Brittany Ferries confrontée au bras de fer avec ses

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Brittany Ferries confrontée au bras de fer avec ses
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Le « Normandie » devait finalement escaler à Roscoff. (Photo : Marc Ottini)
Brittany Ferries confrontée au bras de fer avec ses
dockers
le 11/05/2015
Question : qu'y-a-t-il de plus pugnace qu'un paysan léonard ? Réponse : un docker CGT... En forçant
l'accès du port de Caen-Ouistreham dans la nuit de samedi 9 au dimanche 10 pour accéder au Mont-StMichel et le « libérer », le président de la Brittany Ferries, aidé d'une vingtaine d'agriculteurs de la Sica de
Saint-Pol, actionnaire de la compagnie, a déclenché la colère des dockers qui traitent ses navires.
Une opération de « commando » selon les syndicats, qui dénoncent et le fond et la forme.
L'ensemble des dockers de la Société de manutention du port de Caen (dont Brittany Ferries est
l’actionnaire majoritaire), un peu moins de trente, avait cessé le travail mais ils n'étaient que quatre à tenir
le piquet de grève dans la nuit de samedi. Les agriculteurs de la Sica de Saint-Pol-de-Léon, entrés sur la
zone d'accès restreint du port dans des circonstances encore floues, les ont donc écartés sans difficulté
avant de couper les haussières du navire à la disqueuse électrique, raconte Anthony Tetard, secrétaire
général adjoint de la fédération nationale ports et docks de la CGT, qui dénonce des méthodes
« inadmissibles ».
Le navire a été dirigé dans la nuit vers Roscoff, où il est arrivé dimanche midi et resté au mouillage jusqu'à
lundi soir. D'après les marins de la CGT, il y avait assez d'hommes à bord pour assurer la conduite du
navire. Mais du côté des syndicats, la tension est montée dans la journée d'hier. Les représentants des
salariés se disent choqués par les méthodes de leur direction (lock-out en 2012, assignation de grévistes en
mars).
Si le Mont-St-Michel a bel et bien été « libéré », le retour d'huile ne s'est pas fait attendre car l'autre ferry
de la ligne Caen-Portsmouth, le Normandie, s'est trouvé, lui, interdit de quai dès qu'il a voulu pointer le
bout de son étrave, le lundi 11 mai. Après le refus prévisible des dockers d'Ouistreham (employés par une
filiale de la compagnie), c'est celui de leurs collègues de Cherbourg (qui ne sont pas, eux, salariés de
Brittany Ferries) qui a été notifié à la compagnie bretonne.
On ignore si des tractations avaient été menées pour escaler au Havre, destination la plus proche et la plus
logique pour les passagers et poids-lourds embarqués. Quoi qu'il en soit, c'est à Roscoff, comme le MontSt-Michel, que le Normandie devait escaler ce lundi 11 mai vers 20 h.
Le bras de fer semble se révéler gagnant pour les dockers « maison » et leur revendication salariale,
pourtant qualifiée d'irréaliste par le président Jean-Marc Roué, puisque le principe d'une réunion a été acté
pour mercredi. Cette première avancée acquise, les dockers de Ouistreham ont suspendu leur mouvement
de grève.
Un conflit social se généralisant avec les dockers, qu’ils soient « maison » ou pas, tomberait doublement
mal : c’est ce mardi 12 mai que Brittany Ferries doit faire entrer en service son nouveau navire, le Baie de
Seine, sur Le Havre-Portsmouth.
En effet, Brittany Ferries a annoncé en janvier qu’en complément de l’Étretat (ex-Norman Voyager de
DFDS Seaways), ferry classique exploité depuis un an entre Le Havre et Portsmouth, elle lui adjoindra à
partir du 12 mai un second ropax : l’ex-Sirena Seaways, rebaptisé Baie de Seine (610 passagers, 196
cabines, 160 véhicules et 84 camions). Il doit assurer 4 rotations aller-retour Le Havre-Portsmouth et une
liaison Portsmouth-Bilbao par semaine. Dans ce nouveau plan de flotte, le Normandie Express, catamaran
rapide, se partagera en saison estivale entre Le Havre-Portsmouth et Cherbourg-Portsmouth.
Les tensions avec les dockers interviennent alors que la tentative de la direction - finalement vaine - de
faire condamner des marins grévistes avec astreinte financière a marqué les esprits et a été considérée
comme une remise en cause du droit de grève. Les méthodes de la direction de la compagnie bretonne ont
été vivement dénoncées par le syndicat CGT des marins du grand ouest, qui estime qu'elle vient « de
commettre l’irréparable » par un acte qui a « fâché le secteur maritime ».