Un été de trop 48 Anita et Mayer racontaient à tour de rôle leurs

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Un été de trop 48 Anita et Mayer racontaient à tour de rôle leurs
Un été de trop
Anita et Mayer racontaient à tour de rôle leurs mésaventures de voyage, tandis que
Francesca se contentait d’être une auditrice attentive en s’arrangeant pour que Markus ait
la meilleure vue sur ses seins. N’importe quel homme serait devenu fou devant une telle
offensive et il ne faisait pas exception. Cependant il ne fallait pas qu’il laisse paraître son
trouble. Si elle voyait que la mayonnaise était en train de prendre, elle redoublerait de
confiance en elle et il ne s’en sortirait plus. L’ignorer. Il fallait l’ignorer… malgré les
bouffées de chaleur, malgré les paumes moites et l’impression que sa bière allait bouillir
d’un instant à l’autre entre ses mains.
Sur le parking du centre sportif, la lune était déjà haute et la ville silencieuse. Loin du
smog, Markus huma à pleins poumons l’air frais. A côté de lui, emmitouflée dans son
manteau et affublée d’un de ces bonnets de berger avec deux tresses, Anita lança d’un ton
enjoué :
 Eh bien puisque j’habite à proximité de chez Mayer, je propose que l’on échange nos
chauffeurs ! Je rentre avec lui.
 Mais quelle bonne idée ! approuva Mayer avec un regard malicieux devant la
réaction d’effroi de son nouvel ami.
Markus s’empressa de préciser qu’il n’était pas nécessaire de le ramener, qu’il pouvait
tout aussi bien prendre le métro. Francesca sourit.
 Ne soyez pas ridicule voyons. Etes-vous déjà monté dans une Porsche ? C’est une
expérience inédite ! C’est le dernier modèle sorti l’année passée.
L’idée séduisit Markus bien qu’il n’ait aucune envie de subir les assauts de cette
tigresse. Francesca avait beau avoir ce côté exagéré qui l’énervait, elle réveillait en lui
une virilité endormie depuis des années. Il n’était qu’un homme ! Lui rester indifférent
relevait de l’effort surhumain.
 Ah ! Au fait, s’exclama Anita, j’organise un petit souper samedi prochain pour ma
pendaison de crémaillère. Vous êtes le bienvenu, Markus.
En s’en allant, elle adressa à la dérobée un sourire de défi à Francesca.
Francesca proposa à Markus de prendre le volant mais il déclina sa proposition. Au
moins pendant qu’elle conduit, elle a les mains occupées, pensa-t-il, un sourire en coin.
La traversée de la ville fut tout aussi agréable qu’à l’aller. Francesca était superficielle,
hautaine et nymphomane mais au moins, elle ne jacassait pas à tout-va. Il regardait par la
fenêtre lorsqu’il prit soudain conscience qu’ils roulaient à une vitesse de croisière. Il
s’apprêtait à lancer une vanne à la conductrice mais il ravala sa salive quand il aperçut
une grosse larme dégringoler le long de sa joue. Son sang ne fit qu’un tour. Elle me fait
quoi là ! Je rêve ! Elle ne doute de rien !
Lorsqu’ils arrivèrent chez Markus, il risqua un « tout va bien ? » auquel elle répondit en
soupirant « Non, ça ne va pas du tout. »
Oh non, ce n’est pas vrai...
Elle renifla, assura que ça allait passer, que ce n’était rien de grave puis sortit de la
voiture pour prendre l’air. Markus ne pouvait décemment pas la quitter dans cet état et
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rentrer chez lui en feignant de n’avoir rien remarqué. Pourtant il n’avait qu’une envie :
aller se coucher. Et seul, bien entendu ! Les femmes ! Elles font vraiment ce qu’elles
veulent de nous !
 Vous voulez en parler ?
Quelque chose se brisa en elle et elle éclata en sanglots. Elle disait qu’elle ne voulait pas
l’embêter avec ça, que ce n’était rien de bien intéressant et elle ne manquait pas de se
frotter les bras pour se réchauffer. Markus voyait clair dans son petit jeu. Devant tant de
désespoir – sortez les mouchoirs – il lui proposa de monter boire un thé le temps de
raconter son histoire. Mais seulement si elle en avait envie, il ne voulait surtout pas la
forcer…
Comme si elle ne s’attendait pas à cette proposition, elle accepta avec étonnement.
Quelle bonne comédienne…
Pendant quelques secondes, ils échangèrent un regard et Markus ne décela ni séduction,
ni fierté. Seulement un regard reconnaissant. Il vit une femme blessée et pour la première
fois, il eut envie de la protéger. Pour la première fois il se sentit plus solide qu’elle. Il ne
fut soudain plus très sûr qu’elle jouait la comédie.
Mais arrête ! Il suffit qu’elle fasse la femme éplorée et toi tu cours ! Le Superman des
chialeuses !
Dans le salon de Markus, leur thé à la main, ils s’assirent sur le canapé l’un à côté de
l’autre. Elle enleva ses escarpins et replia les jambes sous la couverture. Elle soufflait sur
l’infusion bouillante.
 Il est rare que je me laisse aller de la sorte. Toutes ces décorations de Noël, c’est
splendide, mais ça m’a rendue nostalgique. Quand je pense que je vais être toute
seule chez moi...
Allons bon. N’avait-elle pas de mari richissime qui l’attendait à la maison ? Du genre de
Flavio Briatore, un vieil homme lifté, avec trois Lamborgini dans le garage pour épater sa
superbe épouse ?
 Je me sens complètement ridicule de vous raconter ça, alors que vous êtes à des
centaines de kilomètres de votre famille, dit-elle en posant négligemment sa main sur
la cuisse de Markus. Elle doit énormément vous manquer.
 Oui en effet. Mais il ne faut pas être désolée. A chacun ses problèmes, osa Markus.
 En fait c’est très égoïste de ma part mais depuis des années, c’était toujours moi qui
étais absente. Mon mari étant à la retraite, il restait à la maison. Et là, depuis
quelques mois, il n’y a plus personne qui m’accueille quand je rentre. Personne,
répéta-t-elle la voix tremblante.
Elle sanglotait dans son mouchoir.
L’avait-il quittée ? Non…. Cela semblait improbable. Elle n’avait pas l’air d’être une
femme que l’on quitte. Pourvu que ce ne soit pas ça, sinon il en aurait pour toute la nuit à
la consoler.
Elle posa sa tasse sur la table basse puis se pencha contre Markus.
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 Depuis de longs mois, je suis seule dans mon immense maison… Evidemment je
savais qu’en épousant un homme de vingt-cinq ans mon aîné, il y avait des risques
que cela m’arrive relativement tôt. Mais maintenant que je le vis, c’est dur. J’ai passé
des années merveilleuses avec lui et je n’arrive pas à me faire à l’idée que ce soit
fini.
Le pire vint à l’esprit de Markus. Il prit un air grave.
 Est-ce qu’ il est …
 Oh non ! Dieu merci ! Je ne voulais pas vous faire croire cela. Cependant la vérité
est un peu gênante… voilà, il … il est dans un home pour personnes âgées.
Markus fit de gros yeux étonnés.
 C’est horrible n’est-ce pas ? Il est devenu trop fatigué pour s’occuper tout seul de
lui-même et….
Elle avait les yeux brillants et sa voix tremblait.
 Je sais que je passe pour un monstre. Je devrais m’occuper de lui mais je ne suis pas
infirmière et je ne veux pas arrêter de travailler maintenant.
Elle observait Markus à la recherche d’un signe d’approbation. Elle lui prit les mains
tout en se rapprochant de lui. Elle gardait le regard baissé, gênée par tant de confidences.
 J’aime mon mari. Mais je dois aussi penser à moi…
Francesca redressa la tête afin de plonger ses yeux humides dans ceux de Markus, la
poitrine en avant, ses seins effleurant son torse.
 Est-ce que vous me comprenez Markus ? Qu’est-ce que vous en pensez ? Je vous
estime beaucoup, j’ai besoin de connaître votre avis.
Markus ne savait plus sur quel pied danser. D’une part, c’était Francesca ! La
manipulatrice dans toute sa splendeur, l’enfant gâtée ! Et d’autre part, il trouvait sa
plaidoirie touchante. Cette nouvelle Francesca qu’il avait devant lui l’attendrissait, avec
ce côté fragile qu’il ne lui connaissait pas, partagée entre son devoir d’épouse et son
envie de profiter de la vie. N’était-ce pas justement ce qu’il était en train de vivre luimême ? Bon, là je marche à fond dans son petit jeu...
Même effondrée, Francesca exhalait l’érotisme. Il ne pouvait s’empêcher de remarquer
quelques détails ; comme les larmes mélangées à son mascara tombées sur son chemisier,
qui plaquaient çà et là le tissu mouillé contre sa peau mate. Ou la mèche de cheveux
échappée de son chignon devenu lâche et collée contre sa joue. Ou encore la bretelle de
son soutien-gorge qui avait glissé de son épaule au moment où elle s’était penchée vers
lui. Et son décolleté... Ah ! Le décolleté de Francesca… affolant, envoûtant, juste assez
vertigineux pour révéler le galbe de ses seins.
Elle était cambrée devant lui, son regard magnétisant criait son envie de tendresse. Elle
est forte… Markus transpirait, sentait sa libido se révolter et son désir revenir comme un
boomerang. Il avança la main vers la joue de Francesca et écarta la mèche qui s’était
glissée vers ses lèvres. Ce fut un feu vert inespéré pour elle. Elle saisit sa main pour la
garder contre elle, l’embrassa, la mordilla. Markus déglutit en essayant de maîtriser le
volcan qui se réveillait en lui. Elle remonta doucement le long de son bras pour arriver
jusqu’à son cou, retenant ses pulsions pour ne pas aller trop vite, pour ne pas effrayer
l’objet de sa convoitise. Elle avait le cœur battant, animé par la crainte de l’ultime
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mouvement de refus qui menaçait de surgir à tout instant, car il ne pouvait pas, il était
marié et blablabla.
Markus avait baissé sa garde. Une faible partie de lui, qui s’amenuisait sous les baisers
de Francesca, lui ordonnait mollement de la repousser, au nom de la fidélité, de la.... de
quoi déjà ? Je craque...
Elle était maintenant collée contre lui, sa bouche dévorant le lobe de son oreille. Une
main se promenait sous son T-Shirt, une autre longea sa cuisse jusqu’à la bosse de son
pantalon, puis prit la main de Markus et la glissa dans son décolleté. Il retenait son
souffle. Il sentait la poitrine de Francesca frémir sous ses doigts. Une petite voix lointaine
lui disait d’arrêter, de se lever immédiatement mais ses sens étaient en ébullition. La
situation était terriblement excitante. D’un geste déterminé, elle tira sur sa chemise pour
libérer l’accès à son ventre. Elle y glissa une main. Son visage était toujours à un
centimètre de celui de Markus. Il sentait sa respiration chaude, parfumée de thé à la
menthe. Elle le fixait de son regard brillant comme si elle voulait l’hypnotiser.
Brusquement Markus fit volte-face et la plaqua contre le canapé. Il avait dans les yeux
un mélange de rage et d’envie. Elle l’implorait du regard, haletante. Elle crut que c’était
fini. Mais au contraire, il lui dévora le cou, lui ôta son chemisier, fit sauter son soutiengorge avec une seule chose en tête : voir ses seins, les embrasser, les lécher, les mordre.
Francesca gémit de plaisir, transportée par un sentiment de victoire. Il lui retira sa jupe et
resta une seconde en admiration devant ses porte-jarretelles qu’il frôla du bout des doigts.
Il la prit sur le canapé à coups de reins décidés, comme pour chasser sa mauvaise
conscience, les yeux rivés sur ses deux mamelles généreuses et leur aréole frissonnante.
Il s’appliqua jusqu’à ce que les spasmes de la jouissance accompagnés d’un râle
lancinant crispent le corps entier de Francesca, puis il céda à son tour à un orgasme
violent et délicieux.
Allongé, Francesca dans ses bras, il céda au relâchement de son corps entier et sombra
dans un sommeil profond.
 Je rêve ! cria Francesca.
Markus sortit en sursaut de la détente extrême dans laquelle il se trouvait. Elle s’était
redressée et le regardait aussi outrée que s’il l’avait insultée. Il sortit de sa torpeur tout
étonné de se trouver là, avec cette femme nue à côté de lui au milieu de la nuit. Bon sang,
qu’est-ce que j’ai fait …
 Markus ! Tu te fous de moi ?
Elle était furieuse, les joues en feu et toujours aussi belle.
 Qu’est-ce qui te prend ? Ça va pas de crier comme ça ?
 Qui est Lola ?
Il tomba des nues.
 Quoi ? Mais pourquoi tu me demandes ça ?
 Tu viens de prononcer son nom en dormant ! Comme si tu venais de faire l’amour
avec elle et non pas avec moi !
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