Le Gardon est classé au titre principalement des aloses, qui étaient encore présentes il
y a une trentaine d’années avant les grands aménagements postérieurs à 1958 et
notamment ceux réalisés après la chenalisation pour maintenir le profil. Le Gardon
accueille encore l’anguille qui a des capacités particulières qui lui permettent de
franchir la plupart des petits obstacles. En revanche, les lamproies marines ont disparu
des Gardons. Elles remontaient en compagnie des aloses jusqu’au Pont de Ners (site
entravé aujourd’hui de 13 ouvrages infranchissables).
A travers le premier plan migrateur, un certain nombre de connaissances sur le
potentiel biologique des Gardons eu égard à l’alose a été acquis, des études ont été
réalisées et d’autres sont toujours en cours concernant l’aménagement d’ouvrages de
franchissement, notamment au niveau du seuil de Beaucaire sur le bras court-circuité
du Rhône.
Les stratégies du plan migrateur et les logiques et orientations du SAGE devront
converger afin d’apporter des solutions efficaces au problème du retour des migrations
sur les Gardons, qui est le seul affluent du Rhône à ne pas être tributaire d’un grand
barrage (celui de Vallabrègues) où le seul passage possible actuellement est celui des
écluses de navigation. Seul le seuil de Beaucaire sépare les migrateurs de cet affluent.
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3.2.8. INVENTAIRE DE LA DIRECTIVE « HABITATS »
Réglementation :
Au niveau national, une liste des sites susceptibles d’être désignés en zone spéciale
de conservation est établie par les Etats membres (Cf. Supra).
Habitats listés en annexe 1 de la directive « habitats » sur le bassin versant :
Parmi les groupements végétaux propres au lit majeur, trois habitats d’intérêt
communautaire sont représentés (Balayer et Molina - 1995)
• mares temporaires méditerranéennes de l’Isoetion - association du Spirantho
aestivalis-Anagallidetum tenellae (code 22.3417),
• grèves caillouteuses rattachées à l’association du Glauco-Scrophularietum caninae
(code 24.225),
• ripisylve à Aulnes et Frênes - association de l’Alno-Fraxinetum oxycarpae.
3.2.9. AUTRES ESPACES RECENSÉS COMME REMARQUABLES
Au-delà des principaux sites naturels retenus par les services instructeurs comme
remarquables à l’échelle du bassin versant, la FACEN a réalisé un recensement
complémentaire destiné à identifier les milieux naturels remarquables des Gardons.
14 fiches afférentes ont été établies dans ce cadre et portent sur :
• la héronnière de St-Jean-du-Gard,
• le secteur des « Abarines »,
• la zone de Corbès et confluence du Gardon de St-Jean et du Gardon de Mialet
• la Madeleine,
• la ripisylve d’Attuech,
• la ripisylve et terres du château de Lascours,
• la ripisylve des Tavernes,
• la ripisylve de St-Christol à Ribautes-les-Tavernes.
• la confluence entre le Gardon d’Alès et d’Anduze,
• la héronnière de Cassagnoles,
• les rives du Gardon de Ners à Brignon,
• à l’aval du pont de Brignon,
• la ripisylve de Moussac à St-Chaptes,
• les cours du Gardon :
- à St-Christol-les-Alès (Gardon d’Alès),
- près du Mas des Rouvières à Ribaute,
- près du mas Gayraud à Cardet,
- à Brignon,
- à Moussac et St-Chaptes,
- au lieu-dit « le Bruel » à Dions.
Les 7 premiers sites sont localisés sur les Gardons d’Anduze et Saint-Jean, les 2
suivants sur celui d’Alès, et les 4 derniers sur les Gardons réunis.
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3.2.10. PRINCIPALES ATTEINTES
Ces milieux sont dans l'ensemble assez peu dégradés mais rien n'est jamais acquis et
leur conservation demande de prendre en compte leurs différents niveaux de
sensibilité. En effet, la protection de certains sites devra prendre en compte la
conservation du fonctionnement du biotope et des relations (physiques,
microclimatiques, trophiques, etc) qu'il entretient avec les milieux dont il dépend et
notamment lorsqu'il s'agit du cours d'eau.
Sur le bassin versant des Gardons, les principales dégradations inventoriées sur les
milieux naturels sont liées:
•
En Cévennes, les zones les plus dégradées et fréquentées se trouvent le long
des vallées alluviales larges, autour des unités urbaines. Ces zones sont souvent
accessibles grâce aux routes. Ailleurs, le contexte topographique et l'isolement
géographique sont une forme d'autoprotection qui a limité par le passé
l'installation d'habitations et d'activités isolées, et réduit aujourd'hui les risques
importants de dégradation. Les forts reboisements réalisés en Cévennes et dans
le Piémont Cévenol, notamment avec des plantations de résineux sur les collines
calcaires sous cévenoles et les anciens terrains houillers, sont particulièrement
sensibles au risque d'incendie dont les causes sont principalement liées à des
malveillances, des travaux agricoles ou forestiers.
•
Le Piémont présente les milieux naturels sans doute parmi les plus dégradés du
bassin versant, même si, localement, il conserve des espaces remarquables
classés en ZNIEFF où arrêtés de biotope. Ils sont particulièrement affectés par le
passé minier dans le bassin d'Alès - La Grand Combe, de l'Amous et de l'Avène,
plus récemment par les rejets de l'industrie, l'urbanisation croissante des
versants, les rejets domestiques concentrés et diffus, les extractions de
matériaux, les aménagements de cours d'eau pour lutter contre les crues et
maintenir la nappe alluviale et enfin les voies de communication.
•
En Gardonnenque, l'activité agricole occupe la majorité de l'espace, les
problèmes essentiels des milieux naturels sont liés aux extractions massives de
granulats, aux prélèvements d'eau, aux voies de communication qui coupent le
champ d'inondation et aux activités agricoles qui font pression sur les ripisylves
par l'utilisation des espaces jusqu'au bord du chenal.
•
Dans les Gorges, les statuts de protection et l'inaccessibilité ont permis de
réduire les impacts sur le Gardons, en revanche les garrigues connaissent un
essor important lié à l'urbanisation d'espaces dortoir de la périphérie de Nîmes.
La pression urbaine et résidentielle en particulier s'accroît et génère un certain
nombre de nuisances connexes liées à la ressource en eau : prélèvement
excessif avec des nappes de plus en plus sollicitées (Uzège) et rejets dans des
milieux récepteurs de garrigue très sensibles.
•
Le Gardon rhodanien présente peu de milieu naturels remarquables. Les
espaces naturels sont relativement réduits en extension et particulièrement
dégradés notamment en raison des extractions massives de granulats, de la
chenalisation, de l'artificialisation et de la compartimentation des milieux
aquatiques et rivulaires par les aménagements mis en œuvre pour pérenniser les
ressources et les usages (prélèvements d'eau AEP, et Agricole), et par les
infrastructures routières et ferroviaires voire énergétiques qui longent ou
traversent le lit du Gardon (diminution ou modification du champ d'inondation).
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Les dégradations constatées sont aussi liées aux activités agricoles qui font
pression sur les ripisylves par l'utilisation des espaces jusqu'au bord du chenal.
3.2.11. CONCLUSION
Le bassin versant des Gardons bénéficie donc, tant du point de vue de ses versants
que des milieux aquatiques et surtout rivulaires, d’une multitude de sites remarquables
caractérisés sur un plan local, ou sur des unités biogéographiques plus vastes.
Tous ces classements n’ont pas force de loi, notamment les Z.N.I.E.F.F. qui
représentent en superficie et en linéaire une grande partie de l’ensemble des espaces
concernés et les sites remarquables inventoriés par la FACEN.
3.3. LA RIPISYLVE
Les vallées alluviales forment enfin la dernière unité biogéographique du bassin
versant des Gardons. Le long des rives des Gardons, sur les alluvions fluviatiles, se
développe une galerie forestière très différente sur le plan écologique de la couverture
de forêt ou de garrigue. Elle forme un trait d’union entre les Cévennes et la vallée du
Rhône.
3.3.1. DÉFINITION
Tiré du latin « ripis » (rive) et « sylva » (forêt), le terme de ripisylve est habituellement
appliqué aux formations végétales des bords de cours d’eau.
Le corridor végétal est constitué par la forêt alluviale, écosystème forestier lié à la
présence d’une nappe aquifère et inondé périodiquement et/ou exceptionnellement. Le
corridor végétal ou ripisylve désigne la zone occupée par des formations boisées en
bordure du cours d’eau, et se développant sur les alluvions récentes et/ou sur des
terrasses en bordure du lit majeur. Les caractéristiques de la végétation alluviale sont
évidemment très différentes selon les rivières et selon leur style géomorphologique.
D’ailleurs, c’est à partir de la diversité des conditions géomorphologiques (pente,
altitude, niveau piézométrique, éloignement au chenal principal, granulométrie,
fréquence d’inondation...) que les unités fonctionnelles se distinguent les unes des
autres (bancs de graviers enherbés, bosquets de saules, de grands peupliers...), et qui
déterminent la mosaïque végétale complexe et dynamique.
Les ripisylves forment un écosystème de transition entre le milieu aquatique et le milieu
terrestre : ce sont des écotones. Les conditions hydriques particulières de ces milieux,
submersion par les crues et proximité de la nappe alluviale, induisent des peuplements
végétaux adaptés caractéristiques, très riches et abritant une faune abondante et
diversifiée.
3.3.2. COMPOSITION DE LA RIPISYLVE
La succession végétale qui se déroule sur la rive terrestre et dans le lit majeur, sous
l’influence des mécanismes géomorphologiques résultant de l’hydrodynamisme fluvial,
est à l’origine de la formation de ripisylves. Plus on s’éloigne du milieu aquatique, plus
les bois tendres - saules, peupliers, aulnes - laissent place aux bois durs - frênes,
ormes, chênes pubescents.
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La composition et la structure des ripisylves varient suivant le gradient amont-aval des
différentes unités hydrogéomorphologiques. Elles varient aussi selon le stade
d’évolution :
1. La strate arborescente présente une diversité faible dans la mesure où moins d’une
dizaine d’espèces la structurent :
• Le long des berges et sur les bancs de galets et de graviers (parfois recouverts
de limons et de vase), il s’agit généralement de stades pionniers de saules
(pourpres, blancs et drapés principalement), d’aulnes sous formes arbustives, car
ils sont fréquemment rajeunis par la dynamique (les arbres couchés, recépés,
enterrés, portent les stigmates des crues torrentielles du Gardon). Les grèves
sont parfois envahies par des peupliers (noirs) post-pionniers ou pionniers.
• Les saulaies arborescentes au stade pionnier se développent en compagnie des
aulnes et de jeunes platanes sur les sols humides et riches en alluvions déposés
par la crue en arrière des saules.
• Plus en retrait encore de la bande active du cours d’eau, on observe souvent le
développement d’une véritable forêt de grands peupliers noirs et de peupliers
blancs que l’on retrouve essentiellement dans le corridor des Gardons
rhodaniens. A cette strate arborée, généralement de grande taille jusqu'à 30
mètres, sensible par son mauvais enracinement (du moins lorsque les sujets sont
soumis à des puissants écoulements), s’intègre une strate ligneuse inférieure
dominée par des forêts parfois monospécifiques de robiniers faux accacias (qui
colonisent les moindres travées opérées dans la ripisylve) que l’on retrouve des
hauts Gardons au Piémont, en Gardonnenque et jusque sur le Gardon
rhodanien. L’orme champêtre et l’érable egundo complètent les peupleraies
souvent sur les bordures du système forestier (là où la lumière pénètre plus
efficacement).
• La frênaie et l’ormeaie caractérisent les zones les plus élevées des berges où la
profondeur de la nappe limite les espèces hygrophiles. Les arbres les plus
communs sont le frêne oxyphylle et l’orme champêtre, le frêne à fleur ou orne
dont les fleurs ont une corolle blanche est plus rare et moins inféodé au bord de
l’eau. On y trouve encore le peuplier noir mais aussi le chêne pubescent.
2. Cette zonation théorique est souvent remise en question par la dynamique fluviale,
même si les interventions humaines tendent à bloquer les déplacements du lit et à
figer cette répartition.
Sous le couvert des grandes espèces, la strate arbustive est beaucoup plus
diversifiée : charme, noisetier, cornouiller sanguin, sureau noir, viorne, troène,
fusain, clématite, houblon et toutes les espèces supportant la concurrence et une
certaine humidité.
3. Sous le couvert des feuilles denses se développent des plantes sciaphiles et
hygrophiles comme l’armaise, l’arum, l’ortie, la ronce qui rendent le sous-bois
impénétrable et rappellent que nombre de ces terrains étaient cultivés par le passé
(essences rudérales). Les zones plus sèches et perturbées par les activités
humaines (notamment les extractions de matériaux) sont souvent dominées par les
cannes de Provence.
En l’absence d’intervention humaine, les milieux végétaux sur ces cours d’eau soumis
à une dynamique très forte, présentent une variété et une dimension remarquables.
Tous les stades de la ripisylve peuvent y être notés, ainsi que de nombreuses
communautés phytologiques du bord des eaux adaptées à cette dynamique. La
diversité végétale est très forte, mais peu étudiée.
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La comparaison avec l’état des milieux voisins semble montrer, d’après l’état actuel de
nos connaissances, que la zone riveraine est défavorable en matière de conservation
de plantes à grande valeur patrimoniale.
3.3.3. LE RÔLE DE LA RIPISYLVE
Les ripisylves exercent un contrôle important sur les conditions physiques du milieu
aquatique. Elles sont directement impliquées dans la structure, le métabolisme, la
productivité et l’évolution des écosystèmes d’eau courante à travers différentes
fonctions, telles que :
• l’apport de nutriments et de carbone organique avec son incidence sur le budget
énergétique et l’organisation trophique des hydrosystèmes,
• la régulation de la température de l’eau,
• l’interception et la filtration des polluants,
• l’action dans les flux superficiels : le corridor, dès lors qu’il est suffisant, est capable
de filtrer efficacement les bois morts en transit et les sédiments,
• la stabilisation et la protection des berges contre l’action érosive de l’eau.
L’importance relative de ces différentes fonctions varie selon la situation du cours
d’eau dans le réseau hydrographique. L’apport trophique représente l’influence
majeure de la végétation riveraine dans le cours supérieur des Gardons. Cette fonction
diminue dans les cours moyens et inférieurs, où la fonction de stabilisation des berges
devient plus importante.
Par ailleurs, les rives et la plaine d’inondation, du fait de la végétation qu’elles portent,
sont étroitement associées aux habitats des cours d’eau qu’elles bordent. Elles
répondent à la définition d’un écotone, en tant que milieu frontière et de transition entre
les domaines aquatique, terrestre et phréatique.
Ainsi, le long des rives, la succession d’hétérogénéités, dues à la végétation et à la
ripisylve, diversifie l’habitat aquatique, favorise la rétention et l’accumulation de la
matière organique dans le cours d’eau, autant de conditions qui assurent le
développement de communautés aquatiques abondantes caractérisées par une
biodiversité élevée et une forte production piscicole.
La ripisylve abrite une faune et une flore particulièrement variées. Elle forme une
mosaïque de biotopes extrêmement favorables à la vie animale, en particulier à
l’avifaune. C’est le type de forêt méditerranéenne qui abrite le plus d’oiseaux nicheurs
dont certains sont rares à l’échelle française : héron bihoreau, guêpier, rollier, butor
étoilé, mésange rémiz...
Elle constitue pour les poissons des abris qui leur permettent de se protéger des
conditions adverses (crues) ou des prédateurs : racines, souches, troncs et branches
immergés forment autant d’abris. Notons également que la ripisylve des Moyens
Gardons accueille un hôte de prestige : le castor, qui forme ici la plus ancienne colonie
française et dont la survie dépend grandement du maintien de la saulaie pionnière.
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Le rôle et les effets de la végétation sont différents selon la taille des cours d’eau :
• sur les petits ruisseaux, des excès de végétaux vont obstruer le fonctionnement
hydraulique. Cela n’a aucune conséquence pour autant qu’il n’y ait pas d’enjeux,
• à contrario, le frein occasionné par la présence d’une formation végétale, dont
l’importance devra être établie, peut aider à limiter les phénomènes d’érosion pour
autant qu’il n’y ait pas d’enjeux par rapport aux atterrissements potentiellement
déposés par le cours d’eau en ces lieux.
3.3.4. PRÉSENTATION DE LA DYNAMIQUE NATURELLE
La ripisylve, définie comme une forêt riveraine du cours d’eau, présente des
caractéristiques fonctionnelles très différentes selon le style morphologique du système
fluvial. Elle correspond à un corridor végétal plus ou moins large et complexe sur le
cours d’eau des piémonts et des plaines intramontagnardes de l’espace
méditerranéen. La ripisylve, ou forêt alluviale, peut être considérée comme un milieu
écologique récent qui présente des propriétés physiques particulières.
Les rivières qui composent le Gardon sont de tailles moyennes et drainent un bassin
versant montagneux. Elles sont caractérisées par une haute énergie hydraulique, des
crues d’automne violentes, une charge de fond grossière et abondante, un lit en
tresses très souvent en cours d’exhaussement et une mosaïque végétale
naturellement complexe. Dans leur basse vallée, ces rivières drainent un milieu
souvent très agricole caractérisé par des cultures rémunératrices (vignoble de qualité
notamment) peu sensibles à l’inondation mais vulnérables à l’érosion de surface.
Différents stades d’une succession écologique peuvent coexister à un même instant au
sein d’une ripisylve, et c’est précisément cette complexité de la mosaïque végétale
ainsi constituée qui détermine la richesse de la biodiversité d’un milieu (diversité de
l’extension, de la composition et de l’âge de la couverture végétale). Les conditions
d’habitat, créées par un biotope très hétérogène et diversifié, abritent une biocénose
souvent très riche.
L’organisation de la forêt alluviale est fonction des conditions imposées par la rivière,
dans les systèmes naturels où la connectivité entre l’écosystème terrestre et le cours
d’eau est bien établie, on passe au fur et à mesure de l’éloignement du chenal et de la
nappe phréatique des stades non végétalisés et unités à strates basses constituées
par des herbacées, aux stades pionniers de buissons et d’arbustes, puis à des unités
post-pionnières plus évoluées et enfin à des stades arborés matures. Cette variabilité
transversale à l’axe du cours d’eau montre que le lit majeur est l’espace de la rivière le
plus terrestre, et les mécanismes endogènes de régénération y sont prédominants. La
bande active a des formes qui évoluent rapidement et les mécanismes exogènes
l’emportent sur la dynamique endogène. Depuis une quarantaine d’années en France,
la végétation alluviale a tendance à progresser dans les lits des cours d’eau, en
particulier sur les rivières à charge grossière (ce qui est le cas des Gardons).
Il apparaît que la recolonisation végétale sur les plaines alluviales affecte le bon
fonctionnement de l’hydrosystème. En effet, cette survégétalisation tend à uniformiser
la mosaïque, les stades arbustifs et arborés se développant au détriment de la bande
active et des stades herbacés et pionniers. Dans ces conditions, ce sont les rôles
physiques, chimiques et biologiques de la forêt alluviale qui sont modifiés.
La politique de lutte contre les inondations a, notamment après les événements de
1958 et les extractions de granulats (l’étude de la ripisylve des Moyens Gardons a
d’ailleurs souligné le rôle majeur joué par l’activité extractive qui apparaît comme le
principal facteur de dégradation du milieu naturel), conduit à la construction
d’aménagements lourds du type endiguement et à procéder à des chenalisations de
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rivières. Aujourd’hui, le développement de la végétation dans les lits endigués,
accompagné de la prise de conscience des rôles fondamentaux joués par cette
mosaïque végétale, soulève des problèmes de gestion.
La gestion de ces ripisylves est un des éléments forts qui devra être établi au
cours de la phase suivante, en s’appuyant sur le rôle et les effets de cette
végétation.
3.3.5. LA RIPISYLVE DES GRANDES UNITÉS HYDROGÉOMORPHOLOGIQUES DES
GARDONS ET DE LEURS AFFLUENTS
3.3.5.1. Présentation générale
Les cartes descriptives de la ripisylve établies dans le cadre de l’étude des milieux
naturels mettent en évidence une véritable mosaïque de tronçons de ripisylve, plus ou
moins étendus, plus ou moins larges, plus ou moins étagés, à la composition et aux
strates très variables. Cette complexité dans la juxtaposition des formations végétales
des rives des gardons est liée à une synergie de facteurs :
• le contexte hydrogéomorphologique, pédologique et climatique ;
• l’occupation des sols riverains, actuelle et passée ;
• la dynamique propre de chacune de ces associations végétales en fonction de sa
situation.
L'état de la ripisylve des Gardons et sa dynamique
On pourra se référer à la carte "occupation dominante de la bande rivulaire", présentée
au paragraphe 1.9.5 du document cartographique.
Les importances des différentes atteintes sont difficilement comparables entre elles
car, dans une association fragile, l’élimination d’un sujet peut, localement, déséquilibrer
l’ensemble, alors qu’ailleurs elle n’aura pas forcément de grandes conséquences
écologiques.
Cette appréciation est d’autant plus difficile à formuler que l’état de référence n’existe
pas vraiment. En effet, il y a une trentaine d’années, les Gardons ne bénéficiaient pas
d’une telle végétation rivulaire. La colonisation végétale constatée dans les lits majeurs
de différents Gardons ces dernières années, est liée à plusieurs phénomènes:
• modification des conditions hydrologiques et de la dynamique fluviale d'une part
en raison des aménagements anthropiques : politique de lutte contre les
inondations (notamment après les événements de 1958) et extractions massives
de granulats, ont conduit à la construction d’aménagements lourds du type
endiguement et à procéder à des chenalisations de rivières ainsi qu'à la
réalisation du barrage de Sainte Cécile. A ces facteurs s'ajoute une tendance
récente et « naturelle » à la diminution des débits de crues.
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Cette évolution, constatée, trouve son origine dans la variation des conditions
climatiques au niveau du globe, et où le rôle joué par l’homme à cette échelle est
difficile à mesurer.
• La deuxième raison invoquée est liée au comportement social des sociétés récentes
face aux milieux aquatiques. En effet, le mode de vie actuel se distingue nettement
de celui de nos grands-parents qui avaient encore une réelle action sur la
végétation rivulaire des cours d’eau, par des opérations d’entretien importantes par
endroits. Aujourd’hui, l’abandon de ces pratiques se fait ressentir sur la qualité du
milieu qui se dégrade.
Ces changements ont offert des conditions favorables au développement de la
végétation ligneuse (arborée et buissonnante), qui a colonisé de nouveaux espaces.
Le cas du Gardon ne fait pas exception, et confirme cette tendance.
Globalement, les Gardons sont propices au développement spontané de formations
(de corridors) végétales rivulaires, car les vallées sont souvent caractérisées par un lit
alluvionnaire.
Seules les zones apicales et quelques tronçons ou affluents sont peu propices au
développement d’une ripisylve. Ils sont généralement caractérisés par des pentes
fortes, un substratum rocheux et des vallées étroites où la dynamique est
particulièrement forte.
Les sections des cours d’eau et les affluents peu propices au développement naturel
d’une large ripisylve, en dehors des problèmes spécifiques des zones anthropisées
(zones urbaines, voies de communication, zones d'extraction et de protection
spécifiques contre les crues), se situent globalement dans :
• les zones apicales du Galeizon, du Gardon de Saint Germain de Calberte et de
Saint Martin de Lansuscle, la Salandre, l'Avène, l'Ourne, la Salindrenque ;
• les petits affluents dendritiques des hauts Gardons;
• le Gardon sur le cours moyen et supérieur de la vallée Borgne;
• des tronçons sur le Gardon de Mialet notamment la section aval avant la confluence
avec le Gardon de Saint Jean du Gard;
• un tronçon de Gorges sur le Bourdic;
• les Gorges du Gardon.
Le diagnostic relatif à la ripisylve a donné lieu à plusieurs études qui ont toutes
souligné le rôle majeur joué par l’activité extractive dans l’évolution de la ripisylve. Elle
apparaît clairement comme le principal facteur de dégradation du milieu naturel.
Les extractions massives opérées dans le lit mineur peuvent avoir des effets à
retardement et conduire, à plus ou moins long terme, à un dépérissement généralisé
de la forêt alluviale, mais il est possible aussi que la ripisylve se régénère
naturellement. Comme nous l’avons souligné précédemment, les sites les plus
dégradés correspondent essentiellement à d’anciennes gravières abandonnées. Or,
ces sites sont généralement peu propices à une recolonisation végétale spontanée
(absence de sol, profondeur de la nappe excessive, topographie chaotique...). C’est
pour cette raison qu’un chantier expérimental de restauration d’un site particulièrement
dégradé par des extractions de matériaux alluvionnaires a été entrepris sur la
commune de Massillargues-Attuech.
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Aux effets induits par des extractions opérées dans le lit moyen se sont ajoutés des
effets globaux liés au creusement, dans le lit mineur des Gardons, d’un chenal continu
destiné à l’évacuation des crues. Les extractions ont ainsi affecté la totalité du lit
mineur et la plus grande partie du lit moyen et inférieur des Gardons. Elles ont
radicalement bouleversé tant le fonctionnement hydrodynamique, hydrogéologique, et
hydrobiologique de la rivière, que son lit, ses berges et sa ripisylve.
La dynamique de la forêt riveraine s’est trouvée gravement perturbée dans les
secteurs où le creusement du lit mineur a été important. On assiste, à proximité des
berges à un dépérissement progressif de la ripisylve qui « s’assèche ». La forêt
riveraine se dégrade, ses espèces sont remplacées par des espèces moins exigeantes
en eau, ubiquistes, constituant des boisements banals, de richesse écologique bien
moindre.
3.3.5.2. Les Cévennes
Le long des Gardons, plusieurs types d’associations ou de formations végétales se
sont développées de façon adaptée aux conditions de milieu :
Sur les cours amonts caractérisés par des vallées étroites et rocheuses (substratum
composé de dalles), la ripisylve est très réduite et se résume souvent à quelques
arbres typiques du bord des eaux (saules et aulnes en ligne discontinue) poussant aux
côtés de chênes verts, de pins maritimes, de châtaigniers et de bruyère arborescente
(Salindrenque, Gardon d’Alès et de St Jean et Galeizon en particulier.
Dans les zones caractérisées par un lit mineur divaguant (fond de vallée au substratum
de galets et de graviers qui succèdent aux matériaux grossiers des versants (Gardon
de Mialet, section aval du Galeizon, section aval du Gardon d’Alès)), se développe une
mosaïque de milieux, notamment en liaison avec la présence de bancs de galets et
graviers avec une végétation buissonnante arbustive de type saulaie.
Les principales causes de dégradation (voire d’absence) de la ripisylve sur les
Gardons d’Alès de Sainte Croix vallée française et Mialet sont les activités humaines
qui se concentrent dans le fond des vallées, notamment l’agriculture (prairie,
marécage, ...), les campings, les terrains de sports et les espaces urbanisés.
Sur le Gardon de St Jean, ce sont les facteurs de milieux, notamment la dynamique
torrentielle, qui limitent le développement d’une ripisylve importante.
Les principales dégradations sont liées aux activités humaines ou à des phénomènes
naturels que l'on constate sur les ripisylves du bassin versant. Les Cévennes sont
caractérisées par une banalisation croissante des corridors rivulaires, liée à l'invasion
d'essences exotiques notamment comme le robinier faux acacias, et localement la
renoué du Japon.
Les principales dégradations liées à des entretiens excessifs ou systématiques sont
observées au niveau des unités urbaines et le long des voies de communication et des
axes touristiques (accès baignade) qui longent les cours d'eau.
A contrario, l'exode rural engendre sur certains cours d'eau et milieux une fermeture
totale à cause du développement exubérant de la végétation, créant une baisse de la
diversité des espèces rencontrées.
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3.3.5.3. Le Piémont
La plupart des fonds de vallée du Piémont connaissent ou ont connu des activités
humaines avec des centres industriels, économiques (bassins miniers Alès La Grand
Combe), des infrastructures routières et des zones urbaines (Alès, La Grand Combe,
Anduze, St Jean du Gard, Cendras) et enfin des activités agricoles (importantes du fait
de la fertilité des terres limoneuses du bord des cours d’eau).
La ripisylve est donc souvent absente, dégradée (mauvais entretien), ailleurs elle se
limite à des lambeaux étroits et discontinus. Les principales essences qui la
composent sont pionnières et vivaces (saules, peupliers, robiniers faux acacias pour
les ligneux, et armaises pour les herbacées).
Dans les passages encaissés préservés, la végétation peut prendre une forme assez
dense où se mêlent les formations végétales des versants.
La situation est très contrastée selon les cours d’eau :
• Les zones urbaines du Piémont (Gardon d’Alès, Gardon d’Anduze) sont dotées d’un
lit alluvial où la ripisylve se réduit à des lambeaux étroits et discontinus au profit des
activités économiques et à l’habitat plutôt qu’à l’agriculture qui est très localisée
(verger sur le Galeizon). L’urbanisation et les infrastructures routières ont conduit à
un endiguement des berges du lit mineur qui a fait disparaître la ripisylve naturelle
que l’on retrouve localement dans des espaces protégés (îlot de végétation dense,
secteur escarpé peu modifié).
• Sur le Galeizon, la végétation de très faible épaisseur et de qualité inégale (liée à
l’agriculture) présente néanmoins de beaux endroits de type galerie.
• L’Avène présente les mêmes types d’évolution mais dans un contexte naturel
nettement plus défavorable.
• Les basses plaines alluviales du Gardon d’Alès et de l’Avène sont caractérisées par
une ripisylve relictuelle en ligne peu développée latéralement en raison des activités
agricoles sur les plaines alluviales et des routes pour les cours d’eau situés à
l’amont d’Anduze. La présence de végétaux rares est peu probable même si leur
présence est signalée avec 3 espèces dans la traversée urbaine d’Alès et 4 autres
stations botaniques en marge du cours d’eau au niveau d’Anduze.
• La plaine d’Anduze a fait l’objet d’une étude plus détaillée qui met en évidence
l’alternance de contextes plus ou moins dégradés :
- Entre Anduze et Tornac, le lit du Gardon (au débouché des Cévennes) est encore
encaissé et la plaine alluviale peu développée. La ripisylve occupe ainsi une bande
relativement étroite mais de bonne qualité générale. Ce secteur a été relativement
épargné par les extractions de granulats, relativement anciennes.
- Sur les communes de Boisset-et-Gaujac, Massillargues-Attuech et Lézan, le lit du Gardon
s’élargit, la plaine alluviale s’étend et la ripisylve peut se développer transversalement.
Cependant, elle est très affectée par les extractions de granulats qui ont été réalisées
dans le passé, sur le lit moyen et dans le lit vif. La ripisylve est globalement de qualité
médiocre à très dégradée.
- Sur les communes de Ribaute-les-Tavernes, Cardet et Massanes, les boisements rivulaires
sont de bonne qualité (près de 75 % de la ripisylve), ils occupent une surface proche de 100
hectares sur un linéaire voisin de 5 kilomètres. Ce secteur présente une ripisylve de très grande
qualité, façonnant par la même de splendides paysages.La raison en est simple : ce tronçon a
été épargné par des extractions en lit vif (pas d’autorisation) et donc il n’a pas fait l’objet du
creusement du chenal.
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Les ripisylves du Piémont sont très réduites en raison de la pression et de la gestion
induite par le passé industriel. Aujourd'hui la pression dans les zones urbaines est forte
avec l'entretien systématique afin de donner à ces espaces considérés comme
récréatifs (coulées vertes) de nouvelles fonction notamment au regard des enjeux
touristiques.
La ripisylve est souvent incomplète et souffre d'une banalisation accentuée par les
modes de gestions. Dans la section amont du Piémont, les dégradations de ripisylve
en liaison avec des extractions sont assez similaires à celle de la Gardonnenque ci
après présentées, mais avec des proportions globalement moins dramatiques.
3.3.5.4. La Gardonnenque
On peut distinguer plusieurs secteurs sur cette zone : le méandre encaissé du bois de
Ners, la plaine étroite entre les collines de Ners et Moussac et la plaine entre Moussac
et Dions.
• Le passage de la barrière calcaire crétacé du Bois de Lens occasionne le plus
grand méandre du cours d’eau contournant le village de Ners. Des versants pentus
restés jusqu'à aujourd’hui très forestiers se juxtaposent à une plaine alluviale étroite
et fertile, favorable à une diversification biologique.
Le cours d’eau s’est délesté à cet endroit d’une part importante de sa charge
sédimentaire, construisant aux trois coudes majeurs du méandre de larges et
épaisses plages de graviers
Ce premier secteur concerne les communes de Vézénobres, Cassagnoles,
Maruéjols-les-Gardons et le nord de la commune de Boucoiran. Il est
particulièrement dégradé car il a subi de très fortes pressions extractives à la fois
dans le lit mineur et dans le lit moyen. La ripisylve a donc été très affectée, et ce
sont les boisements de qualité médiocre à très dégradée qui dominent largement
formant près de 70 % de la ripisylve pour une surface de plus de 110 hectares. Les
exploitations ont créé de nouveaux bras morts et mares, parmi les friches que la
végétation recolonise lentement.
• Le deuxième secteur comprend les communes de Boucoiran, Cruviers-Lascours et
Brignon. C’est l’un des plus dégradés par les extractions de granulats du Gardon.
Certes, il s’inscrit dans un contexte naturel peu favorable au bon développement de
la ripisylve avec d’importantes pertes karstiques entraînant l’assèchement du
Gardon sur toute la zone à l’étiage, mais la situation est encore aggravée, à la fois
par une activité extractive intense qui a bouleversé les paysages, et par une
emprise agricole très importante sur le lit moyen.
Il est à signaler que la végétation est en cours de reconstitution, notamment au
niveau de la commune de Moussac, où entre deux grosses portions quasiment
désertiques s’étend une végétation fine en épaisseur mais très saine dans
l’ensemble.
Globalement, la ripisylve a pratiquement disparu, et ne subsiste que localement
sous la forme de cette fine bande, ce secteur s’étend sur 15 % du linéaire étudié
mais la ripisylve ne représente que 4 % des boisements prospectés, dont plus de
80 % sont de qualité très dégradée.
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• Le secteur de Moussac concerne la partie aval, avec les communes de Moussac,
Sauzet, Saint-Chaptes, Saint-Géniès-de-Malgoirès, La Calmette et Dions. Il est
contrasté : on observe une alternance de secteurs de grande qualité (51 % de la
ripisylve) et de secteurs très dégradés (36 % de la ripisylve), correspondant à
d’anciennes extractions.
En effet, le contraste s’explique par le fait que c’est là que subsistent encore les plus
larges secteurs de ripisylve de toute la vallée des Gardons, malgré une pression
agricole à l’extérieur et des défrichements réalisés en son sein par l’extraction de
granulats.
Au niveau de Dions, on trouve en effet le site le plus dégradé des Moyens Gardons
avec près de 100 ha de ripisylve détruite par une ancienne gravière. Malgré cela,
c’est aussi sur cette portion du Gardon que la ripisylve en quelques endroits prend
véritablement les aspects de la forme originelle dite climacique de la peupleraie
blanche. La végétation a une bonne expansion latérale (jusqu'à 1.500 m) qui semble
proportionnée à la largeur du lit mineur.
La zone de Moussac à Dions est très sujette aux pertes karstiques, ce qui fragilise
le maintien de la végétation . Seules les parties les plus proches du cours d’eau
présentent des peuplements de bonne santé. La végétation est ici relictuelle dans
une zone qui est, d’un point de vue général, profondément remaniée par les travaux
d’extraction.
Dans cet ensemble de cours d’eau remaniés, soit par les éléments naturels, soit par
les interventions humaines, les végétaux rares sont peu probables.
Environ 1.000 hectares de ripisylve ont été prospectés sur les moyens Gardons.
Cette surface est constituée :
- à 47,5 % de boisements de bonne qualité qui couvrent près de 480 ha,
- 33,0 % de boisements très dégradés qui occupent environ 330 ha,
- à 19,5 % de boisements de qualité médiocre pour une superficie de près de
200 ha.
Les critères de diagnostic retenus sur les moyens gardons :
Bonne qualité : la nature des espèces constituant le peuplement étudié, en sachant
que des espèces comme les saules, aulnes, peupliers, frênes, érables constituent de
bons peuplements, alors que les associations à robinier, chêne, ailanthe, canne de
Provence (graminée pouvant atteindre 4 m), espèces ubiquistes, peu exigeantes en
eau, forment des boisements de qualité faible au sein de la ripisylve.
Qualité médiocre : la densité du peuplement : la ripisylve saine forme un peuplement
riche, dense, créant souvent une atmosphère d’exubérance et sa dégradation peut se
traduire par l’aspect clairsemé, épars de la végétation.
Qualité très dégradée : l’état sanitaire des arbres : dans certains secteurs où
l’abaissement de la nappe a été marqué, les conditions hydriques étant devenues
défavorables au bon développement de la ripisylve, des manifestations de stress
hydrique sont apparues chez certains arbres, sous la forme de descentes de cimes,
ou, dans les cas les plus graves, sous forme d’arbres morts, secs sur pieds, attestant
d’un stade avancé de dégradation de la ripisylve.
L’étude de la ripisylve des Moyens Gardons a permis de mettre en évidence un certain
nombre de sites particulièrement dégradés nécessitant une restauration.
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Ces sites, au nombre de douze, correspondent, pour la plupart, à d’anciens sites
d’extraction de granulats, abandonnés sans remise en état des lieux préalable :
1. Mas Pestel à la Madeleine (Gardon d’Anduze),
2. Du seuil d’Attuech au pont de Lézan (Gardon d’Anduze),
3. Le Sigalas (Massillargues, Attuech) (Gardon d’Anduze),
4. La Prade ancienne zone d’extraction Cassagnoles et Vénézobres,
5. Le Berland ancienne gravière à Ners,
6. Berges concave du méandre à Maruéjols-les-Gardon (Gardons réunis),
7. La Cade ancienne zone d’extraction à Boucoiran,
8. De Boucoiran à Brignon (Gardons réunis),
9. Les Gravières ancienne sablière Crozel à Moussac et Sauzet (Gardons réunis),
10. Ancienne zone d’extraction Crozel à St Génies de Malgarès (Gardons réunis),
11. Ancienne gravière Lautier Roquebleue à Saint-Chaptes (Gardons réunis),
12. Ancienne zone d’extraction Tixador en amont du pont submersible de Dions
(Gardons réunis).
Trois sites étaient considérés comme prioritaires (par les acteurs locaux des
communes concernées) : le Berland au niveau de Ners, la Cade à Boucoiran et la zone
d’extraction Crozel à St Géniès.
La forêt riveraine des Gardons, la ripisylve à peuplier blanc, forme un milieu
particulièrement riche, d’un grand intérêt écologique. Son étude a cependant révélé un
stade avancé de dégradation. Elle ne se présente souvent plus que sous une forme
morcelée, plus ou moins dégradée, et rares sont les secteurs où la ripisylve originelle,
avec ses essences et sa zonation particulières subsiste encore. De magnifiques
secteurs ont, heureusement, été épargnés et sont à préserver impérativement.
Dans la moyenne vallée des Gardons (Gardonnenque et Piémont aval) ainsi que sur le
Gardon Rhodanien, les importantes extractions de matériaux alluvionnaires ont eu un
impact très lourd sur le milieu et en particulier sur la ripisylve.
Aux effets induits par des extractions opérées dans le lit moyen se sont ajoutés des
effets globaux liés au creusement, dans le lit mineur des Gardons, d’un chenal continu
destiné à l’évacuation des crues.
Les extractions ont ainsi affecté la totalité du lit mineur et la plus grande partie du lit
moyen et inférieur des Gardons. Elles ont radicalement bouleversé tant le
fonctionnement hydrodynamique, hydrogéologique, hydrobiologique, que le lit, les
berges et la ripisylve de la rivière.
La dynamique de la forêt riveraine s’est trouvée gravement perturbée dans les
secteurs où le creusement du lit mineur a été important. On assiste, à proximité des
berges à un dépérissement progressif de la ripisylve qui « s’assèche ». La forêt
riveraine se dégrade, ses espèces sont remplacées par des espèces moins exigeantes
en eau, ubiquistes, constituant des boisements banals, de richesse écologique bien
moindre.
En Gardonnenque, aujourd’hui, plus de la moitié de la surface occupée par cette
ripisylve est de qualité médiocre à très dégradée, les sites les plus dégradés
correspondant à d’anciennes gravières abandonnées sans remise en état préalable
des lieux (sur 12 sites recensés entre Alès, Anduze et Dions les trois sites les plus
dégradés se trouve en Gardonnenque).
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Dans ces plaines alluviales la pression agricole devient le second facteur limitant au
bon développement de la ripisylve.
3.3.5.5. L’Uzège
Dans les collines de la partie Ouest, la Droude bordée de plaines fertiles conserve très
peu de ripisylve, qui se limite généralement à une étroite bande de végétation
discontinue mais saine.
L’Alzon, les Seynes et le Bourdic drainant un sol argileux qui retient mieux l’humidité
que les sols gréseux de la vallée de la Droude, génèrent naturellement des formations
végétales de meilleure qualité. Mais les dommages occasionnés par l’extension de
l’agriculture et de l’urbanisation à proximité des cours d’eau réduisent ces ripisylves à
des galeries végétales localement remarquables avec quelques grands arbres
vénérables qui survivent avec difficultés. Le SIARU4, dont la vocation initiale était le
recalibrage s’est doté récemment d’une nouvelle vocation qu’il a organisée à travers un
schéma d’aménagement des Seynes et de l’Alzon qui porte notamment sur l’entretien
et la gestion de la végétation des cours d’eau. On se réfère au document de détail de
ce travail en ce qui concerne la ripisylve de cette unité.
3.3.5.6. Les Gorges du Gardon
La transition entre la rivière et le milieu environnant sec et couvert d’une garrigue plus
ou moins dense est rapide. Le peu d’alluvions fines servant de substrat, et surtout
l’abondance de graviers en plages dans le lit moyen et le lit mineur permettent
seulement la présence d’une végétation extrêmement ténue, voire quasiment absente.
Elle est souvent peu spécifique et possède rarement les caractéristiques habituelles
d’une ripisylve. En revanche, le site est resté sauvage, presque pas urbanisé ou utilisé
par l’agriculture et sans route longitudinale. Il a été très peu touché par les extractions
de granulats exceptés quelques dommages occasionnés sur la commune de SainteAnastasie. Il est cependant soumis à une pression touristique forte en été.
Par les contraintes qui lui ont permis de garder ce caractère sauvage, le milieu naturel
de cette zone est un des plus riches et des mieux connus de l’ensemble de la vallée.
Parmi le grand nombre d’espèces citées pour cette zone, peu concernent les abords
immédiats du cours d’eau, mais plutôt les garrigues environnantes, et c’est
principalement sur coteaux calcaires secs, à l’exception de l’Orchis punaise, que l’on
trouve les plantes les plus rares.
3.3.5.7. Le Gardon Rhodanien
Confrontée à une pression agricole intensive, la ripisylve est souvent très limitée en
largeur.
Elle est d’assez bonne densité mais rarement très large, excepté dans le méandre
amont de Comps, « l’Ilette ».
4 Syndicat Intercommunal pour l’Aménagement et la Réhabilitation des rivières de la région d’Uzès
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Sur la section aval, elle présente des secteurs plus larges d’assez bonne densité, là où
le sol n’est pas occupé par des terres agricoles. La végétation est partout ailleurs faible
en épaisseur. Deux gravières en activité en lit mineur ont détérioré la ripisylve sur de
grandes longueurs. De Remoulins à l’entrée des Gorges, son épaisseur est très
réduite, elle est quasi absente au niveau de la ville, à cause de la chenalisation pour la
maîtrise des crues, l’urbanisme et les routes bordant le cours d’eau de trop près.
L’affaiblissement particulièrement important du fond du lit (qui atteint localement 3 m),
lié à des extractions en souilles profondes y compris en bordure du lit mineur, amène
un affouillement très net des berges et de la ripisylve. A ce titre, plusieurs projets
d’aménagement ont vu le jour sur le Gardon Rhodanien (situation localement
alarmante entre Comps et Montfrin), afin d’essayer de pallier les affouillements de
plusieurs milliers de m3.
La ripisylve du Gardon Rhodanien souffre des même symptômes que ceux de la
Gardonnenque et du Piémont même si la situation est assez différente. En effet, les
exploitations en souille ont limité l'emprise foncière des interventions. Les corridors
boisés ont été remplacés par des zones humides qui sont des milieux présentant un
intérêt particulier, d’autant plus qu’ils sont peu présents sur l’ensemble du bassin
versant.
La dégradation des ripisylves est sensible et se caractérise par l'affouillement des
berges dans le lit mineur, lié à l'abaissement très important du fond du lit, lié au mode
d'exploitation. Les nombreux ouvrages transversaux destinés à stabiliser le lit ont
permis de conserver le niveau des nappes.
Les principales autres dégradations du corridor végétal observées sont liées à la
pression agricole qui se double de pression localement forte des voies de
communications (TGV, Autoroute) et des zones urbaines (les zones urbaines ne
peuvent se développer en raison de la réglementation afférente aux zones inondables)
3.3.5.8. Conclusions
En dépit de toutes les atteintes constatées, les milieux végétaux sur ces cours d’eau
soumis à une dynamique très forte, présentent une variété et une dimension
remarquables comme en témoignent les nombreux sites inscrits en ZNIEFF de type I
sur l'ensemble du bassin versant et en particulier dans les espaces préservés des
extraction dans le Piémont et la Gardonnenque.
Tous les stades de la ripisylve peuvent y être notés, ainsi que de nombreuses
communautés phytologiques du bord des eaux adaptées à cette dynamique
(cependant, la zone riveraine est relativement peu favorable à la conservation de
plantes à grande valeur patrimoniale).
Les végétations de type palustre sont rares et peu étendues, et souvent présentes à la
faveur de zones remaniées par les activités humaines : barrages, souilles, etc. Trois
habitats listés en annexe 1 de la Directive Habitat sont présents sur le cours d’eau.
3.3.6. LES PLANTES RARES OU PROTÉGÉES DU BASSIN VERSANT DES
GARDONS
Peu d’espèces de ce type ont été mentionnées pour le cours du Gardon. Les espèces
citées sont souvent localisées dans les versants pentus en Cévennes ou dans les
gorges calcaires.
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Parmi les espèces citées, on peut attirer l’attention sur :
• l’orchis punaise,
• la spirante d’été (orchidée protégée en France),
• le cyclamen des Baléares,
• la gratiole officinale,
• le dryoptéris des Cévennes,
• les isoètes
3.3.7. LES MILIEUX HUMIDES
Composition :
Dans l’eau ou à proximité de la rivière, on trouve aussi diverses associations
herbacées. Sur les berges caillouteuses les plus proches de l’eau et soumises aux
variations saisonnières de niveau poussent les renouées, et le mélilot blanc ; sur les
limons, le chanvre d’eau.
Dans les eaux courantes (milieu lotique), on trouve le cresson, les véroniques, les
menthes, des bryophytes fixés au substrats rocheux ; et dans les eaux calmes (milieu
lentique), les scirpes et les roselières à massettes à feuille lrage, le phragmite est très
localisé. Les eaux stagnantes des lônes et des mares se couvrent parfois de
characées, d’élodées, de potamots et de callitriches (+ lampourde et calamagrostis).
Localement, les conditions d’eutrophisation du milieu aquatique favorisent le
développement d’algues vertes, brunes (cyaxophycées, diatomées), d’algues
filamenteuses qui envahissent le substrat et concurrencent les autres groupes.
Ces milieux souvent remaniés ne sont pas propices à la conservation de plantes dites
rares. Les plus remarquables se trouvent parfois sur la lisière externe de la ripisylve
dans les espaces à submersion accidentelle que sont les prairies humides entretenues
par le pâturage. Ces formations sont peu représentées sur le Gardon, car les cultures,
la vigne notamment, supportant sans problème les submersions, occupent
fréquemment la zone d’expansion des crues.
Parmi les groupements végétaux propres au lit majeur, trois habitats d’intérêt
communautaire sont représentés (Balayer et Molina, 1995) :
• mares temporaires méditerranéennes de l’Isoetion - association du spirantho
aestivalis-anagallidetum tenellae (code 22.3417),
• grèves caillouteuses rattachées à l’association du glauco-scrophularietum caninae
(code 24.225),
• ripisylve à aulnes et frênes - association de l’alno-fraxinetum oxycarpae.
Les zones humides des Gardons
Les Gardons , torrents cévenols, sont caractérisés par des milieux lotiques dominants,
notamment en Cévennes. La diversité floristique est assez faible sur cette entité.
La végétation aquatique apparaît davantage au niveau du Piémont pour plusieurs
raisons : les rejets eutrophes enrichissent en nutriments et les premiers biefs lentiques
au niveau des seuils ralentissent l’écoulement et réchauffent les eaux.
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Les biefs accueillent une végétation de type palustre sur les zones de vasière, mais la
diversité et l’intérêt des marcophytes concernés restent limités. La multiplication des
seuils en Gardonnenque accroît les développements algals, notamment à l’étiage dans
les zones peu profondes. Sur les zones d’assec, la végétation est rare, il s’agit
notamment d’algues filamenteuses. La faible température des eaux des résurgences
limite temporairement le développement de ces végétaux aquatiques, la profondeur
plus à l’aval n’autorise qu’un développement de plantes aquatiques sur les zones peu
profondes (bordures essentiellement). Ce phénomène se poursuit sur les bas
Gardons : les bords des biefs lentiques et les zones d’extraction sont des sites
privilégiés où se développe cette flore d’hydrophytes et d’hélophytes.
Les milieux palustres naturels sont assez peu présents sur les Gardons et zones
inondables et humides (étang de la Capelle), notamment sur le Gardon Rhodanien
(Comps à Montfrin) et la Gardonnenque.
Les activités humaines ont favorisé le développement de ces milieux avec les barrages
des Cambous et de Ste Cécile et tous les ouvrages construits sur les Gardons qui
génèrent des biefs lentiques (sur 67 km entre le Rhône et la confluence des 2
Gardons, il y a 18 seuils, c’est à dire 1 tous les 3,7 km, sachant que la plupart créent
des biefs lentiques d’au moins 500 m), via les souilles en lits majeurs et moyens
(Massillargues Attuech, Ners, etc.).
Les algues peuvent servir comme indicateur d’eutrophisation ou de pollution (rejets
dans les Gorges, engendrant un colmatage du substrat par des algues brunes),
notamment du fait de la faible diversité.
3.4. LA FAUNE TERRESTRE DES GARDONS
On pourra se référer à la carte "espèces animales remarquables", présentée au
paragraphe 1.9.2 du document cartographique.
La diversité des milieux et des successions écologiques qui composent les grandes
unités biogéographiques offre une mosaïque d’habitats riches et variés à la faune.
Les bords des rivières, en particulier ceux où la ripisylve a été conservée, sont des
milieux à la faune riche et variée.
3.4.1. L’AVIFAUNE
La ripisylve véritable écotone entre le milieu strictement aquatique et terrestre offre des
conditions d’habitat, de refuge, de nidification, d’alimentation idéales à nombre
d’espèces aviaires, comme en témoigne la centaine d’espèces inventoriées par le
cogard sur le bassin versant des Gardons, dont 26 sont des espèces aquatiques qui
dépendent de l’eau pour des raisons trophiques ou qui sont intimement liées à la
présence de végétaux poussant dans l’eau.
49 espèces sont des oiseaux arboricoles, présents grâce à la ripisylve, bien qu’ils
puissent se rencontrer dans d’autres milieux arborés, ils apprécient particulièrement le
bord des rivières pour la qualité de sa végétation et son effet écotone, leur procurant
des gîtes variés et une alimentation abondante.
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Et enfin, 26 espèces d’oiseaux qui fréquentent des :
• gravières exploitées ou non, terrasses alluviales trop sèches pour que la ripisylve
s’implante mais préservant un espace non cultivé et arbustif de type méditerranéen,
• rochers, gorges rupestres,
• éléments anthropiques : pont, barrage, mur de soutènement, vieux moulin...
La diversité avifaunistique des Gardons est remarquable. Parmi la centaine d’espèces
recensées, 9 sont listées en annexe 1 de la Directive Oiseaux : bihoreau gris, aigrette
garzette, vautour percnoptère, aigle de bonelli, milan noir, hibou grand-duc, oedicnème
criard, martin-pêcheur, rollier d’Europe.
Les espèces caractéristiques de la tête des bassins versants sont les cincles
plongeurs, les bergeronnettes des ruisseaux. Le martin pêcheur est présent sur
l’ensemble du bassin versant, son aire de répartition s’étend dans la plupart des
vallées alluviales des Cévennes au Rhône pourvu qu’il trouve des conditions
favorables : berges et talus meubles.
Les autres oiseaux piscivoles sont davantage inféodés aux plaines alluviales avec des
héronnières sur le Gardon d’Anduze, les Gardons réunis et les bas Gardons. Si
l’aigrette garzette affectionne plus particulièrement les milieux lotiques, notamment les
radiers du Piémont et des Gorges, il lui arrive de progresser jusque sur le haut des
versants ou de pêcher en milieu lentique. Les hérons cendrés et bihoreaux pêcheurs à
l’affût affectionnent les bordures des biefs lentiques et des zones humides où ils se
nourrissent. Les grands cormorans, dont les populations se sont accrues récemment,
sont présents au centre du bassin versant au niveau de Cassagnoles, d’où ils peuvent
rayonner sur tous les sites de gagnages où ils se nourrissent en plongeant après leurs
proies dans les gaus et les retenues suffisamment profondes (~ 1 m) . Les biefs
lentiques des seuils sont aussi caractérisés par les foulques et les colverts, que l’on
retrouve au côté des grèbes huppés et des castagneux.
Le petit gravelot inféodé ou grève partage son habitat avec la bergeronnette grise qui
est présente sur l’ensemble du bassin versant alors que l’oedicmème criard reste très
localisé.
Les berges meubles et terreuses qu’affectionne le martin pêcheur accueillent aussi le
guêpier d’Europe et l’hirondelle de rivage.
Les rochers et falaises qui bordent le Gardon abritent une faune rare : aigle de Bonelli,
vautour percnoptère, hibou grand-duc, martinet à ventre blanc, hirondelle de rochers,
grand corbeau, etc.
La ripisylve, présente de façon ponctuelle tout au long des Gardons, abrite de
nombreux oiseaux arboricoles dont les espèces les plus remarquables sont : le milan
noir, le faucon hobereau, le rollier d’Europe, le héron cendré, l’aigrette garzette, le
héron bihoreau. Certaines espèces d’oiseaux sont présentes en plaine principalement
à la faveur de ce milieu : troglodyte mignon, qui niche souvent dans les chablis, pic
épeiche, rouge-gorge, grive musicienne, gobemouche gris, sitelle torchepot.
Mentionnons aussi le tarin des aulnes, présent en hiver sur son arbre hôte.
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La ripisylve est indéniablement le milieu où la richesse spécifique est la plus
importante.
3.4.2. LES REPTILES ET AMPHIBIENS
Du triton à la grenouille verte, en passant par la salamandre, 10 espèces sont
signalées sur le cours des Gardons, mais seules 3 sont communes à l’ensemble de la
vallée.
Concernant les reptiles, il est possible d’observer 14 espèces, mais 7 seulement sont
assez courantes.
3.4.3. LES MAMMIFÈRES
Les mammifères, strictement inféodés au cours d’eau et zones humides, sont assez
peu nombreux.
Le castor :
Le mammifère le plus caractéristique des Gardons est le castor d’Europe. Dernier
bastion des castors, les Gardons ont constitué l’une des réserves de populations qui
ont permis le repeuplement de la plupart des cours d’eau de la France, alors qu’il avait
disparu presque partout ailleurs.
Véritable symbole des Gardons, le castor est présent sur tous les Gardons, son aire de
répartition étant limitée par la capacité des milieux torrentiels intramontagnards à
l’héberger et à le nourrir. Le castor du Gardon a aussi développé dans les Gorges une
caractéristique spécifique qui lui a valu d’être dénommé castor cavernicole, puisqu’à
l’étiage lorsque le lit du Gardon s’assèche, il regagne par les résurgences des habitats
installés à moins 600 mètres dans l’aquifère karstique. La dynamique des populations
est fortement influencée par les crues qui est un facteur de régulation important chez
cette espèce.
Le rat gondin :
Il fait partie des espèces allochtones introduites accidentellement et qui se développent
jusqu’aux limites de la zone à truites (essentiellement pour des raisons trophiques).
Le campagnol amphibie :
Il serait présent sur la partie gardoise du bassin versant.
Le putois d’Europe :
Il serait présent sur tous les bassins versants.
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La loutre :
Elle est considérée comme absente mais elle aurait fait des apparitions sur le haut du
bassin versant (retour potentiel dans la mesure où elle l’a récemment effectué sur la
Cèze).
Les chiroptères :
Ils sont essentiellement présents dans les Gorges et les zones de falaise rupestres.
La grande diversité et l’abondance des chauves-souris dans les Gorges constitue
aussi un élément important du patrimoine naturel, des recherches par capture sur les
autres zones permettraient d’établir un inventaire plus étendu, ainsi que des éléments
de comparaison entre zones.
3.4.4. LES INVERTÉBRÉS
L’entomofaune des Gardons est assez peu connue à l’exception d’inventaire de
mollusques potamologiques. On ne connaît que 2 espèces de libellules figurant à
l’annexe II de la Directive Habitat, sur les 15 présentes en Cévennes.
Deux espèces d’intérêt communautaire fréquentent la ripisylve des Gardons, il s’agit du
lucane cerf volant et du grand capricorne.
3.5. LES MILIEUX AQUATIQUES
On pourra se référer à la carte "contexte piscicole", présentée au paragraphe 1.9.1 du
document cartographique.
La grande majorité des cours d'eau qui composent le chevelu hydrographique des
Gardons est classée en seconde catégorie piscicole, c'est à dire que les populations
dominantes sont celles des cyprinidés. La plupart de ceux classés en première
catégorie c'est à dire à salmonidés dominants se concentre dans les zones apicales ,
au niveau des Cévennes.
3.5.1. LA RICHESSE DES MILIEUX AQUATIQUES DES GARDONS
Avec une diversité de 30 espèces, le bassin versant des Gardons a un fort patrimoine
piscicole présentant 7 espèces figurant en annexe 2 de la Directive Habitat :
• le barbeau méridional : assez abondant dans les zones amont aux eaux de bonne
qualité
• le toxostome : présent surtout dans la zone moyenne ;
• le blageon : assez bien réparti mais dont les populations sont peu abondantes et
relativement fluctuantes ;
• le chabot et la loche de rivière : petits poissons rares et discrets car de moeurs
nocturnes, de la zone à truites.
• l’alose feinte : ce grand migrateur a aujourd'hui disparu du bassin versant des
Gardons mais remontait en compagnie des Lamproies jusqu'au pont de Ners.
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On signalera aussi la présence de l’écrevisse à pied blanc, seul grand crustacé
autochtone menacé au niveau européen par la dégradation de la qualité des eaux,
l’expansion des espèces importées et le braconnage.
Des informations anciennes mentionnent aussi la présence de l’apron qui reste à
confirmer.
3.5.2. LES MIGRATEURS DU BASSIN VERSANT
De part sa situation hydrographique, et de part la diversité des unités
hydrogéomorphologiques, le Gardon présente des aptitudes exceptionnelles quant à
l'accueil des poissons migrateurs. Les principaux facteurs sont :
• sa proximité avec la Méditerranée,
• son indépendance vis à vis des grands barrages du Rhône (il n'y a plus de grands ouvrages
hydrauliques sur le Rhône à l'aval de la confluence),
• son débit et la qualité de ses eaux qui sont préservées grâce au Karst dont les eaux
ressortent avec un débit plus fort qu'à l'entrée et globalement de meilleure qualité,
• son histoire puisque par le passé, il y a peine trente ans, les Aloses remontaient se
reproduire jusqu'au pont de Ners en compagnie des lamproies marines.
En dehors des facteurs naturels du milieu qui régulent la dynamique des populations
(les cycles vitaux (migration, reproduction, incubation et trophisme de croissance) sont
affectés par la grande variabilité du régime hydrologique des Gardons qui joue aussi
un rôle sur la qualité des milieux et de l'eau (surfaces de frayères, turbidité, à sec,
etc)), plusieurs obstacles et facteurs limitants sont à l'origine de la baisse voire de la
disparition des migrateurs sur les Gardons:
• les ouvrages hydrauliques difficilement franchissables voire infranchissables (18 sur les 67
km qui sépare le Rhône de la confluence des 2 Gardons et 7 sur les 21 km des Bas
gardons),
• les étiages dont la sévérité a été exagérée par les prélèvements excessifs
• la qualité des eaux fortement dégradée par les rejets urbains agricoles diffus et industriels,
• les nombreux aménagements réalisés sur les cours d'eau notamment sur le gardon aval
(seuils, protection de berge, creusement du chenal de crue, extraction de matériaux)
affectent non seulement les habitats (modification de la typologie du cours d'eau par
disparition des alternance mouilles radiers au profit de biefs lentiques noyés, disparition des
frayères et modification de l'entomofaune et du peuplement piscicole) mais aussi les
capacités auto-épuratrices et régulatrice du milieu (thermorégulation par l'ombrage et
l'agitation, bonne oxygénation des eaux).
Les milieux susceptibles d'accueillir des migrateurs sur le Gardon rhodanien sont
réduits et très dégradés, en revanche la relative protection des gorges du Gardon (face
aux aménagements de ces dernières années) offre un potentiel certain et non
négligeable de zones très favorables à la plupart des migrateurs. Pour autant, ce
potentiel dépend très directement de la ressource fourni par le Karst tant en qualité
qu’en quantité, et des usages qui sont pratiqués à l'aval des résurgences.
En Gardonnenque et dans le Piémont, les aménagements et la gestion passée
(chenalisation, extractions massives, réalisation d'ouvrages, etc) ont profondément
modifié les dynamiques naturelles et la qualité des milieux. L'assec naturel qui se
produisait au niveau des pertes du Gardon a été aggravé et limite d'autant plus le
contexte. Néanmoins, les conditions naturelles limitantes du passé n'empêchaient pas
la migration et la reproduction de certaines espèces, et la présence d'un certain
nombre de sites encore susceptibles d'accueillir des migrateurs (à différents stades)
sur cet espace, ouvre des perspectives.
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La restauration des voies migratoires sur le Gardon demandera d'apporter des
solutions à plusieurs niveaux. Le nouveau programme quinquennal du plan Migrateurs
Rhône Méditerrannée est en cours d'élaboration et devrait enrichir la démarche d'une
visée stratégique peut-être plus précise en terme d'objectifs.
3.5.3. L'ÉTAT DE SANTÉ DES GRANDS CONTEXTES PISCICOLES DU GARDON
Parmi les espèces d’intérêt halieutique :
• la truite fario est assez abondante en amont, bien que les débits faibles limitent son
développement ;
• l’anguille migratrice remonte très en amont en Lozère, elle est bien représentée
mais les spécialistes s’inquiètent d’une forte régression des populations ;
• les carnassiers : perches et brochets fréquents, sandres et black bass localisés.
La biomasse de poissons blancs (cyprinidés) est souvent importante. La répartition de
ces derniers progresse sur le haut du bassin versant au détriment d'espèces plus
patrimoniales ou d'intérêt piscicole, à la faveur d'une dégradation des conditions de
milieux. Il conviendra de conserver certaines précautions par rapport au
décloisonnement des populations dans les zones de transition strictement
salmonicoles à intermédiaire, pour limiter une pénétration des espèces cyprinicoles
dans les domaines salmonicoles, car ce phénomène est difficilement réversible.
Le Plan Départemental pour la Protection des milieux aquatiques et la gestion des
ressources piscicoles du Gard élaboré récemment a définit 12 contextes piscicoles à
l'échelle du bassin versant des Gardons. Ces contextes sont définis par la capacité
d'une espèce cible (espèce à haute valeur patrimoniale et halieutique suffisamment
représentative et sensible pour que ses exigences couvrent celles des autres espèces
associées dans la typologie) à accomplir son cycle biologique dans un espace vital qui
se caractérise par des zones d'abris de nutrition et de reproduction.
3.5.3.1. Les Cévennes
Les Cévennes gardoises et lozériennes sont principalement caractérisées par des
contextes salmonicoles qui sont dans l'ensemble conformes à perturbés localement.
Le contexte salmonicole du Gardon de Saint Jean, du Gardon d'Alès en amont des
barrages et du Galeizon est considéré comme perturbé avec des affluents comme la
Salindrenque et le Boissesson qui présentent localement des situations plus
conformes.
Les principaux facteurs limitants en dehors des conditions du milieu naturel
(caractérisé par une faible disponibilité d'habitats (grossissement), et des débits
sporadiques), sont liés à des prélèvements excessifs (multiplicité des prises d'eau
directes, des pompages qui finissent par grever fortement le débit).
Les autres facteurs prépondérants sont liés à la compartimentation des milieux par les
ouvrages infranchissables très nombreux et au braconnage facilité par la taille modeste
des cours d'eau et leur étiage souvent sévère.
Le problème de la qualité de l'eau intervient de façon moins limitante que les facteurs
précédents et reste généralement localisé au niveau des rejets des stations
d'épuration des principales agglomérations (Saint Michel de Dèze, Le collet de Dèze,
Saint André de Valborgne, Saumane, l'Estréchure, Lasalle) voire des complexes
économiques et touristiques (coopératives fromagères, campings).
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Le problème sensible, général à l'ensemble de ces régions, est celui d'un
développement touristique qui nécessite une augmentation des prélèvements sur une
ressource de nature très limitée et d'un accroissement des rejets synonyme de
pollution des milieux récepteurs (très sensibles notamment par la faible dilution et
malgré de bonnes capacités autoépuratrices).
Les contextes conformes en Cévennes se situent essentiellement sur le Gardon de
Mialet et la tête du bassin versant du Galeizon et du Gardon d'Alès. Les principales
limites sont liées au braconnage (problème de police et de compétences sur les
territoires lozériens des Cévennes), aux conditions de milieu (la qualité des habitats et
leur nombre diminuant fortement à l'étiage) aggravées par les prélèvements et les
rejets mais surtout par le cloisonnement des peuplements piscicoles.
Le cas des barrages de Sainte Cécile d'Andorge et des Cambous est particulier. Le
contexte cyprinicole des barrages s'inscrit à l'aval d'un contexte salmonicole à
cyprinicole dégradé. Les principales perturbations sont liées à la qualité des habitats et
des zones de reproductions, ensevelies ou colmatées par des limons fins piégés dans
le barrage, et à la diminution de la qualité des eaux par des rejets domestiques. Mais la
dégradation la plus importante est sans nul doute celle liée à la mauvaise gestion
piscicole des vidanges des barrages.
Le problème des seuils fusibles devra être abordé sur les territoires à vocation
touristique, compte tenu de l'opposition entre les enjeux touristiques d'une part et les
incidences écologiques qu'ils peuvent avoir sur les milieux aquatiques d'autre part. Il
sera nécessaire de définir plus précisément au cas par cas les enjeux locaux
concernés par les projets. La plupart étant réalisés sur des cours d'eau salmonicoles
au contexte dégradé ou sensible (Galeizon, Salindrinque).
3.5.3.2. Le Piémont Cévenol
Le Piémont Cévenol est caractérisé par des contextes piscicoles intermédiaires
convenant à des cyprinidés d'eaux vives et correspondant à la zone à ombre (absent
sur les Gardons) et des contextes cyprinicoles (zone à barbeau voire à brème). C'est
l'espace de transition entre les contextes salmonicoles du haut du bassin et ceux plus
strictement cyprinicoles des plaines alluviales. L'état de dégradation de chacun des
contexte est assez singulier, il convient donc d'en faire une analyse séparée.
Le Gardon d'Anduze est marqué par une zonation longitudinale caractérisée par un
contexte intermédiaire dans la section amont (depuis Saint Jean du Gard jusqu’à
Anduze), qui laisse place à un contexte plus cyprinicole à l'aval d'Anduze (favorisé par
la présence d'un grand nombre d'ouvrages qui créent des biefs plus lentiques).
Le contexte intermédiaire est marqué par un déficit en habitats caractérisé par le
manque d'eau naturel et surtout les forts prélèvements, et enfin le braconnage. La
zone cyprinicole est caractérisée par des facteurs limitants pour le brochet. Il s'agit en
l'occurance de modifications des conditions de milieu les plus préjudiciables au
peuplement, notamment sur le plan hydrologique et morphologique (faibles zones de
frayères potentielles et d'habitats).
L'origine de ces désagréments peut être attribuée à la chenalisation du lit, aux
extractions massives de matériaux et à la réalisation d'ouvrages destinés à stabiliser le
profil et maintenir les nappes. Les problèmes de pollutions sont aussi très sensibles
dans ce contexte, d'autant plus qu'ils sont concomitants à des prélèvements
substantiels (le pompage AEP du Syndicat de l'Avène entraîne une perte sèche
puisque les eaux sont restituées sur le bassin versant du gardon d’Alès : transfert de
bassin versant).
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Le contexte piscicole du Gardon d'Alès correspond à un espace intermédiaire mais il
est très dégradé. Le facteur principal est la pollution des eaux (depuis les eaux peu
oxygénées des barrages de Sainte Cécile et des Cambous, jusqu' aux apports en
polluants chimiques et domestiques de l'Avène). On citera entre autres les exhaures
de mines, les rejets industriels et les rejets domestiques insuffisamment traités, alors
que les agglomérations de cet espace traitent plus de la moitié de la pollution totale du
bassin versant. L'effet des pollutions est d'autant plus aggravé que le cours d'eau a été
entièrement artificialisé (toutes ses fonctions notamment d'autoépuration ont été
dégradées) et que les prélèvements sont particulièrement importants (AEP du syndicat
de l'Avène).
Les problèmes des seuils fusibles se posent essentiellement sur le Gardon d'Anduze
en amont de Ribaute les Tavernes. Le préjudice s'inscrit d'avantage dans la
fragilisation locale des habitats et la réduction notable et temporaire du débit lors de la
mise en eau.
3.5.3.3. La Gardonnnenque
La Gardonnenque est caractérisée par un contexte cyprinicole dégradé. La nature
des dégradations est là aussi fortement liée à la destruction des habitats et frayères à
brochets (affleurement généralisé du substratum), par les aménagements hydrauliques
(chenalisation, extraction de matériaux et construction de seuils ). Mais les pertes
naturelles du Gardon constituent aussi l'une des caractéristiques limitantes pour
certaines espèces, notamment lorsqu'elles sont aggravées par des prélèvements
importants (canal de Boucoiran, pompage en lit vif et dans la nappe alluviale) et des
rejets agricoles diffus .
3.5.3.4. Les Gorges et l'Uzège
Les Gorges du Gardon et l'Uzège présentent un milieu au contexte piscicole
intermédiaire conforme. Les étiages importants et le braconnage constituent les
principales causes de dégradation des peuplements (salmonicoles en particulier). Les
affluents (Seynes, Alzon, Bourdic) sont particulièrement touchés d'autant plus que les
prélèvements en lit vif et en nappe se sont fortement multipliés, ainsi que les rejets
polluants domestiques et agricoles qui croissent sur cette zone déjà très peuplée et en
voie de développement de par sa proximité avec Nîmes.
3.5.3.5. Le Gardon rhodanien
Le Gardon rhodanien présente un contexte cyprinicole dégradé. Les principales
dégradations sont liées là aussi aux aménagements passés du lit, qui engendrent un
déficit en habitats et en frayères notamment à cause des nombreux ouvrages
construits suite à la chenalisation du lit et des extractions en souilles profondes
(présence de hauts fonds qui entraînent un enfoncement du lit et un élargissement de
la section d'écoulement lié à l'instabilité des berges) . Ces ouvrages cloisonnent les
populations et interdisent la migration vers l'amont. Les autres facteurs tels que les
prélèvements et les rejets sont beaucoup moins pénalisants sur ce contexte que sur
les autres (débit plus important et forte capacités autoépuratrices).
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PHASE 1
ETAT DES LIEUX
Les Rencontres
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4. LES RENCONTRES
Des multiples rencontres que nous avons réalisées avec les usagers et gestionnaires
de l’eau sur le bassin versant il ressort plusieurs éléments :
4.1. CONCERNANT LA DYNAMIQUE FLUVIALE :
Les principaux problèmes évoqués par les personnes rencontrées sont de cinq ordres :
1. La Gestion des atterrissements et des dépôts,
2. L’érosion du lit et des berges,
3. Le maintien de la nappe,
4. Le maintien d’un chenal,
5. La gestion de la ripisylve.
Le problème de la gestion des atterrissements est récurrent à l’ensemble des entités
du bassin, exceptées les Gorges du Gardon où les enjeux humains et matériels sont
moins vulnérables (faible anthropisation et risque réduit).
Le problème des atterrissements est particulièrement sensible sur la moitié amont du
bassin versant : les Cévennes, le Piémont et la Gardonnenque.
C’est sur ces deux dernières entités que le problème devient localement très aigu
notamment en raison des enjeux liés aux infrastructures sur le haut du bassin et aux
enjeux humains dans la zone aval (commune de Cardet).
Ponctuellement les atterrissements posent des problèmes sur le cours aval du bassin
versant en raison des enjeux liés aux infrastructures (peu nombreuses et moins
vulnérables sur cette entité).
Les principaux interlocuteurs en la matière sont les syndicats, les communes et les
riverains qui se sentent aujourd’hui privés de leur droit d’intervention du fait de la
réglementation qui soumet à autorisation les travaux d’enlèvement de matériaux en
rivière.
Le problème de l’érosion des berges est signalé sur l’ensemble du cours des
Gardons (en liaison avec la dynamique torrentielle du cours d’eau).
Ce problème est plus ou moins préoccupant en fonction des enjeux : en Cévennes,
localement on note des problèmes aigus liés au foncier et aux infrastructures (peu de
terre), même si le problème n’est pas récent.
Les enjeux les plus forts s’expriment au niveau du Piémont Cévenol et du Gardon
Rhodanien où l’érosion est associée à un risque pour les populations, les
infrastructures (urbaines : pont seuil, muret, chenal, etc..) et les activités agricoles.
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Les pertes de foncier (notamment agricole) sont considérées comme un enjeu majeur
en Gardonnenque.
Dans les Gorges la situation est considérée comme préoccupante mais sans enjeux
majeurs.
Les principaux interlocuteurs en ce qui concerne les problèmes d’érosion sont les
syndicats, les communes et les riverains qui se sentent aujourd’hui dépourvus pour
intervenir sur le cours d’eau, à cause de l’absence de rentrées financières.
Le maintien de la nappe est un problème relativement localisé sur le plan
géographique, principalement au niveau des anciennes zones d’extraction de
granulats.
Il est très sensible au niveau de la Gardonnenque, et l’est un peu moins sur le Gardon
Rhôdanien. Les enjeux sont multiples mais essentiellement ressentis en terme de
ressource en eau : l’Adduction d’Eau Potable et l’agriculture.
En Cévennes, et dans les Gorges le maintien de la nappe n’apparaît pas comme un
problème, en revanche certains soulignent que des signes précurseurs laissent penser
que ce problème pourrait s’étendre à l’amont de la Gardonnenque au niveau du
Piémont.
Les principaux interlocuteurs sont les syndicats qui ont mis en œuvre un certain
nombre d’aménagements par le passé, grâce aux taxes prélevées sur les carriers, et
qui, en l’absence de ressources économiques, ne peuvent entretenir les ouvrages
existants ou en construire de nouveau.
Le chenal de crue : il a été réalisé suite aux crues de 1958, en réponse aux
problèmes des inondations. Il est perçu aujourd’hui comme un problème de dynamique
notamment dans le cadre de son maintien.
Le problème est très sensible notamment en Gardonnenque, dans le Gardon
Rhodanien et le Piémont (un peu moins), où l’enjeu associé est principalement lié à
des risques pour les populations, les infrastructures et le foncier (agricole). En dehors
de ces secteurs, le chenal est absent et aucun problème spécifique n’est signalé.
Les principaux interlocuteurs sont les syndicats et les communes qui rencontrent les
même problèmes pour maintenir le chenal que ceux rencontrés pour les interventions
dans le lit du cours d’eau pour les atterrissements.
La gestion de la ripisylve est une problématique propre aux espaces les moins
anthropisés du bassin versant à savoir les Cévennes, les Gorges et l’Uzège.
Les enjeux sont considérés comme majeurs en Cévennes où le tourisme et les
infrastructures semblent être les seules voies de développement.
Dans les Gorges et l’Uzège, les enjeux principaux sont la conservation des milieux
naturels, le tourisme (mise en valeur des Gorges) et l’agriculture pour le sous bassin
des Seynes et de l’Alzon.
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En Gardonnenque, on note aussi un certaine préoccupation pour la gestion de la
ripisylve mais dans le cadre d’enjeux plus modestes notamment en liaison avec le
tourisme et l’agriculture.
Les principaux interlocuteurs qui interviennent pour l’entretien et la gestion de la
ripisylve sont les syndicats, les communes et les riverains qui rencontrent deux types
de difficultés : le financement des travaux à réaliser et le choix de la nature des
opérations : débroussaillement, abattage : ne rien couper / coupe à blanc / sélection.
Ils sont globalement très demandeurs en conseil pour ce genre de travaux.
En conclusion : La Gardonnenque est l’entité qui présente la plus grande
accumulation de problèmes liés à la dynamique fluviale, suivi du Gardon Rhodanien,
du Piémont, des Cévennes et enfin des Gorges où ces problèmes sont d’avantage
anecdotiques.
Les principaux enjeux évoqués dans le cadre de la dynamique fluviale sont par ordre
décroissant d’importance sur l’ensemble du bassin versant ceux relatifs à la protection
des populations, des infrastructures, du foncier, du tourisme et des milieux naturels.
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4.2. CONCERNANT LES INONDATIONS :
Les principaux problèmes évoqués par les personnes rencontrées sont de six ordres :
1. Les débordements
2. L’entretien et la gestion de la ripisylve
3. Le ruissellement pluvial
4. Les alertes de crues
5. La gestion des phénomènes d’érosion et d’atterrissement
6. La réglementation
Le problème des débordements est généralisé sur l’ensemble du bassin versant. Il est
particulièrement sensible et préoccupant notamment en raison de l’enjeu principal que
sont les populations (à l’exception des Cévennes où l’enjeu majeur est d’abord celui
des infrastructures).
En dehors de l’enjeu majeur des populations, les infrastructures font partie des enjeux
les plus récurrents, excepté dans les Gorges et l’Uzège. L’agriculture est aussi très
sensible au débordement notamment dans la Gardonnenque, les Gorges et l’Uzège, et
le Gardon Rhodanien.
La vulnérabilité au risque inondation est perçue et gérée de diverses façons plus ou
moins actives, ou passives selon les communes et les entités concernées. Certaines
personnes disent qu’être en zone inondable n’est pas un problème. Il suffit d’informer
et de prévoir (vides sanitaires). D’autres personnes en revanche, disent qu’on ne peut
admettre ce risque et qu’il faut aménager en conséquence (surtout en zones urbaines).
Les principaux interlocuteurs sont les administrations, les collectivités territoriales, les
communes, les syndicats, les Campings et les Agriculteurs.
De la même façon, l’entretien et la gestion de la ripisylve sont vécus comme des
problèmes majeurs sur l’ensemble du territoire des Gardons excepté en
Gardonnenque où la ripisylve est fortement dégradée.
Si le problème est considéré comme très important, les enjeux auxquels les
interlocuteurs font référence sont très variés selon les entités.
L’enjeu principal est celui lié aux populations, aux infrastructures, au foncier
notamment agricole. En Cévennes, l’enjeu principal est celui des infrastructures, en
liaison avec les risques d’obstruction du cours d’eau par de la végétation et la
formation d’embâcles. Ces éléments se retrouvent aussi dans l’enjeu touristique
associé à l’accessibilité du cours d’eau et au risque de perte de foncier par érosion.
Dans le Piémont Cévenol, l’enjeu principal est celui des populations, avec le risque
d’entravement des écoulements (végétation excessive sur les atterrissements), puis
celui des infrastructures et enfin,celui du tourisme en liaison avec la formation
d’embâcles au droit des ouvrages, l’obstruction d’ouvrage par des végétaux, la
dégradation de la ripisylve par le transport solide (arbres couchés, tas de bois morts,
grosses souches).
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En Gardonnenque, les enjeux restent liés aux populations pour les mêmes raisons que
précédemment, et à l’aspect foncier vis à vis des activités agricoles.
Dans les Gorges et l’Uzège, l’enjeu au niveau des Seynes et de l’Alzon est à la fois
foncier, agricole et touristique, alors qu’il est principalement touristique et écologique
dans les Gorges (entretien sélectif).
Il s’agit des mêmes interlocuteurs que ceux cités précédemment, et qui rencontrent
des difficultés autant dans le choix de l’importance des travaux à réaliser que ce soit en
matière de restauration ou d’entretien, que dans le financement de ces derniers.
Le ruissellement pluvial est un problème sensible dans la moitié amont du bassin
versant, principalement dans les zones urbaines du Piémont, où les enjeux vis à vis
des populations (submersion de zones résidentielles) et des infrastructures
(destruction de petits ouvrages et de structures en zones urbaines, submersion de
résidences et d’usines) sont très importants (le Grand Alès (St Christol, Alès, St Privat,
St Hilaire, etc...), Anduze).
En Cévennes, le problème du ruissellement pluvial est assez sensible en raison des
enjeux d’abord liés aux infrastructures (voiries, petits ouvrages hydrauliques
indispensables pour pouvoir communiquer avec l’extérieur) puis aux populations
(moins sensibles du fait de l’implantation des village Cévenols).
Les Gorges et l’Uzège sont aussi assez sensibles à ce problème du fait que la zone
des garrigues avec ses oueds à sec une partie de l’année débitent fortement lors
d’épisodes pluvieux, et que cette zone s’urbanise fortement ces dernières années
(imperméabilisation, modification des écoulements, etc...).
Ce problème devient préoccupant en Gardonnenque en raison de la croissance des
zones urbaines et des modifications de pratique culturale en agriculture notamment
avec des enjeux humains et des enjeux liés aux infrastructures.
Dans le Gardon Rhodanien, aucun problème généralisé lié au pluvial n’est observé.
En matière de ruissellement pluvial, les principaux interlocuteurs sont les
administrations, les collectivités territoriales, les communes et les riverains (sachant
que le principal acteur reste la commune).
Certains signalent des problèmes d’urbanisation anarchique et galopante qui
conduisent à imperméabiliser des surface importantes et à réduire les ruisseaux
existants (zones urbaines - problème des POS).
Le système d’alerte de crue mis en place par la DDE est très controversé avec des
avis partagés à l’échelle du bassin versant mais aussi des unités
hydrogéomorphologiques. D’aucun le considère comme fonctionnel et opérationnel,
d’autres comme non opérationnel et obsolète.
Les problèmes les plus aigus sont ressentis en Gardonnenque, puis dans les Gorges
et enfin sur le Gardon Rhodanien.
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Globalement les principaux problèmes se situent sur le secteur aval des Gardons,
même si la situation est ponctuellement préoccupante en Cévennes et sur le Piémont
Cévenol.
Concernant les enjeux, il y a unanimité sur le fait que la population est l’enjeu majeur,
avec localement des enjeux forts liés au tourisme au niveau du Piémont Cévenol, des
Gorges et de l’Uzège et dans une moindre mesure des Cévennes.
Les principaux interlocuteurs sont ceux précédemment cités.
Les problèmes d’érosion et d’atterrissement s’ils sont considérés dans la
dynamique fluviale, prennent aussi une place importante dans les problématiques
d’inondation notamment dans le Piémont Cévenol où le phénomène est très
préoccupant.
De façon beaucoup moins sensible il est signalé dans les Cévennes et dans la
Gardonnenque.
En liaison avec les inondations, ce problème est circonscrit à la partie amont du bassin
versant. Les enjeux évoqués sont similaires, de façon décroissante ils portent sur le
foncier (sur les trois unités amont), sur les populations localement, sur les
infrastructures sur toutes les unités mais avec une importance plus forte en Cévennes
et en Gardonnenque, et sur tourisme sur les hauts Cantons.
Les interlocuteurs sont très nombreux, du simple riverain au syndicat en passant par la
commune, les collectivités territoriales et les administrations.
La réglementation présente un aspect très controversé selon les unités et à l’intérieur
des unités car elle est à la fois considérée comme un problème de développement
pour certains (les PPR dans les Bas Gardon, en Cévennes), ou comme un outil pour
limiter les problèmes d’urbanisation en zone inondable, pour d’autres (Piémont
Cévenol, Gorges et Uzège).
Les PPR sont contestés et considérés comme un obstacle au développement
notamment au niveau des Gardons Rhodaniens (des villes complètement implantées
en zone inondable ne peuvent se développer, alors que l’inondation est quelquechose
de maîtrisé pour les habitants : alerte, vide sanitaire, barques). En Cévennes, la
contestation existe en liaison avec des enjeux respectivement d’urbanisme et de
tourisme.
La réglementation relative à l’intervention sur les cours d’eau est interprétée par les
élus comme une interdiction qui les prive de leur capacité à agir sur les problèmes du
type atterrissements, curages, restaurations forestières etc.. Cette situation est vécue
comme un retour en arrière dans la mesure où un arrêté préfectoral instituait le
maintien du chenal de crue établi après 1958.
Les interlocuteurs en la matière sont peu nombreux puisqu’il n’y a que les
administrations et les communes.
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Conclusion : En matière d’inondation, l’ensemble des unités présente des problèmes
sensibles, en particulier en ce qui concerne les débordements et l’entretien de la
ripisylve.
Concernant le pluvial, c’est le Piémont Cévenol, les Cévennes et les Gorges et l’Uzège
qui sont plus particulièrement affectés.
En matière d’alerte de crue, c’est la Gardonnenque et la basse vallée qui sont
affectées.
Certains problèmes moins sensibles globalement s’expriment localement de façon
sensible, comme les problèmes d’érosion au niveau du Piémont, et ceux de la
réglementation au niveau des bas Gardons.
Les unités les plus sensibles globalement se trouvent au niveau des zones urbaines
vulnérables : Piémont Cévenol, Gardons Rhodaniens.
L’enjeu majeur général est la population, mais les infrastructures sont aussi
considérées comme très vulnérables notamment sur le haut du bassin versant : les
Cévennes, le Piémont et la Gardonnenque.
Le foncier, le tourisme, l’agriculture constituent localement des problèmes assez
sensibles.
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4.3. CONCERNANT LA RESSOURCE EN EAU :
Les principaux problèmes évoqués par les personnes rencontrées sont de sept ordres :
1. Mise en conformité des captages
2. Qualité des eaux
3. Sécurisation de la ressource
4. Mise à niveau des STEP
5. Disponibilité des eaux
6. Rabattement de nappe
7. Gestion de la ressource
La mise en conformité des captages est un problème qui a été évoqué de façon
particulièrement sensible dans les Cévennes. En fait, il retranscrit deux enjeux d’ordre
économique :
le problème de financement : les collectivités ou les exploitants agricoles ont du
mal à assurer le financement de la mise en conformité qui implique des études
hydrogéologiques, des analyses, et de l’aménagement de la prise d’eau (jusqu’ici en
gravitaire),
le problème du foncier, qui se pose dès lors que l’on veut acquérir des
propriétés pour protéger le captage (pas d’argent et difficultés pour accord avec le
propriétaire ) ou que la définition du périmètre engendre des servitudes aux usagers
actuels. Ainsi, de nombreuses activités artisanales précaires permettant de faire vivre
chichement des bergers, éleveurs, et agriculteurs, il est difficile d’imposer des
contraintes drastiques à ces gens là sous prétexte de l’application des lois. Les élus
soulignent le manque d’adaptabilité des lois pour des régions défavorisées de
montagne (Au plantier la mise en conformité des captages et la sécurisation partielle
de la ressource représentent un coût de 140 KF par compteur). C’est leur problème
principal.
Les interlocuteurs en la matière sont les particuliers, les communes, les syndicats, les
administrations, les collectivités territoriales.
Le problème de la qualité des eaux, qu’il s’agisse de l’eau des rivières ou de l’eau
potable, a été souligné de façon très nette par l’ensemble des acteurs rencontrés
(Piémont Cévenol, Gardonneque, Gorges et Uzège, Gardon Rhodanien) à l’exception
des hauts Cantons où l’on note malgré tout localement quelques problèmes (vallée
longue, aval des zones urbaines concentrées). Les enjeux évoqués par les personnes
rencontrées pour souligner les problèmes de qualité sont principalement le tourisme et
le cadre de vie, de façon ponctuelle il s’agit parfois de la qualité de l’AEP. Tourisme et
cadre de vie ramènent pour eux aussi à des enjeux de préservation des milieux
naturels. Le problème de la qualité des eaux est général à partir du Piémont, et revient
comme un des problèmes majeurs en matière de ressource.
Les interlocuteurs sont peu nombreux : les administrations et les collectivités locales.
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Le problème de la sécurisation de la ressource est plus complexe.
Les secteurs géographiques les plus sensibles à ce problème sont les Hauts Cantons,
et la Gardonnenque. Ponctuellement, des problèmes aigus se posent localement dans
l’Uzège, de moindre manière au niveau du Piémont Cévenol et sur le Gardon
Rhodanien.
Les enjeux majeurs sont l’AEP des populations sur l’ensemble du bassin versant.
En Cévennes, cet enjeu vient en second rang après l’économie. Le problème de la
sécurisation de la ressource s’inscrit aussi comme un enjeu pour le tourisme sur
l’ensemble des unités à l’exception de la Gardonnenque où c’est l’enjeu agricole qui
prime. En ce qui concerne la ressource, sa sécurisation n’arrive qu’en deuxième
position après les problèmes de qualité, ou de disponibilité.
Les interlocuteurs sont de 3 types : les collectivités locales et leurs groupements, les
administrations et les collectivités territoriales.
Le problème de la mise à niveau des stations d’épuration repose, tout comme la
mise en conformité des captages, sur des problèmes économiques et fonciers (avec
toutes les déclinaisons précédemment évoquées). La mise à niveau des STEP pose
des problèmes particulièrement sensibles en Cévennes et sur le Gardon Rhodanien,
mais s’exprime de moindre manière au niveau du Piémont, des Gorges, et de l’Uzège
et n’est pas signalée comme une problématique significative de la ressource en
Gardonnenque. Les principaux enjeux sont le cadre de vie et le tourisme sauf en
Cévennes où l’économie prend un rôle majeur derrière les milieux naturels et le
tourisme.
Ce sont les mêmes interlocuteurs que ceux cités précédemment qui interviennent.
Le problème de la disponibilité des eaux rejoint celui de la sécurisation de la
ressource notamment sur un plan quantitatif à l’étiage, qu’il s’agisse de l’AEP, de
l’agriculture, ou de l’industrie. Ce problème n’est pas général, il s’exprime de façon
sévère sur les trois entités centrales que sont le Piémont Cévenol, la Gardonnenque,
et les Gorges et l’Uzège (surtout l’Uzège). Ailleurs, le problème de la disponibilité des
eaux n’est pas considéré comme primordial en matière de ressource en eau. Les
enjeux sont principalement ceux de l’AEP des populations et du tourisme et dans un
second temps ceux de l’agriculture et du cadre de vie.
Les interlocuteurs sont de 3 types : les collectivités locales et leurs groupements, les
administrations et les collectivités territoriales.
Le problème des rabattements des nappes s’exprime de façon aiguë dans les
secteurs géographiques qui ont été caractérisés par l’extraction massive de granulats
et notamment le Piémont Cévenol, la Gardonnenque, et le Gardon Rhodanien. En
Cévennes ou dans les Gorges, le phénomène ne pose pas de problèmes aigus
d’ensemble (peut-être parce que les nappes alluviales particulièrement vulnérables y
sont quasiment absentes).
Le rabattement de nappe se décline sous la forme de problèmes quantitatifs liés au
manque de ressources AEP, agricole, et industrielle, et de problèmes économiques
liés à la gestion des aménagements passée (plus d’argent dans les caisses des
syndicats pour pérenniser les ouvrages existants (seuils, épis, protection de berge,
etc.)).
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Les enjeux sont évidemment ceux de l’AEP pour les populations et l’agriculture ou le
tourisme selon l’entité considérée.
Les interlocuteurs sont réduits aux syndicats, collectivités territoriales
administrations compte tenu des coûts des interventions en la matière.
et
La gestion de la ressource apparaît comme un problème préoccupant mais non
majeur à l’échelle du bassin versant. A l’échelle locale, un certain nombre de
problèmes sont soulignés, notamment :
problèmes de gestion des barrages (engravement des barrages, qualité des
eaux, interception du transport solide notamment pour la vallée longue);
problèmes de gestion des pratiques agricoles notamment pour l’irrigation
(canons à eau sur les vignes qui soulignent le gaspillage, inadaptation de certaines
cultures au climat), en Cévennes, en Gardonnenque et dans l’Uzège;
problèmes de gestion des pratiques urbaines pour l’arrosage des espaces verts
(inadaptation des végétaux employés et gaspillage), notamment au niveau du Piémont,
des Gorges et de l’Uzège;
problèmes des droits d’eau et des prélèvements (canaux, prises d’eau, ASA5,
forages), notamment en Cévennes, au niveau du Piémont, en Gardonnenque, dans les
Gorges et l’Uzège.
Les personnes rencontrées dans les Gorges, l’Uzège et le Gardon Rhodanien n’ont
que très peu souligné ces problèmes de gestion de la ressource, qui sont d’avantage
pris en compte en Cévennes, en Piémont et en Gardonnenque.
Les enjeux principaux sont ceux liés aux populations et au tourisme, l’agriculture et le
cadre de vie viennent dans un second temps.
Les interlocuteurs sont nombreux, du simple usager au syndicat en passant par les
communes, les administrations et le département.
Conclusion : en matière de gestion de la ressource, l’ensemble des préoccupations
qualifiant plus ou moins directement la sécurité de la ressource, souligne une crainte
fondée souvent sur des faits, mais reposant sur une méconnaissance de l’état réel et
fonctionnel de celle-ci.
Ces inquiétudes sont particulièrement fortes en Cévennes, et à juste titre. Elles font
souvent référence à des projets de développement économique et d’aménagement du
territoire.
5 Association Syndicale Autorisée
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4.4. ANALYSE GÉOGRAPHIQUE PAR ENTITÉ
Des multiples rencontres que nous avons réalisées avec les usagers et gestionnaires
de l’eau sur le bassin versant il ressort plusieurs éléments :
4.4.1. EN CÉVENNES :
Nature des problèmes
Sensibilité
Enjeux
Mise en conformité des captages (AEP)
XXX
Economie
Tourisme
Sécurisation de la ressource (AEP, AGR, IND)
XXX
Economie
Population
Tourisme
Entretien et Gestion de la ripisylve
XXX
Infrastructures
Tourisme
Foncier
Gestion des atterrissements
XX
Infrastructures
Ruissellement pluvial
XX
Infrastructures
Population
XXX
Economie
MN
X
Tourisme
Population
XX
Infrastructures
Population
X
Tourisme
MN
XX
Foncier
Infrastructures
Réglementation
X
Tourisme
Alerte de crue
X
Population
Mise à niveau des STEP
Qualité des eaux
Débordements
Gestion de la ressource
Erosion
Les acteurs rencontrés en Cévennes sont globalement préoccupés par deux grandes
natures de problèmes afférents à la ressource en eau (qualité et quantité) et aux
inondations (6 formulations différentes abordent peu ou prou ce problème).
1 Les problèmes de ressource en eau se déclinent par la mise en conformité des
captages, la sécurisation de la ressource, la mise à niveau des stations
d’épuration, et la réglementation.
Ces problèmes sont en réalité fortement convergents, avec une réglementation qui
vient non pas s’inscrire comme un outil de soutien et de mise à niveau, mais comme
une contrainte au sens où, en arrière plan, son application stricte pose des difficultés
d’ordre financier :
♦ Problème de paiement des études préalables pour la protection des captages, pour
l’acquisition foncière des terrains nécessaires au périmètre de sécurité, problème de
l’incidence économique, pour les activités locales, du gel éventuel de ces espaces
rapprochés parfois de grande surface (incidences pour les bergers, les agriculteurs),
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♦ Problème de mise en conformité des installations de captage, que ce soit du point
de vue sanitaire ou pour la sécurisation de la distribution (manque d’argent ou difficulté
d’accès pour construire des bassins, des seuils ou des forages complémentaires, pour
mettre en œuvre les systèmes de télésurveillance sur les réservoirs) (par exemple, les
investissement réalisés par la mairie des plantiers en matière d’AEP ont été estimés à
140 KF par compteur)
♦ Problème de mise à niveau des installations de captage (chloration, filtration, etc..)
pour des raisons de coût des systèmes (accès pour les installer, maintenance), des
réseaux de distribution notamment au regard des difficultés topographiques et du coût
des études de diagnostic de réseaux (réseau mal connu, complètement obsolète, en
gravitaire dans des zones difficiles d’accès, avec des rendements médiocres, pas ou
peu d’interconnection)
♦ Problème de coût des études nécessaires à la mise en œuvre ou à la réfection des
STEP même si des aides existent, problème d’autant plus aigu que l’efficacité des
process de traitement évolue si rapidement que les STEP deviennent très vite
obsolètes.
Le point le plus pénalisant en Cévennes concerne l’assainissement : avec le mitage de
l’habitat en tous petits hameaux et la topographie défavorable, il est difficile de trouver
des terrains horizontaux pour l’épandage et l’infiltration pour des petits systèmes de
traitement autonomes collectifs qui sont moins polluants et coûteux à entretenir que
des petites stations d’épuration (souvent infonctionnelles en période critique) sans
grever les activités agricoles et fourragères des espaces les plus favorables (terrasses
horizontales peu nombreuses).
L’aspect économie de la ressource est aussi souligné à travers la difficulté à gérer
réglementairement les droits d’eau abusifs (gaspillages) qui tarissent parfois
complètement des sources et des ruisseaux.
2 En Cévennes, les inondations se déclinent par rapport à des enjeux liés au
infrastructures, au tourisme et donc à l’économie et enfin au foncier.
Le problèmes des crues, principalement lié à la dynamique torrentielle des Gardons
s’exprime de deux façons :
♦ d’une part, par les risques de destruction des infrastructures et d’isolement des
vallées qui sont décrits par :
- des problèmes d’entretien et de gestion de la ripisylve (éviter la formation
des embâcles de végétaux qui peuvent faire des dégâts en formant des barrages
au niveau des ouvrages, limiter par un entretien, dont il faut préciser
l’importance et la nature, l’obstruction des écoulements par une végétation
excessive),
- des problèmes de gestion des atterrissements (essentiellement au niveau
des ouvrages hydrauliques, les pont et les seuils).
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Ces phénomènes sont perçus d’autant plus négativement qu’ils peuvent nuire à
la ressource économique indispensable qu’est le tourisme : difficultés pour
accéder au cours d’eau par excès de végétation, comblement des points de
baignade au niveau des seuils qui ne sont plus curés;
♦ d’autre part, par l’érosion des sols qui est considérée comme un phénomène
directement lié aux inondations et par le ruissellement pluvial considéré ici comme un
problème très important dans la mesure où il engendre des dégâts conséquents sur les
voiries : routes coupées, chaussées emportées ou dégradées, et donc un isolement
des villages et vallées, en plus de son coût économique.
Compte tenu de la rareté des terres arables horizontales, notamment du fait de
l’abandon progressif des terrasses, les terres du bord des cours d’eau sont les seules
à offrir tout à la fois facilité d’exploitation (même si la surface est réduite), fertilité (liée
aux limons amenés par la rivière) et l’eau nécessaire.
A ce titre, les problèmes d’érosion des sols sont localement perçus comme très
problématiques. Contrairement aux problèmes d’érosion, qui sont assez ponctuels (ils
se produisent dans des conditions où la plaine alluviale existe, où elle est vulnérable,
et où il existe encore des activités susceptibles de représenter un enjeu); le
ruissellement pluvial se rapproche de la problématique économique générale des
Cévennes, à savoir le manque de moyens financiers pour entretenir les voiries.
Dans les deux cas, les enjeux principaux sont les infrastructures (ouvrages, voiries),
puis le foncier et rarement les populations.
3 Les inondations posent des problèmes plus directs de débordement, qui sont
considérés avec beaucoup d’attention notamment lorsqu’ils concernent des zones
d’enjeux plus ou moins forts pour les infrastructures et plus rarement pour les
populations, autour des rares communautés urbaines importantes qui se sont
développées en Cévennes (Saint Jean du Gard, Saint Etienne vallée Française, etc..).
Le système d’alerte est vécu de façon très disparate avec localement une véritable
satisfaction, alors que non loin, certains le vivent comme un système obsolète,
inefficace, voire dangereux (alerte après la crue, ou chaque fois qu’il pleut, histoire de
celui qui crie au loup et que l’on finit par ne plus croire).
4 La qualité des eaux apparaît comme un soucis important en Cévennes, avec des
enjeux liés au tourisme donc à l’économie, et au cadre de vie des populations locales
(les élus veulent offrir aux citoyens les mêmes garanties de qualité des eaux et de
sécurité de la ressource, en tenant compte aussi de la réglementation, bien que le
contexte ne soit pas évident).
La bonne qualité est aussi perçue comme un garant de la préservation des milieux
naturels et du paysage, qui sont considérés comme les atouts du développement
économique touristique estival.
La qualité des eaux fait donc référence tout à la fois à la qualité des eaux de baignade
et de l’AEP, avec une vision de préservation du niveau de qualité en référence aux
problématiques vécues à l’aval, et perçues comme un frein possible au développement
touristique et économique modéré attendu.
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5 Enfin, la gestion de la ressource apparaît comme un problème dans le
développement, notamment par rapport aux nouvelles attentes et exigences des
habitants et des touristes, avec des problèmes localement très spécifiques au niveau
des barrages sur la vallée longue, et en référence ailleurs au fait que la ressource a
des limites (notamment quantitatives) et qu’une économie de l’eau générale et
partagée est nécessaire (diagnostic de réseau pour éviter le gaspillage) dans la
mesure où elle ne remet pas en cause des activités existantes importantes.
La résolution des problèmes réglementaires des droits d’eau, qui peuvent grever la
ressource collective et engendrer une dégradation des milieux naturels et du cadre de
vie qui sont les éléments aujourd’hui considérés comme moteur dans le
développement des collectivités locales (tourisme), est aussi primordiale.
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4.4.2. LE PIÉMONT :
Nature des problèmes
Sensibilité
Enjeux
Débordement
XXX
Population
Infrastructure
Errosion et atterrissements
XXX
Population
Infrastructure
Foncier
Maintien d'un chenal
XX
Population
Infrastructure
Foncier
Ruissellement pluvial
XXX
Population
Infrastructure
Tourisme
Rabattement de nappe
XXX
Population
Tourisme
Disponibilité des eaux
XXX
Population
Tourisme
Entretien et Gestion de la ripisylve
XXX
Population
Infrastructure
Tourisme
Qualité des eaux
XXX
Tourisme
Milieux Naturels
Population
Alerte de crue
X
Population
Tourisme
Mise à niveau des STEP
X
Cadre de Vie
Tourisme
Gestion de la ressource
X
Tourisme
Economie
Les acteurs rencontrés au niveau du Piémont sont globalement préoccupés par trois
grands problèmes : les inondations, qui est le problème majeur récurrent (6
formulations abordent ce sujet avec des nuances liées au croisement du sujet avec
celui de la dynamique fluviale), la dynamique fluviale qui est au second plan avec la
ressource, en termes de quantité et de qualité.
1 Les inondations sont indiscutablement, dans ce secteur, l’un des problèmes
considérés comme majeurs avec en premier lieu le débordement des cours d’eau,
puis les inondations par le pluvial (ruissellement pluvial : problème d’urbanisation,
d’imperméabilisation). Le problème du maintien du chenal et de l’entretien et de la
gestion de la ripisylve ne fait que confirmer l’ensemble de ces préoccupations dans
le sens où il s’agit de solutions ou de réponses au problème des inondations. Nos
interlocuteurs s’interrogent fortement sur ces solutions (attente de conseils pour
certains en ce qui concerne la gestion de la ripisylve notamment, manque de moyens
économiques pour d’autres notamment depuis que les syndicats ne sont plus financés
par les extraction de granulats, attente d’autorisation pour intervenir sur des problèmes
considérés comme critiques (enlèvement d’attérrissement), problèmes réglementaires
pour d’autres : on ne peut plus intervenir sur le cours d’eau, tout est gelé par les
services instructeurs) mais tous s’efforcent à dire leur volonté d’intervenir pour garantir
ce qui est de leur mission première la sécurité des habitants.
Qu’il s’agisse d’actions (les problèmes de gestion des atterrissements ne viennent que
renforcer l’attente de solutions au problème des inondations), ou de conseils dans le
mode de gestion, les enjeux et les attentes sont très forts dans cette unité avec comme
le montre le tableau une très large priorité pour les populations (protection des
personnes et des biens), suivi des infrastructures (routières, ouvrages hydrauliques,
zones d’activités, etc) et enfin du foncier. Leur préoccupation est d’autant plus forte
que c’est la zone la plus densément peuplée du bassin versant.
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Compte tenu des aménagements mis en œuvre pour se protéger des crues dans ce
secteur, le problème des alertes de crue n’est pas considéré comme majeur. En
revanche, localement, le système d’alerte semble ne pas être adapté notamment au
double enjeu population d’une part (mise en place d’un réseau de téléphone arabe
entre les mairies qui se renseignent et se préviennent les unes les autres) et tourisme
d’autre part (l’une des problématiques localement sensibles au niveau des alertes de
crues et de la réglementation, dans le Piémont à la vocation touristique forte, est de
garantir la sécurité des personnes notamment les étrangers qui ne connaissent pas la
dynamique torrentielle des Gardons)
2 La gestion de la dynamique fluviale est un enjeu très fort sur ce territoire dans la
mesure où elle rejoint le problème des inondations (par les modes de gestion qui sont
entrepris dans cette lutte contre les inondations), qui repose sur des problèmes de
maintien du chenal, d’érosion et d’atterrissement, et le problème de la ressource
avec les problèmes de rabattement de nappe et de disponibilité des eaux.
Les enjeux associés au chenal et aux problèmes de gestion des atterrissements et des
érosions sont d’abord et avant tout la sécurité des personnes et des biens (garantir la
sécurité en cas de crues), les infrastructures (ouvrages : pont, protection de berge,
seuils) et enfin le foncier notamment dans les secteurs agricoles où la préoccupation
est importante.
Les enjeux qui sont derrière les problèmes de rabattement de nappe et de disponibilité
des eaux sont beaucoup plus proches en réalité de la ressource. La plupart des
interlocuteurs font un constat commun sur l’origine de ces abaissements de nappe : ils
sont en liaison avec les extractions de matériaux qui se sont produites sur ces
secteurs.
3 La ressource en eau est déclinée par les élus à travers des problèmes de rabattement
de nappe, de disponibilité des eaux et de gestion de la ressource. Ces problèmes
sont très sensibles dans le Piémont. Ils font référence à des enjeux là aussi majeurs :
l’AEP des populations, le tourisme, notamment l’aspect baignade, et l’économie. Les
problèmes sont perçus à travers le manque de ressources économiques pour
pérenniser un certain nombre d’aménagements, voire en développer de nouveaux,
mais aussi à travers des contraintes réglementaires qui sont perçues comme des outils
limitatifs du champ d’intervention (on ne plus intervenir que sur la ripisylve). Ce
problème quantitatif n’est pas général à l’ensemble de l’unité mais plutôt localisé,
notamment sur le Gardon d’Alès où il génère des problèmes qualitatifs secondaires
très sensibles localement.
4 Les problèmes de qualité des eaux (AEP, baignade, milieu naturel et cadre de vie), qui
font aussi référence au problème de mise à niveau des stations d’épuration
(rendement piètre, volumes rejetés importants et difficiles à diluer...), sont très aigus
sur l’ensemble de l’unité mais ils se déclinent par des enjeux très singuliers entre :
♦ le Gardon d’Alès, pour lequel le problème est général et de fond, par la multiplicité
et la concentration des activités polluantes de rejets ou de prélèvements (activités
urbaines (STEP), industrielles (mines, chimie) agroalimentaires et agricoles, induites
(barrages)), par la faiblesse du débit en période estivale (trés sensible) et par
l’importance des prélèvements (AEP, IND, AGRI).
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Les enjeux sont principalement liés au cadre de vie, au maintien de la qualité de l’AEP
des populations et du milieu naturel (requalification de la rivière qui est perçue comme
très dégradée) voire localement au tourisme et donc à l’économie. Préoccupation
générale mais avec un problème apprécié de façon plus ou moins importante en
fonction des personnes.
♦ le Gardon d’Anduze, pour lequel le problème est autant celui des rejets que des
prélèvements, mais où le débit garantit une meilleure qualité de la ressource. Les
foyers de pollution sont en voie de résorption compte tenu des enjeux touristiques très
forts qui n’existent pas sur le Gardon d’Alès. Par contre, le manque d’eau et
l’abaissement des nappes avec l’enlèvement des granulats soulignent le problème. Les
enjeux principaux sont directement liés au tourisme via l’économie du territoire (volonté
de maintenir la qualité, de préserver la ressource). Il s’agit d’une préoccupation globale
fondamentale mais la situation n’est pas considérée comme critique.
4.4.3. LA GARDONNENQUE :
Nature des Problèmes
Sensibilité
Enjeux
Débordements
XXX
Population
Infrastructures
Agriculture
Maintien d'un chenal
XXX
Population
Agriculture
Infrastructure
Erosion et atterrissements
XXX
Population
Infrastructures
Foncier
Maintien de la nappe
XXX
Population
Agriculture
Sécurisation de la ressource (AEP, AGR,
IND)
XXX
Population
Agriculture
Alerte de crue
XXX
Population
Qualité des eaux
XXX
Cadre de Vie
Tourisme
Disponibilité des eaux
XXX
Population
Agriculture
Gestion de la ressource
XX
Population
Agriculture
Entretien et Gestion de la ripisylve
XX
Population
Foncier
XXX
Population
Ruissellement pluvial
MN
Cadre de Vie
Le Tableau ci-dessus recadre parfaitement le contexte et les problèmes perçus par les
interlocuteurs à savoir que la Gardonnenque souffre d’un nombre de problèmes très
important et que tous s’expriment de façon très aiguë et exacerbée dans cette
unité (sans doute en raison du contexte naturel vulnérable et des activités d’extraction
de granulat réalisées de façon massive, voire des aménagements postérieurs qui ont
été réalisés).
Les enjeux sont aussi très similaires en matière de sécurité pour les populations que
ce soit vis à vis des crues que du manque d’eau, en matière d’infrastructure et
d’agriculture.
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Les problèmes qui sont évoqués font d’abord référence aux problèmes des inondations
(6 formulations), puis à ceux de la dynamique fluviale, en liaison avec la ressource en
eau, du point de vue principalement quantitatif (4 formulations) et secondairement
qualitatif (une formulation).
1 Les inondations sont indiscutablement, dans ce secteur, un problème majeur avec en
premier lieu le problème des débordements des cours d’eau, des affluents, puis le
problème du dispositif d’alerte de crue, et enfin, de façon moins générale sur l’unité, le
problème des inondations par le pluvial (ruissellement pluvial : problème
d’urbanisation, d’imperméabilisation). Le problème très fort du maintien du chenal et,
dans une moindre mesure, de l’entretien et de la gestion de la ripisylve ne fait que
confirmer l’ensemble de ces préoccupations dans le sens où il s’agit de solutions ou de
réponses aux problèmes des inondations.
Nos interlocuteurs soulignent :
♦ le manque de moyens économiques pour intervenir sur le cours d’eau (pérenniser
les aménagements réalisés, poursuivre un certain nombre d’entre eux) depuis que les
syndicats ne sont plus financés par les extractions de granulats,
♦ le manque de prise en compte des risques considérés comme majeurs (par les
administrations), et
♦ les problèmes réglementaires: on ne peut plus intervenir sur le cours d’eau, tout est
gelé par les services instructeurs.
Les enjeux considérés (comme dans le Piémont) comme cruciaux pour le territoire,
sont d’abord la protection des populations, ensuite les infrastructures et le foncier
agricole qui conserve, malgré le retrait de l’agriculture sur le territoire, une place
essentielle dans l’économie et le paysage local.
2 Le problème des crues, principalement lié à la dynamique torrentielle des Gardons
s’exprime aussi en terme de dynamique fluviale de façon très aiguë, avec la volonté de
maintien du chenal, et les problèmes d’érosion et d’atterrissement.
En matière de dynamique deux problèmes sont soulignés :
♦ la gestion des atterrissements dans le chenal de crue (qui participent à la
divagation des écoulements, à l’érosion des berges) et du chenal lui même (qui est
perçu comme un danger pour les populations du fait qu’il n’y a plus d’interventions à
cause du manque de moyens économiques et de la réglementation). Les enjeux
évoqués sont aussi ceux inhérents aux risques pour les infrastructures et le foncier
notamment agricole dans le secteur.
♦ l’érosion des sols qui est considérée comme un phénomène directement lié aux
inondations, et qui est important au regard des enjeux des infrastructures et du foncier
agricole (qui est considéré comme un élément fort parmi les enjeux).
Les enjeux qui sont derrière les problèmes de rabattement de nappe et de disponibilité
des eaux sont beaucoup plus proches en réalité de la ressource. Les enjeux sont la
ressource en AEP pour la population, l’eau pour l’agriculture.
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3 La ressource en eau, problème très important en Gardonnenque, se décline donc à
travers des problèmes de rabattement de nappe, de sécurisation de la ressource,
de disponibilité des eaux, et de gestion de la ressource (parfois exprimés en terme
de cadre de vie et de milieux naturels dégradés qu’il faudrait restaurer). Ces problèmes
sont très sensibles et font référence à des enjeux majeurs : l’AEP des populations et
l’agriculture.
Les problèmes sont perçus à travers le manque de ressources économiques pour
pérenniser un certain nombre d’aménagements, voire en développer de nouveaux
(plus d’argent pour les syndicats depuis l’arrêt des gravières), mais aussi à travers des
contraintes réglementaires qui sont perçues comme des outils limitatifs du champ
d’intervention (on ne plus intervenir que sur la ripisylve). Ce problème quantitatif est
général à l’ensemble de l’unité et très sensible à l’étiage lorsque le Gardon disparaît à
Boucoiran, générant des problèmes qualitatifs conséquents aussi.
4 Les problèmes de qualité des eaux sont très nettement soulignés par nos
interlocuteurs par référence à l’AEP des populations de façon principale, au cadre de
vie (en référence au passé), et aux milieux naturels qui sont considérés comme
particulièrement dégradés. Le problème est généralisé à l’ensemble de l’unité, il est
préoccupant pour les élus notamment par rapport à l’AEP et se pose aussi pour les
affluents des Gardons.
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4.4.4. LES GORGES ET L’UZÈGE :
Nature des problèmes
Sensibilité
Enjeux
Entretien et Gestion de la ripisylve
XXX
Agriculture
Tourisme
MN
Qualité des eaux
XXX
Cadre de Vie
Tourisme
MN
Débordement
XXX
Population
Agriculture
Alerte de crue
XX
Population
Tourisme
Sécurisation de la ressource (AEP, AGR,
IND)
XX
Population
Tourisme
Ruissellement pluvial
XX
Infrastructure
Population
Disponibilité des eaux
XX
Cadre de Vie
Tourisme
Mise à niveau des STEP
X
Cadre de Vie
Tourisme
Errosion et atterrissements
X
Foncier
Agriculture
Agriculture
Bien que relativement peu occupée par l’homme au niveau des Gorges du Gardon,
cette unité se caractérise par une très forte sensibilité aux inondations (5 formulations),
à la ressource en eau sur le plan qualitatif principalement (4 formulations) et dans une
moindre mesure quantitatif (2 formulations). On observe aussi des préoccupations
quant à la préservation de l’environnement dans le sens où celui ci est une ou la
source économique principale pour le secteur.
Les problèmes de dynamique fluviale sont plus en retrait et ne sont soulignés que très
localement.
1 Les inondations font partie des problèmes importants des Gorges et de l’Uzège
notamment par rapport aux problèmes de débordements des cours d’eau, des
affluents et du dispositif d’alerte de crue (problème important en liaison avec les
activités touristiques implantés en bordure (campings, etc) ou pratiqués dans le lit du
Gardon). Les inondations par le pluvial (ruissellement pluvial) sont soulignées
notamment par rappport aux phénomènes d’urbanisation des communes situées au
Nord de Nîmes (imperméabilisation de surfaces, construction près des ruisseaux,
aménagements pluviaux, etc). Indiscutablement, le problème évoqué le plus
fréquemment par l’ensemble des acteurs est celui de l’entretien et de la gestion de la
ripisylve. Il confirme d’une part les préoccupations, dans le sens où il s’agit de
solutions ou de réponses aux problèmes des inondations, mais aussi les
préoccupations liées à la préservation des Milieux Naturels en rapport avec le cadre de
vie et le tourisme.
Les enjeux considérés comme fondamentaux dans ce cadre sont les populations, les
infrastructures et le tourisme et accéssoirement l’agriculture (lorsqu’il y a des
débordements dans les espaces cultivés).
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2 Le problème évoqué de façon nette et sensible en second plan est la qualité des eaux
(pollutions urbaines sur les Seynes et l’Alzon, pollutions agricoles importantes sur ce
même cours d’eau et pollutions industrielles ponctuellement, le tout aggravé par les
prélèvements excessifs notamment urbains et agricoles, et la pollution de la nappe
(pollution des aquifères par les rejets agricoles, les lixiviats de décharge, les rivières
polluées qui les alimentent ( STEP en milieu calcaire))).
Ce problème fait notamment référence à l’AEP et à la sécurisation qualitative de
celle ci (systèmes aquifères et eaux superficielles), à la baignade dans le Gardon :
mise à niveau des STEP (problème de sources de pollutions diffuses à importantes
notamment dans l’Alzon).
Les enjeux principaux évoqués sont ceux de l’AEP des populations, puis le cadre de
vie associé au tourisme, et de façon particulièrement sensible sur cette unité, les
milieux naturels. Le maintien ou la restauration de la qualité est un enjeu important
pour les acteurs locaux soucieux de préserver leur ressource en eau sur le plan
qualitatif parce que derrière, c’est la survie économique qui en dépend pour beaucoup.
3 Les problèmes de ressource en eau se posent aussi et nous les avons effleurés
précédemment en termes quantitatifs avec le problème de la sécurisation de la
ressource (en liaison avec des conditions de mobilisations difficiles, coûteuses , avec
des prélèvements excessifs que ce soit pour l’AEP, l’AGRI ou l’IND (golfs, nombreux
forages non déclarés)) et de disponibilité de la ressource (les prélèvements
excessifs aggravent le problème naturel des étiages et donc de la ressource).
Ces problèmes deviennent de plus en plus sensibles. Ils font référence à des enjeux
majeurs pour la région à savoir l’AEP des populations et le tourisme mais aussi de
façon non négligeable le cadre de vie et les milieux naturels.
Les problèmes sont perçus à travers le manque de ressource économique pour
accéder à la ressource, pour réglementer les usages. Le problème quantitatif est
d’avantage sensible sur les Seynes et l’Alzon que sur le cours du Gardon néanmoins
cela reste une préoccupation générale essentiellement à l’étiage.
4 Les interlocuteurs sont très sensibles aussi à la préservation des milieux naturels
qui représentent pour eux un atout touristique indispensable. Ce problème de
préservation se ressent à travers les projets de mise en valeur et de restauration de
la ripisylve (très sensibles), à travers le problème de la préservation de la qualité
des eaux , de la mise à niveau des STEP, de la sécurisation des modes de gestion
de la ressource, et de la disponibilité des eaux.
Les enjeux intègrent la préservation des milieux naturels, parce qu’elle sert l’économie
à travers le tourisme. Cette préoccupation est valable sur l’ensemble du territoire des
Gorges et de l’Uzège.
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5 En matière de dynamique, deux problèmes sont soulignés :
♦ la gestion des atterrissements n’est pas un problème fortement sensible. Il est
localisé de façon ponctuelle sur l’Alzon (Schéma des Seynes et de l’Alzon, SIARU).
L’entretien et la gestion de la ripisylve, une des préoccupations majeures dans les
Gorges et l’Uzège, apportent une réponse partielle au problème, par l’amélioration des
écoulements (pour continuer à intervenir sur la rivière malgré les interdictions de
curage, le SIARU a changé de vocation et s’est doté d’un schéma sous la houlette du
CG). Les enjeux évoqués sont aussi ceux inhérents aux risques pour les
infrastructures et le foncier surtout agricole dans le secteur.
♦ l’érosion des sols, qui est considérée comme un phénomène directement lié aux
inondations, est sensible mais sans plus principalement sur l’Alzon avec un enjeu
agricole et infrastructures.
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4.4.5. LE GARDON RHODANIEN :
Nature des problèmes
Sensibilité
Enjeux
Débordement
XXX
Population
Infrastructure
Maintien d'un chenal
XXX
Population
Agriculture
XX
Population
Foncier
Infrastructure
Entretien et Gestion de la ripisylve
XXX
Population
Agriculture
Infrastructure
Qualité des eaux
XXX
Tourisme
X
Population
Alerte de crue
XX
Population
Mise à niveau des STEP
XX
Cadre de Vie
Réglementation
XX
Urbanisme
X
Population
Errosion et atterrissements
Maintien de la nappe
Sécurisation de la ressource (AEP, AGR,
IND)
Agriculture
Agriculture
Tourisme
Tourisme
Les problématiques abordées par les différents interlocuteurs sur le Gardon Rhodanien
mettent en évidence une préoccupation majeure pour les problèmes d’inondation (qui
reviennent sous 7 formulations différentes), puis pour ceux de dynamique fluviale
définis en terme de maintien de la nappe et de sécurisation de la ressource et enfin
pour les problèmes de qualité des eaux.
La problématique de ce territoire est très proche de celle du Piémont Cévenol.
1 Les inondations sont indiscutablement, dans ce secteur, l’un des problèmes
considérés comme majeurs avec en premier lieu le débordement des cours d’eau et
des affluents.
Les problèmes de maintien du chenal, d’entretien et de gestion de la ripisylve,
d’alerte de crue (à ce propos, les avis sont partagés mais globalement le système ne
semble pas être adapté à l’enjeu population) et de réglementation (en rapport avec
les PPR qui bloquent le développement de nombreuses communes entièrement en
zone inondable) ne font que confirmer l’ensemble de ces préoccupations dans le sens
où il s’agit de solutions ou de réponses aux problèmes des inondations.
Nos interlocuteurs s’interrogent fortement sur ces solutions : certains attendent des
conseils en ce qui concerne la gestion de la ripisylve notamment, d’autres manquent
de moyens économiques surtout depuis que les syndicats ne sont plus financés par les
extractions de granulats, d’autres attendent des autorisations pour intervenir sur des
problèmes considérés comme critiques (enlèvement d’attérrissement), et enfin des
problèmes règlementaires se posent : on ne peut plus intervenir sur le cours d’eau, tout
est gelé par les services instructeurs.
Mais finalement, tous s’efforcent à dire leur volonté d’intervenir pour garantir ce qui est
de leur mission première la sécurité des habitants.
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Les enjeux et les attentes, qu’il s’agisse d’actions (les problèmes de gestion des
atterrissements ne viennent que renforcer l’attente de solutions aux problèmes des
inondations), ou de conseil dans le mode de gestion, sont très forts dans cette unité
avec comme le montre le tableau une très large priorité pour les populations
(protection des personnes et des biens) suivi des infrastructures (routières, ouvrages
hydrauliques, zones d’activités, etc) et de l’agriculture qui est aussi un enjeu important
de ce territoire.
2 La gestion des atterrissements n’est pas un problème très sensible sur l’ensemble
de l’unité, c’est d’avantage dans les problèmes d’érosion que s’inscrivent les
difficultés rencontrées par les acteurs locaux. Elle est considérée comme un
phénomène relativement préoccupant qui est directement lié aux inondations et à la
dynamique fluviale dans le sens où le fond du lit est caractérisé par un abaissement
substantiel lié aux extractions (institution du chenal par Degaule à Remoulins).
Les enjeux sont d’une part les populations et les infrastructures, d’autre part le foncier
agricole.
3 Les interlocuteurs font référence de façon très sensible aux problèmes de qualité des
eaux (aussi bien en référence aux eaux superficielles que souterraines) et de mise à
niveau des stations d’épuration (piètres rendements, volumes rejetés importants
difficiles à diluer, etc..) notamment comme facteurs limitants pour le développement
des activités touristiques.
Le problème est assez aigu et se développe sur l’ensemble de l’unité. Il se décline par
plusieurs niveaux d’enjeux : enjeu général (problème de fond), enjeu lié à la multiplicité
et à la concentration des activités (rejets et ou prélèvements) polluantes (urbaines,
industrielles, agroalimentaires, agricoles), et à la faiblesse du débit en période estivale
(trés sensible), et par l’importance des prélèvements (AEP, IND, AGRI).
Les enjeux sont principalement liés au cadre de vie, et au tourisme via l’économie du
territoire.
4 La ressource en eau est déclinée par les élus à travers des problèmes de rabattement
de nappe, de sécurisation de la ressource.
Ces problèmes sont sensibles mais non majeurs. Ils font référence à des enjeux
importants : l’AEP des populations, l’agriculture. Les problèmes sont perçus à travers
le manque de ressources économiques pour pérenniser un certain nombre
d’aménagements, voire en développer de nouveaux, mais aussi à travers des
contraintes réglementaires qui sont perçues comme des outils limitatifs du champ
d’intervention (on ne plus intervenir que sur la ripisylve). Ce problème quantitatif n’est
pas général à l’ensemble de l’unité mais plutôt localisé.
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4.5. CONCLUSION :
A travers ces entretiens, on perçoit des caractéristiques fortes qui sont propres et
récurrentes à l’ensemble du bassin versant, notamment à travers l’évocation des
problèmes de débordements, d’érosion, d’atterrissement, de gestion de la ripisylve, du
chenal de crue, des barrages. On perçoit toute l’importance de la dimension des
inondations qui font pour la plupart référence à l’épisode catastrophique de 1958. Le
problème de la gestion des atterrissements et de l’érosion se pose globalement sur
l’ensemble du territoire.
On constate des problématiques fortes mais plus ponctuelles qui sont notamment
liées :
- à la qualité des eaux du Gardon d’Alès (zones urbaines et industrielles du bassin
minier, jusqu’aux barrages), des Seynes et de l’Alzon. Les principales préoccupations
en la matière s’expriment sur les zones à enjeux touristiques et écologiques et
notamment sur les territoires où le tourisme lié à l’eau est important : Gardon
d’Anduze, Gorges.
- au rabattement des nappes, qui est un problème très localisé au niveau des anciens
sites d’extraction de matériaux au niveau du Piémont, de la Gardonnenque et du
Gardon Rhodanien. L’incidence sur la ressource du point de vue quantitatif est forte
notamment pour les nappes alluviales. Au niveau des aquifères et des cours d’eau,
les prélèvements excessifs peuvent même, dans les zones non influencées par les
extractions, mettre en péril la ressource du point de vue quantitatif.
L’aspect quantitatif de la ressource, souvent associé à sa qualité, se pose comme
une problématique épisodique en référence aux sècheresses du début des années
90 mais avec aujourd’hui un sentiment que les dispositions principales n’ont pas
attendus le SAGE pour être mises en place afin de sécuriser la ressource notamment
pour les espaces aux forts enjeux.
En zone urbaine, le manque de ressource n’est pas une préoccupation majeure (le
jeu des interconnexions, des ressources multiples sécurise quantitativement et
qualitativement la ressource), et c’est d’avantage sur la requalification de la rivière
que se portent les nouveaux enjeux du développement du territoire.
La Gardonnenque est l’entité du bassin versant sur laquelle la préoccupation à la
ressource est la plus forte, même si les problèmes évoqués sont plus de nature à
sécuriser la ressource existante, qu’un constat actuel de pénurie d’eau.
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ANNEXES
129
Annexe 1
Liste des communes concernées par le SAGE des Gardons
130
1
AIGALIERS
44
GENERARGUES
2
ALES
45
LA CALMETTE
3
ANDUZE
46
LA CAPELLE ET MASMOLENE
4
ARGILLIERS
47
LA GRAND COMBE
5
ARPAILLARGUES ET AUREILLAC
48
LA ROUVIERE
6
AUBUSSARGUES
49
LAMELOUZE
7
BAGARD
50
LASALLE
8
BARON
51
LAVAL PRADEL
9
BARRE DES CEVENNES
52
LE POMPIDOU
10
BASSURELS
53
LEDENON
11
BELVEZET
54
LEDIGNAN
12
BLAUZAC
55
LES PLANTIERS
13
BOISSET ET GAUJAC
56
LES SALLES DU GARDON
14
BOUCOIRAN-NOZIERES
57
LES SEYNES
15
BOURDIC
58
L'ESTRECHURE
16
BRANOUX LES TAILLADES
59
LEZAN
17
BRIGNON
60
MARTIGNARGUES
18
CABRIERES
61
MARUEJOLS-LES-GARDONS
19
CARDET
62
MASSANES
20
CASSAGNOLES
63
MASSILLARGUES ATTUECH
21
CASTELNAU VALENCE
64
MAURESSARGUES
22
CASTILLON DU GARD
65
MEJANNES-LES-ALES
23
CENDRAS
66
MEYNES
24
COLLET DE DEZE
67
MIALET
25
COLLIAS
68
MOISSAC VALLEE FRANCAISE
26
COLLORGUES
27
COLOGNAC
70
MONS
28
COMPS
71
MONTAGNAC
29
CORBES
72
MONTAREN ET ST MEDIERS
30
CRUVIERS LASCOURS
73
MONTEILS
31
DEAUX
74
MONTFRIN
32
DIONS
75
MONTIGNARGUES
33
DOMAZAN
76
MOUSSAC
34
DOMESSARGUES
77
NERS
35
ESTEZARGUES
78
PARIGNARGUES
36
EUZET-LES-BAINS
79
PEYROLES
37
FLAUX
80
POULX
38
FOISSAC
81
POUZILHAC
39
FONS-OUTRE-GARDON
82
REMOULINS
40
FOURNES
83
RIBAUTE LES TAVERNES
41
GABRIAC
84
ROUSSON
42
GAJAN
85
SALINDRES
43
GARRIGUES-STE-EULALIE
86
SANHILAC ET SAGRIES
87
SAUMANE
130
ST PRIVAT DE VALLONGUE
88
SAUZET
131
ST PRIVAT DES VIEUX
89
SERNHAC
132
ST QUENTIN LA POTERIE
131
90
SERVIERS ET LABAUME
133
ST SEBASTIEN D'AIGREFEUILLE
91
SOUDORGUES
134
ST SIFFRET
92
SOUSTELLE
135
ST VICTOR DES OULES
93
ST ANDEOL DE CLERGUEMONT
136
STE ANASTASIE
94
ST ANDRE DE LANCIZE
137
STE CECILE D'ANDORGE
95
ST ANDRE DE VALBORGNE
138
STE CROIX DE CADERLE
96
ST BAUZELY
139
STE CROIX VALLEE FRANCAISE
97
ST BENEZET
140
THEZIERS
98
ST BONNET DE SALENDRINQUE
141
THOIRAS
99
ST BONNET DU GARD
142
TORNAC
100
ST CESAIRE DE GAUZIGNAN
143
UZES
101
ST CHAPTES
144
VABRES
102
ST CHRISTOL LES ALES
145
VALLABREGUES
103
ST DEZERY
146
VALLABRIX
104
ST ETIENNE DE L'OLM
147
VALLIGUIERES
105
ST ETIENNE VALLEE FRANCAISE
148
VERS - PONT DU GARD
106
ST FELIX DE PAILLERES
149
VEZENOBRES
107
ST FREZAL DE VENTALON
108
ST GENIES DE MALGOIRES
109
ST GERMAIN DE CALBERTE
110
ST HILAIRE DE BRETHMAS
111
ST HILAIRE DE LAVIT
112
ST HILAIRE D'OZILHAN
113
ST HYPPOLYTE DE CATON
114
ST HYPPOLYTE DE MONTAÏGU
115
ST JEAN DE CEYRARGUES
116
ST JEAN DU GARD
117
ST JEAN DU PIN
118
ST JULIEN DES POINTS
119
ST JULIEN DES ROSIERS
120
ST JUST ET VACQUIERES
121
ST MAMERT
122
ST MARTIN DE BOUBAUX
123
ST MARTIN DE LANSUSCLE
124
ST MARTIN DE VALGALGUES
125
ST MAURICE DE CAZEVIEILLE
126
ST MAURICE DE VENTALON
127
ST MAXIMIN
128
ST MICHEL DE DEZE
129
ST PAUL LA COSTE
132
Annexe 2
Nomenclature des opérations soumises à autorisation
Décret d’application de l’Article 10
de la loi sur l’Eau du 3 Janvier 1992
133
134
135
136
137
Annexe 3
Réglementations et préconisations du SDAGE au sujet des
travaux en rivière
138
TRAVAUX EN RIVIERE
1. LA REGLEMENTATION
Elle repose sur trois textes fondamentaux :
• La loi pêche, codifiée dans les articles L 230-1 à L 239-1 et R 238-6 du Code Rural.
Au-delà des problèmes d'organisation de la pêche, elle introduit des dispositions
concrètes en vue de la protection des milieux aquatiques.
• La loi sur l'eau du 3 janvier 1992
Elle a pour objectif une gestion équilibrée de la ressource en eau, qui pourra être
garantie par le régime juridique d'autorisation et de déclaration instituée par l'article
10-1, affectant les installations, activités et travaux figurant dans la nomenclature
annexée au décret n° 93-743 du 29 mars 1993.
• L'article 103 du Code Rural
Il légitime l'intervention de l'administration sur les cours d'eau.
2. REGLEMENT SPECIFIQUE DANS TROIS CAS PARTICULIERS
• Cas des urgences
L'article 34 du décret n° 93-742 prévoit une procédure d'extrême urgence liée à
l'urgence matérielle d'une intervention en cas de danger grave, notamment pour la
santé publique.
• Cas des autorisations temporaires
Une procédure est prévue à ce sujet dans l'article 20 du décret 93-742, pour les
ouvrages, travaux, activités et aménagements dont la durée est inférieure à 1 an et
n'ayant pas d'effets durables et importants sur le milieu aquatique.
• Cas des Installations Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE)
Les décrets 93-742 et 93-743 cités plus haut (article 10 de la loi sur l'eau) ne
s'appliquent pas aux I.C.P.E. Une seule autorisation préfectorale est délivrée au titre
des 2 lois du 3 janvier 1992 et du 19 juillet 1976.
139
3. PROCEDURE
Elle est soumise à autorisartion ou à déclaration.
4. LISTE DES TRAVAUX SUSCEPTIBLES D'ETRE SOUMIS A UNE
REGLEMENTATION SPECIFIQUE
• Grands aménagements
• Travaux de restauration et de gestion de la végétation des berges
• Travaux de stabilisation du profil en long
• Travaux de protection des berges contre l'érosion au dessus des cours d'eau
• Ouvrages de franchissement
• Travaux de dragage et de curage hors opération d'entretien obligatoire
• Recalibrage
• Endiguements
• Travaux d'entretien obligatoires
• Travaux de commissions d'aménagement foncier
• Barrages et plans d'eau sur les cours d'eau
(cf. annexe : Fiche 15 : travaux en rivière).
140
141
142
143
144
145
146
147
148
149
150
151
152
153
154
155
156
Annexe 4
Réglementations et préconisations du SDAGE
au sujet des inondations
157
INONDATIONS
1. PREVENTION DES INONDATIONS
1.1. RÉGLEMENTATION
La réglementation repose sur 3 articles :
- la circulaire du 24 janvier 1994,
- la circulaire du 27 janvier 1994,
- la loi Barnier du 2 février 1995 sur le renforcement de la protection de
l'environnement.
La loi Barnier préconise deux formes d’actions:
1.1.1. LES P.P.R. : PLAN DE PRÉVENTION DES RISQUES NATURELS
PRÉVISIBLES
• Elaboration des P.P.R.
Le Circulaire du 19/07/94 du Ministère de l'Environnement demande aux préfets
d'établir un programme de cartographie réglementaire des risques naturels à 5 ans.
Sont ainsi définis des B.P.R. (Bassins prioritaires de risque).
L'élaboration des P.P.R. est étudiée par le préfet et confiée au service de l'Etat désigné
par lui. Le projet de P.P.R. est soumis à l'avis des conseils municipaux concernés et, le
cas échéant, à l'avis de la Chambre d'Agriculture et du Centre Régional de la Propriété
Forestière. Il est enfin approuvé par le préfet.
• Contenu d'un P.P.R.
Le P.P.R. comprend une note de présentation, des documents graphiques et un
règlement. Les plans définissent les zones exposées aux risques en tenant compte de
la nature et de l'intensité du risque encouru et les zones non directement exposées
mais où des constructions pourraient provoquer un risque de manière indirecte.
• Dans les zones directement exposées, tout type de construction est interdit ou doit
respecter les conditions prescrites.
• Dans les zones où des constructions pourraient provoquer un risque de manière
indirecte, peuvent également être prévues des mesures d'interdiction ou des
prescriptions.
• Le plan mentionne le délai de mise en œuvre obligatoire de ses mesures.
• Remarque : la circulaire du 24 avril 1996 définit les implications de la politique
inondation sur le contenu des P.P.R. (obligation de délimiter les zones d'expansion
de crues ainsi que les zones soumises aux aléas les plus forts, opérations devant
être interdites ou autorisées ou prescrites par le préfet).
158
1.1.2. L'EXPROPRIATION POUR CAUSE DE RISQUE NATUREL MAJEUR
Le recours à cette procédure n'est possible que lorsque les deux conditions suivantes
sont réunies :
• existence d'un risque grave pour les vies humaines, la gravité de la menace étant
appréciée au regard, d'une part, des circonstances de temps et de lieu dans
lesquelles le phénomène naturel est susceptible de se produire et, d'autre part, des
délais d'alerte et d'évacuation des populations ;
• inexistence de moyens moins coûteux que les indemnités d'expropriation
nécessaires.
1.2. LES PRÉCONISATIONS DU SDAGE
• Le SDAGE recommande la poursuite et l'intensification de la mise en œuvre des
procédures existantes, puis des P.P.R. en fonction du programme de cartographie
réglementaire à 5 ans établi conformément à la circulaire du 19/07/94.
• D'autre part, il encourage la réalisation d'études visant, à l'échelle des bassins
versants, à identifier précisément les zones d'expansion des crues afin de s'assurer
de leur préservation et d'arrêter en priorité des P.P.R. sur les territoires concernés.
2. CODE DE L'URBANISME
2.1. RÉGLEMENTATION
Elle permet le contrôle par l'autorité préfectorale de l'élaboration des documents
d'urbanisme et de la délivrance des permis de construire.
La réglementation s'appuie sur 3 axes principaux :
• Les communes doivent intégrer la composante risque dans leurs documents
d'urbanisme (article 2121-10 du Code de l'Urbanisme).
• Le permis de construire peut être refusé ou n'être accordé que sous réserve de
l'observation de prescriptions spéciales si les constructions sont de nature à porter
atteinte à la sécurité publique (Article R-111-2 Code Urbanisme)
La
circulaire du 2 février demande aux préfets d’utiliser cette procédure notamment
chaque fois qu’a été observée une hauteur d’eau supérieure à un mètre au dessus
du sol.
• Certains projets de prévention des risques peuvent être reconnus d'intérêt général
par le préfet. Cette reconnaissance confère au projet un régime juridique particulier,
puisque le projet devra être impérativement mis en œuvre par les documents
d'urbanisme (POS, SDAU, ...).
Cette procédure est utilisée pour imposer dans les POS la réalisation des digues et
murs de consolidation.
159
2.2. LES PRÉCONISATIONS DU SDAGE
Lors de l'élaboration des POS, les services de l'Etat doivent systématiquement porter à
la connaissance des communes les éléments en leur possession sur l'existence et
l'importance des risques d'inondation. Si le POS (Plan d’Occupation des sols) ne prend
pas en compte ces éléments, le préfet pourra contester la validité de ce dernier par
recours à l'article L 121-10 du Code de l'Urbanisme.
Il est rappelé que le maire peut faire usage de cet article au coup par coup lorsqu'un
document concernant les risques n'est opposable aux tiers.
L'Etat s'opposera par l'intermédiaire de l’article L 121-10 aux permis de construire dans
les zones qu'il considérera comme les plus exposées.
Les champs d'inondation des cours d'eau situés à l'amont des zones sensibles aux
inondations feront l'objet de mesures de préservation grâce à l'usage des P.P.R. et de
l'article R 111-2 du Code de l'Urbanisme.
Dans les communes où le POS ne prend pas convenablement en compte le risque
d'inondation et dans les communes ne disposant pas d'un POS, l'Etat délimitera les
périmètres de P.P.R. à l'intérieur desquels il est possible de refuser les permis de
construire ou de les autoriser en les subordonnant à des conditions spécifiques. Cette
disposition concernera en priorité les bassins classés en B.P.R. (Bassins Prioritaires
de Risques, tels que définis dans la circulaire du 19/07/94) en fonction des risques
d'inondation.
3. IMPLANTATION DES CAMPINGS ET PARCS RESIDENTIELS DE
LOISIRS
3.1. RÉGLEMENTATION
En ce qui concerne la prévention des risques, la réglementation s'appuie sur 6 règles
fondamentales :
• Les documents d'urbanisme déterminent les conditions permettant de prévenir les
risques naturels prévisibles,
• Le maire et le préfet sont responsables de la prévention des inondations et de la
sécurité publique,
• L'autorisation d'aménager doit respecter :
- les interdictions ou prescriptions applicables dans les zones soumises aux
P.P.R. ou anciennes procédures,
- la disposition des POS.
• Le préfet délimite par arrêté les zones soumises à un risque naturel ou
technologique prévisible (article 2 du décret 91-614 du 13 juillet 1994).
160
• La circulaire aux préfets des Ministres de l'Intérieur, de l'Equipement et de
l'Environnement du 24 janvier 1994, relative à la prévention des inondations et à la
gestion des zones inondables prévoit que dans les zones inondables soumises aux
aléas les plus forts, toute construction nouvelle soit interdite, et demande aux
préfets de saisir toutes les opportunités pour réduire le nombre des constructions
exposées.
• La loi "Barnier" du 2 février 1995, n° 95-101, relative au renforcement de la
protection de l'environnement et les articles 11 à 15 permettent l'expropriation par
l'Etat lorsqu'un risque naturel menace gravement les vies humaines.
3.2. LES PRÉCONISATIONS DU SDAGE
1/ Dans chaque département, un inventaire exhaustif des campings et implantations
provisoires (bivouacs) situés non seulement dans les zones réglementairement
protégées (P.P.R., P.E.R.I., P.S.S., R 111-3), mais aussi dans les bassins
prioritaires de risque sera élaboré dans un délai de 6 mois après l'approbation du
SDAGE.
2/ Dans un délai de 12 mois après la réalisation de ces différents inventaires, la
vulnérabilité de ces campings et installations provisoires au regard des risques liés
à l'eau (inondations, glissements de terrain, ...) sera étudiée.
3/ A l'issue de cette réflexion, trois listes seront élaborées :
• Une liste des campings et installations provisoires considérés comme fiables au
niveau de la sécurité.
• Une liste des campings et installations provisoires, où une solution du type
alerte-évacuation préconisée par le décret 94-614 du 13 juillet 1994 doit être
envisagée pour améliorer la sécurité. Ces campings devront être compris dans le
zonage visé à l'article 2 de ce décret.
On devra alors s'assurer de la fiabilité de chacun des maillons suivants :
- Existence d'un système d'annonce de crue, doublé si nécessaire (cours d'eau
à réponse rapide) d'un système de prévision (pluviomètre, radar).
- Information rapide entre services préfectoraux et gestionnaires chargés de
l'évacuation des campings (mairies, personnes privées).
- Evacuation des campings : on se référera aux préconisations du décret 94614 du 13 juillet 1994. Par ailleurs, il est indispensable de prévoir une
permanence sur place 24 heures sur 24.
L'autorisation d'aménager ne sera possible, sous réserve du respect des
prescriptions du décret 94-614 du 13 juillet 1994 et des orientations du SDAGE
ci-dessus, que si les délais de prévision, les délais de transmission d'information,
et les délais d'évacuation sont compatibles entre eux.
161
Un contrôle annuel de l'application des dispositions de l'arrêté d'autorisation par
les services de l'Etat sera mis en place, pouvant déboucher éventuellement sur
la fermeture temporaire des installations en s'appuyant sur l'article 2 du décret du
13 juillet 1994 en cas de non respect des dispositions de l'arrêté.
• Une liste de campings et installations provisoires où l'autorisation d'aménager
devra être soit refusée pour les installations nouvelles, soit retirée définitivement
(avec expropriation éventuelle) pour les installations existantes.
Ces campings et installations seront identifiés en raison notamment de
l'impossibilité de mettre en place un système fiable d'alerte et d'évacuation.
4. TRAVAUX DE LUTTE CONTRE LES INONDATIONS
4.1. RÉGLEMENTATIONS
• L'article 10 de la loi sur l'eau du 3 janvier 1992 (cf annexe 2) prévoit que les
installations, ouvrages, travaux et activités, ne figurant pas dans la
nomenclature des installations classées, réalisés à des fins non domestiques et
entraînant des prélèvements sur les eaux superficielles ou souterraines, une
modification du niveau ou du mode d'écoulement des eaux, ou des déversements,
écoulements ou rejets même non polluants, sont soumis à autorisation ou
déclaration suivant les dangers qu'ils représentent et la gravité de leurs effets sur
les ressources en eau et les écosystèmes aquatiques (décrets n° 93-742 et 93/743
du 29/03/93).
• Régime de l'autorisation
L'autorisation est accordée après :
• enquête publique,
• avis des conseils municipaux concernés,
• rapport du préfet,
• avis du Conseil Départemental d'Hygiène et éventuellement de la Mission
Déléguée de Bassin.
Le dossier de demande d'autorisation doit notamment comprendre un document qui
indique les conséquences de l'opération sur le milieu récepteur et sur les usages qui
peuvent en être faits, ainsi que les mesures compensatoires envisagées s'il y a lieu.
• Régime de la déclaration
Le contenu du dossier est le même que celui requis en matière d'autorisation.
Le préfet donne récépissé de la déclaration et communique au pétitionnaire une
copie des prescriptions générales applicables à l'ouvrage, à l'installation, aux
travaux ou à l'activité.
162
Des prescriptions complémentaires pourront être fixées, après avis du CDH, à la
demande du déclarant ou lorsque l'intérêt du milieu aquatique l'exige (3ème alinéa de
l'article 10-III de la loi sur l'eau du 03/01/92).
• D'autre part, d'après la circulaire du 24/01/94, il faut éviter tout endiguement ou
remblaiement nouveau qui ne serait pas justifié par la protection des lieux fortement
urbanisés.
4.2. PRÉCONISATIONS DU SDAGE
Les aménagements de bassins versants (drainage, assèchements ou remblaiements
de zone, imperméabilisation des sols, ...) soumis à autorisation au titre de la police sur
l'eau et susceptibles d'avoir une influence significative sur les vitesses de ruissellement
et les volumes transférés, doivent systématiquement évaluer cet effet, rechercher des
alternatives moins pénalisantes et proposer des mesures compensatoires.
Les travaux d'aménagement de rivière pour la protection des lieux habités contre
les inondations devraient s'intégrer dans un programme général à l'échelle du bassin
versant et ne concerner que des zones déjà urbanisées.
Le document d'incidence doit comporter une étude faisant apparaître le niveau de
risque avant et après travaux pour le site bénéficiaire (durée de retour de
submersion, population concernée, activités protégées, ...) ainsi que les
conséquences du projet à l'amont et à l'aval de l'aménagement.
Tout projet d'aménagement du lit mineur d'un cours d'eau soumis à autorisation ou
à déclaration et susceptible de modifier notablement son fonctionnement
morphodynamique (recalibrage, rectification de méandres, endiguement...) doit
comprendre dans le document d'incidence prévu par le décret 93-742 du 29/03/93 une
analyse de son impact sur la dynamique fluviale de la rivière.
Les travaux d'endiguement ne doivent être autorisés que s'ils sont justifiés par des
enjeux clairement identifiés.
Les ouvrages laissant au cours d'eau la plus grande liberté possible sont préférés aux
endiguements étroits en bordure du lit mineur.
La mise en place de tels ouvrages doit faire appel à des études géo-morphologiques
ou de dynamique fluviale, permettant de préciser l'espace de liberté à préserver.
Les travaux de protection des berges doivent privilégier, chaque fois que cela est
techniquement possible, les techniques végétales, de préférence aux méthodes
d'enrochements et gabionnage.
Le recours à ces dernières sur de grands linéaires (plusieurs centaines de mètres en
continu) doit donner lieu à des mesures compensatoires adaptées.
Tout projet d'aménagement de rivière, soumis à autorisation ou déclaration, doit
préciser les conditions d'entretien ultérieures aux travaux (techniques mises en œuvre,
maîtrise d'ouvrage, coût et financement).
163
Annexe 5
Réglementations et préconisations du SDAGE
au sujet de la ressource en eau
164
LA RESSOURCE EN EAU
1. LES PRELEVEMENTS
1.1. PRÉLÈVEMENTS DANS LES EAUX SOUTERRAINES
1.1.1. RÉGLEMENTATION
1.1.1.1. Police des prélèvements
Les décrets 93-742 et 93-743 du 29 mars 1993 soumettent à autorisation ou à
déclaration les activités et installations pouvant présenter des dangers pour la
ressource en eau et les systèmes aquatiques.
•
Le décret nomenclature (93-743)
Débit prelevé Q (m3/h)
Q<8
8<Q<80
80<Q
•
Procédure:
cas général
pas de formalité
déclaration
autorisation
cas des zones de répartition
quantitative de la ressource
déclaration
autorisation
autorisation
Le décret procédure (93-742)
Il indique les procédures à suivre pour l’instruction des déclarations et des
autorisations.
Il fixe la composition du dossier qui comprend en particulier un document
d’incidence.
Le Service instructeur est désigné par le préfet (D.D.E., D.D.A.F., D.D.A.S.S.,
D.R.I.R.E., S.N., …).
L’autorisation préfectorale doit respecter les règles de fond de la loi sur l’eau, en
tenant compte de l’avis du Service de Police des Eaux, qui doit être consulté à la
réception du dossier sur sa recevabilité et lors de l’enquête publique pour fournir le
projet des prescriptions destinées à faire respecter la réglementation résultant de la
loi sur l’eau.
L’autorisation ou la déclaration doit être compatible avec les orientations du SDAGE
ou rendue compatible par arrêté complémentaire (article 3 de la loi sur l’eau et
article 42 du décret 93-742 du 29 mars 1993).
1.1.1.2. Loi sur l’eau du 3 janvier 1992 (article 12)
Toute installation de pompage des eaux souterraines (à l’exclusion des usages
domestiques ou assimilés) doit être pourvue de moyens de mesure ou d’évaluation
appropriée du volume prélevé.
165
Les installations existantes le 4 janvier 1992 devront être mises en conformité au plus
tard le 4 janvier 1997.
Dans un (ou des) sous-bassin(s) correspondant à une unité hydrographique ou un
système aquifère, le SAGE fixe notamment les objectifs généraux d’utilisation, de mise
en valeur et de protection quantitative, des ressources en eaux superficielles ou
souterraines.
Il met en œuvre le principe de gestion équilibrée de la ressource, posé par l’article 2 de
la loi sur l’eau.
1.1.2. LES PRÉCONISATIONS DU SDAGE
1/ Le SDAGE recommande que les aquifères karstiques à fort intérêt stratégique
fassent l’objet d’études approfondies pour une meilleure connaissance et une
optimisation de leur protection et de leur exploitation.
2/ En cas de cumul de prélèvements sur une même nappe, le préfet veillera, dans
l’exercice de son pouvoir de police, à prendre en compte l’impact global des
prélèvements. Dans le cadre des SAGE où la gestion patrimoniale revêt une
importance particulière, il est recommandé que la Commission Locale de l’Eau
établisse un inventaire systématique des prélèvements.
3/ Les milieux souterrains présentant des caractéristiques remarquables seront
prioritairement affectés à l’alimentation en eau potable et aux usages
qualitativement exigeants.
Ils doivent être équipés d’un réseau piézométrique de référence sur la base duquel
seront établies les prescriptions préfectorales d’autorisation de prélèvement.
4/ Il faudra éviter les concentrations d’ouvrages de prélèvements qui risquent
d’amener des surexploitations locales et, à ce titre, optimiser le positionnement
spatial des prélèvements en fonction des impacts potentiels.
5/ Lors de l’implantation d’un prélèvement, il est conseillé d’examiner la capacité du
point de prélèvement à supporter les étiages naturels et les éventuelles
sécheresses interannuelles.
1.2. PRÉLÈVEMENT EN SITUATIONS CRITIQUES DE PÉNURIE
1.2.1.
ARTICLE 9-1 DE LA LOI SUR L’EAU (03/01/92)
DÉCRET 92-1041 DU 24 SEPTEMBRE 1992
Le préfet peut par arrêté prendre des mesures de limitation ou de suspension
provisoire des usages de l’eau.
166
A cette fin, il désigne par arrêté des zones d’alerte dans lesquelles chaque déclarant
ou chaque titulaire d’une concession ou d’une autorisation administrative de
prélèvement, de stockage ou de déversement fait connaître au préfet ses besoins réels
et ses besoins prioritaires pour la période couverte par les mesures envisagées.
Le préfet constate par arrêté le franchissement des seuils d’alerte entraînant la mise
en œuvre des mesures.
1.2.2. LES PRÉCONISATION DU S.D.A.G.E.
Les aspects pénurie d’eau seront examinés au sein des schémas d’allocation de la
ressource pour les grands ouvrages hydrauliques et hydroélectriques. Ils seront
intégrés dans les concessions et autres autorisations de prélèvement.
1.3. PRÉLÈVEMENTS EN RIVIÈRE
1.3.1. LES DÉBITS RÉSERVÉS
Réglementation (article 232-5 du code rural) :
Cet article a pour but de garantir en permanence la vie, la circulation et la reproduction
des espèces qui peuplent les eaux au moment de l’installation de l’ouvrage.
Les valeurs minimales du débit réservé sont calculées en pourcentage du débit moyen
interannuel sur une période d’au moins 5 ans :
Æ pour les ouvrages nouveaux : 1/10 module,
Æ pour les ouvrages existants : 1/40 module.
Préconisation :
Un groupe de travail du Comité du Bassin associant l’ensemble des partenaires
examinera, dans un délai de 3 ans suivant l’approbation du S.D.A.G.E., les problèmes
liés à l’application de la loi sur les débits réservés et proposera le cas échéant une
adaptation des textes en vigueur. En préalable, les conclusions des études effectuées
au niveau national seront prises en compte.
1.3.2.
RÉGIME D’AUTORISATION DES PRÉLÈVEMENTS (RUBRIQUE 210 DE LA
NOMENCLATURE)
Æ Débit à prélever inférieur à 2 % du débit de référence : pas de formalité.
Æ Débit compris entre 2 et 5 % du débit de référence : déclaration.
Æ Débit supérieur à 5 % du débit de référence : autorisation.
167
1.3.3. LES PRÉCONISATIONS DU S.D.A.G.E.
Le Comité de Bassin devra être saisi pour avis sur l’opportunité de tout projet
structurant dès les études préliminaires. Il vérifiera également que les conditions d’une
véritable concertation locale sont réunies et pourra, le cas échéant, suggérer la mise
en place d’un S.A.G.E. sur le secteur concerné.
Le S.D.A.G.E. rappelle l’importance, pour la préservation des milieux aquatiques, du
respect des débits réservés tels que définis réglementairement et imposés aux
gestionnaires d’ouvrages dans le cadre de leurs cahiers des charges.
Le S.D.A.G.E. souligne par ailleurs l’intérêt qu’il y aura à développer progressivement
la notion d’objectifs de quantité à fixer à l’aval d’ouvrages modifiant le régime des eaux
ou de tronçons de rivières nécessitant à un titre ou à un autre un suivi et une
amélioration de la gestion des débits. Une telle démarche entreprise dans un premier
temps dans un cadre volontaire et/ou contractuel pourrait ultérieurement être reprise
par la réglementation.
Ces objectifs de quantité devront prendre en compte les contraintes liées à :
•
La préservation du fonctionnement physique des milieux par une gestion modulée
des débits visant l’atténuation des effets des éclusées, le maintien de la capacité
morphogène de certaines crues, le maintien des connexions hydrauliques avec les
milieux annexes, etc.
•
La préservation de la capacité auto-épuratoire du cours d’eau, des espèces et de
leurs habitats en définissant notamment un débit biologique minimum en deçà
duquel la rivière connaît un déséquilibre biologique notoire.
•
La pratique des différents usages qui s’exercent tout au long du cours d’eau en
s’attachant à définir les conditions de satisfaction des usages les plus exigeants et
notamment l’eau potable, en particulier en période de crise.
•
La spécificité de certains milieux courants méditerranéens sur lesquels la
biodiversité résulte notamment de l’alternance des périodes de forte sécheresse et
de forte pluviosité, la faune et la flore s’étant adaptées à ces stress successifs, et
tenir compte de cette donnée lors de projets d’aménagement tels que soutien
d’étiage, etc.
A cette fin sera établi, dans un délai de 2 ans à compter de l’approbation du
S.D.A.G.E., un guide méthodologique sur la détermination des objectifs de quantité à
l’aval des ouvrages structurants ou aux “points nodaux” des rivières (points
stratégiques et/ou aval des sous bassins concernés par cette problématique).
Cette démarche sera entreprise en priorité :
•
Dans les bassins prioritaires pour une amélioration de la gestion quantitative (
Gardons) sur lesquels il sera recherché d’ici le 31 décembre 1999 de façon
concertée une amélioration du régime hydrologique (débit réservé, éclusées,
chasses…) en mettant en œuvre les principes définis par le S.D.A.G.E. et dans les
guides techniques établis par le Comité de Bassin.
•
Dans le cadre des S.A.G.E. particulièrement concernés par une gestion optimisée
de la ressource.
168
2. LA PROTECTION DE LA RESSOURCE
2.1. PÉRIMÈTRES DE PROTECTION DES POINTS D’EAU SOUTERRAINE ET DES
SOURCES
2.1.1. RÉGLEMENTATION
•
La procédure de mise en place est réglementée par le Code de la Santé publique :
Si un point de prélèvement ne bénéficie pas d’une protection naturelle assurant
efficacement la qualité des eaux, des périmètres sont déterminés par déclaration
d’utilité publique.
Trois périmètres sont prévus :
•
−
Périmètre de protection immédiate, dont le but est d’empêcher toute
introduction directe de substances polluantes dans l’eau prélevée et
d’empêcher la dégradation des ouvrages.
−
Périmètre de protection rapprochée, dans lequel sont interdits les activités,
installations et dépôts susceptibles de polluer l’eau et la rendre impropre à la
consommation.
Les autres activités peuvent faire l’objet de prescriptions.
−
Périmètre de protection éloignée, à l’intérieur duquel peuvent être réglementés
les activités, installations et dépôts pouvant présenter un danger de pollution.
Le décret n° 55-22 du 04 janvier 1995 annonce l’obligation de publication aux
hypothèques des servitudes instaurées dans le périmètre de protection rapprochée
en tant qu’elles constituent des limitations administratives aux droits de propriété.
2.1.2. DROIT DE L’URBANISME
Les périmètres de protection sont inscrits sous la forme de 3 articles dans le code de
l’urbanisme.
•
Article L et R 126-1 du code de l’urbanisme, qui rappelle les servitudes d’utilité
publique attachées au périmètre de protection et le report de ces servitudes au
niveau du POS.
•
Article L et R 123-9 et R 132-32 qui donne la possibilité de réserver des terrains
inclus dans le périmètre immédiat au niveau des POS.
•
Circulaire ministérielle du 24 juillet 1990. C’est une instruction technique qui
rappelle les principes fondamentaux et détaille la procédure relative à la mise en
place des périmètres de protection.
169
2.1.3. LES PRÉCONISATIONS DU S.D.A.G.E.
•
Il est recommandé la mise en place d’un programme annuel d’établissement des
périmètres de protection pour la régularisation des ouvrages existants, avec si
possible un suivi par une cellule spécialisée.
•
En ce qui concerne la présence d’une protection naturelle, il faut s’assurer qu’elle
soit bien réelle, et pérenne.
•
Les dispositions, détaillées dans le code de l’urbanisme, peuvent aussi être
utilisées comme mesures de préservation pour les aquifères présentant un intérêt
majeur pour l’avenir, tant du point de vue qualitatif que quantitatif.
2.2. LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS AGRICOLES
2.2.1. LUTTE CONTRE LES NITRATES D’ORIGINE AGRICOLE
La directive CEE du 12 décembre 1991, le décret du 27 août 1993, l’arrêté du 22
novembre 1993, et le décret du 4 mars 1996 prévoient la mise en place d’un code de
bonnes pratiques agricoles. Dans les zones vulnérables, ce code est d’application
obligatoire.
Le décret du 4 mars 96 précise que les programmes d’action devront tenir compte de
la situation locale. Ces programmes d’action sont approuvés par arrêté préfectoral.
L’opération fertimieux agit en conseillant les agriculteurs et en leur imposant le respect
d’un cahier des charges, et une labellisation.
2.2.2. MESURES AGRI-ENVIRONNEMENTALES DE PROTECTION DES EAUX
Le règlement CEE 2078/92 du 30 juin 1992 prévoit un système de primes versées par
différents partenaires pour les agriculteurs qui s’engagent à limiter l’utilisation
d’engrais, utiliser des méthodes de l’agriculture biologique, utiliser d’autres méthodes
de production compatible avec les exigences de protection de l’environnement.
2.2.3. LA
PRÉVENTION
PHYTOSANITAIRES
DES
POLLUTIONS
PAR
LES
PRODUITS
Elle est régie par la loi du 2 novembre 1943 modifiée et l’arrêté du 25 février 1975
selon lequel le préfet peut interdire ou réglementer l’utilisation des produits
exceptionnellement dangereux.
D’une façon générale, et dès lors qu’elles ne ressortent pas des activités soumises à la
législation des installations classées, les opérations liées au rejet agricole sont
soumises à la réglementation fixée par les décrets 93-742 et 93-743, du 29 mars 1993.
170
2.2.4. LES PRÉCONISATIONS DU S.D.A.G.E.
Le S.D.A.G.E. encourage de mettre en œuvre de façon prioritaire les mesures agrienvironnementales et les opérations de type fertimieux :
1/ aux zones d’alimentation de captages situées dans les zones vulnérables,
2/ aux secteurs d’alimentation des aquifères à forte valeur,
3/ aux périmètres de protection des captages d’eau potable.
Il est nécessaire d’intensifier la lutte contre les pollutions des eaux par les produits
phytosanitaires. A cette fin, il est recommandé, notamment de façon contractuelle :
•
la création de programmes régionaux de mise en œuvre de mesures agrienvironnementales dans les zones les plus touchées, afin notamment d’encourager
les pratiques agricoles limitant l’érosion des terres, minimisant le nombre de
traitements et utilisant des molécules de remplacement moins toxiques pour
l’environnement ;
•
le développement de la collecte et de l’élimination des déchets phytosanitaires et
des emballages souillés ;
•
un usage raisonné de ce type de produits par tous les utilisateurs, y compris non
agricoles (désherbage des routes, autoroutes, chemins de fer…).
2.3. LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS INDUSTRIELLES
2.3.1. RÉGLEMENTATION
La loi du 16 juillet 1976 et son décret d’application du 21 septembre 1977 prévoient
que les installations « qui peuvent présenter des dangers ou des inconvénients soit
pour la commodité du voisinage, soit pour la santé, la sécurité, la salubrité publique,
soit pour l’agriculture, soit pour la protection de la nature et de l’environnement, soit
pour la conservation des sites et des monuments » définies par la « nomenclature des
installations classées » sont soumises à des procédures d’autorisation ou de
déclaration.
•
Les industriels doivent respecter les mesures d’interdiction édictées pour
protéger la pisciculture, les cours d’eau, les eaux d’alimentation…
•
Des décrets en Conseil d’Etat pris en application de la loi du 3 janvier 1992,
fixeront les conditions dans lesquelles peuvent être interdites ou réglementées la
mise en vente ou distribution de produits qui sont susceptibles de nuire à la qualité
de l’eau.
171
•
•
Le déversement de tout produit nocif peut être interdit par décret en conseil
d’état. Tel est déjà le cas pour :
−
les détergents, lorsque la biodégrabilité moyenne des agents de surface est
inférieure à 30 % ;
−
certaines huiles et lubrifiants énumérés à l’article 1 du décret du 8 mars 1977.
Le rejet dans le sol d’eaux usées à l’aide de puits perdus et puisards absorbants
est interdit.
Cas des installations classées
−
L’article 11 de la loi du 3 janvier 1992 sur l’eau prévoit désormais que les
règles applicables aux installations classées ayant un impact sur le milieu
aquatique seront exclusivement fixées dans le cadre de la loi du 19 juillet 1976
en rubrique Installations classées. Elles doivent également respecter les règles
de fond établies par la loi sur l’eau.
−
Les installations classées soumises à autorisation doivent respecter les
prescriptions techniques fixées par des arrêtés ministériels, qui indiquent entre
autres les valeurs limites d’émission en matière de pollution de l’eau, en
prenant en compte l’approche intégrée des pollutions.
−
Les installations classées soumises à déclaration doivent respecter les
prescriptions générales édictées par arrêté du préfet selon l’arrêté type élaboré.
Ces dernières contiennent de nombreuses dispositions relatives aux rejets.
−
En application de l’article 18 du décret du 21 septembre 1977, le préfet peut
prendre des arrêtés complémentaires visant les installations existantes pour
fixer des prescriptions additionnelles aux conditions de l’autorisation initiale. En
particulier, les valeurs limites des rejets peuvent être ainsi révisées.
Cas des zones eutrophisées
Les directives CEE « Eaux résiduaires urbaines » du 21 mai 1991 et « Nitrates »
du 19 décembre 1991 prévoient l’identification par les états membres de zones
sensibles et de zones vulnérables. Dans ces zones, sont mises en œuvre des
actions particulières sur l’azote et le phosphore au niveau des stations d’épuration
collectives et des pratiques agricoles.
Surveillance des rejets
L’arrêté d’autorisation fixe, le cas échéant, les conditions d’une « auto
surveillance » régulière de leurs rejets par les principaux industriels ainsi que de
l’effet de ces rejets sur les milieux aquatiques.
Les conditions minimales de cette auto surveillance sont en général fixées par des
arrêtés ministériels.
172
2.3.2. LES PRÉCONISATIONS DU S.D.A.G.E.
•
A propos des installations classées :
Les arrêtés d’autorisation d’installations existantes doivent être rendus compatibles
avec les dispositions du S.D.A.G.E.
A cette fin, il est recommandé au préfet d’user de cette faculté, d’ici fin 1999, pour
les installations dont les rejets actuels sont significatifs et contribuent
majoritairement à un niveau de pollution du milieu récepteur, incompatible avec la
politique des objectifs de qualité définie par le S.D.A.G.E.
•
A propos de la surveillance des rejets :
Il est recommandé aux préfets d’imposer également une auto surveillance aux
exploitants d’installations soumises à autorisation dont les rejets, même non
significatifs, sont à l’origine d’un déclassement d’un cours d’eau par rapport à ses
objectifs de qualité.
Dans le cas de rejets toxiques significatifs, il est également recommandé que l’auto
surveillance inclue le suivi régulier de la toxicité globale par un test biologique
adapté.
Pour les rejets ayant un impact significatif sur le milieu, il est recommandé que soit
réalisée une surveillance du milieu par des prélèvements en aval mais également
en amont des rejets.
Dans les secteurs où se concentrent plusieurs rejets industriels et/ou urbains
nécessitant une telle surveillance du milieu naturel, il est recommandé qu’un
programme global de suivi de ces rejets soit élaboré en partenariat entre les
industriels et les collectivités concernées, les gestionnaires des réseaux urbains, les
services et établissements publics de l’Etat ainsi que les principaux usagers de
l’eau. Il conviendrait alors qu’un tel programme puisse intégrer un outil global de
mesure de la toxicité tant sur les rejets que dans le milieu naturel, établi sur les
bases des avancées scientifiques récentes en matière d’écotoxicologie. La mise en
place de stations de mesure en continu de la qualité du milieu serait à prévoir sur
les quelques secteurs les plus concernés.
•
A propos des zones eutrophisées :
Le S.D.A.G.E. recommande aux préfets d’édicter des prescriptions particulières
pour les installations classées soumises à autorisation dans les secteurs reconnus
comme eutrophisés, même non classés « zone sensible » ou « vulnérable » au
sens des directives précitées.
173
2.4. LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS DOMESTIQUES
2.4.1. RÉGLEMENTATION
•
•
Les interdictions générales de rejet
−
Définition : Par interdictions générales, il y a lieu d’entendre celles de déverser
un produit quelconque solide ou liquide, ou d’exercer des activités telles que le
lavage des véhicules, et de tous engins à moteur, la vidange d’huiles de moteur
à proximité de cours d’eau, lacs, étangs, canaux et nappes alluviales.
−
La protection des intérêts piscicoles est décrite dans le code rural, article L 2322, qui punit d’amende le rejet de substances menant à la destruction du poisson
ou de sa nourriture.
−
La protection des cours d’eau appartenant au domaine public. Il est interdit d’y
jeter des matières insalubres.
−
La protection des eaux souterraines. Tout déversement d’eaux usées dans les
puits est interdit.
La réglementation générale des rejets
−
L’évacuation des locaux d’habitation et assimilés.
C’est la législation sur le permis de construire qui organise la protection du
milieu naturel contre les déversements provenant des habitations domestiques
nouvellement construites.
−
Le raccordement sur le réseau d’assainissement collectif est obligatoire (article
233 et suivants, code de la santé publique).
−
Lorsqu’il n’existe pas de réseau public d’assainissement, le rejet direct des
eaux usées domestiques est soumis aux dispositions du décret 93-742 du 29
mars 1993.
−
Les immeubles non raccordés au réseau devront se munir d’un assainissement
autonome, afin d’assurer l’épuration et l’évacuation des eaux usées dans le
milieu naturel sous des modes compatibles avec les exigences de la santé
publique et de l’environnement.
−
On notera l’importance du rôle des collectivités locales. Les mairies sont
responsables de la salubrité publique et peuvent ou doivent en vertu de leurs
pouvoirs généraux de police prendre toute mesure nécessaire pour veiller à la
qualité de l’eau.
−
Articles 14 et 15 du décret 94-469 du 3 juin 1994.
Le préfet arrête, pour chaque agglomération susceptible de produire une charge
brute de pollution organique supérieure à 120 kg/jour, les objectifs de réduction
des charges polluantes. Ces objectifs sont établis à partir des données
permettant d’apprécier la sensibilité des milieux récepteurs aux pollutions.
174
2.4.2. LES PRÉCONISATIONS DU S.D.A.G.E.
Il est recommandé de mener des études pour apprécier la pollution engendrée par
les décharges d’ordures ménagères (anciennes ou en activité), et si nécessaire
pour prévoir les priorités en matière de mesures de protection des eaux à mettre en
œuvre, notamment lors de la fermeture des décharges présentant des risques pour
l’eau et pour la mise en sécurité ou la décontamination des anciennes décharges.
Il est également recommandé que ces études prévoient la mise en place d’une
politique de collecte sélective des déchets ménagers.
Cette politique s’appuiera notamment sur une campagne d’information et de
communication, et impliquera la réalisation de structures et installations suffisantes
(conteneurs sélectifs, développement de déchetteries, …).
Par ailleurs, une reflexion concernant l’utilisation de lessives sans phosphate sera
lancée.
2.5. LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS ACCIDENTELLES
2.5.1. RÉGLEMENTATION
Deux actions principales doivent être engagées :
−
Une action de prévention qui doit être complétée par l’établissement de
programmes départementaux des risques en fonction des constats de pollution
accidentelle, et d’un examen des installations présentant un risque.
−
Une remise en ordre des plans départementaux d’intervention. Afin de faciliter la
prévention et la lutte contre les sinistres, une obligation d’information des autorités
est créée par la loi du 3 janvier 1992 (article 18).
2.5.2. LES PRÉCONISATIONS DU S.D.A.G.E.
Il est recommandé qu’un soin tout particulier soit apporté dans le cadre des études
réglementaires (impact, danger) à l’étude des scénarios d’accidents susceptibles
d’occasionner des pollutions accidentelles. La description de la nature et de l’extension
des conséquences d’un accident éventuel sur le milieu aquatique, ainsi que les
mesures prises pour prévenir de tels accidents doivent être présentées dans ces
études. Cette analyse doit prendre en compte la sensibilité du milieu.
Il est recommandé que l’implantation de stations de mesures et prélèvements en
continu soit étudiée. On veillera au caractère multi-usages de telles installations
permettant de valoriser les données obtenues et les investissements consentis et de
rechercher les causes des accidents. Un schéma de mise en œuvre d’un réseau de
base de ces stations sera élaboré dans un délai de 2 ans après l’approbation du
S.D.A.G.E. en partenariat avec les principaux usagers concernés.
175
3. LES OBJECTIFS DE QUALITE
3.1. RÉGLEMENTATION
•
En application de la loi de 1964, toujours en vigueur, un décret a fixé les objectifs
de qualité assignés aux cours d’eau, sections de cours d’eau, canaux, lacs ou
étangs, en application des directives CEE concernant la qualité requise :
−
des eaux superficielles destinées à la production d’eau alimentaire (16 juin
1975),
−
des eaux de baignade (8 décembre 1975),
−
des eaux douces ayant besoin d’être protégées ou améliorées pour être aptes
à la vie des poissons (18 juillet 1978).
Ces objectifs de qualité doivent être pris comme référence dans les documents de
programmation et de planification élaborés et les décisions prises par l’Etat, les
établissements publics et autres personnes morales de droit public, en vue
d’assurer une amélioration continue de l’environnement.
•
Les règles générales de préservation de la qualité et de la répartition des eaux
superficielles et souterraines fixent les normes de qualité et les mesures
nécessaires à la restauration et à la préservation des différents usages de l’eau et
de leur cumul, ainsi que les règles de répartition des eaux de manière à concilier
les intérêts des diverses catégories d’utilisateurs.
•
Les cartes départementales d’objectifs de qualité comprennent :
−
une carte de qualité faisant état de la situation actuelle,
−
la carte départementale d’objectifs de qualité proprement dite,
−
un rapport explicatif et justificatif.
Elles constituent un cadre de référence par la programmation des investissements
et pour la délivrance des autorisations de rejet dans le département.
La circulaire du 17 mars 78 définit la procédure d’élaboration des cartes qui sont
approuvées par arrêté préfectoral.
3.2. LES PRÉCONISATIONS DU SDAGE
D’une manière générale, une remise à plat de la politique d’objectifs de qualité est
prévue pour tous les milieux (avant le 31 décembre 1999 pour les rivières et les eaux
souterraines). En période transitoire, des préconisations sont formulées pour chaque
type de milieu.
Cette remise à plat sera initiée dès que de nouveaux systèmes d’évaluation (grilles de
qualité) seront disponibles pour les différents milieux. Pour les cours d’eau et les eaux
souterraines en particulier, des grilles sont en cours de mise au point au niveau
national.
176
Les objectifs de qualité seront préparés dans le cadre de groupes de travail
départementaux établissant successivement le diagnostic, les objectifs et les
programmes chiffrés. La cohérence entre les départements et avec le SDAGE sera
assurée par le Comité de Bassin.
En ce qui concerne les rivières, les cartes départementales d’objectifs de qualité
restent la référence, mais le SDAGE prévoit des réajustements des objectifs qui
intègrent les orientations suivantes :
- actualisation au cas par cas pour tenir compte de certaines spécificités locales,
- suppression de tous les points noirs de pollution en qualité générale hors
classe sans augmentation du linéaire global en classe 3.
D’autre part, des objectifs complémentaires sont fixés pour lutter contre l’eutrophisation
et la pollution contre les micropolluants.
En ce qui concerne les eaux souterraines, l’objectif est l’aptitude à la production d’eau
potable en respectant notamment les limites de qualité des eaux distribuées excepté
pour les paramètres liés à la structure naturelle des eaux (paramètres physicochimiques ou substances indésirables).
177
Annexe 6
Réglementations et préconisations du SDAGE
au sujet des extractions et carrières
178
EXTRACTIONS ET CARRIERES
1. RÉGLEMENTATION
1.1. NOUVEAU RÉGIME JURIDIQUE.
A partir du 9 juin 1994, un nouveau régime juridique des carrières est instauré, dont
les principaux points sont détaillés ci-dessous :
• Les carrières sont des installations classées et sont soumises à autorisation
préfectorale avec enquête publique.
• Ainsi que :
∗
les opérations de dragage des cours d'eau et des plans d'eau lorsque les
matériaux sont utilisés et qu'elles portent sur une quantité supérieure à
2 000 tonnes,
∗
les affouillements du sol lorsque les matériaux prélevés sont utilisés à des
fins autres que la réalisation de l'ouvrage sur l'emprise duquel ils ont été
extraits et que la superficie d'affouillement est supérieure à 1 000 m2 ou la
quantité de matériau supérieure à 2 000 tonnes,
∗
les exploitations en vue de leur utilisation des masses constituées par des
holdes et treuils de mines et par des déchets d'exploitation de carrières
lorsque la superficie est supérieure à 1 000 m2 et la quantité supérieure
20 000 t.
• Les autorisations d'exploitation doivent être compatibles avec le schéma des
carrières (décret 94.603 du 11 juillet 1994) (voir détails en 2).
• De nouvelles prescriptions techniques et administratives sont fixées relativement
à l'exploitation des carrières et aux installations de premier traitement des matériaux
(arrêté du 22 septembre 1999).
• Des garanties financières doivent être constituées pour assurer la remise en état
des carrières après utilisation (décret 96.18 du 5 janvier 1996).
• L'autorisation d'exploiter est limitée à 30 ans maximum.
• Toute extraction légalement autorisée peut continuer à fonctionner dans les
conditions prévues par la réglementation antérieure, sauf prescriptions
complémentaires éventuelles ; si elle ne bénéficiait pas d'une autorisation explicite
du représentant de l'Etat, elle doit se déclarer avant le 9 juin 1995.
179
1.2. LES CONTRAINTES ENVIRONNEMENTALES
Elles sont regroupées en quatre catégories.
1. Interdictions réglementaires dans tous les cas
-
lit mineur des cours d'eau (sauf dûment justifié),
périmètre de protection immédiate des captages d'eau pour la consommation,
espaces boisés et classés,
espaces à préserver selon article L146-6 du Code de l’Urbanisme.
2. Interdictions réglementaires spécifiées au cas par cas par un cahier des charges
ou un règlement propre à la zone considérée
-
réserves naturelles,
protection de biotopes,
sites classés,
sites inscrits,
monuments historiques et leurs périmètre de protection,
ZNIEFF type I,
zones soumises à PPR,
périmètre de protection rapprochée pour l'eau destinée à la consommation,
zones définies par POS.
3. Espaces faisant l'objet d'un "porter à connaissance" du fait de leur intérêt
environnemental :
-
ZNIEFF de type II,
ZPS (Zone de protection Spéciale),
ZICO (Zone d’Importance pour la Protection des Oiseaux),
périmètre de protection éloignée,
zones inondables définies par PPR.
4. Autres données à signaler, comme activités agricoles ou zones de préemption
définies par la politique départementale des espaces naturels sensibles.
Ex. : vignobles, paysages remarquables,...
180
2. ORIENTATIONS
CARRIÈRES
DU
SCHÉMA
DÉPARTEMENTAL
DES
2.1. ORIENTATIONS EN MATIÈRE D'UTILISATION DES MATÉRIAUX
2.1.1. UTILISATION RATIONELLE ET ÉCONOME DES MATÉRIAUX
Plusieurs préconisations ont été retenues afin d'éviter le gaspillage des matériaux :
• Interdiction de l'utilisation des matériaux alluvionnaires en remblai.
• Limiter l'exploitation des matériaux de qualité aux besoins spécifiques (protéger les
matériaux nobles de type alluvionnaire).
• Favoriser l'exploitation de matériaux de carrières en roches massives.
• Appliquer une politique des granulats en technique routière (circulaire du Ministère
des Transports n° 84-47 du 16 juillet 1984).
2.1.2. PRÉCONISATIONS
VISANT
À
MAINTENIR
L'ACCESSIBILITÉ
AUX
GISEMENTS DE MATÉRIAUX
Le département du Gard possède de nombreux gisements de matériaux de nature très
variée, auxquels il ne faut pas limiter l'accès sans éventuelles justifications, car ils sont
nécessaires et indispensables aux besoins locaux et régionaux.
(Exemples : sables siliceux, quartzites, argiles pour brique dans le secteur d'Uzès,
pierres tendres dans le secteur Castillon-Vers...)
De plus, il s'avère nécessaire de :
- créer un environnement globalement favorable au maintien et au développement
des activités liées à la valorisation de ces ressources en matériaux,
- sensibiliser les maîtres d'ouvrage à l'utilisation de ces matériaux,
- inviter et aider les professionnels à mettre en œuvre des actions collectives
concourant au maintien et au développement de ces activités.
2.2. ORIENTATIONS EN MATIÈRE DE RESPECT DE L'ENVIRONNEMENT
Elles visent à implanter les carrières dans les secteurs les moins vulnérables vis-à-vis
du milieu à exploiter.
Il est nécessaire de prendre en compte les contraintes environnementales (citées plus
haut).
181
2.2.1. RECOMMANDATIONS POUR L'IMPLANTATION ET L'EXPLOITATION DES
CARRIÈRES
2.2.1.1. Les milieux aquatiques
• Dragage en lit mineur
Le SDAGE précise que sur tous les cours d'eau nécessitant des opérations d'entretien
significatives par dragages ou curages autres que les opérations d'entretien
obligatoires, des études générales de transport solide par bassin versant ou sousbassin versant seront réalisées dans un délai de :
- 5 ans après approbation du SDAGE pour les rivières alpines et méditerranéennes,
- 10 ans après approbation du SDAGE pour l'ensemble du fleuve Rhône et pour les
autres rivières du bassin.
• Exploitations en lit majeur
Les carrières pourront être autorisées si l'étude d'impact prouve (cf. SDAGE) que :
- l'espace de liberté et les annexes fluviales sont préservés ou restaurés dans leurs
caractéristiques physiques, biologiques et dans leurs fonctionnements,
- la carrière ne nuit pas à la préservation de la qualité des eaux,
- l'exploitation ne nécessite pas des mesures hydrauliques particulières (protection
des berges, enrochements).
• Exploitations en nappe alluviale
- Dans les secteurs à fort intérêt pour l'usage alimentation en eau potable (Gardons
en aval d'Alès et Anduze jusqu'à Dions), l'autorisation d'exploiter les matériaux ne
pourra être accordée que si elle garantit la préservation des gisements d'eau
souterraine en quantité et en qualité.
- L'arrêté d'autorisation doit prévoir, durant la durée de l'exploitation, la mise en place
et l'exploitation d'un réseau de surveillance de la qualité et des niveaux des eaux de
la nappe influencée par la carrière, et après abandon de l'exploitation, le maintien
de ce réseau en bon état de fonctionnement pour permettre les contrôles ultérieurs.
Les données recueillies devront être transmises aux services chargés de la police
des eaux.
182
- Par ailleurs, dans le cadre de la compatibilité entre SDAGE et Schéma des
carrières, les orientations suivantes ont été retenues :
•
limitation stricte des autorisations d'extraction dans :
∗ les vallées ayant subi une très forte exploitation dans le passé et reconnues
comme milieux particulièrement dégradés (Gardons en aval d'Alès et
d'Anduze),
∗ secteurs reconnus comme milieux aquatiques remarquables (Gardons).
•
transfert des extractions ci-dessus vers les hautes terrasses et roches massives
en tenant compte de l'impact économique,
•
interdiction d'exploiter les granulats alluvionnaires sous la nappe par rabattement
piézométrique.
- Afin de ne pas entraver l'écoulement des crues :
•
interdire les endiguements,
•
limiter pendant les périodes de forte hydraulicité, les stockages de matériaux
pour ne pas constituer d'obstacle ou dériver l'écoulement.
- Prendre des précautions strictes pour ne pas dégrader la qualité des eaux de
surface. Les rejets d’eau de process des installations de traitement à l’extérieur des
sites seront interdites et les eaux issues de l’exploitation (nettoyage, pluviales) et
rejetées dans le milieu naturel devront respecter les normes fixées par l’arrêté
ministériel du 22 septembre 1994, notamment les matières en suspension totales et
les hydrocarbures doivent avoir une concentration inférieure respectivement à 35
mg/l et 10 mg/l.
-
Le mitage du paysage par des plans d’eau sera à éviter.
2.2.1.2. Les activités agricoles
Les études d'impact devront fournir les éléments aptes à vérifier la compatibilité de
l'extraction des matériaux avec l'activité agricole.
2.2.1.3. Les paysages
Lors de la création ou de l'agrandissement de carrières, conformément au Schéma
Départemental du Paysage, seront pris en compte les niches écologiques et
paysagères, les potentialités d'usage ultérieur et le réaménagement à terme, ainsi que
les conditions qualitatives de cette reconversion.
2.3. ORIENTATION POUR LA REMISE EN ÉTAT DES LIEUX ET LE
RÉAMÉNAGEMENT
• La remise en état des lieux est une obligation imposée par la réglementation qui
prévoit d'autre part que les conditions de remise en état seront définies dans le
cadre de l'arrêté d'autorisation de carrière.
• Elle peut s'accompagner d'un réaménagement qui donne au site une nouvelle
vocations.
183
• Diverses stratégies de réaménagement sont actuellement observées :
•
•
•
•
•
•
•
réaménagement paysager et écologique des plans d'eau,
réaménagement paysager à des fins de loisirs pêche, promenade, activités nautiques,
fonctionnement de bassins écrêteurs de crue,
constitution de réserves en eau potable,
aquaculture,
remblaiement,
mise en valeur agricole, forestière, industrielle.
• Ces divers types de réaménagement n'offrent pas les mêmes garanties vis-à-vis de
la protection des milieux aquatiques et des zones humides. Ainsi est-il préconisé
de :
•
•
•
•
conduire les exploitations dans la perspective de l'option de réaménagement retenue,
notamment pour les carrières alluvionnaires,
privilégier les options qui offrent les meilleures garanties de gestion après
réaménagement,
veiller à ce que la carrière ne nuise pas à l'état naturel des eaux de la nappe,
limiter l'impact de la carrière sur les milieux et écosystèmes aquatiques.
• En ce qui concerne le réaménagement écologique des plans d'eau paysagers ou de
loisirs, il est recommandé de porter l'attention sur :
•
•
•
la morphologie des plans d'eau,
la végétalisation en privilégiant les peuplements adaptés aux contraintes locales,
la qualité de l'eau et la restauration des facteurs naturels d'auto-épuration.
2.4. RECOMMANDATIONS POUR LA RÉHABILITATION DES SITES
•
Pour les sites dégradés dans le lit mineur des cours d'eau :
•
•
•
laisser le cours d'eau réutiliser les matériaux subsistants pour réparer les dégâts
causés,
garantir un débit solide suffisant au cours d'eau en veillant au maintien du linéaire
des berges érodables et en favorisant son développement lorsque l'occupation
du sol le permet,
aménager si nécessaire le lit du cours d'eau de façon à favoriser le comblement
des fossés d'extraction et à limiter la progression des érosions progressive et
régressive en s'appuyant sur une étude géomorphologique et de dynamique
fluviale.
• Il est recommandé que les schémas départementaux des carrières dressent une
liste des sites sur lesquels d'anciennes gravières présentent des risques réels ou
potentiels pour :
• la salubrité publique,
• la qualité des eaux souterraines,
• le fonctionnement (sous tous ses aspects : physiques, chimiques, biologiques)
du cours d'eau avoisinant,
• le comportement de la nappe phréatique,
• l’écoulement des eaux en période de crue.
Cette liste sera présentée aux commissions départementales des carrières en vue
d'établir un programme de réhabilitation et de gestion.
184

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