Article MMA C3S – Partie 2
Transcription
Article MMA C3S – Partie 2
Article MMA C3S – Partie 2 III . LE DÉVELOPPEMENT PAR L’IMAGE ET LA VIDÉO : LE CHOIX GAGNANT DU MMA Traditionnellement, la promotion et le développement d'un sport sont axés sur les valeurs de l'olympisme et le puissant réseau qui le sert. Un sport ”en développement”, qui s'appuie sur le réseau olympique et reconnu par celui-ci, bénéficie de la puissance marketing et financière pour assurer sa promotion à travers le monde. L'articulation savante des compétitions internationales sur les différents continents permet aux nombreux sponsors de l'olympisme et des fédérations internationales d’orienter, par leur financement, le développement des disciplines olympiques. Mais lorsque la pratique sportive n'entre pas dans le prisme olympique, les dirigeants des structures porteuses doivent faire des choix pour pérenniser le développement de la discipline. La stratégie duale ”sport-business” se transforme en ”business-sport”, et les mécanismes de développement sont basés prioritairement sur les concepts commerciaux. La promotion par l'image devient le levier incontournable de la stratégie de développement. Historiquement, on remarque que le sport-spectacle permet d'avoir une évaluation rapide de l'intérêt porté par le public sur la discipline proposée. Les propriétaires de l'UFC ont donc effectué le choix du sport-spectacle, et celui-ci s'est avéré payant. Malgré l'instauration de réglementation technique en 2001, le MMA proposé par l'UFC est en perte de vitesse au milieu des années 2000, et les pertes financières s’enchaînent, mais là encore c'est la vidéo qui vient relever ce sport en difficulté. La société Zuffa, propriétaire de l'UFC, s'associe à la chaîne SPIKE TV pour diffuser un programme de téléréalités The Ultimate Fighter et le succès est colossal. Le choix de diffuser ce programme en clair, sans pay-per-view, a permis de toucher le grand public et de sortir le MMA des débats stériles dans lesquels le microcosme sportif l’enfermait. Cette émission, qui avait vocation à suivre plusieurs athlètes candidats au combat à l’UFC, a suscité l'intérêt de la population et l'identification au parcours du combattant dans sa quête de réussite. Une alchimie gagnante pour l'UFC et ses dirigeants puisque les saisons de l'émission se sont enchaînées et la démocratisation du MMA par l'image a conduit l'UFC à tutoyer les étoiles en pénétrant les foyers américains. Stigmatisé par les uns, encensé par les autres, le MMA, comme tous les sports de combat, ne laisse pas indifférent. Le choix de la diffusion par l’image, par les retransmissions télévisuelles des événements, le développement du pay-per-view, les vidéos et les jeux vidéos pour adolescents, a permis à l’UFC de générer, via 200 événements organisés à travers le monde, plus de 450 millions de dollars de recettes annuelles. La stratégie de développement par l’image et l’événementiel s’est avérée judicieuse au regard des indicateurs médiatiques, financiers et humains sur lesquels on peut baser une analyse. Pour exemple, le prochain événement organisé par l’UFC se déroulera à Glasgow en Écosse le 18 juillet 2015. Les 15 000 places se sont arrachées en quelques heures, alors que le prix d’une place varie entre 50 et 1 500 euros, ce qui démontre l’engouement populaire que suscite un tel événement. À cela, il convient d’y ajouter le pay-per-view et les autres modes de retransmission (Internet) afin de pouvoir mondialiser la pratique du MMA par l’image. L’extrême popularité de ce sport planétaire est concomitante au poids de l’image dans notre société. L'hyperconnectivité actuelle laisse présager un bel avenir au MMA dans son modèle économique et sportif puisqu'il surfe sur les différents médias pour accroître sa popularité et son essor à travers le monde. Sa vitesse de développement, telle une stratégie d'entreprise, est confrontée à l'inertie des institutions démocratiques qui, par essence, aiment prendre le temps de la réflexion. Deux mondes s'opposent, en essayant pourtant de se comprendre mutuellement, mais les intérêts divergents ne peuvent s'accorder. Pourtant, dans cette époque mondialisée, le poids économique véhiculé par le MMA peut s'avérer un atout indéniable dans les négociations avec les États réticents. Ce modèle est-il transférable aux disciplines sportives dépendantes financièrement des institutions comme c'est le cas de nombreuses fédérations en France ? Le fait de marginaliser cette discipline par les institutions renforce sa capacité de développement par les canaux incontrôlables que représentent Internet et les réseaux sociaux. Le phénomène MMA est particulièrement intéressant à suivre dans sa maturation sociologique, sportive et commerciale car il s’est structuré en marge des standards habituels, en particulier sur notre territoire national. ∴ La vidéo et l'accès facilitateur d'internet ont permis au MMA de se développer en marge des concepts éprouvés en matière de structuration sportive. Si de nombreux observateurs avaient parié sur un phénomène de mode et donc un engouement éphémère, on constate aisément aujourd'hui que le MMA s'inscrit dans le paysage sportif international sur la base d'un modèle innovant basé sur l'image. Le particularisme lié aux ”sports extrêmes” réside généralement dans la confidentialité de la pratique, mais le phénomène ”MMA” démontre depuis une décennie, sa capacité d’intégration dans un champ suffisamment large pour développer une économie sportive et financière. La pérennisation est à ce prix. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES PELLAUD Anne (2009), Mixed Martial Arts. Au coeur de l’expérience Ultime, Université de Lausanne, Faculté des sciences sociales et politiques. TAYAR Jérémy (2014), Le Mixed Martial Arts a-t-il une place à se faire sur les antennes du groupe Canal plus ? Paris, ESG Management School, MBA Management du sport.