L`hôtellerie traditionnelle face au mouvement Airbnb
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L`hôtellerie traditionnelle face au mouvement Airbnb
UNIVERSITÉ TOULOUSE JEAN JAURÈS INSTITUT SUPÉRIEUR DU TOURISME, LICENCE PROFESSIONNELLE HÔTELLERIE RESTAURATION PROJET TUTORÉ L’hôtellerie traditionnelle face au mouvement Airbnb Présenté par : Laura MEZZASALMA Vincent LACOSTE Manon CARRIOU Année universitaire : 2015 – 2016 Sous la direction de : Paul-Emmanuel PICHON 1 2 L’hôtellerie traditionnelle face au mouvement Airbnb 3 ÉPIGRAPHE « La grande erreur de notre temps, cela a été de pencher, je dis même de courber l'esprit des hommes vers la recherche du bien matériel. Il faut relever l'esprit de l'homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, et le grand. C'est là et seulement là, que vous trouverez la paix de l'homme avec lui-même et par conséquent avec la société. » Victor HUGO « La fulgurance des avancées technologiques, combiné à une évolution des mentalités, représente une opportunité sans précédent pour transformer des secteurs, réinventer des services publics, dépasser les formes de consumérisme sources de gaspillage terrible et changer notre manière de vivre […]. Les gens prennent conscience qu'ils disposent de ressources inexploitées (matérielles ou liées à leurs compétences), sources de valeurs économiques, sociales et durables, et qui représentent des opportunités quotidiennes pour devenir micro-entrepreneurs. » Rachel BOTSMAN « Innover c’est facile. La difficulté, c’est de transformer une innovation en vrai business. » Michael DELL 4 L’ISTHIA de l’Université de Toulouse - Jean Jaurès n’entend donner aucune approbation, ni improbation dans les projets tutorés et mémoires de recherche. Les opinions qui y sont développées doivent être considérées comme propres à leur auteur(e). 5 REMERCIEMENTS En préambule de ce dossier, nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont aidées, soutenues et accordées de leur temps pour répondre à nos questions et interrogations. Ces échanges instructifs ont contribué à la rédaction de ce projet. De plus, la licence professionnelle Hôtellerie-Restauration au sein de l'Institut Supérieur du Tourisme, de l'Hôtellerie et de l'Alimentation (ISTHIA), a été très enrichissante sur le plan personnel et professionnel pour chacun d'entre nous. Nous remercions Monsieur Paul-Emmanuel PICHON de nous avoir accompagnés, conseillés, et pour sa disponibilité qui a été bénéfique pour la concrétisation de ce projet. Nous remercions également l'ensemble de l'équipe pédagogique de l'ISTHIA pour la formation, leurs apports théoriques et méthodologiques et notamment Monsieur ROUILLON, Monsieur SUCHET et Monsieur ZANCANARO qui ont contribué à la réalisation de notre projet. De plus, nous exprimons notre profonde reconnaissance envers les différentes personnes interviewées au cours de notre projet qui nous ont accordées du temps et qui ont contribué à l'avancement de notre projet. Leurs idées, leurs convictions ainsi que leurs expériences nous ont apportées un contenu plus que pertinent pour nos analyses. Enfin, nous témoignons toute notre reconnaissance envers les intervenants qui, tout au long de l'année, nous ont apportés de nombreuses connaissances concernant le marché de l'hôtellerie. 6 SOMMAIRE Épigraphe ......................................................................................................................... 4 Remerciements ................................................................................................................. 6 Sommaire ......................................................................................................................... 7 Introduction...................................................................................................................... 8 Partie 1. L’hôtellerie d’aujourd’hui face aux nouveaux modes de consommation ........ 11 Chapitre 1. L’offre hôtelière : quelles tendances ? ............................................................. 12 Chapitre 2. Quels clients ? ................................................................................................ 15 Chapitre 3. Évolution des modes de consommation .......................................................... 18 Chapitre 4. Rôle des nouvelles technologies ..................................................................... 20 Chapitre 5. Poids de l’économie collaborative................................................................... 24 Partie 2. Airbnb, « bienvenue à la maison » ................................................................ 30 Chapitre 1. Le concept « Airbed and breakfast » ............................................................... 31 Chapitre 2. Quels adeptes pour Airbnb ............................................................................. 34 Chapitre 3. Évolutions de la plateforme ............................................................................ 36 Chapitre 4. Cadre légal en France ..................................................................................... 38 Chapitre 5. Les impacts d’Airbnb sur l’hôtellerie traditionnelle.......................................... 42 Partie 3. Immersion au cœur de l’étude du pointde vue des acteurs ............................ 48 Chapitre 1. Préparations préliminaires à l’élaboration du projet ....................................... 50 Chapitre 2. Sur le terrain .................................................................................................. 53 Chapitre 3. Résultats et réflexions autour des entretiens .................................................. 57 Chapitre 4. Préconisations pour les hôteliers .................................................................... 63 Conclusion ...................................................................................................................... 65 Bibliographie .................................................................................................................. 66 Sitographie ..................................................................................................................... 67 Vidéographie .................................................................................................................. 71 Annexes .......................................................................................................................... 72 Glossaire .......................................................................................................................187 Table des figures ............................................................................................................189 Tables des matières .......................................................................................................190 7 INTRODUCTION A ujourd’hui, les modes de consommation des touristes que l’on connait se trouvent bouleversés par de nouveaux acteurs. Dans une société connectée comme la nôtre, offrant de plus en plus de possibilités à ses utilisateurs, l’offre touristique se développe et se diversifie. Ainsi, la concurrence qui monte en puissance amène les acteurs du tourisme à s’adapter à la fois à ses nouveaux concurrents, et aux attentes changeantes de clients de plus en plus exigeants et friands des nouvelles technologies. Avec le développement de ces nouvelles pratiques touristiques, impact direct de la numérisation, nous sommes forcés de constater un marché hôtelier français vieillissant. En effet, l’évolution des pratiques culturelles des touristes les pousse à choisir de nouveaux types d’hébergement, faisant chaque jour un peu plus d’ombre à l’hôtellerie dite traditionnelle. Pour connaître les tendances du marché hôtelier d’aujourd’hui, nous avons effectué des recherches sur les pratiques actuelles en vogue. Mais quels sont ces nouveaux modes d’hébergement ? Un acteur revient souvent à la une : Airbnb. Mode d’hébergement 2.0 né pour répondre à une offre hôtelière pas assez présente, Airbnb est actuellement en plein boom dans le monde entier. Par ailleurs, ce site de location d’hébergements entre particuliers, s’inscrit dans une nouvelle économie dont il en est le leader : l’économie collaborative autrement appelée l’économie de partage, qui se traduit par des échanges de services entre particuliers par le biais d’internet. Nous avons donc choisi de nous intéresser particulièrement à ce phénomène qui nous a amené à nous interroger sur l’avenir de l’hôtellerie traditionnelle face au développement de ce mouvement qui conquit de plus en plus de consommateurs. Notre projet répond donc aussi à un sujet d'actualité qui a une tendance évolutive de jour en jour. Les recherches que nous avons menées nous ont conduites à un autre constat : Airbnb se considère comme premier concurrent de l’hôtellerie traditionnelle. Mais qu’en est-il du point de vue de cette dernière ? 8 Il semble que les pratiques d’Airbnb ne laissent pas les hôteliers indifférents. Si certains professionnels ne s’en inquiètent pas, d’autres au contraire, accusent Airbnb d’une concurrence déloyale et nous assistons à une vraie polémique dont nous souhaitons analyser les points clés. En conséquence, ce projet prendra en compte plusieurs facteurs pour répondre à la problématique que nous avons posée : Comment l’hôtellerie envisage son évolution face aux changements futurs pour répondre à la concurrence que provoque Airbnb ? Les différentes observations nous ont menées à établir cinq hypothèses qui sauront nous guider dans la réalisation de notre projet. Elles concerneront tout d’abord le premier critère de choix des clients pour Airbnb : un prix moins élevé qu’en hôtellerie ; puis, l’impact des nouvelles technologies dans le choix des clients dans leur mode d'hébergement ; ensuite, l’offre d’Airbnb est complémentaire à celle proposée en hôtellerie ; la participation d’Airbnb aux impacts de l’économie collaborative sur la société ; puis pour finir, les profils de clientèles ne sont pas les mêmes chez Airbnb et en hôtellerie. Ainsi, nous redéfinirons dans un premier temps l’hôtellerie traditionnelle française d’aujourd’hui. Nous étudierons ensuite les nouveaux modes de consommation et les attentes de la clientèle d'aujourd'hui, développés notamment grâce aux nouvelles technologies et grâce à l’économie collaborative. Il s’agira ensuite de s’intéresser au concept d’Airbnb. Nous expliquerons également la méthodologie appliquée dans la recherche et la rédaction de ce projet. Enfin, nous verrons ce que les hôteliers envisagent de faire aujourd’hui pour adapter leurs établissements à ces nouveaux consommateurs et pour faire face au mouvement d’Airbnb. Ces deux dernières parties s’appuieront sur les témoignages recueillis auprès de professionnels hôteliers et d’utilisateurs d’Airbnb. 9 PARTIE 1. L’HÔTELLERIE D’AUJOURD’HUI FACE AUX NOUVEAUX MODES DE CONSOMMATION PARTIE 1. L’HÔTELLERIE D’AUJOURD’HUI FACE AUX NOUVEAUX MODES DE CONSOMMATION L e monde du tourisme change, la demande évolue, de nouveaux comportements apparaissent, de nouvelles générations de consommateurs également, notamment avec l’arrivée des nouvelles technologies qui bouleversent tous les secteurs. Ce constat est également vrai pour L’hôtellerie. L’industrie hôtelière est une activité ancienne qui s’est principalement développée à la naissance du tourisme au début du 20 e siècle. Elle n’a cessé d’évoluer et elle a la particularité de ne pas avoir de limites dans l’innovation et la recherche. Ce secteur en pleine mutation doit répondre à une demande de plus en plus exigeante. Par ailleurs, ce secteur est soumis à des contraintes réglementaires de plus en plus fortes : classement, normes de sécurité, hygiène… qui rend l’activité de plus en plus difficile à exercer. Or, si l’hôtellerie constitue un des éléments indispensables au développement de la fréquentation touristique, elle apporte également une forte valeur ajoutée à l’économie des territoires notamment grâce aux services qui lui sont fréquemment associés comme les restaurants, les salles de réunions, les services spas... Les principaux acteurs de l’hôtellerie doivent répondre au mieux aux attentes des touristes qui évoluent sans cesse pour renforcer leur offre, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif, et diversifier les clientèles accueillies. Cette partie est capitale car elle nous permettra de comprendre comment de nouveaux modes d’hébergement ont pu se développer. 11 Chapitre 1. 1.1) L’offre hôtelière : quelles tendances ? À ses débuts Rappelons qu'un hôtel1 se définit par un établissement offrant un service d’hébergement payant généralement sur de courtes périodes. Outre cela, les hôtels peuvent offrir des services supplémentaires, aujourd’hui nécessaires à combler les différentes attentes de leur clientèle, tels que la restauration, des équipements liés au bien-être comme une piscine, un espace spa. En général, les hôtels proposent une offre dite MICE2 avec la possibilité de louer des salles de réunion, incitant les groupes affaires à y tenir des congrès et des séminaires. L’hôtellerie française se divise en plusieurs types d'établissements : des hôtels indépendants pour 50 % et représentant 35 % des capacités d'hébergement ; des hôtels appartenant à des chaînes volontaires* (Best Western, Logis Hôtel par exemple) pour environ 30 % et représentant 25 % des capacités d’hébergement ainsi que des hôtels appartenant à des chaînes intégrées hôtelières* telles que AccorHotels ou IHG pour 20 % environ et représentant 40 % des capacités d'hébergements.3 1.2) Évolutions de l’offre À la naissance du tourisme, l’offre hôtelière se résumait à une simple chambre et répondait à des normes de standardisation, laissant progressivement place à des lieux plus confortables et conviviaux intégrant des espaces sanitaires et équipements connexes tels que la cafetière par exemple ou la connexion internet devenue désormais indispensable. Aujourd'hui l’hôtellerie traditionnelle française, marché sur lequel se positionne notre étude, est composée d'établissements à caractère plus hétérogène qu’avant, avec des concepts plus ou moins récents crées dans le but de satisfaire tous les profils de clientèle. Pour illustrer la gamme très large de l’hôtellerie, nous pouvons citer le concept des appart hôtels*, l’hôtellerie économique, l’hôtellerie milieu de gamme, l’hôtellerie haut de gamme 1 Source : Wikipédia et Larousse MICE : Meetings, Incentives, Congress, Exhibitions 3 Artiref. Les chiffres clés de la distribution hôtelière. [En ligne]. Disponible sur www.artiref.com/les-chiffres-clefs-de-ladistribution-hoteliere-en-france.html. (Consulté le 10-01-2016) 2 12 et de grand luxe notamment avec les boutiques hôtels (Annexe B, image 1 p.74), concept très en vogue actuellement. De plus, les hôtels français sont classés en fonction de normes, de classification, qui sont directement rattachées à la qualité du service proposé mais aussi au prix. 1.3) Quelques données chiffrées L'hôtellerie en 2015 représente plus de 18 000 entreprises1 avec un total de 615 000 chambres. Pour l'économie française, cela représente 15,8 milliards d'euros de chiffre d’affaires et 160 000 emplois. Le nombre de nuitées proposées sur le marché français varie en fonction des régions présentant plus ou moins d'établissements. Le nombre le plus important se trouve en Île de France, région qui offre la plus grande capacité d'hébergement d'Europe. Cette offre pourrait cependant ne pas être suffisante d'ici 2020 pour faire face à une demande croissante de voyageurs. Le nombre de nuitées est d'environ 200 millions au total en 2015 selon des études menées par l'INSEE. Si l'on regarde dans le détail, un tiers des nuitées françaises sont réalisées par une clientèle non résidente en France, ce qui démontre le rayonnement de notre pays à l'étranger. Début 2016, Paris enregistre une légère baisse de ses fréquentations tandis que la Province se démarque davantage. La demande est toujours stable. L’hôtellerie économique à haut de gamme enregistre une véritable progression de son chiffre d’affaires tout comme l’occupation et les prix moyens. Le taux d’occupation* des hôtels en fonction de leur gamme sont ainsi pour l’année 2015 : 46 % en moyenne pour le grand luxe ; 54,1 % pour le haut de gamme ; 50,1 % pour le milieu de gamme ; 52 % pour la gamme économique et 51,9 % pour le super économique.2 Ce qui signifie que la demande client ne s’oriente pas aujourd’hui sur une gamme d’hôtels en particulier mais que l'offre actuelle répond de façon cohérente à tous les profils car les taux d’occupation sont sensiblement les mêmes. 1 INSEE, données 2015 UMIH. Performances hôtelières en France. [En ligne]. Disponible sur www.umih.fr/export/sites/Etudeshotellerie/Deloitte.pdf. (Consulté le 28-11-2015). 2 13 1.4) Tendances du marché Des études1 ont démontré les tendances pour 2015 et pour 2016 dans le domaine de l’hôtellerie en réponse aux nouvelles attentes des consommateurs et de l’environnement complexe dans lequel évolue ce domaine. Ces nouvelles tendances du marché sont et dépendront de l’accueil des visiteurs qui présente actuellement des lacunes et que l’hôtellerie devra améliorer. Les modifications du secteur hôtelier devront aussi s'orienter vers un fort investissement dans les nouvelles technologies high-tech ainsi que dans les qualités relationnelles et organisationnelles de son capital humain. Par ces tendances, elle devra donc en priorité se donner les moyens d'améliorer sa connaissance des clients Les concepts qui fonctionnent aujourd’hui sont l’hôtellerie expérientielle en réponse à la demande d’authenticité et d’expérience unique des clients à travers des hôtels lifestyle* incarnés par des chaînes comme Mama Shelter (Annexe B, image 2 p.75) ou Okko Hôtels (Annexe B, image 3 p.75). Cela permet en effet de renouveler en profondeur l'expérience du client, du fait de la personnalisation de chaque établissement et du décloisonnement des espaces communs. L'hôtel devient alors, à travers ce concept, un produit vivant, évolutif, dans lequel les nouvelles technologies jouent souvent un rôle majeur. Ce concept semble aujourd'hui important pour être en accord avec les attentes des clients et pour se différencier d'une offre standardisée. Ce qui permet à l’hôtellerie de se différencier et de réaliser une majeure partie de son chiffre d’affaires se trouve dans son activité commerciale liée à la location de salles pour des congrès et des séminaires, lui permettant ainsi de proposer des packages* avec une offre complète, alliant à la fois restauration et hébergement pour les groupes affaires. 1 Études menées par l'UMIH et DELOITTE, Étude « Progresser dans un environnement complexe » 14 Chapitre 2. Quels clients ? Dans le secteur de l’hôtellerie, il existe deux catégories de clients distincts basés sur le motif de leur séjour : le segment « loisirs » et « affaires », qui sont ensuite répartis par nombre de participants en « individuel » ou « groupe ». Pour rendre compte des attentes de ces clients, nous allons analyser celles-ci au travers des deux segments. Le graphique cidessous explique la répartition de cette clientèle en France : Figure 1 – La clientèle hôtelière en France en 2013 2.1) Segment loisirs Il est difficile d’établir un profil type pour la clientèle « loisirs », puisque toutes les typologies de public et d’âge sont concernées. Retenons que ces clients demandent de l’authenticité, leurs goûts vont davantage se porter sur les hôtels indépendants. Cependant, comme le prix reste le premier critère de sélection, les hôtels de chaînes sont aussi choisis pour les promotions forfaitaires. Cette clientèle reste difficile à fidéliser. 15 Pour la clientèle « loisirs », que ce soit les couples, les familles ou encore les personnes seules, la nouvelle tendance est de « zapper » grâce aux nouvelles fonctionnalités qu’offrent les applications de smartphones ou d’internet. Il faut dorénavant être flexible sur les réservations de dernière minute. Cette émulation pour ces médias suscite plus que jamais de la crédibilité entre l’image donnée et le produit réel, les clients sont très alertes sur ce point et possèdent désormais tous les outils pour sanctionner les écarts entre service attendu et service réalisé. 2.2) Segment affaires Tout d’abord, les raisons qui poussent la clientèle professionnelle à utiliser les hôtels sont multiples : congrès, salons, séminaires, incentives. Mais le professionnel en déplacement n’a pas toujours le choix de l’hôtel car la plupart du temps, il est contraint par les contrats passés entre l’entreprise et une chaîne hôtelière. Le vécu du client ne sera pas le même, ainsi la demande ne sera donc pas uniforme sur ce segment. Les zones urbaines sont principalement concernées par ce type de clientèle. Néanmoins, nous pouvons dresser un profil commun de ce type de client : nous avons en effet affaire à des personnes qui ont en général une bonne connaissance de l’hôtellerie, elles voyagent sous une contrainte budgétaire et d’objectif qui les amènent à exiger de l’efficacité dans les différents services en hébergement, restauration et transports, adaptés à leurs besoins. Bien que l’apparition des nouvelles technologies et applications permette de trouver des solutions, ils restent très investis par le bon déroulement des activités auxquelles ils participent, cela occasionne du stress, de la fatigue. 2.3) Profils de la clientèle affaires À présent, voici les différents profils de cette clientèle selon « Les études et observations » du Comité Régional du Tourisme de Paris région de mars 2014 : - Les pragmatiques : Il s’agit du profil le plus répandu. Ces clients sont les plus habitués aux services hôteliers, ils cherchent avant tout à remplir les objectifs en lien avec le 16 déplacement. Les procédures sont bien connues et doivent être efficaces, ils ne demanderont pas spontanément des services supplémentaires. - Les exigeants : C’est le profil le moins courant. En général, ils aiment se sentir privilégiés et vont se tourner vers des hôtels haut de gamme, ils recherchent un service personnalisé. - Les hédonistes ou « bleisure » : Ils allient travail et plaisir en profitant du temps libre pour faire des activités et découvrir la ville ou les environs de l’hôtel dans lequel ils séjournent. Ces comportements sont bien sûr généralistes et ne devraient pas résumer les différentes attitudes de cette clientèle. Retenons néanmoins que les clients « affaires » apprécient une grande variété de prestations et qu’ils sont en attente de nouveaux concepts pour améliorer leur confort et la qualité des activités auxquelles ils participent. Leurs principales attentes sont d’être reconnus comme des professionnels et non des touristes : les espaces privatifs comme des business center, business corner, salles de restaurant, voire même des services sont à privilégier pour un hôtel qui a vocation à recevoir ces corporates. L’affichage et la signalétique restent primordiaux surtout lorsque l’établissement lui-même accueille les évènements, mais ces clients apprécient un accueil humain. Enfin, d’après ces mêmes études, la clientèle n’est pas entièrement satisfaite du rapport qualité/prix, avec des hôtels trop chers en région Parisienne, et des lacunes dans le service en général : procédures trop longues, personnel non-anglophone par exemple. Malgré les différents profils de clientèles établis, leurs critères de choix prennent en compte l’environnement dans lequel leurs attentes évoluent. Nous allons donc voir quels sont les changements dans leurs modes de consommation. 17 Chapitre 3. Évolution des modes de consommation Les temps changent et il en va de même pour l'hôtellerie. Ce qui peut être une attente d’un client aujourd'hui, pourra être totalement différente demain. C'est pour cela que nous nous interrogeons sur les impacts que peut provoquer un site comme Airbnb sur l'hôtellerie traditionnelle, sur ce phénomène comme une mode de passage ou un mode d'hébergement qui s’inscrira sur le long terme. Avec l’arrivée des nouvelles technologies, le secteur de l’hôtellerie et du tourisme est bouleversé. Le premier bouleversement concerne le client : il a désormais la possibilité d’accéder à un large choix d’offres de services, de la nuitée sèche au forfait tout compris ; de faire sa sélection à partir de critères de plus en plus variés et en disposant d’informations de plus en plus précises. Et tout cela sans avoir à se déplacer, et à toute heure de la journée ; sans avoir à prendre son téléphone pour communiquer ; sans passer par un intermédiaire physique pour gagner du temps. Et cela va littéralement modifier non seulement les critères de choix des clients mais aussi leur mode de consommation des produits. 3.1) Des clients de plus en plus exigeants Quand il voyage, le client d'aujourd'hui a pour caractéristiques d'être exigeant et très instruit. Bien au-delà de simples petites attentions, une expérience unique et personnalisée est recherchée par le voyageur, dont les requêtes doivent être comblées au maximum par le professionnel du tourisme. Le client d'aujourd'hui a besoin d’être rassuré, il ne veut pas de surprises. Pour savoir exactement à quoi il va s'attendre pendant son séjour, une transparence sur le service et le produit est nécessaire. Ils seront de plus en plus nombreux à s'informer sur des expériences déjà vécues dans le but de s'identifier à des profils similaires. Leur prise de risque tend vers la nullité quant à leur séjour, ils souhaitent tout savoir dans les moindres détails. De plus, avec des moyens économiques inférieurs, le prix consacré à un service ne doit pas réserver de mauvaises surprises et une qualité certaine est attendue. Une question se pose alors : Les systèmes traditionnels sont-ils prêts à satisfaire toutes ces exigences ? 18 Pour capter le client, il faut que l’hôtelier mette en place des éléments de communication en utilisant les informations sur ce dernier qui permettra de répondre au mieux à ses exigences, et cela depuis l’étape de la réservation jusqu'à la période après son séjour. Celui-ci a besoin d'être réellement impliqué du début à la fin avec des exigences technologiques. Actuellement aucune chaîne hôtelière ne propose une expérience uniquement en ligne à ses clients : le client doit toujours faire sa réservation, se rendre à l'hôtel pour s'enregistrer et récupérer la clé de sa chambre à la réception. Tout est encore matérialisé dans le service rendu alors que le secteur tend de plus en plus à une « dématérialisation ». Le secteur hôtelier n'a jamais eu à investir autant que maintenant dans les nouvelles technologies, aujourd’hui nécessaires pour satisfaire le client moderne. 19 Chapitre 4. 4.1) Rôle des nouvelles technologies Dans le mode de réservation du client Aujourd'hui, les nouvelles technologies font partie des premiers critères de choix des clients qui sont de véritables voyageurs connectés. De plus en plus à la recherche d’économie de temps et d’argent, les clients sont sensibles à la simplicité et à la rapidité d’utilisation. Ils regardent et comparent au plus offrant par le biais de sites comparatifs (voir 4.3) p.22) en se renseignant dans les moindres détails sur les services recherchés. Ils ont besoin d’une certaine transparence des services et ce grâce aux sites internet, avis laissés par d’autres internautes, photos… Ainsi, les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) ont un rôle prépondérant dans le choix de l’hébergement par le client. Ce terme désigne tous les outils modernes qui facilitent la communication et l'échange d'informations notamment par le biais d’internet. Les raisons du recours au Net sont : - la facilité de se connecter n’importe quand pour faire une réservation, - la recherche du meilleur rapport qualité-prix, - comparer facilement les offres et trouver l’information rapidement. Les chiffres sont parlants : 85 % des internautes consultent internet avant d’acheter ; 75 % d’entre eux comparent les produits ; et 62 % d’entre eux réservent directement en ligne. Internet est ainsi le premier canal de réservation selon Le Journal du Net comme en témoigne le graphique ci-dessous : 20 Figure 2 – Répartition des moyens de réservation en hôtellerie La réservation en ligne est donc de plus en plus ancrée dans les pratiques et ses étapes sont primordiales pour comprendre les modes de consommation actuels. Les comportements des clients sont assez similaires concernant la réservation. Plusieurs étapes interviennent avant le choix final et la réservation. Elles se résument de la façon suivante : tout d’abord, la recherche de l’idée sur internet pour gagner du temps et avoir un choix très important ; puis la sélection d’un produit en particulier en examinant point par point que les services correspondent bien à ses impératifs, que l’on peut aussi nommer la phase de « rassurance* » ; ensuite, la comparaison grâce à des sites comparatifs pour l’aspect financier ; enfin, la réservation qui est le début de la relation professionnel-client essentielle pour une future fidélisation. Ces différentes phases n’ont pas la même importance selon le type de clientèle qui est visée. Certains accordent plus d’importance à la phase de la sélection du produit là où le message marketing jouera un rôle fondamental, d’autres sont plus attentifs au prix, d’autres au moyen de réservation… 21 Internet a aussi permis aux clients d’avoir plus de flexibilité selon leurs dates de réservation. D’ailleurs avec le nombre d’offres qui augmente sur la toile, la variation de prix est de plus en plus forte selon la saisonnalité touristique mais aussi selon la période de réservation : le « early booking* » pour anticiper son voyage et payer moins cher, et le « last minute* » de plus en plus en vogue qui permet de bénéficier de prix très réduits grâce aux promotions. 4.2) Dans la consommation du service hôtelier Si internet est un élément primordial dans la réservation de services hôteliers, il est aussi important dans le mode de consommation du produit en lui-même. Les grandes tendances de consommation technologique constituent une part cruciale dans le choix du client et doivent être au cœur du produit. Plus d’un tiers des clients d’hôtels affirment d’ailleurs que le Wi-Fi est un des éléments premiers qu’ils regardent car ils se déplacent avec de nombreux appareils électroniques qui nécessitent une connexion internet et des installations adaptées. Et la plupart d’entre eux attendent que le Wi-Fi soit gratuit. De plus, ils sont nombreux à consommer leur produit touristique via leur smartphone, ce qui fait d’eux des « mobinautes* ». Pour répondre à ces attentes, des applications sont donc développées. 4.3) Sites comparatifs et sites d’avis En quoi les sites de comparaison jouent-ils un rôle essentiel dans le choix du consommateur ? Des sites comme Kayak ou Trivago permettent de comparer un maximum d’offres pour que le client puisse obtenir le meilleur tarif possible avec les meilleures garanties pour un même service. Ils prennent une place importante dans les étapes de réservation car ils interviennent dans le domaine du financier. Les sites spécialisés comme TripAdvisor, les réseaux sociaux, les sites propres des hôtels… Nombreux sont les sites où l’on peut y déposer un avis et ils constituent un bon moyen de référencement pour l’hôtelier. L’internaute devient ainsi un producteur de contenus. Même si la véracité des commentaires laissés peut être critiquée, ils restent très influents dans le choix du client. Ils peuvent même devenir des canaux de distribution tant ils sont importants dans la décision de l’achat. 22 En effet, il a été démontré que 95 % achètent après avoir lu un avis positif. Le contraire est tout aussi valable, 93 % renoncent à l’achat après avoir lu un avis négatif. Soigner sa « e-réputation » devient donc incontournable pour donner une bonne image du produit dans l’esprit du client. Mais cette révolution ne se traduit pas seulement dans le passage d’une technologie à une autre, plus informatisée et plus connectée, elle modifie également les modèles économiques des acteurs de la production et de la distribution touristique. Il s'agit d’une période d'opportunités sans précédent dans lequel se développe depuis quelques années une toute nouvelle économie : l'économie collaborative avec la naissance de grosses entreprises comme Airbnb qui entraînent une remise en question de toute l'économie, dans tous les secteurs traditionnels et pas seulement dans le secteur hôtelier. 23 Chapitre 5. Poids de l’économie collaborative Depuis les années 1950, les biens matériels ont pris une place importante dans notre vie. Mais aujourd'hui un sentiment de lassitude prédomine et nous pousse à posséder de plus en plus de choses. Nous travaillons de plus en plus durement pour une utilité et un plaisir de plus en plus faible. L’économie collaborative voit sa naissance dans l’évolution des pratiques culturelles et sociétales dans une société en crise, et ce par le biais d’internet offrant de nombreuses opportunités. D’un simple effet de mode, elle est désormais ancrée dans les usages du 21e siècle d’une société connectée. C’est une activité humaine visant à produire de la valeur en commun et qui repose sur de nouvelles formes d'organisation du travail. Elle se traduit donc par l'importance accordée à l'usage plutôt qu'à la propriété ; l'organisation des citoyens sous forme de réseaux ou de communautés. Généralement, cette mise en réseau s'effectue par l’intermédiation de plateformes internet. Connue sous différentes appellations comme économie du partage ou encore « pair à pair », ce type d'économie s'inscrit dans un contexte de défiance des entreprises traditionnelles dans une crise économique où l’environnement incertain prend une place de plus en plus importante. Son essor est également dû à l'utilisation des nouvelles technologies permettant d'améliorer la créativité collective et la productivité. Elle répond également au désir de relations sociales plus conviviales. 5.1) Comme un retour aux sources Les principes de cette économie ne sont pas si récents. Il faut remonter au début de l'existence humaine pour remarquer que l'homme a toujours collaboré en partageant, en faisant du troc, en donnant, en prêtant, en échangeant afin de subvenir à ses besoins. Avec l'arrivée de l'argent et de la notion de propriété, ces pratiques ont été marginalisées. C'est ainsi que le phénomène de l'économie collaborative remonte en puissance aujourd'hui dans tous les domaines. Laurence FONTAINE, historienne et directrice de recherche au CNRS1 explique très bien le phénomène : 1 CNRS : Centre national de la recherche scientifique. 24 « La crise, ou plus exactement l'appauvrissement pousse les gens vers ces nouvelles formes d'échange. Mais on peut également analyser ce mouvement comme un refus de la société de marché. L'arrivée de l'argent a été une libération des liens sociaux. Les hommes ont ainsi accédé à l'anonymat et à l'individualisme. Mais maintenant que ces valeurs ne sont plus portées aux nues, on cherche de nouveau à tisser du lien avec d'autres moyens ». La société collaborative est donc devenue en peu de temps le versant incarné du digital, la face vivante d'internet débouchant sur des rencontres conviviales et enrichissantes. Mais ceci n’est pas sans engendrer des impacts économiques et environnementaux. 5.2) Une société déstructurée Si cette économie est présente dans tous les domaines c'est aussi parce qu'elle ressemble à notre époque à la fois déstructurée, multiple, complexe et collective. Cela amène une remise en question des intermédiaires dans notre société de consommation comme les entreprises ou l’État, qui doivent pourtant intervenir afin de réguler ce marché souvent situé dans une zone grise, à la limite du légal. Aujourd'hui le collaboratif est présent partout et continuera de constituer la vie des individus de demain dans tout ce qui concerne le désir d'entreprendre, l'innovation, la manière de se déplacer, de se loger, de s'alimenter mais aussi dans la manière de voyager. 5.3) Quelle place pour le consommateur ? En France, l’économie collaborative remporte un franc succès. Les adeptes, hommes ou femmes majoritairement citadins, pratiquent différentes activités telles que la revente d’objets, les trocs, les locations… comme le montre l’Annexe C p.76 et l’Annexe D p.77. Les motivations des adeptes sont déclinées figure 3 ci-dessous, tirées d’une enquête de 2013 « Nouvelles consommations, nouvelles confiance, les français et la consommation collaborative » de l’Observatoire de la Confiance. La motivation la plus équivoque est la recherche d’économies et trouver des « bons plans » par le biais d’internet. 25 Figure 3 – Motivations des consommateurs collaboratifs 1 1 ASK Media. La consommation collaborative n’est plus marginale. [En ligne]. Disponible sur http://askmedia.fr/la-consommation-collaborative-nest-plus-marginale. (Consulté le 10-11-2015). L'internaute et sa place se trouvent ainsi bouleversés, celui-ci devenant le principal diffuseur d'informations. Les utilisateurs finaux ou consommateurs sont donc ceux qui produisent l'information et le service, inversant une logique traditionnelle où ce sont les autorités, les entreprises qui l'émettent. Ainsi, les adeptes de ces modes de consommation sont des « pro-sommateurs » à la fois producteur et consommateur d'un service. On parle de « désintermédiatisation* », de réseau customer to customer (C2C). En résumé une « vie share »1 c'est l’usage de la propriété, le partage de biens, la location, l’échange de savoirs et de compétences, la confiance, le retour d’expériences ainsi que la communauté. 5.4) Concernant les modes d’hébergements L’économie collaborative bouleverse tous les secteurs mais surtout le domaine du Tourisme et l’hôtellerie. Dans les modes d'hébergement, il semble important de prendre en compte son impact vis à vis de l'hôtellerie traditionnelle. 1 Expression tirée de l’ouvrage d’Anne-Sophie NOVEL, La vie share, mode d'emploi consommation, partage et modes de vie collaboratifs, édition manifesto, 2013 26 L'interactivité directe entre les individus met hors-jeu les intermédiaires tels que les hôteliers ; la relation directe physique ou par téléphone disparaît et devient secondaire, laissant place à un intermédiaire internet. Chaque adepte de l’économie du partage devient à la fois un être doté d'une réputation, un objet commercial et une source d'information sans s'en rendre compte. La notion de confiance entre les usagers est alors dominante et primordiale pour favoriser ce type d’échanges. L'importance d'un rapport direct entre vendeur et acheteur sans intermédiaire a également joué un rôle très important dans le développement de cet aspect. Le consommateur n'a plus un comportement passif mais actif, exerçant une influence sur l'environnement qui l'entoure et ceci correspond à ses attentes aujourd'hui. Ces pratiques collaboratives répondent à une demande des consommateurs de sortir des sentiers battus du tourisme de masse, pour se retrouver dans des logements authentiques, personnels et chaleureux, au cœur de la ville, avec un maximum de liberté ; et permet ainsi aux propriétaires d'optimiser la valeur économique et la rentabilité de leur logement. C'est sans doute en réaction à un tourisme de masse aseptisé que l'on doit, entre autres, l'émergence d'une nouvelle philosophie de voyage : une expérience individualisée et immergée. 27 Ainsi, ces plateformes engendrent un fort trafic et des revenus très importants, mais se rapprochent au fond dans leur structure, dans leur mode de fonctionnement, dans leur mode de rémunération, des entreprises traditionnelles. Ces pratiques de consommation ne sont pas sans conséquences pour l’économie dite traditionnelle. En effet, le tourisme étant le premier secteur touché par ce nouveau phénomène, il provoque de nombreuses réactions de la part de ses principaux acteurs : transport, restauration, hôtellerie. Mais nous nous intéresserons plus particulièrement du côté de l’hôtellerie en expliquant le concept d’Airbnb, exemple phare de la consommation collaborative dans le domaine de la location d’appartement entre particuliers. Il peut être vu comme concurrent direct de l’hôtellerie traditionnelle car il est positionné à la limite d'un concept légal, dénoncé par les hôteliers comme économie grise. Malgré toutes ses qualités, l'économie du partage pose donc de vraies questions sur l'emploi, la redistribution des richesses… Il est donc nécessaire que les institutions trouvent un juste milieu afin de réglementer sans étouffer le phénomène. L'économie collaborative se trouve à la frontière entre personnel et commercial, entre privé et public. Pour l'État et pour les syndicats tels que l'UMIH1 regroupant les hôteliers, cela doit constituer un phénomène à accompagner et non à combattre. Il est donc difficile de voir Airbnb comme leader mondial de la location de vacances avec plus de 190 destinations, et de l'autre, estimer qu'il ne doit pas se plier aux mêmes règles que les hôteliers. 1 UMIH : Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie 28 PARTIE 2. AIRBNB, « BIENVENUE À LA MAISON » PARTIE 2. AIRBNB, « BIENVENUE À LA MAISON1 » C ela fait aujourd’hui plus de sept ans qu’Airbnb met à disposition des milliers de logements entre particuliers à travers le monde. Ainsi, il s’affirme leader mondial de l’hôtellerie car il dépasse de loin des grands groupes comme Marriot ou encore AccorHotels en terme de capacité. Cette start-up* qui surfe sur la vague de l'économie collaborative connaît un succès fulgurant notamment grâce à son offre d’hébergement très variée considérée moins chère par ses adeptes. Avec son modèle gagnant-gagnant, qui permet aux touristes d'économiser pour leurs vacances, et aux loueurs d’arrondir leur fin de mois, Airbnb a rapidement conquis la planète. L’entreprise américaine connaît une forte expansion et de nombreuses évolutions depuis sa création, proposant aujourd'hui une offre allant d’une simple location d’appartement, jusqu’à la création d’une plateforme dédiée aux professionnels. Si Airbnb rassemble de plus en plus d’adeptes, le site suscite aussi de nombreuses contestations de la part des professionnels de l’hôtellerie qui le dénoncent de « concurrence déloyale ». Soumis à des réglementations strictes, les acteurs historiques du secteur voient ce nouveau concurrent, peu soucieux des règles établies sur leurs marchés, d'un mauvais œil. Mais d’où vient cette plateforme qui renverse tout dans les modes d’hébergements marchands que l’on connaissait ? Nous verrons dans un premier temps le concept de l’entreprise américaine depuis ses débuts jusqu’à ses évolutions. Nous nous intéresserons ensuite au profil des utilisateurs qu’attire Airbnb. Enfin, pour comprendre le mécontentement des hôteliers et en quoi Airbnb fait concurrence au secteur de l’hôtellerie, nous parlerons du cadre légal et des problèmes législatifs qu’engendre la plateforme. 1 Slogan d’Airbnb 30 Chapitre 1. Août 2008 : lancement AirBedAndBreakfast.com Le concept « Airbed and breakfast » Janvier 2009 : gain de 20 000$ de financement par Y combinator 2011 : 112$ millions de financement par différents investisseurs / 1 millions de réservations sur le site Juin 2015 : levée de 1,5$ milliard + Novembre 2008 : ventes de boîtes de céréales pour la campagne de Barack Obama leur rapporte 30 000$ Mars 2009 : changement de nom pour Airbnb Juin 2012 : 10 millions de réservations 2015 : valorisation à 25,5$ milliards Figure 4 – Principales étapes du développement d'Airbnb Pour la petite histoire, Airbnb est le diminutif de « Airbed » (matelas gonflable) et « breakfast » (petit déjeuner). Un concept mélangeant celui d’un hôtel et celui du couch surfing*, Airbnb propose un fonctionnement simple : partager une nuit et le petit déjeuner en compagnie des propriétaires. Fondée en 2008 à San Francisco, en Californie, par Brian CHESKY et Joe GEBBIA, cette plateforme communautaire répond au départ à un manque d’offre hôtelière dans la ville américaine. C'est dans l’appartement de Joe GEBBIA qu'Airbnb a connu ses débuts. Un congrès de design s'organisait à San Francisco, mais toutes les chambres d'hôtel avaient été réservées. Connaissant quelques difficultés financières, ils ont alors décidé de louer une chambre de leur appartement, avec un matelas gonflable en offrant un petit déjeuner et un accueil local, à quelques étrangers assistant à l'événement, dans le but de payer leur loyer. Quelques mois plus tard, ils appellent Nathan BLECHARCZYK, directeur des technologies, et démocratisent le site internet sous le nom de AirBedAndBreakfast.com. Ce nom est ensuite raccourci pour Airbnb en 2009. Aujourd'hui, Airbnb permet de publier des offres de logements dans le monde entier, de les découvrir et de les réserver ; en ligne, sur un téléphone mobile ou une tablette. Qu'il s'agisse d'une chambre pour partager le logement avec le propriétaire ou d’une habitation entière telle qu’un appartement pour une nuit, d'un château pour une semaine ou d'une villa pour un mois, Airbnb offre des expériences de voyage à tous les prix, et s’adapte donc à un large profil de clientèle. Airbnb c’est aussi un moyen simple de monétiser un espace inoccupé et de le mettre en avant auprès de millions d'internautes. 31 Tel un réseau social regroupant des membres d’une même communauté, Airbnb se base sur des valeurs de confiance et de partage qui en font sa force. Cette impression d’appartenance à un groupe est un des principes que prône Airbnb et apprécié de ces utilisateurs. Les avantages sont donc multiples : pour l'hôte, cela permet de rentabiliser tout ou une partie de son logement non utilisé ; pour les voyageurs, plus de liberté tout en faisant des économies. Les conditions d’utilisation sont accessibles à tous : - Si j'ai un logement : je m'inscris gratuitement ; je renseigne mon logement avec des photos, le prix, la disponibilité ; je réponds aux voyageurs intéressés positivement ou non. Je serai payé 24 heures après l'arrivée de mes voyageurs. - Si je souhaite louer : Je recherche en indiquant mes dates de voyages et ma destination ; je peux envoyer un message à l'hôte concernant son logement ; je confie mes coordonnées ; je paie par carte bancaire sur Airbnb ; j'ai une réponse positive ou non sous 24 heures ; je peux laisser un commentaire suite à mon séjour qui permet à l'hôte d'acquérir de la notoriété au sein de la communauté. Comment expliquer un tel succès ? Par son offre très diversifiée ainsi que son esprit de partage et de confiance d’une part. Par sa simplicité d’utilisation et donc un gain de temps précieux pour les consommateurs, d’autre part. Enfin, par la communauté qui entoure l’utilisateur dont une équipe qui l’accompagne au quotidien avec une rapidité de réponse élevée, au plus grand bonheur de ses clients. 1.1) Quelques chiffres Airbnb c’est aujourd’hui deux millions d’annonces dispersées dans 190 pays et dans plus de 34 000 villes. Parmi ses deux millions de logement disponibles dans le monde, Airbnb couvre une offre d’hébergements très diversifiée allant de l’économique au haut de gamme, passant du simple appartement aux hébergements insolites tels que villas, bateaux, châteaux, cabanes dans les arbres, cottages*, voire même des îles privées… 32 Après sa levée de fonds record l’été 2015, de 1,5 milliard de dollars, Airbnb continue d’accumuler les fonds des investisseurs. Le site de location de logements entre particuliers vient de conclure une levée de 100 millions de dollars1. La valorisation du groupe est actuellement à 25,5 milliards de dollars. Les fondateurs du site restent muets sur les chiffres mais selon le Wall Street Journal, Airbnb aurait réalisé 250 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2013, deux fois plus élevé que l’année précédente. Et la croissance s’accélère encore en 2014 pour atteindre un chiffre d’affaires de 900 millions de dollars en 2015. La plateforme compte 17 millions de membres qui confirment son énorme succès et atteint près de 20 millions de locations en 2014. Pour son bon fonctionnement, Airbnb emploie actuellement 1 500 salariés au total. 1.2) Airbnb France En seulement un an, Airbnb triple son offre notamment sur le marché français où il y connaît un vrai succès. La France se trouve d’ailleurs dans le top trois des marchés du groupe, c’est pourquoi Airbnb ouvre un bureau à Paris en 2012, avec à sa tête Nicolas FERRARY2. Paris est d’ailleurs la première destination mondiale devant New-York car les parisiens sont ceux qui utilisent le plus Airbnb pour leurs vacances. Si la clientèle française d’Airbnb est l’une des premières du site, n’oublions pas que la France est aussi la destination la plus en vue. En effet, selon Nicolas FERRARY, 3,9 millions de voyageurs sont venus en France entre Septembre 2014 et Août 2015, un chiffre qui risque de continuer à gonfler. Avec sa vingtaine de salariés, Airbnb France réalise un chiffre d'affaires de près de 5 millions d’euros3 en 2014. Un autre chiffre confirme le succès de l’entreprise collaborative à l’échelle mondiale : une réservation est faite toutes les deux secondes. Mais quels sont donc les profils de ceux qui réservent sur Airbnb ? 1 Le Figaro. En pleine croissance, Airbnb lève 100 millions de dollars. [En ligne]. Disponible sur www.lefigaro.fr/airbnb-leve100-millions-de-dollars.php. (Consulté le 19-02-2016) 2 Tourmag. Airbnb le site de locations entre particuliers monte en puissance en France. [En ligne]. Disponible sur www.tourmag.com/AirBnB. (Consulté le 10-11-2015). 3 Société. Airbnb France. [En ligne]. Disponible sur www.societe.com/societe/airbnb-france. (Consulté le 20-02-2016) 33 Chapitre 2. 2.1) Quels adeptes pour Airbnb Profil des nouveaux voyageurs Depuis sa création, Airbnb a permis à plus de 60 millions1 d’utilisateurs de voyager autrement. Parmi eux, ce sont des personnes de nationalité de plus de 175 pays montrant la puissance d’Airbnb à l’international. Au-delà de ces chiffres, il est important d’étudier quelles sont les attentes et le profil de ces voyageurs pour comprendre le succès de la plateforme collaborative. Voici une étude du profil des voyageurs américains dont les profils et les pratiques sont semblables à tous les autres clients d’Airbnb : - Ce sont des voyageurs jeunes avec de bons revenus, en général moins de 35 ans pour 50 % d’entre eux ; - des voyageurs actifs qui ne se limitent pas à la simple location d’appartements, ils aiment les activités annexes (visites, location de voiture…) ; - des adeptes des nouvelles technologies et des nouveaux moyens de réservation ; - une clientèle qui part plus souvent en vacances que la clientèle hôtelière et qui a une dépense globale plus élevée en général. Ce concept touche majoritairement une clientèle étrangère très adepte de ce type d’hébergement. Mais la France regroupe plus d’un million de voyageurs utilisant Airbnb et constitue une part importante sur sa clientèle globale. Parmi eux, sont présents des voyageurs adeptes de la consommation collaborative, notamment de la génération Y* à caractère spontané avec une majorité de femmes pour une moyenne d’âge globale de 35 ans. Un tiers d’entre eux réservent en France, et deux tiers réservent à l’étranger avec pour destinations principales les États-Unis, l’Espagne, et le Royaume-Uni. Ces voyages sont également l’occasion de vivre une expérience familiale : plus de la moitié des voyages est ainsi effectuée par des groupes de trois personnes ou plus. On remarque aussi qu’une fois qu’ils ont utilisé Airbnb, ils font appel au site à chaque fois qu’ils partent en vacances. Mais ce n’est pas qu’une clientèle « d’habitués », Airbnb attire aussi de nombreux nouveaux clients notamment grâce à son offre d’hébergements très large qui s’adapte à un grand nombre de personnes. 1 Airbnb. La confiance chez Airbnb. [En ligne]. Disponible sur https://www.Airbnb.fr/trust. (Consulté le 27-02-2016). 34 2.2) Critères de choix Les adeptes de cette plateforme collaborative revendiquent en premier lieu leur souhait de rencontrer de nouvelles personnes grâce à la mise en relation du site pour partager une expérience et une culture locale. Voyager seul ou entre amis pour vivre une expérience « comme à la maison » avec les mêmes équipements que chez soi est un critère important. La recherche d’un logement personnalisé avec un certain cachet, qui laisse parfois découvrir la culture d’une ville est aussi mise en avant par les clients d’Airbnb. C’est également un des critères qui le différencie d’un simple hôtel jugé parfois trop standard. Souvent bien situés, les logements Airbnb sont appréciés pour leur facilité d’accès ou leur proximité avec des commerces ou des lieux touristiques. La grande variété de logements fait la force d’Airbnb. En effet, ils permettent aux clients de partager une intimité et une liberté différente que dans les hôtels, qui sont moins flexibles pour les formalités où les horaires sont à respecter. Mais malgré ces valeurs désirées, c’est souvent le côté financier qui importe le plus dans le choix du client. Pour la plupart des consommateurs, la location d’un logement sur Airbnb est moins chère qu’une réservation dans un hôtel et offre plus de services. On entend souvent les clients d’Airbnb parler d’« un meilleur rapport Figure 5 – Les dépenses Airbnb et les dépenses en hôtellerie qualité prix ». Cependant, les clients ne prennent pas en compte la dépense globale du séjour mais seulement le prix de la location. Comme ils payent un logement moins cher qu’en hôtellerie traditionnelle, ils regardent moins leurs dépenses à côté qui sont alors plus importantes qu’en hôtellerie. D’ailleurs une étude menée par Airbnb1 le démontre ci-contre : Les maîtres mots du choix pour les vacances des clients Airbnb sont donc la personnalisation, le lien privilégié, facteur de cohésion sociale, l'aventure, l'authenticité de l'expérience et la rencontre. 1 Le Monde. Voyager via Airbnb, c’est bon pour l’économie. Disponible sur http://alternatives.blog.lemonde.fr/voyager-viaairbnb-cest-bon-pour-leconomie. (Consulté le 20-01-2016). 35 Chapitre 3. Évolutions de la plateforme Depuis sa création, Airbnb ne cesse de s’étendre. Dès 2009, Airbnb devient plus concurrentiel aux hôtels et offre plus de services qu’à son départ, rappelons-le, une nuit et petit déjeuner partagés avec les propriétaires. Sa croissance très rapide s’est traduite par différents changements de l’entreprise. Les premiers changements de la plateforme concernent le nom raccourci pour Airbnb et son logo. Le design du site devient primordial pour l’ergonomie du site qui est un des atouts principal d’Airbnb. 3.1) Airbnb diversifie ses services Ces changements d’Airbnb sont aussi traduits par l’acquisition de ses principaux concurrents comme Accoleo et Crash Padder entre 2011 et 20121. Ses acquisitions lui ont permis de s’étendre rapidement à l’international et d’ouvrir des bureaux dans 11 autres villes en dehors du siège social à San Francisco : Barcelone, Berlin, Copenhague, Dublin, Londres, Paris, Moscou, São Paulo, Singapour et Sydney. De plus, avec le rachat de NabeWise en 2012, un guide touristique, Airbnb étend son offre à des recommandations touristiques locales pour les voyageurs. Désormais, Airbnb c’est : dormir, manger, visiter, se renseigner. Une application mobile Airbnb, lancée en 2014, répond à une flexibilité et une ergonomie d’utilisation encore plus importante. Aussi, afin de toucher une clientèle plus large, Airbnb décide de s’attaquer à un segment de clientèle essentiel de l’hôtellerie, la clientèle affaires avec le développement d’une plateforme qui lui est dédiée. 3.2) Airbnb Business Travel Airbnb, leader de la location entre particuliers, s'intéresse désormais au monde des affaires, enjeu clé pour détourner la cible capitale des hôtels traditionnels qui constitue un marché vital pour se développer. Après avoir conquis le marché loisirs, la plateforme « Airbnb business travel » créée en 2014 propose une multitude d'outils à destination des sociétés comme le suivi des déplacements des salariés, la localisation, des prix abordables… 1 Wikipédia. Airbnb. [En ligne]. Disponible sur https://fr.wikipedia.org/Airbnb. (Consulté le 10-11-2015). 36 Comment cela fonctionne ? Des annonces déjà mises en ligne sur la plateforme Airbnb pour particuliers sont sélectionnées automatiquement en fonction de certains critères, comme la présence de Wi-Fi, la notoriété, la réactivité du propriétaire… Cette plateforme propose donc une interface ergonomique et les services proposés séduisent de plus en plus les directeurs d'entreprises qui peuvent faire des économies. Parmi les quelques centaines d'entreprises ayant franchi le pas, on compte de grandes entreprises comme Google ou TBWA1. Des chiffres inquiétants pour l'hôtellerie : Aujourd'hui, 31 %2 des « travel managers » estiment que l'économie collaborative est une tendance importante à prendre en considération. Aussi, près de 10 % des réservations passées sur le site Airbnb ont un caractère professionnel que ce soit en France ou dans le monde selon les données d'Airbnb. La fidélisation est de plus en plus importante, plus de la moitié des professionnels ayant utilisés Airbnb Business réitèrent l'expérience. Cependant pour certaines entreprises, ce concept peut poser des problèmes de sécurité, d'hétérogénéité de l'offre et de réactivité. Il serait difficile de loger 100 personnes au même endroit via Airbnb ainsi que de bénéficier de salles de séminaire totalement équipées. Airbnb reste donc le plus souvent une solution alternative quand la capacité hôtelière n'est pas suffisante. Mais l'évolution de cette plateforme reste prometteuse. Maintenant que nous avons étudié les profils de la clientèle d’Airbnb, nous allons nous placer du côté du propriétaire qui loue son appartement sur Airbnb, en nous focalisant sur les réglementations en vigueur en France qui régissent la plateforme et la location de courte durée. 1 2 TBWA : réseau publicitaire appartenant à Omnicom Group, second groupe mondial de communication. Selon une étude de la CWT 37 Chapitre 4. Cadre légal en France Si les locations d’Airbnb sont complètement légales en Hollande ou en Allemagne, ce n'est pas le cas partout sur la planète. Les mairies du monde entier tentent aujourd'hui d'endiguer le phénomène en adaptant leur législation. Nous nous intéresserons particulièrement au cas de la France notamment dans la ville de Paris où les logements loués sur Airbnb occupent une place importante et peuvent poser quelques problèmes. Tout d’abord, avant de louer son appartement, il est nécessaire pour le propriétaire de connaître les lois par rapport à la location de courte durée. Voici une mise au point sur les lois qui régissent la France concernant ce type de locations présentées en Annexe F p.79. 4.1) Location de résidence principale En premier lieu, il est interdit en France de louer ou de sous-louer une pièce d'habitation dont la surface ne dépasse pas neuf mètres carrés sauf avec l’accord des deux parties. Ensuite, il est nécessaire de distinguer deux types de situations : - Si le logement est à la fois la résidence principale et la propriété de l’occupant : il peut louer son bien occasionnellement, sans avoir à demander l’autorisation dans les mairies1. La location occasionnelle d’une résidence principale est donc parfaitement légale dans ces conditions. - Si le logement est la résidence principale de l’occupant mais qu’il n’est pas le propriétaire du logement : La location à une tierce personne, sans demander l’accord du propriétaire, est considérée comme une sous-location, interdite en France et donc condamnable. Les propriétaires ont donc le droit de louer leur résidence principale sans contraintes jusqu’à quatre mois par an. Pour les propriétaires qui louent leur appartement pendant leur absence, ce type de location est qualifiée de location saisonnière et ne doit pas excédée 90 jours consécutifs dans l’année2, soit le temps d’une saison. 1 Article L. 631-7 du Code de la construction et de l'habitation (CCH) Loi 70-9 du 2 janvier 1970, art. 1-1, réglementant les conditions d'exercice des activités relatives à certaines opérations portant sur les immeubles et les fonds de commerce 2 38 4.2) Location de résidence secondaire Pour le cas des résidences secondaires, situées en ville, on estime que le logement a un usage commercial, alors l’autorisation de la mairie est nécessaire. Si le propriétaire décide de louer son logement tout au long de l’année de façon répétée, Airbnb précise : « Si votre bien entre actuellement dans la catégorie des locaux destinés à l’habitation, le fait de le louer de manière répétée pour de courtes durées à une clientèle de passage qui n’y élit pas domicile constitue un changement d’usage soumis à une autorisation préalable de la mairie. » Ainsi, si une résidence secondaire est louée tout au long de l'année à une clientèle de passage, elle doit être requalifiée en meublé touristique dont le changement d’usage doit être demandé à la mairie. De ce fait, les propriétaires sont soumis à une amende pouvant aller jusqu’à 25 000 euros s’ils ne respectent pas cette obligation. Aussi, le propriétaire ne doit pas louer plus de cinq chambres et accueillir plus de 15 personnes, sinon il doit se déclarer comme chambre d’hôtes et bénéficier des règles applicables pour cette activité. Nombre d’utilisateurs d’Airbnb ne s’inquiètent pas de déclarer les revenus issus de la location. Pourtant, c’est obligatoire. Pour les propriétaires, d’après maître BRAVARD, avocat à Lyon : « La location d’une résidence secondaire est déclarée en micro-BIC (bénéfice industriel et commercial) ou BIC régime réel. » 4.3) Un appartement Airbnb à quel prix ? C’est avec l’aide d’Airbnb que les propriétaires fixent le prix de la location du logement. Il dépend bien sûr de l’hébergement en question et peut parfois varier de quelques euros selon la saisonnalité et selon la ville où il se situe. Mais les propriétaires doivent connaître certaines règles avant de fixer les prix. Si Airbnb peut-être vite rentable pour le propriétaire, le prix du loyer ne peut pas être fixé selon son bon vouloir. En effet, « Le montant du loyer au mètre carré de surface habitable appliqué au sous-locataire ne peut excéder celui payé par le locataire principal. »1 1 Article 8 de la loi du 6 juillet 1989. 39 À savoir, Airbnb se rémunère grâce à ses frais de réservations : 3 % de commission pour le loueur et entre 6 % à 12 % pour les voyageurs. Un appartement affiché à 100 euros la nuit, coûte en réalité 112 euros au locataire et ne rapporte que 97 euros au propriétaire, le site empochant les 15 euros de différence. 4.4) En cas de problèmes ? Les différents problèmes de règlementation et de régulation d’Airbnb apportent aussi des risques d’arnaques du côté des locataires ou des dommages du côté des propriétaires. Suite à de nombreux saccages parvenus notamment à New York où des propriétaires ont retrouvé leur maison totalement ravagée, Airbnb a mis en place un système d’assurance qui s’élève à un million de dollars. Elle permet d’indemniser les propriétaires en cas de dégâts causés par les locataires, mais aussi pour couvrir les différentes arnaques dont peuvent être victimes les futurs locataires. Allant de la surprise du locataire arrivant qui découvre son logement différent de celui présenté sur l’annonce, à de fausses annonces autrement appelées « phishing* », de nombreuses arnaques subviennent encore malgré ce qu’Airbnb a pu instaurer pour les limiter. Ces fausses annonces demandent souvent un paiement en avance en dehors de la plateforme Airbnb. Pour cela, Airbnb alerte ses utilisateurs en les informant d’éviter toutes communications en dehors du site et de vérifier les commentaires laissés sur les profils en question pour déceler ces arnaques. 4.5) Les propriétaires exonérés de la taxe de séjour ? Suite à l’augmentation constante du nombre de locations saisonnières, qui ont désormais pris le pas sur la location longue durée classique, le parc locatif à titre d’habitation principale s’est restreint. Airbnb est alors accusé d’affaiblir l’offre locative longue durée. De nombreuses villes sont amenées à faire des contrôles plus fréquents pour réguler le phénomène, notamment à Paris où il y aurait 20 000 à 40 000 appartements dédiés aux locations touristiques. Ainsi, conformément à la loi de finance 2015 et au vote du Conseil de Paris, Airbnb devra désormais collecter la taxe de séjour pour ses hôtes parisiens. 40 « C’est une mesure d’équité. Les particuliers qui utilisent cette offre d’hébergement, complémentaire de celle du secteur hôtelier, sont soumis aux mêmes dispositifs que les professionnels », souligne Bruno JULLIARD, premier adjoint à la mairie de Paris.1 De plus, si le logement se situe dans une commune touristique, sur le littoral ou en montagne, une taxe de séjour est à reverser auprès de la commune. Au-delà d’une surface habitable amoindrie par l’essor des locations saisonnières, le problème de la sous-location est aussi très présent. D’ailleurs notons bien que de plus en plus de propriétaires voire de locataires font de leur activité sur Airbnb une activité à plein temps rémunérée exclusivement par la location touristique, au plus grand mécontentement des professionnels de l’hôtellerie qui les accusent de ne pas tenir compte des lois établies pour exercer cette activité. 1 Business Traveler France. Location via Airbnb, légale ou interdite ? [En ligne]. Disponible sur businesstravel.fr. (Consulté le 28-02-2016) 41 Chapitre 5. Les impacts d’Airbnb sur l’hôtellerie traditionnelle Airbnb s’impose leader mondial de l’hôtellerie mais sans hôtels. Depuis ses débuts en 2008 et suite aux nombreux changements de la plateforme, le concept de base qui est le partage de culture et la recherche d’économie, se voit modifier au profit de faire du bénéfice : plus de services, des séjours plus longs pour concurrencer davantage les hôtels et moins de partage dénoncé par certains utilisateurs. Longtemps considéré comme marginal et touchant une clientèle distincte de celle des hôtels, Airbnb est désormais dans le collimateur des professionnels de l’hôtellerie qui dénoncent les propriétaires d’avoir une utilisation frauduleuse de la plateforme et de leur faire une « concurrence déloyale ». En quoi Airbnb est considéré comme un concurrent à l’hôtellerie ? 5.1) Airbnb contre Hôtellerie traditionnelle : les chiffres Pour comprendre en quoi Airbnb est un phénomène qui inquiète les grandes chaînes hôtelières, voici quelques chiffres pour illustrer l’ampleur que prend la plateforme collaborative face aux hôteliers. En sept ans, « l'hôtelier sans hôtels » a réussi à aligner plus d’endroits où dormir (deux millions d’annonces) que ses rivaux directs comme HomeAway, mais surtout que des chaînes hôtelières centenaires comme InterContinental avec ses 710 295 chambres, Marriott et ses 701 899 chambres et AccorHotels avec ses 482 296 chambres1. Autre chiffre marquant, celui de sa valorisation en bourse : 23 milliards d’euros contre les 10,6 milliards d’euros d’AccorHotels. Au-delà de ces chiffres, c’est plutôt l’évolution du concept d’Airbnb et la tournure qu’il prend qui inquiète les grandes chaînes hôtelières. 1 Capital. Airbnb : le triomphe de l'hôtelier sans hôtels. [En ligne]. Disponible sur www.capital.fr/Airbnb. (Consulté le 28-022016) 42 5.2) Une concurrence déloyale ? Invité du Grand témoin pour Le Figaro, Sébastien BAZIN, PDG1 d’AccorHotels, explique dans une interview, comment il réplique aux nouvelles formes de concurrence telles qu’Airbnb. En effet, il y trouve un bon stimulant pour se développer et respecte tout à fait le concept de base. Mais selon lui « derrière les annonces, on trouve (souvent) des marchands de biens, pas de l'économie collaborative ! ». C’est en ce sens qu’Airbnb est accusé de faire du « business » et non une économie de partage. Il est facile de l’illustrer aujourd'hui. En effet, nombreux sont les propriétaires qui profitent du système d’Airbnb pour gagner plus d’argent grâce aux locations saisonnières qu’ils pratiquent régulièrement, qui sont bien plus rémunératrice que la location classique longue durée. Ainsi, près de 19,6 % des propriétaires parisiens2 possèdent plusieurs appartements sur la plateforme qu’ils dédient à la location saisonnière. Leurs revenus peuvent ainsi facilement dépasser les 1 500 euros par mois avec un appartement pouvant atteindre la centaine d'euros à Paris selon une moyenne de 213 jours par an. Autre fait notable, 40 % des logements Airbnb sont loués plus de quatre mois par an. Ces propriétaires transgressent donc la loi et ne déclarent pas toujours leurs revenus correctement, ce qui a le don d’agacer l’UMIH, principale organisation patronale de l’hôtellerie-restauration. Seule la sous-location en France est exonérée d’imposition. Peu de propriétaires se soumettent véritablement au régime adéquat selon leur activité et leur chiffre d’affaires annuel, chiffre auquel il faut faire attention pour se déclarer conformément aux lois. De plus, ces « multipropriétaires » vont à l’encontre d’une recherche d’expérience unique partagée dans un logement typiquement local prônée par Airbnb, puisqu’ils sont rarement présents et disponibles pour les voyageurs à cause de leur activité à plein temps. Ces propriétaires-là remettent donc en cause des principes ancrés comme le fait de considérer son logement comme un endroit absolument privé et intime. Selon l’UMIH, les chiffres impliquant Airbnb dans le phénomène sont : - les 20 % de multipropriétaires représentent un tiers du chiffre d’affaires d’Airbnb ; 1 PDG : Président Directeur Général Les Echos. A Paris, 20% des hôtes Airbnb gèrent plusieurs annonces. [En ligne]. Disponible sur www.lesechos.fr/hotesAirbnb.htm. (Consulté le 29-02-2016). 2 43 - 20 % des offres générant plus de 1 500 euros par mois représentent 75 % du chiffre d’affaires d’Airbnb ; - et 35 % des offres Airbnb sont disponibles plus de quatre mois par an et constituent 74 % de son chiffre d’affaires.1 Toutes ces études ont pu être menées grâce à Murray COX, un photojournaliste australien à l’origine du site « Inside Airbnb2 » qui montre au grand jour toutes les données sur les annonces d’Airbnb, dans les plus grandes villes du monde. La cartographie de Inside Airbnb sur Paris, présentée en Annexe G p.80, nous permet de connaître le nom du propriétaire, le type de logement qu’il loue, s’il a d’autre location sur Airbnb, ses revenus par mois… Des informations qui donnent de la transparence sur Airbnb qui le dénonce ainsi : « La récupération de données sur notre site, comme utilisée dans ce cas, s’appuie sur des informations inexactes pour faire des suppositions erronées sur notre communauté. » 5.3) « Airbnb, de l'ado rebelle à l'acteur du territoire responsable3 » Si à ses débuts Airbnb s’est clairement annoncé comme concurrent direct de l’hôtellerie traditionnelle, aujourd’hui l’acteur principal de l’économie de partage montre plus de conciliation. Effectivement, en plus de faciliter le quotidien, ces entreprises mettent en avant le levier de croissance qu'elles représentent pour les territoires. Airbnb estime par exemple qu'il valorise des quartiers non-touristiques car 70 % des locations Airbnb se situeraient hors des zones d'hôtels pour Paris, comme le confirme l’Annexe H p.81. Concernant des régions plus reculées « touristiquement », Airbnb est un acteur important dans leur développement. Aussi, la plateforme se vante en rapportant des chiffres communicatifs pour les territoires en question : l'impact économique d’Airbnb sur l'économie française s'élève à 2,5 milliards d'euros sur un an. Ce chiffre prend en compte les retombées économiques directes, avec l'argent gagné par les hôtes, et indirectes, qui correspondent aux dépenses faites durant le séjour. C’est d’ailleurs prouvé, les touristes dépensent plus sur la globalité du séjour quand ils prennent un logement Airbnb comparé en hôtellerie, et font marcher les petits commerces dans des zones moins touristiques. 1 Chiffres disponibles sur www.lesechos.fr/hotes-Airbnb.htm. Disponible sur http://insideAirbnb.com/. 3 Groupe Chronos. Start-up collaboratives vs municipalités: le choc des cultures. [En ligne]. Disponible sur www.groupechronos.orgstart-up-collaboratives-vs-municipalite. Consulté le 29-02-2016. 2 44 Toujours à Paris qui concentre 70 % des offres Airbnb France, les revenus générés par Airbnb permettent aux propriétaires d’améliorer leur pouvoir d’achat pour 46 %1 d’entre eux. Selon une enquête menée sur 638 hôtes Airbnb parisiens ayant hébergé des voyageurs entre mai et 2012 et avril 2013, ces revenus s’élèvent à 297 euros et la réparation de ces revenus se fait selon l’image ci-dessous : Figure 6 – Répartition des revenus Airbnb pour les hôtes 1 Étude Airbnb. L'impact économique à Paris et dans ses quartiers, 2013. 45 Depuis son énorme succès dans le monde entier, Airbnb a su diversifier son offre pour s’affirmer leader de l’hôtellerie et premier concurrent de l’hôtellerie traditionnelle. Mais pas toujours de façon très légale. Effectivement, à ses débuts, Airbnb a pu réussir à passer au travers des filets des autorités et des règlementations établies. Aujourd’hui le principal acteur de l’économie collaborative souhaite cohabiter avec le secteur de l’hôtellerie en se pliant davantage aux règles pour atténuer le mécontentement des professionnels. Aujourd'hui, Airbnb est bel et bien un acteur important dans l’économie d’un pays car il est générateur de flux très importants. Pour mieux comprendre Airbnb au-delà des documents récoltés, nous avons pris l’initiative d’interroger des acteurs concernés par le phénomène. Ainsi, nous nous sommes intéressés à trois points de vue différents pour aborder toutes les facettes d’Airbnb. C’est par le biais d’entretiens avec des professionnels de l’hôtellerie, des clients d’Airbnb et de l’hôtellerie et enfin des propriétaires qui louent sur Airbnb, qu’on a pu déceler les clés du fonctionnement du site. Ceci nous a ensuite conduit à l’élaboration de recommandations pour les professionnels relatives à ce phénomène. 46 PARTIE 3. IMMERSION AU CŒUR DE L’ÉTUDE DU POINT DE VUE DES ACTEURS PARTIE 3. IMMERSION AU CŒUR DE L’ÉTUDE DU POINT DE VUE DES ACTEURS A fin de mieux comprendre et mesurer l'ampleur du phénomène Airbnb vis-à-vis de l'hôtellerie traditionnelle, nous avons réalisé des études terrain sous trois angles de recherche. Pour donner du sens à notre étude, nous sommes allés à la rencontre de chacun des acteurs entrants en compte dans notre problématique, comme les consommateurs qui réservent dans les hôtels ou via Airbnb, parfois les deux. Nous sommes également partis à la rencontre de professionnels de l'hôtellerie et de non-professionnels qui sont pour nous les propriétaires louant une chambre ou un appartement sur la plateforme Airbnb. C'est donc ces trois axes qui nous ont aidés à finaliser notre projet et permis de recueillir un nombre important et pertinent d’observations, analyses et expériences, et cela à travers des études qualitatives de plusieurs natures. Par cette méthodologie nous avons voulu voir, recueillir des réactions pour répondre à nos interrogations. Nous expliciterons pour cela dans un premier temps notre méthodologie d’étude qui nous a servi pour mener nos entretiens. Puis, afin d’approfondir les hypothèses qui constituent notre sujet de recherche, nous exploiterons les résultats des entretiens réalisés, dans le but de les analyser et de les synthétiser. Dans un dernier temps nous présenterons nos préconisations et recommandations pour l'avenir de l'hôtellerie traditionnelle face aux évolutions du marché touristique et notamment face au mouvement Airbnb. 48 Figure 7 – Notre démarche depuis le commencement du projet RECUEIL DES DONNÉES Consultation de différentes sources d'information : - Presse : actualité très mouvementée. Création d'alertes mail - Web : Sites institutionnels (UMIH, INSEE), sites professionnels. TRAITEMENT DES DONNÉES ANALYSES ET CONCLUSIONS DE NOS RECHERCHES Collecte d'informations pertinentes à travers différentes sources Confirmation ou infirmation de nos hypothèses Identification d'une problématique - Documents papiers : livres économiques et périodiques spécialisés en hôtellerie restauration - Télévision : émissions économiques, reportages sur Airbnb Consultation des personnes concernées par notre sujet : Formulation d'hypothèses Rédaction de notre rapport Retranscription des entretiens Conclusion générale - Professionnels exerçants ou ayant exercés dans l'hôtellerie - Propriétaires louants sur la plateforme Airbnb Grille d'analyse des entretiens - Consommateurs 49 Chapitre 1. Préparations préliminaires à l’élaboration du projet 1.1) 50 mini-interviews Une première approche nous a amenés à nous placer du côté des consommateurs. Nous avons voulu mesurer l'impact et la notoriété d'Airbnb auprès de consommateurs de tout âge dans la rue. Cela nous a aussi permis d'identifier certains profils de clientèle touchés par Airbnb. Nous avons déterminé des questions simples : Connaissez-vous Airbnb ? C'est quoi pour vous ? L'avez-vous déjà utilisé ? Envisagez-vous de l'utiliser dans l'avenir ? (Pour ceux qui n’avaient jamais essayé) Nous en avons conclu que le concept est bien connu des personnes interrogées à hauteur de sept personnes sur dix. La plupart des personnes ne connaissant pas le concept font partie de la catégorie séniors ou de lycéens de moins de 20 ans. Dans leur vision du concept d’Airbnb, la majorité des personnes font toujours un rapport vis-à-vis de l’hôtellerie, soit en faisant référence à une concurrence, ou bien en comparant une notion de confort, soit par rapport aux prix ou aux systèmes de réservation proposés. Nous avons pu regrouper les mots ou expressions qui reviennent souvent sous forme de thèmes qui sont les suivants : la notion de location, de logement en tout genre de particulier à particulier, la notion de prix moins élevés qu’en hôtellerie, la notion d’ergonomie liée à internet, la notion de relations entre particuliers, et la notion d’économie collaborative. L'analyse de ces mini-interviews est présentée dans l'Annexe J p.90. Les résultats de ces mini-interviews dans la rue nous ont permis d'accorder une évidence à certains thèmes que nous n'avions pas considérés. Nous nous sommes donc servis de ces réponses pour étudier de nouvelles pistes de recherche et pour améliorer notre guide d'entretien. 50 1.2) Interrogations et hypothèses soulevées À travers notre sujet d'étude et notre problématique « Comment l'hôtellerie envisage son évolution face aux changements futurs pour répondre à la concurrence que provoque Airbnb ? », nous avons mis en évidence un certain nombre d'hypothèses que nous avons confrontées avec nos différents axes de recherches : consommateurs, professionnels, propriétaires. Celles-ci ont été les points d'appui de notre développement et de notre conclusion. Elles seront ainsi validées ou non dans notre confrontation avec notre étude terrain et notre étude bibliographique. Hypothèse 1 -> Le principal critère de choix des clients Airbnb est le prix. À travers cette hypothèse, nous avons voulu vérifier ou non l'ampleur du phénomène Airbnb aujourd'hui dû à leur politique de prix moins cher que la politique de prix hôtelière. Celui-ci serait donc le principal critère de choix de ces consommateurs qui ferait de l'aspect social lié à la rencontre d'une culture et de l'hôte un élément secondaire. Hypothèse 2 -> Les nouvelles technologies sont très importantes pour les clients dans le choix de leur hébergement. Cette hypothèse nous a amené à nous interroger sur le développement très important des nouvelles technologies et de communication ces dernières années. Elles pourraient être l'origine de la création de nouveaux besoins des consommateurs dans leur manière de vivre une expérience à travers leurs voyages. Hypothèse 3 -> L'offre Airbnb est une offre complémentaire de celle proposée en hôtellerie traditionnelle et ne pose donc pas de réelle concurrence. Ici, nous avons voulu comparer les services proposés par Airbnb et les services proposés par l'hôtellerie traditionnelle afin de savoir s'ils étaient comparables de manière quantitative et qualitative et donc en concurrence. 51 Hypothèse 4 -> L'évolution de l'économie collaborative à largement contribuée à l'explosion du mouvement Airbnb. L'économie collaborative a-t-elle accompagné le développement d'une économie collaborative dans l'hébergement ? La plateforme Airbnb trouve-t-elle vraiment sa place dans une telle économie avec son ampleur aujourd'hui ? Ce sont les questions auxquelles nous avons essayées d'obtenir des réponses. Hypothèse 5 -> Les profils de clientèle touchés par Airbnb sont différents de ceux touchés par l'hôtellerie traditionnelle. La plateforme Airbnb crée-t-elle une nouvelle demande de clients grâce à ses prix qui permettent dans une certaine mesure une démocratisation du voyage ? Ou bien répond-t-elle à une demande déjà présente sur le marché de l'hôtellerie traditionnelle ? 52 Chapitre 2. Sur le terrain Nous avons privilégié la collecte de données qualitatives par le biais d’entretiens semi-directifs et d'une réunion de groupe basés sur nos hypothèses. Notre étude sur le terrain nous a permis de trouver des informations pertinentes sur l'offre et la demande d'aujourd'hui. Nous avons décidé de nous limiter à l'hôtellerie traditionnelle et pas aux autres formes comme les maisons d'hôtes, des formes participatives comme le couch surfing car nous pensons que l'impact d’Airbnb peut se ressentir principalement sur cette forme d'hébergement traditionnel. Pour mener nos études qualitatives avec les différents acteurs concernés par le phénomène, nous avons établi un guide d’entretien adapté en fonction de la personne interrogée. Trois guides spécifiques ont été construits afin de pouvoir recueillir un maximum d'informations sous les différents angles choisis. Nous avons donc réalisé un focus group ainsi que des entretiens semi-directifs. Ceux-ci ont été très enrichissants d'un point de vue personnel mais surtout d'un point de vue professionnel car nous avons pu ouvrir nos esprits à différentes expériences et remettre en question des informations que l'on pensait vraies au départ de notre projet. Nous avons choisi d'interroger des profils différents à chaque fois qui seront détaillés ci-après. 2.1) Airbnb et l'hôtellerie vus par les consommateurs : focus group Celui-ci s'est déroulé dans les locaux de l'ISTHIA à Toulouse, avec des étudiants en licence professionnelle et a duré environ une heure. Voici les profils des consommateurs interrogés : Date : Février 2016 Personne n°1 Sexe Parcours professionnel Féminin Modes d'hébergement Airbnb Personne n°2 Féminin Airbnb, hôtellerie Hôtellerie, Restauration Personne n°3 Masculin Hôtellerie, Restauration Personne n°4 Masculin Personne n°5 Féminin Personne n°6 Féminin Hôtellerie économique Airbnb, hôtellerie économique Hôtellerie économique Hôtellerie milieu de gamme Hôtellerie, Restauration Hôtellerie, Restauration Hôtellerie, Restauration Tourisme, Ressources Humaines 53 La réunion de groupe avec ces consommateurs s'est déroulée à travers plusieurs étapes de la façon suivante : Début du focus : Il s'agit là du rappel de notre sujet d'étude et de son objectif. Phase de mise en confiance des personnes interrogées. Leur image d'Airbnb : Phase d'introduction pour cibler de façon générale le sujet de l'étude. Cette étape nous a permis de connaître la notoriété d'Airbnb auprès des consommateurs. Leurs habitudes de consommation : Étape qui a pour but de connaître leurs attentes et les raisons qui les poussent à choisir un mode d'hébergement plutôt qu'un autre. Au sein de cette étape, des questions ont donc été posées en faisant référence à l'aspect financier, à l'aspect social et humain. Analyse de leurs expériences : Étape ayant pour but de recueillir leurs différentes impressions à tour de rôle qu'elles soient positives ou négatives. Elles nous ont aussi permis de voir si l'aspect humain et social, que ça soit par la communauté Airbnb ou par le contact avec un hôtelier, est un élément important. Concurrence entre les deux modes d'hébergement : Cette partie a permis de recueillir leur vision sur la concurrence que fait Airbnb à l'hôtellerie, et de comprendre les axes sur lesquels les hôteliers doivent travailler. 2.2) Du point de vue des professionnels de l’hôtellerie La durée moyenne de nos entretiens a été d'environ une heure pour chacun ce qui nous a permis de répondre à nos interrogations. Voici les profils des professionnels interrogés : Date entretien Profession 13-01-2016 (Ci-joint sur CD) Directeur de restaurant, anciennement directeur d'hôtel Chargé d'exploitation et développement d'une Holding spécialisé dans le rachat d'hôtels Président de « Hôtels de Charme et de Caractère » et Intervenant en Master Hôtellerie Restauration 7-03-2016 (Annexe N p.95) 8-03-2016 (Annexe O p.106) Secteur professionnel Hôtellerie, Restauration Hôtellerie Lieu d'exercice de la profession Haute-Garonne Hôtellerie France et international Région SudOuest 54 Les entretiens semi-directifs avec ces professionnels se sont déroulés à travers les étapes suivantes : Début de l'entretien : Rappel de notre sujet d'étude et phase de mise en confiance. La numérisation : Impact des nouvelles technologies dans le choix des clients. Airbnb en général : Il s'agissait là de mettre en évidence si Airbnb exerce réellement une concurrence et de quelle manière, l'origine de leur réussite mais aussi des éventuelles réactions ou inquiétudes. Nouvelle cible d'Airbnb, la clientèle affaires : Cette étape consistait à savoir si le professionnel connaissait la plateforme qui est dédiée à cette clientèle. L'hôtellerie de demain : Comment le professionnel voit-il l'avenir de l'hôtellerie traditionnelle ? Quelles sont les actions à venir pour satisfaire les nouveaux besoins de la clientèle ? 2.3) Du point de vue des propriétaires La durée moyenne de nos entretiens a été d'environ une heure pour chacun, dans des lieux choisis à la convenance des personnes interrogées, souvent dans des cafés. Les profils de ces propriétaires étaient différents comme vous pourrez le constater dans le tableau ci-dessous. Certains avaient une utilisation régulière, d’autres une utilisation occasionnelle qui est le principe de base d’Airbnb. Date entretien Thierry 13-01-2016 (Ci-joint sur CD) Elvire 19-01-2016 (Annexe P p.122) Lucie 22-02-2016 (Annexe Q p.136) Fréquence Profession Membre de depuis location Tout le Ingénieur dans Mai 2015 temps l'environnement Parfois Milieu médical Novembre 2012 Tout le temps Responsable communication Ne se souvient pas, Super host Lieu du logement Voyageur sur Airbnb ? Deux à Toulouse Oui (centre-ville et proche de la gare Matabiau) Un à Toulouse Oui Un à Marseille Oui 55 Les entretiens semi-directifs avec ces propriétaires se sont déroulés à travers les étapes suivantes : Début de l'entretien : Rappel de l'objectif de notre étude. Phase de mise en confiance. Questions relatives à la connaissance de la plateforme d'Airbnb. Raisons d'utilisation : À travers ce thème, nous avons voulu connaître les raisons de l'adhésion à la plateforme de ces propriétaires, sur une question de durée mais aussi les différents buts recherchés dans la location dans un premier temps, puis en tant que client. Offre et services : Il s'agissait ici d'obtenir leur vision sur la différence entre l'offre hôtelière et celle proposée par Airbnb. Aussi, nous avions besoin de connaître leur degré de confiance vis-à-vis de la plateforme et l'importance de l'appartenance à une communauté d'utilisateurs. Politiques : Par cette étape, il nous semblait important de savoir comment les prix des locations sont déterminés et si la réglementation existante est bien connue des différents propriétaires qui louent à plein temps. Consommation collaborative : Nous ressentions le besoin d'établir un lien entre leur mode de vie et la pratique de la location via Airbnb. Pour cela nous devions identifier s'ils étaient adeptes de la consommation collaborative dans leur vie de tous les jours. Points négatifs ou à améliorer : Pour finir, il semblait important de se préoccuper des leviers d'amélioration possibles pour Airbnb et les éventuels problèmes survenus lors de locations avec les différentes garanties que propose Airbnb afin d'évaluer leur couverture. 56 Chapitre 3. Résultats et réflexions autour des entretiens Nous avons analysé les entretiens de façon à croiser les idées principales en fonction des thèmes qui ressortent le plus. Pour conclure sur l'étude terrain que nous avons menée avec grande attention, nous avons pu mettre en évidence, au-delà des différents discours des personnes concernées par notre projet, des conclusions sous nos trois angles de recherche. 3.1) Selon les consommateurs De par leurs expériences, nous avons d'abord mis en avant que le concept Airbnb est connu de tous les participants avec une image majoritairement positive. Nous avons choisi d'établir des conclusions de façon séparée entre clients d’hôtels et clients d’Airbnb. (Voir Annexe U p.182) Pour les clients Airbnb Leur mode de vie s’établit dans leur façon dont ils utilisent Airbnb car ils sont aussi adeptes dans leur consommation de tous les jours de d’autres domaines de l’économie collaborative notamment avec Blablacar. Les raisons pour lesquelles ces consommateurs font le choix d'utiliser Airbnb sont aussi relatives à l'esprit d'appartenir à une communauté dans une moindre mesure ; mais aussi dû aux prix pratiqués, qu'ils considèrent très largement inférieurs à ceux pratiqués en hôtellerie. L’ergonomie du site internet, la possibilité d'autonomie dans la prise de repas et les offres d'hébergement aussi variées que possibles semblent être les clés de réussite d’Airbnb. Airbnb ouvre la voie pour vivre une expérience plus immergée. Aussi, ils pensent que le concept est exclu d'un modèle collaboratif et s’inscrit plus comme une société capitaliste, bien que l'esprit de communauté reste important. De plus, ils soulignent à plusieurs reprises la standardisation des hôtels qui serait aussi à l'origine de la préférence pour Airbnb. La notion de confiance semble importante puisque la plateforme ne fonctionne qu'à travers des avis laissés et des expériences partagées entre utilisateurs. On peut également souligner à travers leurs discours, quelques mauvaises expériences minoritaires liées à la location d'un appartement souvent dû à l'accueil ou aux conditions d'hygiène du logement à leur arrivée, ce qui peut remettre en question la confiance utilisateurs-propriétaires. 57 Pour les clients hôteliers Les non-utilisateurs d’Airbnb ne sont pas confiants vis-à-vis du concept basé uniquement sur la confiance entre utilisateurs et des services proposés par Airbnb. Ces consommateurs choisissent en majorité un hébergement économique. Ils regrettent le manque de relation avec la même personne du début à la fin de leur séjour et le manque de personnalisation dans le sens où la relation peut sembler trop professionnelle suivant des standards. Cependant ils apprécient la transparence totale sur le produit qu'ils achètent à l’aide des multiples informations disponibles sur le net. Le sentiment de rassurance est donc au maximum en général et ils savent qu'en cas de problème une personne interviendra rapidement. C'est aussi ce qui peut les freiner à utiliser Airbnb en partie car en cas de problèmes, le propriétaire n’est pas forcément disponible pendant leur séjour. De plus, ils trouvent en majorité que le prix d'une chambre d'hôtel est justifié par la qualité de la prestation et des services annexes à celle-ci et par rapport aux charges qu'un hôtel doit supporter. Mais une minorité trouve qu'un hôtel de catégorie économique a un rapport qualité-prix insuffisant. Pour certains d'entre eux, la personnalisation est un élément parfois déterminant dans le choix d'un hôtel ainsi que les services qu’Airbnb ne peut pas proposer tels qu'un espace spa, une salle de sport. D'une manière générale, les clients Airbnb dépensent plus dans la globalité de leur séjour que les clients hôteliers. Ces consommateurs trouvent qu'Airbnb permet de démocratiser la manière de voyager et créer une nouvelle demande pour les personnes qui n'ont pas beaucoup de moyens. Ainsi, la principale critique faite à Airbnb des deux côtés des clients, est le manque de contact avec le propriétaire avant le séjour, il y a une incertitude dans le produit acheté. En revanche, selon le groupe, Airbnb est moins cher et offre plus de choix que les hôtels. Néanmoins, ils trouvent que cela reste moins performant en termes de qualité de service. Selon eux, la concurrence n’est pas vraiment existante, car les produits proposés ne sont pas équivalents. Ils espèrent une adaptation des hôteliers, l’offre est perçue comme vieillissante et en manque de personnalisation. 58 3.2) Selon les hôteliers Les professionnels interrogés sont d’accord sur l’importance des nouvelles technologies dans le secteur à l’heure actuelle même si cela représente un coût important, internet étant le principal intermédiaire de réservation. Concernant Airbnb, les avis sont très mitigés, mais ils établissent une comparaison avec le concept des chambres d’hôtes et à la bataille pour légiférer cette activité quelques années plus tôt. Nous pouvons constater qu'au début Airbnb a été considéré comme un énième produit d'hébergement comme les maisons d'hôtes ou auberges de jeunesse et n'a pas véritablement remis en question les hôteliers. Pour ces professionnels, Airbnb est non seulement aussi cher que les hôtels mais aussi contraint par aucune norme de sécurité. Le produit Airbnb n'est donc pas comparable au niveau de ses caractéristiques en matière de sécurité, de disponibilité et pourtant il entre sur le même marché. Aujourd’hui, même si la présence d’Airbnb est de plus en plus importante dans les médias, les professionnels considèrent que la concurrence n’est pas vraiment existante et mesurable en termes de baisse de fréquentation pour l'instant sauf pour certains territoires. Selon eux, la politique d'Airbnb consistant à capter la clientèle affaires semble inadaptée et ils ne le ressentent pas comme une menace. Si Airbnb semble attirer une nouvelle catégorie de consommateurs, la plateforme répond aussi à une demande existante. Ils n'ont pour l'instant pas d'avis sur l'avenir de cette offre qu'ils considèrent comme « une offre d'opportunités et de tendance ». Ils ne sont pas contre cette concurrence si les propriétaires sont soumis aux mêmes règles que les hôteliers car la concurrence leur permet d'évoluer et de remettre en question leur vision de l'hôtellerie. Les leviers d’actions des hôteliers peuvent donc s’orienter sur la rénovation, la standardisation ne séduit plus. Pour se différencier, les hôteliers prennent conscience qu'il faut réussir à avoir une bonne communication et mettre en avant les services supplémentaires. Tous pensent qu’il faut réinventer le produit hôtelier, un des professionnels encourage cependant à travailler avec eux comme nouvelle centrale de réservation. (Voir Annexe S p. 166) 59 3.3) Selon les propriétaires Les propriétaires interrogés ont saisi l’occasion de mettre à disposition leurs appartements pour la location sur la plateforme tout d'abord pour une raison financière. En effet, l’apport financier est plus important que dans une location classique. De plus, deux personnes sur les trois interrogées réfléchissent à la possibilité de se développer en achetant et en louant plus de biens immobiliers. Le principe de base d'une location de manière occasionnelle, est alors détourné en location de manière quasi-constante par ces deux propriétaires qui en font une activité presque à temps plein. La location saisonnière leur permet aussi d’occuper l’appartement quand ils ne sont pas là pour le rentabiliser en termes d’occupation. L'esprit participatif, le sentiment d’appartenance à une communauté et les relations humaines interviennent aussi comme critères fondamentaux. En revanche, les dégâts matériels sont existants, l'assistance proposée par Airbnb en cas de problème ne semble pas satisfaisante. Concernant la législation, elle semble méconnue des propriétaires. En effet, Airbnb a créé ses propres règles profitant d'un vide juridique en se considérant comme une énième forme d’économie collaborative. En général, l'origine de leur statut de propriétaire est toujours passée par une expérience en tant que client d’Airbnb dans un premier temps. Ils continuent aujourd'hui d’utiliser Airbnb comme mode d’hébergement pour leurs déplacements car cela correspond à leurs besoins et reflètent leur mode de vie axé sur une consommation collaborative. Selon eux, si Airbnb fonctionne aussi bien c'est grâce aux prix pratiqués et aussi pour l'expérience plus immergée dans la culture locale. Au niveau de la clientèle, celle-ci est très variée, le segment concerné est essentiellement celui du « loisirs », la clientèle étrangère semble aussi être très demandeuse du concept. Tous les propriétaires interrogés sont à l'heure d'aujourd'hui très satisfaits des services proposés par Airbnb. (Voir Annexe T p.175) 60 3.4) Confrontation des recherches avec les hypothèses Hypothèse 1 -> Le principal critère de choix des clients Airbnb est le prix. Lors de nos recherches nous avons en effet pris conscience que le choix des consommateurs à utiliser Airbnb se repose principalement sur le prix. L'esprit de la communauté, le désir d'être immergé lors de son séjour ou encore la localisation des biens ne sont que des éléments secondaires. Hypothèse 2 -> Les nouvelles technologies sont très importantes pour les clients dans le choix de leur hébergement. Grâce aux différents acteurs qui sont intervenus dans notre projet, nous avons senti le désir profond de s'adapter aux nouveaux besoins des consommateurs. Les nouvelles technologies en sont le pilier fondamental qui nécessite des moyens financiers mais qui s’adapte aux nouveaux besoins de la demande, que ce soit lors du processus de réservation ou lors du séjour. Pour eux, un acteur qui ne prend pas en compte les nouvelles technologies et qui ne s'adapte pas ne peut pas exister durablement. Hypothèse 3 -> L'offre Airbnb est une offre complémentaire de celle proposée en hôtellerie traditionnelle et ne pose donc pas de réelle concurrence. Dans une certaine mesure, Airbnb propose un tout nouveau mode d'hébergement différent de celui proposé par l’hôtellerie, qui peut être vu comme une énième offre complémentaire correspondant à une nouvelle demande. A contrario, c'est une offre pouvant posée une réelle concurrence car les objectifs d’Airbnb ne sont clairement pas de se contenter d'une nouvelle clientèle mais de prendre des parts de plus en plus importantes à la clientèle de l'hôtellerie traditionnelle. Le cas de la clientèle affaires est un très bon exemple. D'une manière quantitative, Airbnb propose aujourd'hui plus de logements que le monde hôtelier ne propose d'hôtels en France et à l’international, ce qui représente des chiffres potentiellement inquiétants pour le secteur, même si beaucoup d’hôteliers n’estiment pas « jouer dans la même cour » qu’Airbnb. 61 Hypothèse 4 -> L'évolution de l'économie collaborative à largement contribuée à l'explosion du mouvement Airbnb. Aujourd'hui nous pouvons confirmer cette hypothèse qui a été placée au cœur de notre étude. Afin de comprendre l'ampleur du phénomène Airbnb, nous avons dû remonter à son origine. L'économie collaborative s'est imposée dans tous les secteurs, dans tous les modes de vie modernes. Airbnb qui a vu le jour grâce au développement de cette économie semble pourtant s’éloigner des principes de ce système alors qu’il est considéré comme acteur majeur de l’économie de partage. En effet, de plus en plus d’utilisateurs s’en servent seulement pour faire du bénéfice, ce qui va à l’encontre des principes de partage de l’économie collaborative. Hypothèse 5 -> Les profils de clientèle touchés par Airbnb sont différents de ceux touchés par l'hôtellerie traditionnelle. Airbnb a clairement permis de démocratiser la manière de voyager comme Blablacar a permis de démocratiser la manière de se déplacer. Une nouvelle demande correspondant à de nouveaux besoins en matière de prix, comme en matière d'authenticité, a été mise en avant et a pu être satisfaite. Certains clients ayant essayé Airbnb ne se disent pas forcément prêts à retourner dans un hôtel, ils préfèrent privilégier ce mode d’hébergement alors que l'inverse est envisageable si l'on interroge les clients hôteliers. Airbnb est une source de curiosité. La plateforme peut donc tout à fait correspondre à une demande actuelle et les profils touchés par celle-ci et par l'hôtellerie traditionnelle sont alors semblables. 62 Chapitre 4. 4.1) Préconisations pour les hôteliers Personnalisation du service Aujourd'hui les recommandations que nous pouvons apporter aux hôteliers grâce à notre expérience sur le terrain, se traduit par le désir profond du consommateur de vivre une expérience sur-mesure qui doit se faire une place progressive mais plutôt rapide dans l’hôtellerie. La personnalisation ne doit pas s’appliquer simplement au service mais doit être incluse dans l’ensemble des espaces hôteliers, jusque dans la chambre. Le potentiel est grand, difficile à exploiter de par les attitudes très changeantes des consommateurs. Mais à travers notre expérience, nous avons pu constater la volonté croissante des hôteliers de s’adapter au mieux aux préférences de leurs clients en termes de confort et de services. Tout reste à faire mais l'enjeu est véritable, les nouvelles technologies doivent être présentes car un accès au Wi-Fi est aujourd’hui un service incontournable pour les clients, au même titre que la télévision ou le lit. Aujourd'hui, on ne parle plus de séjour hôtelier mais d’expérience client. L’objectif consiste donc à faire du sur-mesure et de laisser une flexibilité aux voyageurs quant aux fonctionnalités et à l’aspect de leur chambre d’hôtel. De plus, afin de personnaliser son offre, un hôtel peut par exemple proposer des découvertes insolites régionales à proximité du lieu de l'hôtel. Le site pourrait aussi proposer un onglet avec la présentation des membres de l'équipe comme le fait Airbnb avec la présentation des propriétaires pour mettre en avant une convivialité. 4.2) Contact humain Les nouvelles technologies sont en train de révolutionner les métiers de l’accueil hôtelier. Mais une tendance à trop en user dans l’accueil du client, en remplaçant les hommes par des machines n’est pas non plus la solution. Une expérience immergée ne doit pas se résumer à un robot mais plutôt à un véritable contact humain. Afin de maintenir son image et ses parts de marché face à Airbnb, l'hôtellerie doit jouer sur l’expérience humaine dans les prestations d’hébergement. Il faut désormais se soucier encore plus qu'auparavant des petites attentions accordées à son client et cela peut passer par des actions très simples comme le fait d'appeler un client avant son arrivée pour l'informer de toute la possibilité qu'offre son hôtel (sur l’offre restauration, les services complémentaires…). 63 Échanger avec le personnel d'un hôtel améliorera également leur expérience de la culture locale, point fort d'Airbnb. Ceux qui trouveront l’équilibre entre technologie et humain auront donc tout pour accroître leur valeur ajoutée et leur compétitivité. 4.3) Une possible collaboration avec Airbnb ? Pourquoi ne pas se servir d'Airbnb comme un atout en louant des chambres par leur intermédiaire plutôt que de voir un point noir en cette plateforme ? En effet, c'est un moyen pour mieux remplir son hôtel lorsque le produit proposé n'est pas standardisé. Cela permet de le mettre en avant et de se différencier. En effet des sites comme Booking, Expédia, proposent des hôtels en général et non pas le style particulier d'une chambre. Aujourd'hui les clients sont à la recherche d'un produit personnalisé dans un cadre précis et Airbnb y répond par sa plateforme de recherche : trouver une chambre ou un logement en fonction d'un quartier, d'une rue, de façon beaucoup plus précise qu'avec d'autres plateforme type les OTA*. De plus les commissions d'Airbnb sont moindres, et selon certains hôteliers qui proposent des chambres à travers cette plateforme, c'est un système qui fonctionne plutôt bien. 4.4) Jouer sur les espaces et sur les services Pour faire face à l'offre que propose actuellement la plateforme Airbnb, il faut aussi jouer sur les espaces de l’hôtel afin que le lieu soit plus convivial pour répondre à plus d'authenticité avec un réel besoin d'immersion. Pour cela, des petits salons ou bien des repas à partager comme le font les tables d’hôtes peuvent être instaurés. Il faut aussi élaborer une bonne politique marketing et communication, point fort d'Airbnb qui a permis son développement, en mettant en avant les services liés au confort mais aussi toutes les commodités liées à la disponibilité et à la flexibilité de l'hôtelier comme l'entretien ou une réception 24 heures sur 24. Ainsi, ces méthodes de travail nous ont apportées des réponses sur les points soulevés par nos hypothèses. Les entretiens nous ont permis de mieux connaître l’image que dégage Airbnb selon des clients, des professionnels de l’hôtellerie mais aussi des propriétaires utilisateurs d’Airbnb, utiles pour répondre à notre problématique en donnant des solutions aux professionnels pour limiter les impacts négatifs du phénomène Airbnb et d’y trouver un moyen de se renouveler. 64 CONCLUSION A vec la naissance de nouveaux comportements touristiques orientés vers les nouvelles technologies, c'est tout le secteur hôtelier qui évolue et doit s’adapter. Actuellement notre étude nous amène à conclure qu’Airbnb permet de démocratiser le marché du voyage notamment sur le segment loisirs, mais qui peut être développé de plus en plus de manière à répondre aux exigences de la clientèle affaires. Airbnb permet donc de créer un besoin et d'avoir le sentiment de voyager moins cher, sans avoir des exigences en matière de service irréprochable que la plateforme ne semble pas être en mesure d'apporter en termes de qualité. À cause de ce phénomène, les consommateurs ont des exigences de plus en plus accrues vis-à-vis des professionnels de l'hôtellerie. Au cours de nos recherches nous avons pu mesurer la concurrence d’Airbnb faite à l'hôtellerie traditionnelle qui reste dans l'ensemble assez faible pour le moment, malgré qu’Airbnb soit considéré comme un concurrent aux hôtels selon les clients en général. Les hôteliers que nous avons interrogés ne mettent pas en évidence une véritable concurrence dans le sens où ils n’ont pas constaté une réelle baisse de chiffre d'affaires et de fréquentation. Ils mettent en évidence leur mécontentement face à l'absence de règles permettant de réguler ce phénomène, mais aussi l'effet positif de celui-ci car cela leur permet de réinventer le produit hôtelier. Cependant, des contrastes semblent essentiels à mentionner. Sur certains territoires comme les stations de ski ou la région parisienne par exemple, la présence d’Airbnb est beaucoup plus importante et inquiète réellement les hôteliers mais aussi le secteur immobilier qui se réduit fortement à cause du phénomène, dont l’État a du mal à réguler cette activité qui lui rapporte toute de même beaucoup. Si la concurrence ne se fait pas ressentir dans sa globalité nous pouvons tout de même estimer que les 80 millions de nuitées réalisées par Airbnb en 2015 auraient pu être réalisées en hôtellerie traditionnelle, ce qui correspond à un manque à gagner. Le recul permettra de répondre certainement différemment à notre problématique. Il semblerait donc intéressant de voir d'ici quelques années comment ce phénomène Airbnb va évoluer, ce qui permettra de constater si cet effet de mode va s'essouffler, ou bien entraînera une concurrence de plus en plus importante vis-à-vis des hôteliers et envers les autres modes d'hébergement. 65 BIBLIOGRAPHIE Maya BARAKAT-NUQ, Gagnez de l'argent avec votre logement: La location saisonnière, avec Airbnb, Abritel, éditions Eyrolles, 185 pages, 2016. J-J. CARIOU, Positionnement, besoins, désirs et attentes en hôtellerie, Document PDF disponible à l'adresse : www.hotellerie-restauration/Besoins_et_attentes_en_hotellerie.pdf, 11 pages, 2007. Thibault MASSON, Airbnb : Doublez vos Réservations: Guide pratique pour recevoir plus de voyageurs, recevoir plus de demandes, gagner plus d'argent, tout en perdant moins de temps à gérer votre location, éditions RentalPreneurs.com, 222 pages, 2015. Antoine MORLIGHEM, Le nouvel art des Co, éditions Broché, 252 pages, 2014. 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Infographie : la consommation collaborative en 12 chiffres clés. [en ligne]. Disponible sur http://institutionnel.generali.fr. (Consulté le 10-11-2015). 76 Annexe D – Les pratiques des consommateurs collaboratifs1 1 Blog covivo. Infographie : la consommation collaborative n'est plus marginale. [En ligne]. Disponible sur blog.covivo/consommation-collaborative. (Consulté le 10-11-2015). 77 Annexe E – Les différentes étapes de la réussite d’Airbnb Comment Airbnb a débuté Source : http://notes.fundersandfounders.com/how-airbnb-started 78 Annexe F – La règlementation sur la location à Paris1 1 Challenges. Airbnb: ce que vous avez vraiment le droit de faire en tant que propriétaire. [En ligne]. Disponible sur www.challenges.fr/airbnb-proprietaires-ce-que-vous-avez-vraiment-le-droit-de-faire.html. (Consulté le10-11-2015). 79 Annexe G – Capture écran des annonces Airbnb à Paris1 Un point représente une annonce Airbnb. En cliquant sur un point, on a accès à toutes les informations concernant le propriétaire : 1 - Son nom et le nombre d’annonces ou « listings », - le type de location (chambre ou logement entier), - le prix à la nuit, - les revenus générés par la location, - le taux d’occupation moyen à l’année, - la disponibilité, - la date de la dernière location… Inside Airbnb. [En ligne]. Disponible sur http://insideAirbnb.com/paris/. (Consulté le 01-03-2016). 80 Annexe H – Airbnb contribue au développement des zones moins touristiques1 Paris : Airbnb VS l’hôtellerie Cette image nous montre que les logements Airbnb (en rose) ne sont pas concentrés dans les mêmes zones des hôtels (en bleu) qui sont : 6e, 8e, 9e, 10e, 15e et 17e arrondissement qui regroupent plus de 50 % des hôtels parisiens. Ces données ont été recueillies lors d’une enquête portant sur 1 156 voyageurs Airbnb ayant séjournés à Paris entre mai 2012 et avril 2013, et grâce aux données des logements Airbnb et de l’Office de Tourisme et des Congrès de Paris. 1 Groupe Chronos. Start-up collaboratives vs municipalités: le choc des cultures. [En ligne]. Disponible sur www.groupechronos.org/start-up-collaboratives-vs-municipalites. (Consulté le 29-02-2016). 81 Annexe I – Retranscription des « mini-interviews » dans le rue Sujet Question 1 Question 2 Question 3 Question 4 Connaissezvous Airbnb ? C’est quoi pour vous ? L'avez-vous déjà utilisé ? L'utiliseriez-vous dans l'avenir ? 1 Oui. 2 Non. Je trouve ça très très bien. Sexe / âge 30-40 / F 20-30 / F Oui. Ben euh… je ne l’ai pas essayé encore. Je suis parrainé par un collègue, je n’ai pas encore eu l’occasion de l’essayer, donc je ne peux pas vous donner mon opinion. 40-50 / H 4 Oui. Moi, je, j’ai déjà essayé, j’avais été accueillie chez un… un… particulier, il nous avait loué une chambre. C’était sympa, il nous a beaucoup aidés quand on était sur… pendant le séjour, à nous diriger par rapport au métro tout ça, ‘fin… c’est un bon concept je trouve. 20-30 / F 5 Pas du tout. 6 Ouais, moi je (Qu’est-ce qui vous a plu ?) Ben écoutes, imaginons que tu voyages, tu sais pas où dormir, connais. 3 20-30 / H Ben c’est cool quoi. J’sais pas quoi te dire. 20-30 / F tu scouates un Airbnb là tu vois ?... C’est ça. 82 7 8 9 Airbnb, c’est les hôtels non ? (C’est plutôt un site de réservation chez les particuliers) de particuliers exactement oui. Pas du tout. Airbnb ?... Non, non. Je pense que c’est un bon concept en soi, même si bon ça va concurrencer le… le système de réservation standard mais après je suis relativement pour. 40-50 / F 30-40 / H 10 Non. ? Ben… c’est top. (Comment ça top ? Vous avez essayé ?) Ouais, moi j’en ai fait régulièrement, donc comparé à un hôtel c’est vraiment pas cher du tout. Moi je ne vais jamais à l’hôtel à cause du prix. Et je fais beaucoup de camping, mais évidemment, ben voilà… Airbnb c’est tout le confort de l’hôtel sans… avec le prix du camping, c’est euh… voilà c’est nickel. Pff… aucune euh… j’ai jamais essayé… Mauvaise. Bonne. C’est plutôt pas mal. 11 Oui. Oui. Oui. Ouais. Oui. Non pas 16 tout. 20-30 / H 12 13 14 15 du 20-30 / F 20-30 / H 40-50 / H 40-50 / H 15-20 / F 20-30 / F 83 Je le connais puisque j’ai en profité à deux Euh j’ai encore jamais testé. 17 reprises ce système, ce concept. Je le connais puisque j’ai en profité à deux Pour les usagers c’est très intéressant à tout 18 reprises ce point de vue. système, ce concept. Oui, je l’ai déjà 19 utilisé même ce concept. C’est pratique parce que c’est rassurant pour l’usager, parce que le vendeur donne une opinion sur lui et le vendeur sur l’usager, mais après je trouve ça dommage quand c’est pas une activité d’amateur mais quand c’est une personne… qui en a fait sa profession. Ça ne fait pas longtemps qu’on en a entendu parler, mais on en a entendu parler par ci… voilà. bien Ben écoutez-moi je ne l’ai pas utilisé, mais mon beau-frère l’a utilisé à Paris, il en a été très satisfait… Satisfaction totale ! Oui, je connais je m’en suis 20 servi plein de fois en France et à l’étranger. 21 Airbnb… sûr. 22 Non. Je trouve qu’au début c’était participatif comme toutes les idées d’internet et que c’est devenu des entreprises personnelles avec des bonnes et mauvaises surprises. 70-80 / F 30-40 / F 40-50 / H 40-50 / F 50-60 / F 30-40 / F 84 23 Non tout. pas du 24 Oui. 25 26 27 28 Euh… je connais, ‘fin je connais pas trop, je connais juste… je connais juste le principe. Non. Euh oui. Moi non, je ne connais pas. 40-50 / F Ouf… Euh… J’suis partagé… C’est vachement bien au niveau de la… de la connexion directe entre… euh les utilisateurs… euh entre le négocient et les utilisateurs, après ça pose le problème de… de dérégulation… économique. 40-50 / H Ce que j’en pense par rapport à qui ? Au client ou par rapport à l’hôtelier ?... Moi je trouve que c’est avantageux pour nous, parce que ça nous permet, ‘fin c’est ce que je pense, de faire des économies par rapport à… par rapport à un hôtel classique. Ça permet de faire des économies en fait. 19 / F …Euh c’est pas mal. 20-30 / F 22 / F 21 / F 29 Oui. C’est des gens qui prêtent leurs apparts c’est ça ? ‘Fin ou des chambres mais c’est ça hein ? Euh… Non qui les louent, après je connais pas. 20-30 / F 30 Oui. C’est quand tu prêtes ton logement c’est ça ? Quand quelqu’un prête son logement. Je l’ai jamais fait mais euh… j’ai une copine à moi qui… l’a déjà utilisé, je crois que c’était assez bien parce qu’ils avaient trouvé un bon appart. 20-30 / F 85 31 32 33 34 35 Euh c’est très bien, c’est un service qui met en relation euh… C’est bien que ça mette en relation de particulier en particulier mais du coup le business est 2.0. Ça a aussi tendance à… ‘fin on -Ouais. Ouais, ouais, Proche : parle de ça comme un truc participatif et etc., Proche de la personne interrogée : - Je l'utiliserai ouais. ouais ouais… mais il y a des gens qui se font de buis’ derrière. -Moi non je ne l'ai jamais utilisé Un peu comme… Blablacar ou ce genre. Je pense qu’on a une trop bonne image de ce genre d’économie. Ouais éventuellement... C’est euh… Comment dire ? C’est une espèce de Oui, sur le Après c'est vrai que je suis location d’appartements qui offre une alternative plus un adepte du camping principe. aux hôtels ou aux trucs dans ce genre là… voilà. moi. Je ne l’ai jamais utilisé mais je sais que c’est un R-B-N ? équivalent de… de… bon c’est un… un net… un (« Airbnb ») site, où on peut louer son… ses appartements ou Airbnb ? Oui. ses maisons. Voilà. -Oui éventuellement. C’est un service pour aider les particuliers… ‘fin Proche de la personne pour héberger des particuliers chez des Oui. interrogée : particuliers… Des appartements ou des maisons… -Ça dépend avec qui. C’est un site web en… pour pouvoir réserver facilement pour des échanges d’appartements Oui. de… de… de… pour les vacances pour les gens… Pourquoi pas oui. C'est des voilà c’est ça. choses que je peux envisager. 36 Non. 37 Non, non, non… Non je ne 38 connais pas… 20-30 / H 20-30 / H 50-60 / H 20-30 / F 20-30 / H 40-50 / H 60-80 / F 60-80 / F 60-80 / F 86 39 Ouais. J’sais pas… J’en ai entendu… Je connais le nom mais vois pas vraiment… pour louer des appartements de particuliers à particuliers ? 40 Non. 30-40 / H Ouais peut-être. 40-50 / F 41 Oui. Oui (Vous avez apprécié ?) Oui j'ai bien aimé... Après des fois j'ai été déçue par le côté convivial qui n'est Pour pouvoir loger chez des particuliers…euh à pas forcément... (Y avait-il le des prix raisonnables… particulier ?) Si... si, non ce n'était pas le problème, non c'était plutôt la pièce commune, cuisine... voilà donc. 42 Oui. Non mais euh... je connais ma... 'fin Ben éventuellement. Ben il C’est une location d’appartements… euh avec un le fils de mon ami(e). Ben euh il est faut avoir échange… euh ‘fin payant biens sûr. En fin de très satisfait, bon c'est lui qui doit envie. (Rectification : Vous en 40-50 / H compte, c’est une location d’appartements… faire le ménage à chaque fois tant que client) Ah oui c’est… c’est… c’est de plus en plus utilisé. mais c'est intéressant. Fiscalement pourquoi pas ? c'est intéressant. 43 Pas du tout. 44 Oui. 30-40 / F 15-20 / H Ouais. (Avez-vous été satisfaite ?) Satisfaite, je réutiliserai. (Vous le Euh c’est pour euh… se loger dans un pays… euh recommanderiez ?) Recommander chez un particulier… en France aussi. ? Je ne sais pas, mais réutiliserai ouais, pour visiter des endroits nouveaux. 20-30 / F 87 45 Ouais. Euh… ben je vais répondre que c’est une location d’appartements de particuliers à particuliers qui est gérée aux États-Unis et du coup qui met en Non on a pas eu l'occasion du coup. Ouais ouais. relation les particuliers. A priori ça marche pas mal, je ne l’ai jamais utilisé mais j’ai des potes qui l’ont utilisé. 20-30 / H Euh oui j’en ai entendu parler. (« Vous ne l’avez jamais utilisé du coup ? ») Non, C’est une je suis nulle hein ? Non je pense qu’il faut se 46 location tourner vers les jeunes. d’appartements c’est ça ? 40-50 / F Ah j’en ai déjà entendu parler… Oui, oui… C’est Airbnb ?... C’est tout ce qui fallait savoir ? Non, non, c’est plus ma femme qui connaît ça, un peu tout ça, souvent on quoi ?... en parle on en parle… mais seulement je peux pas vous dire. 30-40 / H 47 48 Oui. Ah oui, oui, oui ! Si, si tout à C’est euh… C’est un Facebook pour la fait. C'est... c'est... c'est pas location…’fin qu’est-ce que voulez que je vous un gîte on peut cohabiter dise de plus ? C’est un échange d’appart ? C’est avec l'habitant c'est ça ? Ou il Non. Mais on a une amie qui fait ça. surtout pour les étudiants, pour les jeunes… loue son appart' ou son 40-50 / H Qui utilise ce système-là. éviter… éviter de payer un hôtel… donc c’est vrai studio ou son château... que… c’est vrai que c’est hyper intéressant ces Comme cohabitation c'est échanges. vrai que c'est sympa. 88 49 Oui. 50 Ben… c’est quand on a un appartement et qu’on -Non. Ah oui, oui. dans les deux le donne en location à un autre particulier. Un -Non. sens d'ailleurs. J'y ai pas 40-50 / F appartement en location de particulier à - Je ne sais pas... peut-être au fond réfléchi mais ça peut se faire. particulier non ? ? Euh Airbnb… c’est accueillir des gens qui ont besoin d’un hébergement vraiment dans les grandes villes ou… dans les villes qui sont moins Oui je l’utilise grandes… pour pouvoir leur donner l’hospitalité à moindre coût euh… comparé aux hôtels qui moi-même. Je puissent notamment avoir des grands prix etc. et l’utilise… en rencontrer éventuellement des gens qui viennent locataire. de différents horizons, pays etc. pour faire des connaissances et élargir son cercle d’ami et de réseau professionnel pourquoi pas. Voilà. C’est ça. Airbnb ?... Oui. Pour aller Je l’utiliserai peut-être. 51 dormir chez des gens c’est ça ? 30-40 / H Non. Peut-être. 50-60 / F Les cases surlignées en bleu renvoient aux personnes qui ne connaissaient pas le concept Airbnb et correspondent à moins de 30 % sur le nombre de personnes interrogées. 89 Annexe J – Grille d’analyse des interviews dans la rue Tableau 1 - Termes qui reviennent classés en thèmes Thèmes Expressions Locations Loué (1), louent (1), louer (2), loue (1), locataire (1), location (8) Logements Chambre (2), confort de l'hôtel avec le prix du camping, appartements (11), logements (2), alternative aux hôtels, maisons (2), héberger (1), chez des particuliers, se loger (2), échanges d'appartement, hébergement (1), dormir chez des gens, donner hospitalité, prête son logement, Particuliers gens (6), particuliers (19), Relations / aides accueillir (2) (accueillis), aidé (2), diriger (1), tu sais pas où dormir, tu squattes Airbnb, connexion directe entre les utilisateurs (2), relation (3) de particulier à particulier, service (2), aider les particuliers, échanges, échange payant, rencontrer (1), faire connaissance (1), élargir son cercle d'ami (1), échanges d'opinion entre vendeur et usager, (accueillir) des gens qui ont besoin d'un hébergement, Ergonomie / internet Prix Économie connexion (1) directe entres les utilisateurs, net (1), internet (1), 2.0 (1), Facebook (1), web (1), réserver (3) facilement, Blablacar (1), pas cher (1) comparé à l'hôtel (9), prix (4) de l'hôtel trop cher, environ égal au prix du camping, à moindre coût (1), grands prix des hôtels, faire des économies (3) par rapport à un hôtel classique, avantageux (1), participatif (2), entreprises personnelles, Blablacar, se font du buis' derrière, dérégulation économique (1), activité pro injuste, concurrencer (1) le système de réservation standard 90 Annexe K – Guides d’entretiens des professionnels hôteliers Thème 1 : impacts économiques de la numérisation 1. Les nouvelles technologies représentent-elles pour vous quelque chose d’important pour capter la clientèle ? 2. La première fois que vous avez entendue parlez d’Airbnb… 3. Qu’en pensez-vous ? 4. Pensez-vous que cela fait concurrence à l’hôtellerie de manière un peu déloyale ? Thème 2 : Concurrence Airbnb 5. Quel est selon vous, l’origine de la réussite d’Airbnb ? 6. Pensez-vous que l’emploi des salariés des hôtels pourra être menacé dans un plus ou moins long terme ? 7. Selon vous, quels sont les critères de choix des clients qui choisissent Airbnb ? 8. Pensez-vous que ce choix est orienté à cause du manque de personnalisation des hôtels ? 9. Selon vous, quels sont les critères de choix des clients qui choisissent une chambre d’hôtel ? 10. Pensez-vous que la clientèle des hôtels est la même au niveau de ses caractéristiques que celle d’Airbnb ? 11. Selon vous, les hôteliers doivent ils réagir face à la montée en puissance d’Airbnb ? Thème 3 : La nouvelle cible d’Airbnb : la clientèle affaire 12. Pensez-vous que la clientèle affaire peut être captée par Airbnb? 13. Connaissez-vous la plateforme Business Travel lancé en 2014 par Airbnb ? 14. Pensez-vous qu’elle puisse prendre des parts de marché de plus en plus importantes vis à vis de la clientèle affaire des hôtels qui est majoritaire ? 91 Thème 4 : l’hôtellerie de demain 15. Pensez-vous que ce phénomène Airbnb perdurera dans le temps ? 16. Comment imaginez-vous l’hôtellerie de demain ? Pensez-vous que les hôtels arriveront à mettre en place des actions pour faire face à Airbnb ? 17. Imaginez-vous dans le futur une éventuelle collaboration entre Airbnb comme distribution ou communication des hôtels comme avec Booking par exemple ? 18. Selon vous peut-on considérer que les propriétaires des appartements comme des professionnels de l’hôtellerie ? (Dans leur manière d'accueillir, de proposer des guides de voyages…) 92 Annexe L – Guide d’entretien des propriétaires Airbnb Thème 1 : Raisons d’utilisation d’Airbnb 1. Comment avez-vous connu Airbnb ? 2. Qu’est-ce que cela vous apporte ? (Qu’est-ce qui vous a poussé à louer votre appartement ?) 3. Êtes-vous satisfait ? 4. Quels sont les avantages pour vous, de louer votre appartement sur Airbnb ? 5. Est-ce pour vous une activité secondaire ou un vrai emploi à plein temps ? 6. Louez-vous régulièrement votre appartement ? (Est-ce rentable ?) 7. Avez-vous vous même utilisé Airbnb pour louer un logement en tant que client ? Si oui, est-ce que cela a été une bonne expérience ? Thème 2 : Offre / services d’Airbnb 8. Selon vous quelle est la différence entre l’offre hôtelière et la vôtre ? 9. Selon vous, quels sont les critères de choix de vos hôtes ? 10. Pensez-vous faire concurrence à l’hôtellerie ? Thème 3 : Politiques d’Airbnb 11. Comment fixez-vous le prix de votre appartement ? 12. Connaissez-vous la réglementation spécifique concernant la location d’appartement sur Airbnb ? 13. Qu’en est-il des assurances ? 14. Avez-vous eu des problèmes avec Airbnb ? Ou avec des clients locataires ? 15. Selon vous, y-a-t-il des points à améliorer sur Airbnb (inconvénients) ? Quels sont-ils ? 93 Annexe M – Guide d’entretien du Focus group Ce focus groupe nous apportera des informations sur l’image que renvoie Airbnb, sur les critères de choix, les motivations et les freins. CLIENTS AIRBNB Comment avez-vous connu Airbnb ? CLIENTS HÔTELS Avez-vous déjà entendu d'Airbnb ? parler OFFRE Êtes-vous adepte de la consommation collaborative? (De l'esprit de partage comme avec Blablacar par exemple) Pour quelles occasions (raisons plutôt non ?) privilégiez-vous Airbnb plutôt que l’hôtellerie traditionnelle ? (durée de séjour, lieu, économie…) Avez-vous confiance en réservant sur Airbnb ? Pensez-vous que votre choix d'hébergement Dans quel type d'hôtel avez-vous séjournez ? s'oriente à cause du manque de (chaine, indépendant) et pour quelles raisons personnalisation des hôtels ? ? Quelles critiques pouvez-vous faire à Airbnb Quelles critiques pouvez-vous faire à ? l'hôtellerie traditionnelle ? Quels en sont les avantages ? EXPERIENCE VECUE Réservez-vous plutôt en France ou à l'étranger ? Avez-vous déjà vécu des mauvaises expériences en louant une chambre d'hôtel ou sur Airbnb ? Accordez-vous une importance au contact Avec Airbnb avez-vous l'impression de faire humain pendant votre séjour vis-à-vis de partie d'une communauté d'utilisateurs ? l'hôtelier ? PRIX Choisissez-vous Airbnb parce que Trouvez-vous le prix d'une chambre vous pensez que c'est moins cher ? Et d'hôtel chère vis-à-vis du service si oui, cela vous incite-t-il plus à faire proposé ? des dépenses à côté ? CONCURRENCE VIS-A-VIS DES HÔTELS Pensez-vous qu’Airbnb fait une concurrence déloyale à l'hôtellerie ? Selon vous, les hôteliers doivent-ils réagir face à la montée en puissance d'Airbnb ? Si oui, quels sont pour vous les axes sur lesquels ils doivent travailler ? À la fin du focus : Ce petit entretien a-t-il changé votre vision sur Airbnb ? Pour les clients hôteliers : pensez-vous réserver via Airbnb pour vos prochaines vacances ? 94 Annexe N – Entretien professionnel de l’hôtellerie n°1 Date : 07/03/2016 Durée : 1 heure Chargé d'exploitation d'établissements hôteliers dans le Sud-Ouest, ce professionnel donne un point de vue éclairé sur le besoin de renouvellement de l’hôtellerie face à Airbnb, et plus exactement sur le produit chambre trop standard, ainsi que son opinion quant au réel impact du concept collaboratif sur le secteur de l’hébergement. N : Pour commencer, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre activité? P : Oui, alors moi je travaille pour un groupe de franchisés, on a une quinzaine d’hôtel et je m’occupe de l’exploitation de ces établissements : recrutement, management, pricing, technique, investissement, etc. On a quinze établissements uniquement situés dans le SudOuest, de la marque Accor ou non. N : Les nouvelles technologies représentent-elles pour vous quelque chose d’important pour capter la clientèle ? P : Oui, très important puisqu’aujourd’hui, et je parle de toutes marques confondues, les ventes via le digital représentent 85% du chiffre d’affaire. Donc oui, c’est super important, et de plus en plus, car je ne pense pas qu’il y ait un seul établissement qui est en diminution des ventes sur le digital. C’est pour nous le plus gros canal de réservation, tout confondu : je parle de site propre d’AccorHotels, mais également des OTAs (cf. : Online Travel Agencies), mais aussi tout ce qui concerne l’e-réputation (cf. : Réputation sur le Web) et notamment tous les sites grand-public qui ne sont pas forcément des sites de réservation, mais qui peuvent orienter le client vers l’établissement. N : Il y a d’ailleurs de nouveaux postes qui se créent dans ce secteur ? P : Alors nous, on en a pas encore. On prend un étudiant de master tous les ans sur le revenue management, sur l’e-réputation, par contre on n’a pas de poste pour l’instant, après au niveau du groupe Accor… tiens, d’ailleurs aujourd’hui, on a ce qu’ils appellent Digital Day du groupe Accor. Tous les deux mois, il y a une rencontre digitale sur toute la France, cela concerne toutes les nouveautés, tout ça. Cela confirme bien que c’est le plus important aujourd’hui. Accor a lancé les Digital Days et ont annoncé, dans leur nouveau siège qu’ils sont en train de récupérer à Paris que les deux premiers étages seront prêtés à des startups spécialisées dans le digital, dans l’hôtellerie et le tourisme. N : Elles ne s’occuperont que d’Accor ? 95 P : Elles ne s’occuperont que d’Accor, oui. Enfin… Ce sont des startups qui travaillent sur des sujets, des thématiques de digital spécifiques au tourisme et à l’hôtellerie et qui sont hébergés par Accor, donc forcément… Elles ne travailleront que pour Accor. N : Souvenez-vous à quand remonte la première fois où vous avez entendu parler d’Airbnb ? P :… Trois ans je dirais, à peu près. Deux, trois ans pas plus. N : Par quel biais ? P : … Entre nous, entre hôteliers. Oui je dirais il y a minimum deux ans. Ça a commencé sur le Pays Basque, sur Bayonne. Ça existait depuis longtemps, les locations d’appartement, mais le terme « Airbnb » on en a entendu parler sur Bayonne, oui. N : Parce que c’était beaucoup utilisé pour les fêtes ? P : Oui, voilà. En fait c’était la location d’appartement qui était beaucoup utilisée pour les fêtes de Bayonne, et on a commencé à en entendre parler pendant l’été, pendant les périodes hyper chargées. Les gens louaient des appartements pour du long séjour en fait, pour les vacances en général. Au départ, c’était plutôt sur du long séjour et malheureusement, cela s’est transformé en nuitée sèche, comme l’hôtellerie. N : Quel a été votre point de vue au début ? P : On n’a pas fait attention, comme beaucoup d’hôteliers je pense, on n’a pas trop pris en compte et on s’est aperçu, peut-être trop tard, qu’ils avaient pris une bonne partie du marché mais c’est vrai qu’au début on s’en s’est pas du tout aperçu, on ne s’en est pas du tout occupés. On a laissé venir comme pas mal de choses et on n’a pas été assez réactifs dès le départ je pense. Quand je dis « on », ce n’est pas nous les petits hôteliers indépendants, c’est plutôt les syndicats, les clubs hôteliers, etc. Mais c’est arrivé vite… Non, ce n’est pas arrivé vite : ça faisait depuis longtemps que ça existait pour moi, mais ça s’est vite développé et du coup on a pas été assez réactifs. N : Est-ce qu’au sein du groupe Accor, il y a eu une politique de formation sur les nouvelles technologies qui s’est mis en place durant les dernières années ? P : Non, ce sont les Digital Days qui commencent, depuis six mois. Avant oui, Accor y travaillait, mais il n’y avait pas de formations particulières ou de journées exceptionnelles… Même si c’est difficile de dire ça, c’est comme si on disait : « Est-ce qu’il y a une formation sur l’informatique ? », aujourd’hui quand vous faites de la formation, vous faites de l’informatique tout le temps… Il n’y avait pas de journées digitales comme aujourd’hui par exemple, il n’y avait pas de formations sur le digital, par contre dans toutes les formations on en parlait. Indirectement on en parlait, pareil au quotidien, on ne disait pas : « Tiens, je 96 vais faire du digital », non. Quand on regarde les prix, quand on regarde les prix de la concurrence à Montauban, c’est du digital. Ce n’est proprement dit, mais on en parlait forcément. Bon, même avec Airbnb, on vît quand même… Je pense que pour moi, je ne sais pas si sera une de vos questions, mais je pense que ça existe. On n’y fera rien du jour au lendemain. Il faut absolument que l’État légifère dessus et arrive à cadrer ce phénomène, c’est-à-dire faire payer la taxe de séjour, la sécurité, ne pas sous-sous-sous louer… Vous aviez le même phénomène à l’époque avec la défiscalisation. Les gens achetaient les appartements pour défiscaliser, ça a été cadré, on ne pouvait pas en acheter tant qu’on voulait. C’est pareil, je pense qu’il faut bien cadrer ce phénomène, après on n’est pas sur la même prestation que l’hôtellerie. Moi je ne suis jamais allé sur Airbnb par exemple, que ce soit à titre personnel ou professionnel, parce que je ne vais pas savoir s’il va y avoir le Wi-Fi, je ne vais pas savoir si je suis en loisir je vais pouvoir rentrer tard le soir, si je suis en affaires je m’imagine qu’il y a des heures de petit-déjeuner imposées… Ou il n’y aura pas le petitdéjeuner, il n’y aura pas ce que j’ai l’habitude de retrouver dans les hôtels. Donc ce n’est pas la même chose, et nous, on voit peu de clients qui nous disent : « Ce n’est pas grave si c’est complet, moi je vais chez Airbnb » en tout cas à Toulouse ou dans le Sud-Ouest. Alors oui, il y a un marché forcément, plus des étrangers, ou plus sur du segment loisir, sur du segment affaires ça nous impacte très peu. Sur du loisir, oui ça nous impacte forcément, mais je pense que les gens reviennent. J’en discutais hier avec des amis qui ont loué une super maison pour des vacances l’an dernier. Ils nous disaient qu’ils ne recommenceraient pas cette année parce qu’ils avaient eu des surprises pas très agréables… Il n’y avait pas de linge… Il n’y avait pas de service hôtelier. N : Ainsi, vous pensez que ce n’est une réelle concurrence pour vous ? P : C’est toujours de la concurrence parce que c’est un lieu d’hébergement, mais pour l’instant nous ne sommes pas trop impactés. Il y a quelques sociétés qui commencent à accepter les remboursements sur les notes de frais de ces prestations. Donc là oui, ça nous perturbe. Pour La Société Générale par exemple le collaborateur dort chez Airbnb, il a le droit d’être remboursé. Donc là il faut faire très attention là-dessus. Après, ça nous prend certainement un peu de clientèle, mais je pense que sur le long terme les gens reviendront vers l’hôtellerie… Et sinon on créera de nouveaux hôtels en Airbnb, voilà. On ne changera que le nom si c’est seulement ça. Si demain, les clients nous disent : « Airbnb, c’est comme l’hôtellerie » on fera de l’Airbnb ; on a des chambres, on a des lits… Mais je pense qu’ils n’arriveront jamais à avoir un service hôtelier comme nous, nous avons. Cela veut dire que c’est l’hôtellerie qui doit aussi se réinventer. Aujourd’hui on est peut-être un peu trop… stricts. On a des chambres d’une, de deux personnes… On a très peu de chambres pour des familles. Sur un hôtel comme celui dans lequel nous nous trouvons, il y a quatre-vingt chambres et seulement deux chambres famille. À nous aussi de nous réinventer, de revoir un peu l’offre hôtelière, parce qu’Airbnb, qui l’utilisent ? C’est souvent 97 les clients loisir, les grandes familles. Les jeunes couples seuls qui n’ont pas d’enfants ne vont pas aller chez Airbnb, ils ne vont pas s’embêter à faire le lit en arrivant, ils ne voudront pas avoir de surprises, ils vont aller à l’hôtel pour être tranquille, pour avoir de la place dans le hall, pour rencontrer du monde. Dans l’hôtellerie, il faut se réinventer, proposer des chambres famille, pourquoi pas des petits appartements sur les hôtels de loisirs et aussi, vous avez vu, comme le hall ici, des halls sympas, où l’on a envie de vivre. C’est vrai ce que le client qui va chez Airbnb je pense que c’est ce qu’il recherche, il recherche un espace plus grand qu’une chambre. Pourquoi on ne le fait pas ? Vous ne le connaissez pas, vous n’avez peut-être pas connu, mais dans les hôtels de famille qu’il y avait, souvent au bout des couloirs, il y avait des salons de télé, des salons pour les enfants, un espace libre… Pourquoi on ne recréé pas des choses comme ça ? Ça permettrait de se ressentir un peu comme à la maison… Souvent devant l’ascenseur il y a des places, les gens s’y mettent vous savez. N : Mais c’est déjà l’axe d’Ibis Style, de rechercher une personnalisation du produit ? P : Oui, alors il n’y a pas qu’Ibis Style, il y a Mama Shelter qui le fait aussi. Il y a le Generator qui fait ça à Paris en style auberge. Mais il faut aller plus loin je pense avec Ibis Style. N : Pensez-vous qu’Airbnb représente une concurrence déloyale ? P : Quand j’ai dit qu’il fallait que l’État arrive à cadrer cette activité, oui. Ils ne payent pas la taxe de séjour, ils n’ont pas les mêmes règles de sécurité que nous avons. Un jour si malheureusement, il y a un accident dans un appartement Airbnb, il faut qu’il y ait un accident dans un appartement pour que l’État réagisse et qu’il se passe quelque chose. Mais le jour où l’on va dire : « Il y a des clients qui sont morts lors d’un incendie dans un Airbnb », il va se passer quelque chose. C’est triste mais c’est comme ça. On a le droit de vivre, on a le droit de travailler, de vivre si on travaille, par contre ce n’est pas normal de ne pas avoir des règles de sécurité, c’est un peu le même problème que dans les chambres d’hôtes. Parce que c’est quoi Airbnb ? Ce sont des chambres d’hôtes avec un autre nom. On s’est battu pendant des années avec les chambres d’hôtes parce que c’était de la concurrence déloyale aussi, parce qu’elles ne payaient pas de TVA, elles ne payaient pas de taxes de séjour, elles n’avaient pas de règles de sécurité, il n’y a personne la nuit. Donc que ça existe, oui, que le service soit moindre, oui, par contre il ne faut pas qu’il y ait moins de sécurité ou moins de taxes. Pour l’instant, ce n’est pas le cas, donc oui, c’est de la concurrence déloyale. … La taxe de séjour n’est qu’un détail, il y a aussi les règles de sécurité, les règles d’hygiène, ils n’ont rien. C’est pour ça que je dis qu’un client qui va régulièrement à l’hôtel, enfin dans un hébergement à l’extérieur de chez lui, ne va pas se sentir en confort chez Airbnb, alors oui c’est plus grand, mais au niveau de l’hygiène on sait pas sur quoi vous vous trouvez… 98 Vous allez me dire, sur l’hôtellerie indépendante aussi. Mais en général c’est un peu plus cadré que la location d’appartement. N : Nous allons approfondir cette notion de concurrence ou non-concurrence que peut provoquer Airbnb. Tout d’abord, avez-vous pu remarquer une diminution du chiffre d’affaire sur vos établissements en lien avec l’apparition d’Airbnb sur le marché ? P : Non, franchement non. N : Sur la fréquentation non plus ? P : On ne peut pas dire : « Tel week-end est plus calme à cause d’Airbnb », non. C’est difficile à dire, peut-être qu’on travaillerait mieux s’ils n’existaient pas ? Forcément, il y a des gens qui y dorment. Ce n’est pas comme s’il y avait un hôtel concurrent qui venait d’ouvrir en face et là oui je vais avoir une perte de clientèle. Mais sur la globalité, non. Ce qui n’est pas le cas sur Paris, attention je ne parle que de la province. N : Sur des zones attractives aussi ? Telles que des stations de ski ? P : … Des stations de ski certainement. Nous, nous sommes sur une station de ski au Mercure de Saint Lary, mais on ne le ressent pas. On est sur un produit particulier…Oui peutêtre plus sur une station de ski… En loisir, ils doivent le ressentir un peu plus. N : Pouvez-vous préciser quel est ce produit particulier ? P : L’hôtel qu’on a en station de ski est quatre étoiles plus, avec un spa, des piscines, on va avoir tout ça. Le client qui vient chez nous n’est pas le client qui va chez Airbnb, clairement. On dit, je ne sais pas si c’est vrai, que la clientèle Airbnb est jeune ou âgée. N : C’est plutôt dans la moyenne… P : Dans la moyenne ? On entend tout… Non sur l’activité globale on n’a pas été impactés. N : Selon vous, quel est l’origine de la réussite d’Airbnb ? P : La dynamique qu’ils ont eu pour le lancement de cette opération. Ils ont moins de contraintes que l’activité hôtelière classique, donc en fait ils se sont développés très, très rapidement, d’où cette réussite. Ils ont mis beaucoup de moyen… Regardez, pourquoi Nespresso a réussi alors qu’il y en a plein d’autres qui ont essayé avant, et ça n’a pas marché ? Parce qu’ils ont mis les moyens, parce qu’ils se sont développés rapidement, ils avaient derrière un plan marketing et tout ça, le produit même était bien cadré, ils sont allé vite… Ils ont pris le marché. S’ils n’étaient pas allés aussi vite, d’autres entreprises seraient passées dessus, j’en suis persuadé. 99 Quand je dis qu’Accor n’a pas réagi assez vite, c’est parce qu’on ne les a pas vu venir, tout simplement. Accor ne dira pas ça, mais c’est sûr. C’est ce qui peut se passer dans l’hôtellerie de demain, c’est que si des gros groupes comme Accor ne réagissent pas assez vite sur des produits comme Ibis Style, Mama Shelter… on peut avoir une chaîne qui arrive et qui se développe très rapidement. Après il y a plus de contraintes pour développer l’hôtellerie que le concept Airbnb, mais ça peut aller très, très vite. N : C’est peut-être aussi difficile pour les grosses structures de réagir rapidement. P : Bien sûr, d’où l’intérêt de se poser la question : « Est-ce que ma structure n’est pas trop grosse ? », Il faut de grosse structures. Il faut aussi simplifier les choses et voir comment on peut se développer : la franchise par exemple est un très bon moyen de se développer rapidement. Il n’y a pas de fonds à lever, si le projet est bien cadré c’est plus facile. N : Pensez-vous que les clients qui choisissent Airbnb sont en quête d’authenticité, d’immersion locale ? P : Quand je dis Airbnb, ce sont les chambres d’hôtes d’hier, oui c’est ça… plutôt à l’étranger peut-être. Un français en loisir… quand on va découvrir une autre région peut-être. Oui certainement, mais pourquoi ne vont-ils pas aller dans les chambres d’hôtes ? Ils vont vouloir aller, s’ils sont en Alsace, dans une maison typique, des choses comme ça. C’est pour ça qu’il faut que l’hôtellerie aussi, travaille dessus. N : Pensez-vous que c’est possible ? P : Bien sûr. Vous savez quand je parlais d’hôtels spécifiques, un peu particuliers, je pensais à deux… La marque Ibis Style en particulier, même si ici, ce n’est pas vraiment un Ibis Style, mais à Albi par exemple, on en a ouvert un en plein centre-ville, où on est très thématique sur la région, etc. À Saint-Lary, nous sommes dans hôtel où l’on se croit dans un chalet, on a transformé nos chambres en chalet en fait. On doit pouvoir proposer à nos clients de l’authenticité, du retour aux sources, du naturel, du terroir, même dans la gastronomie. N : On entend aussi de la part des clients d’Airbnb que nous avons pu interroger qu’ils se sont tournés vers Airbnb pour le prix, mais aussi le manque de personnalisation des hôtels. Êtes-vous d’accord avec cela ? P : Oui. Pour les prix, non. On s’aperçoit en effet que c’est souvent aussi cher que l’hôtellerie. Souvent pour le prix, c’est faux, bien qu’on ait l’impression du contraire. J’ai eu une expérience : j’étais à Paris vendredi, j’étais dans un hôtel en centre-ville, j’ai demandé : « Est-ce que vous pouvez me réserver une voiture ? ». - « Oui monsieur, on est maintenant avec Uber à la française, une compagnie de taxi… » 100 J’ai dit : « Oui, ça me va. C’est combien ? » - « Cinquante-cinq euros », et les taxis depuis le 1er mars à Paris, c’est trente-cinq euros. Vous quittez Orly, n’importe où dans Paris c’est trente-cinq euros. Donc vous voyez c’est faux. Je me suis dit : « Il va me réserver un Uber, hier soir j’ai payé trente-cinq euros, donc je vais encore y gagner quelques euros » mais c’était faux parce que j’allais perdre vingt euros. Mais peut-être que je n’ai pas eu tout à fait le même service, ça rejoint ce que vous dites, où en hôtellerie, il faut faire des efforts sur le service, il ne faut pas vivre sur ses acquis, il faut repenser les choses. Mais l’idée du tarif est fausse souvent, ça dépend bien entendu, il faut regarder au cas par cas, il y a des fois où l’on gagne beaucoup plus, mais à service égal, je pense qu’en hôtellerie on est moins cher. Le client se moque que l’on paye la TVA : « Débrouillez-vous pour ne pas la payer », mais par contre en terme de service, pour moi la sécurité c’est du service. Vous dormez dans un hôtel avec trois mille personnes, vous n’avez pas envie de vous lever en pleine nuit s’il y a un incendie, vous vous sentez plus en sécurité : la porte est bien fermée à clé… Là vous ne savez pas s’il y a le chat de la voisine qui va rentrer… Combien coûte la sécurité ? On n’est pas capable de le dire. Je pense qu’il faut réutiliser les phénomènes comme celui-ci pour pouvoir se réinventer, pour pouvoir refaire une nouvelle offre. L’hôtellerie est un vieux métier, il existera toujours. Airbnb existe à Toulouse, mais dans les petites villes… Vous voyez, je ne suis pas sûr qu’il y en ait beaucoup à Labège. Dans les centres villes il y en a beaucoup, on a de tout et n’importe quoi, il y a des chambres, quand on regarde un peu, où l’on n’a pas envie d’y dormir… N : Pensez-vous que l’emploi des salariés hôtels soit menacé à long terme ? P : Non. Il n’y a pas de perte d’activité pour l’instant, on a tellement de mal à recruter… Je pense que c’est phénomène qui… Je me mets à la place du propriétaire, c’est une activité qu’il va faire sur une courte période. En général on s’aperçoit qu’il le fait parce qu’il vient d’acheter un appartement et c’est un petit peu dur pour faire les travaux, donc il va le faire. Ou bien quelqu’un qui était en couple et qui se retrouve seul et qui a envie de continuer à vivre comme il vivait et pouvoir payer la moitié de son loyer, donc il va le louer quelques nuits. Quelqu’un qui veut rencontrer du monde. Je ne pense pas qu’il y ait un gros pourcentage de personnes qui le font sur le long terme, qu’ils le font parce qu’ils l’ont dans le sang… Les gens le font pour des courtes périodes ou des évènements assez précis, ou alors : « J’ai une grande maison, je le fais. » C’est le même phénomène que les chambres d’hôte : on s’aperçoit qu’en majorité, les gens ne le font pas toute leur vie. 101 Cet été je suis parti en vacances dans des chambres d’hôte, un endroit super sympa, les gens le faisaient depuis une dizaine d’année, à quarante ans ils en ont eu marre, ils avaient des bons postes et on fait des chambres d’hôte. Maintenant ils disent : « Nous, on en peut plus. Recevoir les gens à la maison, avoir une activité très saisonnière, le week-end et pas la semaine, nous on bosse l’été et pas l’hiver… » N : Étaient-ils des professionnels de l’hôtellerie avant ? P : Non, ils étaient docteurs. Ils avaient fait ça pendant dix ans, pour eux c’était un changement de vie qu’ils avaient souhaité, mais ils en avaient marre. Pour Airbnb c’est pareil, on loue à des étudiants, faire des collocations, des choses comme ça… On va louer une chambre, ou une grande maison, ou des parents qui ont des enfants qui partent et qui se disent : « Que vais-je faire des chambres ? Je vais les louer. » On va rentrer dans la situation où ils en auront marre de faire ça, après il y en a quelques-uns qui se professionnalisent et qui ne vont faire que ça bien entendu, mais ce n’est pas la majorité. N : Nous avons pu en effet noter qu’il y avait non pas une lassitude, non pas liée à l’ennui mais au travail que cela représente. P : Oui voilà, c’est du travail en fait, ils s’aperçoivent que l’hôtellerie, c’est du travail. Comme ce n’est pas encadré, on arrive à des situations où l’on se dit : « Je ne lave pas la serviette, elle n’est pas salle, on ne va pas la changer. » Est-ce qu’ils le feront longtemps ? Je n’en suis pas persuadé. C’est le même phénomène que les taxis, qu’Uber, on les voit, ils ont ce côté jeune, ça ne durera pas aussi longtemps que l’hôtellerie. Mais ce sont des phénomènes qui perturbent un marché bien sûr. N : Est-ce que selon vous, les hôteliers doivent réagir ? P : Il faut profiter de ce phénomène pour réagir bien entendu, se poser les bonnes questions, pour revoir notre offre, pour revoir notre service… Ça existe, il faut faire avec, il ne faut pas l’ignorer bien sûr, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut tout remettre en question, baisser les prix, ce n’est pas pour ça qu’il faut changer les services, fermer les hôtels, mais il faut le prendre en compte. N : Pensez-vous que la clientèle affaire peut être captée par Airbnb ? P : Sur Paris oui… Mais l’homme d’affaires, ce n’est pas ce qu’il recherche. Quand on parle de clientèle affaire, on parle de l’homme d’affaire qui passe sa nuitée en note de frais, qui ne va pas regarder le prix, souvent ce n’est pas lui qui va réserver, c’est son assistante, donc non il ira à l’hôtel. N : Saviez-vous que sur le site d’Airbnb il y avait une plateforme dédiée à cette clientèle ? 102 P : Oui. Je n’y crois pas trop. Ponctuellement : « Je vais voir, tout le monde m’en parle, je suis dans une région… » Mais sur le long terme je n’y crois pas. Airbnb est un phénomène, voilà… ça changera. C’est préférable à une société étrangère s’implantant et voulant faire des hôtels avec un nouveau style, un nouveau concept et qu’ils en implantent partout, là ça aurait vraiment été un concurrent. Airbnb, oui c’est un concurrent, mais ça ne répond pas aux attentes de notre clientèle. N : Selon vous c’est un phénomène de tendance ? P : Oui, c’est sûr. On rentre dans l’économie participative, donc c’est une nouvelle tendance. Ça se confirmera, ce sera une activité professionnelle et prendra des parts de marché sur l’hôtellerie que si l’hôtellerie ne réagit pas. Mais si on réagit, on réinvente l’hôtellerie comme je disais tout à l’heure, on s’en sortira c’est sûr. N : J’ai une question concernant cette notion d’économie participative : pensez-vous qu’Airbnb répond au principe de l’économie collaborative ? P : Bien sûr que non. Est-ce qu’on rencontre les propriétaires à chaque fois ? Donc, non. Au départ oui, je pense que c’était l’idée de recevoir quelqu’un chez soi et de partager mais ce n’est pas le cas de tout le monde, loin de là. N : Selon vous, ce concept créé un nouveau besoin plutôt que de répondre à une attente existante ? P : Oui, cela bouleverse nos habitudes en tant que professionnels, et ça doit le faire. Cependant créer un besoin ?... On entend dire que les clients sur Airbnb sont des utilisateurs qui n’avaient pas l’habitude de voyager avant. C’est à nous aussi, hôteliers, de capter cette clientèle-là… Si c’était facile, ce serait d’avoir tous les fichiers des clients Airbnb et de leur proposer une offre. On peut le voir différemment, on peut se dire que finalement, ce n’était pas des gens qui avaient l’habitude de dormir en dehors de chez eux, ils ont franchi le cap, ils vont prendre le goût, donc ce sont de futurs clients de l’hôtellerie de demain. N : Vous le considérez comme une opportunité ? P : C’est une opportunité aussi. Si on arrive à les séduire, ça peut en être une à la rigueur. Je dis ça en souriant, mais j’y crois en plus… Cela a éveillé l’envie de dormir ailleurs, de se déplacer, des jeunes ou des moins jeunes. Pourquoi ne seraient-ils pas des clients de l’hôtellerie dans quelques années ? Oui, si on propose des produits modernes. Il y a beaucoup de gens qui n’ont pas l’habitude de voyager en hôtellerie et qui ont l’image de la chambre austère, ça change quand même. On le voit, on a parfois des gens qui n’ont 103 pas l’habitude de voyager, qu’ils ne savent pas comment ça se passe. C’est à nous aussi de montrer ce qu’on sait faire en hôtellerie, que l’on se sente comme à la maison. N : Ainsi, comment imaginez-vous l’hôtel de demain ? P : Il faut que l’on soit moins standardisé. Qu’on ait des chambres pour les familles comme je le disais tout à l’heure, que l’on soit plus flexible, que l’on travaille beaucoup plus sur la servuction, mais tout en restant sur des processus. C’est là où la réussite est une équation qui n’est pas facile : il faut à la fois proposer quelque chose de moderne, de tendance, déstructuré, complètement flexible, mais il faut aussi des processus pour qu’il n’y ait pas de mauvaises surprises pour le client. L’exemple d’une table d’hôte : aujourd’hui je pense que si on est dans l’échange, la table d’hôte rentre parfaitement dans le contexte. Cela veut dire que le matin je lève, seul, avec mes enfants ou en couple, et je me dis « Tiens, je vais prendre le petit-déjeuner à la table d’hôte ». Donc c’est sympa, je discute… Le directeur se met à la table d’hôte et discute avec les clients. Ça, je trouve que c’est bien. En revanche, s’il n’y a pas un processus qui cadre bien la facturation, que vous payez l’addition du voisin, ou vous vous retrouvez avec le verre de vin du client d’en face, c’est un peu tôt pour un petit-déjeuner, remarquons… Mais oui, là ce n’est pas bon. Il faut donner plus de possibilités au client, de passer du bon temps, mais il faut des processus pour que ce soit sécurisé. Il faut réinventer le produit chambre, par exemple en réutilisant ce qu’on a fait à Saint Lary, des chalets dans les chambres, ce n’est pas pour ça qu’il faut enlever la sécurité. L’équilibre est difficile à trouver. Generator… Je ne sais pas si vous l’avez suivi ; c’est une nouvelle auberge en hôtellerie. Il y en a à Paris, vous pouvez réserver une chambre individuelle, une chambre pour deux, une chambre pour trois, pour dix, vous pouvez vous retrouver dans un dortoir… Aujourd’hui ça répond aux attentes parce que ça permet de baisser les prix, ça permet de rencontrer du monde, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut que ce soit le bazar et un club de rencontre. N : Que pensez-vous de l’accueil dématérialisé dans les hôtels ? Pensez-vous qu’il faille remplacer les réceptions par des machines ? P : Non, non. Au contraire… Il en faut pour tout le monde, chez Ibis Budget, là ça marche très bien l’après-midi, il y en a des jeunes, des couples illégitimes qui ne veulent rencontrer personne. Après sur certaines catégories d’hôtel il faut garder cet accueil. Ce qu’on peut dématérialiser… Tenez pourquoi il y a un comptoir ? Mais il faut quand même qu’il y ait un accueil. N : Pourriez-vous imaginer une éventuelle collaboration avec Airbnb ? P : Oui, bien sûr… 104 N : Les commissions sont moindres qu'avec Booking pour l’instant… P : Oui pour l’instant, ça va vite monter on ne s’inquiète pas… mais oui pourquoi un groupe comme Accor ne dirait pas : « Si vous avez des appartements autours de votre hôtel, vous rendez à l’hôtel le service hôtelier. » Ça pourrait marcher, c’est là qu’un groupe comme Accor peut prendre la main, ils pourraient dire qu’ils rendent le service hôtelier mais pour ça il faudrait qu’il y ait une législation. Si un grand groupe comme Accor s’adosse avec Airbnb pour vendre un appartement, il faut qu’il y ait une sécurité derrière. S’il se passe quelque chose, c’est Accor qui va être impacté, ou l’hôtelier. Vous savez, j’ai fait mon stage de BTS il y a quelques années, dans une station thermale, un hôtelier louait plein de petits appartements à côté. C’était de l’Airbnb, sauf que ça s’appelait les « meublés de l’hôtelier », c’était pareil. C’était à part l’hôtel, en face, c’était pour beaucoup de clients habitués. Le client venait à l’hôtel, faisait son check-in tout ça… Il avait le meublé numéro trois au bout de la rue. On faisait le ménage s’il voulait, le petit-déjeuner, la restauration… C’était exactement la même chose. N : … Et à l’inverse vendre des chambres d’hôtel sur Airbnb ? P : Oui… j’y crois moins à ça. On a quelques tests, qui mettent des chambres sur Leboncoin… je n’y crois pas. Toutes ces choses ne sont que des épiphénomènes. N : Selon vous peut-on considérer que les propriétaires de logement sur Airbnb sont des professionnels de l’hôtellerie ? P : Non. Il y en a qui se professionnalisent, mais dans ces cas-là ceux sont qui ne respectent pas le principe de départ, mais après non, ce ne sont pas des professionnels, on ne peut pas vivre d’un seul appartement, donc non. N : Et pour ceux qui se développent à travers deux, trois appartements ? P : Oui, là, bien sûr. Mais à ce moment-là on est plus chez Airbnb pour moi. C’est comme les chambres d’hôte : normalement c’était trois, ou cinq chambres, chez l’habitant, on mangeait local, après certains ont commencé à se développer, à faire des salles pour les mariages, à faire cinq chambres plus un gîte à côté, plus un dortoir… Ils sont devenus professionnels de la location, mais ce n’était plus de la chambre d’hôte. Le propriétaire d’appartement qui ne reste qu’avec une chambre n’est pas un professionnel et celui qui a plus que ça, ne respecte plus le concept. N : Nous n’avons plus de questions… Merci d’avoir répondu à nos questions. 105 Annexe O – Entretien professionnel de l’hôtellerie n°2 Date : 08/03/2016 Durée : 1 heure Nous avons contacté ce professionnel qui est actuellement directeur d’un établissement et président d’un groupe hôtelier indépendant dans la France désireux de s'étendre à l'international, car son point de vue et sa réaction face à Airbnb nous a interpellé et nous a éclairés sur les recours possibles, nous permettant ainsi d’envisager une autre forme d’hôtellerie. N : Avant de commencer, pouvez-vous nous rappeler votre activité ? P : Alors moi j’ai plusieurs activités. À la base, je suis consultant en hôtellerie-restaurationspa à l’international, ensuite je suis exploitant hôtelier parce que j’ai un hôtel que je gère au quotidien et qui m’appartient, je suis président d’un groupement hôtelier, de quatre-vingtdix hôtels qui s’appelle Hôtel de Charme et Caractère. Je suis professeur et intervenant ici, voilà pour les activités essentielles. N : Les nouvelles technologies sont-elles importantes dans votre groupe ? P : Oui, les nouvelles technologies sont importantes, à tous les niveaux, aussi bien dans mon hôtel personnel, que dans une activité de conseil en tant que président d’un groupe hôtelier… On suit les mouvements plus ou moins facilement, mais aujourd’hui la technologie, pourquoi est-ce important ? Parce que ce sont des clients ou des nouveaux clients, c’est toujours pour ça. N : Est-ce qu’il y a de nouveaux métiers qui se constituent autour de ces nouvelles technologies ? P : Plus ou moins clairement, il y a des métiers qui se créent dans les grands groupes, qui ont des moyens d’anticipation, qui des moyens de création des postes nouveaux… Les structures plus petites comme la nôtre n’ont pas les moyens de faire ça, les hôteliers indépendants non plus, ou ils sous-traitent partiellement ces tâches, ou ils ne le font pas. Aujourd’hui, à part pour les groupes un peu structurés, un peu importants, qui ont les moyens, ça reste un désir mais c’est rarement concrétisé quand même. N : Cette chaîne hôtelière est volontaire ? 106 P : On est plus un label qualité, qu’une marque. Nous avons quatre-vingt-dix hôtels on est en plein développement. Je pense qu’on sera cent-vingt cet été. On se développe à l’internationale, mais on est indépendant. N : Depuis quand ce groupe existe-t-il ? P : Le groupe existe depuis plus de dix ans, mais à la base, il vient de Midi-Pyrénées. Depuis que j’en ai pris la direction, on en a fait une marque nationale et internationale. N : Souvenez-vous de la première fois où vous avez entendu parler d’Airbnb ? P : Il y a quelques années, je dirai... trois ans, quatre ans… J’essaye de suivre les choses donc ça fait un moment que j’en entends parler. N : Par quel biais en avez-vous entendu parler ? P : Je pense que j’en ai entendu parler aux États-Unis, lors des premiers mouvements, assez indirects d’ailleurs, c’était sur des problèmes de parcs immobiliers, des problèmes que ça soulevait dans quelques villes américaines, c’était vraiment au tout début, ces histoires n’avaient pas encore d’impact en France. Oui depuis trois, quatre ans, je n’ai pas trop la mémoire des chiffres… N : Que pensez-vous de ce concept ? P : Airbnb ? C’est très ambigu, il y a une partie de moi qui trouve que c’est catastrophique pour notre hôtellerie je dirai, parce que j’ai dirigé des hôteliers indépendants, je suis moimême un hôtelier indépendant, donc une partie de moi qui peut considérer que c’est un problème. C’est un problème parce que c’est déstabilisant, après nous jouons à un jeu qui n’a pas les mêmes règles, c’est donc toujours compliqué. Il y a une partie de moi qui trouve que c’est intéressant, parce que c’est un nouveau moyen de commercialisation, ça ouvre de nouveaux champs de consommation… Après, comme tout phénomène il va s’épuiser ou se modifier, dans quelques temps. Dans tous les cas, je crois qu’à la base, il faut s’en méfier, de croire que c’est un très bon modèle, c’est un modèle qui va évoluer, qui va prendre le temps de patiner, je n’y suis pas complètement opposé, par contre, pour la plupart des hôteliers et le marché français particulier, on est dans un état de guerre. N : Pensez-vous qu’il s’agit d’un modèle faisant partie de l’économie collaborative ? P : Non, ça en a l’image, mais pas du tout ; c’est une structure financière derrière, je dirai qu’il y a beaucoup d’argent derrière, il y a des sous qui sont passés dans des paradis fiscaux… 107 C’est pour ça que ça va craquer à un moment, il y aura un changement, il y aura d’autres concurrents possibles. Vous savez, il y a dix ans Expedia est parti devant, Booking les a supplantés derrière… On est dans des technologies qui sont mouvantes et puis le dernier né peut très bien rafler la mise, donc je dirais qu’ils ont créé un nouveau modèle, ils l’ont habillé d’un vernis collaboratif… On est quand même sur un secteur marchand, on vend bien un bien contre de l’argent, on n’est pas dans : « Je te prête mon appartement, contre le tiens », un secteur marchand qui échappe à beaucoup de lois. C’est pour ça que le modèle tel qui l’est, comme Uber, comme d’autres secteurs comme ça, à mon avis va se réformer quand même. N : Pensez-vous qu’Airbnb fait une concurrence déloyale pour l’hôtellerie ? P : D’une certaine forme, puisqu’il pratique une activité hôtelière, sans en avoir les contraintes. On a eu le même problème, il y a vingt ans avec les résidences hôtelières qui devaient louer trois, quatre jours, et qui finalement faisaient chambres d’hôtes… L’un dans l’autre, tout secteur est amené à se faire une niche, donc Airbnb bouscule des choses je dirai, peut-être faut-il les bousculer d’ailleurs, ça ne fait pas de mal. Là où effectivement c’est déloyal, je suis en contact avec des groupements d’investisseurs qui par exemple ne cherchent plus construire d’hôtels, ils veulent acheter des immeubles situés en centre-ville et en faire des immeubles hôteliers déguisés. Quand on en arrive là par contre, c’est de la concurrence. Quand c’est quelqu’un qui loue son appartement de manière plus ou moins professionnelle, c’est embêtant, celui qui loue de temps en temps, ce n’est pas grave, celui qui loue son appartement tous les jours, c’est déjà un peu plus compliqué, parce que là il est déjà dans une activité de loueur. Quand on commence à imaginer qu’on va acheter des immeubles entiers que l’on va transformer en hôtel déguisé avec un concierge, là attention. Pour moi, on est en concurrence déloyale puisqu’on créé une activité qui a tout d’un hôtel et qui en absolument aucune de ses contraintes. N : Pensez-vous vous que le phénomène s’aggrave sur en fonction de certains type d’établissement ? P : Pas forcément, à mon avis, ce sont les grandes villes qui vont être concernées, ça va être à la marge, là où il y a de petites villes… Oui, quelqu’un pourrait le faire, mais va-t-il en vivre ? Ce n’est pas à Bergerac, Libourne qu’il va vivre d’Airbnb, il va bricoler un peu. En revanche dans les grandes villes comme Paris, Barcelone, Toulouse, Lyon, là quand même, cela peut avoir un effet déstabilisant sur une partie de l’hôtellerie. Une partie de 108 l’hôtellerie va s’écrouler, ce sont toujours les moins bons qui vont tomber. Les hôtels qui tiennent la route vont résister. Maintenant, quand on voit qu’ils annoncent des chiffres tels que trois millions de nuitées sur Paris, je pense qu’on est bien en deçà de la vérité. Sur un trimestre ils ont versé un million deux cent mille euros de taxes de séjour, sachant que ce n’est que quelques centimes, cinquante ou quatre-vingt-dix, donc sur trois mois… Je n’ai pas les chiffres exacts, à mon avis on est plus proche de dix à douze millions de nuitées, plus tout ce qui n’est pas déclaré. Je pense qu’en effet là, cela a un effet déstabilisant qui n’est complètement normal. N : Nous allons aborder plus en détail la concurrence que peut provoquer Airbnb : est-ce que vous-même, vous avez pu remarquer un impact sur votre établissement, ainsi que ceux de votre groupe ? P : Non, très faible… Peut-être qu’ils prennent à la fois une partie du gâteau, qui n’est pas forcément très sensible. Moi c’est vrai que je ne suis pas implanté dans les très grandes villes, ou alors dans des hôtels spécifiques… moi je suis à Barcelone, j’ai un hôtel de quinze chambres en cinq étoiles luxe, deux étoiles au Guide Michelin, ce ne sera pas impacté par Airbnb. Le problème sera sur un effet général, qui ne sera pas mesurable sur la globalité : peut-être que chaque hôtel va perdre une ou deux chambres, donc il ne va pas y avoir un hôtel qui va s’écrouler à cause de ça, mais globalement on peut fragiliser tout le secteur, puisque si on parle de Paris, ils font trois à dix millions de nuitées, forcément il y a des endroits où ils n’y sont pas. Je veux bien croire qu’ils amènent une clientèle qui ne serait pas allée ailleurs, je pense qu’ils prennent aussi une certaine clientèle qui appartiennent à une certaine forme d’hôtellerie, je ne pense pas que ça touche une clientèle d’hôtellerie de luxe, car je crois que les services proposée par cette forme d’hôtellerie ne sont pas forcément proposés par Airbnb, quoique… Il y en a qui commencent à s’organiser autour des services qui s’apparentent à ceux de l’hôtellerie de luxe je dirai. Il y a un concept à Lyon qui s’appelle Mi Hotel, qui est quasiment de l’hôtellerie mais dans les appartements de luxe, avec cheminée, cave à vin… Mais je n’arrive pas à déterminer aujourd’hui quelle est la part et à qui ils la prennent. On encore vu personne s’écrouler aujourd’hui, on n’a pas vu d’hôtel qui a fermé parce qu’il a dit : « C’est à cause d’Airbnb ». Par contre si jamais, et là ce n’est pas Airbnb, mais les groupements d’investisseurs qui décident de créer des hôtels fantômes, anonymes, qu’ils commercialisent via Airbnb, là on risque d’avoir des cas particuliers d’hôtels qui vont commencer à baisser. Après les hôtels peuvent commercialiser via Airbnb. Moi, je commercialise des chambres via Airbnb, ce n’est pas interdit. 109 N : Nous aborderons ce point plus tard justement. Quelle est selon vous l’origine de la réussite d’Airbnb ? P : C’est un peu tout… Ce sont les médias, les prix j’imagine… la nouveauté, on vit effectivement dans une époque dite « collaborative » bien que souvent je sois septique par rapport à ce terme-là, mais les gens ont effectivement l’impression qu’ils vont pouvoir aller, pour moins cher, quelque part avec un meilleur rapport qualité-prix. Pourquoi le client va chez Uber, ou va chez Airbnb ? C’est parce qu’il compare des prix et des services, il ne faut pas oublier qu’à la base ce n’est pas une invention, il y a des clients qui l’utilisent, s’ils l’utilisent, ce n’est pas qu’ils sont tous idiots, c’est qu’ils y trouvent un intérêt. Bien souvent, l’intérêt est de deux registres : le premier est financier, la deuxième peut-être l’originalité et la qualité de service. Avec Airbnb, vous pouvez louer une nuit sur un bateau dans le port de Barcelone, avant vous ne saviez pas où vous trouviez ça. Ils créent de nouvelles idées, de nouveaux moyens de commercialisation, donc ça répond à un service. Aujourd’hui, Airbnb a créé quelque chose là où il y avait une attente et celle-ci est financière et en termes de produit et de service, ils proposent des chosent que les autres ne proposent pas. Après il y a le buzz autour, on peut se dire : « Je veux bien aller à New York, pourquoi n’irai-je pas chez Airbnb ? Pourquoi n’irai-je pas louer un appartement pour avoir un peu d’aventure ? Je vais dans un appartement pour vivre comme un new-yorkais, je vais dans mon quartier, j’ai une cuisine, j’ai l’impression d’être plus new-yorkais qu’un new-yorkais ou plus parisien que parisien… » J’ai vu des gens qui ont transformé deux appartements à Paris, il y en a un qu’ils ont fait super design et l’autre très rococo, très Louis XVI, pourquoi ? Parce qu’il y a des américains qui veulent louer à Paris, qui veulent quelque chose de très design ou quelque chose très thématique, c’est du toc, il n’y a pas d’hôtels qui font ça, sauf les palaces. Je pense que ça répond à une attente, à un besoin, à des prix, à la volonté de vivre différemment un séjour dans un pays parce que chez l’habitant c’est particulier, je dirais, ce n’est pas structuré. N : Pensez-vous que les prix pratiqués par Airbnb sont moins chers que ceux des hôtels ? P : Il y a de tout en fait, il va effectivement y avoir des choses pas chères, et d’autres qui sont plus chères si on regarde le service qu’il y a en face. Des mêmes prix, alors qu’il n’y a pas de service, pas de réceptionniste, pas de ménage qui va être fait, je dirai que vous avez une forme d’incertitude qui vient des prestations aussi… Il y a de tout, des trucs à trente-cinq euros, à deux cent cinquante euros, à quatre-cent euros, à cinq-cents euros… On travaille l’image, vous pouvez aussi louer une villa, je ne pense pas qu’ils n’empiètent que sur l’hôtellerie, d’ailleurs il va y avoir des rapprochements, des rachats avec ceux qui font de la location mobilière de villa… 110 Il ne va pas y avoir que l’hôtellerie qui va être concernée, je pense même que les loueurs de villa et d’immobilier seront plus pénalisés que les hôteliers en premier. N : Pensez-vous que l’emploi des salariés peut-être menacé à l’avenir à cause d’Airbnb ? P : Une partie oui, forcément. Si on dégrade une partie de l’hôtellerie on va perdre des postes, des métiers de service, c’est malheureusement la tendance actuelle. C’est vrai pour les autoroutes, où l’on a remplacé les gens aux guichets des autoroutes par des machines… Je dirai que c’est une forme d’hôtellerie le fait aussi : le Novotel essaye de faire des non-stop check-out, supprimer des réceptionnistes… Remplacer les gens par des machines. Airbnb aura bon dos, il n’y a pas qu’eux qu’ils le font, tout le monde essayera de le faire. Disons qu’eux passent dans une phase d’accélération sur la suppression de postes, mais je pense que derrière se recréera dans l’Airbnb ou son remplaçant, du Airbnb et des services, ça va venir. N : Nous avons déjà abordé un peu plus tôt le choix des clients d’Airbnb, parce qu’ils trouvent en général qu’il y a un manque de personnalisation dans les établissements ? P : Oui, c’est possible. Une partie, pas partout, chez Airbnb vous avez des trucs moches aussi. Vous avez des endroits sales, bien situés, des endroits où vous avez de jolies photos de NewYork, vous descendez vous êtes dans une rue sinistre. Je pense aussi qu’un des défauts d’Airbnb, c’est de ne pas être sûr de ce qu’ils offrent. Ils n’ont aucune certitude, on peut dire qu’il y a des avis, des gens qui vont aider sur ce point-là, comme dans les hôtels, mais c’est aussi un signe de leur faiblesse. C’est vrai que vous trouverez des choses que vous ne trouverez nulle part ailleurs : dans un bateau, une péniche, un château, un appartement, un loft branché… Dès que c’est sympa, c’est très cher. C’est voire plus cher que l’hôtellerie. Ils ont une offre plus ciblée et leur manière de rechercher l’information est plus intéressante. On propose des hôtels, des destinations mais pas des produits. Chez Airbnb vous avez un coup d’avance, mais on va suivre. Ils sont plus structurés de par la pléthore d’offre, vous pouvez quasiment choisir une rue dans Paris. Ce n’est pas possible avec une chaîne d’hôtel, il y a forcément des amplitudes, donc ils correspondent à la fois à une idée de prix, à une idée de participatif… C’est bien, c’est bien vendu de vivre comme un parisien… Ils ont une manière de segmenter leur offre qui est très précise, ils ont beaucoup de photos… Des choses que des chaînes d’hôtel n’ont pas forcément : une ou deux photos et c’est fini. Là, ils vont montrer l’appartement etc. Je pense que ça accroche plus une partie des gens qui se disent : « Voilà ce que je veux, cela me correspond ». On va plus dans le détail. 111 N : Il y a peut-être eu un manque de prise de conscience de la part des hôteliers pour qu’un phénomène tel qu’Airbnb puisse émerger ? P : C’est plus lourd… c’est plus difficile pour l’hôtellerie, ce n’est pas une personne, mais plusieurs groupes avec des intérêts différents, chacun ne se sentira pas forcément menacé par Airbnb, parce que tout le monde aura des intérêts différents. L’hôtelier indépendant, le petit hôtel, l’hôtel des grandes villes, les palaces… Chacun va jouer sa carte en disant qu’ils vont se rénover… Il n’y a pas de structuration de l’offre mondiale de l’hôtellerie. Airbnb est planétaire, on n’a pas une hôtellerie planétaire, on a déjà dix, quinze groupes, et après, mille petits groupes. Il n’y a pas un syndicat hôtelier, mondial qui les regroupe. En plus dans chaque pays, les hôteliers sont face à des gouvernements, face à des lois. Airbnb surfe sur les grands groupes sur le fait de ne pas avoir de lois. C’est-à-dire qu’eux peuvent se répandre de manière planétaire. Il n’y a pas eu de réponses parce que peut-être que les gens ne l’ont pas vu venir, ils ont attaqué sur plusieurs secteurs… Ils n’ont pas pensé que cela aurait cette ampleur-là, et aujourd’hui il n’y a pas de structure mondiale de l’hôtellerie, il n’y a pas de syndicat de l’hôtellerie mondiale efficace… Airbnb sont tous seuls, il n’y a que quelques dirigeants, ils peuvent décider comme ils veulent ce qu’ils font… Il y a des équipes aussi qui sont plus jeunes, dans l’approche on est plus dans une startup. Je pense qu’ils sont meilleurs en marketing, meilleur en interaction et ils ont captés les réseaux sociaux, les applications sur smartphone, là où l’hôtellerie mondiale est un peu à la peine. N : Pensez-vous que la clientèle des hôtels est la même que celle captée par Airbnb, ou cela créé-t-il une nouvelle demande pour les consommateurs ? P : Je pense qu’il y a une partie de nouvelle demande, forcément. Je ne suis pas en mesure de vous le dire, il n’y a pas d’étude sérieuses là-dessus, c’est très compliqué parce que ni les hôteliers, ni Airbnb n’ont envie de savoir, ils le savent peut-être mais n’ont pas envie de le dire. Donc oui il y a une partie de nouvelle demande, maintenant est-ce qu’on peut imaginer que quelqu’un va dans pays, juste parce qu’il y a Airbnb ? Je n’y crois pas un instant. Si vous avez décidé d’aller à New York ou au Zimbabwe vous y allez. Je ne pense pas que quelqu’un va se dire un matin : « Je vais voir chez Airbnb s’il y a une destination » je n’y crois pas du tout ou alors c’est très faible, très marginal. À un moment donné, cela va déplacer des choses. Peut-être quelqu’un qui serait allé chez l’habitant, peut-être des gens qui ont cherché d’autres formes de logement. Je ne sais pas, mais j’ai vraiment du mal à croire que quelqu’un va vers une destination, un pays, parce qu’il y a Airbnb. Que cela lui facilite l’accès, que cela finisse la décision, c’est-à-dire qu’il se dise : 112 « C’est moins cher, je peux y aller » mais s’il n’y avait pas eu Airbnb, je pense qu’il y serait allé quand même, peut-être en auberge de jeunesse, peut-être en camping, ou allé chez l’habitant, mais je pense que la proportion de décision juste grâce à Airbnb est très faible. Alors est-ce que c’est une nouvelle forme de client ? Peut-être que oui, dans le sens ou si les gens ont le budget, y resteront plus longtemps. Peut-être vont-ils vivre différemment leur séjour, ils vont peut-être dépenser différemment parce qu’ils auront économisé sur l’appartement. Je ne sais pas quelle implication cela a, puis il y a des typologies différentes, je pense aussi que les clients sont multiples ; peut-être vont-ils aller un jour à l’hôtel, puis l’autre dans un Airbnb ? Ils vont peut-être faire un périple dans un pays. Je pense aussi que c’est une expérience jeune chez les clients, c’est-à-dire à dire que vous n’avez pas beaucoup de gens autour de vous qui peuvent vous raconter cinquante-mille expériences chez Airbnb. Il y en a qui l’ont testé une fois, deux fois… Mais vous allez entendre : « Moi j’ai eu un truc super. », « Moi j’ai eu un truc sale. » On en parle beaucoup mais tout le monde n’a pas testé Airbnb. Je crois que chacun va faire sa propre expérience et dans quelques années cela va devenir un produit mûr. On va y voir des inconvénients, des avantages, on va dire : « Je ne vais pas dans un appartement qui a moins de dix avis, parce que je n’ai pas envie de surprises. » Derrière le phénomène d’Airbnb, va se créer un lissage du phénomène Airbnb lui-même. Quelqu’un qui va mettre en ligne son appartement et qui n’a pas d’avis, ce sera peut-être plus dur pour lui que celui qui fera un bon produit comme avec les hôtels sur Booking, TripAdvisor, tout ça. Les clients sont multiples, il y a peut-être de nouveaux clients, il y a des clients peut-être différents, moi je sais que si je vais à Barcelone, je serai tenté un jour de dormir sur un bateau, parce que je sais que c’est possible de dormir dans un bateau dans le port de Barcelone, mais je ne le ferai peut-être qu’une fois, les autres fois j’irai à l’hôtel. Quand je dis que les clients seront multiples, cela devient une autre source de la création pure de clients, je resterai prudent là-dessus, c’est ce qu’ils racontent, bien sûr, mais moi je ne pense pas que quelqu’un va sur Paris parce qu’il y a un appartement sur Airbnb. Bon, si l’appartement était à vingt euros, peut-être… Je dirai : « Maintenant je peux aller à Paris, à vingt euros, avant je n’avais des hôtels qu’à quatre-vingt ou cent euros. » Comme je ne pense pas qu’on soit vingt euros à Paris, que l’on se rapproche plus des prix des hôtels, je ne pense pas que ce soit un élément décisionnaire majeur, donc l’argument de créer des nouveaux clients je n’y crois pas. Maintenant, est-ce qu’on rallonge la durée des séjours ? Est-ce qu’on créé une nouvelle forme de tourisme ? Oui, peut-être, avec des gens qui vivent différemment, dans un quartier, qui vont faire les courses à l’épicerie, plutôt que de manger au restaurant, peut-être oui. Est-ce que ça créé des revenus ? Oui c’est possible. 113 N : Selon vous, les hôteliers doivent-ils réagir face à la montée en puissance d’Airbnb ? P : Oui, surement, mais chacun à sa manière. Déjà, d’un on peut travailler avec Airbnb, on peut louer des chambres sur Airbnb, il n’y a pas de raison, si nous avons des produits spécifiques, ne pas les mettre en vente sur Airbnb, on le vendra comme les autres, et Airbnb, si on veut faire simple ont moins de commissions que Booking. On pourrait dire : « Bravo, merci Airbnb vous êtes moins cher que Booking. Donc si demain vous êtes aussi efficaces qu’eux, j’ai tout intérêt à travailler avec vous. » Je ne voudrais pas leur jeter la pierre dessus, s’ils sont efficaces, moi je dirai aux hôteliers de travailler avec ; « Ne soyez pas fous, pourquoi n’y seriez-vous pas ? » mettez-les en concurrence, parce que refuser d’être sur un marché, l’ignorer ou dire qu’il n’y est pas... Ce n’est pas un marché qui est fermé en plus, c’est ça qui est intéressant, ce n’est pas un marché qui ne veut pas d’hôteliers, ils les accueillent. Donc je pense qu’on peut travailler avec Airbnb. Après, là où il faut, nous hôteliers, c’est se battre pour qu’on gagne un minimum de législation sur tout ça. Ce qui ne serait pas possible, contraignant, ou qui induit un risque, c’est le fait que certaines personnes puissent faire le même métier sans avoir les mêmes règles. Prenez un sport, deux équipes qui jouent au foot, une qui doit respecter les règles, l’autre qui joue comme elle veut ; ça va forcément mal finir et le match ne sera pas intéressant. De nos pouvoirs publics, au moins en France je dirai, les hôteliers devraient se structurer pour faire évoluer la législation, une partie de la législation encadrant cette activité. N : Comment aviez-vous fait à l’époque avec le problème des chambres d’hôtes ? Les chambres d’hôtes sont un peu le même concept finalement… P : Les chambres d’hôtes sont limitées en nombre de chambres, elles sont limitées du fait qu’il ait quelqu’un qui habite sur place. Donc je dirai que la chambre d’hôte en elle-même, c’est maximum cinq chambres et le propriétaire habite sur place. Ce n’est pas le cas d’Airbnb. Airbnb, pour une chambre, quelqu’un va louer toute l’année, mais il n’habite pas du tout sur place, il envoie une femme de ménage faire le ménage ou vient lui-même. Donc déjà les chambres d’hôte ont créé un problème, mais la nature de la réglementation des chambres d’hôte font que quand même, on n’a jamais vu quelqu’un faire fortune avec une chambre d’hôte. Finalement, là aussi, ça s’est lissé : il y a de bonnes et de mauvaises chambres d’hôtes, les gens en ont beaucoup rêvé, ils se sont cassé la figure. Il y a certainement des chambres d’hôtes qui font concurrence à l’hôtellerie parce qu’ils sont bons, ils sont efficaces, il y en a qui ne font pas beaucoup de mal, ça dépend où ils sont. 114 Donc pour Airbnb c’est la même chose. Aujourd’hui un investisseur peut acheter un immeuble de vingt appartements dans le centre de Toulouse, place du Capitole, place SaintGeorges, en faire un hôtel déguisé et là il n’y a pas de normes, il n’y a rien. Vingt appartements, loués individuellement, il suffit qu’il fasse des lots juridiques et ça n’a rien d’interdit. En chambre d’hôtes on ne peut pas faire ça, des fois ils ont sept chambres, ils en font une qui est jumelée, bon… il y a toujours des aménagements. Là, on a un vrai problème juridique de l’encadrement de cette activité, qui pourrait devenir une vraie concurrence. Maintenant l’exemple de Mi Hotel sur Lyon, c’est ça : ils vous proposent un hôtel sur Lyon mais éclaté avec plusieurs appartements, une sur la place Bellecour, etc. Donc c’est un hôtel qui, au lieu d’avoir quinze chambres au même endroit, vend deux, trois, quatre, cinq, dix chambres dans la ville, avec un coursier qui va se déplacer, ça c’est très malin et ça peut faire mal à terme. Aujourd’hui, le danger est naissant. Après que va-t-il se passer demain ? Je n’en sais rien… Que va faire le gouvernement ? Visiblement rien, à part prendre une taxe, la taxe de séjour. Ils ne vont pas légiférer là-dessus, ils vont mettre beaucoup trop de temps à s’en occuper. De toute manière, c’est la profession qui va devoir s’adapter, il ne faut pas compter sur la législation, ou à la marge, juste sur des taxes, mais les taxes ne changeront rien. C’est la réponse des gouvernements français de droite ou de gauche, ils rajoutent une taxe, et elle ne sert à rien. Vous avez quelqu’un qui va faire un hôtel, on va lui prendre cinquante centimes ou un euro par jour, mais est-ce que ça change le problème ? Est-ce que ça change le fait qu’il fasse un hôtel sans aucune contrainte ? Ce n’est pas la réponse adaptée, cela va être la réponse française : « Pour le moment, on fait rentrer de l’argent. » Mais c’est un mauvais calcul à mon avis, parce que cela aurait pu être de l’argent qui serait allé ailleurs, on récupère de l’argent, oui… C’est pour ça qu’Airbnb fait venir les journalistes, pour offrir un chèque d’un million deux, on croirait que c’est un miracle, non c’est juste normal. Cette réponse est mauvaise, et a priori la réponse des gouvernements sera très faible. N : Pour revenir à ce que vous disiez, comment vous, vous travaillez avec Airbnb ? P : Très simplement, j’ai une chambre dans mon hôtel avec un jacuzzi, un endroit qui est presque un appartement je dirai, je la mets à la vente sur Airbnb, régulièrement je ma vend. Mais là, moi je suis dans un endroit perdu où je ne fais pas beaucoup de chambre par les réseaux, je fais 0,6 % de mon chiffre d’affaire avec Booking. Donc j’en fais très, très peu avec Airbnb aussi, si j’étais au centre de Toulouse, et que j’avais un hôtel très ciblé je vendrais sur Airbnb aussi, ils ont moins de commissions que chez Booking. Par contre c’est un produit spécifique, il faut le vendre un peu comme un appartement. En fait, qu’est-ce que les gens achètent chez Airbnb ? Une chambre, un logement. Simplement, il faut apprendre à morceler un hôtel comme un produit spécifique : vous ne vendez pas tout 115 l’hôtel, vous vendez une chambre thématique et à un bon prix. Si vous avez un bon prix avec un bon produit, vous vendez. Donc moi, je pense qu’il faut utiliser Airbnb… Ce n’est pas les prendre à leur propre piège, ils s’en moquent ils prennent une commission, comme Booking, comme Expedia, comme les autres. Il faut utiliser Airbnb pour ce qu’ils sont, là où ils sont bons c’est du morcelage de marché avec un ciblage plus performent. Si vous n’avez rien à vendre, ce n’est pas simple, mais j’inviterai chaque hôtelier à utiliser Airbnb, ce n’est pas gênant, c’est la réponse la plus facile… Il ne faut pas compter sur le gouvernement, il ne faut pas compter sur l’évolution de la loi. N : Est-ce qu’aujourd’hui vous avez autant de visibilité sur Airbnb que sur Booking ? P : Moi je suis un cas particulier, j’ai un hôtel perdu, je ne suis pas plus mauvais avec Airbnb qu’avec Booking. Je dirai que Booking ne sait pas vendre du détail, il vend des hôtels, globalement, Airbnb vend du logement, de la chambre. C’est aussi intéressant pour les hôteliers qui pourraient dire : « Je pourrais vendre mon hôtel par morceaux, pas obligé de vendre ma destination, je vends une chambre. » Je pense qu’il y aura des marchés qui vont se développer, c’est-à-dire que rentrer en guerre contre Airbnb… on peut toujours faire du lobbying, leur demander qu’ils payent des taxes, faire des lois… Le temps que ça se passe, ce sera long. Donc il y a une première démarche. Il y a une autre démarche qui va se faire : Airbnb va être confronté à son propre modèle, aux propres faiblesses de son modèle. Je dirai même qu’il y a va y avoir une nécessaire évolution, vu la pléthore d’offre qu’il a, ce n’est pas contrôlé, il y a les avis des clients… Le modèle va changer aussi, leur modèle, tel qui est aujourd’hui va devoir changer pour que les gens s’y retrouvent de mieux en mieux et que ce soit de plus en plus précis. Airbnb va donc évoluer, forcément, il va devoir s’adapter et donc que va faire l’hôtellerie ? Comme on n’est pas armé on ne va pas faire de guerre, on va être aussi malin qu’eux, être malin avec eux, travailler avec eux. J’aurais plutôt tendance à dire qu’il faut travailler avec eux. Il faut être un cheval de Troie, il faut entrer dedans. N : Le problème d’image qu’il y a entre Booking et l’hôtellerie de luxe est peut-être une solution avec Airbnb ? P : Oui, regardez, faites un historique. Moi j’ai vu la naissance d’Expedia, j’avais un hôtel au centre de Toulouse, j’étais le premier à signer un contrat en France avec Expedia. À l’époque, quand ils m’avaient proposé un contrat, je les avais envoyés balader, j’avais dit : « Ce contrat, je n’en veux pas. C’est un contrat américain, en anglais » Il m’a donc dit : « Je vous propose une traduction », le contrat était traduit différemment. J’ai dit : « Vous vous fichez de moi, vous vous moquez de moi » et j’ai signé avec eux quand même pour tester le truc. 116 J’avais fait quelque chose d’impensable pour eux à la base, pour expliquer l’histoire, c’est un contrat de un an, renouvelable, que je pouvais casser du jour au lendemain. Comme j’étais le premier, ils l’ont fait… et j’ai vendu en deux, trois mois mille chambres. C’était formidable ! C’était au tout début, quand c’est arrivé on n’en voulait pas. On se disait : « Ce sont qui ces gens ? Des américains, ils veulent prendre nos chambres, prendre des commissions…» On voyait ça très mal. Au début on avait des commissions à huit, douze pourcent… Maintenant tout le monde trouve de normal que Booking prenne dix-sept pourcent, voire même dans les trente pourcent, tout le monde vit avec. Quand ils sont arrivés au début, personne n’en voulait. Je dirai que pour Airbnb c’est pareil, aujourd’hui tout le monde le voit mal, mais c’est un moyen de commercialisation de plus. Simplement qui est plus spécifique, il faudra être plus différent pour se positionner làdessus. Booking est arrivé derrière et a supplanté Expedia, pourtant il était leader, maintenant Booking est devenu leader en France. Je dirai avec une offre, une interface plus adaptée au client particulier, Expedia est plus resté sur du business. Airbnb s’est positionné encore sur autre chose. Il s’est positionné sur des gens qui veulent des séjours particuliers, un peu plus personnalisés avec un peu plus d’âme, avec un meilleur rapport qualité-prix. Ils sont sur un autre marché, certainement d’ici dix ans il y aura un nouvel acteur qui va supplanter tout ça et qui va proposer un mix de tout ça… Mais Booking fait de la chambre d’hôtes, tout le monde fait tout. Il y aura surement un nouvel acteur. Google se prépare aussi à avoir des offres très importantes là-dessus en mondialisant tous les hôtels, en les scannant, en proposant des visites virtuelles, en recommandant au client qui voyage. Booking et Google ne sont pas des intervenants à prendre à la légère, et Google va proposer peut-être directement ou indirectement les choses, peut-être rachèteront-ils Uber et tous les autres… On ne sait pas. Il y aura des nouveaux acteurs, c’est sûr. N : Justement, on parlait de cette clientèle affaire avec Expedia, pensez-vous que cette clientèle peut-être captée par Airbnb. P : Historiquement, c’est le début d’Airbnb, il a démarré en s’organisant autours des conventions. Donc je dirai, oui, même si cela parait plus complexe, peut-être que je me trompe, mais puisqu’ils ont commencé comme ça, c’est leur objectif. C’est aussi peut-être le début de leur fin, parce qu’à vouloir tout faire, ils vont peut-être brouiller leur image, ils en ont les moyens donc on va les laisser faire… Oui je pense qu’ils veulent revenir au démarrage, trouver des solutions du type : « Vous organisez une convention à Nice, à Paris, nous on va trouver plein de logements. » Après il y a la logistique derrière qui parait toujours folle, on va trouver des taxis, des choses comme ça… Mais c’est leur origine, ils sont capables d’y revenir, mais une fois de plus tout le monde fait tout. Je dirai que les sociétés capitalistiques sont tellement gourmandes, en plus dans l’économie collaborative, va chercher à manger à tous les râteliers, ils vont chercher à prendre de l’affaires. 117 Ils vont tenter certainement là-dedans, ils vont se noyer, faire des erreurs. Mais ils vont tenter, j’en suis sûr, ils ont raison, même si cela me parait plus compliqué, ils arriveront peut-être à faire quelque chose aussi. N : Justement, connaissez-vous la plateforme qu’ils ont lancée spécialisée dans cette clientèle ? P : Non, je ne connais pas. Si elle repose sur des logements indépendants, enfin pour organiser des conventions de trois mille personnes… Ça me parait plus compliqué, après qu’ils y arrivent oui, localement tout peut marcher… Je ne vois quand même pas un congrès de comptables travailler avec ça… Après un congrès d’informaticiens oui, de congrès de startup dans le jeu-vidéo oui… Je ne suis pas sûr qu’ils arriveront à capter le marché quand même. N : C’est un certain profil de clientèle qui est concerné ? P : Oui, ça correspond à certains trucs, à des marchés effectivement, des gens qui voudront se trouver un style. Ça peut marcher oui. N : Il y a déjà Google qui a travaillé avec eux. P : Ah, voilà Google ! Pourquoi il le fait ? C’est l’esprit… Ils veulent montrer que Google fait partie du truc, que c’est en marche, qu’ils vivent de la nouvelle technologie. Google, s’il le faut est capable de les racheter un jour ou ils créent un nouveau produit. Mais dans toute cette mouvance, il y aura des gens qui vont toujours trouver ça bien. N : Pensez-vous que le phénomène Airbnb perdurera dans le temps, ou que c’est simplement une tendance ? P : Non, ça va durer… ce sont des cycles. Connaissez-vous la loi de la rouspétance universelle ? Toute chose, tout phénomène porte en lui-même les raisons de sa perte. Votre corps humain, de par sa composition porte en lui ce qui va le faire mourir, le système politique porte en lui le ver qui va le tuer. Les composants du communisme portaient en eux ce qui la fait mourir, le capitalisme porte en lui ce qui va le faire évoluer ou mourir un jour. Pas mourir dans le sens d’exploser, mais plutôt dans le sens d’évoluer ? Uber, tout le monde le regarde, ça va grandir et un jour ça va mourir et de ça naitra autre chose, ce n’est pas dramatique en soi, cela fait évoluer les choses. Voyez la cuisine moléculaire, tout le monde n’en a pas fait aujourd’hui en restauration, mais ça inclut des tendances. Le monde s’est ouvert, les frontières se sont ouvertes, la cuisine asiatique a influencé le reste du monde, pourtant tout le monde n’a pas fait que manger de la cuisine asiatique depuis… 118 Airbnb, comme Uber, comme tous ces phénomènes-là, font bouger la société. Les choses évoluent : regardez l’hôtellerie aujourd’hui n’est pas la même de celle d’il y a vingt ans, et dans quinze ans on va encore changer. Tout cela participe à évolution des choses, je dirai plutôt positive à mon sens, même si en phase de transition c’est toujours houleux, surtout pour ceux qui doivent changer. Peut-être que la société Airbnb va disparaitre un jour, parce qu’elle sera ravalée ou qu’elle s’écroulera, le modèle en lui-même qu’ils ont lancé, enfin ce n’est même pas eux qui l’ont lancé, ils ont su capter quelque chose qui existait si vous voulez. Ce n’est pas eux qui ont décrété aux gens d’aller dormir dans des appartements, ça existait il y a des gens qui louaient des appartements. Globalement, ils ont su canaliser un phénomène naturel et en faire un système économique, c’est ça qui est fort chez eux, ils n’ont rien inventé. En gros, ils ont su se faire de l’argent sur quelque chose qui existait et ils ont su le « marketer », le mettre en avant et capter des clients, les fidéliser et prendre des sous au passage c’est ça qui est fort. N : Comment imaginez-vous l’hôtellerie de demain, pensez-vous que les hôtels arriveront à mettre en place des actions contre Airbnb ? P : Oui, parce que tous les clients du monde ne voudront pas Airbnb. On n’est pas dans une secte, tout le monde peut faire quelque chose, plus on est dans un phénomène de masse, plus vous avez des contrepoids évidement. Si tout le monde fait Airbnb, ça devient « has been », passé de mode. Donc oui, tout le monde va se ruer sur Airbnb pendant un certain temps, et plus de gens le feront plus il y en aura qui diront : « Moi je ne fais surtout pas ça, parce que j’existe, je ne suis pas un mouton de Panurge. » Si vous voulez, il y a de la place pour tout le monde. Une fois de plus, vont tomber ceux qui ne sont pas bons, donc l’hôtellerie doit évoluer… Savez-vous quel est le premier concurrent de l’hôtellerie ? C’est l’habitat… Il y a vingt, trente ans, les gens étaient mieux à l’hôtel qu’à la maison. Ils allaient à l’hôtel, ils envoyaient presque une photo, une carte postale à leur famille, il y avait Canal + à l’hôtel, ça n’y était pas à la maison, je suis plus vieux que vous… Il y a eu une époque, où il y avait le téléphone à l’hôtel et pas à la maison, quand j’étais petit, tout le monde n’avait pas le téléphone à la maison, l’hôtel était mieux que l’habitat, normalement. Aujourd’hui, l’hôtellerie a été différenciée ; il y a l’hôtellerie bas de gamme à zéro, une étoile, qui contient simplement le minimum pour dormir et vous avez l’hôtellerie de luxe qui pousse vers l’extrême luxe, comme dans les automobiles vous avez la Rolls… Mais même dans les hôtels de luxe, les gens aujourd’hui sont moins bien qu’à la maison. Ils ont un lit moins grand, une salle de bain moins complexe, ils ont moins de chaînes de télévision… À la maison ils quatre cent chaînes de télé, à l’hôtel ils n’en n’ont que quinze au moins. Ils ont du 119 Wi-Fi plus compliqué, à la maison ils ont du haut débit, à l’hôtel il faut partager le wifi, pour ne pas avoir à le payer… Faites un tour au salon de la maison et habitat vous verrez comme l’habitat a bougé, faites un tour chez Ikea. Il y a des sur-matelas, il des couettes, il y a dix oreillers… Est-ce que ça a suivi en hôtellerie ? Non. Donc le principal concurrent à l’hôtellerie ce n’est pas Airbnb, c’est l’habitat. Comment faire en sorte que les gens soient plus contents d’aller à l’hôtel que de rester chez eux ? Des cadres qui ont de l’argent, regardez leur habitat, le confort qu’il y a : Machines Nespresso, écrans plats géants, des lits géants, des baignoires balnéo. Même des gens qui n’ont pas trop d’argent, ils vont trouver une douche chez Castorama à trois-cent-cinquante euros, un miroir grossissant, ils vont bien s’équiper chez Ikea. Quand ils vont à l’hôtel, ils ont un lit plus petit, ils ont moins d’espace, il y a le wifi qui marche moins bien, la salle de bain est un peu moins à leur goût… C’est ça qui est compliqué, ce n’est pas l’hôtellerie, c’est l’habitat. C’est plus simple de faire un appartement, qu’une chaîne d’hôtel, même faire un hôtel. À un moment donné, moi j’ai géré un groupe qui s’appelait Campanile, vous aviez vingt-cinq mille chambres à l’époque. Chaque fois qu’on décidait d’investir, même dix euros par chambre, c’était 250 000 euros tout de suite, et si c’était mille euros par chambre, on tombait dans des millions. C’est comme si vous vouliez faire la course entre un paquebot et un petit hors-bord, le paquebot le temps qu’il prenne la décision, qu’il tourne la roue, il va se passer trente bornes avant qu’il tourne. Le petit bateau fait ce qu’il veut, c’est un principe vrai dans toute l’économie : les petites surfaces sont plus efficaces en ville que les grandes, elles sont sur place, plus réactives, plus mobiles. La complexité pour un groupe hôtelier c’est de garder leur taille et à la fois leur souplesse locale. Ce qui manque à l’hôtellerie aujourd’hui c’est de l’adaptation plus rapide. C’est très lourd à diriger, après il y a des petits hôtels qui s’adaptent, parce qu’ils vont savoir créer un produit, créer quelque chose de séduisant, ce sera un peu plus compliqué pour les grands groupes mais ils vont y arriver, ils créeront autre chose. Ils vont créer du service contrairement à ce que l’on peut avoir sur Airbnb, des clients qui iront parce qu’il y aura peut-être des baby sitters chez Novotel ? Il y aura des services incroyables comme des spas par exemple, même si cela devient commun, mais chez Airbnb ils n’ont pas de spas… Les hôtels vont devoir inventer des choses qu’Airbnb n’a pas et faire un élément de différenciation dessus, on trouvera de tout, des gens qui feront leur marché sur Airbnb et d’autres qui préfèreront l’hôtellerie. Les plus mauvais se casseront la figure, comme toujours. N : Selon vous peut-on considérer que les propriétaires de logement sur Airbnb sont des professionnels de l’accueil, de l’hôtellerie ? 120 P : Non. Ce sont surtout des loueurs, des investisseurs, des financiers... On ne peut pas leur donner tort. La personne qui loue son appartement mille euros, s’il peut en gagner troismille-cinq-cents en passant par Airbnb, on voit le calcul qu’il fait. Pourquoi un propriétaire fait ça ? Il se dit : « D’un, je n’ai pas de contrats de bail, donc je n’ai personne à ficher dehors quand je louerai mon appartement. Ensuite, je n’ai pas à me battre pour récupérer des loyers, ça tombe et je loue mon appartement quand je veux. Je peux récupérer mon appartement quand je veux, y vivre moi-même, pas de problèmes de locataires, pas de conditions, pas de dossiers et en plus je gagne plus d’argent. » Ces gens-là ne sont pas des philanthropes si vous voulez, ni des amoureux de l’hôtellerie et de l’accueil, ils s’en moquent complètement. C’est juste un problème financier. Moi, tous gens que j’ai rencontrés, les propriétaires d’appartement qui louent à partir d’Airbnb, c’est financier. Après ils peuvent le faire bien, quitte à louer un appartement… Mais quand ils le font bien, c’est pour le louer plus cher, pas pour faire plus plaisir. Peut-être que demain ça changera, parce que si demain il y a beaucoup d’appartement Airbnb… les gens vont se dire : « Moi je vais rajouter une cafetière chez moi, offrir ça, parce qu’on est quatre dans la rue », il y aura une guerre aussi entre eux. 121 Annexe P – Entretien propriétaire n°1 Date : 19/01/2016 Durée : 1 heure Nous avons contacté cette propriétaire qui vit à Toulouse ayant une longue expérience avec Airbnb, travaillant dans le secteur médical. Elle loue son appartement de manière occasionnelle. Elle utilise donc cette plateforme pour un aspect social et collaboratif qui consiste à ne pas laisser un bien inoccupé et non pas principalement pour l'aspect financier. N : Comment avez-vous connu Airbnb ? P : … C’est ma mère qui avait vu un reportage au journal de 20 heures ou de 13 heures je ne sais plus… Enfin un journal national et on cherchait justement soit un hôtel soit un hébergement à l’étranger, à Milan, on partait toutes les deux à Milan… quand on s’est mises à chercher, elle m’a parlé de ce reportage qu’elle avait vu dans un journal et sur Airbnb. La première fois que j’ai vu Airbnb c’était moi qui cherchais à louer à l’étranger. N : En tant que cliente ? P : En tant que client pour… je ne sais plus, c’était une semaine, on partait quelque chose comme ça. N : Pendant combien de temps avez-vous essayé Airbnb en tant que cliente avant de passer propriétaire ? P : Je crois que c’était… il n’y a qu’une seule fois finalement, parce que du coup ça devait être au mois d’avril…C’était au mois d’avril et après je me suis mise à louer mon appartement très peu de temps après ça devait être… donc ça c’était en avril… juin, juillet, août… oui, quatre mois après. Oui ça devait être quatre ou cinq mois après pour louer mon appartement voilà. N : Et qu’est-ce qui vous a donné envie, de louer votre appartement via Airbnb puisque vous étiez cliente d’abord ? P : Alors à cette époque-là, je vivais chez mon ex-compagnon, j’avais mon appartement qui était souvent vide. Enfin… je n’y étais pas mais je ne voulais pas le quitter, le laisser, je voulais vraiment avoir quand même mon chez moi. Et j’ai commencé à le louer sur deux semaines je crois que c’était un étranger qui avait besoin de deux semaines de location à Toulouse. 122 Je trouvais que c’était bien, parce que ça permettait de le louer, tout en gardant mon chez moi deux semaines après, je pouvais y retourner. C’était plus pour ça parce que du coup je n’étais pas chez moi, mon appart était vide mais en même temps j’avais toutes mes affaires je ne pouvais pas tout déménager puis je voulais vraiment garder mon chez moi, c’était juste pour me dire que c’était dommage qu’il soit constamment vide, voilà. Donc, c’était la première raison. Ensuite, j’ai récupéré mon appartement, ça c’est fini avec mon compagnon… J’ai récupéré mon appartement et donc là, par contre, je louais souvent pour des week-ends. Je partais en week-end et je louais ailleurs par Airbnb pendant que mon appartement était lui-même en location. N : Vous êtes autant utilisatrice que propriétaire. P : Oui. N : Cela fait combien de temps que vous louez sur Airbnb ? P : Depuis… trois ans, trois ans et demi. N : Vous êtes satisfaite de ce que vous apporte Airbnb ? P : Oui… Du coup oui, moi je n’ai jamais eu de problèmes en tant que cliente, je m’en sers toujours autant. Quand je pars, je loue quasiment toujours par Airbnb. Je n’ai jamais eu de problèmes d’appartement. Ils sont bien situés, ils sont propres, je n’ai jamais eu de problèmes, j’ai loué pour la première fois quand je suis partie à Milan avec ma mère : c’était une chambre d’ami, la personne était donc chez elle et nous louait juste cette chambre. Après, presque toutes les autres fois sauf récemment, je suis retournée à Milan. Pareil, c’était dans une chambre d’ami mais sinon en général je loue l’appartement entier et je n’ai jamais eu de soucis quand je louais. En tant que propriétaire, quand je louais mon appartement c’est pareil j’ai jamais eu de problèmes, une fois on m’a cassé un verre… Enfin, je n’ai vraiment pas eu de problèmes. Les seuls petites choses que j’ai eu ne sont qu’anecdotiques ; c’était vraiment rien… un verre cassé, une autre fois, j’ai eu une personne qui est venue et qui en arrivant dans mon quartier, parce qu’en fait j’habite à Arnaud Bernard, le quartier maghrébin de Toulouse, bien que ça y était dans la description, quand la personne est arrivée au début du week-end, il a décidé d’annuler la réservation, c’est la seule chose que j’ai eue. N : Comment ça s’est passé du coup ? Vous n’avez rien touché ? P : Non, du coup j’ai contacté tout de suite Airbnb, même la personne les a contacté en disant que le quartier ne lui convenait pas, je n’ai rien touché il me semble… non j’ai rien touché. Par contre je pouvais bien sûr le louer comme la réservation avait annulé au dernier moment. 123 N : Concernant les annulations de ce type, quand vous êtes cliente, n’êtes-vous normalement pas obligée de payer un acompte ? P : En fait, cela dépend de ce qu’on met, cela dépend de ce que moi je mets comme impératif, en tant que propriétaire. Je pense que c’est vraiment moi qui décide. Et moi j’avais rien mis… Si je réfléchis, c’était il y a un moment…. mais non je crois que je ne vous dis pas de bêtises je crois que je n’avais rien touché. N : En admettons qu’il y ait un gros problème matériel ou un problème de ménage en appartement, quelles sont les garanties que vous apporte Airbnb ? S’il y en a… P : Je vous avoue que je ne sais pas… N : Ils ne vous ont pas mis au courant quand vous vous êtes inscrite par exemple ? P : Non... Non après ils parlent d’assurance, mais après je ne sais pas exactement à combien ça équivaut si vraiment j’avais un gros pépin, comme je n’en ai jamais eu… Il est vrai que je me suis pas trop posé la question. N : Et ils ne vous présentent pas forcément les garanties lors de votre inscription ? P : Non, après c’est parce que moi je n’ai pas fait la démarche de vraiment chercher en détail, parce que le site est quand même bien fait, il n’y a pas mal de choses de décrites si vraiment on fait attention. J’ai eu un autre problème, c’était un jour où je partais pour un week-end prolongé, je l’avais donc loué et le matin de mon départ, j’ai eu un problème d’eau chaude dans mon appartement, j’ai vite prévenu les personnes qui m’avaient loué l’appartement en leur disant que je comprenais s’ils annulaient, chose qu’ils ont faite. Ces locataires m’ont demandé de venir parce qu’eux du coup avaient… Je vous explique : quand on fait une location par Airbnb, on paye tout de suite et l’argent reste sur le site et le propriétaire touche l’argent que quand les locataires arrivent. Le jour même, ou le lendemain. Cette personne-là était embêtée, parce qu’en fait elle me disait : « Moi, j’ai payé la location et il se trouve que je vais devoir repayer ailleurs » Ça faisait une grosse somme à sortir pour eux, donc ils ne voulaient pas se faire rembourser chez moi, il fallait que je leur fasse un chèque de remboursement, qu’ils puissent louer ailleurs et ensuite on s’arrange avec Airbnb. Du coup moi je l’ai fait, je leur ai fait le chèque et on a contacté Airbnb ensemble. Airbnb m’a répondu de ne jamais faire cela, qu’ils ont des situations comme ça d’urgence où l’on peut les rembourser tout de suite et annuler la location si moi je veux retrouver quelqu’un pour le louer rapidement. Donc ils m’ont dit de ne surtout pas faire ça, puis Airbnb les a contactés tout de suite en leur disant de déchirer le chèque… non, ils m’ont même contactée pour que je reprenne le chèque, que ce soit moi qui le déchire et Airbnb les a remboursé tout de suite pour qu’ils puissent se louer autre chose. N : En cas de problème, vous avez quand même un contact téléphonique auprès d’Airbnb ? 124 P : Oui, oui j’ai un numéro, il y a un numéro sur le site où on peut les contacter et vraiment ils sont très serviables. N : C’est un service gratuit ? P : C’est un service gratuit. On les a très facilement, ils dépannent vraiment très facilement. Tout de suite, quand on les appelle, ils se connectent sur notre compte donc ils voient très bien qui on est, ils voient tout de suite qui sont les locataires dont on parle. Je me rappelle que j’avais eu un problème lorsque j’étais en Corse, j’avais l’application sur mon portable et il y avait quelque chose que je n’arrivais pas à valider. J’étais embêtée parce que je ne pouvais pas de clients je ne sais pas ce que c’était exactement donc je les ai contacté, ils se sont immédiatement mis sur mon compte pour pouvoir faire les choses à ma place. Ils sont vraiment facilement accessibles… C’est vraiment pratique. N : Pour vous cela fait partie des avantages que procure Airbnb ? P : Ah oui ! Je ne ferais pas de la location comme ça sur un site que je n’arrive pas à joindre, qui ne me dépanne pas tout de suite en cas de problème. Les rares que j’ai eu m’ont prouvé qu’ils étaient vraiment joignables tout de suite, qu’ils rappelaient, qu’ils s’arrangeaient pour que les choses soient arrangées le plus vite possible… Sinon je ne l’utiliserai pas. N : Et avez-vous d’autres avantages de ce type sur Airbnb ? P : Ce que je trouve pratique c’est que c’est moins cher. Souvent, quand je pars je prends un appartement entier, j’ai donc à peu près pour le même prix dans un hôtel par exemple. J’ai un appartement avec cuisine pour pouvoir me faire à manger, ne pas être tout le temps au restaurant matin, midi et soir. Quand on part c’est quand même plus économique et c’est surtout… Je tombe sur chaque fois des gens super accueillants, qui mettent à disposition des plans de la ville ou des explications… Quelque chose que je fais-moi aussi quand j’ai des locataires je mets tout le temps des plans, des explications sur tout, les expositions du moment, les restaurants, je trouve ça beaucoup plus accueillant qu’un hôtel, qu’une chambre d’hôtel. N : Est-ce que vous restez présente parfois dans la location ? P : Non, moi, jamais, parce que je n’ai pas de chambre d’ami donc dès que je loue, je laisse l’appartement à la personne. N : Mais restez-vous quand même à disposition du client ? P : Ah oui toujours… ils ont toujours mon numéro… Soit ils me contactent par Airbnb par message, mais s’ils ont besoin de me joindre rapidement ils ont toujours mon numéro de téléphone pour pouvoir me joindre tout le temps et si je suis à l’étranger, ou ailleurs, que cela peut être plus compliqué, ils ont le numéro de ma mère qui est sur Toulouse qu’ils 125 peuvent joindre, oui. D’ailleurs c’est souvent ma mère qui les accueille parce que c’est souvent des périodes où je suis partie alors soit ils arrivent avant que je sois partie soit c’est ma mère qui les accueille et elle a l’habitude maintenant. N : C’était ma question : savoir comment vous remettez les clés aux clients, si c’était vous ou si c’était une autre personne… P : Alors soit c’est moi, soit c’est ma mère qui est à la retraite et qui est à Toulouse, il y a aussi cette possibilité-là et pour les rares fois où je pars avec ma mère ou encore lorsqu’elle n’est pas disponible… J’ai une étudiante qui m’a contacté il y a un an maintenant, peut-être un an et demi, cette étudiante qui m’a contactée par Airbnb comme vous, m’a dit qu’elle était étudiante et qu’elle louait elle-même son appartement sur Toulouse quand elle était pas chez elle, et qu’elle se mettait à disposition de toulousains qui voudraient louer lorsqu’ils ne sont pas sur Toulouse pour remettre les clés, faire le ménage entre deux locataires, des choses comme ça. Donc ça m’arrive de la contacter pour remettre les clés quand ma mère n’est pas disponible. Elle prend du coup une commission de dix euros, c’est vraiment quelque chose que je fais avec elle par téléphone, ça n’a rien avoir avec Airbnb, donc il y a un rapport de confiance aussi… mais voilà je sais que j’ai eu affaire à elle plusieurs fois voilà elle fait le ménage, elle donne les clés, les explications, elle gère l’accueil. N : Si j’ai bien compris, vous louiez votre appartement pour éviter qu’il ne soit vide dans un premier temps c’est ça ? Ensuite c’est devenu une activité annexe ? P : Alors déjà oui, c’est pour éviter qu’il soit vide, ensuite c’est aussi pour me faire de l’argent parce que du coup ce que je gagne dans les locations me permet de partir ailleurs, et puis aussi c’est pour la philosophie d’accueillir des gens, de leur mettre des choses à disposition, parce que moi quand je voyage j’apprécie qu’on le fasse avec moi, je peux le faire pour d’autres personnes qui voyagent et qui découvrent Toulouse ou qui ont besoin de venir sur Toulouse je le fais aussi. Donc, c’est plusieurs choses, c’est financier, ça c’est sûr, et aussi un peu de philosophie de vie où c’est un rapport de confiance total, je suis tout à fait d’accord que… moi en plus, je laisse toute mes affaires, sauf mon ordinateur que j’enlève, je l’amène chez ma mère… Toutes mes fringues y sont, tout y est, j’ai toutes mes choses de valeur, je ne vais pas tout enlever à chaque fois : c’est donc vraiment un rapport de confiance mais j’estime que les gens le font aussi quand ils m’accueillent chez eux, donc pour l’instant j’ai jamais eu de problème, le jour où j’en aurais un, j’arrêterais. 126 N : Est-ce qu’avec Airbnb vous avez l’impression d’avoir aussi cet aspect social en faisant partie d’une communauté ? P : Oui complètement. Oui, oui, enfin c’est pour ça que ça marche aussi, c’est pour ça que ça s’est autant développé, c’est qu’on a vraiment l’impression de faire partie d’une communauté, d’ailleurs ils en jouent beaucoup, ils sont sur Facebook, ils mettent beaucoup de choses, c’est sûr c’est très américain comme concept, quand on les a au téléphone, tout de suite ils se mettent sur notre compte ils voient notre prénom ils nous appellent que par notre prénom… N : Est-ce vous faites partie d’un groupe sur Airbnb qui regroupe les propriétaires de Toulouse ? Parce qu’on a déjà eu un cas d’une personne qu’y en faisait partie… P : Non, ça non. Je ne savais pas que ça existait. J’ai Airbnb sur Facebook donc je vois quand ils font des évènements en France ou aux États-Unis, mais je ne fais pas partie de groupe comme ça. N : Je voulais vous demander si ça restait une activité secondaire pour vous ou si ça vous prenait beaucoup de temps ? P : Pour moi, c’est une activité complètement secondaire. J’ai eu l’impression… ça m’est arrivé de louer sur Paris où il y avait des gens qui le faisaient vraiment… c’était quasiment leur boulot quoi. Moi non, pas du tout, j’ai un métier qui me prend énormément de temps et c’est juste quand je pars en week-end. En plus, je n’ai pas l’impression que ça me prenne du temps alors qu’au début je faisais le ménage à fond avant de… Donc ça me prenait du temps. Là, maintenant j’ai pris une femme de ménage pour moi, plutôt quand j’ai des locataires, j’ai ça en moins… avant c’était effectivement un peu lourd, parce que forcément quand on fait le ménage pour un locataire, on fait encore plus à fond que pour nous donc là c’est ça c’était vraiment dur. Non, je n’ai pas du tout l’impression que cela me prenne du temps. Je vous l’ai dit : soit je les accueille, mais l’accueil ça me prend… dix minutes à un quart d’heure pour leur faire visiter l’appartement, ou c’est ma mère qui le fait mais même elle ça lui prend pas un temps énorme. Non, non je n’en ai pas l’impression. N : Et vous, vous ne vous sentez pas attirée par les services d’un hôtel, vous préférez vraiment Airbnb ? P : Oui après ça m’arrive de louer dans des hôtels… N : Qu’est-ce qui vous gêne ? P : Qu’est-ce que je n’aime pas… il y a vraiment des hôtels que je ne trouve pas accueillants. Il y a plein de fois où j’ai trouvé des gens d’Airbnb, les propriétaires beaucoup plus 127 accueillants qu’un hôtel. Mais en même temps c’est normal, on accueille les gens chez nous, donc je veux dire : si on n’a pas un état d’esprit accueillant de toute façon on n’est pas dans ce type de concept, donc je pense qu’on a plus affaire à des gens vraiment accueillants, plus que dans les hôtels, mais oui, c’est vraiment essentiellement pour ça… Après c’est sûr qu’on loue des choses plus grandes avec des cuisines… Qu’est-ce qu’il y a d’autre… Puis en plus, je trouve que le site est très bien fait et qu’à la limite, pour moi je trouve ça plus pratique de chercher sur Airbnb que sur internet les différents hôtels, etc. Moi, je sais que quand je prévois de partir un week-end en vacances, souvent lorsque j’ai un peu de temps, mon métier ne me laisse pas le temps de chercher pendant de soirées entières des locations, je regarde rapidement sur Airbnb, je tape la ville où je vais, je tape les dates et vraiment je trouve ça super pratique au niveau présentation, recherches je trouve ça vraiment pratique. Je mets la fourchette de prix, j’envoie des demandes aux appartements qui me plaisent et voilà ! Tout de suite, j’ai la réponse ! C’est un gain de temps quand on organise des vacances, des week-ends, je trouve ça vraiment beaucoup plus pratique que les hôtels. Parce que pour les hôtels, en plus il faut faire les recherches, il faut appeler des fois, enfin voilà ça ne répond pas toujours, il y a une période où voilà… tandis que là, même si je fais des recherches à deux heures du matin et que j’envoie une demande les personnes ne peuvent me répondre que le lendemain il y a pas vraiment de… Je trouve ça plus pratique. N : Est-ce que pour vous il y aussi un manque de personnalisation des chambres, des services dans les hôtels ? P : Aussi oui. Oui, c’est vrai qu’à part les très beaux hôtels, où là forcément c’est beaucoup plus cher, mais sinon oui dès qu’on est dans les gammes de prix classiques, c’est vrai que c’est toujours la même chose et ce n’est pas… ça a peu de charme voilà. N : Donc pour vous ce qui pousse, les clients à louer sur Airbnb ça serait… P : Ça peut aussi être la recherche, de quelque chose un peu plus atypique, qui a un peu plus de charme, oui, voilà. Avec des prix corrects. N : Selon vous, pourquoi vos hôtes choisissent votre appartement ? P : Parce qu’il est situé dans l’hyper centre, qui est juste à côté de Saint Sernin et qu’il est… Il est vraiment typiquement toulousain, parce qu’il y a des briquettes roses à l’intérieur et que je soigne la décoration… voilà je pense qu’il plaît. N : Vous avez fait des aménagements justement pour Airbnb ? 128 P : Non, pas du tout. Je l’ai vraiment fait pour moi, c’est mon appartement, je le fais en fonction de mes goûts, en fonction de moi, soit ça plaît, soit ça ne plaît pas mais je ne fais pas en fonction d’Airbnb. N : Vous n’avez même pas changé des petites choses ou… P : Non, non. J’ai même rien acheté… Enfin voilà, j’ai une paire de draps pour les locataires que je n’utilise pas parce que j’ai déjà draps… Non, je n’ai vraiment rien acheté de particulier. N : Est-ce que par hasard, vous avez des affiches pour expliquer le fonctionnement de vos appareils ménagers ? P : Non, l’étudiante que je contacte quand je ne peux ne pas accueillir les personnes m’en avait parlé. Je n’ai pas pris le temps de le faire mais c’est vrai que ce n’est pas mal… Non, c’est vrai qu’il faudrait que je le fasse mais je n’ai pas le temps. Cela dit, ce sont des trucs relativement simples, quand ils arrivent je sais ce qu’il faut que je dise, ma mère aussi et Salomé c’est pareil quand elle vient, donc voilà on sait, je n’ai pas de trucs très complexes à utiliser mais je sais qu’il y en a qui le font et c’est pas mal. Il y a des personnes qui m’ont accueilli avec des fiches où vraiment c’était noté. Non moi la seule chose que j’ai noté c’est mon code Wi-Fi voilà c’est vraiment la seules chose qui est noté. N : Et pour les photos, les avez-vous prises vous-même ou c’est un professionnel d’Airbnb qui est venu les prendre ? P : Alors je les ai prise moi-même. Airbnb ne m’a pas contactée. Je sais que sur Paris, il y a pas mal de propriétaires qui m’ont dit que c’était un nouveau service d’Airbnb. Je ne sais pas si à Toulouse ils le font, mais moi ils ne m’ont jamais contactée pour venir prendre des photos. N : Vous pensez que c’est payant comme service de prendre des photos ? P : Je ne sais pas du tout. Oui, il me semble que c’est gratuit… N : Le propriétaire qu’on a interrogé la semaine dernière a pris ses photos avec un photographe d’Airbnb et il les a pris gratuitement. P : Oui, oui. Je me dis que les miennes sont correctes, j’arrive à louer comme ça mais oui, je sais que ça se fait. N : Vous louez à quelle fréquence ? 129 P : Je loue… Alors ça dépend des périodes : pendant l’été, là j’ai loué en juillet-août quasiment tous les mois, tous les week-ends, parce que je partais tous les week-ends… sinon l’hiver ça va être un week-end tous les trois mois. En gros, je pars une semaine au ski en février ou mars, je loue quasiment toute la semaine, sinon c’est un week-end tous les mois et demi à peu près, puis l’été c’est beaucoup plus fréquent. Je pars tous les week-ends, donc c’est quasiment tous les week-ends et puis quand je pars par exemple pendant les grandes vacances, là je suis partie deux semaines au mois de juin j’ai quasiment loué tout le long, oui, pas aux mêmes personnes parce que c’étaient des courtes périodes mais oui, quasiment tout le long. N : Concernant le prix de location, comment se passe la définition des prix ? Est-ce vous qui le fixez ou c’est Airbnb ? P : Non c’est Airbnb. En fait, c’est parce que j’ai suivi leur conseil. Au début, quand on créé l’annonce, ils proposent un prix par rapport à notre bien, par rapport à la situation, par rapport au nombre de chambres, la décoration, ils nous proposent un prix, soit on propose ce prix-là, soit beaucoup plus haut, soit beaucoup plus bas, moi je l’ai fait en fonction de ce prix-là, j’ai mis le prix qu’ils me proposaient. Alors, là en plus ce sont des choses qui s’adaptent vraiment bien : là ils ont fait des choses où par exemple sur les périodes creuses, ils proposent de baisser un peu le prix. Et ça je l’ai eu fait à des périodes où j’avais l’impression d’avoir un peu moins de monde. Du coup, ils me disaient : « Oui c’est une période creuse, si vous baissez peut être un peu le prix » c’était baisser le prix de quatre euros… N : C’est Airbnb qui vous le propose ? P : Oui. N : Sinon c’est vous qui pouvez fixer le montant ? P : Oui, oui en fait ils nous proposent toujours un prix et par contre on n’est pas obligé de le choisir. N : Au niveau de la commission que prend Airbnb vous savez à peu près le pourcentage ? P : Il me semble que c’est… Il me semble que c’est entre quatre et six euros par nuit pour moi. N : Sur un montant de combien à peu près ? P : Sur un montant de... Moi il me semble que je mets la nuit à cinquante-neuf euros et ils doivent prendre cinq euros, quelque chose comme ça, il faudrait que je regarde pour être 130 plus précise. C’est rien, c’est vraiment de l’ordre de quelques euros c’est entre quatre et six euros qu’ils prennent je crois. N : Est-ce que vous ne louez votre appartement que sur Airbnb ou également sur d’autres sites ? P : Non, que sur Airbnb. N : Vous n’êtes pas attirée par d’autres sites ? P : Non, je l’avais mis sur un autre site qui était de l’échange d’appartement gratuit, je sais plus comment ça s’appelait… « Guest to guest » je crois. En fait, je ne l’ai jamais fait parce que… déjà le site je le trouvais beaucoup moins bien fait, il est beaucoup moins attractif et puis toutes les propositions, toutes les demandes qu’on m’a faite c’était pour des endroits soit à l’autre bout du monde, où le prix du vol coûtait trop cher, soit des endroits perdus en France où ça ne me tentait pas je l’ai jamais fait finalement. Non je n’ai jamais eu d’autres sites. Je vais vous retrouver le prix… Je crois que moi c’est 59 € et j’en ai… Je sais plus parce que j’ai des… Je sais que pendant la période creuse je l’avais descendu à je sais pas 55€ un truc comme ça et sinon c’est 59€ moi je le loue et je touche entre 54 et 56€ donc ouais ils doivent prendre 4e un truc comme ça, dans ces eaux-là. N : Vous nous aviez dit que vous n’aviez pas eu de gros problèmes avec Airbnb mais est-ce que les assurances du site sont assez claires ? P : Oui… Moi je pense que c’est assez clair, c’est juste que je n’ai pas… je n’ai pas tout étudié mais oui, après je pense qu’ils ne se cachent pas trop par rapport à leur assurance. Enfin, je ne sais pas, vous avez rencontré des gens qui ont eu des problèmes ? N : Un propriétaire oui, qui avait eu un problème avec un de ses clients, et la couverture d’Airbnb ne s’était pas faite correctement au niveau du remboursement. P : Ah oui ? N : Est-ce que vous connaissez une réglementation appliquée à la location d’appartement par rapport à la déclaration des revenus ? P : Je sais qu’il faut être propriétaire pour le louer, ça c’est sûr après une fois propriétaire il faut le déclarer… N : Est-ce que c’est un revenu en tant que travailleur indépendant ? P : Je ne sais plus comment, exactement je le déclare mais… Je ne sais pas, enfin… Je sais plus comment je le déclare. 131 N : C’est au moment de l’imposition non ? P : Oui, oui. Oui, oui. N : Il n’y a pas eu de déclaration à faire à la mairie comme quoi vous louez votre appartement… P : Non, non. Moi j’ai juste la déclaration des impôts, mais c’est tout. Je n’ai jamais eu… Après mon syndicat est au courant, enfin, je les ai mis au courant, mais je ne pense pas que j’avais pour obligation de le faire. Oui, voilà juste à déclarer ce qu’on touche. N : Selon vous est-ce qu’il y a quand même des points à améliorer sur Airbnb ou est-ce qu’il y a des inconvénients ? En tant que propriétaire ou client ? P : …Non, quand on a loué un appartement en tant que propriétaire ou quand on a loué chez quelqu’un, lorsqu’on part on a toujours quelque chose à remplir le but est de savoir comment on a trouvé l’appartement, comment ça s’est passé avec les propriétaires et il y a toujours des commentaires et Airbnb nous laisse la possibilité de mettre des commentaires non visibles. C’est-à-dire que s’il y a eu un problème nous pouvons en parler qu’à Airbnb pour ne pas que l’autre personne soit au courant, c’est possible donc ça je trouve ça bien. Il y a la possibilité de les joindre rapidement par exemple s’il y a quelqu’un qui arrive et qu’on se sent pas en confiance avec cette personne-là, ou inversement si on a loué chez quelqu’un il y a la possibilité de vraiment, de… de contacter Airbnb si jamais on se sent pas en confiance je ne sais plus, il y avait un chapitre où on peut les contacter rapidement. Donc, non ça montre… Moi je n’ai jamais eu de problèmes mais ça montre qu’on peut vraiment… Ça peut permettre beaucoup de choses, quoi. N : Ce document, est-ce vous qui le mettez à disposition dans votre appartement ou ce sont les clients eux-mêmes qui l’apportent ? P : Non, le document il n’est pas papier, il est en ligne et on le reçoit par mail soit quand on a quitté l’appartement ; le lendemain on reçoit quelque chose pour remplir le commentaire ou quand l’autre locataire est parti on reçoit la même chose pour remplir le commentaire. Il y a beaucoup de choses qui sont visibles, ça permet de faire de la pub pour l’appartement ou de la pub pour la personne parce qu’en fait quand je reçois une demande d’un locataire, je peux aller sur son statut et je vois tous les commentaires que lui ont fait les autres propriétaires, et ça met en confiance. On voit les commentaires ce sont : « …A laissé l’appartement très propre » ; « …Personne très agréable »… C’est vrai que moi j’accepte plus facilement des gens qui ont plein de commentaires positifs que la personne qui n’a pas de commentaires. Alors ça m’est arrivé d’avoir une demande de quelqu’un qui n’avait jamais loué et qui m’avait dit : « J’espère que 132 vous accepterez, même si je n’ai pas de commentaires c’est la première fois que je loue… ». C’est vrai qu’on se sent plus en confiance quand il y a des bons commentaires. Donc du coup, moi je le remplis parce que ça aide quand même à choisir les locataires et les appartements car c’est la même chose pour les appartements : quand on cherche un appartement il y a tous les commentaires sur l’appartement. Ainsi, moi quand mes locataires partent, ils mettent un commentaire sur l’appartement, donc sur ma page j’ai plein, plein de commentaires ; ils marquent comment je les ai accueillis, ils font des commentaires sur l’appartement, sa localisation… N : Ça permet de donner une bonne image ? P : Oui, oui. Je trouve ça bien. Ça fait aussi de la pub quand on cherche on regarde forcément tous les commentaires. N : Faites-vous confiance aux commentaires qui sont laissés ? P : Oui. Ils peuvent toujours être faux, ça peut toujours être écrit par des amis ou autres mais sur le nombre de commentaires il y a quand même des… je n’ai jamais demandé à mes amis de mettre un commentaire sur mon truc pour faire de la pub. N : Est-il possible de mettre des commentaires alors qu’on n’a pas été dans l’appartement ? P : Je ne pense pas parce qu’il faut forcément… Sans être allé dans l’appartement non, ce n’est pas possible. Ce qui serait possible ce serait par exemple en tant qu’ami faire une fausse location, donc de payer par Airbnb mais qu’Airbnb rembourse ensuite, voilà, mais juste pour avoir des commentaires je trouve ça un peu compliqué comme astuce. N : Et dans la vie de tous les jours est-ce que vous êtes une adepte de la consommation collaborative comme avec Blablacar par exemple ? P : Oui. Blablacar je l’ai aussi fait. N : Vous avez aussi essayé d’échanger votre appartement donc ça aussi, ça en fait partie. P : Oui, je ne l’ai jamais fait parce que j’ai trouvé que ce n’était pas assez clair. Ce que j’aime bien dans Airbnb c’est que je trouve que le site est super bien fait, c’est clair on voit qu’on peut les avoir rapidement, si on a un problème… Et Blablacar je l’ai fait, oui je l’ai eu fait quand même peut être trois fois, quatre fois je trouvais ça pratique mais ça c’était… À l’époque, j’avais commencé parce que je travaillais de nuit, quand j’avais des déplacements le lendemain je préférais que ce soit quelqu’un d’autre qui conduise que moi, plutôt que de conduire fatiguée donc c’était plus pour ça que pour le côté écologique… Mais sinon, non après d’autres choses comme ça je n’en ai pas fait d’autre. 133 N : Est-ce que vous pensez faire concurrence à l’hôtellerie en louant votre appartement ? P : Ah oui, ça c’est sûr j’en ai conscience. Mais j’ai conscience aussi que lorsque je pars à l’étranger je loue sur Airbnb plutôt que dans les hôtels, je trouve que les hôtels sont vraiment, tellement chers par rapport à ce qui est proposé… tant pis, il y a un moment où il faut s’adapter. Je pense qu’il y a un moment où il faut s’adapter, comme vous disiez faire des choses plus originales que ce ne soit pas des hôtels, qui se ressemblent tous ou fait des trucs moins chers… Je pense que les hôtels qui s’adaptent à la concurrence d’Airbnb vont fonctionner… ils vont continuer à fonctionner. N : Comment pensez-vous qu’ils peuvent s’adapter justement pour répondre aux besoins des utilisateurs d’Airbnb ? P : Par exemple en faisant des sites internet plus pratiques, en se faisant des pages Facebook, en faisant des décorations plus attirantes ou moins… voilà en mettant des gens à l’accueil plus agréables, en personnalisant un peu l’accueil oui, des choses comme ça oui. Parce que moi, je trouve ça souvent cher pour ce qui est proposé. N : Savez-vous quand même que c’est à peu près les mêmes gammes de prix entre un hôtel et Airbnb mais ce qui diffère c’est vraiment, une offre différente puisque souvent Airbnb, c’est un appartement complet ? P : Oui c’est ça oui. Parce que quand on va à l’hôtel après faut compter en plus les restaurants, sauf quand il y a des hôtels où il peut y avoir une kitchenette des choses comme ça, je veux dire c’est sûr que quand on prévoit d’aller à l’hôtel, il faut forcément compter le budget restaurant et le petit déjeuner, qui est facturé dix à douze euros, c’est complètement hallucinant ! Tandis que sur Airbnb on s’achète quelque chose qui va durer cinq jours et qui coûte trois euros, il y a des fois je trouve que c’est vraiment les prix abusent pour les petits déjeuner par exemple, des choses comme ça. Là, pour moi ils ne s’adaptent clairement pas, puisque s’adapter ça voudrait dire faire le prix du petit déjeuner compris dans la nuitée ou des choses comme ça… ou moins cher. N : Est-ce que vous en tant que cliente d’Airbnb, vous vous permettez plus de dépenses à côté quand vous louez un appartement par exemple que si vous payiez une chambre d'hôtel plus chère ? P : Oui c’est sûr que quand je loue par Airbnb et que je mange beaucoup de repas à l’appartement, quand je me fais un restaurant ça va être un bon restaurant plutôt que des restaurants matin, midi et soir, je vais préférer faire ça. Ensuite, oui, le fait de louer mon appartement me permet forcément de pouvoir partir plus fréquemment et de consommer, dépenser beaucoup plus que si je ne louais pas mon 134 appartement par exemple. Mais oui, oui, je pense que le fait de louer des appartements par Airbnb au lieu de chambre d’hôtel va plus dans ce sens, ça va être des bons restaurants que je vais me payer parce que je ne vais pas y manger matin, midi et soir… N : Donc pour vous, il y a quand même plus de libertés en louant sur Airbnb que dans un hôtel ? P : Oui. Mais en tout cas, qu’on mange au restaurant de l’hôtel ou qu’on mange à des restaurants à l’extérieur, ça implique de manger au restaurant et le midi on peut s’acheter des sandwichs des choses comme ça mais je sais que quand je loue des apparts à Airbnb je peux acheter un paquet de pâtes et me faire des pâtes le midi pour pas cher, et puis je me fais des restaurants de temps en temps, le soir mais je ne vais pas dépenser autant au restaurant ou en repas que si j’étais à l’hôtel. À l’hôtel, je consomme. Voilà. Puis il y a aussi le fait de se poser un peu, c’est-à-dire que quand je dors dans des appartements d’Airbnb je vais acheter des pâtes des trucs qui ne coûtent pas chers et puis me poser un peu à l’appartement tandis que quand je vais à l’hôtel… À force de visiter toute la journée, il y a forcément un moment où on a envie de se reposer et là je ne vais pas avoir la force de me poser à l’hôtel du coup je vais me poser au restaurant, au lieu de manger des sandwichs pas chers, je vais prendre un restaurant à midi pour pouvoir me reposer un peu et un restaurant le soir pour pouvoir me reposer un peu, tandis que là dans les appartements je vais me reposer à l’appartement, c’est en ça que je dépense moins quand je suis dans des appartements que quand je suis à l’hôtel. N : Parce que vous n’avez pas envie de vous reposer dans votre chambre d’hôtel ? P : Non, moins. Oui, non, ça je ne vais pas le faire. N : Et vous n’opteriez pas pour par exemple, ce qui se fait maintenant, pour un apparthôtel avec kitchenette ? Mais avec quand même le service hôtelier ? P : Je ne sais pas. Parce que pour moi, c’est moins personnalisé, je choisis moins… Parce qu’en plus sur Airbnb il y a vraiment beaucoup, beaucoup de choix partout où l’on va il y a vraiment plein d’appartements complètement différents et beaucoup de choix donc je préfèrerais faire dans ces choix-là plutôt que dans des apparts-hôtels. N : Merci de nous avoir accordé de votre temps pour cet entretien. 135 Annexe Q – Entretien propriétaire n°2 Date : 19 février 2016 Durée : 1 heure Vivant à Marseille, cette utilisatrice d’Airbnb loue un appartement sans l’accord de son propriétaire, ce qui est illégal. Il nous a semblé très intéressant de recueillir l’avis et les raisons de ce type d’utilisateur qui existe, mais qui est difficile à trouver et à interroger. N : Quand avez-vous connu Airbnb ? P : Alors c’était bien avant de commencer à louer… Ça existe depuis quelle année ? N : 2008. P : 2008 ? Donc attendez que je resitue… j’ai l’impression que c’était dès le début. N : Comment l’avez-vu connu alors ? P : Par le bouche-à-oreille d’amis en 2008 ou 2009 quand ça a commencé. N : Est-ce que vous pouvez me dire globalement ce que cela vous apporte ? P : Ça a changé au fur et à mesure du temps. Au début, il me semble que ce dont on parlait beaucoup c’était plutôt les échanges de maisons pour aller en vacances chez quelqu’un d’autre et que quelqu’un vienne chez vous. Finalement, ça je ne l’ai jamais utilisé, mais c’est ce qui nous semblait un peu génial, de pouvoir partir en vacances sans avoir à louer de maison. Après ça veut dire du coup que vous êtes contraint en fonction de ce que vous trouvez, des gens qui sont intéressés pour venir chez vous. On ne doit pas être arrêté sur une ville, on doit être flexible sur la destination. Ça finalement on ne l’a jamais fait et Airbnb c’est venu plutôt… Alors j’ai loué plusieurs fois, d’abord pour partir en vacances et c’est venu plus récemment le fait louer mon appartement. Donc ça a un peu évolué au fur et à mesure du temps et là c’est devenu presque une source de revenus. N : Vous l’utilisiez au début pour avoir assez d’argent pour pouvoir partir en vacances ? P : Non, ça c’était le récemment que j’ai fait ça. Au début, je le faisais plutôt pour partir moi en vacances plutôt que d’aller à l’hôtel, c’était pour partir en vacances pour que ça nous 136 coûte moins cher… Alors un petit peu moins cher qu’une chambre d’hôtel et surtout beaucoup moins cher puisque vous pouvez cuisiner au moins un repas ou deux et de manger quand vous le décidez, de ne pas être obligé à manger dehors tout le temps. Donc c’est vraiment ça je trouve qui fait la différence. N : Vous avez commencé à partir en vacances avec Airbnb ou à louer vous-même votre logement d’abord ? P : Non, à partir en vacances d’abord. N : Et c’est ça qui vous a donné envie de louer votre logement ? P : Oui. N : Êtes-vous satisfaite ? P : De la plateforme ? Oui. Je trouve que c’est vraiment très bien fait, très pratique. J’ai l’impression qu’il y a quand même une grosse machinerie derrière qui fait que, quand même, s’il y a un problème avec un locataire, vous n’allez pas être lâché avec votre appartement qui a été incendié ou quoi. J’ai l’impression que c’est assez bien fait, il y a pas mal de mises en garde, on vous dit quoi faire pour tel ou tel problème, des gens que vous pouvez appeler, il y a beaucoup de questions fréquentes sur le site. Vous répondez à beaucoup de questions rien qu’en lisant le site. C’est vraiment très bien fait, c’est pensé pour quelqu’un qui l’utilise, c’est vraiment pensé pour l’utilisateur et pour l’instant il n’y a aucune question à laquelle je n’ai pas pu répondre seulement par le site. Vous savez qu’en cas de problème, il faut prendre des photos tout de suite de l’état dans lequel vous avez trouvé votre appartement. N : On reparlera de ce point particulier plus tard, sur tout ce qui est assistance et réglementation… Donc vous diriez que c’est à la portée de tous, vous avez mis du temps pour vous adapter à la plateforme ? P : J’ai mis un peu de temps, surtout pour faire l’annonce. Ce qui prend le plus de temps, c’est plutôt… oui rédiger l’annonce c’est plutôt long mais ça va, c’est surtout les photos, moi j’ai choisi d’assez travailler, dans le sens où il faut vraiment que votre appartement soit nickel pour qu’il donne envie, parce que les gens, quand vous louez un appartement, vous passez trois secondes sur la première photo et c’est ça qui définit si vous allez cliquer ou pas. Donc il faut quand même que votre photo principale soit nickel, qu’il y ait du soleil, que tout soit rangé, que tout soit propre, qu’il n’y ait pas d’affaires personnelles qui soient trop visibles pour que les gens s’imaginent chez vous rapidement. Donc vous voyez, sans linge, sans que le lit soit fait, qu’il soit propre, que les gens puissent s’imaginer chez vous sans se 137 dire : « Je n’aime pas trop ce genre ou ce genre ». Donc c’est vrai que notre appartement n’a pas beaucoup de décoration, il s’y prête assez bien, je pense. Voilà, je trouve que les photos demandent pas mal de temps de préparation. N : Il faut avoir quelques notions de communication finalement pour comprendre cela, bien mettre en valeur ses photos, son annonce ? P : Peut-être, c’est possible. Moi je le fais de manière… C’est peut-être le fait d’avoir été utilisatrice d’abord. Vous savez ce qui va donner envie ou pas aux gens de cliquer ou pas sur la photo, le prix, les choses que vous n’avez pas aimées chez les gens. Du coup, inconsciemment, peut-être que je les ai intégrées avant de faire ma propre annonce. N : Quels sont les avantages d’utiliser Airbnb ? P : Le fait, que moi je loue chez moi ? N : Oui, quels sont les avantages d’un propriétaire de logement ? P : …Trouver des locataires sans passer par un intermédiaire que vous payez. Vous êtes en direct avec une personne intéressée et le fait que ce soit aussi connu et aussi bien fait ça vous assure une visibilité dingue qu’un professionnel de votre quartier, admettons moi, à Marseille, ne trouverait jamais. Après Airbnb, le fait que ce soit aussi bien fait, je ne connais pas les chiffres mais vous savez, ils envoient les statistiques sur votre annonce vous voyez que vous avez été vu par tant de personnes, donc c’est incroyable. Vous êtes vu par énormément de monde. Vous avez beaucoup de chance de trouver des clients. N : D’ailleurs, juste pour revenir à votre offre : vous ne louez qu’un seul appartement sur Airbnb, celui à Marseille ? P : Oui, celui où j’habite. N : Est-ce que vous faites partie d’un groupe de propriétaires sur Marseille ? Car je sais que c’est quelque chose qu’Airbnb propose lors de l’inscription. P : Non, j’ai choisi de ne pas le faire parce que j’estimais que j’en avais pas besoin pour l’instant, peut-être que les gens s’arrangent pour les remises des clés et les ménages, et pour ça, j’ai plutôt essayé de monter un groupe dans mon quartier. On est trois, quatre copains-voisins, et c’est moi qui met en relation les autres pour que justement il y ait toujours quelqu’un, qu’on se fasse confiance et que si nos heures de départ en week-end ne correspondent pas aux heures d’arrivée des autres, qu’on ne soit pas obligé d’attendre les locataires, mais qu’on puisse compter sur un tel ou un tel qui est là ce week138 end, ou s’il y a un problème et qu’il faille aller à l’appartement qu’on puisse donner le numéro de quelqu’un qui soit là. N : Ils le font bénévolement ? P : Non. On se rémunère entre nous. On se rémunère, on a des tarifs si cela vous intéresse… je peux vous donner les détails. N : Pourquoi pas ? P : Maintenant ? Comme vous voulez s’il y a des questions qui se rapportent plus à ça. N : Non pas vraiment. Faites-vous plutôt en fonction du prix de la nuitée ou bien par mois par exemple ? P : Sur mon annonce il y a un tarif « ménage » qui est obligatoire à quarante euros, donc si il y a un de mes voisins qui fait le ménage, il a déjà quarante euros pour lui... N : C’est vous qui avez fixé ce tarif « ménage » ? P : Oui. C’est vous qui le fixez. Après, comme on habite vraiment pas loin, on s’est dit vingt euros pour la remise des clés, enfin, pour l’arrivée des locataires, vingt euros par déplacement s'il y a besoin pendant le séjour qu'il se déplace pour aller voir s'il y a un souci. En général les gens laissent les clés chez moi et claquent la porte. Si on ne revient pas, pour être sûr qu’il n’y ait pas de problème dans l’appartement, si on ne revient pas dans les quarante-huit heures il faut revenir voir si tout va bien. Là s'il y a besoin de revenir quand les gens partent, on se redonne vingt euros. En gros c’est vingt euros le déplacement et quarante pour le ménage. Ça vaut le coup si c’est pour plus de deux jours en fait. Si on fait entre soixante et quatre-vingt-dix euros la nuitée selon la saison, pour un jour ça ne vaut pas la peine. De toute façon ça fait trop de boulot pour un jour, on le fait quand même pour deux nuits minimum. N : Selon vous, est-ce une activité secondaire ou bien un emploi à plein temps ? P: Non c'est une activité secondaire, clairement. Après on s’est posé la question parce qu’on a un appartement à Toulouse qu’on loue à l’année. C'est plutôt se demander si on voulait acheter un autre appartement si cela vaudrait le coup de le louer sur Airbnb toute l'année… Et en réalité non, ça ne vaut pas le coup. J'ai parlé avec une professionnelle de l'immobilier à Marseille qui, elle, fait beaucoup d’Airbnb, enfin surtout avec son réseau sans forcément passer par la plateforme Airbnb, pour de la location saisonnière. Elle me disait que pour un particulier si ce n'est pas une activité principale, vous gagnez un peu plus d'argent en faisant du saisonnier mais il y a une différence pour un appartement d'admettons, je dis n’importe quoi, mais admettons de quatre couchages, il y a une différence de trois mille euros par an. 139 Il y a une différence, mais si vous voulez, par rapport au boulot que cela nous demande, de changer de locataires tous les 3 jours au lieu d’avoir un locataire fixe, qui ne vous demande quasiment aucun boulot cela ne vaut pas le coup. Vous imaginez tous les ménages à faire ? Laver les draps, répondre au téléphone, gérer les gens et tout… Il vaut mieux, plutôt que de gagner trois mille euros en plus, de faire un autre boulot à côté que de passer tout son temps à s'occuper de cela, en fait. La différence d’argent, le temps passé… Ce n'est pas du tout rentable sauf si vous considérez cela comme une activité principale. À ce moment-là vous avez une entreprise de ménage qui fait tous les ménages et il ne vous reste que la gestion. Que l’on fasse plusieurs appartements. Si ce n’est qu’un appartement ou deux et que c’est vous qui faites le ménage, que vous lavez les draps et que vous faites toute la gestion ; pour l’argent, la différence de revenus et telle que cela ne vaut pas le coup. Bon, c’est ce qu’elle nous disait. C’est vrai qu’en calculant en nombre de nuitées moyen dans l’année, etc. il y avait à peu près trois mille euros d’écart par an. Mais que ça demandait un boulot fou par contre. N: J’imagine qu’il faut que l'appartement soit occupé au maximum en plus, cela doit demander une grande gestion. P: Oui et ça par exemple à Marseille vous ne louez pas l'appartement toute l'année. Visiblement, j’en ai parlé avec un autre propriétaire qui lui utilisait Airbnb depuis pas mal d'année et il m'a dit qu'entre Décembre et Avril cela ne marchait pas trop, sauf dans un autre quartier… Nous, nous sommes plutôt à la mer, cela ne va pas être des gens qui viennent travailler… C’est plutôt vers le vieux port où là, toute l’année, on va avoir un public qui vient pour bosser, mais nous dans notre quartier pas vraiment. On est trop loin du centre pour louer toute l’année. N : La saison influence-t-elle la fréquentation ? P : Non, peut-être que pour Marseille cela va venir car c'est une ville qui évolue très vite. Lorsque je me suis installée en 2010 la population de Marseille n'était pas très touristique et j'ai des proches qui m'ont fait des discours peu élogieux concernant la ville et sa population, c’est vrai que c’est un peu vrai, même encore, mais moins. Les gens disaient : « Vous êtes fous de vous installer à Marseille, ça n’a aucun intérêt, c’est une ville pauvre sans intérêt. » Mais bon en 2013 c'est devenue la capitale Européenne de la culture ce qui a pas mal changé les choses, principalement l'image de la ville et au niveau des infrastructures, comme par exemple avoir installé des musées, les balades touristiques, les musées notamment le MuCEM (ndlr: Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée), avec le vieux port qui est devenu piéton, avant on ne pouvait même pas se balader, avec les voitures ce n’était pas du tout agréable : il y avait quatre files de voitures sur le vieux port, on n’avait pas la place de passer avec une poussette, du coup on ne pouvait 140 pas vraiment se balader en ville tellement. Tandis qu’en allant sur la Corniche ou dans un autre quartier un peu plus là avec des parcs… Donc la ville a beaucoup changé et cela continue de changer très vite. Tous les ans il y a des travaux pour les piétons, des lignes pour les tramways. On ne s’en rend pas compte, mais par exemple avant pour aller chez moi à mon lieu de travail je mettais avant en bus une heure et un quart à peu près, et maintenant comme il y a une grande partie qui ne comporte que des voies pour bus, je ne mets plus que la moitié du temps pour m’y rendre. Ça compte pour les touristes quand même. N : Vous observez une augmentation du nombre de touristes ? P : Oui, oui tout à fait. Je pense que s’il faut, dans deux, trois ans, on pourrait la louer quasiment comme décembre dernier, on a loué l’appartement qu’une semaine en été. N: Revenons sur l'appartement lui-même, combien avez-vous de couchages ? P : J’ai deux chambres, avec deux lits à deux places, un vrai lit dans une chambre, plutôt un canapé-lit dans l’autre, ensuite il y a un lit pour bébé qui peut aller jusqu’à sept ans, donc il y a un enfant qui peut dormir dans un lit. Enfin, on a un lit de camp. Donc on a cinq couchages, plus un pour un enfant, on compte entre quatre et six. N : Avez-vous déjà rempli cet effectif ? P : Oui. Le lit de camp on me l'a souvent demandé et parfois il y a des familles qui viennent avec deux ou trois enfants. Oui, cinq, six ça arrive souvent. N: Donc vous ciblez particulièrement la clientèle familiale avec cette offre ? P: Non c'est variable. On a pas mal de jeunes, des étrangers, on a des familles, mais il est vrai que la famille représente à peu près la moitié des clients. N: En tant que cliente, avez-vous apprécié toutes vos expériences ? P: …Globalement oui, oui. S’il y avait eu un problème, je m’en serais rappelée. Je ne suis pas tombée sur de fausses annonces. Certains appartements avaient des défauts mais c’était écrit, vous voyez par exemple, j’ai été à Barcelone, l’annonce précisait que c’était en centreville et que ça risquait d’être bruyant. Il faut s’imaginer en même temps, au vu de la situation… Non, non, je n’ai eu qu’une seule mauvaise expérience mais c’était en tant qu’hôte. N: Parlons maintenant des offres et services d’Airbnb. Selon vous qu'elle est la différence entre l'offre hôtelière qui se trouve sur Marseille et la vôtre ? P: … Ce n’est pas du tout le même genre de… On ne passe du tout sur le même genre de vacances. On se retrouve dans un autre circuit. Je pense que mon offre permet à des gens qui ne pourraient pas forcément partir en vacances avec le modèle hôtelier, comme par 141 exemple : je vois beaucoup de familles avec 3 enfants… Quand je me dis : « Je vais à l’hôtel avec trois enfants ! »… entre l'hôtel lui-même et les restaurants… Les gens font plus de séjours que s’ils devaient aller à l'hôtel, cela permet aussi d’être moins dans un circuit touristique… c’est sûr que cela dessert le milieu professionnel du tourisme. L'argent épargné par les hôtels est réinvesti dans le loisir, le tourisme, les gens qui voyagent vont peut-être dépenser plus, ailleurs… L’argent est réinjecté quelque part, certes pas dans les hôtels, mais dans les restaurants… Je pense que quand il y a plus de touristes, même s’ils ne vont pas à l’hôtel, ils vont en profiter. S’il n’y pas mille familles qui viennent en touriste à Marseille, manger deux fois par jour au restaurant, mais plutôt trois mille qui viennent y manger qu’une fois par jour… Il faudrait voir les chiffres exacts pour voir si Airbnb fait augmenter le nombre de touristes en ville, mais je pense que d’une manière ou d’une autre, l’argent circule quand même. Que ce soit en shopping, en restaurant, en café, en une activité que les gens n’auraient pas faite. Est-ce qu’une famille qui vient, qui dépense moins grâce à Airbnb va pouvoir se louer un bateau un jour ou deux ? Je pense que l’argent est quand même réinjecté dans le secteur du tourisme. N: Quels sont les critères de choix de vos hôtes ? P: En tant qu'utilisateur, vous cherchez une limite de prix, dans mon cas par exemple, je vais dire : « Je prends les offres à moins de 100 euros la nuit », moi mon maximum pour mon appartement, c’est quatre-vingt-dix euros pour le mois d’août. Il y a un critère de prix donc, il y a la localisation : je suis à un quart d’heure de la plage à pied, je suis aussi à un quart d’heure du centre-ville à pied. J’ai une situation, dans la ville, qui concerne le centre-ville, les commerces et les plages. Le fait qu’il y ait un extérieur est avantageux, comme nous avons une terrasse, il fait beau, il y a un hamac et un barbecue... L’extérieur fait la différence. N: Vous considériez vous comme une professionnelle dans le secteur de l'accueil ? P: .. Une professionnelle ? Cela dépend quel critère, mais en soi non, ce n’est vraiment qu’une activité secondaire. Peut-être ai-je maintenant assez d'expérience pour savoir ce que les gens vont chercher. En général, lorsque vous regardez mon profil les gens sont plutôt content de leur séjour, j'ai donc pu cerner ce dont les gens avaient envie et besoin. Vous voyez, j’ai choisi dès le début de mettre à disposition des serviettes et des draps, parce que je me suis dit que les gens ne transportent pas partout des draps pour en avoir à leur taille et correspondre au lit… C’est une question de facilité, il y a des frais de ménage obligatoire, comme ça ils savent que c’est facile. Je leur réponds très vite : dans les critères d’Airbnb qui vous mesure : si vous répondez rapidement à tout le monde cela améliore votre taux de réponse. Moi, me concernant j'ai un taux de réponse très rapide, donc les gens savent que leur séjour va être facile, pour venir 142 chez moi, je vais leur répondre tout de suite dès qu’ils ont un doute, ils ont les draps et les serviettes de toilette… N : Il me semble que vous avez été élue "super host" (ndlr: super hôte). P: Oui c’est vrai, mais alors je ne sais pas ce que c'est et ni pour quelles raisons je l'ai obtenu. N : Ce titre est plutôt visible ? P: Oui c’est visible. Cela me pose problème puisque je loue moi-même cet appartement et mon mari a peur que l'on se fasse dénoncer à notre propriétaire. N : Oui, parce que rappelons-le : vous êtes vous-même locatrice et votre propriétaire ne sait pas ce que vous faites. P : Non il ne le sait pas. N : Est-ce que les voisins le savent ? N’avez-vous pas peur qu’ils vous dénoncent ? P : Un peu… Mais les risques sont limités parce que déjà : puisqu'il nous aime bien, on s’entend bien avec eux, ensuite, il n’y a aucun de nos voisins qui passent par la même agence immobilière que nous. La propriétaire n’habite pas dans le quartier, je pense qu’ils ne savent même pas par quelle agence on loue notre appartement. Je sais que le risque est quand même limité. Si mes voisins de palier étaient à la même agence que moi, je me serais posé la question différemment, vous voyez ? Et là, je sais qu’avant d’arriver à notre propriétaire, il faudrait vraiment qu’ils nous en veuillent, mais je sais qu’ils nous en parleraient d’abord à nous, comme on s’aime bien, ils n’iraient pas remettre une lettre au propriétaire qu’ils ne connaissent pas. Dans le pire des cas j'aurai un avertissement avant que la propriétaire soit au courant. N: Pensez-vous faire concurrence à l'hôtellerie ? P: Oui, oui tout à fait. N : Avez-vous des clients qui vous disent que sans votre service, ils auraient loué une chambre d’hôtel ? P : Non, on ne parle pas de l’hôtel entre nous. Mais oui, forcément, soit ils sont là, soit ils sont à l’hôtel. 143 N : Parlons maintenant de la politique d'Airbnb. Comment fixez-vous le prix de votre appartement ? Vous aviez parlé plus tôt du système de rémunération que vous avez entre voisins, ce prix est fixé par rapport à ça ? Ou plutôt en fonction de la saison ? Ou bien encore en jugeant approximativement ? P : Alors pour ça… Airbnb vous fait une étude qui estime la valeur de votre location. Cela a l'air très, très précis, c’est assez incroyable je trouve, puisqu'ils estiment, au jour près, en fonction du nombre de logements qu'il y a dans votre quartier qui a les mêmes caractéristiques que le vôtre, le nombre de demande qu'il y a, de vues de profils etc. ils vous disent : « Ce mois-ci vous pouvez louer à temps, tel week-end vous pouvez louer à temps » au jour près ! Un vendredi ou un samedi ils peuvent vous dire : « Vous pouvez louer à quatre-vingt-dix euros » le lundi, mardi, mercredi cinquante… J’ai fait l’expérience de le mettre un peu plus cher, ça ne marche pas… Sauf peut-être au mois d’août. Au mois d’août je l’ai loué plus cher que ce qu’ils estimaient : « Du dimanche au mercredi à cinquante euros et du jeudi au samedi à soixante-dix » mais il me semble que je l’ai loué tout le temps à quatre-vingt-dix. Finalement les gens venaient cinq ou six jours plutôt que trois jours… il y avait plus une remise s’ils le prennent une semaine entière, là Airbnb propose de faire une remise aux gens s’ils le louent cinq ou six jours. N: Leurs prix seraient donc plutôt fiables, dans leur intérêt en somme ? P: Oui, ils ont tout intérêt puisqu'il me semble que je leur verse une rémunération en plus de celle des clients, mais cela reste faible. N: Sur Marseille existe-t-il une réglementation spécifique concernant la location d'appartements sur Airbnb ou sur d'autres plateformes similaires ? P: Il me semble que non. » Non, ça c’est sûr que non : je n'ai pas de versement à faire à la mairie concernant la taxe de séjour puisqu'il faudrait que je le déclare. Le fait que je le fasse de manière ponctuelle et exceptionnelle, mon mari était au chômage l’année dernière, cela me fait dire que… ce n’est pas grave. Il y a quand même très peu de chances que ça nous tombe dessus. Par contre c’est vrai que cet été on l’a loué pratiquement durant les deux mois, mais je me dis que ça, on ne va pas le faire tous les ans… Encore une fois mon mari était au chômage, c’était la première année de mon fils, moi j’ai travaillé à mi-temps donc j’avais beaucoup de temps libre. Ce n'est pas une source de revenus sur laquelle je compte et ce n'est pas quelque chose de régulier. Après, s’il y avait un impôt obligatoire je trouverais cela normal et je le paierai bien sûr. N: Êtes-vous assurée par Airbnb pour votre appartement ? P : Oui nous avons une garantie… je ne sais plus quoi… assistance juridique, ça c’est sûr. 144 Mais je ne suis pas rentrée dans les détails, puisque n'ayant pas le droit de louer, de toute façon je ne pense pas qu’on soit couvert, tellement. Puisque c'est illégal, mon assureur, comme il va chercher à se dégager de toute responsabilité, il va mentionner Airbnb pour ne pas payer. Il y a quand même des assurances car Airbnb veut se dégager de toute responsabilité. N: La sécurité est-elle une caractéristique qui effraie les potentiels propriétaires de logement sur Airbnb ? P: Oui un peu, c'est d'ailleurs pour cela que j'ai un peu poussé les gens dans mon quartier à faire du Airbnb, c’est vrai que les trois voisins qu’on a, du coup louent aussi sur Airbnb, ce n’est pas que dans un sens, on s’occupe aussi de leurs appartements, des clés et ménages s’il y a besoin. Eux sont des propriétaires. C’est plutôt concernant le vol d’affaires personnelles qu’on a le plus peur. On peur qu’on nous vole des habits, des livres… Je crois que mon premier Airbnb était à New York, j’y étais allée deux semaines, la deuxième semaine, j’étais avec une amie, et là on avait fait Airbnb, c’était en 2008 oui, il me semble. Justement j’étais assez étonnée, parce qu’il y avait les bijoux de la dame dans la salle de bain, il y avait les habits, on se disait : « Oh ! On pourrait tout voler » ça nous avait assez épatées. C’est ce qui fait peur aux gens. Ce que je me dis toujours, c’est que franchement, on me volerait un bouquin, je ne sais pas si je m’en rendrais compte, on me volerait un T-shirt, sauf mon T-shirt préféré, les trucs que je me suis achetée pendant l’année, je ne sais pas si je m’en rendrais compte, ou quand je m’en rendrais compte. Pareil, vous voyez ce qui a dans la cuisine, je m’en moque, les gens ne vous dévalisent pas, au contraire, on retrouve plus de choses dans les placards de la cuisine que ce qu’on a laissé. Je n’ai eu qu’une seule mauvaise expérience avec les clients. Sinon en général, les gens mêmes s’ils payent le ménage, bon ils ne font pas le sol, ni les toilettes, mais la vaisselle est faite, l’appartement est plutôt nickel, comme on l’a laissé nickel il y a quatre jours, les gens ne salissent pas, ils passent un coup d’aspirateur sur les draps. N: Avez-vous eu des soucis avec Airbnb ou bien des clients locataires ? P: Oui. N : Alors pouvez-vous me raconter ce qui s’est passé ? P : Je suis rentrée chez moi. Ce n’était pas des choses graves si vous voulez… il n’y avait pas le feu dans l’appartement mais on voyait qu’ils avaient fait n’importe quoi. C'était des jeunes, du genre vingt-deux, vingt-trois ans on va dire, peut-être plus vieux. Il y avait des traces de pieds, de chaussures noires à un mètre cinquante du sol. Je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça, pour voir qui sautait le plus haut, possible. 145 Ensuite mon congélateur, qui a trois tiroirs, avait été fermé à coup de pied puisqu'il y avait des traces de chaussures noires sur les tiroirs. Ils ont dû renverser un pot de glace à la vanille par terre qu'ils avaient essayé d'essuyer avec ma serpillère, puis qu'ils avaient laissé sécher au soleil. Elle était tellement collée, pleine de sucre, le sceau était plein de mouches ; j’ai dû les jeter. Sans compter les chips dans les draps, une serviette de toilette qui était noire ! J’ai dû la jeter puisque je n’ai pas pu la récupérer, je ne sais pas ce qu’ils ont fait avec, s’ils avaient essayé d’éteindre un feu, ils avaient vraiment maltraité l’appartement et c’était vraiment une sensation désagréable. Ce n’était pas des choses graves, parce que j’ai pu prendre une éponge, laver les traces de pied au mur, j’ai passé deux heures de plus par rapport à un ménage normal. Au lieu d’un ménage de deux, quatre heures de ménage, j’en ai fait six. En plus, ils m’ont cassé un tiroir d’un meuble, et ont été vraiment désagréables dans le sens où ils ont nié… N : Par commentaires interposés, cela s’est passé comme ça ? P : Non, par téléphone, j’ai passé sur les traces de pied au mur, mais pour le tiroir du meuble cassé ça m’embêtait pour les suivants. Donc je les ai appelé pour un dédommagement, j’ai proposé cinquante euros pour la serviette, la serpillère et le meuble, ils avaient d’abord nié avoir cassé en disant : « Je ne comprends pas, quelqu’un a dû s’introduire chez vous entre le moment où on est partis et le moment où vous êtes arrivés »… Puis ils ne voulaient pas ils trouvaient que cinquante euros étaient abusifs et me parlaient comme si c’était moi qui essayais de les arnaquer. Ils retournaient la situation en disant que c'était moi qui les arnaquais. Ce n’était pas vraiment les dommages dans l’appartement, mais plus la manière dont ils se comportaient qui était très désagréable. N : C’était vous-même qui les aviez accueillis ? P : Non c’était quelqu’un d’autre. Il a avait senti le coup venir et n’avait rien dit pour ne pas m’inquiéter. N: Quels ont été les recours de Airbnb ? Vous ont-ils aidée ? P: Non là j'ai décidé de régler cela à l’amiable puisque je pense qu'ils venaient d'une famille aisée entourée d'avocats. Je n’étais pas menacée, mais je me sentais… Si je mettais des commentaires négatifs… Je n’ai pas mis de commentaires du tout et eux n’en n’ont pas mis sur moi, parce qu’ils étaient capable de vérifier si j’étais dans la légalité ou non, m’attaquer parce que je n’ai pas droit de louer l’appartement. C'était à un point d'une malveillance où je me suis dit qu'il valait mieux que cela s'arrête là. Mais ils étaient enfants de médecins, de généticiens très connu aux États-Unis et même la mère a un empire immobilier à Marseille qu'elle passe son temps à louer sur Airbnb et donc finalement ils ont fait venir l'homme à tout faire de la maman pour m'apporter une serpillère, une serviette de toilette et qui est venu me réparer le meuble. 146 Ce qui témoigne de leurs implications… dans les dégradations. Ils auraient très bien pu prendre un appartement de leur mère mais ont préféré souiller ce qui ne leur appartient pas. Le plus drôle, c'est que l'homme a été payé 100 euros pour m'apporter tout le matériel donc cela leur a couté trois fois plus cher que s'ils m'avaient payé les trente euros que je leur avais demandés. N : Dans ces cas-là que propose de faire Airbnb ? P : Moi j’avais pris des photos, donc j’aurais pu faire un recours, mais au vu des personnages et de ma situation d’illégalité je ne voulais pas entrer là-dedans. En revanche, une de mes connaissances avait eu des soucis avec des chinois et Airbnb. Avec l'aide d'avocats, Airbnb fait des enquêtes sur des profils de personnes qui ont eu des problèmes, voir s’il avait eu des antécédents. Il vérifie qu'il n'y a pas eu de montage sur la date des photos envoyées en guise de preuves. Mais apparemment ils font leur boulot, ce n’était pas réglé au moment où il m’a parlé de cette histoire… mais ça a l’air assez fiable. N: Selon vous y aurait-il des points à améliorer sur Airbnb ? P : Il y a un peu des soucis sur le calendrier sur téléphone portable, mais c'est vraiment un détail. Parfois lorsque vous voulez mettre à jour votre calendrier pour dire que votre appartement est disponible tel ou tel jour, l'application plante un peu. Après c'est très bien fait, sur l'annonce vous avez une carte avec une zone où est situé l'appartement, vous pouvez faire le petit guide touristique du quartier : « Là j’aime bien, là il y a tel truc à visiter… » On personnalise son quartier en montrant les coins que vous aimez bien. Les gens aiment bien. Vous avez vraiment les conseils de celui qui habite là, qui mange là… N: Êtes-vous souvent sollicitée sur des services de conciergerie de ce style ? P: Oui, et c’est super on a même pas à faire les choses : c’est déjà fait. D'ailleurs je mets dans le détail plein de choses : les restaurants ou les cafés que j’aime bien, ce qu’il faut commander, les différents arrêts de bus, où se situe le supermarché le plus proche, la meilleure boulangerie, j’ai mis les arrêts de bus sur une autre catégorie. Tout est sur l'annonce donc c'est quand même un bon point. Et dans leurs commentaires ils le disent, les gens s’en servent, ils le demandent. N: Avez-vous la possibilité de choisir vos clients ? P: Alors oui, on peut dire non, contrairement à l'hôtel qui accepte tout le monde nous pouvons choisir nos clients. Alors cela peut se faire par échange de mails, des vues de profils où vous pouvez regarder les commentaires sur la personne, combien de fois ils ont loué. Vous courrez toujours un risque on va dire, mais vous pouvez toujours choisir. 147 Moi j'ai toujours été assez ouverte mais j'ai une amie qui ne loue pas à des groupes de jeunes, elle fait vraiment attention, alors que moi pas, j’ai loué plusieurs fois… bon une fois ça ne s’était pas bien passé, mais oui elle ne loue qu’à des familles, elle ne prend vraiment que des familles. … Après il y a vraiment autre chose un peu… horrible mais bon : figurez-vous que je dis non aux chinois. Les chinois ont très mauvaise réputation. C’est vrai que le bruit court, moi je n’en sais rien, je ne leur loue pas parce qu’il y a plusieurs personnes qui m’ont raconté des expériences donc du coup c’est vrai que ça fait un peu peur. Je dis non aux chinois et j’ai un peu honte parce que c’est vraiment raciste pour le coup. Ce que m’a dit quelqu’un, c’est qu'étrangement, quand on offre un endroit propre, ils vont le saccager, mais si on donne un endroit saccagé, ils vont vous le rendre nickel… Alors ça je ne sais pas si c’est vrai, c’est fou, mais apparemment c’est comme ça. Celui qui était en procès avec des chinois, habite dans mon quartier à Marseille, parce qu’effectivement, ils n’avaient pas fait la vaisselle pendant cinq jours, donc tout était sale, ils avaient craché par terre et écrasé leurs cigarettes dans la moquette, un truc fou… C’est vrai que suite à ça j’ai eu peur, et j’ai eu plusieurs demandes de chinois, qui sont en plus très, très gentils, en anglais ils expliquent vraiment ce qu’ils viennent faire comme voyage... J’ai un peu de peine de dire non à chaque fois. N: Avez-vous déjà eu des clients qui viennent dans un but professionnel ? P: Moi dans mon quartier est-ce que j’en ai déjà eu ? … Je n’ai pas l’impression, non. Mais selon ils ne louent pas du tout ce genre d’appartement, ils louent plutôt des studios. Moi j’ai deux chambres, donc à moins qu’ils viennent bosser en groupe, mais à ce moment-là ils vont plutôt aller à l’hôtel que dans une collocation. Donc non, par la situation et le nombre de chambres, cela ne s’y prête pas du tout. N: Craignez-vous la concurrence dans votre quartier sur Airbnb ? P: C'est l'offre et la demande, en même temps je pense qu’il y a tellement de potentiel touristique à Marseille qui n'est pas assez exploité encore qu'il va y avoir une affluence de touristes. Je vois déjà autour de moi, les gens qui viennent faire du tourisme à Marseille, il y a quelques années ça n’arrivait pas, tandis que là, chaque année, j’ai plus de clients. Donc il risque d'y avoir de plus en plus d'appartement à louer mais également de plus en plus de gens qui viennent pour visiter la ville. 148 Annexe R – Retranscription du Focus group Date : 23/02/2016 Durée : 1 heure Nous avons réuni six consommateurs, parmi eux P1, P2 et P4 utilisant Airbnb pour l’hébergement, et P3, P5 et P6 ne consommant exclusivement que dans les hôtels. Avec ce focus nous avons voulu comprendre les motivations et les freins de chacun, tout en les amenant à débattre sur le concept Airbnb dans l’éventuelle concurrence qu’il peut provoquer dans le secteur de l’hébergement face aux hôtels. N : Ce focus group a pour but de confronter le point de vue des clients qui réservent dans des hôtels et le point de vue de ceux qui ont déjà utilisé Airbnb. Vous connaissez normalement tous Airbnb. Nous voudrions d’abord que vous nous en donniez une définition. P4 : Airbnb, c’est en gros : « Vous louez un logement », que ce soit un appartement une chambre ou n’importe quoi, qui appartient à un particulier donc c’est plus dans le communautaire que quand vous allez dans un hôtel où là vous payez le groupe en question. P1 : …Et vous passez par internet pour réserver uniquement. P4 : Comme pour les hôtels… P1 : … Ben on peut passer directement par les hôtels. P4 : Oui. N : Avez-vous d’autres choses à ajouter ? P5 et P6 ? P5 + P6 : Non. N : Et c’est dans tout type de logement ? Est-ce qu’on pourrait louer une chambre d’appartement, une maison, un château ? P3 : Oui je pense, partout. P2 : Mais il faut que ce soit le propriétaire, tu ne peux pas sous-louer en théorie. P1 : C’est en théorie, mais après… (Rires) 149 P4 : Non après je pense que vous pouvez mettre à louer n’importe quoi, que ce soit un appartement, même sans voir le propriétaire, juste son appartement comme ça. P2 : J’ai déjà connu quelqu’un qui louait son pneumatique ou un canapé, juste un matelas, même pas une chambre. P4 : Ça peut être ça ou juste une chambre avec les enfants qui sont partis… P5 : Oui à New York aussi j’ai vu… Un igloo ? N : Encore en avant-propos, comment avez-vous entendu parler du phénomène ? P5 : C’est surtout par les médias qu’on en entend pas mal : internet, la télé… P1 : Oui je pense que c’est ça. N : Par exemple un journal ? P3 : Oui, je sais qu’on a vu des trucs par rapport à la SNCF… P4 : Moi, c’était le bouche-à-oreille. P2 : La pub qui passe à la télé aussi, elle donne envie, elle est bien faite je trouve. « On peut se réveiller partout, on a l’impression d’être chez soi » je crois que c’est ça, non ? N : C’est ça le slogan. P5 : Avant que vous en parliez (Fait référence ici à l’objet du focus group), je ne savais pas vraiment ce que c’était, j’avais une définition globale, je ne savais pas vraiment en quoi ça consistait. P6 : Moi non plus. Je ne connaissais pas le concept. N : Est-ce que vous êtes des adeptes de la consommation collaborative ? P1 : Moi, à part Airbnb… P4 : Moi oui, ça dépend. P3 : Moi pareil : Leboncoin ou Blablacar. N : Chacun son tour s’il vous plaît. Vous P1 ? P1 : Moi Airbnb et Blablacar. P2 : Moi tout : Blablacar, le couch surfing, même Leboncoin c’est un peu ça non ? 150 N : Oui tout à fait. P3 : Blablacar plutôt. Le reste non. Ce n’est pas que je m’y intéresse pas, mais je ne suis pas tenté pour l’instant, peut-être que ça va venir. P4 : Moi c’est comme P2, Blablacar, couch surfing, Leboncoin, après ça dépend… P5 : Moi je n’ai jamais utilisé de plateforme collaborative. Rien du tout. P6 : Et moi un peu : j’ai utilisé Blablacar mais c’est tout. N : Comment cela vous est venu, vous P2 par exemple ? P2 : Alors moi c’était pour l’aspect financier mais vraiment financier car je voyais que c’était moins cher, et après je trouve que c’est marrant ; vous rencontrez des gens, comme ça. C’est drôle, j’aime bien, je ne sais pas. P4 : Moi c’est surtout pour le logement et l’offre. P4 : Mais tu ne rencontres pas de P2 : Blablacar ou même Leboncoin quand je voulais vendre ou acheter des choses, c’était moins cher. P3 : Oui, ça peut être un avantage aussi. P2 : Et puis des fois, on trouve des choses qui ne sont pas accessibles sur le marché, par exemple pour Blablacar il y a plus de disponibilité qu’à la SNCF. P4 : Oui et tout est à l’heure en plus. (Rires) N : Est-ce que cela vous donne envie d’être acteurs de ces échanges-là, de mettre à disposition votre voiture… P3 : Avec Blablacar on en est un peu finalement, tout dépend de quel côté on se met, moi je suis plus de ce côté-là. P4 : Même si vous n’avez pas de voiture vous êtes forcément acteur, vous faites marcher l’industrie même en étant passager. N : Je voulais dire par là : peut-être vouloir arrondir ses fins de mois en mettant à disposition ses biens ? P3 : Oui franchement ça donne envie. P1 : Oui, si je fais des trajets en voiture je proposerai. 151 P4 : Après pour le logement c’est peut-être un cap à franchir, accepter qu’il y ait quelqu’un qui vienne chez nous c’est vraiment dans votre appartement, dans votre maison, même en l’ayant je ne me vois pas forcément accueillir quelqu’un que je ne connais pas. P3 : Après la vie privée peut ne pas être atteinte. P2 : Oui on ne déménage pas ses objets à chaque fois, c’est de la confiance, un minimum de confiance, aussi. Le client il faut qu’il ait confiance, on ne sait pas sur qui on tombe… Mais passer par la plateforme c’est rassurant aussi, parce que vous avez une assurance avec eux et du coup c’est quand même des contrats plus ou moins. P6 : Oui c’est vrai. P4 : L’assurance ne fait pas tout non plus. P2 : Oui je sais… mais ça me rassure. N : Vous P4, vous avez dit que vous n’étiez pas encore prêt à accueillir quelqu’un chez vous, mais par contre vous êtes complètement d’accord d’aller chez les autres ? P4 : C’est ça. Le problème qu’il y a c’est que je n’aurai pas forcément confiance, je ne connais pas les gens, je ne sais pas qui vient chez moi, vous avez-vous affaires personnelles et puis c’est tout. C’est votre « chez vous ». Par contre aller chez les autres c’est différent, c’est une démarche différente. Moi, je sais que je ne vais pas tout piller là-bas. P2 à P4 : Mais si vous aviez un logement secondaire où n’y vivez pas dedans, il n’y a aucune affaires à vous, vous le louriez par Airbnb ? P4 : Oui, là oui. Là c’est juste financier. Vous avez un logement à la montagne ou n’importe où, vous louez… C’est purement financier à ce moment-là. Mais est-ce que le fait de louer comme ça, ça reste du Airbnb ou une location secondaire ? N : Si vous louez par Airbnb, ça reste de l’Airbnb mais ça peut être mal vu sur une longue durée. P5 : Les quotas, c’est quatre mois mais que sur Paris non ? Ou sur le reste de la France aussi ? P4 : Est-ce que moi, si j’ai une chambre ou un appartement, je peux le louer à l’année ? N : C’est règlementé, bien que certains utilisateurs n’en tiennent pas compte. P4 : Je ne sais plus dans quelle ville c’était, une ville des États-Unis, j’ai vu qu’ils avaient réglementés ça parce que ça devenait ingérable. N : À New York, ils ont même fait, ils ont fait une loi propre à la ville de New York pour limiter ces effets-là. 152 P2 : Elle date de quand cette loi ? Parce que j’y étais cet été depuis deux mois en Airbnb, c’était des dortoirs. Une dame avait son logement et elle proposait deux chambres et dans chaque chambre il y avait cinq lits donc elle ne payait pas de loyer, son loyer était payé par ses clients finalement. Après elle organisait des barbecues, elle faisait vraiment chambre d’hôte. P1 : …En passant par Airbnb. N : Lui avez-vous demandé ses raisons de louer sur Airbnb ? S’intéressait-elle à ses clients ? P2 : Oui elle s’intéressait à nous, après je pense que c’était surtout pour des raisons financières, ça ne se voyait car elle organisait des barbecues, elle nous amenait en concert, elle s’occupait de nous. P3 : C’est un peu chambre d’hôte ça. P2 : Oui c’est ça, c’est ce que je disais. P4 à P2 : Vous étiez tous présent via Airbnb ? P2 : Presque oui, il y en avait une ou deux qui venait des écoles, elles faisaient en tant que famille d’accueil. N : Pour quelle occasion vous réservez, pour ceux qui louent dans les hôtels, et ceux qui ont fait Airbnb et les hôtels comment vous choisissez ? P1 : Moi je ne vais pas dans les hôtels. Je vais sur Airbnb parce que c’est beaucoup plus économique, et c’est quand je pars en vacances. Oui je privilégie ça parce que c’est plus économique. P2 : Moi je fais Airbnb et les hôtels pour les vacances, mais pour Airbnb je le fais quand j’ai le temps de chercher un bon truc et les hôtels parce que le soir même j’ai besoin de me loger. Avec Airbnb il faut s’arranger avec le propriétaire pour les clés et tout… Je sais que c’est juste au niveau du temps. N : C’est plutôt à la dernière minute que vous allez choisir pour hôtel en fait ? P2 : Oui, pour Airbnb il faut prévoir quelques jours, prévenir la personne quand on arrive… P3 : Moi c’est plus pour les vacances, mais hôtel milieu de gamme, pas hôtel haut de gamme. Pour les longs trajets quand on fait des arrêts au milieu là c’est plus d’entrée de gamme, sinon Airbnb non, je n’ai jamais essayé. 153 P4 : Airbnb oui, mais c’est assez rare. C’est plus pour l’aspect financier, pour faire des économies quand c’est trop cher à la différence d’un pays, en Asie par exemple où là ce n’est pas cher c’est vrai que c’est mieux d’aller directement réserver sur Booking pour les hôtels, parce qu’après pour Airbnb, c’est rare quand on voit vraiment la personne, du coup cette notion de partage… C’est juste le prix qui descend et non… ça perd un peu de son intérêt à ce niveau là quand on le compare à couch surfing. P5 : Moi, je n’ai jamais utilisé Airbnb, les seules fois que je séjourne dans les hôtels c’est pour les vacances, et uniquement les hôtels d’entrée de classe ; on est nombreux dans ma famille, on préfère utiliser ce système là parce qu’on a un peu plus confiance, Airbnb on ne sait pas trop. N : Vous aviez dit que vous étiez dans une famille nombreuse, mais ne serait-ce pas plus pratique de réserver dans une villa où vous seriez tous ensemble ? P5 : Je n’ai pas forcément les moyens pour une villa ! N : On peut trouver de tout… P5 : Ce n’est pas forcément ce qu’on cherche en fait, pour des vacances… P6 : Moi je réserve dans les hôtels parce que je ne connaissais pas le concept Airbnb, j’ai plus confiance vis-à-vis d’un hôtelier que d’un propriétaire. N : Vous êtes plus rassuré par le côté professionnel, c’est ça ? P6 : D’avoir affaire à un vrai professionnel… pendant les vacances. N : Pour ceux qui ont utilisé les deux types hébergements, quel est celui que vous préférez ? P2 : L’hôtel : vous n’avez pas de compte à rendre en fait. Vous n’avez pas à justifier pourquoi vous désirez ce logement, alors que sur Airbnb quand vous réservez vous devez envoyer un message au propriétaire car il doit valider votre profil, il y en a certain où c’est par réservation instantanée, mais ça, c’est autre chose. On est plus tranquille quand on réserve à l’hôtel car il n’y a pas besoin de dire : « Oui, je viens avec un tel… » P1 : Après dans un sens, je trouve qu’Airbnb laisse plus de liberté quand même. Par exemple, pour se faire à manger… Au lieu d’aller au restaurant chaque soir on peut se faire à manger. P2 : En fait, si on est seul, on est plus tenté d’aller vers Airbnb, si on est plusieurs c’est plutôt vers les hôtels. Quand on est seul on ne veut pas être seul dans la chambre d’hôtel, si on est plusieurs c’est des fois plus facile d’être à l’hôtel. Chacun choisit sa chambre, ou deux par chambre… P3 : Dans les hôtels ce qui est bien c’est qu’on a l’avantage d’avoir des services aussi. 154 P5 : Oui et puis ce sont des professionnels, ils connaissent les lieux, peuvent vous aider, etc. P3 : Après ça dépend toujours sur qui vous tombez. N : J’allais vous demander, pour ceux qui utilisent les hôtels, les services mis à disposition sont ce qui vous plaît le plus ? P3 : Ça peut-être un avantage, après je ne dis pas que je les utilise tout le temps. C’est facile si on a besoin de quelque chose rapidement. Pour Airbnb, je ne sais pas, je ne l’ai jamais fait, mais c’est peut-être plus compliqué pour faire certaines choses, pas tout, mais si on veut faire certaines activités à l’hôtel ça prend dix minutes et sur Airbnb on ne peut pas peut-être, mais après c’est moins cher sur Airbnb. L’hôtel paye les services. P6 : Je sais que je choisis l’hôtel car les services sont différents, parce qu’il y a un espace spa, que je ne pourrai pas avoir dans un appartement, ou un parking, des choses comme ça. N : Est-ce que vous avez confiance en réservant sur Airbnb ? P2 : Moi oui. P1 : Oui. N : Trouvez-vous que l’échange avec le propriétaire est un bon système de sécurité ? P2 : Plutôt oui, parce qu’il faut quand même scanner la photocopie de la carte d’identité, il y a plusieurs procédures à faire pour proposer son logement donc ils sont quand même certifiés, ce n’est pas n’importe qui, qui va pouvoir dire : « Je loue mon hébergement ce soir » ils ont des procédures, ils ont leur empreinte bancaire… je crois qui est prise ; et celle des clients aussi du coup. C’est quand même certifié et il y a des contrats qui sont signés, et il y a une plateforme si jamais il y a un problème, on peut appeler quelqu’un et le problème peut être réglé. N : Et vous avez déjà eu recours à cette plateforme ? P2 : Non. P1 : Juste la seule fois où j’ai réservé. La dame chez qui j’avais réservé répondait une fois sur deux, jusqu’au dernier moment on n’était pas sûr d’avoir un logement. Ça c’était bien passé, ce n’était pas elle qui est venue nous donner les clés c’était ses amis… N : Ça vous donne envie de retenter l’expérience ? P1 : Oui, oui… ça c’était bien passé et puis de toute façon, on n’était pas non plus perdus. Oui je retenterai. 155 P4 : Oui, il y a toujours un peu d’appréhension au départ. C’est vrai que c’est quelque chose de nouveau, on va chez les gens, enfin… c’est vrai que ce n’est pas un hôtel où c’est vraiment encadré et où ça fait des années que ça existe. Sinon pour moi ça c’est très bien passé aussi, même si je réserve une deuxième ou troisième fois, il y aura toujours ce petit côté d’appréhension, ça fait partie du jeu aussi, ça fait partie de la découverte pour casser la routine d’aller toujours à l’hôtel, hôtel standardisé. C’est le point fort d’Airbnb pour moi. N : Pour les clients d’Airbnb, pensez-vous que votre choix se porte à cause d’un manque de personnalisation dans les hôtels ? P4 : Ça peut en faire partie. C’est vrai qu’une chaîne principale : le groupe Accor, c’est partout pareil, si on veut aller dans une ville particulière ou un pays particulier, c’est bien d’aller dans une maison pour voir l’intérieur de cette maison de la ville ou du pays. Ça fait partie des coutumes, ça fait parties des découvertes, ça fait partie de la culture, après tout dépend de la façon dont on voyage, pour moi c’est pas mal. P3 : À l’étranger je suis d’accord avec lui là, pas forcément parce que c’est moins cher, mais pour découvrir. P2 : Je rejoins P4, j’ajouterai que dans les logements Airbnb il y a souvent un frigo et une cuisine, il y a la machine à laver, c’est très pratique d’en avoir une. Les espaces sont souvent plus grands, alors que sur les hôtels ce sont de petites chambres, enfin pour les hôtels où je réserve c’est pour petit budget donc les chambres sont minuscules. P1 : J’avoue que ce soit pour les hôtels ou les logements de particuliers, j’y passe tellement peu de temps que ce que je regarde c’est le prix du coup. Voilà : j’y suis pour dormir, pour manger à la limite, c’est mon seul critère. N : Et pour ceux qui réservent dans les hôtels, dans quel type d’hôtel séjournez-vous ? P3 + P5 + P6 : Économique. P3 : … Économique, ou milieu de gamme. P6 : Moi aussi, je préfère aussi les hôtels indépendants, je les trouve plus personnalisés. P5 : Après c’est sûr : si on a les moyens c’est toujours mieux, de trouver des hôtels confortables. N : Choisissez-vous des hôtels de chaîne plutôt ? P3 et P5 : Oui. P3 : Après, moi, si je pouvais choisir de réserver dans un boutique-hôtel, je préférerais. 156 P4 : Mon expérience était en Asie, je choisissais des hôtels haut de gamme car les prix là-bas sont équivalents à ceux des petits hôtels en France. N : Pour revenir à Airbnb, avez-vous quelques points négatifs à soulever ? P4 : Moi non, mon séjour s’est bien passé. P2 : Pour les conditions d’annulation, on peut les choisir pour ceux qui proposent l’option flexible, pour le jour d’arrivée il y a des propriétaires qui annulent. Moi ça ne m’est pas arrivé mais j’ai vu d’après les commentaires que c’est arrivé à certaines personnes. N : Sont-elles remboursées dans ces cas-là ? P2 : Oui, oui, elles le sont mais le problème c’est d’arriver dans une ville sans avoir de logement. Et l’annulation peut-être un point noir, dans les hôtels on ne peut pas annuler comme ça. P1 : Il y a aussi le risque lors de la remise des clefs que la personne ne vienne pas… Par exemple moi quand j’étais à l’étranger, je ne sais pas ce que j’aurais fait. P2 : Pour le check-in et le check-out, Airbnb est plus souple : quand on arrive à 10h, le propriétaire peut nous donner les clefs contrairement aux hôtels où il faut attendre 14h. Le départ pareil. P4 : Ça reste des particuliers, ce n’est pas un métier d’hôtelier. On garde juste la fonction de passer une nuit, après c’est différent. N : Pour ceux qui réservent à l’hôtel, pouvez-vous soulever des critiques sur les hôtels ? P6 : Moi je dirais qu’il y a un manque de contact avec la même personne durant le séjour, jusqu’à la fin. On ne trouve parfois jamais la même personne quand on va à la réception. N : Autrement, sur Airbnb, on peut trouver ça puisqu’on est en contact avec le même propriétaire. Avez-vous des critiques à faire pour les hôtels ? P5 : Pas particulièrement, il est vrai cependant que les prix sont plus élevés dans les hôtels que sur Airbnb. Autrement je n’ai pas de critiques à faire. P3 : Après on paie ce prix parce qu’il y a les services avec, c’est justifié. Pour Airbnb, l’avantage c’est le prix. N : Par rapport à la proximité aussi ? De la proximité de l’emplacement des hôtels ? 157 P3 : Disons qu’avec Airbnb il y a plus de choix que dans les hôtels, je n’en ai pas pris. Tout dépend du voyage. Quand vous allez dans les petites villes, les hôtels sont moins chers ? Dans les grandes villes, je pense qu’Airbnb est beaucoup plus avantageux. N : Pour tout le monde : quels sont vraiment vos critères de choix quand vous êtes sur une page de navigation pour réserver votre hébergement ? Par exemple sur Airbnb, qu’est-ce qui va différencier un propriétaire d’un autre ? P2 et P2 : Le prix. N : Seulement le prix ? Et non les commentaires ? P1 : Oui ça aussi. P2 : Oui je regarde aussi là où il est situé. Les commentaires peuvent être rédhibitoires. P3 : Pour les classements hôteliers aussi. S’il n’a pas cinq étoiles, je zappe. P2 : Les photos aussi sur Airbnb, parce que les gens en mettent en général. Ça représente bien le style de l’appartement. N : Faites-vous attention au thème du logement éventuellement ? P1 + P2 + P5 : Non. P1 : Pour moi c’est juste pour passer la nuit. P2 : Parfois, le propriétaire fait une description de son logement aussi, parfois je zappe quand il y a des cautions. Chaque annonce est vraiment unique ; il faut choisir, fouiner un peu. N : Les commentaires négatifs peuvent vous influencer ? P2 : Non, je n’y fais pas attention. P4 : Moi non plus, c’est comme vous disiez : c’est le prix et la localisation qui comptent. Je vais mettre au même niveau le prix et la localisation et les commentaires vont faire la différence. S’il y a un commentaire sur une centaine qui est vraiment pourri, je n’y fais pas attention. En revanche, s’il y en a plus de la moitié, je commence à me poser des questions. S’il y en a un autre avec les mêmes prix un peu plus loin, je le prendrais s’il a de meilleurs commentaires. N : Pour vos vacances, partez-vous le plus souvent en France ou à l’étranger ? Quel type de logement choisissez-vous par rapport à la destination ? P1 : Moi c’est plutôt Airbnb à l’étranger, autrement en France non, je vais plutôt chez des amis. 158 P2 : Moi les deux. Hôtel ou Airbnb, à l’étranger ou en France. Ça dépend du temps que j’ai avant de réserver en fait. P3 : Moi je vais aux hôtels en France, après pour l’étranger j’aurais peut-être plus tendance à choisir Airbnb comme je disais tout à l’heure pour découvrir, après je ne sais pas trop comment ça marche à l’étranger si c’est bien dès le début… Peut-être que je prendrai l’hôtel pour me rassurer… parce que je ne connais pas suffisamment Airbnb pour comprendre comment ça fonctionne. P4 : Moi je ne sais pas, ça dépend de plein de choses, de ma mentalité, de ce que je veux vraiment à ce moment-là, si c’est en France ou l’étranger, ça dépend de plein de choses, ça dépend du moment en fait. Généralement je regarde Airbnb et Booking en même temps. Pour comparer les différences de prix, pour voir un peu tout et puis faire un choix, et ceci assez rapidement. P5 : Je suis assez d’accord avec P3, si j’utilisais Airbnb une première fois, je préfèrerai le tester en France avant l’étranger pour être sûre de voir comment ça marche, pour l’instant je privilégie les hôtels, on verra après. Un jour, j’aurais peut-être recours à Airbnb, je ne sais pas encore. P6 : Je pense que je prendrais peut-être l’hôtel si j’allais à l’étranger ou en France, parce que je pense qu’il y a d’autres moyens de découvrir la vie locale autrement que par l’hébergement. N : Est-ce que le fait de choisir un hôtel à l’étranger est rassurant, grâce à leur standardisation ? P6 : Ah oui ! P3 : Quand on y va, c’est toujours le même truc… P6 : Il n’y a pas de surprise. P2 : Oui, mais quand vous partez à l’étranger avec Airbnb vous pouvez discuter avec l’hôte. P5 : Très certainement, je ne connais pas le système… P2 : …On peut discuter avec le propriétaire et lui poser des questions, on peut même lui demander des conseils bancaires ou téléphonique : lui il répond il est déjà sur place, alors qu’avec les hôtels… P3 : Oui mais c’est comme on disait tout à l’heure avec les propriétaires Airbnb, est-ce qu’ils seront là ? Il y aura toujours une incertitude finalement. P2 : On peut quand même poser des questions avant de réserver, on n’est pas obligé de réserver tout de suite. 159 P4 : Le mieux si on cherche du partage, découvrir la vie locale et les coutumes et se faire faire visiter la visiter la ville, Airbnb pour moi n’est pas le mieux, c’est le couch surfing où vous êtes vraiment en contact avec l’hôte. P2 : Des fois l’hôte propose de faire visiter la ville et de boire un verre le soir. P4 : Sorti de ça, ce n’est pas la même chose. P1 : Ça arrive plutôt quand on loue une partie du logement, en cohabitation avec le propriétaire plutôt non ? P2 : Oui comme ça plutôt. P3 : Ça dépend des raisons qu’on a de venir non ? Si c’est juste pour affaires, je prendrais l’hôtel. N : J’ai une question pour P4 : Vous disiez tout à l’heure que vous choisissez votre hébergement en comparant sur Booking et Airbnb. Saviez-vous que Booking.com proposait des chambres de particulier à la location ? P4 : J’ai parlé de Booking seulement pour les hôtels… Je l’utilise car c’est la centrale de réservation la plus pratique. N : Ça vous semblerait logique de l’utiliser ? P4 : Oui, après c’est une location comme une autre, qu’on soit particulier ou professionnel, le but est le même, ça ne me choque pas. Tant que c’est bien écrit, que quand on réserve une chambre d’hôtel, qu’on arrive et qu’on se dise : « Est-ce que c’est bien ça ? » Que ce soit bien écrit t qu’il n’y ait pas de surprise, il n’y a pas de raisons, c’est de l’Airbnb de Booking. N : Est-ce que vous avez déjà eu des mauvaises expériences en louant des chambres d’hôtel ou des logements sur Airbnb ? P6 : Moi jamais, j’ai toujours été ravie de mes séjours, je n’ai jamais eu de problèmes… Aucun. P5 : Je n’en ai pas le souvenir, donc je pense que tout s’est bien passé, donc rien à signaler pour moi. P4 : Si pour les hôtels, on va revenir sur Booking ; ce sont les photos qu’ils mettent. On va dire qu’elles ne sont pas authentiques, qu’elles sont retouchées : pour les tâches de rouille, la tapisserie qui moisit à moitié, ce genre de choses… Sur le site tout est beau, tout est magnifique, grand, lumineux, alors que quand vous arrivez dans la chambre… Ça m’est arrivé quelques fois. On fait dire ce que l’on veut aux photos, du coup on s’attend quelque chose d’incroyable et finalement on arrive... P3 : Non, moi non, je n’ai pas eu de problèmes spéciaux dans les hôtels. 160 P2 : Non je n’ai pas eu de problèmes parce que je sais qu’avec Airbnb je suis moins exigeante puisque ce sont des particuliers, on sait vraiment à quoi s’attendre alors qu’avec les hôteliers… Je suis exigeante parce que je sais que ce sont des professionnels, la moindre chose va m’énerver, je serai plus rapidement déçue pour un hôtel que par un Airbnb. P1 : Moi non je n’ai pas eu de problèmes particuliers à part… (Fait référence à l’absence de réponse du propriétaire dans son cas) et le fait qu’il y avait des colocataires dans l’appartement : il y avait des cafards… N : C’était où ? P1 : À Barcelone. P2 : Je n’ai pas eu le même problème. N : Pour ceux qui utilisent Airbnb, le choisissez aussi pour faire partie d’une communauté ? P1 : Si c’était pour rencontrer des gens, je pense que je choisirais plutôt le couch surfing. P2 : Au début, quand vous réservez, vous ne vous rendez pas compte tout de suite que c’est une communauté, après, plus on en entend parler, plus cela devient une communauté en fait. Il y en a plein qui pratique, vous rencontrez des gens qui pratiquent. Quand vous parlez avec les propriétaires, vous vous rendez compte qu’ils ont plein d’amis qui font ça aussi… Mais au début quand on réserve pour la première fois on ne se rend pas compte que c’est une communauté, c’est comme pour Blablacar. Blablacar au début on a l’impression que c’est juste un truc comme ça, après on se rend compte qu’il y en a qui mettent des autocollants sur leurs voitures. C’est tout un réseau en fait. N : Nous savons qu’il y a des groupes chez les propriétaires chez Airbnb, est-ce que chez les utilisateurs il y en a aussi ? P2 : Non, je ne crois pas… Non pas à ma connaissance. N : Vous êtes obligé de vous inscrire pour réserver non ? P2 : Oui. N : Y a-t-il un historique de vos précédentes réservations qui est visible ? P2 : Oui. On doit laisser un commentaire, et le propriétaire laisse un commentaire sur nous. On ne peut voir le commentaire qu’il a laissé que si nous en avons laissé un d’abord. On est pas obligé de le faire si on en a pas envie, mais du coup l’autre ne saura pas comment a été votre séjour, mais en général il relance avec trois, quatre mails. N : Donc en général vous l’avez fait. L’avez-vous fait P1 ? 161 P1 : Je ne l’ai pas fait du coup, puisque bon… Je lui ai demandé où je pouvais mettre les clés, elle n’a jamais répondu, donc je les ai laissées dans la boîte aux lettres. N : Vous P6, vous avez dit tout à l’heure que c’était important qu’il y ait un contact humain à l’hôtel… P6 : C’est bien d’avoir quelqu’un, vous savez que s’il y a un problème vous pouvez directement aller à la réception et le problème va être réglé rapidement. Alors qu’avec Airbnb, s’il y a un problème dans l’appartement, je ne sais pas si le propriétaire sera disponible tout de suite pour venir. N : Et pour vous aussi P5 ? P5 : Oui et non. C’est important pour qu’on se sente en sécurité, etc. Après, vu que je ne séjourne quand hôtellerie économique… La nuit souvent il n’y a personne. Je ne recherche pas spécifiquement des conseils mais c’est vrai que quand on en a besoin, c’est toujours utile. Donc oui, ça permet de se sentir rassuré, en sécurité. P3 : Moi j’aime être accueilli correctement on va dire, c’est plutôt agréable, c’est toujours plus sympathique d’avoir un bon accueil, après je ne fais pas plus attention que ça. Surtout que quand je suis à l’hôtel c’est pour dormir et partir généralement le lendemain, je ne reste pas pour une semaine à l’hôtel. Quand on y reste une semaine je pense que ça peut-être bien d’avoir un contact, sinon pour une nuit, à moins qu’il y ait carrément un problème mais sinon non, ça importe peu. N : Pour ceux qui réservent sur Airbnb, pensez-vous que c’est moins cher ? Si oui, cela vous incite plus à faire des dépenses à côté lors de votre séjour ? P1 : Pour moi clairement c’est moins cher. Après oui, je pense que je vais avoir tendance à dépenser plus à côté en loisirs, le but étant de faire des économies sur l’hébergement. P2 : Pareil. P4 hoche la tête en acquiesçant. N : Et pour ceux qui choisissent l’hôtellerie alors ? P3 : Moi quand je réserve à l’hôtel je le sais à l’avance… Je sais que je ferai comme eux à leur place sinon. P6 : Moi je pense qu’Airbnb est moins cher, mais je préfère payer un peu plus pour l’hôtel pour les services, le contact avec le professionnel, des choses comme ça. Ça m’empêche peut-être de dépenser moins à côté, mais quand même de me faire plaisir pour mes vacances. J’ai un budget pour les vacances donc… 162 P5 : Moi je suis d’accord avec P6, je pense qu’on paye évidement plus cher dans les hôtels que sur Airbnb, je trouve que c’est justifié. N : Selon vous, est-ce qu’avec le Yield Management cela se justifie toujours ? P5 : C’est sûr que c’est une autre histoire ! N : On va aborder la concurrence éventuelle que peut provoquer Airbnb par rapport aux hôteliers. Donc : pensez-vous que Airbnb est une concurrence déloyale envers l’hôtellerie ? P1 : Pour moi, ça ne propose pas les mêmes services déjà, après c’est sûr que ça peut faire concurrence à l’hôtellerie économique. Le but de l’hôtellerie c’est d’être moins cher et le but d’Airbnb c’est d’être moins cher aussi. Après tout ce qui est hôtellerie de milieu de gamme et hôtellerie de luxe non, pour moi c’est deux choses complètement à part, Airbnb ne peut pas faire concurrence. P2 : Moi je pense au contraire que ça peut donner envie aux gens de voyager vers les capitales pour moins cher, ça les force à sortir de chez eux et quand ils sont en ville ils dépensent dans les restaurants, ils dépensent, ça créé un besoin, ça créé l’envie de partir. Les gens partent beaucoup plus maintenant qu’il y a des compagnies low cost, Airbnb et tout ça. Finalement, ça les fait dépenser plus quand même. P3 : Ce que P2 vient de dire est vrai, mais ça fait un équilibre finalement ; ça va faire créer des emplois, le but de dépenser plus dans les restaurants ça va faire attirer du monde, faire travailler du monde. En revanche ceux qui ne marchent qu’à ça, vont perdre des emplois comme dans hôtels. Ça équilibre un peu finalement, c’est bien et mal. P2 : Cela permet aux gens qui font ça d’avoir plus de sous… P3 : Oui mais il faut penser que c’est une activité secondaire, ce n’est pas un emploi finalement. Cela permet à certains d’être gagnants, d’autres d’êtres perdants comme dans plein de choses… N : Pensez-vous P3 qu’Airbnb fait vraiment concurrence à l’hôtellerie ? P3 : Airbnb fait concurrence par rapport au bas-de-gamme. Après pour les milieu-haut-degamme, il faut voir s’il existe de l’Airbnb milieu et haut de gamme, là oui, suivant la catégorie de chaque hôtel cela fera concurrence. P4 : Moi pareil je rejoins P3, je ne sais pas si ça fait vraiment concurrence ou si cela n’en fait pas. C’est vraiment pour les bas-de-gamme. Ceux qui utilisent Airbnb ne sont pas forcément des gens qui ont beaucoup de moyens et qui veulent faire des économies. C’est un moyen qui leur permet de voyager, ce n’est pas forcément une clientèle qui aurait voyagé s’il y avait eu ça. Après pour moi, ce n’est pas une grosse concurrence, c’est plus une offre complémentaire. 163 P5 : Pour moi oui et non. D’une part il n’y a pas vraiment de concurrence. Déjà avec les hôteliers il y a un savoir-faire qu’ils proposent alors qu’avec Airbnb pas forcément. Il y a un problème avec les impôts, les taxes, la déclaration des revenus… Ce n’est pas forcément très juste… Après on peut dire que les hôteliers n’ont peut-être pas su se réveiller, peut-être comme avec Booking.com où ils se sont réveillés trop tard, c’est peut-être de leur faute aussi, et puis je pense qu’on est dans un monde en pleine évolution, si ça doit se passer ; ça se passera, le monde évolue, les comportements changent… Attendons de voir si ça marche. P6 : Je pense que ça fait concurrence, je trouve cependant dommage que ce ne soit pas règlementé comme l’hôtellerie parce que je pense que si c’était règlementé de la même façon… Cela n’aurait pas autant de succès. P4 : Dans ces cas-là on peut dire que les locations pour aller au ski, ou à la mer en été, c’est comme du Airbnb, on va juste voir directement le particulier. Là, on ne passera pas à l’hôtel pour passer quinze jours à la montagne, généralement on loue juste un appartement. Donc Airbnb est juste une plateforme qui permet de louer au lieu de passer par Leboncoin ou les sites d’annonces… N : Selon vous, les hôteliers doivent-ils réagir face à la montée en puissance d’Airbnb ? P2 : Je sais qu’Airbnb concerne une clientèle de loisir, après pour la clientèle affaires je ne les vois pas faire de l’Airbnb. Ce n’est pas de la concurrence sur tous les segments. P3 : … S’adapter, réagir non. Maintenant ils savent qu’il faut nous prendre en compte, s’adapter, peut-être trouveront-ils de nouvelles choses. P2 : En plus, le fait qu’ils râlent contre Airbnb médiatise encore plus le concept, le fait connaître par plus de personnes, ce n’est pas dans leur intérêt de faire ça. P4 : Pour nous, consommateurs, c’est forcément bien la concurrence. Il n’y a que des effets positifs sur le marché donc on y gagne. N : Donc les hôteliers doivent plutôt s’adapter ? P2 : C’est mieux pour eux oui. P5 : S’ils veulent continuer à être gagnant, il va bien falloir. P3 : Ça fera baisser les prix, comme dit P4. Ils seront obligés de s’adapter, ils seront obligés de baisser leurs prix. P1 : Je ne vois pas ce qu’un hôtel économique apporte de plus qu’Airbnb en fait. Pour moi le contact humain dans l’économique est quasi inexistant et la mise en valeur du savoir-faire professionnel c’est pareil. 164 P3 : Finalement, ça devrait être bénéfique à la fin, surtout pour nous consommateurs. N : Peut-être le saviez-vous déjà, mais si je vous disais qu’il existe une plateforme sur Airbnb pour la clientèle affaire. Est-ce que là, les hôteliers devraient s’inquiéter ? (Rires, tous répondent oui.) N : Avez-vous des recommandations à faire pour les hôteliers rester compétitif ? P3 : S’ils veulent vraiment se mettre au niveau d’Airbnb, ils n’ont pas trop le choix, il faut baisser les prix, ou alors améliorer la qualité des services. P4 : …Pas forcément améliorer la qualité des services, mais les changer. Il faut s’adapter à la demande de la clientèle comme ça évolue. Pour l’hôtellerie plus ça va, plus ça vieillit il n’y a pas encore de bouleversement comme Accor lorsque cela a été créé avec la standardisation. N : Il y a néanmoins la mode des boutique-hôtels où chaque chambre est différente… P4 : Là c’est vrai que ça peut faire concurrence à Airbnb. P1 : Avec l’économique je pense qu’ils peuvent faire cela, avec les prix qu’ils proposent, de faire quelque chose de mieux. P3 : Ils sont vraiment taxés aussi, alors qu’Airbnb… P6 : Ils ne le sont pas. N : Avez-vous d’autres questions ? Est-ce que ce focus group a changé votre vision d’Airbnb, surtout pour ceux qui n’ont jamais essayé ? P5 : Cela m’a permis de connaître puisque que je ne connaissais pas les détails plus que cela, après oui, cela va peut-être me donner envie de l’utiliser dans le futur je ne sais pas. Je ne suis pas décidée. P6 : Moi non plus je ne suis pas décidée, mais peut-être qu’on jour si j’essaye d’aller à l’étranger, je tenterai l’expérience. 165 Annexe S – Grille d’analyse des entretiens avec les professionnels Thèmes Nouvelles technologies Thèmes Interview 1 Interview 2 Interview 3 « On ne peut pas s’en passer aujourd’hui » ; « Les applications, internet, les systèmes de réservation en direct » ; « Être présent sur ce mode de réservation » ; « Un indépendant aujourd’hui, il ne peut plus se passer d’être présent » ; « Il faut passer par là, mais ça un coût » ; « Tout simplement par le biais de ces nouvelles technologies et de ce mode de communication, je ne sais pas ce que fait Airbnb là-dedans » ; « Je ne veux pas m’embêter à ouvrir 36 applications d’hôtels indépendants, de la chaîne Accor, de la chaînes Lourdes… » « Les ventes via le digital représentent quatre-vingt pourcent du chiffre d’affaire » ; « Je ne pense pas qu’il y ait un seul établissement qui est en diminution des ventes sur le digital » ; « C’est pour nous le plus gros canal de réservation » ; « L’ereputation » ; « Sites de réservations […] qui peuvent orienter le client vers l’établissement » ; « l’e-reputation » ; « Digital Day du groupe Accor » ; « Rencontre digitale sur toute la France » ; « C’est le plus important aujourd’hui » ; « Startups spécialisées dans le digital » ; « Des thématiques de digital spécifiques au tourisme et à l’hôtellerie » ; « Les Digital Days » ; « Vous faites de l’informatique tout le temps » « Les nouvelles technologies sont importantes, à tous les niveaux » ; « On suit les mouvements plus ou moins facilement » ; « Ce sont des clients ou des nouveaux clients, c’est nouveaux clients, c’est toujours pour ça » ; « Il y a des métiers qui se créent dans les grands groupes » ; « Pour les grands groupes un peu structurés, un peu importants, qui ont les moyens, ça reste un désir mais c’est rarement concrétisé » ; « Meilleurs en marketing, meilleur en interaction et ils ont captés les réseaux sociaux, les applications sur smartphone, là où l’hôtellerie mondiale est un peu à la peine » ; « Ils vivent de la nouvelle technologie » Interview 1 Interview 2 Interview 3 166 Airbnb « J’ai un sofa, j’ai un divan qui reste, je veux bien le partager » ; « Énième possibilité de trouver de l’hébergement autre que le réseau traditionnel » ; « Nouveau mode de consommation d’hébergement » ; « On ne trouve pas les mêmes bases […] de sécurité qu’on demande à un hôtel » ; « Quand on regarde les prix d’Airbnb et les prix d’un hôtel… on est quasiment sur certaines périodes ou à certains endroits où certains lieux géographiques sur les mêmes prix… Ou même des fois plus cher, si l’endroit bien sûr, en vaut la peine » ; « Mais qu’on joue dans les mêmes règles, dans les mêmes cours » ; C’est une offre d’opportunité et de tendance » ; « C’est quelqu’un qui a dit un jour « Tiens, je vais créer un système qui fait rencontrer les acheteurs et les vendeurs » » ; « C’est la même chose que les gîtes, c’est la même chose que les chambres d’hôtes, sauf que c’est à une autre échelle » ; « Bien sûr que ça nuit à leur activité puisqu’un client qui consommait de l’hébergement dite traditionnelle pure et dure dans des hôtels va consommer largement ailleurs » ; « Airbnb n’a aucune chambre » ; « C’est ni plus ni moins quelque chose qui est mis en « Ça existait depuis longtemps, les locations d’appartements » ; « Les gens louaient des appartements pour du long séjour » ; « Ça s’est vite développé » ; « Ils avaient eu des surprises pas très agréables » ; « Ils ne payent pas la taxe de séjour, ils n’ont pas les mêmes règles de sécurité que nous avons » ; « Ce n’est pas normal de ne pas avoir de règles de sécurité » ; « Ce sont des chambres d’hôtes avec un autre nom » ; « Un client […] ne va pas se sentir en confort chez Airbnb » ; « Ils se sont développés très rapidement, d’où cette réussite » ; « Ils ont mis beaucoup de moyens… » ; « S’ils n’étaient pas allé aussi vite, d’autres entreprises seraient passées dessus » ; « C’est souvent aussi cher que l’hôtellerie » ; »Il faut que le processus soit sécurisé » ; Pour ceux qui se développent ? « On est plus chez Airbnb pour moi » « Il y a une partie de moi qui trouve que c’est catastrophique pour notre hôtellerie » ; « C’est un nouveau moyen de commercialisation » ; « Après, comme tout phénomène, il va s’épuiser ou se modifier » ; « Il y en a qui commencent à s’organiser autour des services qui s’apparentent à ceux de l’hôtellerie de luxe » ; Origine de la réussite d’Airbnb ? « Ce sont les médias, les prix j’imagine… »« Le premier est financier, la deuxième est peut-être l’originalité et la qualité des services » ; « Chez Airbnb vous avez des trucs moches aussi. Vous avez des endroits sales, bien situés, des endroits où vous avez de jolies photos de New-York » ; « Vous trouverez des choses que vous ne trouverez nulle part ailleurs » ; « Ils ont une offre plus ciblée et leur manière de rechercher l’information est plus intéressante. » ; manière de segmenter leur offre très précise» ; « Airbnb, si on veut faire simple ont moins de commissions que Booking » ; « Ils sont efficaces » ; « Airbnb, pour une chambre, quelqu’un va louer toute l’année, mais il n’habite pas du tout sur place, il envoie une femme de ménage faire le ménage ou vient lui-même » ; « Un vrai problème juridique de l’encadrement de 167 relation entre un particulier et un autre particulier » ; « Comme toute société, il est amené à disparaître un jour » ; « Je pense que c’est un phénomène de tendance qui a pris de l’ampleur » ; « Ça fait vivre un certain nombre de personnes, ça fait des rentrées financières » ; « L’idée est bonne, l’idée est intelligente » ; « Plus proche de la chambre d’hôte et du gîte que de l’hôtelier » ; « Le jour où il y aura moins de consommations, il y aura moins de déplacements il y aura moins de choses, qui va en pâtir ? Les particuliers » ; « C’est un système de phénomène, ça durera le temps que ça durera, mais je ne suis pas sûr que ce soit éternel » Thèmes Concurrence véritable ? cette activité » ; « Airbnb fait venir des journalistes » ; « Qu’est-ce que les gens achètent chez Airbnb ? Une chambre, un logement » ; « C’est du morcelage de marché avec un ciblage plus performent » ; « Booking ne sait pas vendre du détail » ; « Airbnb c’est pareil, aujourd’hui tout le monde le voit mal, mais c’est un moyen de commercialisation de plus » ; « Meilleur rapport qualité-prix » ; « Il a démarré en s’organisant autours des conventions » ; « Il y aura des gens qui vont toujours trouver ça bien » ; « Font bouger la société » ; « Moi, tous les gens que j’ai rencontrés, les propriétaires d’appartement qui louent à partir d’Airbnb, c’est financier » ; « Les gens vont se dire : « Moi je vais rajouter une cafetière chez moi, offrir ça, parce qu’on est quatre dans la rue », il y aura une guerre aussi entre eux. Interview 1 Interview 2 Interview 3 « Vendre quelque chose sans aucune contrepartie de règles » ; « Pour un produit équivalent au niveau qualité, vous n’avez absolument pas les mêmes « Ils avaient pris une bonne partie du marché » ; « On est pas sur la même prestation que l’hôtellerie » ; « C’est toujours de la concurrence parce que c’est « C’est un problème parce que c’est déstabilisant » ; « Il y aura d’autres concurrents possibles » ; « Il pratique une activité hôtelière, sans en avoir les 168 Thèmes règles dans un hôtel » ; « La concurrence elle nous fait toujours progresser » ; « L’ouverture d’un établissement qu’on ne va absolument pas exiger pour un particulier qui va vendre sa chambre » ; « Concurrence déloyale, si l’on est pas sur les mêmes règles sur le marché » ; « Une concurrence déloyale » ; «Tant que la concurrence est saine sur les mêmes bases, c’est de la concurrence » ; « Rester numéro un, ça demande énormément d’efforts » ; « Une hôtellerie sans contraintes on va dire avec une image à respecter, avec une envie de faire revenir d’autres clients » un lieu d’hébergement […] pour l’instant nous ne sommes pas trop impactés » ; « Ça nous perturbe » ; « Je pense que sur le long terme les gens reviendront vers l’hôtellerie » ; « Ils n’arriveront jamais à avoir un service hôtelier comme nous, nous avons » ; Diminution du chiffre d’affaire sur vos établissements ? « Non, franchement non » ; « Mais sur la globalité non » ; « Peut-être plus sur une station de ski… En loisir, ils doivent le ressentir un peu plus » ; « Je pense qu’en hôtellerie on est moins cher » contraintes » ; « Airbnb bouscule les choses » ; « Ils veulent acheter des immeubles situés en centre-ville et en faire des immeubles hôteliers déguisés » ; « Pour moi, on est en concurrence déloyale puisque qu’on créé une activité qui a tout d’un hôtel » ; « On est plus proche de dix à douze millions de nuitées » ; « Cela a un effet déstabilisant qui n’est pas complètement normal » ; « Peut-être qu’ils prennent une partie du gâteau » ; « Le problème sera sur un effet général » ; « Mais je n’arrive pas à déterminer quelle est la part et à qui ils la prennent » ; « Ça va forcément mal finir et le match ne sera pas là » ; « … Font concurrence à l’hôtellerie parce qu’ils sont bons […] il y en a qui ne font pas beaucoup de mal, ça dépend là où ils sont » ; « Le danger est naissant » Interview 1 Interview 2 Interview 3 Standardisation « Est-ce la faute des grands groupes qui « Aujourd’hui on est peut-être un peu « Ils créent de nouvelles idées, de ne se personnalisent pas ou la faute des trop… stricts » ; « Dans une maison nouveaux moyens de commercialisation » ; des hôtels petits indépendants qui n’investissent typique » ; « On est très thématique sur la pas dans la rénovation » ; « De rassurer région » ; « Où l’on se croit dans un le client par un produit reconnaissable chalet » ; « Il faut que l’on soit moins facilement et duplicable partout. C’est ça « Je vais dans un appartement pour vivre comme un new-yorkais » ; « J’ai vu des gens qui ont transformé deux appartements à Paris, il y en a un qu’ils ont 169 qui sécurisait » ; « Il y a un charme, un standardisé » caractère qu’on a pas » Thèmes Clientèle fait super design et l’autre très rococo, très Louis XVI » ; « Très design » ; « Très thématiques » ; « Il n’y a pas d’hôtels qui font ça, sauf les palaces » ; « Vous vendez une chambre thématique à un bon prix » ; « Des gens qui veulent des séjours particuliers un peu plus personnalisés avec un peu plus d’âme » Interview 1 Interview 2 Interview 3 « On sait qu’aujourd’hui un client « fidèle à un produit », c’est assez rare » ; « Les clients aujourd’hui sont des zappeurs » ; « Fidélité à certains lieux, à certains commerçants, et pour d’autres il y a du zapping » ; « C’est une cible qui existe chez Airbnb » ; « Il y a bien une clientèle affaire qui est capable de consommer « Plus des étrangers » ; « Du segment loisir » ; « Sur du segment affaires ça nous impacte très peu » ; « Il recherche un espace plus grand qu’une chambre » ; « Le client qui vient chez nous n’est pas le client qui va chez Airbnb, la clientèle Airbnb est jeune ou âgée » ; « Le client qui vient chez nous n’est pas le client n’est pas le client « Ils amènent une clientèle qui ne serait pas allée ailleurs, je pense qu’ils prennent aussi une certaine clientèle qui appartiennent à une certaine forme d’hôtellerie, je ne pense pas que ça touche une clientèle d’hôtellerie de luxe » ; « Il y a une partie de nouvelle demande […] est-ce qu’on peut imaginer que quelqu’un va dans 170 Thèmes différemment » ; « Il y a cette fameuse demande affaires, business » ; «Je ne suis pas fidèle en tant que client » ; « Je pense que les grandes sociétés n’enverront pas forcément aujourd’hui leurs commerciaux, leurs clients » ; « C’est un marché davantage lié à du VRP indépendant, solitaire » ; « Le client aujourd’hui veut du bleu, demain il voudra du rouge » qui va chez Airbnb » ; « La clientèle Airbnb est jeune ou âgée » ; « Un français en loisir… quand on va découvrir une autre région peut-être » ; « Les clients sur Airbnb sont des utilisateurs qui n’avaient pas l’habitude de voyager avant » ; « Des jeunes ou des moins jeunes » un pays, juste parce qu’il y a Airbnb ? » ; « J’ai vraiment du mal à croire que quelqu’un va vers une destination, un pays, parce qu’il y Airbnb » ; « C’est une nouvelle forme de client ? Peut-être que oui » « Si les gens ont le budget, y resteront plus longtemps » ; « Ils vont peut-être faire un périple dans le pays » ; « Les clients sont multiples, il y a peut-être de nouveaux clients, il y a des clients peut-être différents » ; « Après un congrès d’informaticiens oui, de congrès de startup dans le jeu-vidéo oui… » ; « Des gens qui voudront se trouver un style » ; « Tous les clients ne voudront pas Airbnb » Interview 1 Interview 2 Interview 3 Réactions et « Je veux dire voilà, dans nos hôtels, pour « On n’a pas fait attention, comme « Peut-être faut-il les bousculer d’ailleurs les mêmes prix, on a des services beaucoup d’hôteliers je pense, on a pas (des choses) » ; « Les hôtels peuvent actions supplémentaires, donc c’est ça aussi qu’il trop pris en compte » ; « On a pas été commercialiser via Airbnb. Moi, je envisageables faut savoir mettre en avant » ; « Il a d’autres atouts, d’autres arguments » ; Changer sa stratégie, changer ses tarifs, s’améliorer, mettre de nouvelles choses, construire, rénover… » ; «C’est le rôle des grands groupes de dire qu’on est aussi une force de frappe au niveau de l’emploi, on assez réactif dès le départ » ; « Il faut bien cadrer ce phénomène » ; « C’est l’hôtellerie qui doit aussi se réinventer » ; « On a très peu de chambres pour des familles » ; « Revoir un peu l’offre hôtelière » ; « Pourquoi on ne le fait pas » ; « Ça permettrait de se ressentir un peu commercialise des chambres via Airbnb » ; « Les hôtels peuvent commercialiser via Airbnb. Moi, je commercialise des chambres via Airbnb » ; « C’est la profession qui va devoir s’adapter, il ne faut pas compter sur la législation, où à la marge, juste sur des taxes » ; « Je la mets à 171 est une force de frappe au niveau des rentrées financières pour l’État » ; « Ce n’est pas dans notre habitude d’aller manifester dans les rues » ; « Si ce problème est soulevé, c’est qu’il existe : il va falloir trouver une solution » ; « Un groupe hôtelier comme Accor, Louvre Hotel, dit : « Je dépose le bilan ça va coûter des milliers d’emplois » c’est aussi une arme. » ; « Pourquoi ils ne le font pas, ou pas aussi vite… » ; « Il faut sans cesse se rénover et faire des choses différentes » ; « Il faut aussi qu’ils soient réactifs au niveau de l’offre, de la formation, de l’accueil, de la disponibilité, de la rénovation, de l’entretien, des promotions » ; « Son produit il le laisse désuet, sans entretien, sans rénovation, etc. Le client ira voir ailleurs » ; « Remise en question perpétuelle, quotidienne » ; « On ne peut que régresser » ; « Qu’est-ce qu’on va mettre en plus ? Qu’est-ce qu’on va lui offrir ? Qu’est-ce qu’on va mettre en avant en plus ? » ; « C’est toujours plus facile à dire que c’est la faute de l’autre » ; « La remise en question doit toujours être présente » ; « On vit sur de l’acquis, on fait du laxisme » ; « C’est à nous de nous comme à la maison » ; « Il faut aller plus loin je pense avec Ibis Style » ; « Il faut qu’il y ait un accident dans un appartement pour que l’État réagisse » ; « Accor n’a pas réagi assez vite » ; « On ne les a pas vus venir » ; « Si des gros groupes comme Accor ne réagissent pas assez vite, on peut avoir une chaîne qui arrive et qui se développe très rapidement » ; « Il faut aussi simplifier les choses et voir comment on peut se développer : la franchise par exemple est un très bon moyen de se développer rapidement » ; « C’est pour ça qu’il faut que l’hôtellerie aussi, travaille dessus » ; « On doit pouvoir proposer à nos clients de l’authenticité, du retour aux sources, du naturel, du terroir, même dans la gastronomie » ; « Il ne faut pas vivre sur ses acquis, il faut repenser les choses » ; « Il faut profiter de ce phénomène pour réagir […] se poser les bonnes questions, pour revoir notre offre, pour revoir notre service… » ; « Ce n’est pas pour autant qu’il faut tout remettre en question, baisser les prix, ce n’est pas pour ça qu’il faut changer les services, fermer les hôtels, mais il faut les prendre en compte » ; « C’est à nous aussi, hôteliers, la vente sur Airbnb » ; « Je pense qu’il faut utiliser Airbnb… Ce n’est pas les prendre à leur propre piège » ; « Il faut utiliser Airbnb pour ce qu’ils sont, là où ils sont bons » ; « « Je pourrais vendre mon hôtel par morceaux, pas obligé de vendre ma destination, je vends une chambre » » ; « Que va faire l’hôtellerie ? Comme on n’est pas armé on ne va pas faire de guerre, on va être aussi malin qu’eux, être malin avec eux, travailler avec eux » ; « Il faut être un cheval de Troie, il faut entrer dedans » ; « En phase de transition c’est toujours houleux » ; « Si vous vouliez faire la course entre un paquebot et un petit hors-bord » ; « Ce qui manque à l’hôtellerie aujourd’hui c’est l’adaptation plus rapide. C’est très lourd à diriger, après il y a des petits hôtels qui s’adaptent » 172 Thèmes adapter par rapport à ces systèmes de réservation » ; « Si les règles sont contrôlées et vérifiées, je pense que ça va écrémer le système » ; « Il va falloir s’adapter à longueur de temps » ; « Si nous on ne fait rien en tant qu’hôtelier » ; « Nous aussi on peut mettre en place nos arguments et expliquer certaines choses, se rénover et expliquer notre produit » ; « Si deux, trois groupes hôteliers s’inscrivent sur Airbnb pour sortir de Booking et couler Booking, et après il faudra couler Airbnb » de capter cette clientèle-là… » ; « Ce sont de futurs clients de l’hôtellerie de demain » ; « C’est à nous aussi de montrer ce qu’on sait faire en hôtellerie, que l’on se sente comme à la maison » Interview 1 Interview 2 Interview 3 L'hôtellerie de « On ne peut pas forcément tout le temps « Sinon, on créera de nouveaux hôtels en « Que va-t-il se passer demain ? » ; « Vont négocier, modifier, organiser, structurer, Airbnb » ; « Si on réagit, si on réinvente tomber ceux qui ne sont pas bons, donc demain surtout pour un grand groupe » ; « Si on n’est pas bon, qu’on ne rénove pas, si on ne se remet pas en question, si on est pas professionnel, si on n’amène pas certaines garanties, on ne peut que disparaitre et mourir » ; « Celui qui ne s’adaptera pas mourra » ; « Les gens ne veulent plus de rigidité, ils veulent de la souplesse, de la l’hôtellerie comme je disais tout à l’heure, on s’en sortira c’est sûr » ; « Que l’on soit plus flexible, que l’on travaille beaucoup plus sur la servuction, mais tout sur des processus » ; « Proposer quelque chose de moderne, de tendance, déstructuré, complètement flexible » ; « L’équilibre est l’hôtellerie doit évoluer » ; « Est-ce que ça a suivi en hôtellerie ? Non » ; « Ce sera un peu plus compliqué pour les grands groupes mais ils vont y arriver, ils créeront autre chose » ; « Ils vont créer du service contrairement à ce que l’on peut avoir sur Airbnb, des clients qui iront parce qu’il y aura peut-être des baby-sitters chez 173 disponibilité, ils ne veulent plus se prendre difficile à trouver » la tête » ; « La force d’un groupe est d’exister par lui-même » ; « L’hôtel de demain […] comme étant des murs blancs sur lesquels on projette des nouveaux décors et atmosphères différentes » ; « Il va créer son ambiance, dans son hôtel, dans sa chambre, dans son espace » ; « Il y aura des limites » ; « Soit le client est prêt à accepter les augmentations de prix » ; « Toute entreprise qui ne gagne pas d’argent est amenée à disparaître » Novotel ? » ; « Les hôtels vont devoir inventer des choses qu’Airbnb n’a pas et faire un élément de différenciation dessus » 174 Annexe T – Grille d’analyse des entretiens avec les propriétaires Grille d’analyse des entretiens avec les propriétaires Thèmes Raisons d'utilisation Interview 1 Interview 2 Interview 3 « J’ai un appartement dédié qu’à ça » ; « Mon but est de le remplir au maximum » ; « Côté social » ; « Côté social » ; « Communauté toulousaine » ; « Partager nos expériences » ; « Je ne me reverrai pas reprendre une chambre d’hôtel » ; « Accueilli par de vraies personnes » ; « Plus humain » ; « Vivre la vie locale » ; « Aspect social » ; « Aspect financier » ; « Rencontrer des gens intéressants » ; « Partage nos expériences » ; « On se donne des bons tuyaux » ; « Activité secondaire » ; « Je suis en train d’en acheter un deuxième pour le louer aussi » ; « Deux à trois fois le prix d’un loyer classique » ; « Pour mon 20m² c’est mille euros par mois » ; « Aspect de rencontre » ; « Encourage les déplacements sur le territoire » ; « Démocratise le fait de voyager » ; « J’ai besoin de le remplir » ; « Je ne perds pas de valeur, c’est rentable » ; « Contracter un emprunt pour acheter l’autre appartement » ; « Cela permet de créer « Je voulais garder mon chez moi » ; « C’était dommage qu’il soit constamment vide » ; « C’est vraiment moi qui décide » ; « Je veux retrouver quelqu’un pour le louer rapidement » ; « Ils étaient joignable tout de suite, ils rappelaient, ils s’arrangeaient pour les choses soit arrangées le plus vite possible… Sinon je ne l’utiliserai pas » ;« Je tombe à chaque fois sur des gens super accueillants » ; « Je trouve ça beaucoup plus accueillant qu’un hôtel, qu’une chambre d’ hôtel » ; « C’est souvent des périodes où je suis partie » ; « Éviter qu’il soit vide » ; « C’est aussi pour me faire de l’argent » ; « Ce que je gagne me permet de partir ailleurs » ; « La philosophie d’accueillir les gens » ; « C’est financier » ; « Un peu de philosophie de vie » ; « C’est juste quand je pars en weekend » ; « Ça me prend… dix minutes à un quart d’heure pour leur faire visiter l’appartement […] ça ne prend pas un temps énorme » ; « Les propriétaires sont plus accueillants qu’un hôtel » ; « J’ai loué « Pouvoir partir en vacances sans avoir à louer de maison » ; « On ne doit pas être arrêté sur une ville » ; « C’est devenu presque une source de revenus » ; « Partir en vacances pour que ça nous coûte moins cher » ; « Trouver des locataires sans passer par un intermédiaire que vous payez » ; « Ça vous assure une visibilité dingue » ; « Si on voulait acheter un autre appartement si ça vaudrait le coup de faire Airbnb toute l’année… En réalité non, ça ne vaut pas le coup » ; « De manière ponctuel et exceptionnel » ; « Ce n’est pas une source de revenu sur laquelle je compte » ; « C’est plutôt concernant le vol d’affaires personnelles qu’on a le plus peur » 175 du lien social, une vraie communauté d’utilisateurs » ; « Le lien social, le contact humain » « … me permet de vivre aisément aujourd’hui » ; « Un aspect social » ; « Le prix évidemment » ; « Immersion réelle dans une culture » ; « Une fois qu’on a goûté à Airbnb, on ne s’en passe plus » en juillet-août quasiment tous les mois, tous les week-ends […] l’hiver ça va être un week-end tous les trois mois » ; « Ils proposent un prix par rapport à notre bien, par rapport à la situation, par rapport au nombre de chambres, la décoration » ; « Sur les périodes creuses, ils proposent de baisser un peu le prix » ; « Nous pouvons parler qu’à Airbnb pour ne pas que l’autre personne soit au courant » ; « Je peux aller sur son statut et je vois tous les commentaires qui lui ont fait les autres propriétaires, et ça met en confiance » ; « Je trouve que les hôtels sont vraiment, tellement chers » 176 Thèmes Offre services Interview 1 Interview 2 Interview 3 cherchait un hébergement à l’étranger » ; « Je suis autant utilisatrice que propriétaire » ; « Le site est quand même bien fait » ; « Airbnb les a remboursé tout de suite pour qu’ils puissent se louer autre chose » ; « Il y a un numéro sur le site » ; « Ils sont vraiment très serviables » ; « C’est un service gratuit » ; « On les a très facilement, ils dépannent vraiment très facilement » ; « Ils voient tout de suite qui sont les locataires dont on parle » ; « Ils sont vraiment accessibles… C’est vraiment pratique » ; ; « Ce que je trouve pratique c’est que c’est moins cher » ; « Pour un appartement entier […] le même prix dans un hôtel » ; « Appartement avec cuisine pour pouvoir me faire à manger » ; « Je reste toujours à la disposition de mes clients » ; « Elle se mettait à disposition de toulousains qui voudraient louer lorsqu’ils ne sont pas sur Toulouse » ; « Il y a un rapport de confiance entre nous » ; « Elle fait le ménage, elle donne les clés, les explications, elle gère l’accueil » ; « On a vraiment l’impression de faire partie d’une communauté » ; « Ils sont sur Facebook » ; « Un petit peu moins cher qu’une chambre d’hôtel et surtout beaucoup moins cher puisque vous pouvez cuisiner […] ne pas être obligé de manger dehors tout le temps » ; « C’est vraiment très bien fait, c’est très pratique » ; « S’il y a un problème avec un locataire, vous n’allez pas être lâché avec vote appartement qui a été incendié » ; « J’ai l’impression que c’est assez bien fait, il n’y a pas mal de mises en garde » ; « Vous répondez à beaucoup de question rien qu’en lisant le site […] c’est pensé pour quelqu’un qui l’utilise » ; « Il n’y a aucune question à laquelle je n’ai pas pu répondre seulement par le site » ; « Notre appartement n’a pas beaucoup de décoration, il s’y prête assez bien, je pense » ; « À Marseille vous ne louez pas l’appartement toute l’année » ; « Nous sommes plutôt à la mer » ; « C’est une ville qui évolue très vite » ; « J’ai deux chambres » ; « On a cinq couchages, plus pour un enfant, on compte entre quatre et six » ; « Je suis à un quart d’heure de la plage à pied, je suis à un quart d’heure du centreville à pied » ; « Le fait qu’il y ait un extérieur est avantageux » ; « J’ai choisi dès le début de de « Je l’ai aidé à trouver un job » ; « Bons « On plans » ; « Je vous accueille chez moi » ; « Moins cher » ; « Moins cher qu’une chambre d’hôtel » ; « Se faire à manger » ; « Plus de plaisir » ; « Plus attentif sur les commentaires à laisser » ; « Quand je laisse un commentaire à quelqu’un, je reste objectif » ; « Réputation » ; « Influencer les autres propriétaires » ; « Airbnb m’a proposé d’intégrer la communauté toulousaine » ; « Un 20m² au Capitole c’est cinquante euros » ; « Centre de Toulouse » ; « Prix d’un Formule 1 » ; « Indicateur qui propose un prix en fonction du lieu et de la surface » ; « Pour la coupe d’Europe je l’ai mis à cent euros la nuit » ; « M’inspirer des hôtels » ; « Parking » ; « La localisation à proximité du centreville » ; « À côté des Carmes » ; « Trop petit » ; « À huit minutes pied de la gare » ; « Capacité d’accueil de six personnes » ; « Je fais un ménage et un accueil » ; « Il y a des gens qui sont Airbnb Sitters […] activité principale remise des clés, de ménage » ; « C’est 177 payant […] Dix-neuf euros […] forfait tout compris » ; « Photos des appartements » « Ce service est gratuit » ; « Belles photos » ; « Plus de réservation et donc plus de commissions » ; « Belles photos qui attirent l’œil du client » ; « Synchroniser les calendriers […] ça évite les doublons » ; « Je présente juste l’appartement » ; « Lieux sympas dans Toulouse » ; « Avoir affaire à la même personne du début à la fin » ; « Offert une bouteille de champagne » « Ils nous appellent par notre prénom » ; « Ils font des évènements en France ou aux ÉtatsUnis » ; « On loue des choses plus grandes avec des cuisines » ; « … Plus pratique de chercher sur Airbnb que sur internet les différents hôtels » ; « Situé dans l’hyper centre, qui est juste à côté de Saint Sernin » ; « Typiquement toulousain » ; « Je soigne la décoration » ; « La seule chose que j’ai notée c’est mon code Wi-Fi » ; « On peut les joindre rapidement s’il y a quelqu’un qui arrive et qu’on ne se sent pas en confiance avec cette personne-là, où inversement » ; « Ça aide à choisir les locataires et les appartements car c’est la même chose pour les appartements » ; « Le site est super bien fait » ; « On peut les avoir rapidement » ; « Sur Airbnb on s’achète quelque chose qui va durer cinq jours et qui coûte trois euros » ; « Je mange beaucoup de repas à l’appartement, quand je me fais un restaurant ça va être un bon restaurant » ; « Il y a aussi le fait de se poser un peu […] je vais me reposer à l’appartement, c’est en ça que je dépense en moins » ; « Sur Airbnb, il y a vraiment beaucoup de choix, partout où l’on va il y a vraiment plein d’appartements complètement différents » mettre à disposition des serviettes et des draps » ; « Il y a des frais de ménage obligatoire, comme ça ils savent que c’est facile » ; « Je leur réponds très vite » ; « Airbnb vous fait une étude qui estime la valeur de votre location » ; « Ils estiment au jour près, en fonction du nombre de logement qu’il y a dans votre quartier qui a les mêmes caractéristiques que le vôtre, le nombre de demande qu’il y a, de vues de profils, etc. » ; « Airbnb propose de faire une remise aux gens s’ils le louent cinq ou six jours » ; « C’est très bien fait, sur l’annonce vous avez une carte avec une zone où est situé l’appartement et vous, vous pouvez faire le petit guide touristique du quartier » ; « Vous avez vraiment les conseils de celui qui habite là, qui mange là… » ; « Je mets dans le détail plein de choses : les restaurants ou les cafés que j’aime bien, ce qu’il faut commander, les différents arrêts de bus, où se situe le supermarché le plus proche, la meilleure boulangerie » ; « L’annonce donc c’est quand même un bon point » 178 Thèmes Inconvénients Interview 1 Interview 2 Interview 3 « … Qui m’a cassé une chaise sans me le dire » ; « Sale état » ; « Problème de plomberie » ; « Nourriture par terre » ; « J’ai demandé une réparation via Airbnb, […] ça n’a pas très bien marché » ; « Cela n’a pas marché et je ne saurai jamais pourquoi » ; « Service irréprochable, la chambre faite tous les jours, le petit déjeuner au lit c’est impossible de le combler en Airbnb » ; « Je ne peux arriver que le lendemain » ; « Ce ne sont pas les mêmes exigences » ; « Accès pas assez profond à mes statistiques » « Une fois on m’a cassé un verre » ; « Il a décidé d’annuler la réservation » ; « Je n’ai rien touché » ; « Je vous avoue que je ne sais pas quelles sont les garanties » ; « Je ne sais pas exactement à combien ça équivaut » ; « On paye tout de suite » ; « Il fallait que je leur fasse un chèque de remboursement » ; « J’avais l’application portable et il y avait quelque chose que je n’arrivais pas à valider » ; « Les commentaires peuvent toujours être faux, ça peut toujours être écrit par des amis ou autres » « On voyait qu’ils avaient fait n’importe quoi » ; « Des traces de pieds, de chaussures noires à un mètre cinquante du sol » ; « Mon congélateur […] avait été fermé à coups de pieds » ; « Ma serpillère [...] était tellement collée, pleine de sucre, le sceau était plein de mouches, j’ai dû les jeter » ; « Sans compter les chips dans les draps, une serviette de toilette qui était noire ! » ; « Ils avaient essayé d’éteindre un feu, ils avaient vraiment maltraité l’appartement et c’était une sensation vraiment désagréable » ; « Au lieu de deux, quatre heures de ménage, j’en ai fait six » ; « Ils ont nié… » ; « Je n’étais pas menacée, mais je me sentais… » ; « C’était à un point de malveillance » ; « Ils ont préféré souiller ce qui ne leur appartient pas » 179 Thèmes Cadre légal Interview 1 Interview 2 Interview 3 « Caution de 500 € baissée à 200 € », « Empreinte bancaire » ; « S’il y a des dégâts, on prend sur cette caution par le biais d’Airbnb » ; « Airbnb fait l’empreinte » ; « Si jamais je trouve une anomalie, je dois le déclarer à Airbnb qui déclenche une procédure » ; « Entre 40 et 50 euros » ; « Je fixe le prix en fonction des commissions » ; « Airbnb me prend moins de 10% […] sept euros de commission pour Airbnb » ; « Mon statut juridique […] loueur meublé non professionnel » ; « Tout est déclaré » ; « J’ai pris les services d’une comptable pour gérer cette activité » ; « Je déclare tout » ; « Assurance basique à ma connaissance » « Ils ont des situations comme ça d’urgence, où l’on peut rembourser tout de suite et annuler la location » ; « Ils m’ont même contactée pour que je reprenne le chèque, que ce soit moi qui le déchire » ; « Ils se sont immédiatement mis sur mon compte pour pouvoir faire les choses à ma place » ; « Ils nous proposent toujours un prix et par contre on n’est pas obligé de le choisir » ; « Mon syndicat est ai courant, mais je ne pense pas que j’avais pour obligation de le faire […] juste à déclarer ce qu’on touche » « En cas de problème, il faut prendre les photos tout de suite de l’état dans lequel vous avez trouvé votre appartement » ; « C’est vingt euros le déplacement et quarante pour le ménage » ; « Mon mari a peur que l’on se fasse dénoncer à notre propriétaire » ; « Les risques sont limités » ; « Je n’ai pas de versement à faire la mairie concernant la taxe de séjour puisqu’il faudrait que je le déclare » ; « Nous avons une garantie […] assistance-juridique, ça c’est sûr » ; « N’ayant pas le droit de louer je ne pense pas que l’on soit couvert » ; « C’est illégal » ; « Il y a quand même des assurances car Airbnb veut se dégager de toute responsabilité » ; « J’ai décidé de régler ça à l’amiable puisque je pense qu’ils venaient d’une famille aisée entourée d’avocats » ; « Ils étaient capables de vérifier si j’étais dans la légalité ou non » ; « J’avais pris des photos, donc j’aurais pu faire un recours » ; « Ma situation d’illégalité » ; « […] Airbnb fait des enquêtes sur des profils de personnes qui ont eu des problèmes, voir s’il avait eu des antécédents » 180 Thèmes Clientèle Interview 1 Interview 2 Interview 3 « J’ai eu 70 réservations » ; « Pour les étudiants » ; « La première fois que j’ai eu des gens c’était des russes » ; « Il y a des touristes » ; « Des gens qui viennent voir leur famille » ; « Des toulousains » ; « Néo-zélandais » ; « Personnes étrangères » ; « J’ai eu des espagnols » ; « Des parisiens surtout » ; « […] sont venus pour quinze jours » ; « Plutôt entre une et quatre nuits » ; « court séjour » ; « le plus de réservations en novembre » ; « saisonnier » ; « période d’examens » ; « coupe du monde de foot » ; « Je ne peux pas recevoir de familles » ; « Attirer ce profil de clientèle » ; « Je dois avoir une dizaine de personnes qui sont revenues plusieurs fois » ; « Un étranger » ; « D’autres personnes qui voyagent et qui découvrent Toulouse » ; « Qui ont besoin de venir sur Toulouse je le fais aussi » ; « Quelqu’un qui n’avait jamais loué » ; « Il y a des familles qui viennent avec deux ou trois enfants. Oui, cinq, six, ça arrive souvent » ; « On a pas mal de jeunes, des étrangers, on a des familles, la famille représente à peu près la moitié des clients » ; «Des jeunes, du genre vingtdeux, vingt-trois ans […] peut-être plus vieux » ; « Des chinois » ; « Nous pouvons choisir nos clients » ; « J’ai une amie qui ne loue pas à des groupes de jeunes » ; « Elle ne loue qu’à des familles » ; « Je dis non aux chinois. Les chinois ont très mauvaise réputation » ; « J’ai eu plusieurs demandes de chinois » ; Clients professionnels : « Ils ne louent pas du tout ce genre d’appartement, ils plutôt des studios » 181 Annexe U – Grille d’analyse du Focus Group Thèmes Clients hôteliers Clients Airbnb Image/Notoriété « Avant que vous en parliez je ne savais pas vraiment ce que c’était » ; « Moi non plus, je ne connaissais pas le concept » ; « On a vu des trucs par rapport à la SNCF » ; « Je ne connaissais pas le concept Airbnb » ; « Je ne connais pas suffisamment Airbnb pour comprendre comment ça fonctionne » ; « Je ne connais pas le système » ; « Cela va peut-être me donner envie de l’utiliser dans le futur, je ne sais pas, je ne suis pas décidée » « Vous louez un logement, que ce soit un appartement ou n’importe quoi qui appartient à un particulier » ; « Vous pouvez mettre à louer n’importe quoi » ; « Une chambre avec des enfants qui sont partis » ; « C’est surtout par les médias » ; « Le bouche-à-oreille » ; « La pub qui passe à la télé » ; « Le fait qu’ils râlent contre Airbnb médiatise encore plus le concept, le fait connaître par plus de personnes » Habitudes de consommation « Moi c’est plus pour les vacances, mais l’hôtel milieu de gamme […] sinon Airbnb, non, je n’ai jamais essayé » ; « Moi je n’ai jamais utilisé Airbnb, les seule fois que je séjourne dans les hôtels c’est pour les vacances, et uniquement dans les hôtels d’entrée de classe » ; « Je réserve dans les hôtels » ; « Vous passez par internet pour réserver uniquement » ; « Moi c’était pour l’aspect financier » ; « C’est surtout pour le logement et l’offre » ; « C’est juste financier » ; « Moi je fais du Airbnb […] pour les vacances » ; « Airbnb je le fais quand j’ai le temps de chercher un bon truc et les hôtels parce que le soir même j’ai besoin de me loger » ; « Airbnb […] C’est plus pour l’aspect financier » ; « C’est mieux d’aller directement réserver sur Booking » ; « Si on est seul, on est plus tenté d’aller vers Airbnb, si on est plusieurs c’est plutôt vers les hôtels » ; « J’y passe tellement peu de temps que ce que je regarde c’est le prix » ; « Le prix » ; « Je regarde là où il est situé. Les commentaires peuvent être rédhibitoires » ; « Pour moi c’est juste passer la nuit » ; « Il faut choisir, fouiner un peu » ; « C’est le prix et la localisation » ; « Les commentaires vont faire la différence » ; « Hôtel ou Airbnb, à l’étranger ou en France » ; « Avec Airbnb je suis moins exigeante puisque ce sont des particuliers » ; « Je vais avoir tendance à dépenser plus en loisirs, le but étant de faire des économies sur l’hébergement » Dans quels types d’hôtels séjournez-vous ? « Économique » ; « Économique, ou milieu de gamme » ; « Je préfère aussi les hôtels indépendants » ; « Si je pouvais choisir de réserver dans un boutique-hôtel, je préfèrerais » ; « Je vais aux hôtels en France, après pour l’étranger j’aurais peut-être plus tendance à choisir Airbnb » ; « Si j’utilisais Airbnb pour une première fois, je préfèrerais le tester en France avant l’étranger » ; « Je prendrais peut-être l’hôtel si j’allais à l’étranger ou en France » ; « Si c’est pour affaire, je prendrais l’hôtel » 182 Thèmes Clients hôteliers Clients Airbnb Consommation collaborative Adeptes de la consommation collaborative ? « Moi pareil : Leboncoin ou Blablacar » ; « Blablacar plutôt, le reste non » ; « Moi je n’ai jamais utilisé de plateforme collaborative » ; « J’ai un peu utilisé Blablacar mais c’est tout » ; « Oui franchement ça donne envie » « C’est plus dans le communautaire » ; Adeptes de la consommation collaborative ? « Moi à part Airbnb… » ; « Moi oui, ça dépend » ; « Moi Airbnb et Blablacar » ; « Moi, tout : Blablacar, couch surfing même Leboncoin » ; « Si je fais des trajets en voiture je proposerai » ; « Cette notion de partage […] ça perd de son intérêt quand on le compare à couch surfing » ; « Si c’était pour rencontrer des gens je pense que je choisirais plutôt le couch surfing » ; « Vous ne vous rendez pas compte tout de suite que c’est une communauté » ; « Vous rencontrez des gens qui pratiquent » ; « On doit laisser un commentaire, et le propriétaire laisse un commentaire sur nous » Critiques « C’est peut-être plus compliqué pour certaines choses » ; « Il y aura toujours une incertitude finalement » ; « S’il y a un problème dans l’appartement, je ne sais pas si le propriétaire sera disponible tout de suite pour venir » « Tu ne peux pas sous-louer en théorie… » ; « Mais tu ne rencontres pas de gens » ; « Il faut s’arranger avec le propriétaire pour les clés et tout… Je sais que c’est juste au niveau du temps » ; « Oui, pour Airbnb il faut prévoir quelques jours, prévenir la personne quand on arrive » ; « C’est rare qu’on voit vraiment la personne » ; « Quand vous réservez vous devez envoyer un message au propriétaire car il doit valider votre profil » ; « Ce n’était pas elle qui est venue nous donner les clés c’était ses amis… » ; « Il y a aussi le risque lors de la remise des clefs que la personne ne vienne pas… » ; « Airbnb pour moi n’est pas le mieux, c’est le couch surfing où vous êtes vraiment en contact avec l’hôte » ; « Il y avait des cafards…» 183 Thèmes Offre/Service Clients hôteliers Clients Airbnb « C’est moins cher sur Airbnb » ; « Avec Airbnb il y a plus de « J’ai déjà connu quelqu’un qui louait son pneumatique ou un choix » ; canapé […] même pas une chambre » ; « Je voyais que c’était moins cher […] vous rencontrez des gens » ; « Des fois on trouve des choses qui ne sont pas accessibles sur le marché » ; « C’est votre chez vous » ; « Vous avez une assurance avec eux » ; « C’était des dortoirs » ; « Elle proposait deux chambres et dans chaque chambre il y avait cinq lits » ; « Elle organisait des barbecues, elle faisait vraiment chambre d’hôte » ; « Elle nous amenait en concert, elle s’occupait de nous » ; « Airbnb laisse plus de liberté quand même. Par exemple, pour se faire à manger » ; « Il y a une plateforme si jamais il y a un problème, on peut appeler quelqu’un et le problème peut être réglé » ; « Il y a souvent un frigo et une cuisine, il y a la machine à laver, c’est très pratique d’en avoir une. Les espaces sont souvent plus grands » ; « Pour le check-in et le check-out. Airbnb est plus souple » ; « Quand vous partez à l’étranger avec Airbnb vous pouvez discuter avec l’hôte » ; « Des fois l’hôte propose de faire visiter la ville et de boire un verre le soir » 184 Thèmes Clients hôteliers Clients Airbnb Concurrence « Si on a les moyens c’est toujours mieux, de trouver des hôtels confortables » ; « Il est vrai cependant que les prix sont plus élevés dans les hôtels que sur Airbnb » ; « On paie ce prix parce qu’il y a les services avec, c’est justifié. Pour Airbnb, l’avantage c’est le prix » ; « Dans les grandes villes, je pense qu’Airbnb est beaucoup plus avantageux » ; « Je pense qu’Airbnb est moins cher, mais je préfère payer plus l’hôtel pour les services, le contact avec le professionnel » ; « On paye évidemment plus cher dans les hôtels que sur Airbnb, je trouve que c’est justifié » ; « Airbnb fait concurrence par rapport aux bas de gamme » ; « Il faut voir s’il existe un Airbnb milieu et haut de gamme, là oui » ; « Avec les hôteliers il y a un savoir-faire qu’ils proposent alors qu’avec Airbnb pas forcément » ; « Je pense que ça fait concurrence » ; « Moi je ne vais pas dans les hôtels. Je vais sur Airbnb parce c’est beaucoup plus économique » ; « On est plus tranquille quand on réserve à l’hôtel » ; « Je sais que je choisis l’hôtel car les services sont différents » ; « Casser la routine d’aller toujours à l’hôtel, hôtel standardisé. C’est le point fort d’Airbnb pour moi » ; « Ça reste des particuliers, ce n’est pas un métier d’hôtelier » ; « Ça ne propose pas les mêmes services […] ça peut faire concurrence à l’hôtellerie économique » ; « Le but de l’hôtellerie c’est d’être moins cher et le but d’Airbnb aussi » ; « Hôtellerie de milieu de gamme et hôtellerie de luxe non, pour moi c’est deux choses complètement à part, Airbnb ne peut pas faire concurrence » ; « Je ne sais pas s’ils font vraiment concurrence » ; « C’est vraiment pour les bas-de-gamme. Ceux qui utilisent Airbnb ne sont pas forcément des gens qui ont beaucoup de moyens et qui veulent faire des économies » ; « Pour moi ce n’est pas une grosse concurrence, c’est plus une offre complémentaire » ; « Ce n’est pas de la concurrence sur tous les segments » ; « Pour nous consommateurs, c’est forcément bien la concurrence » ; « Je ne vois ce qu’un hôtel économique apporte de plus qu’Airbnb » 185 Thèmes Relation de Confiance Axes sur lesquels l'hôtellerie doit travailler Clients hôteliers Clients Airbnb « La vie privée peut ne pas être atteinte » ; « J’ai plus « Le logement c’est peut-être un cap à franchir, accepter qu’il y confiance vis-à-vis d’un hôtelier que d’un propriétaire » ; ait quelqu’un qui vienne chez nous » ; « Je ne me vois pas « C’est important que l’on se sente en sécurité » forcément accueillir quelqu’un que je ne connais pas » ; « C’est de la confiance, un minimum de confiance » ; « Le client il faut qu’il ait confiance, on ne sait pas sur qui on tombe » ; « Passer par la plateforme c’est rassurant aussi » ; « L’assurance ne fait pas tout non plus » ; « Je n’aurai pas forcément confiance » ; « Moi je sais que je ne vais pas tout piller là-bas » ; Avez-vous confiance en réservant sur Airbnb ? « Moi oui » ; « Oui » ; « Il faut quand même scanner la photocopie de la carte d’identité » ; « Ils ont des procédures, ils ont leur empreinte bancaire… » ; « Il y a toujours un peu d’appréhension au départ » ; « S’adapter, réagir non. Maintenant ils savent qu’il faut nous prendre en compte, s’adapter, peut-être trouveront-ils de nouvelles choses » ; « Ça fera baisser les prix, ils seront obligés de s’adapter, ils seront obligés de baisser leurs prix » ; « Il faut baisser les prix, ou améliorer la qualité des services » ; « Pas forcément améliorer la qualité des services, mais les changer » ; « S’adapter à la demande de la clientèle comme ça évolue » ; « L’hôtellerie, plus ça va, plus ça vieillit il n’y a pas encore de bouleversement » 186 GLOSSAIRE Appart hôtel : Nouveau concept en croissance. C'est un concept mélangeant les services d’un hôtel et d’un studio entièrement meublés et équipés. On y retrouve par exemple une cuisine, un service de petit déjeuner, le nettoyage de l’appartement, un service de blanchisserie, une connexion internet… Chaîne intégrée hôtelière : Une chaîne intégrée comprend des filiales, des hôtels gérés sous contrat de gestion ou encore des franchisés. Le plus souvent ces trois statuts sont mélangés au sein d'un même groupe comme Accor ou IHG par exemple. Chaîne volontaire hôtelière : Groupement d'hôteliers indépendants désirant mener ensemble des actions de promotion et de commercialisation. Cela contribue à l’apport d'une nouvelle clientèle que l'hôtelier ne pourrait développer seul. Les hôteliers restent totalement maîtres de leur établissement. Les adhérents ne sont liés que par un simple contrat d'affiliation et peuvent quitter la chaîne en toute liberté. Cottage : Forme d'architecture traditionnelle de type maison de campagne anglaise. Couch Surfing : Concept né aux États-Unis et dont le but est d'assurer un service d'hébergement temporaire et gratuit, de particulier à particulier. Désintermédiatisation : La désintermédiation est un phénomène économique et commercial qui se traduit par la réduction ou la suppression des intermédiaires dans un circuit de distribution. Le développement d’Internet l’a largement favorisé notamment dans le domaine touristique vis-à-vis des acteurs traditionnels. Early Booking : réservation faite longtemps à l'avance permettant de bénéficier de réductions tarifaires. Génération Y : Cette génération regroupe les personnes nées entre 1978 et 1994 et représente 21 % de la population française selon l'INSEE, soit environ 13 millions de personnes. 187 Hôtel Lifestyle ou Boutique hôtel : Ce type d’hôtellerie tente de répondre aux besoins des consommateurs en matière d’innovation et de personnalisation en misant sur la convivialité, sur l’accessibilité de la technologie, sur l’émotion et sur la polyvalence. Ils se caractérisent par un contexte urbain, une capacité d'accueil limitée ainsi qu'un positionnement haut de gamme. Last Minute : réservation réalisée au dernier moment permettant en général de bénéficier d'offres tarifaires. Mobinaute : Le mobinaute est un individu qui accède à des contenus Internet ou à des applications mobiles à partir d’appareils électroniques. (téléphone, tablette…) Online Travel Agency (OTA) : Portail de réservation en ligne. Package : Ensemble de prestations ou de services vendus sous un seul prix à la clientèle qui ne peut le dissocier. Phishing : Technique utilisée par des fraudeurs pour obtenir des renseignements personnels dans le but de perpétrer une usurpation d'identité. Elle peut se faire par courrier électronique, par des sites web falsifiés ou autres moyens électroniques. Rassurance : Qualité de ce qui est propre à rassurer, à rendre la confiance. Start-up : Jeune entreprise innovante à fort potentiel de croissance qui fait souvent l'objet de levée de fonds. Taux d’occupation : Le taux d'occupation est le rapport entre le nombre de chambres occupées et le nombre de chambres offertes par les hôtels. 188 TABLE DES FIGURES Figure 1 – La clientèle hôtelière en France en 2013 ................................................................ 15 Figure 2 – Répartition des moyens de réservation en hôtellerie ............................................ 21 Figure 3 – Motivations des consommateurs collaboratifs ....................................................... 26 Figure 4 – Principales étapes du développement d'Airbnb ..................................................... 31 Figure 5 – Les dépenses Airbnb et les dépenses en hôtellerie ................................................ 35 Figure 6 – Répartition des revenus Airbnb pour les hôtes ...................................................... 45 Figure 7 – Notre démarche depuis le commencement du projet ........................................... 49 189 TABLES DES MATIÈRES Épigraphe ......................................................................................................................... 4 Remerciements ................................................................................................................. 6 Sommaire ......................................................................................................................... 7 Introduction...................................................................................................................... 8 Partie 1. L’hôtellerie d’aujourd’hui face aux nouveaux modes de consommation ........ 11 Chapitre 1. 1.1) 1.2) 1.3) 1.4) À ses débuts .................................................................................................................................. 12 Évolutions de l’offre ...................................................................................................................... 12 Quelques données chiffrées .......................................................................................................... 13 Tendances du marché ................................................................................................................... 14 Chapitre 2. 2.1) 2.2) 2.3) Évolution des modes de consommation .......................................................... 18 Des clients de plus en plus exigeants ............................................................................................ 18 Chapitre 4. 4.1) 4.2) 4.3) Quels clients ? ................................................................................................ 15 Segment loisirs .............................................................................................................................. 15 Segment affaires ........................................................................................................................... 16 Profils de la clientèle affaires ........................................................................................................ 16 Chapitre 3. 3.1) L’offre hôtelière : quelles tendances ? ............................................................. 12 Rôle des nouvelles technologies ..................................................................... 20 Dans le mode de réservation du client.......................................................................................... 20 Dans la consommation du service hôtelier ................................................................................... 22 Sites comparatifs et sites d’avis .................................................................................................... 22 Chapitre 5. Poids de l’économie collaborative................................................................... 24 5.1) 5.2) 5.3) 5.4) Comme un retour aux sources ...................................................................................................... 24 Une société déstructurée .............................................................................................................. 25 Quelle place pour le consommateur ? .......................................................................................... 25 Concernant les modes d’hébergements ....................................................................................... 26 Partie 2. Airbnb, « bienvenue à la maison » ................................................................ 30 Chapitre 1. 1.1) 1.2) Quelques chiffres .......................................................................................................................... 32 Airbnb France ................................................................................................................................ 33 Chapitre 2. 2.1) 2.2) Évolutions de la plateforme ............................................................................ 36 Airbnb diversifie ses services ........................................................................................................ 36 Airbnb Business Travel .................................................................................................................. 36 Chapitre 4. 4.1) 4.2) Quels adeptes pour Airbnb ............................................................................. 34 Profil des nouveaux voyageurs...................................................................................................... 34 Critères de choix ............................................................................................................................ 35 Chapitre 3. 3.1) 3.2) Le concept « Airbed and breakfast » ............................................................... 31 Cadre légal en France ..................................................................................... 38 Location de résidence principale .................................................................................................. 38 Location de résidence secondaire ................................................................................................. 39 190 4.3) 4.4) 4.5) Un appartement Airbnb à quel prix ?............................................................................................ 39 En cas de problèmes ? ................................................................................................................... 40 Les propriétaires exonérés de la taxe de séjour ? ......................................................................... 40 Chapitre 5. Les impacts d’Airbnb sur l’hôtellerie traditionnelle.......................................... 42 5.1) 5.2) 5.3) Airbnb contre Hôtellerie traditionnelle : les chiffres .................................................................... 42 Une concurrence déloyale ? .......................................................................................................... 43 « Airbnb, de l'ado rebelle à l'acteur du territoire responsable » .................................................. 44 Partie 3. Immersion au cœur de l’étude du point de vue des acteurs ........................... 48 Chapitre 1. 1.1) 1.2) 50 mini-interviews ......................................................................................................................... 50 Interrogations et hypothèses soulevées ....................................................................................... 51 Chapitre 2. 2.1) 2.2) 2.3) Résultats et réflexions autour des entretiens .................................................. 57 Selon les consommateurs ............................................................................................................. 57 Selon les hôteliers ......................................................................................................................... 59 Selon les propriétaires .................................................................................................................. 60 Confrontation des recherches avec les hypothèses ...................................................................... 61 Chapitre 4. 4.1) 4.2) 4.3) 4.4) Sur le terrain .................................................................................................. 53 Airbnb et l'hôtellerie vus par les consommateurs : focus group................................................... 53 Du point de vue des professionnels de l’hôtellerie ....................................................................... 54 Du point de vue des propriétaires ................................................................................................. 55 Chapitre 3. 3.1) 3.2) 3.3) 3.4) Préparations préliminaires à l’élaboration du projet ....................................... 50 Préconisations pour les hôteliers .................................................................... 63 Personnalisation du service........................................................................................................... 63 Contact humain ............................................................................................................................. 63 Une possible collaboration avec Airbnb ? ..................................................................................... 64 Jouer sur les espaces et sur les services ........................................................................................ 64 Conclusion ...................................................................................................................... 65 Bibliographie .................................................................................................................. 66 Sitographie ..................................................................................................................... 67 Vidéographie .................................................................................................................. 71 Annexes .......................................................................................................................... 72 Glossaire .......................................................................................................................187 Table des figures ............................................................................................................189 Tables des matières .......................................................................................................190 191 L’HÔTELLERIE TRADITIONNELLE FACE AU MOUVEMENT AIRBNB Résumé Depuis longtemps, l'hôtellerie a su s’adapter au marché dans une société en constante évolution technologique. Mais depuis quelques années, de nouveaux modes d’hébergements touristiques voient le jour répondant à une nouvelle clientèle. Mais quels sont-ils et comment sont-ils perçus des acteurs institutionnels du secteur touristique ? Ce projet résume dans sa globalité ce vers quoi la société de consommation tend aujourd'hui, entre nouvelles technologies, économie collaborative et nouveaux modes d’hébergements dont Airbnb est le leader. En étudiant les profils des clients, nous verrons ce que l'hôtellerie met en œuvre pour mieux répondre aux aspirations de ces consommateurs en quête d'immersion totale et d'authenticité. D’autre part, le phénomène Airbnb qui s’est rapidement développé, bouleverse le secteur traditionnel mais pas toujours de façon très loyale selon les professionnels. C’est pourquoi au travers de cette étude, nous avons tenté d’expliquer ce phénomène, notamment selon les différentes perceptions des principaux acteurs concernés : les professionnels de l’hôtellerie, les propriétaires qui louent sur Airbnb et enfin les clients. Nous avons pu également établir des leviers d'actions possibles pour que les hôteliers puissent répondre à cette énième forme de concurrence. Mots-clés : hôtellerie traditionnelle, Airbnb, nouvelles technologies, économie collaborative. Summary For a long time, the hotel industry was able to adapt his offer in a society of continuous technological change. But in the last few years, new kinds of tourist accommodation have come into existence in response to a new demand. What are they? How are they perceived by the institutional tourism players? The overall project summarises new ways to consume in today’s society in term of new technologies, sharing economy and new types of accommodation as Airbnb is currently the leader. Studying customers’ profiles, we will see what the hotel industry implements to better answer customers’ aspirations in search of total immersion and authenticity. In the other hand, Airbnb had quickly grown up and disrupts the traditional sector but not in a very fair way according to the professionals. Consequently, we have tried to explain this phenomenon according to different perceptions of main actors involved: hotel industry’s professionals, owners renting on Airbnb and finally customers through this research. We were also able to establish action levers for hoteliers to face up this umpteenth form of competition. Key Words: hotel industry, Airbnb phenomenon, new technologies, sharing economy.